01/09/2017
Étude n°11 : Liberté en Christ Gal 5.1-15 (09 09 17)
Étude n°11 : Liberté en Christ Gal 5.1-15 (09 09 17)
« Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous par charité serviteurs les uns des autres. » 5.13
Observons
Le contexte : Paul a terminé l’allégorie sur les deux alliances, par une affirmation catégorique : les Galates devenus chrétiens sont de la postérité de Sara la femme libre ! Il poursuit alors son argumentation en précisant ce qu’il entend par « liberté en Christ ».
Le texte est construit selon le procédé hébraïque des parallèles concentriques (= chiasme) :
a) 5.1 : titre du passage : la liberté en Christ
b) 2-4 : rechercher la justification par l’obéissance à la loi, c’est se séparer de Christ et de sa grâce
c) 5-6 : la justice s’espère par une foi agissant dans et par l’amour
b’) 7-12 : Prêcher la circoncision c’est anéantir le scandale de la croix et se détourner de la vérité de Christ.
a’) 13-15 : la liberté en Christ consiste à vivre selon l’Esprit dans l’amour mutuel qui accomplit la loi.
L’espérance de la justice, v.5, est au centre d’un passage encadré par la notion de liberté.
Comprenons
a) v1 : Par sa comparaison entre Agar l’esclave, et Sara la femme libre, Paul annonce l’exhortation suivante. La métaphore de l’esclave se poursuit pour faire comprendre l’œuvre spirituelle de "rachat" par Christ. Paul utilise cette image du rachat d'un esclave, que la société d'alors connaissait bien. Elle est pour nous plus difficile à comprendre si on la prend littéralement : en effet elle implique une transaction financière entre deux propriétaires, celui de l'esclave et celui qui le libère. Or spirituellement on voit mal Jésus payer de sa vie notre libération à Satan !? Le croyant est "racheté", tiré hors de l’esclavage du péché que dénonce la loi, parce que Christ auquel il s’identifie, a mis à mort sur la croix sa nature pécheresse. Il est appelé à vivre dans la liberté spirituelle d’une nouvelle nature dirigée par l’Esprit que Christ lui donne par sa résurrection. Cette liberté est fragile et réclame de la fermeté dans la foi pour ne pas retomber dans une recherche de la justice par ses propres efforts d’obéissance à la loi.
b) 2-4 : Pour les Galates, cette propre justice se manifestait dans le retour à la pratique de la circoncision. Les judaïsants leur prêchaient que le salut dépendait de cette pratique qui à leurs yeux résumait toute la loi. Pour Paul, cette pratique comme celle des autres obligations légales sépare de Christ et rend le sacrifice de Christ et le don de la grâce inutiles et sans valeur.
c) 5-6 : En contraste, et au cœur de son raisonnement, Paul proclame l’espérance du chrétien qui place sa foi en l’action de justification ou de sanctification du Saint Esprit dans le cœur. Cette justice ou "sainteté"est déjà actuelle car elle consiste dans le regard bienveillant et miséricordieux de Dieu sur chaque croyant, malgré son état de pécheur. L’assurance de ce regard divin procure la paix (Rom 5.1) et rétablit la relation avec Lui. Mais la plénitude de la justice est encore l’objet de l’attente et de l’espérance du croyant (v 5), puisqu’elle ne sera accordée qu’à la résurrection au retour de Christ.
Rien d’extérieur n’assure le salut, ni les privilèges de la connaissance des Écritures ou des rites, ni la bonne conduite morale qu’encore trop souvent nous présentons comme suffisante, ni les pratiques religieuses légales (pour les judaïsants la circoncision, pour les adventistes le sabbat, la réforme alimentaire, etc.) n’assurent le salut ! Seule la foi en la grâce de Christ mort et ressuscité pour nous, garantit la vie éternelle. Cette foi toutefois se révèle à l'extérieur par l’amour pour les autres (v 6). Paul rejoint ici la pensée de Jacques (2.14-22) : « La foi d’Abraham agissait avec ses œuvres, et par les œuvres la foi fut rendue parfaite ». L’œuvre de la foi n’est autre chose que l’agapê, l’amour de l’autre, seule vraie observation de la loi divine. En effet, par la foi le croyant s’approprie l’œuvre de Christ en sa faveur. Il devient la demeure de son Esprit qu’il laisse le transformer. Il peut alors agir selon ses directives d’amour. Son obéissance à la loi divine n’est plus une condition contraignante de salut, mais un fruit joyeux et reconnaissant de la foi dans l’amour gratuit de Dieu.
b’) 7-12 : Après ce rappel de la doctrine chrétienne, Paul s’adresse directement à ses lecteurs pour les placer devant leurs erreurs. Ce n’est pas le Dieu de grâce qui les a influencés ou persuadés de se détourner de la vérité de l’Évangile ! Il leur faut prendre garde au « levain » pernicieux qui menace leur foi (v 9). Paul a déjà utilisé cette image en 1 Cor 5.6-7, à la suite de Jésus s’adressant aux disciples « gardez-vous du levain de l’enseignement des Pharisiens et des Sadducéens » (Mat 16.11-12). On pourrait résumer ces enseignements par le légalisme et le traditionalisme pour les uns Pharisiens, et le littéralisme et le rationalisme pour les autres Sadducéens.
Un même mot est utilisé en grec pour « obéir à la vérité » (v 7) et « être persuadé » (v 8). Les Galates n’obéissent plus à la vérité de l’Évangile, ils ne sont plus persuadés du salut gratuit offert à qui croit en Jésus-Christ. Ils sont influencés par des enseignements contraires qui ne viennent pas de Dieu, mais d’un fauteur de trouble, digne du jugement de Dieu (v 10,12), et de l’excommunication, car il rejette le « scandale de la croix ». Pour les Juifs, la croix représentait le summum de la malédiction divine. De plus, croire que Christ se sacrifiait volontairement pour le pardon des péchés de tous les hommes, Juifs et païens, heurtait profondément leur orgueil de peuple élu. Ils ne pouvaient admettre que leur observation scrupuleuse de la Loi ne leur conférait aucun mérite, et ils persécutaient les chrétiens qui comme Paul n’en faisaient pas une condition de salut. Si Paul avait prêché la circoncision, il n’aurait pas subi leurs attaques, mais aurait renié le sacrifice de Christ ! Aujourd’hui encore, affaiblir ou effacer le sens spirituel de la croix, réconciliatrice et justificatrice du pécheur devant Dieu, c’est faire du christianisme une philosophie ou une morale humaine.
a’) Paul revient enfin au thème de la liberté par la grâce. Après avoir combattu la loi comme moyen de salut, il va défendre la loi d’amour (v 14) et dénoncer la fausse liberté. Le chrétien est libre des obligations imposées par des règlements, libre de l’esclavage de ses passions naturelles, parce qu’il sait que le Sauveur l’en a affranchi, et lui a donné une nouvelle nature soumise à l’Esprit, il sait que là où il y a l’Esprit, il y a la liberté (2 Cor 3.17), liberté de pensée, liberté de choisir son action ou ses références, liberté de refuser le conformisme religieux, moral ou social, liberté de ne pas pécher contre Dieu et contre les hommes, liberté de refuser un ordre humain contraire à la volonté divine.
Mais cette liberté est spirituelle, elle ne consiste pas à obéir à sa propre volonté, à vivre « selon la chair » (v 13a). Elle demande de renoncer à sa volonté et à sa nature « charnelle »(= mort), pour choisir par amour de Dieu (= résurrection) de servir la volonté de Dieu, exprimée et résumée dans la loi : « Tu aimeras le Seigneur , ton Dieu, et ton prochain comme toi-même » (Rom 13.8-10). Paul rappelait aux Judaïsants et aux chrétiens que la loi existe toujours, mais que son obéissance n’est pas extérieure, car Dieu ne regarde pas les apparences mais le cœur profond. Agir sans amour fraternel équivaut à rester dans son état naturel de péché, comme des animaux sauvages mus par leurs instincts agressifs et destructeurs pour conserver la vie et se reproduire. C’est courir alors le danger de perdre la foi et la vie …éternelle (Mat 25.31-46).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- En tant qu’adventiste du 7ème jour nous sommes considérés par les autres chrétiens comme des judaïsants légalistes. Que pouvons-nous répondre à cette accusation ?
- Qu’est-ce qui peut la justifier dans notre façon de vivre le sabbat, la dîme, ou la réforme alimentaire (Lév 11) ? En quoi laissons-nous le levain des Pharisiens et des Sadducéens fermenter en nous ?
- Comment contredire cette accusation ? Par quoi dans l’église, dans la vie quotidienne et dans nos relations sociales, montrons-nous notre foi dans la grâce de Dieu et notre liberté spirituelle ?
- A quelle vérité obéissons-nous ? Par quelles influences nous laissons-nous guider ? Comment en discerner les origines, et en être délivrés si elles ne viennent pas de Dieu ?
- Que représente pour moi concrètement la liberté en Christ ? Que penser par exemple de la liberté de mentir prise par Tamar ou Rahab dans l’Ancien Testament (Gen 38 et Jos 2) ? En quoi peut-on la rapprocher de l’attitude de Pierre et Jean devant le sanhédrin dans Actes 4.19 ?
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25/08/2017
Étude n°10 : Allégorie des deux alliances, Gal 4.21-31 (02 09 17)
Étude n°10 : Allégorie des deux alliances, Gal 4.21-31 (02 09 17)
« La Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère » (Gal 4.26)
Observons
Le contexte : Après avoir établi la justification par la foi seule par des arguments solides fondés sur l’expérience des croyants, sur l’exemple d’Abraham, sur le témoignage des Écritures, Paul a exprimé dans une parenthèse son émotion et son amour inquiet pour les Galates. Il reprend maintenant sa démonstration théologique dans une allégorie, genre littéraire très prisé à son époque.
1.(G.Doré : Abraham renvoie Agar) ; 2( Enluminure du 13è s : Abraham et Sara reçoivent la promesse d'un fils)
Le texte :
V 21-24 : Histoire d’Agar et de Sara
V 25-26 : Allégorie des deux alliances, des deux Jérusalem (relever tous les points de comparaison et d’opposition)
V 27 : Parole prophétique sur la postérité de Sara
V 28-30 : Inimitié entre les postérités d’Agar et de Sara
V 31 : Conclusion : le chrétien est enfant de la femme libre
Comprenons
Le genre allégorique consiste à personnifier ou représenter sous une image une idée abstraite, pour la rendre plus accessible. Il faut la distinguer de la typologie biblique qui établit la correspondance précise entre l'A.T. qui annonce l’œuvre de Christ, par des objets, des personnes ou des actions (appelés « types »), représentant symboliquement une réalité spirituelle, et le N.T. qui accomplit et exprime clairement cette réalité grâce à « l'antitype » (exemples : le sacrifice d’Isaac est le type du sacrifice de Christ, Joseph et David sont considérés comme des types de Christ, etc). Les auteurs bibliques ont largement utilisé la typologie, un peu moins l’allégorie qui court le risque de s’écarter de la réalité historique et de la plier à son imagination. Ainsi, Paul en prenant Agar et Sara comme personnages allégoriques symbolisant les deux alliances, pour étayer son idée de l’infériorité de la loi par rapport à la grâce de Dieu dans l’obtention du salut, n’évite pas complètement ce risque de tordre les événements du passé pour les faire servir à la cause qu'il défend (v 24-25).
Aux Galates qui sous l’influence d’enseignants judaïsants, veulent adopter les prescriptions de la loi juive, Paul rappelle l’enseignement profond que l’on peut tirer des Écritures (le mot « loi » est ici employé dans son sens large et général de l’ensemble de l’Ancien Testament). L’apôtre se sert de l’histoire conjugale d’Abraham pour démontrer aux Galates l’absurdité de leur régression spirituelle.
Agar est l’esclave égyptienne, qui est venue du Sinaï et qui y est retournée avec Ismaël, son fils né de la volonté de l’homme et non de Dieu. C’est pourquoi Paul par un raccourci audacieux, jouant sur le mot Sinaï, en fait la figure allégorique du Juif « esclave » de la loi (promulguée au Sinaï). Elle représente pour lui l’ancienne alliance, la Jérusalem terrestre, symbole du peuple juif qui cherche à obtenir le salut par la « chair », par l’obéissance à des prescriptions, en un mot par ses œuvres, alors que ce salut ne s’achète pas mais se reçoit par la foi en la grâce de Dieu.
On attendrait au verset 26 que Paul cite « l’autre femme » Sara, en opposition à « l’une du mont Sinaï » du v 25. Mais dans la vivacité de son style, Paul passe directement à la seconde comparaison entre les deux Jérusalem. Il oppose la Jérusalem terrestre, matérielle, historique et « charnelle », attachée à l’ancienne alliance et à ses prescriptions, à la Jérusalem d’en-haut, céleste et spirituelle, libre des ordonnances rituelles de la loi comme moyens de salut, et symbolisant pour lui la nouvelle alliance en Jésus-Christ. Fondée sur la promesse du salut par la foi, elle fait naître comme Sara avec Isaac, un peuple libre, héritier du royaume par la grâce de Dieu, dont Esaïe (54.1) avait vu la prospérité et le bonheur (v 27).
Par ce rappel de la prophétie d’Esaïe, Paul veut peut-être aussi montrer que la grâce de Dieu est puissante et bienfaisante, car elle brise la stérilité et la solitude d’une vie soumise aux contingences naturelles et charnelles. Celui qui se tourne vers Dieu et lui fait confiance malgré toute son indignité, retrouve sa joie et sa valeur dans une vie bénie et éclairée par Dieu.
Les allusions à la raillerie persécutrice d’Ismaël et d’Agar et à leur mise à l’écart de l’héritage promis à cause de leur état d’esclaves, servent à revenir à la situation de Paul et des Galates. L’Église et Paul sont persécutés par les Juifs et les docteurs judaïsants, esclaves de leur observation de la loi. Paul demande aux Galates de les écarter, comme Abraham a écarté Ismaël et Agar, car le salut, véritable héritage promis, n’est pas pour ceux qui comptent sur leurs œuvres et leurs mérites, mais pour ceux qui comme Sara et Isaac acceptent par la foi en Jésus-Christ la grâce de Dieu.
Il ne convient pas ici de lire le récit du renvoi d’Agar et d’Ismaël avec nos yeux, notre sensibilité et nos idées du 21ème siècle sur la justice humaine. A l’époque Abraham avait tout pouvoir sur ses serviteurs esclaves. Aujourd’hui il nous paraît injuste de les renvoyer, alors qu’il a accepté lui-même de s’unir à Agar. Humainement cela paraît une injustice profonde qui justifie les guerres ancestrales jusqu’à notre époque entre les deux peuples issus d'Abraham, devenus frères ennemis. Paul utilise cet exemple non pour juger les faits et les personnages, mais pour tirer des situations concrètes un enseignement spirituel.
Si l’on demeure dans l’esclavage spirituel et psychique de l’attachement à ses mérites et à sa propre justice, aux pulsions de jalousie et de violence de sa nature charnelle, on se disqualifie du salut. Dieu a promis le salut par pure grâce à ceux qui lui font confiance et vivent libres des dépendances « charnelles » de leur nature non régénérée par l’Esprit.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- De quoi fais-je dépendre mon salut éternel ?
- Dans quel état d’esprit ma foi en Dieu se vit-elle ?(confiance, crainte, zèle fébrile et inquiet, soumission aveugle, dilettantisme...)
- Dans mes relations avec les autres chrétiens, à qui ressemblé-je le plus : Agar et Ismaël, pleins de mépris et de critiques, ou Sara et Isaac, sûrs de leur bon droit et de leur salut, ou Christ rempli de l’amour de Dieu pour tous, et le manifestant dans la compassion, le dialogue et le partage ? Comment ressembler à ce dernier modèle ?
- Dans la pratique de ma foi, quelles tentations de légalisme ai-je à écarter de ma vie avec Dieu ?
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