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16/12/2022

Étude n°13 Le déroulement du jugement Apocalypse 20.1-21.8 (24 12 22)

Étude n°13 Le déroulement du jugement Apocalypse 20.1-21.8 (24 12 22)

« Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ afin qu’il soit rendu à chacun d’après ce qu’il aura fait dans son corps, soit en bien soit en mal. » 2 Corinthiens 5.10. 

Texte : Apocalypse 20.1 à 21.8 

Observons

Le contexte

La première partie du jugement s’est située sur terre (ch 4-11) pour déterminer devant la cour céleste qui fera partie des élus ressuscités au retour de Jésus (ch 19). A ce retour, les élus participent au festin des noces de l’Agneau, tandis que les impies et le duo des puissances terrestres responsables des maux terrestres (bête et faux prophète v 20) disparaissent dans la mort.

Reste à mettre fin au grand conflit pour la gloire de Dieu et à régler le sort définitif  de l’Adversaire de Dieu.

Le texte (20.1 à 21.8)

Assez long, il est constitué de 3 parties :

1- les mille ans :

a) l’emprisonnement de Satan (20.1-3)

 b) le jury des élus (20.4-6)

 a’) le dernier combat et l’anéantissement de Satan (20.7-10)

2- le jugement dernier des impies (20.11-15)

3- la nouvelle Jérusalem ou la consommation de l’union de Christ et son épouse (21.1-8)

 Les deux premiers tableaux sont liés par les mots : mille ans (6 fois) trône (3 fois : v 4, 11,12), juger (2 fois : v 4, 13). Ce lien permet de penser qu’il n’y a pas d’ordre chronologique dans la présentation de ces deux tableaux : le jugement dernier des impies par les élus est annoncé dans la partie centrale du tableau des mille ans (v 4a), et développé ensuite, en parallèle du sort de Satan. Dans notre logique nous aurions placé ces tableaux ainsi : 1-a), 1-b), 2-, 1-a’, 3-.

Le troisième tableau est lié aux précédents par les expressions : seconde mort (20.6, 14, 21.8) étang de feu (20.10, 14, 15, 21.8), trône (21. 3,5 ).

(Miniature du 15è : la Jérusalem terrestre et la Jérusalem céleste)Jérusalem, évolution Miniature 15è.jpg 

Comprenons

La partie terrestre des jugements s’est achevée avec la résurrection des élus. Ce qui suit sera situé au ciel, pendant les mille ans de purification de la terre par le feu, dont parlait Pierre (2 Pi 3.10) : «  La terre avec les œuvres qu’elle contient sera consumée ». Ne cherchons pas à localiser le « ciel » qui en opposition à la terre n’est pas matériel, mais désigne le monde de la présence de Dieu qui est Esprit. 

1- Les mille ans

a) l’emprisonnement de Satan (20.1-3)

Après l’élimination des  impies, hommes de toutes catégories, et des puissants politico-économico-spirituels (Bête et faux prophète 19.19-21), l’ange « qui avait la clé de l’abîme » s’en prend au grand responsable du mal, Satan lui-même, identifié comme le dragon, le serpent ancien, le diable (v 2).

L’abîme est considéré dans la Bible comme le lieu profond et insondable où se trouvent les démons, et dans lequel ils ne veulent pas retourner, car en y étant jetés, ils n’auraient plus d’occasion de nuire sur terre. C’est ainsi que les démons du Gérasénien guéri par Jésus préfèrent aller dans un troupeau de pourceaux plutôt que de retourner dans l’abîme où ils n’auraient plus de pouvoir (Luc 8.31-32). L’abîme est devenu ainsi synonyme du « séjour des morts », puisque les morts n’y ont plus aucun pouvoir (Ecc 9.5-6,10).

Enchaîner Satan, le jeter dans l’abîme, et l’y sceller, c’est donc lui ôter toute faculté de nuire, tout pouvoir sur la terre. C’est d’autant plus compréhensible, que toute vie a été détruite sur terre (v 5), de sorte qu’il ne peut plus agir sur les nations et les personnes.

Celui qui a la clé de l’abîme est le Christ lui-même qui « a les clés de la mort et du séjour des morts » (Ap 1.18). Toutes ces images contribuent à la révélation de la toute-puissance de Christ, qui s’est rendu maître de l’Adversaire à la croix, et qui maintenant exerce les pleins pouvoirs sur lui. Il limite toutefois son emprisonnement et son isolement à la durée de mille ans, période qu’on a coutume d’appeler le millenium. Ce terme n’est pas biblique, et étant donné ses mauvaises interprétations dues à la méconnaissance du texte, il faut éviter de l’employer.  

Les mille ans sont-ils littéraux ou pas ? Peu importe ! L'expression répétée 6 fois dans le passage, suggère que c'est un temps nécessaire pour régler le sort de Satan (6 = chiffre de l'imparfait, de l'impie par rapport au 7 qui est le chiffre symbolique de la perfection ou plénitude divine); et pour juger les mécréants, c’est-à-dire faire constater aux élus la justice et l'amour de Dieu à leur égard.  Les élus peuvent reconnaître que les impies n'auraient pas supporté l’éternité avec Celui qu'ils ont rejeté toute leur vie.  Dieu ne s'impose à personne. Les élus peuvent aussi constater tous les efforts et les appels de Dieu envers ces hommes qui les ont méprisés ou repoussés.

b) le jury des élus (20.4-6)

Au centre du passage concernant Satan, se situe la scène montrant les ressuscités de la première résurrection (v 5-6), sacrificateurs (= prêtres) de Dieu, rois et juges avec Christ (v 4,6). Cette situation au centre veut mettre l’accent sur eux et sur ce qu’ils font dans cette période  de mille ans.

Toutefois, les deux scènes avec les élus (20.4-6 et 21.1-7) encadrent une scène concernant les impies. En effet leur sort intéresse en premier chef les élus  qui peuvent se poser les questions suivantes :

Pourquoi les impies n’ont-ils pas participé à la première résurrection ? Leur condamnation est-elle justifiée ? Disparaîtront-ils définitivement, ou y aura-t-il encore des risques de rébellion et de mal dans le royaume de Dieu ?  Ces questions trouvent une réponse dans ces passages. 

Tandis que sur terre règnent la solitude et la désolation qui condamnent Satan à l’inaction, dans le ciel fonctionne encore le tribunal de Dieu. Cette fois, ce sont les élus qui siègent sur les « trônes et reçoivent le pouvoir de juger » (v 4). En outre, « ils règnent avec Christ pendant mille ans ».

Qui sont ces élus ? Le texte précise que ce sont d’un côté « les martyrs pour leur foi et leur témoignage », et de l’autre (il n’y a pas le même pronom en grec pour les désigner) « ceux qui n’ont pas adoré la bête et son image », « ceux qui n’ont pas reçu la marque de la bête sur leur front et sur leur main ».

Ces mentions indiqueraient qu’il y a deux catégories parmi les élus, qui règnent avec Christ, la catégorie de ceux qui ont donné leur vie à Dieu et ont traversé victorieusement la grande tribulation ou persécution finale (7.14) et qui ont été transformés au retour de Jésus (1 Th 4.17),  et la catégorie de tous ceux qui, dans tous les temps, sont restés fidèles à leur Dieu.

Les deux expressions sont mises en parallèles autour d’un centre qui donne la raison du martyre et de la fidélité des deux catégories d’élus : le témoignage de Jésus et la parole de Dieu. On peut en tirer l'application pratique que l'étude de la Parole affermit la fidélité et rend capable de témoigner de Jésus, malgré les difficultés de l’oppression qui provoque la mort physique, et de l'influence impie et idolâtre des pouvoirs politico-économico-religieux qui imposent une unité de pensée et d'action à la fin des temps (Ap 13.11-17).

Ces élus  ont fait partie de la première résurrection (v 4,6), celle qu’a provoquée le retour de Jésus (1Th 4. 16) et sont sacrificateurs de Dieu : c’est la troisième fois que l’Apocalypse mentionne le peuple de sacrificateurs pour Dieu (1.6 ; 5.10 ; 20.6) en l’associant au royaume de Dieu. C’est le peuple de ceux qui « servent le Seigneur jour et nuit dans son temple » (7.15). (résurrection des morts, Psautier de Hildesheim 13è)Résurrection des morts miniature psautierHildesheim 13è.jpg

c) le jugement dernier (v 11-15)

Les élus ont le pouvoir de juger, mais qui ou quoi ?

Pendant ces mille ans, ils vont pouvoir constater la justice de la sentence divine sur les impies. Ils ont accès aux livres des œuvres (v 12) et peuvent ainsi comprendre pourquoi ces impies ne sont pas inscrits sur le livre de vie avec eux (v 15).

En même temps, ils peuvent reconnaître Dieu innocent de toutes les accusations de Satan. C’est pourquoi, pour la seule fois dans l’Apocalypse, le trône de Dieu est qualifié de « blanc » (v 11) : Dieu est justifié aux yeux de tous.

Ainsi pour les élus, il n’y a plus aucune ombre sur l’amour de Dieu. Ils voient que même la décision d’élimination des impies est une décision d’amour pour eux, les élus, qui ne pourraient pas côtoyer éternellement des gens qui ne partagent pas leur amour et leur adoration de Dieu,  mais aussi pour les impies eux-mêmes : ils n’auraient pas pu supporter de vivre l’éternité avec un Dieu qu’ils n’ont jamais aimé.

2- La fin des mille ans :

a) le combat final (20.7-9),

Si un doute pouvait encore subsister sur la faculté de repentance des impies à la dernière minute, ce doute est dissipé par le mouvement de révolte contre Dieu et son peuple, qui rassemble tous les impies ressuscités à la fin des mille ans pour entendre la sentence divine sur leurs œuvres.

Le passage n’est pas construit chronologiquement. On peut comprendre ainsi le scénario :

Satan est libéré de son isolement par la résurrection des impies, qui entendent les raisons de leur condamnation (v 7, 13, 12, 15). Puis Satan les rassemble dans une dernière tentative de révolte qui est interrompue brusquement par Dieu (v 8-9).

Les hommes, puis leur séducteur, la mort et le séjour des morts qui l’accompagnent, sont éliminés par le feu (v 15, 9-10, 14, 21.8).

Ce combat contre le camp des saints et la ville bien-aimée (20. 9) est sans doute à considérer comme une révolte spirituelle, manifestée contre les élus que les impies ressuscités aperçoivent au ciel, puisque la ville sainte n’est pas encore descendue sur la terre purifiée (21.2).  C'est-à-dire qu'ils prennent conscience de l'existence du monde spirituel de Dieu auquel ils n'ont plus accès.

b) l’anéantissement de Satan (20.10,14-15, 21.8).

L’image de l’étang de feu pour signifier la seconde mort (v 14 et 21.8) est caractéristique de la pensée hébraïque : le feu servait à éliminer les déchets de la terre, et brûlait tant qu’il était alimenté. Une fois éteint, il ne laissait d’autres traces que sa fumée, puis des cendres. Utiliser cette image permettait de faire comprendre que la disparition du mal sera totale et irrémédiable, comme le précise la troisième partie du passage : (21.4) « la mort ne sera plus, il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses auront disparu. ». 

Un problème se pose à propos de 20.10 : « Ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles ». Si les impies disparaissent définitivement dans une seconde mort, comment peuvent-ils continuer à être tourmentés « éternellement » ? Ce verset justifierait-il l’idée d’un enfer éternel ? Les notions de perpétuité, d’éternité ne sont pas humaines et sont transcrites en hébreu et en grec par des termes qui n’indiquent pas l’infini, dont on ne peut avoir une conception précise. En général les expressions employées signifient seulement un long temps, une durée limitée à l’existence de la terre, ou des hommes. Ainsi « aux siècles des siècles » ne signifie pas « éternellement » comme nous le pensons aujourd’hui, mais seulement « un long moment ». Il faut prendre dans ce sens aussi l’expression « jour et nuit », qui ne correspondrait à rien dans une nouvelle création « où il n’y aura plus de nuit »(22.5). Le tourment des impénitents et du diable durera sans doute un temps assez long (mais qu’est-ce que cela signifie dans un monde hors de notre temps ?!),  selon la gravité de leurs torts, jusqu’à ce qu’ils disparaissent définitivement. On en perdra alors jusqu’au souvenir, puisque selon Esaïe « on ne se rappellera plus les événements du début, ils ne remonteront plus à la pensée » (65.17). 

2- La nouvelle Jérusalem (21.1-8) (Tableau moderne de la Jérusalem céleste)Jérusalem céleste moderne.jpg

Tandis qu’est fixé le sort éternel des impies, on pourrait se demander ce que sera celui des élus. Le début du chapitre 21 répond à cette question. Ce passage est inclus dans la section des jugements, car il précise le sort éternel des élus et des impénitents. En effet, il se termine par l’identification de ces impénitents et par la précision de leur sort : la seconde mort (v 8). Cette 3ème répétition certifie la vérité divine énoncée auparavant (20. 6, 14).

v 1 : Après le millénium, il y aura « un nouveau ciel et une nouvelle terre... où la mer ne sera plus ». Inutile de s’imaginer ce monde ! Il appartiendra à une toute autre économie, où l’agitation des peuples, symbolisée par la mer, n’aura plus lieu d’être. 

v 2 : Le peuple de Dieu, "enlevé au ciel" pour la durée des mille ans, "descendra" vivre sur la terre. Son union avec le Christ sera complète, c’est à ce moment là que sera consommé le mariage de l’Agneau avec son Épouse, comme le précise le verset 3 : «  Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux ».  Le tabernacle, c’est la tente de la rencontre, la maison où Dieu vit avec les siens, sans aucun obstacle désormais à la communion (v 4). 

v 5 : Dieu lui-même, la voix sortie du trône (v 3) certifie la véracité de cette promesse de nouveauté de vie avec lui.

v 6 : Enfin retentit le « C’est fait ! » qui marque la fin des jugements. Dieu signe sa révélation en reprenant les termes de Ap 1.8 : «  Je suis l’Alpha et l’Omega » expliqués par « le commencement et la fin ». Il renouvelle son appel au lecteur, en insistant sur la gratuité de son offre de l’eau de la vie. Cet appel sera repris une dernière fois dans la conclusion du livre (22.17). Il exprime tout le message d’amour qui se fait entendre de la première à la dernière page de la Bible.  Dieu met tout son amour dans la promesse d’appeler « son fils » celui qui l’entendra et « qui vaincra »(v 7). 

Questions pour une application dans la vie chrétienne 

- L’étude précise de ces textes me permet-elle d’envisager la fin des temps avec la sérénité demandée par Jésus dans Jean 14.1-3 ? Puis-je être reconnaissant(e) envers Dieu pour cette révélation ? Quelles sont encore mes angoisses ou mes interrogations ?

- A quoi m’incite la connaissance de la fin du grand conflit entre Dieu et Satan ?

          à redouter de ne pas faire partie de la première résurrection ?

          à attendre passivement et impatiemment la réalisation de la prophétie ?

          à affermir ma foi par la Parole de Dieu pour être parmi les élus ?

          à témoigner de l’amour de Dieu pour attirer à lui le plus grand nombre ?   

- Quels aspects de Dieu révélés dans ces textes m’aident à vivre dans sa présence dès aujourd’hui ?

 

 

 

 

09/12/2022

Étude n°12 La vision biblique du monde 1 Jean 2.28 à 3.3 (17 12 22)

Étude n°12 La vision biblique du monde 1 Jean 2.28 à 3.3 (17 12 22)

« Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers : que tout votre être, l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé sans reproche à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ. »  1Thes 5.23

Illustration : « Etre dans le monde mais pas du monde »Dans le monde mais pas du monde.jpg

Observons

Le contexte (2.18-27)

  • Quels sont les caractéristiques des « antichrists », v 19, 22, 26 ?
  • En opposition quelles sont celles des « enfants de Dieu », v 20, 27, 21, 23, 25, 27 ?

Le texte : (2.28 à 3.3)

2.28 : - Que représente le « maintenant » du v 28 (à rapprocher de v 2.18) ?

  • Quel ordre pressant Jean donne-t-il aux enfants de Dieu ? Que signifie-t-il ? Dans quel but ? De quoi pourraient-ils avoir honte ? Quelle action de Dieu est sous entendue dans ce verset et suggérée au début du v 29 ?

V 29 : - A quoi reconnaît-on quelqu’un « enfant de Dieu » ?

3.1 : - Pourquoi sommes-nous enfants de Dieu ? Qu’est-ce qui  nous différencie du monde ? Qu’est-ce que « connaître Dieu » ?

V 2 - Que signifie le « maintenant » de ce verset ? A quoi est-il opposé ? Qu’est la manifestation attendue ? Pourquoi et en quoi serons-nous semblables à Christ ?      (1 Cor 15.49 ; Phil 3.21 ; Rom 8.29)

V 3 - Quel est l’effet de l’espérance du chrétien ? Est-ce la même chose que dans Actes 21.26 ou Jean 11.55 ? Comment le comprendre ? (2 Cor 7.1 ; 2 Pie 3.14 ;        5.23

-Comment Jean considère-t-il le monde en contraste avec les enfants de Dieu ?

Comprenons

Le contexte :

Jean vient d’appeler « antichrists »  les faux docteurs issus du sein même de la communauté, parce qu’ils « nient que Jésus est le Christ » (v 23), c’est-à-dire le Messie, l’Oint de Dieu, le Sauveur, ce qui fait d’eux des menteurs et des séducteurs (v 22, 26). Il les oppose aux disciples qui ont reçu l’onction de l’Esprit (v 20, 27) et ont la connaissance de la Vérité et la promesse de la vie éternelle (v 25).

Le texte

V 28 : En s’adressant directement aux « petits enfants » dans la foi, Jean manifeste sa tendresse envers les disciples, jeunes par rapport à lui qui est en fin de vie et jeunes aussi dans la foi, pour les enjoindre de demeurer en Christ, maintenant que l’heure dernière (v 18) est arrivée. Pour Jean, les oppositions et les mensonges séducteurs que rencontrent les croyants sont la preuve qu’ils vivent dans les derniers temps, comme le croyaient les chrétiens de l’église apostolique, depuis l’Ascension et la Pentecôte. Ils s’attendaient au retour de Jésus de leur vivant, c’est pourquoi la recommandation de demeurer en Lui se fait pressante. Qu’est-ce à dire ? « Demeurer » est empreint de l’idée  de « rester » dans la communion et la présence de Christ, dans la fidélité à la vérité de sa Parole, et dans l’obéissance à sa volonté. Le but de cette recommandation, c’est d’avoir de l’assurance lorsque Christ reviendra pour juger le monde, comme le suggère l’adjectif « juste » au verset suivant,  de pouvoir vivre ce moment de confrontation avec Lui sans la honte de l’avoir abandonné, négligé ou trahi.

V 29 : Sur quoi les hommes seront-ils jugés dignes d’être appelés « enfants de Dieu » ? Comme chez Jacques (1.27 ; 2.14) chacun sera jugé selon les œuvres qu’il aura pratiquées : œuvres de justice qui prouvent la foi en Dieu, ou l’accomplissement de Sa volonté même à son insu (Rom 2.14-16), ou œuvres issues d’un cœur plein d’iniquité et d’hypocrisie (Mat 23.28 ; Rom 6.19), comme il s’en commet dans un monde « qui n’a pas connu  Dieu ». La justice, ou droiture, des œuvres du croyant (3.1) permet de voir en lui un « enfant de Dieu » « né de lui » spirituellement, et aimé de son Père Céleste. Le monde qui n’a pas voulu reconnaître l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ ne peut reconnaître les enfants du Père qui contemplent cet amour à l’œuvre dans leur vie.

Au v 2, l’adverbe « maintenant » n’a pas le même sens que précédemment. Ici il oppose la situation actuelle de l’enfant de Dieu dans ce monde à celle qui sera manifestée dans le futur quand Jésus reviendra. Aujourd’hui nous sommes des enfants de Dieu soumis aux vicissitudes du monde, aux tentations et épreuves, à la mort, au mépris ou à l’ignorance du monde,  alors qu’au retour glorieux de Jésus, nous serons transformés à son image et tous verront que nous sommes ses enfants. La ressemblance avec notre Sauveur est encore bien imparfaite, car notre vision de Dieu est brouillée de par notre nature pécheresse (1 Cor 13.12. Mais l’espérance du chrétien c’est d’être transformé peu à peu, de gloire en gloire par l’Esprit du Seigneur (2 Cor 3.18), parce que nous marchons par la foi et non par la vue (2 Cor 5.7). Mais l’assurance et l’espérance du chrétien c’est d’être transformés glorieusement et entièrement au moment où nous verrons Dieu face à face. Etre semblables à Lui ne signifie pas que nous serons divins ! Luther a très bien exprimé cette ressemblance : « Dieu est la Vie, ainsi nous vivrons ; Dieu est amour, donc nous aimerons ; Dieu est juste, nous serons remplis de justice ; Dieu est éternellement bienheureux, nous jouirons d’un bonheur pareil ». Nous pouvons ajouter : Christ est sans péché, alors notre nature ne sera plus soumise au péché, mais à l’Esprit Saint de Dieu (1 Cor 15.47-55).

Le verset 3 demande un éclaircissement. Dans quel sens l’espérance nous purifie-t-elle ? Peut-on se purifier soi-même ? Dans ce sens,  le mot fait allusion aux rites juifs de purification par l’eau dans le temple, lors des fêtes ou de vœux à accomplir (Jean 11.55 ; Actes 21.26). Mais ici, il faut l’entendre spirituellement : le chrétien espérant voir Dieu face à face, ne peut continuer à cultiver des pensées et des actes qui l’éloignent de Dieu présentement (2 Cor 7.1 ; 2 Pie 3.14). La vérité de la Parole de Christ sanctifie le croyant (Jean 17.17, 19), c’est-à-dire le met à part du monde pour le service de Dieu, pour témoigner de son amour. C’est l’œuvre de Dieu dans son cœur qui le rend saint, « pur », consacré sans mélange à Dieu (1 Thes 5.23).

Illustration « Etre dans le monde mais pas du monde »Dans le monde mais pas du monde 2.jpg

Pour conclure, dans ce texte Jean considère le monde comme éloigné de Dieu, plongé dans le mensonge, voué à la mort, parce qu’il ignore l’amour de Dieu, volontairement ou par négligence, ce qui l’amène à ignorer ou persécuter les enfants de Dieu. Il n’y a pas de contradiction avec ce que Jean dit du monde dans son évangile (Jean 3.16) ! C’est ce monde plongé dans les ténèbres que « Dieu a tant aimé qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ! ». S’il nous est demandé de ne pas suivre son exemple ni de se laisser influencer par lui, ce n’est pas une raison pour s’en séparer autrement qu’en Esprit et pour ne pas lui témoigner de l’amour de Dieu pour lui.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Comment ma vie manifeste-t-elle que je suis enfant de Dieu, né de Dieu ?
  • Que signifie pour moi l’affirmation que Christ est Fils de Dieu ? Comment l’expliquer à un musulman qui nie cette filiation ?
  • Comment demeurer en Christ dans ma vie quotidienne ? La contemplation des œuvres de Dieu suffit-elle à me transformer ?
  • Quels sentiments éveille en moi la perspective de me retrouver face à face devant Dieu ?
  • Ma vie est-elle tendue par la préoccupation de me purifier ? Comment éviter ce stress ?
  • Comment être dans le monde sans être du monde ? Jean 17.14-16