16/03/2012
Etude n°12 : Histoire d’amour, Ct des Ct 4 à 5.1 (24 03 12)
Etude n°12 : Histoire d’amour, Ct des Ct 4 à 5.1 (24 03 12)
« De loin l’Éternel se montre à moi : Je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma bienveillance » Jér 31.
Introduction
- Ce poème est au centre du chiasme formé par les 5 poèmes des chapitres 1 à 7:12. Il en porte donc tout le poids et donne leur sens à tous les autres.
- Le style de ce poème est celui de la poésie idyllique, forme de lyrisme peu commune, qui met en scène des récits pastoraux, séparés par des refrains. Si les comparaisons nous déroutent un peu, elles sont l'expression à la mode orientale, exagérée et lyrique, de sentiments profonds que nous n'avons pas l'habitude d'exprimer en Occident.
- Le caractère très sensuel et érotique de ce poème a provoqué de la part des rabbins, l'interdiction aux hommes de lire le livre avant trente ans (ne parlons pas des femmes, elles devaient l'ignorer totalement). C'est un véritable traité d'éducation sexuelle qui ne doit pas être évacué de l'interprétation même spirituelle : Dieu se sert des réalités humaines et du vécu de l'homme, pour lui faire comprendre les réalités spirituelles et divines.
Observons
- Qui parle ? (Les italiques répondent aux questions posées)
Le bien-aimé, essentiellement, en tête à tête avec la jeune épouse, après le cortège de mariage.
- Structure du poème
4.1 à 8 : Exaltation de la beauté physique de la jeune fille
4.9 à 11 : Charmes de l'amour de la jeune fille
4.12 à 5.1d : Union intime des époux
5. 1e : Voeux du choeur
- Comment l'époux appelle-t-il l'épouse
4.1,7 : Mon amie, ou ma compagne
4.9,10,12 et 5.1a : Ma soeur (terme d'affection), ma fiancée
- Que vante-t-il chez son épouse ? Sa beauté naturelle : yeux, dents, lèvres, bouche, joues, cou, seins,regards,fraîcheur,jeunesse. Ses charmes acquis : colliers, parfums.
- Quelles qualités lui reconnaît-il ?
v.7 : pas de défaut
v.10 : amour plus exaltant que les plaisirs
v.11 : douceur
v.12 : virginité ou exclusivité,
v 13 et 16 : fruits excellents de l’amour
- Quels sentiments exprime l'époux ?
Admiration (7), désir (8), tendresse (9-11), reconnaissance (12-15), exaltation amoureuse (16), plaisir intense (5:1 a-d).
- Le refrain exprime la joie des assistants et leurs voeux aux époux ; il conclut donc cette union intime des époux.
Comprenons
A- Interprétation naturaliste et morale
- Description précise de l'union de l'homme et de la femme : ce poème fait comprendre comment la stratégie amoureuse doit tenir compte des différences de psychologie et de tempérament des deux partenaires.
L'homme, par nature et conventionnellement à cette époque, est celui qui entreprend la conquête de sa femme, son désir le pousse vers elle, mais il doit savoir attendre qu'elle s'amadoue et qu'elle s'offre d'elle-même. Pour cela, il l'entoure de caresses verbales et physiques, destinées à l'entraîner avec lui dans le plaisir de l'union intime, par le don total de soi l'un à l'autre.
- La sexualité, ainsi introduite dans la Bible acquiert une place particulière elle, fait partie du projet de Dieu pour l'homme et la femme (cf.Gen.1 et 2), et elle n'est pas mauvaise en soi. Mais elle n'est pas un but pour les époux, elle est un instrument privilégié pour exprimer leur amour mutuel, pour leur faire éprouver la jouissance de leur présence réciproque.
Dieu ne condamne pas le plaisir sexuel, il l'offre en cadeau à ceux qui se donnent totalement l'un à l'autre, dans un amour désintéressé ; car par cette union, Dieu veut donner une image de la relation qu'il désire avec l'homme, et du plaisir que chacun peut en éprouver.
B- Interprétation spiritualiste
- Ce texte était sans doute dans la pensée de Paul lorsqu'il parle du «mystère» de la relation de Christ avec l'Église (Éph 5:25-32), sans oublier que le mot «mystère» signifie d'abord «révélation à l'initié».
Dieu révèle ici
1 - son désir profond d'union avec l'Église (ou sa créature humaine).
2 - sa tendresse et sa prévenance envers elle, car il l'entoure de soins et de caresses, au lieu de s'imposer à elle et la prendre de force ! Il la considère comme une amie avec qui il dialogue, et non comme une esclave dont il use et abuse.
3 - sa générosité (tous les parfums de Sulamith sont de grand prix, ne viennent pas de son pays, et n'ont donc pu que lui être donnés par le roi).
4 - son pardon : il la voit sans défaut (v.7), grâce à Jésus-Christ nous dira l'Évangile (Éph 5:25-27 ; 1 Jean 1:7b,9).
5 - son allégresse de s'unir à elle: «je bois mon vin avec mon lait» expression hébraïque du bonheur suprême !
- Il n'est pas étonnant que le symbole, par excellence de la relation entre Dieu et l'homme qu'est le mariage ou l'union intime des époux, ait subi les attaques de Satan pour pervertir, déformer cette image, de façon à dénaturer et rendre incompréhensible à l'homme la volonté divine.
C'est une grâce que nous ayons ce texte dans la Parole, pour nous révéler la pensée de Dieu à propos de son union avec l'Église, sans oublier que l'Église est composée de chacun des croyants qui se donnent à lui.
C- Interprétation prophétique
Ce texte annonce l'attente ardente de Dieu de son union avec ses enfants, qu'il entoure de ses bénédictions et de son amour, qu'il purifie et prépare pour le jour des Noces de l'Agneau avec son Église, la nouvelle Jérusalem (Ap 19.7 ; 21.2)
Questions pour une application dans la vie chrétienne
A - Dans ma vie de couple, ou mes relations avec les autres :
- Suis je attentif à la différence de tempérament et de comportement de l'autre?
- Suis-je assez prévenant, patient et rempli d'amour pour ne pas imposer à l’autre mon désir ou ma volonté ?
- Comment est-ce que je considère la sexualité : un sujet «tabou», le péché, un but dans la vie, un cadeau précieux de Dieu, une occasion de s'affirmer ?...
B - Dans ma vie spirituelle
- Ai-je conscience que Dieu m'entoure de ses attentions, et attend que je me donne à lui avec joie? Comment répondre à son amour inconditionnel ?
- En quoi ma relation avec mon conjoint ou avec les autres reflète-t-elle l'image de Dieu que me révèle ce texte ? Que puis-je améliorer dans mes attitudes ou mes paroles pour témoigner plus fidèlement de l'amour de Dieu ?
- Mon Église (et moi-même) éprouve-t-elle le désir ardent et la joie d'être pénétrée par l'Esprit de Dieu ? Comment cela s'exprime-t-il réellement ? Quels en sont les fruits qui réjouissent le coeur de Dieu ?
C - Prophétiquement
La promesse de l'union intime avec Dieu à son retour est-elle une espérance vivante ? Comment transforme-t-elle ma vie ?
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09/03/2012
Etude n°11: Dieu artiste et artisan, Héb 8.1-5 (17 03 12)
Etude n°11 : Dieu artiste et artisan, Héb 8.1-5 (17 03 12)
« « Je demande une chose à l’Éternel que je recherche ardemment : habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel pour contempler la magnificence de l’Eternel » Ps 27.4
Observons
Le contexte
L’auteur a montré dès le début de l’écrit envoyé aux Hébreux, le Fils assis à la droite de Dieu dans les cieux, après avoir fait la purification des péchés (1.3). Il a démontré que Christ est souverain sacrificateur, garant d’une alliance plus excellente (7.21-22). Dans la seconde partie de l’écrit qui débute avec le ch 8, il va montrer la supériorité de la nouvelle alliance dont Jésus est le grand sacrificateur.
Le texte (v 1-5) présente le Christ comme ministre du véritable sanctuaire
Relever le vocabulaire sur le thème de la construction : Comment est-il organisé dans ces cinq versets ? Sur quels aspects de Dieu insiste-t-il ?
Structure du passage :
a) v 1-2 : Christ sacrificateur du véritable tabernacle « dressé par Dieu »
b) v 3-4 : Opposition entre prêtres terrestres et Jésus, grand prêtre céleste
c) v 5 : le tabernacle terrestre construit sur le modèle divin montré à Moïse
Comprenons
(Plan de situation du temple de Jérusalem)
Ce court passage nous montre comment Dieu a œuvré en artiste pour nous faire comprendre le salut dont il est l’artisan. Le vocabulaire de la construction (dressé, construire, modèle), les oppositions entre bâtiment céleste et bâtiment terrestre (tabernacle, sanctuaire) accentuées par les différences entre les prêtres éphémères et Jésus le grand prêtre éternel, contribuent à nous élever vers les réalités célestes, dont les représentations visibles et concrètes terrestres ne sont que les ombres. Dieu a mis à la portée des hommes limités, sa pensée et son projet de salut qui dépasse largement tout ce que nous pouvons imaginer (Eph 3.20). Dieu en avait montré à Moïse, un « type », un « modèle », une représentation à traduire concrètement dans le Tabernacle du désert (8.4-5), comme un architecte présente un plan de son projet, que l’entrepreneur doit concrétiser sur le terrain. Ce modèle, ce plan sont déjà eux-mêmes la transcription dans le visible sur papier, de l’idée, du projet conçu par l’architecte. Le projet de Dieu était de sauver l’homme pécheur. Comment montra-t-il son plan de salut à Moïse pour le rendre compréhensible aux Hébreux ? Quel plus grand et plus explicite « modèle » peut-il y avoir que Christ lui-même, artisan de ce salut ? Dieu a montré à Moïse tout ce que Christ serait et ferait lors de son incarnation pour le salut de l’homme. Moïse fut chargé de transcrire ce « modèle », cette réalité spirituelle dans le domaine du concret, du visible, par un sanctuaire terrestre. Celui-ci ne désorientait pas les Hébreux par sa construction semblable aux temples Egyptiens, mais il avait un autre sens, et cherchait à les élever aux réalités spirituelles divines. Le sanctuaire et le rituel terrestres n’étaient que des symboles, des images concrètes du plan du salut conçu par Dieu. Ils étaient incapables de rétablir la relation véritable, spirituelle, avec Dieu, de donner l’accès direct au “sanctuaire céleste, aux lieux saints » c’est-à-dire à la présence de Dieu. L’ancienne alliance cherchait, par les rites du sanctuaire terrestre, à faire comprendre au croyant pécheur l’œuvre de salut que seul Christ allait accomplir en sa faveur. Christ étant venu réaliser cette œuvre, le sanctuaire terrestre et ses rites devenaient inutiles et il fallait en comprendre le sens spirituel. Les choses terrestres sont à appréhender selon l’Esprit (2 Co 3.6) et l’alliance nouvelle se vit par l’Esprit de Dieu, comme Jésus l’annonçait à la Samaritaine (Jn 4.24) : « les vrais adorateurs adoreront Dieu en esprit et en vérité ». Ce qui est vrai pour l’œuvre passée de Christ, préfigurée dans le sanctuaire terrestre juif, l’est aussi de l’œuvre présente et future, dont on trouve aussi la représentation dans le sanctuaire terrestre et ses rites[1].
Notre perception de l’œuvre dont Christ est l’artisan aujourd’hui dans la présence de Dieu, passe par la compréhension spirituelle de l’œuvre du sacrificateur terrestre. Le sanctuaire terrestre, lieu de la présence de Dieu parmi les hommes, et de sa rencontre avec eux, était le symbole de Christ, « Emmanuel, Dieu avec nous ». Il devint le symbole du lieu spirituel de la présence de Dieu parmi les hommes, c’est-à-dire de l’Église, peuple des croyants (1 Co 3.16 ; 2 Co 6.16). Dans ce « sanctuaire céleste » ou spirituel (voir l’équivalence de ces adjectifs dans 1 Co 15.45-49), Christ agit par son Esprit. Il y accomplit parfaitement l’œuvre d’intercesseur ou de médiateur d’un grand prêtre, comme représentant de l’humanité devant Dieu, offrant son sang versé pour le pardon des péchés (Héb 8.3b à rapprocher de Ep 5.2). Son œuvre actuelle consiste à s’interposer entre le croyant et l’Accusateur des frères, pour le réclamer comme son enfant pardonné (Bas relief à Notre Dame de Paris), le déclarer juste ou pur, le sceller de son Esprit et rassembler son peuple en vue du jour de la rédemption (Ep 1.13-14).
[1] Voir en annexe un essai d’explication des symboles du sanctuaire terrestre.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- L’étude du sanctuaire terrestre me permet-elle de faire mienne la parole du psalmiste du verset à retenir, Ps 27.4 ? Comment partager son désir « d’habiter dans la maison de l’Éternel pour contempler sa magnificence» ?
- L’assurance que Christ ressuscité officie pour moi comme grand prêtre devant Dieu, change-t-elle quelque chose à ma vie quotidienne ? En quoi cela se manifeste-t-il concrètement ?
- En quoi consiste l’intercession de Christ pour moi ? voir Jn 14.16 et 16.26-27. Si Christ est Dieu, comment peut-il se prier lui-même ? Entre qui se place-t-il comme médiateur ? Pourquoi est-il le seul à pouvoir le faire ?
- Quelles promesses pour ma vie quotidienne cette étude m’a-t-elle révélées ? Qu’en ferai-je cette semaine, dans ma relation avec Dieu et avec les autres ?
Annexe
Les trois parties du sanctuaire et les rites qu’on y pratiquait, préfiguraient l’œuvre du Messie à venir. Le parvis représentait l’humanité où le Messie incarné en Jésus, serait l’Agneau immolé pour le pardon des péchés du monde. Les sacrifices quotidiens annonçaient celui de Jésus et manifestaient la repentance et la foi des fidèles dans le pardon gratuit de Dieu. L’œuvre terrestre de pardon et de purification du Messie une fois accomplie, Jésus par son ascension a franchi symboliquement le premier voile qui donnait accès au Lieu Saint du sanctuaire. Depuis il officie comme Prêtre et Roi au sein de ce lieu où demeure son Esprit. Les apôtres l’ont compris comme étant l’Eglise dans son ensemble, et le cœur de chaque croyant en particulier (1 Cor 3.16 ; 2 Co 6.16 ; Eph 2.21 ; 1 Pi 2.5). Là se manifeste la présence de Jésus Roi qui éclaire de son Esprit, nourrit de sa Parole, et intercède pour son peuple, à l’image des rites quotidiens du Lieu Saint Juif.
Enfin, le rite annuel du Yom Kippour montrait qu’à la fin du service spirituel de Jésus au milieu et en faveur de son peuple, le Sauveur passerait spirituellement et symboliquement le second voile du temple pour accomplir la dernière partie de sa mission : la purification de son sanctuaire (Daniel 8.14) ; à ce moment il agit comme Juge : au sens biblique du mot, il est le Libérateur de son peuple, il reconnaît comme siens et rassemble autour de lui ceux qui se sont réclamés de son sacrifice et qui l’ont laissé agir dans leur vie pour les transformer à son image (1 Co 1.8 ; 2 Co 3.18). Les considérant comme justes devant Dieu, il peut ensuite ressortir du sanctuaire spirituel, revenir sur terre de façon visible et glorieuse, pour éliminer définitivement de la terre le mal et ses conséquences, pour permettre à son peuple purifié une nouvelle vie éternelle en sa présence.
Cette organisation du sanctuaire terrestre symbolisait aussi le chemin de foi du croyant : par la repentance qui marque la crucifixion de son Moi pécheur (Rom 6.6), et par le baptême où il s’identifie à la mort et à la résurrection de Christ (Rom 6.4), le croyant entre dans le peuple de Dieu gouverné spirituellement et sanctifié par le Seigneur. Eclairé par l’Esprit et nourri par la Parole, il grandit dans la foi au service de Dieu et des hommes (1 Pi 2.2, 9). Lorsque le Christ accomplira sa dernière mission de Juge, le croyant sera justifié par Lui, définitivement scellé par l’Esprit pour paraître debout devant Dieu.
Ce symbolisme du sanctuaire a servi de base à l’affirmation de Paul qui résume le chemin de foi du croyant, dans 1 Co 6.11 : « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés, au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu ».
Extrait d’un livre à paraître « L’ Apocalypse, un message d’espérance » d’E. Zuber
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