24/12/2006
Etude n°13b : La fin des commencements, Gn 46-50
Genèse 45 (suite)
B- v 16-28 : L’accueil de Pharaon
Heureux du bonheur de son ministre, Pharaon se montre généreux pour sa famille. Le pays de Gochên était propre à l’élevage, situé à l’est du delta du Nil. En donnant aux Hébreux cette région d’Egypte, le Pharaon permettait à des éleveurs étrangers d’entrer dans le pays, sans se mêler aux Egyptiens proprement dits, qui avaient en horreur cette profession incompatible avec leur niveau de raffinement et de propreté (46.l4b). La bienveillance de Pharaon pour ces éleveurs étrangers s’expliquerait par sa propre origine étrangère et sans doute sémite ou hittite (= hyksos).
Les Hyksos venus du nord de l’Asie mineure, importèrent le char et les chevaux (46.29), ainsi que le goût de la guerre dans une Egypte pacifique et raffinée, dont ils adoptèrent très vite la civilisation. Pourtant ils furent haïs des purs Egyptiens, qui réussirent à les chasser et transformèrent la vie des Hébreux, comme on le verra dans l‘Exode. Dieu, en permettant à Pharaon d’isoler son peuple du reste de I’ Egypte, tentait de préserver l’intégrité de sa foi au cours de son accroissement.
v 24b : Les recommandations de Joseph à ses frères pendant le voyage montrent que tout esprit de dispute n’avait pas disparu en leur sein, comme Ruben l’avait laissé entrevoir (42.22). Il craignait qu’ils ne s’accusent mutuellement, en se rappelant le passé. Ils ont été pardonnés, mais se pardonnent-ils à eux mêmes et mutuellement ? Leur attitude de crainte à la mort de Jacob (50.15) fera comprendre qu’ils n’ont pas encore saisi toute l’ampleur du pardon de Joseph.
C’est une bonne illustration de la phrase du Notre Père : Pardonne-nous nos offenses comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Tant que nous n’avons pas compris ni accepté le pardon de Dieu, et éprouvé ses bienfaits, nous restons incapables de nous pardonner à nous-mêmes et aux autres.
Questions pour appliquer dans la vie chrétienne
- Où en sommes-nous dans nos relations avec les autres, parents, enfants, voisins, collègues, frères et sœurs dans la foi ? Le pardon de Dieu est-il à la base de ces relations ? Comment le vivre concrètement aujourd’hui?Genèse 46 : Descente en Egypte de la famille de Joseph
Observons
a) 1-7 : sortie de Canaan et promesses de Dieu à Israëlb) 8-27 : recensement du clan hébreu à l’arrivée en Egypte
c) 28-34 : Jacob retrouve son fils Joseph
Comprenons
a) Au moment de quitter le pays promis à sa famille, Israël sent le besoin de se tourner vers Dieu, là où ses pères avaient aussi adoré (21.33 ; 26.25). Il veut s’assurer de l’approbation de Dieu avant cette décision importante pour la famille, et par le sacrifice, il marque son attachement à l’alliance avec Dieu.
Dieu parle à Israël et lui ordonne de quitter le pays, comme il avait ordonné à Abraham d’y entrer. En lui parlant dans une vision nocturne, Dieu met Israël au rang de ses prophètes (Nb 12.6), à qui il dévoile l’avenir, et promet sa présence et sa direction en Egypte et au retour en Canaan. En annonçant que c’est en Egypte que le clan deviendra une « grande nation », Dieu confirme la longue durée de leur séjour prédite à Abraham (Ge 15.13-16).
b) La liste des chefs de clans dans la «famille de Jacob » (v 27) mentionne 70 hommes dans le texte hébreu, d’une façon peut-être symbolique, pour marquer la plénitude de la tribu immigrée à l’époque de Joseph. La traduction grecque des Septante la dit plus nombreuse, déjà sur le point de devenir un peuple, dont sont mentionnés les noms des chefs de famille de chaque tribu, même s’ils sont nés plus tardivement qu’à l’installation.
c) Les retrouvailles émouvantes entre le père et le fils « perdu » nous renvoient immanquablement à l’accueil du « Fils prodigue » de Luc 15, avec cette différence que l’exil de Joseph n’était pas voulu et n’avait pas été une déchéance pour lui ! Joseph prend à cœur l’installation de sa famille en Egypte, pour lui rendre l’intégration plus facile, sans perdre son identité. Il veut profiter de l’aversion des Egyptiens contre les nomades et leurs métiers qui touchent au bétail, pour que son peuple puisse se développer en paix dans un secteur du pays assez isolé, dans le delta du Nil. Il y sera aussi à l’abri des influences de l’idolâtrie égyptienne.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment associer Dieu à mes décisions d’installation de logement ou de déménagement ?
- Quels sont mes critères spirituels de choix en matière d’habitation, ou d’implantation d’église ?
- Comment laisser s’exprimer l’émotion de retrouvailles, sans en être submergé ?
Genèse 47
Observons
1-12 : Accueil de la famille de Jacob par Pharaon
13-26 : Administration de l’Egypte par Joseph pendant la famine
27-31 : Dernières années et volontés de Jacob.
Comprenons
Pour présenter sa famille à Pharaon, Joseph choisit seulement cinq de ses frères : le chiffre 5 marquait en Egypte un signe particulier de l’honneur que l’on voulait rendre à quelqu’un (43.34 ; 45.22).
La salutation de Jacob est rapportée comme une bénédiction sur Pharaon (v 7 et 10) : à la simple salutation s’ajoute peut-être une bénédiction d’un homme plus âgé sur un plus jeune, et d’un homme qui a conscience que sa famille a été appelée à être en bénédiction pour toutes les nations, car elle est porteuse des promesses de salut (12.2-3).
Jacob a 130 ans lors de son arrivée en Egypte ; à 147 ans à sa mort, il est le plus jeune des patriarches (Abraham vécut 175 ans, Isaac 180 ans) mais il ressent sa vie comme remplie de malheurs et d’épreuves (v 9). Il en oublie devant Pharaon de marquer sa reconnaissance pour le soutien de l’Eternel qu’il y a reçu !
Au centre du chapitre le tableau de l’administration de Joseph (voir fin du ch 26 de « Itinéraires de croissance ») sert à montrer le contraste entre la famille de Joseph qu’il fait prospérer, et les Egyptiens qu’il appauvrit jusqu’à les rendre esclaves, au profit de Pharaon. Le népotisme était peut-être considéré comme normal à cette époque, mais ici Joseph semble de marbre devant les souffrances du peuple égyptien, acculé par la famine à vendre ses troupeaux et ses terres, puis à se vendre lui-même au Pharaon pour garder simplement la vie.
Nulle mention de l’Eternel dans cette gestion du pays par Joseph qui agit ici en simple vizir du roi d’Egypte, soucieux du profit avant tout autre considération ! Cette attitude de la part d’un Pharaon hyksos (ce sont eux qui importèrent les chevaux en Egypte, v 17) et de son ministre hébreu contribua à la haine des Egyptiens contre cette dynastie étrangère, et contre les Hébreux. Au changement de dynastie, les vrais Egyptiens, retrouvant le pouvoir, en profitèrent pour retourner la « monnaie de leur pièce » aux Hébreux, en les soumettant à un dur esclavage (Ex 1.8, 11-13).
L’installation et la prospérité de la famille de Jacob en Egypte n’ont pas fait oublier au patriarche qu’il y est un étranger, et que la promesse de bénédiction de Dieu concernait le pays promis Canaan. Il fait jurer à Joseph (v 29) selon le mode de serment antique, sur ce qu’il y a de plus précieux, ici les sources de la descendance (les organes génitaux), représentant donc pour eux les sources d’une vie éternelle terrestre : par ce geste on prend à témoin du serment la descendance de celui à qui on prête serment. Jacob ne veut pas de sépulture en Egypte, mais dans le pays promis par Dieu. Ayant obtenu ce qu’il souhaitait, Jacob assis dans son lit, se prosterne, en inclinant la tête appuyée sur le « chevet » (mitté en hébreu) de son lit, ou selon les Septante ou Hé 11.21 « sur l’extrêmité de son bâton » (matté en hébreu).
Questions pour une application dans la vie chrétienne :
- Ai-je conscience que ma foi en Dieu m’appelle à être en bénédiction pour ceux qui m’entourent ? Comment puis-je le rendre manifeste dans mon comportement envers tous, petits ou grands, importants ou humbles ?
- Quel « goût dans la bouche » me laisse le rappel de mon passé, de mon âge ? Comment en faire une occasion de témoigner de mon appartenance au Créateur et de ma reconnaissance pour sa direction aimante ?
- Ai-je le souci comme Jacob de reposer éternellement dans la Canaan céleste que Dieu a promise à ma foi ? De quoi ou de qui dépend la réalisation de cette promesse ?
- Quel est mon comportement vis-à-vis de ceux qui dépendent de moi : favoritisme, exploitation, justice ? Comment dans ce domaine social être un ambassadeur de Jésus-Christ, un gestionnaire à l’ « image de Dieu » ?
Genèse 48
Observons
Le chapitre est consacré tout entier à l’adoption par Jacob des deux aînés de Joseph.
1-7 : Rappel de la promesse de Dieu et volonté de Jacob d’en faire profiter les deux fils de Joseph, à l’égal de ses propres fils.
8-12 : présentation des deux fils à Jacob
13-22 : bénédiction inversée de Jacob sur Ephraïm et Manassé.
Comprenons
En adoptant les deux fils de Joseph, nés avant son arrivée en Egypte, Jacob en fait des chefs de tribus, comme ses fils. Il reconnaît à Joseph le privilège d’aîné de Rachel, comme Ruben l’est de Léa. Il lui accorde le droit de recevoir « une double part » de l’héritage, en tant qu’aîné. L’autre droit d’aîné qu’est le pouvoir de commander sur ses frères sera attribué à Juda, après l’exclusion des trois aînés de Léa. Ce privilège accordé à Joseph se justifie parce qu’il est l’aîné de la femme préférée, perdue trop tôt (v 7), et qu’il s’est montré « le père » sauveur de toute la famille. Jacob n’ayant pas pu avoir autant d’enfants de Rachel que de Léa, essaie d’effacer la disproportion entre la descendance de ses deux femmes.
En croisant ses mains sur la tête de ses petits-fils, Jacob, par une dernière « ruse » inverse les rangs de naissance de ces jeunes gens, transmettant les promesses de Dieu non sur l’aîné, Manassé, mais sur le cadet Ephraïm. Il répète ainsi les substitutions précédentes d’Isaac à Ismaël, et de Jacob à Esaü. Il signifie par là que la grâce de Dieu n’est pas liée aux droits humains (Rm 9.6-8, 16, 25-26).
A Joseph, Jacob attribue une « part » spéciale (v 22) qui par son nom désigne la ville de « Sichem », prise de guerre de ses fils pour « défendre l’honneur » de Dina. C’est là que sera enterré Joseph, au cœur même du territoire échu à la tribu d’Ephraïm.
Question pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce que je cherche à transmettre à mes enfants ? Dans cette transmission, suis-je guidé par mes sentiments, mes préférences, mon sens de la justice, mon désir de faire comprendre la grâce de Dieu ?
Genèse 49 : Bénédictions prophétiques de Jacob sur ses fils
Observons
Le rythme du texte n’est pas celui du récit, mais de la poésie, ou de la parole prophétique. Certaines de ces paroles ne sont pas des bénédictions, mais des prévisions des caractères néfastes qui se développeront dans les tribus issues de ses fils. Les bénédictions sur Juda (8-12) et sur Joseph(22-26) sont les plus abondantes, et sont les seules à faire de ces deux fils des « types » du Messie.
L’émotion de Jacob se manifeste par une parole adressée directement à ses deux aînés, Ruben (3-4), et Joseph (25-26a), et à Juda (9) qui devient le dépositaire des promesses messianiques, après l’élimination de Siméon et de Lévi. Elle se remarque aussi dans l’interpellation angoissée à l’Eternel (18), en aparté, après la vision du sort de Dan.
ComprenonsJacob refuse sa bénédiction à ses trois aînés, Ruben pour son « inceste », Siméon et Lévi pour leur violence perfide à Sichem. Un tel manque de maîtrise de leurs passions les a disqualifiés pour être les dépositaires des promesses divines de salut.
Ruben installé sur la rive gauche du Jourdain, ne jouera pratiquement aucun rôle dans l’histoire du peuple hébreu, Siméon et Lévi seront « dispersés » parmi les autres tribus d’Israël, n’y possédant que quelques villes. Le zèle pour l’Eternel de la tribu de Lévi au moment de l’épisode du veau d’or, lors de l’Exode (Ex 32.25-29, Dt 33.8-11) donnera à cette tribu le privilège d’être consacrée au service de l’Eternel, changeant la « pré-vision » de Jacob en bénédiction.
Juda devient l’aîné et reçoit l’hommage de ses frères en tant que tel. La victoire sur les ennemis, et le commandement royal en Israël lui sont promis. Cette autorité aura pour terme la venue d’un « Chilo » (10). Ce mot fut interprété soit géographiquement pour désigner la ville où fut placé le tabernacle après la conquête de Canaan, mais elle est située dans le territoire d’Ephraïm, soit étymologiquement (= repos) pour signifier la fin de la conquête de Canaan. Ces deux sens n’ont malheureusement pas de rapport logique avec l’idée de souveraineté royale de Juda. Le mot, sans article, prend un sens personnel un « pacificateur » personnage attendu par Jacob pour apporter la paix parmi les peuples, dont les écarts de ses fils aînés laissaient présager les divisions et les violences. Cette espérance messianique, placée au centre de la bénédiction de Juda, rejoint celle qui existait au temps de Noé (5.29), ou d’Abraham (12.3). Juda ne perdra pas sa souveraineté en Israël jusqu’à ce que vienne le Messie qui aura souveraineté sur tous les peuples. Tout au long de l’histoire d’Israël, Juda a joué un rôle prépondérant, comme dans l’histoire des patriarches, même si la royauté lui a échappé bien souvent. Marchant à la première place, étant la plus nombreuse, prenant l’initiative des guerres sous les Juges, elle devient tribu royale avec David, et après le retour de captivité à Babylone, donne son nom au peuple attaché aux lois de Dieu : les Juifs = hommes de Juda.
V 11-12 : la promesse de vin, de lait, d’ânon attaché au cep annonce abondance et sérénité dans un pays de cocagne, où le vin servira comme l’eau ailleurs, pour les usages les plus ordinaires. Dans ces images, les chrétiens ont vu des paroles prophétiques messianiques, faisant allusion à l’ânon des Rameaux, ou par la métaphore du vêtement lavé dans le vin, à la purification des péchés par le sang de Christ versé à la croix (Hé 9.14 ; 1Jn 1.7).
Zabulon, sans rôle important ne reçoit que la désignation de son territoire ;
Issacar est appelé « âne bien charpenté » pour annoncer sa vigueur physique et sa servilité morale. Il sera en effet asservi aux marchands phéniciens et syriens, en leur fournissant des porteurs dans leurs caravanes. Cette tendance à l’asservissement lucratif, déshonorant pour une tribu d’Israël, le fait passer au dernier rang des fils de Léa, alors qu’il était le cinquième fils.Les quatre fils des servantes ne sont pas placés selon leur rang de naissance, mais en deux paires : deux tribus guerrières suivies de deux tribus pacifiques.
Dan signifie « juge ». La prophétie peu élogieuse du v 17 trouvera son accomplissement dans la prise de possession violente et injustifiée du territoire de Laïs (Juges 18.27), après que la tribu se fut jugée trop à l’étroit dans le territoire désigné par le sort (Jos 19.47). La tribu y installa au temps du roi Jéroboam le premier autel au veau d’or, pour remplacer le culte au temple de Jérusalem (le second fut placé à l’extrême sud du royaume d’Israël, à Béthel) (1 R 12.26-30). On peut voir dans l’appel au salut de l’Eternel du v 18, toute l’angoisse de Jacob pour son fils s‘égarant loin du pays promis, y tombant dans l’idolâtrie, et contribuant par là à la mort spirituelle de ses frères des autres tribus, accomplissant comme une « vipère sur le sentier » l’œuvre maléfique de l’ « Accusateur des frères », du « serpent ancien » (Ap 12.9-10), et finalement s’excluant lui-même de la liste des tribus symboliques qui composent les 144000 adorateurs du Seigneur, scellés du Saint-Esprit pour leur rédemption (Ap 7 et Ep 4.30). Par ce vœu, placé au milieu des prophéties concernant ses deux fils guerriers, Dan et Gad, Jacob exprime le souhait que l’Eternel les secourre, comme il l’a secouru lui-même.
Aser et Nephtali se caractérisent par la prospérité, l’agilité et l’éloquence, qualités de tribus paisibles et riches.
Joseph se voit désigné comme le rameau d’un arbre fertile près d’une source. On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le Psaume 1. Fécondité, prospérité lui sont promises. Comme le patriarche, la tribu aura des ennemis (23), mais saura trouver en l’Eternel, berger et rocher d’Israël, sa fermeté, sa force, son secours (24-25), et de nombreuses bénédictions non seulement temporelles (pluie, fécondité et fertilité, v 25), mais encore spirituelles, éternelles (v 26).
Benjamin a le caractère d’un animal sauvage belliqueux comme le loup. Cette prophétie se réalisera de nombreuses fois ne serait-ce qu’avec le juge Ehud, et le roi Saül.( voir aussi Juges 20 ; 1 Chr 8.40 ; 12.21)
La bénédiction prophétique de Jacob sur ses fils clôt la série de révélations messianiques de la Genèse , qui a commencée à la Création. Peu à peu ont été précisées les limites du plan du salut : celui-ci concerne :
1- L’humanité, postérité de la femme qui a su reconnaître sa faiblesse devant la séduction (3.15)
2- La race de Seth avec le personnage « type » du Messie qu’est Noé le « consolateur » (5.29)
3- La branche de Sem, adorateur de l’Eternel (9.27) qui abritera son frère Japheth sous ses tentes : « type » du salut venu des Juifs et s’étendant aux non-juifs avec le ministère de Paul.
4- La famille d’Abraham, source de bénédictions pour tous les peuples (12.3)
5- La famille d’Isaac (26.1-4) soumise à la volonté de son Père, comme Isaac le fut lors du sacrifice d’Abraham à Morija(22)
6- La famille de Jacob-Israël, luttant avec Dieu et les hommes et remportant la victoire de la foi (32.25-33), devenant le « porteur du nom de Dieu devant les nations »(Ac 9.15)
7- La tribu de Juda, berceau du « Pacificateur des nations » (49.10).
On saura seulement avec la prophétie de Nathan à David, quelle famille dans la tribu de Juda doit devenir la famille royale qui construira le temple où réside l’Eternel (2 S 7.5-16), symbole du Messie où demeure toute la plénitude de Dieu (Col 2.9).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- De quelle tribu ou lignée suis-je moralement et spirituellement descendant(e) ?
- Comment m’approprier les promesses de salut faites à Juda ou Joseph ?
- Qui est le Messie pour moi : le Pacificateur, le berger, le rocher de ma vie, celui qui lave mon vêtement = qui purifie mon caractère, le Consolateur ?
- Suis-je dans mes choix de vie, mes attitudes et mes paroles « porteur du nom de l’Eternel » devant mon entourage ?
Genèse 50
Observons
Fin du ch 49 v 29 à 33 : Mort de Jacob
1-14 : Deuil et enterrement de Jacob
15-21 : Confirmation du pardon accordé par Joseph à ses frères
22-26 : Mort de Joseph
Au centre de ces récits de morts, ressort le pardon total qui permet la vie.
Comprenons
Jacob après avoir donné ses derniers ordres pour son enterrement en Canaan, expire dans les bras de son fils préféré, Joseph. Celui-ci le fait embaumer à la manière égyptienne, pour que le corps puisse supporter le long voyage de retour en Canaan. Il fait présenter sa demande d’autorisation pour partir enterrer son père, en s’adaptant à la mentalité des Egyptiens, qui préparaient leur sépulture de leur vivant (v 5). Assimilé à la culture égyptienne dans laquelle il vit, il a su garder sa foi en Dieu et sa fidélité à sa famille.
A la disparition de leur père, les frères de Joseph s’inquiètent. Ils n’ont pas compris que le pardon de Joseph était sincère, et indépendant de l’autorité ou de la présence de leur père. Il faut que Joseph les rassure pleinement. Il n’est pas à la place de Dieu, qui seul peut les juger. Comment irait-il à l’encontre de sa volonté de pardon, qu’il a prouvée en dirigeant tout pour le bien et la vie de la famille ?
Ce passage merveilleux de pardon, de consolation et d’appel à la vie et à l’harmonie des relations fraternelles, est placé au centre des récits de deuil, pour donner une lumière d’espérance au moment où s’achève l’histoire des commencements. Joseph est la préfiguration du Christ consolateur qui donne l’espérance de la vie éternelle à ceux qui se confient en lui, en toutes circonstances, même dans les heures les plus sombres de leur histoire.
Au moment de mourir lui-même, Joseph donne à son peuple l’assurance d’un retour au pays promis (24-25), qui leur permettra aussi d’emporter ses restes en Canaan.
Par bien des détails, la vie et le caractère de Joseph préfigurent ceux du Messie, ce qui explique peut-être la place importante donnée à cette biographie dans le livre de la Genèse.
Conclusion du livreL’étude de ce livre des Commencements nous permet de répondre à nos questions existentielles sur l’origine du monde, de la terre de l’homme et de la mort, sur le plan de Dieu pour l’humanité, sur sa volonté de salut, et sur les réponses que les hommes lui ont données en retour. En aucun cas ce livre ne peut être pris pour une information scientifique, ni même historique. Son objectif est ailleurs : nous enseigner quelles relations nous pouvons entretenir avec notre Père céleste et avec nos frères terrestres les hommes. L’histoire de Joseph en est l’illustration la plus claire.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment ressembler à Joseph dans mes relations avec ceux qui m’ont offensé(e) ?
- Quelles sont les limites de mon intégration à la société qui m’entoure, pour ne pas perdre mon identité de « fils de Dieu » ?
- Puis-je témoigner d’interventions de Dieu dans ma vie, qui m’ont rendu(e) sensible à sa présence bienveillante ?
- Quels bienfaits ai-je retiré de l’étude de ce livre, souvent taxé de « fables sans fondement ni réalité ? M’a-t-elle aidé à croître spirituellement et à améliorer mes relations à l’autre ? M’a-t-elle fait découvrir un nouveau sens à ma vie, une espérance de salut par la grâce de Christ au-delà des faiblesses et turpitudes humaines ? Comment en témoigner concrètement ?
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17/12/2006
Etude n°12 : Histoire de Joseph, Gn 37-39
Histoire de Joseph (Consulter « Itinéraires de croissance » première partie, Ed Vie et Santé)
Genèse 37-39 : De la prison...
Observons
La vie de Joseph est la plus développée des biographies des patriarches de la Genèse, seize chapitres, interrompus par la vie de Juda (ch 38), qui se déroule simultanément à celle de Joseph.
Ch 37 : Dans sa jeunesse, Joseph est vendu par ses frères
38 : Juda et Tamar
39 à 41 : De la prison au palais de Pharaon
42 à 47 : Réconciliation de Joseph avec ses frères
48 à 50 : Bénédictions de Jacob sur ses petits-fils et ses fils, Fins de la vie de Jacob et de Joseph.
Genèse 37
Observons
1-4 : Situation familiale déséquilibrée au foyer de Jacob
5-11 : les rêves de grandeur de Joseph et les réactions de sa famille
12-17 : Joseph à la recherche de ses frères
18-22 : le complot des frères contre Joseph
23-28 : Joseph vendu par ses frères et emmené en Egypte
29-35 : Les frères trompent leur père et lui font croire à la mort de Joseph
Comprenons
Le récit est très bien construit et rend compte des causes profondes du drame
En donnant quelques éclaircissements sur les sentiments qui agitent les cœurs.
La situation familiale
Joseph, le fils préféré de Jacob, se conduit en enfant gâté, en rapportant à son père les fautes de ses aînés. La préférence marquée par le don d’une tunique bigarrée qui met Joseph à part, exaspèrent les frères et les pousse à la haine envers leur cadet.
La responsabilité d’Israël-Jacob est grande dans cette situation qu’il crée par inconscience des répercussions psychologiques de ses actes dans la fratrie.
Les parents au sein du foyer, et les responsables au sein de leur église sont invités par ces quelques versets à s’interroger sur leur préférence affichée pour certains enfants ou membres, au détriment des autres : les querelles internes qui font souffrir toute la communauté familiale ou ecclésiale ne seraient –elles pas provoquées par leurs attitudes ou leurs paroles dénotant un favoritisme aveugle et inconscient pour certains, qui donnent aux autres le sentiment de n’être ni aimés ni reconnus ?
Les rêves de JosephLe texte biblique ne cache rien des dysfonctionnements de la famille de Jacob : préférences, jalousies, manque de discrétion, rêve de puissance, haine, qui tous aboutissent au désir de meurtre des frères et à l’élimination de Joseph. Dieu n’apparaît pas dans ce chapitre, et semble absent des préoccupations de chacun, sauf peut-être de Joseph et Jacob, attentifs à la répétition du même rêve sous des formes différentes. Joseph a-t-il retenu des récits de son père que Dieu lui avait parlé plusieurs fois en songes ? Son père et lui voient sans doute dans cette répétition un signe de Dieu, derrière l’expression du désir de grandeur de Joseph, même si ce n’est pas dit expressément..
Jacob préférait Joseph comme fils aîné de sa bien-aimée Rachel. Il devait se demander si Dieu ne le désignait pas pour être l’héritier de la promesse d’Abraham qui lui avait été répétée à son retour en Canaan : “ Il y aura des rois parmi tes descendants ” (35.11).
Le personnage de Joseph est assez ambigu : sensible à la voix de Dieu, profitant de la préférence de son père pour lui rapporter les faits et dires de ses frères, trop naïf ou imbu de lui-même jusqu’à raconter ses deux rêves de grandeur, sans tenir compte de la haine marquée de ses frères. En est-il seulement conscient ?
Joseph a 17 ans, et il se conduit comme tout adolescent : il cherche sa place dans la famille et la société, il a un vague souci de Dieu, mais, finalement ,il est complètement fermé aux sentiments et réactions des autres à ses propres actes et paroles tous centrés sur lui-même. Egoïsme et désir de grandeur sont les deux piliers de la vie de celui qui n’a pas encore rencontré personnellement son Dieu.
Qu’en est-il de nous ? Qui dirige notre vie et nos paroles ? Comment chercons-nous à nous faire valoir devant les autres ?
Le passage à l’acte
Jacob non plus, ne paraît pas conscient des ravages causés par sa préférence pour Joseph, dans le coeur de ses fils. Lui aussi est dirigé par ses désirs, et manque de discernement dans sa conduite et dans les sentiments de ses fils : Pourquoi envoyer Joseph “ surveiller ” ses aînés qui le détestent ?
Les frères manifestent leur intention de tuer et de mentir (v 19b), et par deux fois révèlent l’origine et la motivation de leur projet : empêcher les rêves de Joseph de se réaliser (v 19 et 20c). Ruben s’interpose pour garder Joseph en vie. Il est sans doute plus conscient de l’horreur du meurtre. Il a compassion de Joseph et de Jacob, qu’il a déjà gravement offensé en couchant avec sa concubine Bilha (35.22). Il a peut-être aussi peur qu’on lui fasse porter la responsabilité de ce crime, car il est l’aîné. Sa solution de mettre Joseph dans une citerne vide va être adoptée momentanément. Mais bizarrement, Ruben est absent au moment crucial de la vente de Joseph aux caravaniers (v 29-30). S’est-il mis à l’écart du repas pour éviter de “ voir ” et d’être accusé de complicité ? C’est possible. La politique de l’autruche n’est jamais payante : ce qu’il a voulu éviter lui retombe dessus : il devient complice effectivement et participe aux mensonges de ses frères pour cacher leur crime.
Juda intervient aussi, mais plus par intérêt que par compassion, car il a participé au repas tranquillement à côté de la citerne où Joseph ne devait pas rester silencieux ! (42.21).
Son intérêt s’est éveillé à la vue de la caravane : pourquoi ne pas profiter du passage de ces marchands pour conclure une bonne affaire, se débarrasser définitivement de Joseph, tout en en tirant un profit financier, et en l’abaissant complètement, lui qui rêvait de les diriger !
Sans le savoir, ces deux frères et les caravaniers sont les instruments de Dieu qui protège la vie de Joseph afin que son plan de salut pour cette famille et pour le monde se réalise (45.5-8).
- Dieu poursuit, envers et malgré tout, les projets qu’il a établis, car il est fidèle à ses promesses. Nos infidélités engendrent bien des difficultés dans l’accomplissement de ce plan divin, mais Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment (Romains 8.28). Les défauts et les épreuves de chacun sont utilisés pour la réalisation du plan de Dieu. Dans nos vies les épreuves sont parfois le résultat de nos mauvais choix, mais toutes peuvent nous amener à rechercher la présence de Dieu et à être ses serviteurs même inconsciemment. Comme pour les frères de Joseph, et Joseph lui-même nous ne le comprenons souvent que fort tardivement !
- Celui qui recherche Dieu, ou est attentif à ce que Dieu lui envoie, comme Joseph semble l’avoir été, peut s’attendre à son soutien physique ou moral dans les moments difficiles. Les rêves de grandeur se sont écroulés momentanément pour Joseph dans la citerne. Mais ayant conservé la vie, il a pu voir la main de Dieu sur lui et affermir sa confiance en lui.
- Ce récit est à mettre en parallèle avec Philippiens 2.6-11 : Joseph est un “ type ” prophétique de Jésus. Comme lui, Jésus a eu la meilleure place auprès de son Père. Il a été abaissé jusqu’à l’extrême, la mort n’étant pour Joseph que l’emprisonnement dans la citerne. Il a été élevé à la plus haute place par la résurrection et l’ascension, et tous s’inclinent devant sa Seigneurie, comme Joseph est devenu vice-roi devant qui tous se prosternaient.
- Par l’abaissement de notre orgueil, si nous restons attentifs aux promesses de sa parole, Dieu nous permet d’apprendre notre dépendance de sa bonté, et notre solidarité avec les plus petits de nos frères.
Les mensonges des frères
Non contents d’avoir éliminé leur frère, les onze vont mentir avec toute une mise en scène destinée à faire croire à Jacob à un accident. De plus ils poussent l’hypocrisie jusqu’à chercher à le consoler ! Que de fois pour cacher une faute, nous l’aggravons par une succession d’actes contraires à la vérité que Dieu nous demande de respecter. Pour satisfaire nos désirs coupables nous faisons souffrir autour de nous comme les frères firent souffrir sans scrupules, Joseph, puis leur père.
Mais Dieu est puissant pour transformer et sauver les cœurs rebelles, comme nous le verrons dans la suite de l’histoire. Un jour ou l’autre il se place en travers de leur route et les appelle à revenir à lui !
Le symbole de la tunique
Cette tunique offerte par Jacob à son fils préféré est appelée “ robe en plusieurs pièces ” ou “ à longues manches ” ou encore “ multicolore ”. On ne sait pas très bien ce que signifie le mot rare dans la Bible utilisé pour la qualifier. La rareté du mot indique la rareté de l’objet ! C’est pourquoi on a traduit par “ une tunique de luxe ”.
Elle symbolisait l’affection rare de Jacob pour son fils, les ambitions sociales de Jacob et de Joseph, le caractère orgueilleux et prétentieux de Joseph. La première chose que font les frères, c’est d’en dépouiller Joseph, donc lui ôter tout signe de distinction, pour le mettre au moins à un pied d’égalité avec eux. On sait qu’ils allèrent plus loin, puisqu’ils le mirent nu dans la citerne, comme Jésus fut dépouillé de sa tunique sans couture, d’une seule pièce (Jean 19.23) pour être cloué nu sur la croix. Joseph, comme chacun de nous, doit passer par le dénuement total de son cœur pour comprendre son besoin de Dieu !
La tunique trempée dans le sang illustrait pour les frères de Joseph et pour son père sa mort violente et accidentelle. Lors de notre baptême, nous mimons la mort de notre caractère et de notre vie sans Dieu, en nous unissant à Christ par une mort semblable à la sienne (Romains 6.3-6). Notre tunique (= notre être profond) est comme “ plongée dans le sang de l’Agneau ”. Mais comme Joseph nous ressortons de la citerne (= l’eau du baptême) nus et neufs pour commencer une nouvelle vie dépendante de la seule grâce de Dieu, et non des “ vêtements luxueux ” que nous nous donnons nous-mêmes.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels sentiments m’habitent dans mes relations avec les autres, au sein de la famille et au sein de l’église ? A qui est-ce que je ressemble le plus parmi les fils de Jacob, Ruben, Juda ou Joseph ? Comment éviter d’imiter leurs défauts ?
- Quelle est mon attitude vis-à-vis des jeunes chez moi ou à l’église ? Comment puis-je être pour eux une aide dans la construction de leur personnalité et de leur foi ?
- De quelle « tunique » suis-je habillé : celle que les hommes (ou moi-même) m’ont fait endosser ou celle que Christ m’a offerte à mon baptême ?
Genèse 38 : Juda et Tamar
Observons
Le récit de la vie de Joseph s’interrompt pour parler de la vie de Juda :
1-11 : Juda et ses fils fondent famille avec des Cananéennes ; mort des deux aînés.
12-23 : Ruse de Tamar pour enfanter de Juda
24-30 : Juda confondu par Tamar qui met au monde deux jumeaux.
Comprenons
Le récit de la vie de Joseph est interrompu par un épisode de la vie de Juda qui chronologiquement remplit tout le temps écoulé depuis la vente de Joseph jusqu’à l’établissement de la famille en Egypte, soit environ 22 ans : vendu à 17 ans, Joseph fit venir son père en Egypte à 39 ans.
Le récit est rapporté ici pour peut-être donner une explication du transfert de la famille en Egypte. Déjà l’inceste de Ruben avec une femme de la génération précédente (35.22) et l’attitude de Siméon et Lévi après l’enlèvement de leur sœur par un Sichémite (34.25) avaient révélé l’influence des mœurs dépravées et violentes des Cananéens sur les fils d’lsraël. Maintenant l’histoire incestueuse de Juda avec Tamar, jeune femme de la génération suivante, montre combien il est urgent d’arracher cette famille porteuse des promesses divines à la contamination de l’immoralité et de l’idolâtrie des Cananéens.
Juda et ses fils avaient pris pour femmes des Cananéennes et commençaient à adopter leurs pratiques, en oubliant les promesses divines dont ils étaient porteurs. En effet Juda devait respecter la loi du lévirat (qui apparaît ici pour la première fois et sera rappelée en Dt 25.5-6), pour donner à son aîné une descendance héritière des promesses divines. Mais par peur de perdre son troisième fils, il évite de lui donner Tamar comme épouse. Son amour pour son fils a été aveuglé par la superstition. Il n’a pas compris le sens de la mort de ses deux fils aînés. Lorsque le texte biblique dit que ces hommes sont considérés comme « mauvais » par l’Eternel, il fait comprendre qu’ils se livrent à l’idolâtrie (voir les rois d’Israël, par exemple 2 R 8.18, 27). En attribuant ces morts à l’Eternel, le texte montre que la voie de l’idolâtrie ne peut conduire qu’à la mort, car seul Dieu est la Vie. La plupart du temps, ces versets ont été lus au seul sens moral, pour condamner à travers « l’onanisme », les "déviances sexuelles" de la masturbation et du « coït interrompu », sans discerner que la condamnation biblique porte sur l’attitude spirituelle envers Dieu dont de tels actes peuvent encore témoigner.
A aucun moment Juda n’a pensé à Dieu, ni dans le choix de son épouse, ni dans celui de l’épouse de son fils aîné, ni dans le devoir de lui donner une descendance. De plus, en allant vers une prostituée publique (v 14-15), Juda pratiquait peut-être inconsciemment le culte de la déesse Astarté qui s’accompagnait de prostitution sacrée. Il faisait passer aussi son plaisir personnel avant toute autre considération.
Tamar la cananéenne, de son côté, se révèle plus attentive que Juda à ses engagements envers elle. Par sa ruse, elle utilise au risque de sa vie (v 24), le seul moyen à sa disposition, pour donner une descendance à la famille de son mari décédé, et par là bénéficier des promesses divines de bénédiction et de prospérité. Son geste désespéré, au-delà de toute morale, manifeste sa foi dans ces promesses et son désir profond d’en bénéficier.
Ainsi de ce récit ressort la grâce de Dieu qui accepte l’effort de Tamar pour entrer dans son plan, et qui fait du fils qu’elle a eu de Juda, Pérèts, l’ancêtre de la lignée royale de David, donc de Christ (Voir Ruth 4.18-22 et Matthieu 1.3). Comme son nom le suggère, Pérets a ouvert une brèche dans la lignée juive du Christ : Tamar sa mère, est la première femme païenne à entrer dans le peuple élu, et même dans l’ascendance du Messie !
Questions pour une application dans la vie chrétienne :
- Mon désir de Dieu est-il aussi ardent que celui de Tamar ? Comment se manifeste-t-il ? Quels préjugés doit-il surmonter pour s’exprimer ?
- Avant de juger de la moralité des actes des autres, suis-je disposé(e) à chercher à comprendre ce qu’ils signifient de leur état d’esprit intérieur ? Comment, en tant que témoin de l’amour inconditionnel de Dieu, puis-je pratiquer la parole de Dieu : « L’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Sa 16.7) autant pour moi-même que pour les autres ?
- Suis-je plus « royaliste que le roi » en refusant l’entrée dans l’Eglise à des personnes qui me semblent agir de façon non-conforme à la « bonne moralité » ? Comment concilier les critères de conversion fixés par l’Eglise avec l’enseignement de ce texte au sujet de l’accueil d’ "étrangers" dans la communauté ?
Genèse 39 : Joseph chez Potiphar
Voir les chapitres 13-16 et 17-19 de « Itinéraires de croissance » (Ed Vie et Santé)Observons
1-6 : Joseph devient intendant chez le chambellan du Pharaon
7-19 : Résistance de Joseph à la tentation au nom de son respect pour Dieu
20-23 : L’Éternel est avec Joseph jeté en prison
Pour la première fois Joseph parle personnellement de Dieu (v 9) dont le nom est mentionné 7 fois dans le chapitre !
Comprenons
1-6 : Le texte reprend le fil du récit à partir de la fin du chapitre 37. L’auteur prend soin de répéter trois fois la bénédiction du Seigneur dont jouissent Joseph et, à travers lui, son maître Potifar.
C’est exprimer ainsi le changement de cœur qui s’est opéré en Joseph : depuis son séjour dans le puits et son départ comme esclave en Egypte, il a compris que Dieu le protégeait et qu’il pouvait compter sur lui. Cela lui permet de « rebondir » dans l’épreuve, et de se (re)construire psychiquement et spirituellement.
Il entretient une relation étroite avec le Seigneur et cela transforme son attitude envers les autres et envers les faits : au lieu de les considérer avec révolte, il remplit ses devoirs et ses responsabilités avec conscience et honnêteté. Cette attitude le distingue parmi les autres esclaves et porte des fruits bienfaisants pour lui et pour son maître (v 4-6).
7-19 : Ne nous laisse pas tomber dans la tentation I Telle est la prière qu’a pu prononcer Joseph face à la femme de Potifar ! Les femmes Egyptiennes avaient une liberté totale, à l’image de celle des hommes. Il n’est donc pas étonnant que la femme de Potifar ait tenté de séduire le beau et jeune Joseph.
Celui-ci justifie son refus par son devoir de serviteur fidèle à son maître terrestre et aussi à son maître céleste. Il ne peut trahir la confiance que Potifar a placée en lui (v 8-9), et il veut rester attaché au Dieu Saint qu’il sert (v 9b). Pourquoi avait-il le sentiment de trahir Dieu en trahissant son maître Potiphar ? Potiphar en devenant son maître, et en lui confiant l’administration de la maisonnée, devenait pour Joseph un père de substitution, placé auprès de lui par Dieu pour l’aider à croître, à forger sa personnalité, à construire son avenir selon le dessein de Dieu, révélé autrefois dans ses rêves. Coucher avec la femme de Potiphar, mère de substitution, c’était non seulement commettre un adultère trompant la confiance de Potiphar, mais c’était aussi choisir une voie sans avenir : c’était dans une sorte d’inceste, se tourner vers le passé dans une union stérile avec une femme de la génération antérieure, c’était refuser le plan de Dieu pour lui et pour la famille de Jacob.
En effet l’histoire de Joseph représente selon le verset 2 du ch 37, la « postérité de Jacob », postérité spirituelle plutôt que physique, après les écarts des aînés. Au fil de cette histoire, Joseph va passer par toutes les étapes de la croissance spirituelle telle que le Seigneur la désire pour chacun des croyants, et devenir ainsi le « type » du Messie à venir, et de « l’enfant de Dieu », à l’image de son Père.
Potiphar se met en colère, mais sans doute autant contre sa femme que contre Joseph. En effet, dans un tel cas il avait le droit de mutiler ou de faire fouetter Joseph jusqu’à mille coups ! Or il ne semble pas avoir ajouté entièrement foi aux accusations de sa femme, puisqu’il se contente de mettre Joseph dans la prison dont il avait la surintendance comme chef de la police du royaume (39.20), et qui ne devait pas être très éloignée de sa maison. Il continue son rôle de « père » en mettant le jeune homme à l’abri des entreprises de charme et de ruse de sa femme !- 21-23 : Joseph, Intendant de la prison.
Cette nouvelle épreuve n’entame pas la foi de Joseph qui continue à agir selon la volonté de Dieu. Ce qui lui permet de recevoir les bénédictions de la faveur du commandant de la forteresse, sous les ordres de Potiphar, qui lui confie la responsabilité des autres prisonniers, puis de leurs travaux.
Le temps passe. Joseph dans l’exercice de ses responsabilités acquiert non seulement la patience, mais les qualités qui lui seront nécessaires lorsqu’il aura les pleins pouvoirs : l’ordre, l’organisation, le sens de l’humain.
En même temps, les bénédictions qu’il reçoit fortifient sa foi dans la direction de Dieu, mentionnée trois fois encore à la fin de ce chapitre !.
Dieu permet certaines épreuves pour affermir notre caractère et notre confiance en lui. A nous de garder notre relation avec lui malgré tout, pour collaborer avec lui dans cette œuvre de purification du cœur et de formation du caractère.
Questions pour une application dans la vie chrétienne :
- En quoi le fait de croire en Dieu a pu modifier ma façon de considérer les événements de ma vie et ma façon d’agir au travail ou à la maison ?
- Qu’est-ce qui me permet de résister à une tentation très forte ? Pourquoi ai-je du mal à me souvenir que Dieu est toujours prêt à donner les forces nécessaires quand on les lui demande!
- Comment tirer les leçons des expériences difficiles de la vie pour croître dans ma relation avec Dieu et pour affermir mon être intérieur ?
Genèse 40-41 : De la prison... au palais
Observons
Ces deux chapitres détaillent l’ascension spectaculaire de Joseph, donc la mise en route de la réalisation des rêves prophétiques de sa jeunesse.
- 40.1-5 : arrivée et rêves des deux bannis de la cour de Pharaon
6-11 : les deux prisonniers se confient à Joseph, plein de sollicitude
12-19 : Joseph explique les songes prémonitoires des prisonniers
20-23 : réalisation à la lettre des rêves.
- 41.1-8 : les rêves inexplicables de Pharaon
9-13 : témoignage de l’échanson au sujet du don d’explication de Joseph
14-24 : Pharaon fait venir Joseph et lui rapporte ses songes
25-32 : Joseph explique les songes de Pharaon
33-36 : propositions de Joseph pour gérer la crise annoncée.
37-45 : accession de Joseph au rang de « vice-roi » d’Egypte.
46-57 : gestion de l’abondance, puis de la famine par Joseph.
Comprenons
Dieu va accorder à Joseph l’occasion de témoigner de sa foi et de la puissance divine, en prison comme au palais.
- ch 40 : En prison Potiphar qui connaissait les qualités de Joseph et qui voulait sans doute marquer quelques égards à deux officiers disgraciés par le roi, les confie aux soins de Joseph. Celui-ci au lieu d’accomplir sa tâche mécaniquement et égoïstement, se montre plein de sollicitude et d’attention envers ceux qui lui sont confiés (40.6-7), s’intéressant à leur tristesse et leur mauvaise mine ! L’insistance du texte sur l’interprétation des rêves tient à l’importance qu’elle avait chez les Egyptiens qui la réservaient aux seuls prêtres de leurs dieux. En donnant l’explication de leurs rêves aux deux officiers, Joseph devient à leurs yeux prêtre du Dieu qu’il sert, comme Joseph prend bien soin de le proclamer (40.8b comme en 41.16). La réalisation de ses interprétations aurait dû intéresser l’échanson au sort de Joseph. Sans doute dans la joie de son rétablissement a-t-il voulu oublier tout ce qui concernait la période sombre de son emprisonnement. Son oubli de Joseph est un indice de l’ingratitude du cœur humain tourné vers son seul profit. C’est une nouvelle épreuve pour Joseph qui ne doit pas se laisser aller à la rancune, ni à la révolte durant encore deux ans !
- ch 41 : au palais royal deux autres rêves sont donnés à Pharaon par Dieu.
Ils vont permettre au Pharaon :
- de connaître le sort qui attend son pays
- de connaître l’existence et la puissance de Dieu à travers le témoignage de Joseph, appelé par l’échanson (enfin!) pour interpréter le rêve après l’échec des sages égyptiens.
- de reconnaître l’intelligence et la pertinence des solutions proposées par l’envoyé de Dieu (v 38-39).
- d’expérimenter à son profit et à celui de l’Egypte les qualités de gestionnaire de Joseph.
Ces rêves vont permettre aussi à Joseph
- de témoigner de Dieu auprès de Pharaon (v 16),
- de manifester l’intelligence et la sagesse que Dieu lui a données pendant ces 13 ans d’épreuves (v 33-36, 39, 46),
- d’être libéré de prison et établi premier ministre avec tous les honneurs dus à une personnalité de premier plan (v 42-45)
- de fonder une famille en Egypte, sans oublier son Dieu comme en témoignent les noms de ses fils (v 45, 50-52).
Une telle position, de tels pouvoirs de premier ministre pouvaient griser le jeune homme et lui tourner la tête ! Il dut même épouser une Egyptienne, fille d’un prêtre idolâtre du dieu-soleil, Râ (v 45), et porter le nom égyptien de Sauveur du monde ou soutien de vie. Ce nom égyptien est véritablement prophétique puisque Joseph va sauver de la famine et de la mort, non seulement l’Egypte, mais encore toute la tribu familiale, devenant là aussi le « type » du vrai « Sauveur du monde », Christ. Au milieu de ces honneurs, il aurait pu complètement oublier Dieu ! Pourtant le texte nous le montre fidèle à sa conduite de croyant, accomplissant consciencieusement sa tâche de gouverneur avisé et intègre (v 48-49, 56-57). Il sait reconnaître en Dieu son bienfaiteur et son consolateur lorsqu’il nomme ses deux enfants Manassé = Dieu m’a fait oublier mes souffrances, et Ephraïm = Dieu m’a accordé une double postérité. Sa gestion du pays se fait avec sagesse, mais n’échappe pas à la recherche du profit : les réserves de blé ne sont pas distribuées gratuitement, dans un geste humanitaire pour soutenir la vie du peuple, elles sont vendues au profit de Pharaon (v 56-57) ! « charité bien comprise commence par soi-même » dit le proverbe populaire !
Ainsi, Joseph traversa-t-il toutes les circonstances, les yeux fixés sur le Seigneur : le nom de Dieu est mentionné 7 fois dans les ch 39 et 40 pendant l’esclavage et l’emprisonnement, et encore 7 fois au ch 41, près de Pharaon. Joseph n’a cessé d’entretenir une relation intime avec Dieu, cela lui a permis de supporter patiemment travaux et déceptions, d’apprendre à obéir pour mieux commander ensuite, de ne pas nourrir de sentiments négatifs de vengeance et de rancune, et de ne pas s’enfler d’orgueil dans la prospérité. En tout, il a compté sur Dieu, Joseph, le chéri de son père, est devenu esclave, puis a été au sommet de la gloire et de la puissance. En cela il est un « type », une préfiguration du Christ, chéri de Dieu, abaissé à l’extrême parmi les hommes jusqu’à la mort sur une croix, puis glorifié par sa résurrection et son ascension à la droite de Dieu (Philippiens 2,6-11). La vie de tout croyant jeune ou plus âgé, n’est pas à l’abri des coups durs et des tentations. L’exemple de Joseph nous encourage à persévérer dans la confiance en Dieu et la soumission à sa volonté en toutes circonstances.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels sont mes sentiments et mes attitudes dans les moments de l’épreuve ? En qui ai-je confiance pour changer de situation ?
- A qui est-ce que j’attribue mes capacités intellectuelles ou professionnelles : à Dieu, à mon hérédité, à mon éducation, à mon travail personnel ?
- Dieu est-il au centre de mes relations familiales ou sociales
- Comment mettre au service de l’église, mais aussi de ma commune, de mon pays, de ma famille les dons que j’ai reçus pour le bien de tous ?
- Suis-je conscient de « l’intérêt » que j’espère retirer de mes actes généreux envers les moins favorisés que moi, ou même envers Dieu ? Comment purifier mes motivations profondes ?
08:00 Publié dans Genèse | Lien permanent | Commentaires (3)