22/08/2025
Étude n°9 Vivre selon la loi Matthieu 5.38-48 (30 08 25)
Étude n°9 Vivre selon la loi Matthieu 5.38-48 (30 08 25)
« Soyez donc miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux » Luc 6.36
Observons (Vitrail de la cathédrale de Strasbourg : le Sermon sur la montagne)
Sur le Mont Sinaï, Moïse a reçu de Dieu les dix Paroles qui constituent la Loi qui régit le peuple de Dieu. Sur la montagne de Galilée, Jésus reprend certains termes de cette Loi en en donnant le sens spirituel et son application concrète qui distingueront ses disciples.
Le contexte : 5.17-37
- Quelle est la position de Jésus vis-à-vis de la Loi de Moïse, v 17-18 ?
- Quels commandements reprend-il v 19—37 ? Par quelle formule les introduit-il ? Par quelle autre formule annonce-t-il sa pensée ?
- Quel est le lien entre ces commandements ? Pourquoi Jésus les a-t-il choisis v 20?
- Comment comprendre les v 29-30, sans tomber dans la « charia » ?
Le texte : v 38-48
1- V 38-42 : Loi du talion contre loi de non-violence
- Quelle loi de l’Ancien Testament aborde Jésus v 38 ? Que représentait-elle par rapport aux coutumes de l’époque de Moïse ? Jusqu’où Jésus la transforme-t-il ?
- Quelle traduction du v 39 peut éviter de rendre cette attitude provocante ?
2- 5. 43-48 : Jésus et la Loi de Moïse
Ce passage comprend trois parties selon la logique littéraire hébraïque qui place au centre l’idée importante du passage :
a) v 43-44 : le commandement de l’amour des ennemis
b) v 45 : la raison d’être du commandement : l’amour inconditionnel de Dieu
a’) v 46-48 : le but du commandement : ressembler à Dieu et non aux hommes.
Distinguer dans la citation de Jésus au v 43, ce qui est dans la Loi ou pas.
-Comment Jésus comprend-il l’amour du prochain v 44 ?
-Quel exemple de son amour Dieu nous fait-il percevoir dans la nature v 45 ?
-Que deviennent ceux qui obéissent à cette loi d’amour ? Dans quel but, v 45-47 ?
-Quelle est la conclusion de ce passage sur l’obéissance à la loi ? voir aussi Luc 6.36.
Comprenons
Le contexte v 17-37
Au centre de son discours sur la montagne, Jésus reprend six préceptes de la loi de Moïse pour les faire passer du domaine du visible, du « faire », du terrestre et littéral, au domaine de l’invisible, de « l’être », de l’Esprit. Jésus n’est pas venu abolir mais accomplir la loi, c’est-à-dire la vivre à la perfection, à son « comble », en exemple pour ceux qui désirent être « fils de Dieu ».
Jésus donne d’abord quatre exemples d’accomplissement de la loi : les 6è, 7è, 9è commandements, puis la loi de la vengeance (Lev 24.20) en les introduisant par la formule « Vous avez entendu qu’il a été dit » et en les opposant à sa parole : « mais moi je vous dis ». La sextuple expression : " mais moi je vous dis ", ne doit pas être comprise comme un rejet de la loi de Moïse, mais signifie : " dans mon explication de la loi, moi je vais encore plus loin ". Jean-Baptiste avait déjà dit cela (Matthieu 3.9). Jésus n’abolit pas ces lois qui concernent les relations avec le prochain, il les pousse à l’extrême en les intériorisant. L’obéissance commence dans le cœur, et elle conduit à l’amour inconditionnel pour le prochain.
Le texte :
1-V 38-42 : La loi du talion (œil pour œil, dent pour dent) qui était à l’époque de l’Ancien Testament une atténuation de la vengeance pratiquée chez les païens, n'était pas appliquée par les pharisiens qui étaient modérés dans leurs punitions. Seule une aile radicale du parti des sadducéens (les familles des souverains-sacrificateurs à Jérusalem) y était favorable. Pour autant qu'on puisse le savoir, ce commandement n'a pour ainsi dire pas été appliqué au cours de l'histoire d'Israël. Jésus ne reprend ce commandement qu’en le renversant, pour exiger de ses disciples qu'ils fassent davantage don d'eux-mêmes. Les exemples de non-violence et de générosité (tendre l’autre joue, donner sans réclamer son droit) sont volontairement excessifs pour faire comprendre l’antinomie absolue entre l’attitude de violence et de vengeance du monde et l’amour, la générosité, le renoncement à soi du Royaume. Il faut bien comprendre le v 39, non comme une provocation (en effet, tendre l’autre joue à son agresseur, c’est l’inciter à plus de violence encore), mais comme une invitation à adopter une autre solution que la violence : littéralement : si quelqu’un te frappe sur la « face », montre lui « l’autre » (face) = « façon d’agir » : reste calme, non-violent face au violent qui t’agresse, même au prix de ta vie. Jésus mettra lui-même en pratique cet ordre lors de son procès et de sa crucifixion. Gandhi et le pasteur noir Martin Luther King adopteront aussi la même attitude, au péril de leur vie.
2-V 43-48 : Jésus et la Loi de Moïse
a) L'amour de l'ennemi n'est pas entièrement nouveau. La loi de Moïse contenait déjà une précision à ce sujet (Ex 23.4-5 - Lév 19.18 ; Deut 22.1-4). Le commandement :" Tu haïras ton ennemi " ne se trouve nulle part dans la Bible Si La première partie du précepte était bien dans la loi de l’Ancien Testament, la seconde était un ajout des Pharisiens, qui considéraient comme ennemis tous ceux qui n’étaient pas Juifs, et s’arrogeaient le droit de les haïr impunément. Jésus vient bouleverser cet état de fait en demandant de l’amour pour tous, même les ennemis. Cet amour se manifeste par des bénédictions, des actes de bienveillance, et des prières, envers ceux dont on a à se plaindre, qui maudissent, haïssent et persécutent. Le mal ne peut être vaincu que par le bien (Rom 12.21), c’est-à-dire par l’amour. De part et d’autre, on passe des sentiments aux actes, mais l’amour des ennemis est placé par la prière dans une dimension spirituelle, dans une relation à Dieu qui seul permet son développement.
b) Le motif suprême de cette conduite, c’est d’être fils de Dieu, animés de son Esprit, lui ressemblant comme un fils ressemble à son père, l’imitant dans les sentiments et la vie (Eph 5.1). Nés de Lui qui vit dans le monde spirituel (= les cieux), nous sommes appelés à refléter son amour inconditionnel dont la nature, soleil et pluie pour tous, nous donne un aperçu et un exemple. Cet amour inconditionnel implique pardon gratuit et actes de bienveillance, sans recherche de son intérêt personnel (1 Co 10.24).
a’) Pratiquer cet amour nous distinguera comme « fils de Dieu » (Jn 13.35), au milieu des « péagers et des païens », des hommes sans Dieu, qui n’éprouvent par nature qu’un amour intéressé. Aux fils de Dieu il est demandé de dépasser le mouvement naturel et d’entrer dans la dimension spirituelle de Dieu.
Conclusion " Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est au ciel est parfait " : est souvent mal compris. Il ne s'agit pas de perfection dans notre sens habituel du mot. C'est la traduction du mot hébreu "tamin " qui veut dire sain, sans tâche. On retrouve le plus souvent ce mot pour désigner une brebis. Pour être sacrifiée, elle doit être " tamin ". De Noé aussi il est dit qu'il était " tamin ". On a parfois traduit le mot par irréprochable, comme devait l'être Abraham (Genèse 17.1). On ne devrait rien pouvoir reprocher aux disciples. C'est ce à quoi ils sont appelés et c'est ainsi qu'ils reflèteront le mieux le caractère de leur Père céleste. Sa perfection, nous dit Luc (6.36), c’est sa miséricorde, son pardon qu’il offre à tous indistinctement, ses bourreaux, les brigands, les prostitués, les péagers, aussi bien que les Pharisiens, les Romains, les pauvres et les riches, car tous ont péché et sont privés de sa gloire (Rom 3.23). Il désire tous nous rendre justes, à son image, pour que son amour soit partagé par tous.
Si nous avons bénéficié personnellement de cet amour et accepté son pardon, Dieu mettra en nous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Ph 2.5) et rendra parfaite (= achevée) l’œuvre qu’il a commencée en nous (Ph 1.6), afin que nous soyons reconnus comme fils de Dieu, grâce au témoignage d’une vie miséricordieuse envers tous. Obéir à l’exigence de surpassement de son égoïsme et de son orgueil pour pardonner et aimer inconditionnellement, n’est possible qu’à celui qui est né de Dieu, qui laisse son Esprit agir dans son cœur, et en balayer les mouvements naturels d’animosité, de rancune et de vengeance.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Ce texte montre bien que la perfection ne consiste pas dans l’impeccabilité d’actes moraux conformes à la loi, mais d’abord dans les sentiments vis-à-vis du prochain, inspirés par le Saint-Esprit. Où en suis-je à ce sujet ? Mon cœur est-il inspiré et dirigé par l’Esprit dans mes relations avec les autres ?
- Ai-je encore en moi une rancune envers quelqu’un ? Comment m’en débarrasser ? Quel geste puis-je avoir cette semaine envers cette personne pour lui manifester mon pardon et mon amour ?
- . Laisserai-je le Saint-Esprit m’emplir de cet amour des autres décrit par Jésus, pour transformer mes relations tendues en relations de pardon et de paix ?
08:00 Publié dans Exode 3/25 | Lien permanent | Commentaires (0)