09/10/2009
Etude 3 : Nb 7-8 : Culte et consécration (17 10 09)
Etude n° 3 : Adoration et consécration, Nombres 7-8, (1710 09)
2 Cor 9.7 : « Que chacun donne comme il l’a résolu dans son cœur, sans tristesse ni contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie. »
Observons
Ces deux chapitres font partie de la première section (ch 1-10.10) concernant les préparatifs du départ du Sinaï. En effet, ils relatent la cérémonie de dédicace du Tabernacle et les dispositifs au sujet des Lévites, serviteurs du sanctuaire. Ils font suite au récit de l’inauguration du Tabernacle raconté en Exode 40. (Voir le parallèle entre Ex 40.1-33 et Nb 7.1, 88b).
Le chapitre 7 est consacré à l’offrande apportée par les chefs de tribus à cette occasion, et le chapitre 8 à la consécration des Lévites.
Entre les deux chapitres (7.89-8.4) un passage reprend la description du dialogue de Moïse avec Dieu de Ex 33.11, et 25.22, ainsi que la prescription concernant le chandelier, transmise cette fois à Aaron (Ex 25.37 et 40.25 // Nb 8.2-3).
Comprenons
1- L’offrande des chefs de tribus (7.1-88)
L’installation du tabernacle a pris un bon mois : Ex 40.17-33 : Le premier jour du premier mois de la seconde année et Nombres 1.1 : le premier jour du deuxième mois de la deuxième année après la sortie d’Egypte. Elle se termine par l’onction de consécration de la tente et de tout ce qui s’y trouve (Ex 40.9 = Nb 7.1). Une cérémonie de consécration des sacrificateurs a précédé notre texte, mais elle est relatée en Lévitique 8.
Pendant ce mois, les chefs de tribus se sont concertés pour glorifier par des offrandes spontanées, l’Éternel qui les avait délivrés de l’Egypte. L’essentiel de leurs offrandes constituant le moyen de transport du Tabernacle, il est naturel de placer ici ce passage, juste avant le départ du camp.
1-5 : Surpris par ce geste inattendu, Moïse a consulté l’Éternel (v 4), qui lui indique comment utiliser ces offrandes : les Lévites s’en serviront pour remplir leur office pendant le voyage. Seuls les fils de Guerson et de Merari utiliseront les chars et les bœufs pour le transport des lourdes tentures (Nb 4.24-28) et des planches, piliers, socles et ustensiles (Nb 4.31-33). Les fils de Kérath devaient porter les objets sacrés (arche, chandelier, table des pains, autel des parfums) sur leurs épaules, sans les toucher ni les voir (Nb 4.15, 17-20).
Les princes des tribus, après avoir choisi leurs offrandes et exprimé leur désir de les apporter, se virent imposer un ordre de dépôt de leurs dons : ils devaient apporter leurs offrandes à tour de rôle, pendant douze jours, sans compter le sabbat. L’ordre des tribus n’était pas celui de la naissance des fils de Jacob, mais le rang qui leur était assigné dans le camp et dans le cortège : on commençait par les trois tribus situées à l’est, en suivant la course du soleil, avec Juda en tête et Dan en arrière-garde au nord (Nb 2). Le grand nombre des sacrifices à accomplir (252) explique cet étalement dans le temps. Chaque tribu offrait exceptionnellement trois bêtes d’un an pour un holocauste d’adoration, un bouc pour le péché, et 17 bêtes pour un sacrifice d’action de grâces.
Ces trois sortes de sacrifices, en plus des dons d’argent, de parfums et d’objets précieux, instituaient une sorte de liturgie, dont nos cultes peuvent s’inspirer. On y trouve trois temps forts : l’adoration de Dieu qui réclame le don de son être tout entier (= holocauste, Rm 12.1) ; la repentance et le pardon accordé par Dieu grâce au sacrifice du Fils sur la croix, symbolisé par le sacrifice spécial du bouc, comme dans la cérémonie du Yom Kippour (Lév 16 ; Hé 9.26 ; 10.12, 14). Enfin, les derniers sacrifices, les plus nombreux et les plus variés, permettaient au peuple de manifester son allégresse et sa reconnaissance d’être libéré par le Sauveur, protégé et accompagné par Lui dans la marche au désert.
Les offrandes de biens précieux étaient la contribution du peuple à l’entretien du Tabernacle et des Lévites, et les dons de parfums brûlés sur l’autel d’or pouvaient symboliser les prières d’intercession qui s’élevaient vers Dieu (Ap 8.4).
2- Intermède : 7.89 et 8.1-4 : Entre la consécration des offrandes princières et celle des Lévites un passage rend sensible, par deux images symboliques, la présence de Dieu au milieu de son peuple.
a) Moïse parlait face à face, ou de vive voix, avec Dieu. Comme Dieu le lui avait promis (Ex 25.22), Il s’adressait à son prophète et législateur, du haut du couvercle (= propitiatoire) de l’arche, entre les chérubins. Dieu matérialisait ainsi la vérité spirituelle du salut par grâce que Jésus révèlera autrement et plus parfaitement.
En voici une tentative d’interprétation : L’arche contenait la loi (Ex 40.20), expression de la volonté sainte de Dieu pour les hommes. Cette loi révèle et condamne le péché de l’homme qui a besoin pour rester en vie, d’être couvert par la grâce divine, symbolisée par le couvercle de l’arche. Celui-ci préfigurait l’intercession et la médiation de Christ. Les deux chérubins de l’arche, étant sculptés d’une seule pièce avec le couvercle d’or (Ex 25.18-19 ; 37.9) peuvent symboliser deux autres aspects de Dieu dans l’exercice de sa fonction de juge de l’homme. Les chérubins, ou animaux chez Ezéchiel 1 et 10, (séraphins chez Esaïe 6.2, ou êtres vivants dans l’Apocalypse 4.6), sont toujours situés autour, au-dessus ou au-dessous, et même au milieu du trône de Dieu, toujours dans un contexte de jugement et de purification de l’homme. Les psaumes 99.1 et 80.2-4 révèlent Dieu siégeant entre les chérubins pour juger et sauver son peuple. Les Psaumes 89.15 et 97.2 en disant que « la justice et le droit sont la base de son trône, la bienveillance et la vérité se tiennent devant sa face » donnent le sens de la personnification des quatre chérubins : ils représentent les qualités que Dieu met en œuvre pour sauver son peuple et le purifier. Osée évoque les mêmes qualités divines dans l’alliance de l’Éternel avec sa « fiancée » (2.21) : « Je te fiancerai à moi avec justice et droit, loyauté et compassion ».
Les quatre faces des chérubins d’Ezéchiel sont aussi des personnifications symboliques de ces qualités. Le lion représenterait la majesté royale de celui qui siège sur le trône et qui est digne de juger (Ap 5.2,6-9). Le veau, animal du sacrifice pour le péché (Lév 9.2) évoque la bienveillance, la compassion de Celui qui donne sa vie pour sauver et pardonner. On rejoint ici le symbole du couvercle de l’arche. L’homme, est la seule créature à avoir la capacité de distinguer le bien et le mal et d’agir en conséquence. La face humaine des chérubins symboliserait le discernement des cœurs que seul Dieu possède pour juger avec droiture et loyauté. L’aigle, ou vautour, était l’animal éliminateur des déchets, et serait l’image de l’exécution définitive des sentences de la justice divine, et de l'oeuvre de purification du mal que Diu accomplit dans le coeur.
Les deux chérubins de l’arche, faisant corps avec le propitiatoire d’or, parlaient à Moïse de ces qualités d’amour, de justice et de droiture que Dieu met en œuvre pour sauver son peuple. D’ailleurs Ezéchiel dans sa vision du trône de Dieu, entend « le bruit des ailes des chérubins, pareil à la voix de Dieu Tout-Puissant, lorsqu’il parle » (Ez 10.5 ; 1.24).
On peut penser que l’ensemble de l’arche de l’alliance, avec son contenu, son couvercle, ses chérubins, parlait symboliquement à Moïse de l’œuvre du salut que Christ allait accomplir en son temps. Seul Moïse en avait vu « le modèle » céleste ou spirituel à reproduire concrètement par le Tabernacle et ses objets saints. Seul, il pouvait pénétrer au-delà du voile dans le Lieu Très-Saint, devant l’arche, dans la présence de Dieu. Seul il était à même d’entendre clairement ce que Dieu voulait faire comprendre à son peuple par tous ces symboles. En cela , il était le « type » du Christ, seul à avoir vu le Père et à transmettre sa Parole (Jn 1.18 ; 6.46 ; 12.49).
b) 8.1-4 : Son frère Aaron, le grand sacrificateur, n’avait pas le même privilège de « voir Dieu face à face». Dieu lui parlait de façon indirecte, dans le soin du chandelier à 7 branches qu’il lui avait confié, dans le Lieu Saint. La description du chandelier avait été donnée à Moïse (Ex 25.31-40) d’après un « modèle » céleste, c’est-à-dire spirituel, qui lui avait été montré, pour qu’il en fasse une transcription terrestre, concrète et visible. Tout dans ce chandelier voulait faire comprendre un autre aspect de la présence et de l’action de Dieu pour son peuple.
On retrouve les sept lampes dans la vision de Zacharie (4.2) : Dieu lui signifiait par là que la reconstruction du temple de Jérusalem ne se ferait ni par « la puissance ni par la force, mais par son Esprit » (v 6), que reçoivent les deux Oints « qui se tiennent debout devant le Seigneur » v (14). A l’époque de Zacharie, ces deux oints représentaient très concrètement le gouverneur de lignée royale, Zorobabel, et le sacrificateur Josué. Pour les Juifs de l’AT plus tard, ces deux oints devinrent la représentation de Moïse et Elie, symboles de la Loi et des Prophètes ; les chrétiens après Jésus y virent le symbole de l’Ancien et du Nouveau Testaments, qui éclairent leur compréhension de l’œuvre du salut accomplie par Christ. Les lampes du chandelier remplies de l’huile sainte brûlaient jour et nuit dans le lieu saint ; elles symbolisent la présence de l’Esprit Saint (Ap 4.5 : les 7 lampes sont les 7 esprits de Dieu) au milieu du peuple élu (= Lieu-Saint), et la lumière qu’il diffuse pour que le croyant comprenne la volonté de salut de l’Éternel.
Ainsi, Moïse et Aaron révélaient de deux manières différentes le même message d’amour de Dieu pour ses créatures, et plus particulièrement pour ceux qui le reconnaissent comme leur Dieu et leur Père.
3- 8.5-26 : Cérémonie d’installation des Lévites
5-22 : installation des Lévites
23-26 : âges d’entrée et de sortie de fonction
Après avoir consacré avec une onction d’huile les sacrificateurs, qui seront tous issus d’Aaron et ses fils (Lév 8), Moïse est chargé de l’installation des Lévites par simple purification, car leur dignité est moindre que celle des prêtres.
Cette purification se fait en trois actes :
- une aspersion de « l’eau de purification du péché » (ch 19), un rasage du corps, un lavage des vêtements. Ces actes superficiels puisqu’ils concernent l’apparence extérieure du corps, devaient inciter les Lévites à rechercher une purification du cœur par l’abandon (= rasage des poils), la mort (=symbolisée par le baptême d’eau) de tous sentiments ou pensées profanes, susceptibles de les distraire de leur service et de rompre leur communion avec Dieu.
- Un sacrifice pour le péché et un holocauste d’adoration offerts par les Lévites marquaient leur réconciliation avec Dieu et leur consécration à son service.
De plus ayant reçu l’imposition des mains du peuple, et l’ayant transmise sur les taureaux sacrifiés, ils sont considérés eux-mêmes comme offrande présentée à Dieu par le peuple, pour le représenter dans le service du sanctuaire.
Le principe de substitution des Lévites aux premiers-nés d’Israël est rappelé avec insistance (v 16-19). Les Lévites sont consacrés à Dieu « pour qu’ils fassent l’expiation pour les Israélites » (v 19). Ordinairement, seuls les sacrificateurs pouvaient « faire l’expiation », « ôter le péché ». Prise dans son sens originel de « couvrir » (voir le « couvercle » de l’arche), cette expression signifie ici que les Lévites qui sont purifiés « couvrent le peuple », le protègent comme un bouclier, de la plaie que son péché provoquerait en présence de la sainteté de Dieu. Ce rôle d’intermédiaires, de médiateurs, préfigurait la médiation que Christ, pur et glorieux, opère devant Dieu pour son peuple encore pécheur, mais repentant (Rm 5.10-11 ; 1 Tim 2.5 ; Hé 8.6 ; 9.24 ; 1 Jn 2.1-2).
La durée de service des Lévites fut fixée à 25 ans, après avoir atteint l’âge de 25 ans. Leur retraite ensuite n’était pas inactive, puisqu’ils continuaient à assister les actifs dans le soin des objets confiés à leur garde (v 26). Lorsque l’on consacre sa vie au Seigneur, il n’y a pas d’inactivité totale ! On reste à son service en toutes circonstances, même dans les périodes légitimes de repos ou de loisirs, on demeure des témoins du Sauveur, solidaires des autres.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
1- Offrandes et liturgie
a) Quelle place tiennent dans ma vie de foi les offrandes spontanées ? Ma générosité est-elle issue d’un élan du cœur occasionnel, ou/et d’une réflexion organisée ? Quels progrès dans ce domaine suis-je appelé à faire par l’exemple de ces chefs de tribus ?
b) Comment exprimer dans nos liturgies notre adoration, notre repentance, et notre action de grâce pour le pardon reçu ? Pensez-vous que nos cultes ont besoin de suivre cette liturgie ? Pourquoi ?
2- Dialogue avec Dieu
a) Comment Dieu me parle-t-il ? Par quoi le lieu de l’assemblée des fidèles favorise-t-il l’écoute de Dieu et la compréhension du plan du salut ?
b) Comment percevons-nous la lumière de l’Esprit dans notre vie ? Comment l’entretenons-nous personnellement ? Comment l’Eglise nous permet-elle d’être éclairés dans notre marche spirituelle ?
3- Purification et consécration à Dieu
Consacrés à Christ par notre baptême nous sommes tous devenus des Lévites :
(1 Pi 2.5 ; Ap 1.6)
a) Comment aujourd’hui être « purifié » pour servir Dieu et apporter une bonne nouvelle de pardon et d’amour, qui place notre entourage sous la protection de Christ ?
b) Comment rester témoins actifs de Christ dans nos loisirs et à notre retraite ?
08:00 Publié dans Nombres : Peuple en route | Lien permanent | Commentaires (0)
02/10/2009
Etude 2 Nb 5-6 Préparer un peuple (10 10 09)
Etude n°2 : Nb 5-6 : Préparer un peuple (10 10 09)
« Bien-aimé, je souhaite que tu prospères à tous égards et que tu sois en bonne santé, comme prospère ton âme » 3 Jean 2.
Observons
Avant d’entamer le récit des marches dans le désert, voici une nouvelle section jusqu’au chapitre 8.4, avec une série de renseignements législatifs et historiques.
Les chapitres 5-6 concernent les lois sur :
- la pureté du camp (5.1-4)
- la restitution des biens mal acquis (5.5-10)
- la jalousie et l’ordalie (5.11-31)
- le naziréat (6.1-21)
- une bénédiction (6.22-27).
Comprenons
Les lois de ces deux chapitres se rapportent à la vie du camp sous tentes et dans le désert ; elles rappellent la consécration à laquelle le peuple entier est invité, et la bénédiction que l’on peut attendre de l’Éternel.
1- 5.1-4 : La première prescription sur la lèpre ou l’impureté physique soit par
maladie, soit par contact avec un mort, a déjà été développée dans Lévitique 13 et 15 ; elle sera reprise en Nombres 19.1. Pourquoi une telle insistance ?
Dieu a choisi son peuple, l’a fait sortir de l’esclavage d’Egypte, pour qu’il soit une nation sainte qui démontre ce que signifie « vivre sous l’autorité du Dieu Saint », et dans sa présence au milieu d’eux. « Soyez saints car je suis Saint » dit l’Éternel (Lév 11.44 ; 19.2). Cette sainteté commence par la santé physique, la pureté extérieure qu’on peut considérer comme une loi d’hygiène élémentaire, trop souvent oubliée au cours des siècles et encore aujourd’hui. Dans la Bible elle prend un sens symbolique : la lèpre devient symbole de l’état de péché qui conduit l’homme à la séparation d’avec Dieu (d’où l’exclusion du camp), et à la mort spirituelle.
La séparation d’avec les nations et la consécration à Dieu étaient les deux facettes de la relation exclusive d’Israël avec son Dieu. C’est pourquoi les lois sur l’impureté touchaient à tous les domaines de la vie.
2- 5.5-10 : Après le domaine de la santé physique, notre texte aborde celui de la
relation d’honnêteté entre les hommes. Le vol fait l’objet du 8ème commandement (Ex 20.15). Il est considéré non seulement comme une atteinte à son prochain, mais aussi comme une infidélité à l’Éternel. La loi de restitution émise en Lév 5.14-26 s’applique ici au cas où le voleur n’a personne à qui rendre le bien mal acquis, c’est à dire en cas de mort de la personne lésée, sans héritier, ou parent « répondant ». Dans ce cas, le voleur doit restituer son larcin aux sacrificateurs, représentants de l’Éternel à qui le voleur a été infidèle. Un sacrifice pour le pardon sera aussi exigé de lui.
Par cette loi, Dieu voulait faire comprendre à son peuple que tout acte nuisible à son prochain a des retentissements sur la relation avec Dieu. On ne peut pas le représenter, être le témoin d’un Dieu d’amour en se comportant comme un prédateur de son prochain !
3- 5.11-31 : La loi sur la jalousie du mari soupçonneux à tort ou à raison sur la conduite infidèle de son épouse est
unique dans la Bible. Ce jugement de Dieu ou « ordalie » a été très utilisé au Moyen-Age de façon faussée : il
devait mettre en lumière pour les juges l’innocence ou la culpabilité de l’accusé(e) par absorption d’une boisson
généralement empoisonnée, ou par soumission à une épreuve très difficile. S’il n’y avait pas de conséquences
funestes, les juges l’attribuaient à une intervention divine qui préservait l’innocent. Combien d’innocents
succombèrent à ce jugement piégé !
Dans notre texte, c’est Dieu seul qui prononce le jugement de culpabilité, en rendant « amères » pour la coupable, les eaux naturellement inoffensives. On peut l’expliquer psychologiquement : la peur d’être découverte, et le sentiment profond de culpabilité, provoquent chez la coupable un choc si puissant qu’elle attire sur elle ce qu’elle redoute, en l’occurrence la stérilité !
Cette loi nous paraît vraiment antique et dépassée, par son injustice et sa misogynie : l’homme jaloux semble avantagé et excusé même s’il a tort, tandis que la femme humiliée jusqu’à boire de la poussière (5.17), est livrée sans défense aux caprices de son mari soupçonneux !
Il nous faut toutefois considérer cette loi en tenant compte de son contexte social et culturel : la femme dans la société patriarcale n’a aucun droit et est soumise aux hommes de sa famille, père, frères ou époux. Elle n’a pas non plus à se montrer jalouse alors que la polygamie est courante. Dans un cas de soupçon injustifié de son mari, elle est livrée à sa violence, comme on le voit encore aujourd’hui là où sévissent les « crimes d’honneur ».
Illustration : Jésus et la femme adultère Polyptique de Montbéliard 16è)
Dans la Bible, l’ordalie était une protection car elle pouvait l’innocenter légalement, ou tout au moins lui conserver la vie. On ne doit pas non plus prendre le mot « malédiction » prononcé à propos des eaux amères (v 18), dans le sens d’un vœu de malheur, d’un mauvais sort jeté sur la femme infidèle ; c’est plutôt un avertissement du malheur que vivra la femme si elle est coupable.
En prononçant deux fois le mot « Amen ! » (première mention dans la Bible) = « Qu’il en soit ainsi », la femme s’en remettait totalement au jugement divin et reconnaissait la gravité de la situation. Sa culpabilité, sans preuves formelles (v 13), serait sanctionnée par la stérilité et l’opprobre, mais pas par la lapidation avec son amant, comme dans un cas d’adultère avéré (Lév 20.10). L’Ancien Testament vient modérer les coutumes païennes, comme pour la loi de vengeance « œil pour œil, dent pour dent » qui remplaçait la coutume de renchérissement de la vengeance sur le tort subi (pour un œil crevé, on crevait les deux yeux, pour une dent cassée, on décapitait !). Il faut attendre le sermon sur la montagne de Jésus (Mat 6.31-32 et 38-39) et son pardon accordé à la femme adultère (Jn 8.3-11), pour saisir toute la bienveillance de Dieu envers les femmes, considérées par lui comme ses enfants à l’égal des hommes, et appelées comme eux à la repentance et au salut. (Gal 3.28).
Cette loi de l’ordalie ne semble pas avoir été souvent appliquée. Elle paraît déjà abandonnée au moment de la chute de Jérusalem en 586 avant JC. Peut-être, au retour de l’exil, fut-elle remise en vigueur dans le souci de pureté et de fidélité des Juifs redécouvrant la Loi avec Esdras et Néhémie. Mais à l’époque de Jésus on n’en reparle pas.
Au-delà de la loi sociale, on peut se demander ce que ces prescriptions signifient au plan spirituel. Dans la Bible le thème de l’adultère et des relations conjugales est extrêmement présent. L’union de l’homme et de la femme, voulue par Dieu dès l’origine (Gn 2.18,24), devient peu à peu dans la conscience des croyants, le symbole de l’union de Dieu avec son peuple (Os 3.1 ; Ep 5.22-27 ; Ap 19.7). C’est pourquoi, pour l’homme et pour la femme qui sont « images de Dieu », l’union ne peut être rompue sans altérer l’image de l’amour fidèle de Dieu pour sa créature et pour son peuple, qu’ils sont appelés à transmettre. D’où la sévérité de la Parole de Dieu sur l’adultère humain, puni de mort dans l’AT, car spirituellement, se séparer de Dieu qui est amour et vie, c’est courir à la mort éternelle. La loi d’ordalie que nous propose ce texte des Nombres pourrait alors inviter chacun, homme ou femme, à s’interroger sur l’état de sa relation avec Dieu, sur son alliance avec lui. La jalousie du mari, en dehors du soupçon injustifié, peut être vue comme une image de l’amour de Dieu : il réclame l’exclusivité de l’affection de sa créature (Jac 4.5) qui a fait alliance avec lui. Que nous soyons homme ou femme, nous sommes unis au Seigneur dans une relation d’amour qui réclame notre fidélité. En cas de chute, le texte invite à accepter de reconnaître notre infidélité dans la repentance et l’humilité, et à nous tourner vers celui qui nous aime d’un amour indéfectible, pour y trouver le pardon (1 Jn 1.9 ; 2.1), et la purification (symbolisée par les eaux amères). Sinon, notre vie de croyant risque de rester stérile !
4- 6.1-21 : Le naziréat était un sacerdoce spécial, volontaire et temporaire, qui consacrait à Dieu celui qui
prononçait ce vœu. Les trois prescriptions indiquées, abstinence de tout produit de la vigne, chevelure libre, et
interdit du contact avec la mort, avaient pour but de permettre le développement de la vie dans toute sa richesse,
pour la consacrer entièrement au service de Dieu.
L’abstinence des produits de la vigne n’était pas une ascèse qui restreindrait la vie du naziréen. La vigne était devenue depuis la Genèse avec l’histoire de Noé (Gn 9.20-21), le symbole de la vie sédentaire, avec ses tentations d’ivresse et de plaisir(2 Ti 3.4), qui font perdre la lucidité, le discernement du bien et du mal, et éloignent de Dieu. Le naziréen devait revenir à une vie complètement dépendante de Dieu, comme les Hébreux nomades en faisaient l’expérience dans le désert. A la différence du sacrificateur qui s’abstenait de boire du vin durant son service au temple, le naziréen devait éviter tout contact avec tout produit de la vigne. Le parallélisme fait dans la structure du texte avec le contact d’un mort semble accréditer l’idée d’impureté que la vigne provoquerait : l’homme ou la femme (voir la mère de Samson) consacré(e) à Dieu est « saint », « séparé » du monde (c’est le sens du mot nazir). Il doit éviter tout ce qui peut le couper de Dieu et de Sa sainteté. Est-ce de ce parallélisme et de la similitude d’aspect (liquide rouge), que vient l’assimilation du vin au sang impur, qui souille celui qui le touche ?
La chevelure dont la pousse est laissée libre, devient le symbole de la puissance de vie que la consécration à Dieu procure au naziréen : l’Esprit de Dieu peut agir en lui librement et le rendre pleinement disponible au service de Dieu. L’importance de cette prescription est suggérée par sa place au centre du parallélisme de ces lois.
Le contact avec un mort annulait le vœu du naziréen, qui devait le renouveler en repartant à zéro : se raser la tête, accomplir les rites de purification, et trois sacrifices : l’holocauste d’un agneau pour l’adoration, une brebis pour le pardon de son état de pécheur, un bélier pour l’action de grâce. On comprend que les naziréens pauvres aient eu besoin d’aide financière de la part des Juifs plus fortunés, comme Paul y consentit à la demande de Jacques à Jérusalem (Ac 21.24-26).
Nous ne connaissons que deux hommes consacrés à vie au naziréat, dès leur conception, Samson et Samuel, pour des sacerdoces de juge (= libérateurs) et de prophète. Amos (2.11) associe le naziréat au prophétisme, comme Jean-Baptiste semble l’avoir vécu.
Pour le peuple des croyants de la fin des temps, qui désire être consacré au service de Dieu et être prêt à accueillir son Sauveur, les lois du naziréat sont à prendre au sérieux, non pas littéralement, mais dans leur esprit. La consécration au Seigneur réclame l’attachement de l’être tout entier à la volonté de Dieu, donc la séparation de tout ce qui peut éloigner de Dieu et provoquer la mort spirituelle : idolâtries de toute nature, passions aliénantes, relations corruptrices, conceptions matérialistes ou coutumes superstitieuses. En contrepartie, la consécration du cœur au Dieu de la Vie permet le plein épanouissement du croyant, le remplit de la force de l’Esprit et de l’amour du prochain, pour annoncer la Bonne Nouvelle (= prophétiser ), et pour témoigner de la « libération du péché » qu’on trouve en Jésus-Christ.
5 - v 22-27 : Bénédiction
Le passage concernant les lois relationnelles se termine par la formule de bénédictions, indiquée par l’Éternel lui-même, et toujours utilisée au fil des siècles. Cette formule comprend trois prières : la protection (24), la grâce (25), la paix (26), que procurent la révélation et la présence de Dieu au milieu de son peuple.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans quel état d’esprit et dans quel but observons-nous (les adventistes) les prescriptions d’hygiène alimentaire de Lév 11 ?
- Comment abordons-nous les cas d’infidélité conjugale dans l’Eglise ? Comment les traiter avec justice et amour ? Comment aidons-nous les couples à se pardonner mutuellement ?
- En quoi notre foi et notre consécration personnelles nous séparent-elles du monde ? En quoi favorisent-elles notre épanouissement et celui de l’Eglise ? Comment notre entourage en bénéficie-t-il ?
- Lorsque nous invoquons la bénédiction de Dieu, que cherchons-nous profondément ?
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