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04/12/2009

Etude 11 Nb 25 & 31 Immoralité à la frontière (12 12 09)

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Etude n°11 : Immoralité sur la frontière, Nb 25 et 31 (12 12 09)

 

1 Co 10.7, 8,11 : »Ne devenez pas idolâtres…, ne nous livrons pas à l’inconduite comme certains d’entre eux s’y livrèrent…Cela leur est arrivé à titre d’exemple et fut écrit pour nous avertir, nous pour qui la fin des siècles est arrivée. »

 

Observons

Contexte : Ces deux chapitres sont séparés par un recensement (26), une loi sur l’héritage des filles (27), l’installation de Josué comme successeur de Moïse (27) et diverses ordonnances (28-30). Ils permettent de clore l’histoire de Balaam, et par le récit de ses conséquences funestes, d’avertir le peuple prêt à entrer en Canaan.

 

Texte :

Ch 25 : le péché d’Israël en Moab

1-2 : Idolâtrie et prostitution sacrée

3-5 : Châtiment des chefs coupables

6-9 : châtiment expiatoire d’un couple

10-15 : Promesse d’alliance sacerdotale avec Phinéas

16-18 : Dénonciation des Madianites, à l’origine du péché d’Israël.

 

Ch 31 : Exécution du jugement sur les Madianites

1-12 : Expédition punitive contre Madian et mort de Balaam

13-18 : Massacre des femmes madianites, instruments du péché d’Israël

19-24 Purification des guerriers, des prisonniers, et du butin

25-47 : Partage du butin

 

Comprenons

 

1- Balaam : Cet épisode à la fin des 40 ans du voyage dans le désert, se situe peu après le départ de Balaam des plaines de Moab, où Israël a établi son camp. Nous apprenons en Nb 31.16, que Balaam sur le chemin du retour  en Mésopotamie, s’est arrêté chez certaines tribus Madianites alliées aux Moabites, à qui il conseilla le seul moyen de séparer Israël des bénédictions de son Dieu : le séduire et l’entraîner à l’idolâtrie et l’impureté. Balaam furieux d’avoir été renvoyé sans salaire par Balaq, se venge en donnant ce conseil perfide, avec l’espoir sans doute de récupérer quelque argent chez les Madianites ! Il devient ainsi le « type » de tous les manipulateurs hostiles au peuple de Dieu, qui cherchent à tirer profit de la faiblesse et de la perte d’Israël (Ap 2.14).

Le ch 31.8 suggère que Balaam était resté près des Madianites, peut-être pour constater les effets de son conseil et en recevoir les honneurs. Or, en lieu et place d’honneurs et de récompense financière, il trouve avec ses alliés la mort, symbole du salaire spirituel du péché (Rm 6.23).

 

2- Les Madianites étaient un peuple de nomades  établis au sud et à l’est d’Edom. Certaines tribus plus nordiques se mêlaient aux Moabites (Nb 22.4), et avaient le même intérêt qu’eux à saper la puissance montante des Hébreux, surtout après avoir pris connaissance des prophéties élogieuses de Balaam (24.7, 17-19). L’extermination de Madian et non de Moab, ordonnée par Dieu et Moïse, prend en compte le fait que Moab, cousin d’Israël par Lot, le neveu d’Abraham (Gn 19.30-38), bénéficiait dans une certaine mesure de la bénédiction sur le patriarche (Dt 2.9). Leur refus de laisser passer les Hébreux, et leur vaine tentative de les faire maudire par Balaam furent sanctionnés par leur exclusion d’Israël (Dt 23.2-7). Ils furent ensuite le symbole des peuples ennemis avec qui Israël ne devait pas lier de relation. Pourtant Ruth, la Moabite, en acceptant de suivre Naomi et d’adopter son Dieu, put devenir l’ancêtre de David et de Jésus ! (Mat 1.5).

Les Madianites, issus de la seconde épouse d’Abraham, Qétoura (Gn 22.5), et peuple de Jéthro, beau-père de Moïse et sacrificateur de l’Éternel (Ex 18.1), auraient pu bénéficier de la bénédiction sur Abraham. Mais nous voyons dans ce texte combien ils s’étaient détournés de la foi de leur ancêtre pour s’adonner au culte phallique, licencieux et cruel, de Baal, considéré comme le dieu suprême, et le dieu de la fertilité, par tous les Cananéens de la région. L’utilisation perfide de leur culte pour séparer les Hébreux de leur Dieu, fait des Madianites des instruments de l’Adversaire : ils deviennent « adversaires » de Dieu (v 17-18), qui vont à leur propre perte, comme tous les « Satans » (Ap 20.10 ; 21.8).

Les orgies qui accompagnaient les sacrifices d'humains ou d'animaux offerts à ce dieu, se poursuivaient  par des « accouplements sacrés » avec les prêtres et prêtresses. Les fidèles pensaient ainsi s’unir au dieu et acquérir fertilité des champs et fécondité des êtres. Cette prostitution sacrée, qualifiée en Israël d’impudicité et d’impureté, fut la tentation permanente du peuple d’Israël. Elle devint la preuve visible de l’idolâtrie et de la rupture de l’alliance avec Dieu. Cela explique la sévérité du "châtiment " ordonné, pour faire comprendre au peuple nouvellement formé, et près d’entrer dans la Terre promise, ainsi qu’à nous-mêmes (1 Co 10.11), la gravité et la conséquence irrémédiable de la rupture de l’alliance avec Dieu. La mort physique violente n’est ici que l’avertissement sensible de la mort spirituelle, éternelle qu’entraîne la séparation d’avec le Dieu de la vie.

 

3- Après avoir ordonné juridiquement la pendaison des chefs coupables d’idolâtrie (Nb 25.4), Moïse est confronté à « une plaie mortelle » qui s’étend parmi le peuple et fait 24 mille victimes (v 9). L’exemple du couple Zimri et Cozbi, tous deux de familles de chefs (v 14-15), peut nous mettre sur la voie de l’interprétation de cette plaie. Ce couple s’affiche sans vergogne à l’intérieur même du camp et devant le Tabernacle (v 6), manifestant ainsi son mépris de la sainteté de Dieu et de ses ordres, et révélant l’esclavage moral et spirituel de sa passion. Ils représentent l’état de déchéance dans lequel était tombé le peuple, à l’exemple de ses chefs de tribus.

Le sexe est devenu la préoccupation essentielle du peuple qui n’avait plus aucun respect des lois de vie de Dieu. La plaie mortelle consécutive à cette licence des mœurs ressemblerait alors à l’épidémie de Sida, dont souffre notre monde dominé, entre autres, par l’idolâtrie du sexe.

 

4- Phinéas, fils du sacrificateur Eléazar, se fait le bras justicier de Dieu, et les frappe là où ils ont péché.  La mort brutale et exemplaire du couple devait ouvrir les yeux du peuple sur son état spirituel mortel. Elle devait le pousser à revenir à Dieu, à l’exemple de la consécration de Phinéas, reconnue et récompensée par une « alliance de paix » avec Dieu. Le Seigneur par son pardon accorde la paix à celui qui revient à lui d’un cœur contrit et le guérit de ses maux.

Est-ce à dire que l’Eglise, peuple de « sacrificateurs de Dieu »(Ap 1.6) peut prendre exemple sur Phinéas pour se croire le « bras justicier de Dieu » et condamner ceux qu’elle déclare infidèles et idolâtres ? Une lecture symbolique et prophétique de l’acte de Phinéas exclut cette possibilité. Phinéas, en « ôtant le péché » (v 13 : « il a fait l’expiation ») pour le peuple, par cette exécution subite du couple pécheur, peut être considéré comme un « type » de Jésus-Christ, qui par sa mort a exécuté dans sa chair le péché de la nature humaine, pour offrir à son peuple une alliance de paix éternelle (Rm 6.6 ; Col 1.22) ! De même, le rôle de chef religieux joué par Phinéas dans l’exécution du jugement des Madianites, portant les vêtements sacerdotaux et les trompettes d’argent (31.6) destinées à avertir et rassembler les troupes, est à rapprocher du rôle de Christ, marchant en habit de sacrificateur au jour du jugement, au milieu des 7 Eglises (Ap 1.12-16),  avertissant le monde par les évènements de la terre, véritables « trompettes » de la fin des temps, et rassemblant son peuple avant son entrée dans son Règne éternel (Ap 8-9).

Depuis la révélation de Jésus-Christ, les récits de l’Ancien Testament ne sont pas des exemples à imiter à la lettre, mais comme l’a dit Paul (1 Co 10.6 et 11 ; Rm 15.4), ils servent d’enseignements et d’avertissements dans notre marche spirituelle avec Dieu vers la Terre promise éternelle.

 

5- 31.17-24 : Le massacre des femmes et des enfants mâles madianites, ordonné par Moïse pour supprimer toute descendance, peut nous indigner aujourd’hui. Il s’explique pourtant dans le contexte de l’époque. Le peuple qui devait entrer en Canaan, devait éliminer toute source et occasion d’infidélité à Dieu : les femmes qui avaient été les instruments de cette infidélité, ne pouvaient pas entrer dans la Terre promise. C’est ainsi qu’Esdras et Néhémie se comporteront aussi au retour d’exil en Babylonie. Ils n’extermineront pas mais chasseront de Jérusalem les femmes samaritaines mariées à des Juifs qui risquaient de les détourner de Dieu.

 

6- 31.19-24 : Selon le même principe d’intégrité de la foi et de pureté spirituelle, que préfiguraient  les rites de purification par l’eau ou le feu, des guerriers, des prisonniers et du butin (Nb 31.19-24), il est demandé à chaque « serviteur de Dieu » jusqu’à la dernière génération, de laisser l’Esprit Saint purifier son cœur de toute idolâtrie, comme le symbolisent l’homme vêtu de lin d’Ezéchiel 10.3-4), et l’ange au sceau de Dieu d’Ap 7.2-3 .

 

7- 31.25-54 : Enfin le partage du butin des Madianites entre le peuple, les combattants et le Tabernacle ne prophétiserait-il pas les richesses de la vie éternelle partagées entre tous les « saints » ? Ceux-ci en effet trouveront dans le Royaume de Dieu « la gloire et l’honneur des nations » (Ap 21.24, 26), c’est-à-dire tous ceux qui, parmi les impies, sont restés attachés à Dieu et dont la foi a permis d’être arrachés du feu (1 Pi 1.7 ; 1 Co 3.12-13) ?

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-          Le peuple d’Israël a été séduit par les coutumes idolâtres et licencieuses des peuples environnants, très proches de leur sang. Contre quelles séductions modernes, l’Eglise d’aujourd’hui est-elle invitée à prendre garde par rapport à sa fidélité au Dieu de Jésus-Christ ?

 

-          Comment être mêlé au monde sans être du monde ? (Jn 17.11-15)

 

-          Comment lutter contre les séductions morales et spirituelles de l’Adversaire ? (Ep 6.10-18). Comment ma communauté me permet-elle de sortir vainqueur dans cette lutte ?

 

-          Comment être pour nous-mêmes des Phinéas, pleins de zèle pour garder pures de toute idolâtrie notre foi et notre alliance avec Dieu ? Comment ne pas nous crisper sur une observation littérale de la Loi, et nous ouvrir à la communion de l’Esprit ?

 

-          Quelles « trompettes » faisons-nous retentir individuellement et communautairement, dans le monde autour de nous, pour l’inviter à adorer Dieu (Ap 14.6-7) et rester ferme dans la foi en Lui (Gal 5.1 ; 2 Thes 2.15a ; 1 Pi 5.8-10) ?

 

-          Par quelles purifications en nous Christ prépare-t-il notre place dans son Royaume éternel  (Jn 14.3a) ? Comment cette œuvre est-elle rendue perceptible pour nos proches (famille, église, travail, loisirs) ?

 

27/11/2009

Etude 10 Nb 22-24 Folie du prophète (05 12 09)

Etude n°10 Nombres 22-24.25 : La folie du prophète (05 12 09)

1 Tim 6.10 : "l'amour de l'argent est la racine de tous les maux. Quelques-uns, pour s'y être adonnés, se sont égarés loin de la foi, et se sont infligé à eux-mêmes bien des tourments."

Observons (Illustration : gravure de Gustave Doré, 19è)

Trois chapitres de récits et de prophéties terminent la narration du voyage dans le désert.

Ch 22 : le prophète Balaamânesse de Balaam (G Doré).jpg

1-21 : la tentation de Balaam

22-35 : l'ânesse de Balaam

36-41 : Arrivée de Balaam auprès du roi de Moab

Ch 23-24 : les discours de Balaam

23.1-12 : 1er discours : Israël, peuple à part et très nombreux (9-10)

      13-26 : 2ème discours : Israël béni de Dieu, à l'abri de l'occultisme, aura la révélation de son avenir (20-23)

23.27-4.9 : 3ème discours : Israël sera magnifique et vainqueur des nations (7)

24.10-19 : 4ème discours : un astre royal sortira d'Israël (17)

      20-25 : Prophéties sur les Amalécites et les Kéniens.

Comprenons

Après sa victoire en Transjordanie sur les rois amoréens, Sihon et Og, le peuple hébreu s'établit dans les plaines de Moab, à l'est du Jourdain et au nord de la Mer Morte, dans le territoire jusque-là occupé par les Amoréens, envahisseurs de Moab, qu'il vient de vaincre.

A- Balaam

Son nom signifie sans doute "celui qui dévore le peuple" et lui fut donné à posteriori pour rappeler son conseil à Balak, roi de Moab, pour entraîner Israël dans l'idolâtrie et l'impureté (Nb 31.16).

Le roi Balak est effrayé par l'invasion de ce peuple vainqueur de l'occupant amoréen de son pays. N'ayant aucune force militaire à lui opposer, il pense à l'aide surnaturelle d'une malédiction pour affaiblir Israël. Il fait appel à un devin renommé de Mésopotamie, à 800km de là, sur les bords de l'Euphrate, dans une région où avait habité la famille d'Abraham, plusieurs siècles auparavant.

Balaam est un curieux personnage. D'un côté, il connaît l'Eternel et le consulte (22.8). Il respecte sa parole et n'agit qu'avec son accord (22.18, 20, 35). Il semble renoncer aux avantages financiers plutôt que de contrevenir à la volonté de Dieu (22.18 ; 24.13). Pourtant de l'autre côté, il n'est pas un vrai prophète de Dieu : il fait payer ses services, il s'associe avec le païen Balak, et emploie pour communiquer avec Dieu des moyens auxquels n'ont jamais recours ses prophètes : les rites incantatoires et magiques (23.3-4, 15 ; 24.1). Il finit par succomber à l'appât du gain en conseillant à Balak, d'induire Israël à l'idolâtrie et à l'impureté, pour le séparer de Dieu et lui faire perdre sa protection (Nb 25.1-3 ; 31.16 ; Jude 11 ; Ap 2.14). Balaam finit par être emporté dans la défaite des ennemis d'Israël (Nb 31.8 ; Josué 13.22).

Il ne porte pas le titre de nabi (prophète) ni de chozé (voyant), même s'il l'usurpe dans son orgueil (24.15-16) ; il n'est que kosem (devin ou magicien, Jos 13.22). Il connaissait l'Eternel à cause des descendants de la famille d'Abraham, Nacor et Laban, installés au nord de la Mésopotomie. Seulement dans le respect que Balaam avait pour l'Eternel se mêlaient les pratiques magiques et la conception de la divinité, qui avaient cours dans le pays : versatile et influençable par la magie des initiés, le dieu servait le pouvoir des devins, plus qu'il n'était servi par eux !

Par ses contradictions, Balaam reste très proche de beaucoup d'hommes et de femmes qui prétendent croire en Dieu, mais ont une conception superstitieuse de sa personne et de son culte, multipliant les rites, les prières et les actes "méritoires" pour se rendre Dieu favorable. D'où la nécessité d'étudier les Ecritures pour comprendre qui est Dieu et l'adorer "en esprit et en vérité" (Jean 4.24).

B- La tentation de Balaam (22.1-20)

v 6 : Selon la coutume de l'époque, le roi Balak espérait que la malédiction affaiblirait le peuple et qu'il pourrait ainsi le battre par les armes. Si Balaam retient ses messagers pour la nuit, c'est que la consultation des dieux se faisait ordinairement de nuit, en vision ou en songe. Dieu consent à communiquer avec Balaam parce qu'il s'agit de son peuple. Par là, il fait comprendre à Balaam que l'affaire est importante et grave. Dieu révèle clairement sa volonté : "Tu n'iras pas avec eux, tu ne maudiras pas ce peuple, car il est béni !"

Remarquons comment Balaam retransmet cet ordre (v 13); il affirme bien le refus de Dieu de le laisser partir, mais n'en donne pas la raison profonde. Il trahit ainsi son secret désir de ne pas rompre définitivement la négociation avec les messagers de Balak. Aussi ce refus peut-il passer aux yeux de Balak comme un essai de surenchère, comme un marchandage, pour se faire payer plus ; Balak en effet semble l'avoir compris ainsi, en lui proposant honneurs et exaucement de ses désirs (v 17).

v 18 : Balaam affirme haut et fort des principes excellents d'obéissance absolue à l'Eternel, tout en révélant, à la façon orientale, le prix qu'il désire (voir le marché d'Abraham pour obtenir le champ de Macpéla, Gen 23.14-15 : on nie demander, et on déclare le plus pour avoir un peu moins !).

v 19 : il envisage en même temps un éventuel revirement de Dieu, alors que sa volonté était très claire. Il fait croire ainsi aux messagers que la négotiation est encore ouverte.

v 20 : Dieu respecte, même dans ses errements, la liberté de choix de l'homme. Il ne revient pas sur sa position précédente, car Balaam est entré dans une situation nouvelle, en acceptant d'accueillir une seconde fois les messagers de Balak. Dieu accompagne Balaam sur la voie que celui-ci a choisi de suivre, mais il l'avertit du danger. Dieu aurait été glorifié par le refus définitif de Balaam, s'il l'avait expliqué correctement. Mais en consentant à laisser partir Balaam selon son choix, il sera encore plus glorifié par les paroles qu'il mettra dans sa bouche, si contraires à la volonté de Balak ! Pour cela, il faut que Balaam lui obéisse entièrement. C'est ce qui exlique l'épisode suivant.

C- L'ânesse "medium " (22.22-35)ânesse de Balaam Rembrandt 1626.jpg

Après l'acceptation condescendante de Dieu, Balaam qui connaissait bien sa volonté, aurait encore pu s'arrêter. Devant son obstination, Dieu décide d'intervenir avec force, pour frapper sa conscience et l'avertir du danger de la voie équivoque qu'il a prise : danger pour Balaam qui risque sa vie par convoitise, danger pour le peuple d'Israël si ce prophète considéré comme inspiré par Dieu, venait à donner aux ennemis d'Israël plus de force et d'espoir de victoire, danger pour la gloire de Dieu, si Balaam désobéissait encore une fois à Dieu. (Illustration : Rembrandt, 17è)

L'ange de l'Eternel, que l'on considère ordinairement comme l'apparition aux hommes de la personne divine avant son incarnation en Jésus, est vu trois fois par l'ânesse, et non par le soit-disant "voyant". Les tentatives de l'ânesse pour protéger son maître n'éveillent pas son attention ! L'humour de Dieu apparaît dans ce renversement des rôles : celui qui ne discerne pas, est l'être prétendument le plus clairvoyant, l'homme ; tandis que celui qui perçoit la présence de l'ange, est l'être le moins intelligent, l'animal !

v 28 : Alors, de même que Satan en Eden avait utilisé le serpent comme medium, peut-être Dieu utilise-t-il l'ânesse comme porte-parole pour "ouvrir les yeux"du "voyant". Dieu consent à se servir de moyens que le devin connaît, pour lui révéler sa volonté (v 31). On peut aussi penser que les paroles qu'entend Balaam viennent de l'ange qu'il ne voit pas, et sont attribuées  à l'ânesse qu'il voit, Balaam en tant que devin, étant habitué aux phénomènes de communication avec les esprits par l'intermédiaire de médiums.

Ouvrir les yeux, dans l'Ancien Testament, c'est percevoir le monde invisible, spirituel, au-delà du monde physique, visible. Dieu seul peut donner ce pouvoir (2 Rois 6.17 ; Luc 24.16, 31), dont Satan s'est emparé et qu'il a développé dans toutes les formes du spiritisme antique et moderne. Il est intéressant de remarquer comment Dieu utilise l'ânesse pour amener Balaam à comprendre sa situation : l'ânesse prend un chemin de traverse pour éviter l'ange, comme Balaam a dévié du droit chemin de l'obéissance à Dieu en acceptant de partir vers Moab ; l'ânesse s'engage dans un chemin de plus en plus resserré et écrase le pied de son maître, comme Balaam en partant vers Moab s'est engagé sur une voie de plus en plus dangereuse pour lui, car contraire à la volonté divine. L'écrasement du pied aurait pu et dû faire comprendre à Balaam que sa décision de partir malgré l'ordre clair de Dieu (v 12) était vouée à l'échec (v 32). Puis en s'affalant à terre devant l'ange, l'ânesse montrait à Balaam le sort qui l'attendait s'il refusait d'obéir à Dieu. Enfin, les coups que l'ânesse reçoit de son maître sont à l'image de ce que mériterait Balaam pour son obstination à désobéir à Dieu.

v 32 : L'intention de Dieu est : 1- d'avertir Balam, 2- de l'amener à plus d'humilité : il doit la vie à un animal !                3- d'exclure en lui toute vélléité de désobéissance, en l'impressionnant par la vision de l'épée nue qui menace sa vie, et qui dans la main de l'ange est le symbole de la Parole de Dieu (Héb 4.12), pénétrant et lisant dans les coeurs.

v 34 : Balaam reconnaît son péché, mais en l'atténuant : pour lui, il a péché en injuriant et en battant l'ânesse, par ignorance de la présence de l'ange, tandis que son vrai péché est de n'avoir pas tenu compte de l'ordre clair de Dieu, par convoitise (v 12). Il semble prêt à renoncer à son projet, mais c'est trop tard. A ce stade d'engagement, il ne glorifierait pas Dieu en retournant chez lui. Il ne ferait qu'accroître la surenchère de Balak. Dieu le laisse donc aller pour manifester encore plus glorieusement son amour pour son peuple, par les paroles inattendues qu'il mettra dans la bouche de Balaam.

D- Les préparatifs de Balaam (22.36 et 23.1-4)

Balak vient à la rencontre du devin pour l'honorer et obtenir ainsi le service demandé. Balak a été blessé dans son orgueil par le refus de Balaam (v 37) : il a supposé que Balaam le pensait insuffisamment riche et puissant pour le récompenser dignement. Balaam le détrompe, en lui faisant comprendre que dans cette affaire, il dépend d'un dieu supérieur. Le message est d'ailleurs compris puisque Balak sacrifie à ce dieu pour se le rendre favorable (v 40).

 Balak montre à Balaam le peuple d'Israël depuis trois points de vue différents de façon à lui en donner une vision globale et impressionnante (22.41 ; 23.13-14, 28). Balaam fait offrir trois fois 7 taureaux et 7 béliers, pour que Dieu lui accorde un entretien, selon les rites occultes qu'il pratique. Pendant ce temps, il se retire à l'écart, pour chercher à entrer en contact avec Dieu par l'extase et la magie (24.1). Dieu condescend à communiquer deux fois avec lui selon ce mode, pour atteindre la conscience de Balaam. Mais la troisième fois, Balaam a enfin compris que Dieu ne changerait rien. Il délaisse donc toutes les pratiques magiques et peut alors recevoir l'Esprit de Dieu directement. Il en est de même pour le croyant : il ne peut recevoir la plénitude de l'Esprit-Saint que s'il a délaissé dans son coeur et dans sa vie, les habitudes contraires à la volonté de Dieu, et s'il s'est donné entièrement à Dieu.

E- Les discours de Balaam (ch 23-24)

Seuls les deux derniers sont précédés de la formule qui accompagne généralement les prophéties de Dieu : Parole ou Oracle (voir version Segod ou TOB). Seulement Balaam, au lieu de mentionner "Oracle du Seigneur", s'attribue la gloire de ces prophéties, dans un mouvement de vantardise publicitaire : "Parole de Balaam, l'homme au regard pénétrant, celui qui entend les paroles de Dieu, qui pénètre les secrets du Très-Haut, et contemple les visions envoyées par le Tout-Puissant", "car il se révèle à moi quand je l'adore" (BFC), ou "quand il tombe en extase et que ses yeux s'ouvrent" (TOB). Il se présente ici comme le grand initié aux mystères divins, et non comme celui qui connaît Dieu, c'est-à-dire qui a une relation intime d'amour avec lui. C'est un peu comme s'il disait "J'ai les moyens de forcer Dieu à me livrer ses secrets. Je suis le gand "manitou", écoutez-moi !" Il n'empêche que malgré ces attitudes de forfanterie, Dieu se sert de lui pour faire passer son message aux païens.

Il y a gradation entre les quatre discours. Le premier fait ressortir le caractère spécial d'Israël, peuple mis à part pour et par Dieu parmi les nations, et sa multitude innombrable. Ce sont des bénédictions de Dieu qui l'empêchent d'être maudit. Le second discours célèbre la force de résister à la magie, et annonce la révélation de son avenir, qu'Israël découvre dans la présence et la bénédiction de Dieu. Le troisième discours est une vision de la vitalité et de la puissance actuelle et future (v 7) d'Israël, qui le rendent victorieux de ses ennemis. Enfin le quatrième discours est une vision prophétique de l'avenir d'Israël : l'apparition d'un souverain (astre et sceptre, v 17), lui donnera la suprématie sur tous les peuples : Edom et Moab actuellement épargnés comme descendants d'Esaü et de Lot, lui seront soumis, et les peuples païens qui ont été en relation hostile (Amalécites) ou amicales (Quénites ou Kéniens) avec Israël pendant son voyage au désert disparaîtront.Les Amalécites iront à la ruine effectivement avec Saül et David, puis avec les Siméonites (1 Samuel 15 et 30 ; 1 Chroniques 4.42-43). Les Kéniens après une période de sécurité en Israël disparaîtront avec le royaume du nord d'Israël, sous les coups de l'envahisseur Assyrien en 722 av JC.

Assur était fils de Sem (Gn 10.24) et devint l'ancêtre des Assyriens, peuple oriental déjà puissant à l'époque de Balaam. C'est lui qui conquit le Moyen-Oient et en -722 emmena en captivité et dispersa les dix tribus d'Israël. Heber (Gn 10.24) était l'arrière-petit-fils de Sem par son fils Arpacschad. Il fut l'ancêtre, par Péleg son aîné, de la lignée d'Abraham, donc des Hébreux, et par son cadet Joktan, il fut l'ancêtre des tribus arabes (Gn 10.26-30 ; 11.10-26). Ces peuples sémites furent plus tard dominés par les peuples venus d'occident (Philistins, Grecs ou Romains), représentés ici par les navires de Kittim ou de Chypre. Balaam termine sa prophétie par l'annonce que ce dernier envahisseur occidental va lui aussi à sa ruine. Seul demeure parmi les nations le peuple qui est béni de Dieu. Ainsi le devin dans une vision prophétique, à l'égal des prophètes Daniel et Jean, voit le déroulement de l'histoire du peuple de Dieu jusqu'à la fin des temps !

Le dernier discours, le seul des quatre à avoir une dimension nettement prophétique, a été souvent lu dans une perspective messianique : "l'astre" qui apparaît parmi les descendants de Jacob (v 17), était en Orient signe des dieux et des rois. Il visait sans doute le "souverain" David et sa lignée, et plus loin le Messie. Cette prophétie sur Israël prononcée par un devin mésopotamien, se propagea en Orient, et fut à l'origine de la venue des mages chaldéens auprès de l'enfant Jésus (Mt 2.2). Ils l'avaient entendue, sans doute de la part des descendants de Juifs restés après l'exil en Babylonie. La chute successive des pouvoirs terrestres annoncée par Balaam trouve un écho dans la prophétie de la statue que Daniel expliqua à Nébucanetsar d'une façon beaucoup plus précise (Da 2.31-45).

De tous les discours de Balaam nous retiendrons que :

- Dieu se sert même d'un devin pour faire connaître aux impies son amour pour Israël et la mission qu'il lui confie,

- Dieu veut bénir Israël pour en faire le témoin parmi les nations de Sa puissance, de Sa fidéité, de Sa royauté, de Sa bienveillance.

- Israël ou le peuple de Dieu réalise ainsi la prophétie faite à Abraham (Gn 12.2) : "Tu seras une bénédiction pour les autres... Avec toi, je bénirai toutes les nations de la terre".

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Sous quels prétextes tentons-nous d'esquiver l'obéissance aux ordres précis de Dieu ? Comment ne pas nous aveugler sur nos mobiles profonds ?

- Comment éviter de donner trop d'importance à notre intérêt financier ou matériel dans notre relation avec Dieu ou avec les autres ? (voir Mt 6.27-34).

- Comment reconnaître les signes naturels (et non surnaturels) par lesquels Dieu nous parle dans notre vie quotidienne ?

- Prions pour que Dieu nous "ouvre les yeux" sur notre réelle situation spirituelle, et sur la main qu'il nous tend pour nous avertir et nous protéger.