15/03/2019
Étude n°12 Le jugement de Babylone Ap 17 et 18 (23 03 19)
Étude n°12 Le jugement de Babylone Ap 17 et 18 (23 03 19)
« J’entendis du ciel une autre voix : Sortez du milieu d’elle (Babylone ) mon peuple, afin de ne point participer à ses péchés et de ne pas recevoir votre part de ses plaies. Car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses injustices. » Ap 18.4-5
Comme pour les chapitres précédents, la longueur de l’interprétation des ch 17-18 ne permet pas une étude approfondie en groupe. Il faudra donc une fois encore choisir les passages à partager ! Nous analysons les deux chapitres mais nous vous conseillons de porter l'attention du groupe non sur les essais d'identifications hasardeuses du ch 17, mais sur le ch 18 et ses recommandations pour le peuple de Dieu.
(Chute de Babylone, Ap de Beatus , 12è)
Observons Apocalypse 17
- Qui intervient au début de cette séquence des jugements et par deux fois dans le chapitre v 7 et 15 ?
- Quelles sont les caractéristiques générales de la femme (v 1-7) et de la bête (8-14) ? Comparez avec 12.13-17 et 13.1-8 ? Que peut-on en conclure sur son identité ?
- Qui s’étonne au v 6 et au v 8 ? A quels sujets ?
- V 15-18 : Quelles explications donne l’ange ?
Comprenons
Les chapitres 17-18 sont annoncés dans la section précédente par le v 19, où est nommée « la grande ville divisée en trois parties : Babylone la grande ». Ces chapitres vont donner l’explication de ce verset, et de la fin de la vision centrale (ch12-14) où apparaissait déjà la même entité :
14.8 : « Elle est tombée Babylone la grande ! »
Au ch 14, la chute n’était que morale, discernée par les fidèles de Dieu, aux ch 17 et 18 cette chute se réalise enfin physiquement, aux yeux de tous.
Le chapitre 17 commence avec les paroles d’un ange, sans doute celui de la 7ème coupe, puisque les explications qu’il va donner concernent ce que la 7ème coupe entraînait.
Il donne la signification de ce qui se passe lorsque Dieu prononce le « C’en est fait » (16.17) à la fin des plaies : une autre séquence s’ouvre, celle de l'exécution des sentences du jugement sur les impies. Sructure Trois parties : la femme prostituée jugée (v 1-7) ; la bête (8-14) ; l’explication de l’ange (15-18).
Ces trois parties s’articulent
- sur les deux interventions de l’ange (v 7 et 15),
- sur, d’une part l’étonnement du prophète (= les croyants) devant la femme devenue prostituée et persécutrice des saints (v 6),
- et sur, d’autre part, l’étonnement des impies devant la réapparition de la bête blessée à mort (v 8).
Les caractéristiques de la femme prostituée nous renvoient en contraste à la femme fuyant au désert du ch 12.13-17 : serait-ce la même femme devenue infidèle et blasphématrice, au point de provoquer l’étonnement de ceux qui sont restés fidèles ?
L’observation de ce qui est dit de la bête nous renvoie au ch 13.1-8, et à Daniel 7, pour essayer de déterminer l’identité de ses 7 têtes et 10 cornes. La bête qui reprend les caractéristiques animales de la vision de Daniel, représenterait le pouvoir politique universel qui s’exerce à travers les siècles par la succession des têtes et des cornes, soit des systèmes politiques qu’elles symbolisent.
Voici deux dessins du pasteur Maxime Bouvet pour expliquer ces symboles qui nous restent, avouons-le, bien compliqués à interpréter ! :
Le prophète Jean décrit cette bête à deux moments différents de l’histoire :
- au ch 13.2, c’est la 5ème « tête » qui succède au dragon du ch 12 (= le 4ème animal de Daniel, ou empire romain païen) grâce à l’invasion des barbares (= 10 cornes, 17.3), et exerce son pouvoir jusqu’à sa blessure mortelle (= de 538 à 1798).
- au ch 17.10-11, le prophète se situe dans la période de la réapparition de la bête blessée (voir 11.7), qui fait d’elle un pouvoir à part, indiqué comme le 8ème roi (17.11), coexistant avec la 6ème tête portant 10 cornes, puis avec la 7ème (qui n’est pas encore venue), et allant jusqu’à sa perdition.
Qui a fait tomber l’empire romain païen ? Les barbares qui ont favorisé l’apparition de la papauté. Qui a fait tomber le pouvoir politique de la papauté ? La révolution française qui a donné naissance à la démocratie, pouvoir représenté par la 6ème tête. Le pouvoir démocratique éparpillé dans le monde (= 10 cornes qui sont dix rois) chercherait désespérément à faire l’unité pour diriger le monde. Pour cela, les gouvernements feraient appel au 8ème roi, entité neutre et indépendante d’eux, mais reconnue universellement. Leur alliance constituerait la 7ème tête, appelée « image de la bête » (13.15). Or si c’est l’image, elle porte aussi les 10 cornes qu’avaient la bête (5ème tête, 13.1).
Comme « image de la bête », elle exercerait un pouvoir universel politico-économico-religieux, très éphémère (1h prophétique = 15 jours réels), et persécuterait les fidèles de l’Agneau, qui seront finalement vainqueurs avec Lui (17.14).
Que représente cette Babylone de la fin des temps ?
Pour le savoir, il nous faut tenir compte de ce qui nous en est dit précédemment au ch 16 :
16.19 : « La grande ville fut divisée en trois parties, les villes des nations tombèrent, et Dieu se souvint de Babylone la Grande, pour lui donner la coupe du vin de son ardente colère »
La liaison « et » n’a pas une valeur chronologique, mais explicative ; elle équivaut à nos deux points : la division interne de Babylone en trois parties, et la défection des villes constituent la ruine et la chute de Babylone.
16.12 : « le 6ème ange versa sa coupe sur le grand fleuve, l’Euphrate. » Cette 6ème plaie concerne Babylone, puisque l’Euphrate était le fleuve qui traversait et alimentait la Babylone historique antique.
Au versement de cette 6è coupe apparaissent trois esprits impurs qui
16.13 : « sortent de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux-prophète ».
Nous avons vu ce que désignent ces trois personnages dans la séquence des plaies: les puissances athées (=le dragon romain de Ap 12.3 ?), le système papal et un pouvoir politico-économico-religieux semblable, l’ensemble étant mêlé de spiritisme séducteur. En effet les trois entités qui par leur alliance constituent Babylone, ont la particularité de faire des prodiges qui étonnent et séduisent les habitants de la terre :
16.14 : ce sont des esprits de démons qui font des prodiges
13.13 : Elle opérait de grands prodiges, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre.
On retrouve ici le portrait de l’Anti-Christ, l’impie, que Paul dressait pour les Thessaloniciens.
2 Th 2.9-10 : « L’apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes, de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’iniquité »
Ces trois formes de la puissance de Satan insufflent aux rois de la terre l’idée de se rassembler pour lutter contre Dieu, dans le combat d’Harmaguédon (16.14,16).
Le temps de la 6ème plaie est celui de l’action finale de cette coalition de Babylone, alors que la 7ème plaie en annonce la désagrégation, dont les détails sont donnés aux chapitres 17 et 18.
L’ange qui porte la 7ème coupe (16.17-21), donne à Jean (et à ses lecteurs) les explications nécessaires pour comprendre la vision. Il appelle Babylone « la grande prostituée, avec qui les rois de la terre se sont livrés à l’impudicité, et de l’impudicité de laquelle les habitants de la terre se sont enivrés »
Le symbolisme de la femme est bien connu dans la Bible : il désigne le peuple de Dieu. S’il est fidèle à l’alliance avec Dieu, c’est l’Epouse : « Ton créateur est ton époux » (Es 54.5) et « les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée » (Ap 19.7). Mais s’il est infidèle à Dieu par idolâtrie, la Bible en parle en termes de prostitution, d’adultère, d’impudicité :
« Tu t’es confiée dans ta beauté et tu t’es prostituée »(Ez 16.15),
« Tu as le front d’une prostituée...Reviens, infidèle Israël ! » (Jé 3.3,12).
« Ces choses arriveront parce que tu t’es prostituée (Jérusalem) après les nations, parce que tu t’es souillée par leurs idoles » (Ez 23.30)
Babylone « mère des impudiques et des abominations de la terre » (v 5), comprendrait donc une puissance mondiale religieuse, qui se prétendrait peuple de Dieu, ou croirait servir Dieu, mais serait en réalité idolâtre, opposée à Dieu et persécutrice de ses serviteurs, comme le prouve le v 6 « Cette femme était ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus ».
On est frappé des similitudes qui existent entre cette Babylone et ce qui nous est dit de l’image de la bête au ch 13.14-17 : « Il fut donné à la bête montant de la terre...d’opérer en présence de la bête montant de la mer,...et d’animer l’image de la bête afin que l’image de la bête parle et qu’elle tue tous ceux qui n’adoreraient pas l’image de la bête. Elle fit que tous reçoivent une marque sur leur main droite ou sur leur front, et que personne ne puisse acheter ni vendre sans avoir cette marque». L’image de la bête, appelée aussi faux-prophète (16.13), et Babylone ne formeraient-elles qu’une même entité ? Ou bien Babylone personnifierait-elle le pouvoir issu de l’alliance entre dragon, bête papale et faux prophète ?
Au départ (17.1-3), la femme prostituée est assise sur les grandes eaux (v 1). Ces grandes eaux sont le symbole des peuples, foules, nations et langues (v 15) qui lui sont soumis. La puissance de Babylone repose sur la soumission qu’elle exige de tous les habitants de la terre. On comprend alors que la défection des villes des nations puisse entraîner sa chute (16.19).
Ensuite (v 3), il est dit que la femme est « assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, ayant 7 têtes et dix cornes ». L’existence et la puissance de Babylone s’appuient sur une autre puissance, la bête à 7 têtes et dix cornes (ch 13.1), qu’il ne faut pas confondre avec Babylone même.
Pour résumer, Babylone nous apparaît comme la personnification du pouvoir mondial, né de l’alliance des pouvoirs politiques athées du monde (dragon), de l’autorité politico-religieuse de la papauté (bête), et du pouvoir politico-économico-religieux (faux-prophète) imitant les comportements du système papal. Cette puissance mondiale s’exercerait, avec l’aide du spiritisme (feu descendu du ciel), dans les domaines religieux (impudicité = idolâtrie, persécutions des saints), politique (elle domine le monde et édicte des lois), économique (personne ne peut acheter ou vendre sans elle). Son nom symbolise la confusion générale de la terre à tous les niveaux, en opposition au peuple de Dieu, scellé et revêtu de vêtements blancs, c’est-à-dire de la justice, de la droiture, et de la vérité de Dieu.
Ce système mondial ne s’installera que tout à la fin de l’histoire humaine, comme le suggèrent la fin du ch 13.15-18 et 16.14. La durée de sa domination sera d’une heure (17.12), durée incroyablement réduite par rapport à la domination de la bête du ch 13 qui dura 42 mois !
La dislocation de Babylone, annoncée en 16.19 est expliquée en deux temps par l’ange :
1- Les grandes lignes au ch 17
17.16 : Une dissension interne apparaît dans le trio qui compose et soutient Babylone.
« Les 10 cornes que tu as vues et la bête haïront la prostituée, la dépouilleront et la mettront à nu, mangeront ses chairs et la consumeront par le feu ».
Nous retrouvons le même tableau dressé par Ezéchiel contre Jérusalem (23.22-30) : « Voici j’excite contre toi tes amants, et je les amène contre toi de toutes parts...Ils te dépouilleront de tes vêtements, ils enlèveront tes ornements...Ils enlèveront toutes tes richesses et te laisseront nue, entièrement nue, la honte de tes impudicités sera découverte, de tes crimes et de tes prostitutions. Ces choses arriveront parce que tu t’es prostituée après les nations, parce que tu t’es souillée avec leurs idoles. »
Les pouvoirs politiques et le système papal, alliés pendant une heure (v 12), pour donner la royauté sur les rois de la terre (v 18) à la femme prostituée qu’est Babylone, c’est-à-dire un système politico-économico-religieux universel, se retourneront contre cet ordre mondial, pour prendre sa place ! En effet, « ils ont un même dessein, et ils donnent leur puissance et leur autorité à la bête » (v 13). Ils ont dans leur cœur « le même dessein de donner leur royauté à la bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies » (v 17).
Les rois et la bête papale dépouilleront Babylone de toutes les richesses accumulées dont le v 4 donne un tableau. Ils la mettront à nu (v 16), c’est-à-dire qu’ils révèleront qui elle est véritablement, une puissance religieuse idolâtre et mensongère, et ce qu’elle a fait : ses crimes et ses persécutions contre les saints (v 6 et 18.24).
2- Les détails au ch 18 (Chute de Babylone , 13ème s)
Observons
Le chapitre 18 éclaire ce que le ch 17 annonçait dans les généralités.
Trois interventions angéliques caractérisent ce chapitre (v 1, 4, 21):
1- v 1-3 : le premier ange rappelle la chute morale de Babylone, qui était déjà effective avant que les fléaux tombent et que les élus sortent.
2- v 4-20 : le second annonce les conséquences de la chute qui atteignent tous les hommes sauf les élus
3- v 21-24 : le troisième proclame la disparition physique de Babylone.
On peut observer une construction du chapitre en plusieurs temps :
a - Le jugement de Babylone (v 2-8)
b - La séparation du peuple de Dieu (v 1, 4)
c - Les conséquences de la chute ponctuées de la triple lamentation : Malheur !
conséquences politiques (v 9-10)
conséquences économiques (v 11-16)
conséquences relationnelles (v 17-19)
b’- Réjouissance des élus (v 20)
a’- La fin de Babylone (v 21-24)
La construction en parallèles concentriques (ou chiasme), propre à l’écriture et la pensée hébraïques veut mettre l’accent sur la partie centrale, où l’on voit la désorganisation générale du monde sous l’effet de la chute de Babylone, tandis que le peuple de Dieu est révélé à tous.
Notre pensée occidentale étant linéaire, nous étudierons ce texte, en commençant par le thème abordé au premier verset du chapitre, l’ange venu du ciel, que nous avons joint aux versets 4 et 20, qui parlent du peuple de Dieu (points b + b’). Ensuite nous verrons tout ce qui concerne Babylone (points a, c, a’).
Comprenons
a) La révélation du peuple de Dieu (v 1,4,20)
Le jugement de Babylone s’accompagne d’un évènement extraordinaire : une apparition puissante et glorieuse éclaire la terre (v 1).
A ce stade de l’histoire du monde, où les jeux sont faits », c’est-à-dire où les justes ont déjà été identifiés par les êtres célestes, cette apparition venue du ciel sur la terre ne servirait-elle pas à faire connaître, de façon indubitable, à tous les habitants de la terre, impies et justes eux-mêmes, qui sont ceux qui forment le peuple des élus : en les invitant à « sortir du milieu de Babylone » (v 4), Dieu les révèle à tous et leur fait justice (v 20).
L’ordre de sortir de Babylone implique que le peuple de Dieu est encore jusque-là mêlé au monde, dispersé et caché dans la confusion politico-religieuse générale. Nul sur terre ne l’a identifié exactement : seuls les êtres célestes, témoins de l’instruction du jugement le connaissent. Le moment est venu, non pas de choisir Dieu car dans les cœurs c’est déjà fait, mais d’être reconnu publiquement.
L’ordre de séparation est une mesure de protection du peuple par Dieu contre la contagion du monde ambiant et contre ses fléaux.
On pense à l’histoire de la sortie d’Egypte. Tandis que les plaies tombaient sur les Egyptiens, le pays de Gosen où habitaient les Hébreux était épargné. Ce miracle divin révélait à tous et à Pharaon, la puissance et la miséricorde de Dieu pour son peuple. Il opérait une « séparation libératrice » entre les Hébreux et les impies (Ex 8.19).
Au moment de la chute de Babylone, il en sera sans doute de même. Le peuple de Dieu sera manifesté concrètement aux yeux de toute la terre, et pourra se réjouir avec le ciel de la justice éclatante de Dieu qui les délivre enfin de l’oppression de la puissance maléfique de Babylone (v 20). On remarque comme dans la sortie d’Égypte que la séparation révélatrice qui remplit de lumière la terre, vient de Dieu : un ange descend du ciel pour l’accomplir (v 1). Nous avons là une leçon à méditer sur nos prétentions à identifier le peuple de Dieu, et sur nos tentations de séparation physique du monde par nos propres efforts, avant l’heure !
b) Le jugement de Babylone (v 2-8) Voir en parallèle Esaïe 47.
L’annonce de ce jugement indique les motifs de la condamnation :
- v 2 et 23c : Babylone est « une habitation de démons et d’esprits impurs » : les prodiges séducteurs dont elle s’est servi pour établir son pouvoir sont d’origine satanique et non divins, comme elle pensait le faire croire en tant que puissance religieuse.
- v 3 : « l’impudicité » dont elle a abreuvé les rois et les nations est l’idolâtrie dans laquelle elle les a tous entrainés, et qui les a conduits à la violence et au meurtre contre les saints (v 24).
- v3, 7 : « la puissance du luxe » a fait d’elle une puissance économique et commerciale qui n’enrichissait qu’une partie de la population, « les grands de la terre » (v 23). L’autre partie n’était considérée que comme des objets ou des animaux, corvéables à merci, et monnaie d’échange des exploiteurs (v 13).
v 7 : « Elle s’est glorifiée, elle a dit en son cœur : Je suis assise en reine, je ne suis point veuve, je ne verrai pas de deuil ». Par son orgueil, sa vanité égoïste, son manque de cœur, et sa confiance en soi pour son avenir, elle récoltera au double ce qu’elle aura semé autour d’elle* (v 6,8).
c) Les conséquences de la chute (v 9-19)
Tous ceux qui auront profité de cette puissance mondiale assisteront dans les lamentations à sa disparition. « Malheur ! Malheur ! En une seule heure est venu ton jugement ! » Telle est la lamentation des rois, des marchands et des marins. La triple répétition de ce cri nous fait y voir la réalisation du 3ème malheur annoncé au chapitre 11.14. On voit combien la fin de la section des trompettes est intimement liée aux sections des plaies et des jugements qui la suivent.
Le temps d’une heure peut être pris littéralement comme un indice de la brièveté de l’évènement, ou prophétiquement avec la valeur de 15 jours réels. La rapidité de la chute du mur de Berlin, au grand étonnement de tous, est un exemple de ce qui pourrait se passer.
Les rois représentant les pouvoirs politiques des nations, les marchands représentant les puissances économiques du monde, que peuvent représenter « les pilotes et les marins, tous ceux qui exploitent la mer et qui se sont enrichis du luxe de Babylone » ? (v 17-19)
La mer est dans la Bible le symbole des nations agitées et instables, en opposition à la terre, refuge et sécurité du peuple de Dieu :
Es 57.20 : « les méchants sont comme la mer agitée, qui ne peut se calmer et dont les eaux soulèvent la vase et le limon. »
Jé 51.42 « la mer est montée sur Babylone : Babylone a été couverte par la multitude de ses flots » : Le prophète annonçait la chute de Babylone, non par un raz-de-marée (la ville était bien loin de la mer !), mais par l’invasion des Mèdes et des Perses sous la direction de Cyrus !
La mer ayant cette connotation négative, il ne faut pas s’étonner de la promesse de Dieu de son absence sur la nouvelle terre !(21.1)
Ceux qui exploitent la mer peuvent donc représenter les puissants de ce monde qui utilisent à leur profit tout ce que l’agitation des nations leur permet d’encaisser, comme les marchands de canons!
Les pilotes sont sur la mer ceux qui savent guider, se repérer et atteindre leur objectif. Ils pourraient symboliser les moyens médiatiques de la communication moderne, qui dirigent l’opinion des masses selon leurs propres conceptions, ou celles des puissances en place.
Les marins, de même, seraient les symboles de tous ceux qui de près ou de loin participent à la communication entre les peuples, aux relations internationales, ambassadeurs, diplomates ou autres.
La chute de Babylone, ordre mondial, entraine la désorganisation totale dans les domaines de la politique, de l’économie, et de la communication.
V 20-24
V 20-21 : La chute de Babylone est pour le peuple de Dieu le signe de sa réhabilitation par Dieu et de sa délivrance car le retour du Christ lui est concomitant (ch 19).
- v 22-24 : Ces versets peuvent être interprétés de deux façons :
1- Tous les signes de paix et de bonheur qu’elle affichait en façade disparaîtront à la révélation de ce qu’elle était en profondeur : une puissance démoniaque, orgueilleuse et persécutrice.
2- Les instruments de musique (1 Cor 14.6-8) pour accompagner les chants d’allégresse, la meule pour moudre le grain , la lumière de la lampe, la voix de l’Epoux et de l’Epouse (Jér 25.10), peuvent symboliser les activités des enfants de Dieu, louant leur Sauveur, distribuant le pain de sa Parole, répandant la Lumière du Christ et manifestant leur union d’amour avec le Sauveur, au sein d’un monde où règne la confusion. Lorsque ce monde s’écroule, toutes ces activités disparaissent, car elles n’ont plus lieu d’être. Le peuple de Dieu ne participe plus au sort de Babylone, et accueille son Sauveur (ch 19).
Inutile de chercher à anticiper l’identification des détails de cette prophétie, mais restons attentifs aux événements contemporains qui nous permettraient de nous situer dans le temps prophétique!
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment interpréter l’ordre du Christ de « sortir de Babylone » ? Physiquement et géographiquement ? Spirituellement ? Qu’implique chacune de ces lectures pour le croyant ?
- Quel est le rôle de l’Église et de ses membres, au sein de cette confusion mondiale ?
- Comment éviter la confusion spirituelle et développer la fermeté de la foi en la grâce de Dieu ?
08:00 Publié dans Apocalypse | Lien permanent | Commentaires (0)
08/03/2019
Étude n°11 Les sept dernières plaies, Ap 15 et 16 (16 03 19)
Étude n°11 Les sept dernières plaies, Ap 15 et 16 (16 03 19)
« Seigneur qui ne craindrait ton nom ? Car seul tu es saint. Et toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que ta justice a été manifestée. » Ap 15.4 (Apocalypse Flamande 15ème siècle, Anges recevant les 7 coupes)
Ces deux chapitres étant une fois encore fort longs à interpréter, un choix s’imposera pour les échanges en groupe. Pour enrichir votre connaissance biblique, nous vous livrons ici une étude détaillée dans laquelle vous pourrez puiser les thèmes à aborder… en insistant plus sur les promesses divines que sur les catastrophes !
Observons d’abord le ch 15
Le contexte
Le début du chapitre 15 est lié directement à la fin des ch 11 et 14, par l’évocation de la « Colère de Dieu » : 11.18 « ta colère est venue », 14.19 « la grande cuve de la colère de Dieu », 15.1 « par eux s’accomplit la colère de Dieu ».
Les chapitres 12 à 14 constituent une parenthèse explicative, véritable clé de voûte de l’Apocalypse. Ils reprennent en résumé l’histoire de l’Église depuis la naissance du Christ jusqu’à la fin de l’instruction du jugement (11.17-18). Cette parenthèse des ch 12-14 permet de démasquer les véritables acteurs du grand conflit et de l’histoire des hommes.
Le chapitre 15 ouvre donc une autre phase du jugement, celle de l’exécution des sentences.
Le texte
Première partie du ch 15
v 1 : Introduction des anges aux 7 coupes ou 7 plaies, en transition avec les ch précédents.
v 2-3a : présentation des vainqueurs
v 3b-4 : le cantique nouveau des vainqueurs.
- Quels sont les personnages vus par Jean ? Quel est celui qui est au centre (relever les répétitions de son nom sous ses diverses formes) ? Où se tiennent-ils ? Que font-ils ? Relevez les temps des verbes dans leur cantique,
Deuxième partie du ch 15
V 5-8 : sortie du sanctuaire des 7 anges aux 7 coupes.
- Quel est le symbolisme de ce sanctuaire céleste ?
- Comment se présente le sanctuaire au début et à la fin de ce passage, v 5 et 8 ?
- Qui sortent du sanctuaire ? Quel aspect ont-ils ? Que reçoivent-ils de la main de qui ? v 6-7
- Qu’empêche la fermeture du sanctuaire ? Pourquoi est-il rempli de fumée ?
Comprenons
Le contexte
La section des plaies suit immédiatement la vision de la vendange du ch 14, qu’elle développe et précise comme l’expression de la colère de Dieu.
Les deux camps sur la terre sont bien définis :
D’un côté, « ceux qui ont vaincu la bête et son image et le nombre de son nom»(v 2), les saints qui persévèrent dans l’observation « des commandements de Dieu et dans la foi de Jésus » (14.12) au milieu des persécutions des puissances hostiles à Dieu (ch 13), ceux qui se retrouvent devant « le tabernacle du témoignage » dans le temple ouvert (15.5), sur la mer de cristal, les harpes à la main(v 2).
De l’autre côté, ceux qui portent la marque de la bête et adorent son image (16.2) et qui ne peuvent plus entrer dans le sanctuaire fermé (15.8).
Le texte du ch 15
A- v 1-4 : Dans les quatre premiers versets le nom de Dieu est répété 4 fois ; il faut lui ajouter Seigneur (2 fois) et l’Agneau (1 fois) : en tout 7 fois, chiffre symbole de la plénitude divine. Il est qualifié de Tout-Puissant, Saint, Rois des rois. Par deux fois l’idée de justice lui est attribuée (v 3, 4).
L’emploi des temps des verbes situe le cantique de louanges après que la justice de Dieu a été manifestée (v 4d) aux yeux des vainqueurs, et avant qu’elle ne soit reconnue par les nations qui alors viendront se prosterner devant Dieu (v 4c). Dieu juste juge est donc le personnage central de la séquence des plaies qui définissent l’application de ses jugements.
1- La colère de Dieu
L’expression désigne depuis l’Ancien Testament le temps de l’exécution des sentences de Dieu sur les impies. C’est un anthropomorphisme qui traduit le sentiment éprouvé non par Dieu, mais par les hommes séparés de Dieu : n’ayant jamais voulu reconnaître l’amour de Dieu, ils sont furieux de voir révélés le fond de leur cœur et la haine qui les habite, et ils se tournent avec colère contre ce Dieu qui les met au grand jour. Ils prennent alors la sentence contre eux comme l’expression de la « colère de Dieu », faisant un transfert de leurs sentiments sur Dieu lui-même. Dieu n’éprouve de colère contre personne puisque sa volonté est de sauver les hommes. C’est avec indignation devant les conséquences terribles de leurs actes sur ses enfants et avec une profonde tristesse, qu’il constate leur refus et leur endurcissement qui les conduisent à la mort.
2- Les 7 anges aux coupes d’or (v 1)
Ces êtres célestes sont les exécuteurs des sentences sur les impies. Les coupes contiennent les fléaux qui vont frapper ceux qui n’ont pas le sceau protecteur de Dieu sur leur front, mais qui portent la marque de la bête et se prosternent devant son image (16.2). Seuls seront atteints ceux qui n’adorent pas le vrai Dieu et ne reconnaissent pas son autorité et sa justice.
3- Les saints
Ils sont encore sur la terre, puisque le Christ n’est pas revenu (son retour est décrit au ch 19). Ils ont simplement été scellés par l’Esprit (7.3), c’est-à-dire qu’ils ont été investis de la puissance divine, pour servir Dieu jour et nuit dans son temple (7.15), pour suivre Jésus partout où il va (14.4), donc pour connaître et comprendre ses voies (15.3), et les annoncer à tous pendant le temps des trompettes (14. 6-12) ; ils ont reçu une protection spéciale de Dieu pour « subsister au jour de la colère de Dieu » (6.17), et enfin ils ont été reconnus par la cour céleste comme serviteurs de Dieu (11.18). Leur communion en esprit avec leur Seigneur et Sauveur leur permet de rester debout devant lui, fermes dans la foi et l’espérance de leur délivrance, tandis que les fléaux accablent les autres hommes impies.
Ils sont appelés « vainqueurs de la bête, de son image et du chiffre de son nom »(v2) : cela renvoie aux ch 12-14 : « ils ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage » (12.11), ils sont debout devant le trône de l’Agneau, avec son nom écrit sur leur front, jouant de la harpe et chantant un cantique nouveau, parce qu’ils sont rachetés de la terre (14.1-5), ils sont persévérants et gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus (14.12).
4- Pourquoi sont-ils sur la mer de verre ?
Cette mer devant le trône a été mentionnée en 4.6. Elle a la particularité d’être transparente comme le cristal. Ezéchiel l’avait vue dans sa vision (1.22) comme un ciel de cristal resplendissant étendu au-dessus de la tête des chérubins qui soutiennent le trône de Dieu.
Cette précision nous indique que face au Dieu qui juge, c’est-à-dire qui libère, qui ôte les obstacles, tout est transparent, limpide. Rien ne fait plus obstacle à la relation avec Lui. Tout péché est venu à la lumière par le repentir du pécheur et a été pardonné, effacé. Les élus pardonnés et purifiés par l’Esprit, peuvent se tenir debout en esprit devant Dieu (15.2), car plus aucun obstacle ne s’interpose entre eux et le Seigneur. C’est ce que symbolise la mer de verre qui les soutient.
A ce moment ceux qui ont préféré les ténèbres à la lumière (Jn 3.19) vont subir les conséquences de leur choix : leurs œuvres vont être dévoilées à tous malgré eux, dans l’exécution des jugements.
5- Les harpes de Dieu
Les 144000 portaient aussi des harpes (14.1-5).
La harpe fut l’instrument de musique utilisé par David pour chasser le mauvais esprit qui était sur Saül (1 S 16.23). De même les élus, pendant cette période de la fin où les mauvais esprits se déchaînent sur le monde, ont pour mission de témoigner du calme et de la paix que Dieu donne à ceux qui le suivent.
C’est aussi au son de la harpe qu’Élisée reçut le don de prophétie devant les rois d’Israël, de Juda et d’Edom (2 R 3.15). Les saints, grâce à leur relation intime avec Dieu, connaissent ses voies et prophétisent, parlent au nom de Dieu, réalisant ainsi la prophétie de Joël 2.28, et d’Ap 10.11, 14.5-6.
Enfin la harpe est aussi associée à la joie spirituelle et profonde de la communion avec Dieu, que peuvent éprouver les élus.
1 Ch 13.8 « David et tout Israël dansaient devant Dieu de toute leur force en chantant et en jouant des harpes... »
Ps 33.1-3 «Justes, réjouissez-vous en l’Éternel, la louange sied aux hommes droits. Célébrez l’Éternel avec la harpe, célébrez-le sur le luth à dix cordes, chantez lui un cantique nouveau ! »
Ps 98.1-5 « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau !...L’Éternel a fait connaître son salut, il a révélé sa justice aux yeux des nations...Psalmodiez en l’honneur de l’Éternel avec la harpe, au son des psaumes... ».
6- Le cantique nouveau qu’entonnaient les 144000 du ch 14.3 pendant la période des avertissements, devient, maintenant que la victoire est acquise pour le peuple de Dieu, le cantique de Moïse (Dt 32) et celui de l’Agneau (v 3). Ces cantiques expriment la louange à Dieu qui est reconnu grand et admirable dans ses œuvres, juste dans toutes ses voies (v 3), et rempli de sainteté (v 4), parce qu’il a remporté la victoire et libéré son peuple. Dieu est reconnu juste par tout son peuple.
A l’ouverture du jugement céleste( ch 4), les rachetés chantaient leur reconnaissance à Dieu et à l’Agneau pour le salut obtenu par le sacrifice de Christ (7.10, 14-15) ; maintenant, après avoir compris la sentence de libération et de justification qui les concerne (11.18), ils peuvent chanter les louanges de Dieu pour la justice qu’il a rendue (v4d).
Les élus peuvent glorifier Dieu à ce moment, car ils ont, en esprit, suivi l’Agneau partout où il va (14.4) ; ils ont donc compris l’œuvre de libération spirituelle dont ils viennent de bénéficier (= la moisson du ch 14), et l’œuvre d’élimination du mal qui va commencer avec les 7 plaies (= la vendange du ch 14). Les jugements de Dieu leur ont été manifestés en esprit (v 1 : la scène se passe dans le ciel, c’est-à-dire dans la sphère spirituelle, en opposition avec la terre, sphère matérielle et concrète où se passent les fléaux), à cause de leur communion avec Dieu.
Les nations ne vont les comprendre à leur tour que lorsque ces jugements commenceront à être exécutés dans les fléaux qui leur feront prendre conscience des conséquences mortelles de leur rébellion contre Dieu, la seule source de vie. Elles seront alors contraintes de reconnaître aussi la grandeur, la justice et la sainteté de Dieu (v 4).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment participer à ce chant de louanges et d’adoration dès maintenant ? Ai-je la conviction que Jésus m’a déjà sauvé et scellé pour son royaume ?
- Ai-je reconnu les voies, les projets de Dieu à mon égard, et suis-je entré dans son plan ? Comment cela se manifeste-t-il aujourd’hui ?
- Quelle musique ma harpe joue-t-elle ? Une musique de paix, de confiance, d’amour et d’espérance, au milieu des cris de désespoir, de haine et de guerre, ou une musique accordée à celle du monde, pour ne pas se faire remarquer, ou encore une musique de condamnation et de rejet de ceux qui ne croient pas comme moi ?
B- 15. 5-8 : Le temple ouvert puis fermé
Cette partie porte le regard sur le temple de Dieu et le dernier service qui s’y déroule. Du temple ouvert (v 5) sortent sept anges (v 6), en tenue du grand sacrificateur lors du jour des Expiations : lin pur, éclatant, ceintures d’or : ils n’ont plus rien à y faire, car le service « d’expiation du sanctuaire » (= purification) est terminé. On aurait ici la réalisation du geste prophétique du rituel israélite du Jour des Expiations : le grand sacrificateur, après avoir purifié le sanctuaire en faisant l’expiation (=l’enlèvement des péchés) du tabernacle et de l’autel des parfums, sortait du sanctuaire pour imposer les mains sur la tête du bouc pour Azazel (Lév 16.20-21). Il faisait ainsi reposer sur lui la responsabilité du mal qui avait souillé le temple, avant de l’éliminer, en chassant le bouc au désert. Les sept anges, après la constitution et la purification spirituelle du peuple des élus qui constituent le sanctuaire spirituel, « céleste » de Dieu, s’apprêtent à exécuter les sentences de Dieu sur ceux qui n’ont pas voulu faire partie de ce peuple (v 7). C’est le moment de la vendange décrite en 14.18-20.
C’est pourquoi le temple est empli de fumée (v 8a), car Dieu manifeste ainsi encore une fois sa miséricorde qui est sa gloire : nul ne peut voir Dieu sans mourir (Ex 33.20), il épargne sa créature pécheresse, en voilant sa présence par la nuée. Comme la fumée avait envahi le sanctuaire terrestre au moment où il fut achevé par Moïse (Ex 40.34-38), elle emplit le temple céleste, le sanctuaire spirituel que les élus constituent, au moment où s’achève leur purification et leur scellement par l’Esprit (ch 7). Les élus, sont ainsi doublement protégés : la fumée, qui marque la présence de Dieu, fait écran entre eux et la sainteté de Dieu lui-même. Celle-ci en effet, tant que leur corps n’a pas été transformé (1 Co 15.52-53), les anéantirait, à cause de leur condition de créatures pécheresses. La présence de Dieu les garantit aussi de la contamination du péché des impies, parmi lesquels ils continuent à vivre sur la terre pendant tout le temps des plaies.
Cet écran marque aussi l’impossibilité pour quiconque de pénétrer dans le temple*, dans la présence de Dieu, sans s’être repenti (v 8b). Nul ne peut plus entrer dans l’Église*, car l’endurcissement des cœurs est tel, que personne ne veut plus se repentir, comme le ch 16 le répètera (v 9,11).
Ce chapitre 15 explique la parole de Ap 22.11 : « Que celui qui est injuste soit encore injuste, et celui qui est souillé se souille encore. Que le juste pratique encore la justice et celui qui est saint, se sanctifie encore. » Chacun poursuivra sa voie, sans changement possible d’aiguillage.
Au verset 7, les 7 coupes pleines de la colère de Dieu sont données aux anges par « l’un des quatre êtres vivants ». Nous avons vu (ch 4 et 6) qu’ils étaient les personnifications symboliques et les gardiens des quatre aspects de Dieu dans sa fonction de juge. D’après notre lecture et notre compréhension de ces passages difficiles du ch 6 où les quatre animaux ouvrent les quatre premiers sceaux et révèlent ainsi comment Dieu va exercer sa justice, ce pourrait être ici le chérubin en forme d’aigle qui donne les 7 coupes : l’aigle est le symbole de la justice exécutive. Maintenant vont commencer à être exécutées les sentences du jugement de Dieu.
Le chapitre 15 constitue l’introduction spirituelle de la séquence des sept plaies, comme nous avions aux chapitres 4 et 5 une introduction aux 7 sceaux, et au ch 8.2-6 une introduction aux 7 trompettes. Maintenant le regard de Jean va se tourner vers la terre et les plaies qui s’y déchaînent.
*Pour assimiler le sanctuaire céleste à l’Église, ensemble de tous les élus, nous nous fondons sur 1 Co 15.44-49 où les mots « spirituel et céleste » sont mis en correspondance, 1 Co 3.16 et 12.27 qui s’adressent à l’Église « temple » du Saint-Esprit et « corps de Christ », 1 Pi 4.17 qui parle du jugement de « la maison de Dieu » qu’est l’Église. A la fin du temps où la grâce peut être encore saisie par les pécheurs, tous les élus qui constituent l’Église ont été identifiés, le « corps de Christ » est au complet, « la maison de Dieu » est achevée.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont les conditions d’entrée dans le sanctuaire de Dieu ?
- Que cherche à me faire comprendre la vision des sept anges aux sept coupes pour ma vie actuelle ? De quoi ai-je besoin encore d’être purifié ?
- Est-ce avec crainte ou confiance que j’envisage cette période ultime de l’histoire du monde ? Pourquoi ?
- Chapitre 16 : Les 7 plaies ou la colère de Dieu.
(Apocalypse flamande du 15è, les anges versent les 7 coupes)
Observons
- Comment est construit ce chapitre ? Comparez avec la séquence des trompettes (8.7-9.21)
- Quelles sont les caractéristiques des 4 premières plaies ? Qui touchent-elles ? dans quel domaine ?
- Qui intervient à la 3ème plaie ? Quelles conséquences ont ces 4 plaies sur les hommes ?
- Qui sont touchés aux 5ème et 6ème plaies ? Avec quelles conséquences ?
- Quel trio retrouve-t-on à la 6ème plaie ?
- Quelle béatitude et quelle promesse divine interrompent cette 6ème plaie, v 15 ?
- Que se passe-t-il à la 7ème plaie ? Qui parle alors ? Quelle figure symbolique retrouve-t-on au v 19 ?
- Comment se conclut la séquence des plaies ?
Comprenons
La voix forte ordonnant du sanctuaire aux 7 anges de verser leurs coupes émane du trône de Dieu, pour indiquer que les sentences de son jugement vont être exécutées.
I- Comparaison avec la section des Trompettes
On y retrouve la même organisation en deux groupes :
Les 4 premières plaies touchent l’écosystème dans le même ordre que les trompettes : terre, mer, eaux douces, soleil et astres.
Les 3 dernières plaies marquent la désorganisation des systèmes économico-politico-religieux qui dominent le monde et que symbolise le trio maléfique (du dragon, de la bête, et du faux prophète v 13) qui constitue Babylone.
Les conséquences sont similaires mais décuplées : ulcères, sang, brûlures, mort, rébellion générale symbolisée par le combat d’Harmaguédon (v 16), et chute des puissances mondiales sous le nom de Babylone (v 19-20).
Pourtant on trouve des différences
- dans l’intensité et l’étendue des plaies : ce n’est plus un tiers des hommes ou de leur environnement qui est touché, mais l’ensemble (v 3, 10, 14).
- dans la nature de ceux qui sont touchés : les plaies ne touchent que ceux qui ont « la marque de la bête et adorent son image ». Les élus demeurent sous la protection spirituelle de Dieu, ce qui ne signifie sans doute pas qu’ils échappent aux désordres physiques de la terre, car ils sont solidaires de l’humanité entière. On se trouve sans doute après la persécution que les impies ont fait subir à ceux qui ne voulaient pas de cette soumission (13. 15-17 ; 11. 7-10 ; 16.6).
- dans la réaction de ceux qui sont frappés : non seulement ils ne se repentent pas (v 9 et 11 en parallèle avec 9.21), mais ils blasphèment d’abord (v 9) le nom de Dieu, qu’ils identifient comme l’auteur de leurs plaies (ils reconnaissent implicitement qu’elles sont un jugement), puis le Dieu du ciel (v 11), qui a donc autorité sur la Création dont ils font partie, enfin ils blasphèment Dieu lui-même (v 21), le seul et unique Dieu de tout l’Univers.
La section des 7 plaies insiste par trois fois (v 9, 11, 21) sur l’endurcissement des cœurs rebelles, sur leur refus volontaire de Dieu : ils ont conscience de l’existence, de l’autorité et du jugement de Dieu sur eux à travers les plaies qu’ils subissent, sans pour autant vouloir revenir à Celui que les saints leur ont annoncé pendant la période d’avertissement des trompettes.
- dans les interruptions pour expliquer l’action en cours :
v 5-6 : l’ange des eaux, celui qui a transformé les eaux douces en sang, loue le Seigneur d’avoir ainsi fait se retourner contre les bourreaux les persécutions qu’ils ont fait subir aux saints. Se réalisent ainsi les paroles de Dieu : « Qui sème le vent, récolte la tempête » (Os 8.7), et « Celui qui tuera par l’épée, mourra par l’épée » (Mt 26.52). Ce fléau est présenté comme une sorte de boomerang : la justice de Dieu est exécutée par les hommes eux-mêmes, qui subissent les conséquences de leurs meurtres, ce n’est pas Dieu l’auteur de ces fléaux !
v 7 : l’autel est celui qui au ch 8.3, chapeautait la troisième séquence, celle des trompettes. Dans les trompettes, l’ange était au-dessus de l’autel et offrait des parfums : Jésus accomplissait son service d’intercession. Maintenant, il ne fait qu’approuver la justice et la vérité de Dieu dans l’exécution de ses jugements, il n’intercède plus pour les pécheurs impies, car plus personne ne le lui demande.
v 15 : Christ intervient pour réconforter son peuple au moment du dernier assaut des rebelles contre Dieu. Face à la coalition d’Harmaguédon seront « Debout et en marche » (traduction de A. Chouraqui du mot « heureux »), « ceux qui veillent et gardent leurs vêtements », c’est-à-dire les saints qui persévèrent dans la foi de Jésus, qui se confient dans la justice que Christ leur a offerte dans sa grâce, pour cacher leur nudité ou leur état de péché (Za 3.4) ; ils peuvent rester en esprit « debout sur la montagne de verre, avec des harpes de Dieu » (15.2), glorifiant leur Sauveur qui vient « comme un voleur », à l’heure où les impies ne s’y attendent pas.
On remarque que l’ulcère de la première plaie (v 2) fait encore souffrir les hommes à la cinquième plaie (v 11). Cet ulcère correspond aux brûlures de la terre à la première trompette (8.7), et atteint ici les hommes qui ont fait allégeance à la bête. Leur soumission même provoque et entretient leur douleur, comme on aggrave son ulcère en se grattant. On peut penser que cet ulcère est moins physique que spirituel et moral : les hommes impies et idolâtres seraient remplis d’angoisse qu’ils entretiendraient constamment par leurs méfaits.
L’intensité de la douleur des peuples soumis à la bête et à son image, atteint son paroxysme avec les ténèbres de la 5ème plaie. Non seulement la servilité fait souffrir, mais elle ôte toute faculté de discernement, elle engendre la mort physique et spirituelle (v 10-11). Le trône de la bête rappelle la puissance de la première bête du ch 13.2. La puissance du système papal serait alors atteinte et spirituellement plongée dans les ténèbres.
II- Babylone
Les sixième et septième plaies sont liées et nous donnent de précieux renseignements sur Babylone, déjà citée au ch 14.8, et mentionnée à nouveau au v 19, avant d’en avoir une plus ample explication dans la sixième séquence, celle des jugements (ch 17-18) que nous verrons la semaine prochaine.
a) L’Euphrate : la 6ème coupe assèche le fleuve, comme la 6ème trompette en avait délié les 4 anges. L’Euphrate, nous l’avons dit, est interprété littéralement comme représentant le Moyen Orient, et symboliquement comme représentant les peuples de la terre plongés dans l’idolâtrie et la confusion politico-économico-spirituelle que représente Babylone (17.15 en parallèle avec 13.15-17). Comme Cyrus assécha le lit du fleuve et en détourna les eaux pour pénétrer dans la Babylone antique, la puissance dominatrice du monde en ce temps de la fin sera privée de ce qui lui donnait vie et sécurité, c’est-à-dire la soumission des peuples à son autorité (17.16-18).
b) Les trois esprits impurs (v 13) nous indiquent de qui est constituée Babylone :
- du dragon, symbole du pouvoir de Satan incarné au travers de l’Empire Romain antique (ch 12), puis des puissances politiques païennes, athées ou laïques du monde, représentées par la deuxième bête du ch 13.11, qui parle comme un dragon (!).
- de la bête, symbole du pouvoir politico-religieux de l’Empire Romain Chrétien (13.1-8), dans lequel on peut reconnaître le système de la papauté,
- du faux-prophète, que l’on peut identifier à la puissance politico-économico-religieuse appelée « image de la bête" au ch 13.15, capable d’imposer une adoration mondiale, et de contrôler l’économie de la terre entière (13.16) ; Il subit le même sort que la bête dont il imite les comportements séducteurs et tyranniques (19.20). Au moment des plaies, ces trois formes de la puissance de Satan sont alliées pour constituer Babylone, rassembler les peuples soumis à leur autorité et faire la guerre à Dieu à travers ses saints, dans un dernier combat. Elles se sépareront à la 7ème plaie (16.19), ce qui constituera la chute de Babylone décrite aux ch 17-18.
c) les rois de l’Orient (16.12)
On a cru longtemps que cette expression, lue littéralement, désignait les puissances de l’Est asiatique, et on a craint le « péril jaune », l’affrontement de l’Est et de l’Ouest, grâce à la disparition des puissances du Moyen-Orient.
Or géographiquement, dans la Bible, ce n’est pas d’Orient que vient l’ennemi pour Israël, mais du Nord : de Babylone pour atteindre Jérusalem, on remontait vers le Nord par la vallée de l’Euphrate, pour éviter le désert de Syrie, et on redescendait vers le Sud sur Israël.
Dans la Bible, l’Orient a une valeur symbolique : c’est de là que vient la Lumière. Ez 43.2 « la gloire du Dieu d’Israël s’avançait de l’Orient » Es 41.2 « Qui a suscité de l’Orient le salut ? » Es 41.25 « Il est venu de l’Orient celui qui invoque mon nom...mon élu que j’ai appelé pour le salut » (Es 42.6).
Comme Cyrus, venu de l’Orient, a pris la ville antique de Babylone, et a ainsi permis au peuple Juif en exil depuis 70 ans de rentrer à Jérusalem, ce Serviteur appelé de l’Orient pour le salut, serait Christ apparaissant sur les nuées, entouré de ses armées angéliques (19.11-14), pour délivrer son peuple de la domination de la Babylone des derniers temps. La venue des rois de l’Orient préparée par la chute de Babylone symboliserait le retour du Christ avec ses anges.
d) Harmaguédon
Ce nom mystérieux associe « Har », la Montagne, et « Meguiddo », la ville de la plaine de Jizréel, où se sont déroulés des combats sanglants depuis le début de l’histoire d’Israël. Zacharie (12.11) de même rapproche Jérusalem et Méguiddo : « En ce jour-là le deuil sera grand à Jérusalem, comme le deuil d’Hadadrimmon, dans la vallée de Méguiddon ».
Nous reproduisons ici un extrait de l’étude que fait de cette expression J. Doukhan dans son livre « Le cri du ciel », p 214-216 :
L’apôtre Jean a l’intention « de révéler par le nom le sens profond de l’affrontement... Le prophète parle de montagne de Méguiddo (Ar-Maguédon) parce qu’il pense spécifiquement à Jérusalem. Le lieu de la bataille n’est pas la vallée (géographique) de Jizréel, mais bien comme le prophète Daniel l’avait prévu (11.45), la glorieuse et sainte montagne. Tous les rois de la terre, tous les pouvoirs ici rassemblés, ne visent qu’un seul objectif : le contrôle de Jérusalem. » « Dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, Jérusalem est devenu le nom de la cité d’en-haut (Ga 4.26), chargée de tous les bonheurs et de la présence souveraine de Dieu (Heb 12.22). C’est cette Jérusalem-là que les forces de la terre veulent prendre d’assaut...dans un rejet délibéré et définitif du royaume d’en-haut. »
Or sur terre, cette Jérusalem spirituelle est représentée par le peuple des élus, des saints de Dieu. Harmaguédon symboliserait donc le dernier combat spirituel, avec ses conséquences matérielles, que la coalition des impies sous la domination des puissances de Babylone, livrera au peuple de Dieu des derniers temps (Ap 16.14, 16), et qui aboutira à sa propre destruction (v 19).
e) Le cri « C’en est fait ! » (v 17) marque l’intervention de Dieu pour arrêter ce combat contre son peuple. Dieu prend l’initiative de la fin des souffrances de son peuple. Il intervient avec puissance avant qu’il ne soit détruit par les hommes impies. En délivrant son peuple, il abandonne les rebelles à leurs luttes internes qui vont provoquer la chute rapide de Babylone par autodestruction (v 19-20), comme l’avaient prévu les prophètes Ésaïe (14.20) en s’adressant au roi de Babylone « Tu as détruit ton pays, tu as tué ton peuple », et Ézéchiel à propos du roi de Tyr (28.18) : « Je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ».
Conclusion des 7 plaies
Le chapitre 16 se termine sur l’annonce de la chute de Babylone, que la section suivante, celle des jugements, développera plus précisément (ch 17-18).
On voit que la section des 7 plaies décrit l’exécution des sentences de Dieu, en commençant par celles qui concernent les individus et les peuples soumis à Babylone.
La section des jugements concernera les responsables du mal sur la terre, dans l’ordre inverse de leur apparition dans la vision centrale (ch 12-14) : Babylone (ch 17-18), le faux prophète et la bête (19.19-21), puis le dragon ou Satan (20.10).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels sentiments provoque en moi cette prophétie du ch 16 ?
- Vais-je m’attacher à essayer d’identifier tous les protagonistes et tous les événements annoncés, au risque de me tromper et d’être déçu ? Ou bien vais-je retenir les messages de Dieu à son peuple, pour garder confiance en Lui en toutes circonstances et envisager l’avenir avec sérénité et espérance ?
- Comment mon église et moi-même pouvons-nous « veiller et garder nos vêtements » de justice et de salut, dans l’attente de notre Sauveur ? (v 15)
08:00 Publié dans Apocalypse | Lien permanent | Commentaires (0)