18/01/2019
Étude n°4, L’Agneau sur le trône ou Les symboles d’Apocalypse 4 et 5 (26 01 19)
Étude n°4, L’Agneau sur le trône ou Les symboles d’Apocalypse 4 et 5 (26 01 19)
Ch 5.6 : « Et je vis au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des anciens, un Agneau debout, qui semblait immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. »
A partir de ces chapitres 4 et 5 de la vision, nous délaisserons l’interprétation « historiciste » traditionnelle dans les Églises Adventistes : elles voient en effet dans les séquences des sceaux et des trompettes une répétition des révélations faites aux 7 Églises sur le déroulement de l’Histoire du monde (sur le modèle des prophéties de Daniel, ch 2, 7 et 8). Nous préférons donner aux images symboliques de la vision de Jean le sens que nous suggèrent les textes bibliques qui les emploient par ailleurs. D’autre part, les lieux où se déroulent les scènes des sceaux et des trompettes (ciel et terre) nous invitent à voir une simultanéité entre elles, le spirituel (=ciel) et le temporel (=terre) étant liés.
Observons
- Sur quels mots se fait le lien avec la lettre à Laodicée ? (3.20-21 et 4.1)
- Où se situe la nouvelle scène ? Que doit-elle révéler ? (v 1)
- Que nous indique la mention « je fus ravi en esprit » (v 2) sur l’orientation du sens à donner à la séquence ?
Ces deux chapitres donnent une clé pour comprendre l’Apocalypse, si nous sommes attentifs aux nombreux symboles qu’ils contiennent. Nous vous invitons à les relever, en observant leur répétition, leur place dans le texte, et leurs rôles respectifs.
A l’aide des textes parallèles de la Bible où nous retrouvons les mêmes symboles, nous tenterons ensuite d’en saisir le sens.
Comprenons
Nous ne connaissons Dieu qui est Esprit, Infini, et Éternel, que par analogie. Or aucune connaissance ne peut nous parvenir que par le moyen des sens. Dieu pour révéler les réalités spirituelles utilise donc des symboles (objets, paraboles, images, visions, etc.) perceptibles pour ses interlocuteurs du moment, ouverts à ses révélations. Les symboles de l’Apocalypse sont puisés dans ceux de l’Ancien Testament que Jean comprenait facilement, mais qu’à notre époque il faut décrypter grâce à la Bible, afin de saisir l’enseignement que Dieu veut nous dispenser (Rm 15.4).
Le chapitre 4 se relie à la lettre à Laodicée par deux mots repris en écho de la fin de la lettre, la porte (3.20) et le trône (4.1). Cette répétition indique que les deux scènes sont liées : elles se passeraient en même temps, l’une sur terre, dans le monde visible, l’autre dans le ciel, monde invisible où, par simplification, Dieu est localisé. Le nom de Laodicée signifiant étymologiquement en grec : Jugement du peuple, la porte qui s’ouvre aux yeux de Jean l’introduirait en esprit (v2) dans ce monde invisible où le jugement du peuple se déroule. Comme au ch 1.10, Jean est « ravi en esprit », il est transporté et intégré au sein même des événements spirituels (ou « célestes[1] ») futurs qui lui sont dévoilés. Il a besoin de ce transport en esprit car ces événements ne concernent pas son époque, celle de la lettre à Éphèse, mais le temps de Laodicée, Jugement du peuple, à la fin de l'Histoire de l’Église ! Nous avons là une indication précieuse pour saisir le sens de la scène qui va suivre. Ses symboles vont-ils le confirmer ?
Voici quelques exemples des symboles présents dans les ch 4 et 5 de l’Apocalypse :
Ap 4.6-8 :« Devant le trône, c’est comme une mer de verre, semblable à du cristal. Au milieu et tout autour du trône, quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière. Le premier être vivant est semblable à un lion, le second est semblable à un veau, le troisième a comme un visage d’homme, et le quatrième être vivant est semblable à un aigle en plein vol. Les quatre êtres vivants ont chacun six ailes et ils sont remplis d’yeux tout autour et en dedans. Ils ne cessent de dire jour et nuit : Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient ! »
- La mer de verre semblable à du cristal, se retrouve en Ap 15.2, où les vainqueurs de la bête peuvent se tenir debout et chanter le cantique de Moïse et de l’Agneau.
Ap 21.18 décrit la ville d’or pur de la nouvelle Jérusalem semblable à du verre pur.
Ex 24.10 : les anciens montés avec Moïse sur le mont d’Horeb « virent le Dieu d’Israël : sous ses pieds c’était comme un ouvrage de saphir étincelant, comme le ciel lui-même dans sa pureté. »
L’ensemble de ces textes insiste sur l’idée de pureté et de transparence de ce lieu, situé sous et devant le trône de Dieu porté par les quatre êtres vivants. Son qualificatif de mer renvoie à la Mer de bronze ou de fonte de 1 Rois 23,44 qui désigne le grand bassin des ablutions du parvis du temple, où les sacrificateurs se purifiaient avant d’entrer dans le Lieu-Saint. La cuve des ablutions du Tabernacle du désert avait été fabriquée avec les miroirs des femmes (Ex 38.8), en bronze poli, pour refléter à la fois le ciel même et le visage du sacrificateur qui cherchait à être purifié.
Ainsi, les vainqueurs de la bête grâce au sang de l’Agneau (Ap 15.2 ; 12.11) peuvent se tenir debout devant Dieu, car ils ont été purifiés (eau de la mer) et justifiés (voir plus loin le rôle des êtres vivants ou chérubins). Ils sont dans une relation de totale transparence (cristal) avec Dieu, car le péché ne fait plus obstacle entre eux et la sainteté de Dieu, à cause du pardon reçu.
Si la relation de chacun d’eux est transparente avec Dieu, quelles doivent être leurs relations mutuelles entre eux ? Les rachetés, scellés du sceau de l’Esprit (Ap 7.3 ; Ep 4.30) sont appelés à vivre dans la même transparence, la même authenticité de cœur et de conduite pour que, par leur amour manifesté dans le pardon mutuel, on puisse reconnaître qu’ils sont disciples de Christ (Jean 13.35).
- Les 4 êtres vivants : Outre la description des chérubins du temple (Ex 25.19 ; 1 R 6.23-28), de nombreux textes de l’ancien testament nous parlent de ces êtres appelés tantôt animaux (Ez 1.5-14, 22, 26), tantôt chérubins (Ez 10.1-7), tantôt séraphins (Es 6.1-3), tant leur allure est fantastique, semblable à celle des sphinx qui gardaient les temples et les palais de Babylone.
Tous ces textes de visions présentent les quatre êtres portant sur leurs têtes l’étendue de cristal, ou mer de verre, sur laquelle repose le trône de Dieu, dont ils sont indissociables. Ils assistent Dieu, assis sur son trône en qualité de roi et de juge, dans une œuvre de purification des lèvres du prophète Esaïe, ou d’apposition d’une marque protectrice sur les fidèles de Dieu à Jérusalem (Ez 9.2-4 ; 10.1-7).
Les êtres vivants sont au nombre de quatre pour symboliser que Dieu dans cette œuvre de jugement s’occupe de la terre (Ap 7.1), lieu donné à l’homme en gérance et en habitation (Gn 1.28). Seuls les habitants humains de la terre sont concernés par le jugement de Dieu puisqu’ils sont seuls à avoir péché et à avoir entraîné la terre sous la domination de Satan.
Les nombreux yeux de ces êtres symboliques représentent la faculté de Dieu de discerner les choses cachées, invisibles et spirituelles (2 R 6.17 ; Luc 24.31).
Examinons leurs faces :
Le lion est dans la bible, symbole d’assurance (Pr 28.1), de force (Jg 14.18), de bravoure (2 S 17.10) qui font de lui un héros victorieux (Pr 30.30-31). Cette qualité de vainqueur confère au lion de Juda, rejeton du roi David, la dignité d’ouvrir le livre aux sept sceaux (Ap 5.5) Ainsi le lion devient-il symbole de la majesté victorieuse de Jésus, qui donne à ses rachetés la victoire sur la bête du péché et de la mort.
Le veau (ou un bovidé) est l’animal des sacrifices d’alliance entre Dieu et l’homme (Gn 15.9 ; Jé 34.18-20) ou celui de l’eau d’expiation et de purification (vache rousse = couleur du sang, Nb 19.2-6). Ce chérubin personnifie la miséricorde, la compassion, l’amour du Christ qui a donné sa vie et son sang pour le pardon des péchés des hommes, et qui a ainsi scellé alliance avec ceux qui acceptent de bénéficier de ce sacrifice.
L’homme est la seule créature « à l’image de Dieu », donc douée de discernement, d’intelligence, de capacité à choisir ses lois de vie (Pr 12.8 ; 1 Co 2.14-16 ; Dt 30.19-20). Le chérubin à tête d’homme évoque la capacité du Grand Législateur et Juge (Dieu sur son trône) à discerner le bien du mal, à faire le tri, et à décider qui appartient ou non à son peuple.
L’aigle (= rapace, vautour dans la bible) exécute (Es 46.11) avec rapidité (Ha 1.8) les sentences divines sur les violateurs de la Loi (Os 8.1). Ce chérubin symboliserait la détermination et le pouvoir de Dieu d’éliminer le mal et ceux qui le commettent (Ap 11.18), dernière phase du jugement de Dieu libérateur (Jg 2.16) et réhabilitateur (1R 3.27-28) de son peuple.
Ainsi les 4 êtres vivants, porteurs du trône, symboliseraient les qualités que Dieu met en œuvre pour juger les hommes et que l’on retrouve dans Es 33.22, ou Ps 89.15 et 97.2 : justice (lion), miséricorde (veau), équité (homme), droiture (aigle), ou dignité royale du vainqueur de Satan, grâce du pardon acquis par le sacrifice de Jésus, discernement équitable du juge et pouvoir d’exécution des sentences divines.
Dès le jardin d’Eden, Dieu a annoncé son plan de salut à l’homme pécheur (Gn 3.24) : un chemin (= Jésus, Jn 14.6) vers l’arbre de vie (= la vie éternelle, Gn 3.22) lui était gardé (= conservé, même mot en Gn 2.15), montré de façon visible par l’épée de la Parole (Hb 4.12), flamboyante du feu et de la lumière de l’Esprit (Ac 2.3-4 ; Jn 16.7-14). Sur ce chemin, le pécheur ne peut éviter de rencontrer les chérubins, c’est-à-dire la justice de Dieu qui lui accorde son pardon s’il accepte le sacrifice de Christ pour lui, et qui lui donne la victoire sur le mal. Le pécheur justifié et purifié peut alors vivre une relation d’authenticité et de transparence avec son Sauveur (mer de verre, Ap 4.6), et avec ses frères rachetés (Ap 15.2) jusque dans la vie éternelle.
Il peut aussi répondre à l’appel des quatre êtres vivants en proclamant la sainteté de Dieu. Le Seigneur est trois fois Saint, d’abord parce qu’il est Éternel : « il était, il est, il vient ». L’éternité et l’incorruptibilité lui appartiennent en propre et le mettent totalement à part de la création soumise à la mort. Il est aussi trois fois saint, car il est Créateur (Dieu le Père), Sauveur (Dieu le fils) et Consolateur (Dieu l’Esprit).
- Le trône
Introduit par la promesse au vainqueur dans la lettre à Laodicée (Ap 3.21), le trône est mentionné 14 fois dans le chapitre 4, et 5 fois dans le chapitre 5. C’est dire son importance à ce moment de la vision, lorsqu’après la lettre à Laodicée (dont le nom signifie « Jugement du peuple »), une porte s’ouvre sur le monde spirituel, invisible à l’œil, mais révélé au prophète.
Classiquement le trône est le siège de l‘autorité royale. Sur ce trône est assis un personnage dont toutes les caractéristiques le désignent comme le Seigneur Dieu, créateur du ciel et de la terre (4. 11). Le personnage est tellement extraordinaire que Jean ne peut le nommer, selon le respect hébraïque dû à l’Éternel. La description qu’il en fait, à l’aide des pierres précieuses et de l’arc en ciel, est à rapprocher d’Ezéchiel 1. 26-28, où le prophète est en présence de « l’image de la gloire de l’Éternel ».
Au verset 6, viennent le rejoindre sur le trône les 4 êtres vivants, personnifications comme nous l’avons vu plus haut, des qualités de Dieu dans sa fonction de Juge. Enfin au ch 5.6 celui qui est assis aussi sur le trône, c’est l’Agneau ! La majesté divine dans toutes ses dimensions se présente aux yeux émerveillés du prophète.
Que signifie la répétition si fréquente du mot « trône » au singulier puis au pluriel, dans nos deux chapitres ? Une des fonctions du roi est de juger son peuple, pour libérer l’innocent des accusations portées contre lui, et faire appliquer ses sentences contre les coupables.
Tous les textes qui parlent de trônes au pluriel, sont situés dans un contexte de jugement :
Dn 7. 9-10 : « Je regardais pendant que l’on plaçait des trônes. Et l’Ancien des jours s’assit...Dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges s’assirent et les livres furent ouverts. »
Mt 19. 28 : « En vérité quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur 12 trônes et vous jugerez les 12 tribus d’Israël. »
Lc 22. 30 : « ...afin que vous soyez assis sur des trônes pour juger les 12 tribus d’Israël. »
Ap 20. 4a : « Et je vis des trônes, et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. »
Ap 11. 16 et 18 : « Les 24 vieillards qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes disaient...le temps est venu de juger les morts... ». La suite du texte du ch 11 indique que ce temps est celui de l’exécution des sentences qui viennent d’être rendues : le jugement a déterminé les serviteurs qui vont recevoir leur récompense, et les destructeurs de la terre, qui vont être détruits.
La répétition du mot trône au singulier et au pluriel donne donc à la scène son sens d’installation d’une sorte de tribunal où prennent place les acteurs (Dieu, les quatre êtres vivants, l’Agneau) et les témoins (les 24 anciens et les anges, 5.11) d’un jugement, placé dans le ciel pour signifier son caractère spirituel, invisible à tout un chacun, mais perçu par les yeux de la foi du visionnaire ou du croyant lecteur du livre.
- L’Agneau
L’Agneau apparaît au moment où Jean se désole que personne ne soit digne d’ouvrir le Livre aux sept sceaux (v 4), que tient Celui qui est assis sur le trône dans la scène de mise en place d’un jugement (ch 4). En réponse à ses pleurs, un ancien lui présente oralement (v 5) celui qui est digne d’ouvrir le livre, en le désignant comme le Lion de Juda, le rejeton de David. Ce sont des images utilisées par les prophètes pour symboliser les qualités du Serviteur, Fils de Dieu, Jésus : la puissance et la prééminence sur les peuples avec le lion (Ge 49.9-10 ; Hé 7.14) ; et la royauté éternelle avec le rejeton de David (Es 11.10 ; 9.6 ; Jér 23.5). Ce lion « a vaincu » pour ouvrir le livre (v 5) : Jean (16.23) fait dire à Jésus qu’il a vaincu le monde ! Le premier cavalier du 1er sceau (Ap 6.2) est parti « en vainqueur et pour vaincre ; l’Agneau en 17.14 vaincra la coalition des rois avec la bête qui le combattra.
Ce ne sont pas les seules qualités qui rendent ce personnage digne d’ouvrir le livre. Jean voit en effet ce personnage sous la forme d’Agneau assis au milieu du trône et des personnages présentés au ch 4.4, 6, comme les anciens entourant le trône et les êtres vivants siégeant au milieu du trône. Cet Agneau est donc assimilé à Celui qui est assis sur le trône (4.3), Dieu lui-même en tant que juge (voir plus haut le symbole du trône). Il partage les prérogatives de Dieu, au centre de la cour céleste, et reçoit la même adoration que lui (4.11 et 5. 8-9,12-13). C’est donc lui qui seul peut lever le secret de l’avenir et diriger les événements qui vont suivre (4.1), « conduire aux sources de la vie » ses serviteurs (ch 7.17).
En outre il possède la plénitude de la puissance (7 cornes, Zach 1.1821 ; Dan 7.24 ; 1 Pi 2.9), de la perspicacité (7 yeux) et de l’Esprit de Dieu (7 esprits de Dieu = Es 11.2) pour juger.
Pourquoi l’appeler l’Agneau immolé ? Ce nom lui donne un aspect sacrificiel, cultuel : dans l’AT, l’agneau faisait partie des sacrifices d’expiation (= d’élimination du péché) à toutes les grandes fêtes, ou quotidiennement (Lévitique 1.4). A la Pâque, fête de la délivrance de la mort et de l’esclavage d’Israël, le sang de l’agneau aspergé sur les linteaux des portes, rappelait la protection de Dieu sur les premiers-nés hébreux (Ex 12.24), et était le « signe » de l’alliance de Dieu avec son peuple. Dans ce sens Paul dit que « Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Co 5.7) L’Apocalypse emploie cette image 28 fois entre les ch 5 et 22, pour désigner le Christ caractérisé par son œuvre pour le salut du peuple (Ap 5.9), qu’Esaïe 53 avait prophétisée ainsi (Es 53.7). Cet Agneau divin a l’humilité, la patience, la douceur, l’innocence (1 Pi 1.19), que l’on prête à la jeune bête des sacrifices, et comme elle, il a été frappé « pour » l’humanité, = « à cause d’elle », « à sa place », et « en sa faveur » (Jn 1.29, 36 ; 1 Pi 1.19).
Toutes ces qualités font de lui le seul qui puisse dévoiler les noms écrits sur le livre de vie, noms qu’il connaît depuis la fondation du monde, et pour lesquels il a donné sa vie. Ces noms vont être révélés aux anges et aux anciens de la cour céleste, avant le retour de Christ en gloire. Scellés par l’Esprit (Ap 7) les derniers vivants, portant le nom de Christ, pourront subsister dans les épreuves qui appelleront la terre à se repentir (= trompettes, ch 8-11).
Pour ouvrir le livre, il ne faut ni force, ni savoir, ni puissance armée, mais la dignité que confère le sacrifice de soi par amour ! Ce ne sont ni nos mérites personnels ou ecclésiaux, ni notre connaissance des Écritures, qui nous rendent dignes du royaume, c’est le sacrifice de Christ pour nous, accepté par la foi de tout notre cœur.
L’adorer (v 10), c’est le reconnaître comme Roi et Sauveur, et c’est le servir comme « sacrificateur » (= prêtre purifié et sanctifié, Rom 12.1 ; 1 Pi 2.5,9 ; Ap 20.6) pour rendre témoignage par la louange, la prédication et une vie sanctifiée, de l’œuvre d’amour de l’Agneau qui ôte le péché du monde (Jean 1.29) et qui intercède pour les siens.
- Le livre scellé de sept sceaux, écrit en dedans et en dehors (5.1-8)
Le mot principal de ce passage est le livre (7 x). Le livre a plusieurs caractéristiques :
v 1 : il est écrit en dedans et en dehors
v 1 : il est scellé de 7 sceaux
v 3-4 : personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, n’est digne de l’ouvrir ni de le regarder (c’est-à-dire de le lire).
v 5-7 : seul l’Agneau immolé peut le prendre et l’ouvrir.
Que signifie ce livre ?
a) Ecrit en dehors et en dedans : les tables de la loi, écrites du doigt même de Dieu, étaient elles aussi gravées des deux côtés, donc ineffaçables : Exode 32.15 : « Les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de l’un et l’autre côté. » De même, les prescriptions de l’Éternel devaient être écrites à la fois dans le cœur, à l’intérieur, et, comme un signe sur les mains et le front, à l’extérieur : Deutéronome 11.18 : « Mettez dans votre cœur et dans votre âme ces paroles que je vous dis, vous les lierez comme un signe sur vos mains et elles seront comme des fronteaux entre vos yeux. » Ezéchiel (2.8-10) voit un livre « écrit en dedans et en dehors » contenant « des lamentations, des plaintes et des gémissements ». L’écriture sur les deux faces du rouleau ou de la table de pierre, est indélébile : on ne peut rien y ajouter, ni en retrancher. Ce que Dieu a écrit est vrai, inaltérable, indestructible.
b) scellé de 7 sceaux : Dieu a donc fait alliance avec les élus, les a inscrits dans son livre, dès la fondation du monde, parce que dans son omniscience, il sait à l’avance qui sera sauvé et fera partie du royaume éternel. Pourquoi ce livre est-il scellé ? Pour répondre à cette question il nous est nécessaire de nous reporter à la coutume antique des contrats d’achat dont nous parle Jérémie 10.11 : « J’écrivis un contrat, que je cachetai, je pris des témoins, et je pesai l’argent dans une balance. Je pris ensuite le contrat d’achat, celui qui était cacheté, conformément à la loi et aux usages, et celui qui était ouvert. » Ce texte est situé dans un contexte de transaction commerciale. Jérémie, à quelques mois de la chute de Jérusalem, conseille de se rendre aux Chaldéens. Mais pour adoucir ce message défaitiste, il achète un champ, pour montrer au peuple que l’espoir renaîtra. L’achat du champ se conclut par un contrat d’acquisition en deux exemplaires : l’un est scellé, signé par les deux parties et les témoins, l’autre reste ouvert, donc consultable à tout instant. Au fil du temps, cet exemplaire ouvert peut être altéré et modifié, tandis que l’exemplaire scellé servira de preuve de la véracité du contrat, en cas de contestation.
Or dans Apocalypse 5. 9 : « Tu as racheté, pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu...» il est aussi question d’un rachat par l’Agneau immolé. Alors qu’apparemment tout est perdu pour l’homme, Christ, Agneau de Dieu, rachète son droit à la vie, par son sang. On peut alors comprendre que ce contrat de rachat est écrit en deux exemplaires : un livre scellé qui correspond à la prescience de Dieu, et un livre ouvert où s’inscrivent les noms de ceux qui font alliance avec Dieu.
Dans le grand conflit qui oppose Satan et l’homme à Dieu, Dieu laisse l’homme libre de ses choix, libre de s’effacer du livre de vie ou de s’y maintenir. Lorsque le livre scellé des 7 sceaux sera ouvert, il apportera la preuve de la véracité ou du mensonge des écrits du livre ouvert de la vie des croyants. L’effacement du nom se fera au vu de notre vie et cet effacement ne peut se faire que dans un jugement, lorsque le livre scellé de 7 sceaux s’ouvrira.
Comme nous venons de l’examiner, tous les symboles principaux de la scène décrite dans les chapitres 4 et 5, nous incitent à y voir une scène d’installation d’un jugement de Dieu sur le peuple qui se réclame du sacrifice de Jésus, « l’Agneau qui ôte le péché du monde ». L’ouverture des sept sceaux se fera dans la séquence suivante que nous aborderons la semaine prochaine.
Questions pour une application dans la vie quotidienne
- Quel message d’espérance retirer de ce tableau d’installation du jugement spirituel commencé par le Seigneur avant son retour ?
- Quels symboles m’interpellent plus particulièrement ? Pourquoi ?
- Comment ma vie confirme-t-elle mon alliance avec Dieu ?
- Qu’est-ce qui me donne l’assurance que je ne serai pas effacé du Livre de Vie ?
[1] Le ciel dans le langage biblique représente le monde spirituel invisible aux yeux de la chair, quand il est en opposition à la terre, monde visible et concret. Voir 1 Cor 15.44-49, où céleste et spirituel sont synonymes, en opposition au terrestre et naturel
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11/01/2019
Étude n°3 Peuple de Dieu dans les villes, Ap 3.7-13 : Philadelphie (19 01 19)
Étude n°3 Peuple de Dieu dans les villes, Ap 3.7-13 : Philadelphie (19 01 19)
« J’ai mis devant toi une porte ouverte que nul ne peut fermer, parce que tu as peu de puissance, que tu as gardé ma parole et que tu n’as pas renié mon nom. »Ap 3.8
Observons
Le contexte
- Dans quel ensemble s’insère ce passage de l’Apocalypse ?
- Entre quelles lettres s’inscrit celle-ci ?
- Qui dicte la lettre et à qui ? Quel en est le destinataire ? Que signifie son nom en grec ?
Le texte
- V 7 : Comment se présente l’auteur ? Pourquoi ? (voir 1.18b, Es 22.22) (Ap 3.14 ; 19.11 ; 1 Jn 5.20)
- V 8 : Quelles sont les « œuvres » de l’église de Philadelphie ? Que lui promet le Saint ? Que peut symboliser la « porte ouverte que personne ne fermera » ? Quelles qualités ont amené l’Église devant cette porte ?
- V 9 : Que représentent les « Juifs menteurs » et « la synagogue de Satan » ? Quelle prédiction les concerne ?
- V 10 : Pourquoi l’Église sera-t-elle gardée dans l’épreuve ?
- V 11 : Quelle exhortation est adressée à Philadelphie ?
- V 12 : De quoi le croyant sera-t-il vainqueur ? Quelles répétitions contient ce verset ? Quelle promesse est faite au vainqueur ? Quels en sont les divers éléments ?
- Quel avertissement termine la lettre à Philadelphie, comme toutes les autres ? Quel climat cela crée-t-il ?
Comprenons
Notre passage se situe vers la fin de la première section de l’Apocalypse, consacrée aux lettres envoyées par Christ aux Églises d’Asie Mineure, par l’intermédiaire du visionnaire de Patmos, l’apôtre Jean. Prisonnier sur sa petite île, Jean reçoit la révélation du retour de Jésus (1.3,4,7,8), dans une vision qui se présente comme un film à plusieurs séquences successives ou simultanées. Dans la perspective de ce retour, Christ demande à Jean d’écrire ce qu’il a vu « ce qui est, et ce qui va se produire ensuite » (1.19). Chacune des lettres contient un message prophétique qui tient compte à la fois de « ce qui est » à l’époque de Jean sur les plans géographiques et spirituels pour ces églises, mais aussi de « ce qui va se produire » au fil du temps dans l’Église en général, qui prendra les divers aspects décrits sous les noms des 7 lettres de cette séquence. Ces messages peuvent donc symboliser outre l’état des églises apostoliques, les étapes de la foi personnelle du croyant, et l’évolution de l’Église à travers le temps jusqu’au retour de Jésus.
L’église de Philadelphie, dont le nom signifie en grec « Amour des frères », représenterait l’état de l’Église au 19è siècle, après celle de Sardes « le Reste » (17è-18è) et avant Laodicée, « Jugement du peuple » (20è et suivant), dernière église avant le retour de Jésus.
Que nous révèle cette sixième lettre sur son auteur et son destinataire ?
L’auteur se nomme lui-même « le Saint et le Véritable » : Jean(1.9) dit dans son Évangile que « Jésus était la véritable lumière », un peu plus loin, dans la lettre à Laodicée (Ap 3.14), il est l’Amen, le témoin fidèle et véritable, l’auteur de la création ». Dans Ap 19.11, le cavalier blanc au manteau rouge, s’appelle Fidèle et Véritable », et la première lettre de Jean affirme (5.20) que « nous savons que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître celui qui est le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable en son Fils Jésus-Christ. C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle ».
Comme l’église du premier siècle où sont apparues plusieurs hérésies, celle du 19è a besoin de savoir que Christ est la Vérité, le seul « Saint » (= attribut divin Ap 4.8), au moment où se développent toutes les idéologies athées (spiritisme moderne, communisme, capitalisme, évolutionnisme, etc.), les déviations théologiques (ex dogme de l’Immaculée Conception de la Vierge en 1854, l’infaillibilité doctrinale du pape) et diverses apparitions de la Vierge (Lourdes, Fatima). Ce qu’écrit le Christ à son Église doit être considéré par elle avec la plus grande attention car Christ ne peut mentir ni cautionner le mensonge !
Sa seconde caractéristique est de détenir « la clé de David » qui seule peut ouvrir et fermer. L’image est tirée d’Esaïe 22.22 : la clé du palais royal était confiée à Eliakim. Il détenait ainsi le pouvoir d’en accorder ou refuser l’accès à quiconque pour y remplir une fonction ou approcher le roi David. Ainsi Christ détient le pouvoir suprême (Mat 28.18) d’ouvrir les cœurs à son Évangile, de protéger ceux qui sont dans son royaume des exactions ou attaques de l’Adversaire en l’empêchant d’y pénétrer par ruse ou violence ; personne d’autre n’a ce pouvoir, même si ses disciples ont reçu avec Pierre (Mat 16.19-20) les clés du royaume : par leur prédication de l’Évangile, ils sont en « odeur de vie ou de mort » pour leurs auditeurs ; ils leur ouvrent les portes du salut et de l’alliance avec Dieu. Mais celles-ci restent fermées malheureusement pour ceux qui refusent de passer par la Porte qu’est Jésus, et restent liés à leur péché d’orgueil, de puissance et de refus de la Parole. Ceux qui peuvent entrer dans son Royaume ont au contraire manifesté leur humilité par la repentance et leur fidèle attachement à la Parole de Christ. .
Dans notre texte, la clé de David reprend l’attribut du Christ au milieu des chandeliers (Ap 1.18) : « je détiens les clés de la mort et du séjour des morts » : par sa résurrection Jésus a vaincu la mort, et acquis la toute-puissance de ressusciter ses disciples. C’est un grand encouragement pour l’Église souffrante et persécutée. Christ reste maître même de la puissance de mort de l’Adversaire !
Il est de plus clairvoyant sur la situation de l’Église de Philadelphie (v 8a). Les œuvres qu’il connaît sont d’après la fin du verset, plus spirituelles que matérielles : malgré son peu de force (peu nombreuse, peu de moyens), elle est restée fidèle à la Parole de Dieu et elle a porté dignement grâce aux fruits de l’Esprit en elle (Gal 5.22) le nom de Christ devant les hommes et leurs persécutions. L’Église du 19è siècle représentée sous le nom de l’église de Philadelphie, a trahi dans sa grande majorité la vérité de Christ. Une petite minorité s’attacha à l’étude des Écritures, chercha à les mettre en pratique et les répandre par amour pour les populations ignorantes de la terre entière. A cette époque s’épanouirent les Sociétés bibliques et missionnaires qui traduisirent la Bible en de nombreuses langues et la diffusèrent hors de l’Occident (voir en Afrique l’œuvre de Livingstone par exemple). C’est l’époque de l’expansion de la Bonne Nouvelle « à toutes tribus, langues et peuples » d’Ap 14.6 ! On peut comprendre ainsi géographiquement « la porte ouverte » par Christ devant son Église (v 8b) pour lui faciliter sa mission.
Mais plus symboliquement et spirituellement, cette porte ouverte peut annoncer l’ouverture à la compréhension des prophéties relatives au retour de Jésus (v 11a). C’est au 19ème siècle en effet que l’intérêt s’éveille pour ces prophéties. William Miller, un agriculteur occupe ses longs jours d’hiver à étudier le livre de Daniel, que l’ange avait ordonné de tenir fermé et « scellé jusqu’au temps de la fin, où ceux qui auraient de l’intelligence comprendraient » (Dan 12.9). N’est-ce pas ce petit livre que Jean voit ouvert dans la main de l’ange, et qu’il doit manger (Ap 10.2) ? Lorsqu’il l’a « avalé » le livre lui procure une grande joie suivie d’une grande amertume. William Miller en 1830, en étudiant (= mangeant) les prophéties de Daniel éprouva avec ceux qui le suivirent la grande joie de redécouvrir la vérité et la proximité du retour de Jésus en gloire. Il crut d’après le calcul des dates de Daniel 7-9, qu’elle était fixée en Octobre 1844. A l’échec de cette espérance la désillusion de ce petit groupe de croyants fut terrible. L’interprétation des prophéties datées fut revue et le symbolisme de la « purification du sanctuaire » fut sondé dans la Parole. C’est ainsi qu’apparut peu à peu le sens de l’œuvre spirituelle que Christ accomplissait pour les siens depuis son ascension. Le plan du sanctuaire terrestre et les fêtes du rite juif préfiguraient toute l’œuvre de Christ et son déroulement dans le temps : (voir le schéma joint) le parvis représentait l’œuvre terrestre (de l’incarnation à la mort et la résurrection) de Jésus, le Lieu-Saint son œuvre spirituelle quotidienne, par l’Esprit, depuis son ascension dans et pour son Église (lumière de l’Esprit, nourriture de la Parole, intercession des prières). Une fois l’an, le grand sacrificateur entrait dans le Lieu Très-Saint, pour accomplir la « purification du sanctuaire », c. à d. éliminer symboliquement les péchés du peuple commis dans l’année écoulée, portés devant Dieu par le sang des victimes sacrifiées pour le pardon. En répandant le sang pur d’un bouc qui n’avait pas reçu l’imposition des mains (= sur qui les péchés n’avaient pas été transférés) le grand sacrificateur ce jour-là éliminait toute trace d’impureté dans le sanctuaire. Il préfigurait la dernière phase de l’œuvre spirituelle de Christ, notre Grand Sacrificateur, pour sa Maison, juste avant son retour : le jugement de son peuple (1 Pie 4.17), c’est à dire le tri parmi ceux qui se réclament de son nom, pour rassembler ceux qui font partie de son royaume et les ressusciter à son retour. Ce jugement opère une purification, une libération définitive des accusations mensongères de Satan contre les enfants de Dieu, Christ les scellant de son Esprit et les reconnaissant comme siens (Ap 7).
La « porte ouverte » devant l’Église de Philadelphie représentait cette perspective nouvelle, cette ouverture sur la compréhension des prophéties de la fin et de l’œuvre de Jésus-Christ qui en 1844 est entré dans cette dernière phase de son œuvre symbolisée par le Lieu Très Saint, et a commencé le jugement de sa Maison. On retrouve cette « porte ouverte dans le ciel » au ch 4 de l’Apocalypse, par laquelle Jean « voit », la cour céleste qui s’est installée et assiste au jugement qui se déroule au temps de Laodicée sous la direction de l’Agneau Immolé (Ap 4-5).
Pour la première fois au v 9 de notre passage, apparaît la curieuse expression « la synagogue de Satan » où se réunissent ceux « qui se disent Juifs mais ne le sont pas, car ils mentent ». La synagogue, à défaut du Temple, est le lieu où se rassemblent les Juifs le Sabbat. Au temps de l’apôtre Jean, les chrétiens en avaient été exclus, les Juifs refusant la doctrine de Jésus en se croyant les seuls élus de Dieu parce que circoncis dans la chair. En persécutant les chrétiens ils s’étaient rendus complices de l’adversaire de Dieu et leur prétention à être les seuls vrais croyants devenait mensongère. Au 19ème siècle, face au développement des Sociétés bibliques et missionnaires des églises protestantes de toutes dénominations, les églises catholiques et orthodoxes, qui se croyaient les seules véritables, s’alliaient à leur insu avec l’Adversaire contre les Mouvements de la Réforme et du Réveil. Dans ce texte, Jésus promet à ces dernières d’être finalement reconnues comme ses enfants aimés de Dieu et persévérants dans la Parole. Il faut reconnaître que depuis cet essor de la propagation de la Parole, les églises catholiques et orthodoxes en sont venues à se pencher plus sérieusement sur les Écritures, et à les divulguer elles-mêmes parmi leurs membres.
Au v 10, Jésus affirme que l’étude persévérante de la Parole, la recherche continue de la présence de Dieu dans sa vie, permettent au croyant de rester ferme dans les temps d’épreuve. Ce dernier mot peut être pris comme synonyme de « test » ou de « révélation ». En photographie, un cliché négatif doit passer dans un bain « révélateur », pour apparaître au positif. De même tout homme en passant dans « l’épreuve » va révéler ce qu’il a dans son cœur, sa vraie personnalité et ses vraies motivations. Voir les deux mères du jugement de Salomon (1 Rois 3.16-28) : face à l’épée menaçant la vie de l’enfant, elles ont révélé leurs vrais sentiments pour lui. Il en sera de même pour chacun aux moments difficiles des temps de la fin : l’épreuve triera tous ceux qui se réclament du Fils, et tous les autres hommes ; elle déterminera les menteurs et les véridiques, ceux qui ont bâti sur le sable et ceux qui ont bâti sur le Roc (Mat 7.24-25), ceux qui tiennent fermes dans la foi et l’amour des autres (Mat 25.31-46).
Au cours de cette séquence des lettres aux Églises, on perçoit une progression de plus en plus pressante de l’annonce du retour de Jésus : A Éphèse, il avertit « Je viendrai à toi » (2.5), à Smyrne, « Je te donnerai la couronne » : ce sont des futurs lointains. A Pergame, c’est un peu plus précis avec l’adverbe (encore assez flou) « je viendrai bientôt). A Thyatire est ajoutée une idée de durée : « Tenez fermes jusqu’à ce que je vienne ». Pour Sardes, la pression devient plus grande « Je viendrai comme un voleur et tu ne sauras pas quand je viendrai te surprendre » : la surprise inattendue peut se révéler très désagréable ! A Philadelphie l’annonce est au présent, équivalant à un futur proche. Enfin à Laodicée, la proximité est immédiate : « Je me tiens à la porte… ». L’Église de Philadelphie, avant-dernière étape de l’histoire de l’Église, a pris au sérieux cette annonce et a redécouvert la vérité biblique du retour en gloire de Christ, qu’elle a diffusée depuis dans le monde entier.
V 11 : L’image de la couronne est tirée du monde sportif où le vainqueur recevait une couronne de lauriers en signe de sa victoire. La vie du chrétien est donc comparée à une course ou une lutte, dont le but ou l’enjeu est le royaume de Dieu (course = Cor 9.24-26a ; Phi 3.14 ; Héb 12.1 ; lutte = 2 Cor 9.24-26a ; Eph 6.12 ; 1 Tim 1.18 ; 6.12 ; Héb 12.4 ; etc.). Pour remporter le prix dans ces deux sports comme dans la vie chrétienne, le « sportif » doit faire preuve de volonté, d’opiniâtreté dans l’effort, de fermeté dans l’objectif à atteindre, d’exercices pour acquérir l’endurance. N’est-ce pas là les qualités que Jésus réclame de ses disciples en les suppliant de « veiller et prier » pour résister dans l’épreuve (Luc 22.46 ; Marc 14.38). A la fidélité de Dieu qui promet de le garder dans l’épreuve, répond la fidélité du disciple qui veille, prie et s’appuie sur la Parole.
Dans le temple spirituel de Dieu que constitue l’Église, le croyant fidèle aura la place d’honneur d’une colonne qui soutient le bâtiment (Es 22.23-24). Trois noms seront inscrits sur son front, donc lisibles de tous : le nom de Dieu, Père de Jésus, créateur qui reconnaît le croyant comme son enfant, le nom de la cité spirituelle de Dieu dont il fait partie comme citoyen, le nom nouveau de Jésus dont il se réclame : il est nouveau, car c’est Jésus-Christ dans sa gloire qui le lui donne. La répétition (4 fois) du « nom de mon Dieu » dans ce verset, confère à la promesse de Jésus une intimité et une assurance pleines de consolation pour le chrétien éprouvé qui compte sur la Parole « plus que les sentinelles sur le matin » (Ps 130.6).
La lettre se termine sur le même conseil avertisseur que les six autres lettres : l’Église à travers les siècles est invitée à écouter et regarder à Jésus, qui se tient à la porte du cœur et du Royaume, et qui revient bientôt !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Contre qui ou quoi ai-je à lutter dans ma vie de foi ?
- Quelle place tient la Parole de Dieu dans mes choix de vie et mes espérances ?
- Quelle porte Christ a-t-il ouverte devant moi ? L’ai-je vue et franchie ? Qu’est-ce qui me retient aveugle et immobile devant cette porte ?
- Comment ma vie révèle-t-elle le nom de celui que je sers et attend avec impatience ?
- Mon chemin de foi a-t-il atteint cette porte ouverte sur l’amour de mes frères humains ? Comment cela se voit-il ?
- Quelle image de Dieu se reflète en moi dans l’épreuve ?
- Quelle promesse de ce texte puis-je m’approprier ?
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