31/05/2019
Étude n°10, Moments difficiles dans les relations familiales, Col 3.17-25 (08 06 19)
Étude n°10, Moments difficiles dans les relations familiales, Col 3.17-25 (08 06 19)
« Si vous vous mettez en colère, ne péchez pas ; que le soleil ne se couche pas sur votre irritation » Eph 4.26
Observons
Le contexte : v 12-15, 17 : Qu’est-ce qui distingue la conduite du chrétien parmi son entourage ? Quelle en est la source ? (v 13)
Le texte :
- Quelles personnes sont concernées par l’exhortation de Paul ? (sachant que la « famille » d’autrefois était composée de tous ceux qui vivaient sous le même toit, et constituaient la « maisonnée »). Que demande Paul à chacune de ces personnes et pourquoi ?
- Relever les répétitions de mots ou d’expressions que l’on retrouve à chaque personne.
- Qu’est-ce qui rapproche esclave et maître (v 24-25) ?
- Quel lien peut-on faire entre ce passage et le précédent ?
Comprenons
Voilà un texte (ainsi que ses parallèles :Eph 5.22-6.9 ; 1 Pie 2.18 et 3.1-7) qui a bien du mal à passer aujourd’hui, parce que pris à la lettre, il va à l’encontre de toutes les conquêtes sociales de notre Occident moderne sur la condition de la femme et l’esclavagisme. Il a servi et sert encore dans certains pays, à justifier la dépendance et l’infériorité par rapport à l’homme, mari ou maître, d’une grande partie de l’humanité maintenue dans l’abaissement, l’exploitation et le mépris !
Comment en retirer un enseignement conforme à l’Esprit et aux Écritures pour nos foyers modernes ?
Il faut remarquer que
- ce texte vient en exemple d’application pratique des recommandations de l’apôtre Paul sur la conduite de celui en qui habitent le Christ et son Esprit. (V 13-14) : les élus de Dieu suivent l’exemple de Christ qui les a aimés et pardonnés, comme Lui, ils supportent (= sont un support), et pardonnent dans la douceur et l’humilité, ceux qui les ont offensés. S’épaulant réciproquement, ils cherchent avant tout à agir « au nom du Seigneur »(v 17), c’est-à-dire en se référant toujours à la personne de Jésus dont ils portent le nom, et qu’ils doivent représenter et honorer dignement, à tous moments, même les plus difficiles et conflictuels au sein du foyer familial (et/ou ecclésial !).
- La soumission de la femme à son mari (ou des esclaves à leur maîtres), que la société civile exigeait alors et encore dernièrement, n’est pas remise en cause socialement par l’apôtre (Ni lui, ni Christ, n’est directement un révolutionnaire social). Paul l’explique spirituellement par la haute valeur symbolique qu’il attribue au couple (Eph 5.22-25) : le couple est l’image et l’expression concrète de l’alliance de Dieu avec son peuple (Israël et l’Eglise). Si Christ est la tête (= le chef) du corps qu’est l’Eglise, l’Epoux aimant, dirigeant et protégeant son épouse, celle-ci ne peut que suivre sa volonté dans l’amour et l’humilité (v 14a). Il ne s’agit pas d’une soumission imposée et servile, mais d’une acceptation volontaire et raisonnée de ce que le mari propose dans la bienveillance et l’amour (v 19)…si ce n’est pas contraire à la volonté divine (Act 4.19 et 5.29) !).
- La répétition de l’idée d’aigreur et d’irritation (v 19, 21), et l’opposition avec l’action faite de « bon cœur » (v 21), convenable, agréable dans le Seigneur et pour lui, sont peut-être une clé de compréhension de ce passage demandant des relations apaisées et apaisantes au sein du foyer.
La colère, réaction inévitable dans l’homme, ne devient péché que lorsqu’elle passe à l’action contre l’autre. Elle peut et doit être maîtrisée, si l’homme vit « dans le Seigneur », s’il accepte de la remettre à Christ, s’il se réfère à l’exemple de Christ qui a toujours pratiqué la « règle d’or » (Mat 7.12) des relations humaines transformées par son Esprit : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi faites-le de même pour eux ».
Il est si courant dans un foyer de s’aigrir les uns contre les autres, de laisser échapper des paroles (commentaires, ordres, critiques) qui blessent l’autre ou le révolte, quel que soit son rôle dans la maisonnée (époux, épouse, enfant, serviteur et maître). A ces blessures et ces injustices répondent alors colère, révolte, désir de vengeance, aspiration à une liberté conquise par la force, hypocrisie (v 22) cachant les sentiments réels du cœur, écrasement, découragement, ou accablement des plus faibles. En contraste, Paul invite à regarder toujours au Seigneur, à chercher dans la simplicité de cœur et l’esprit de service, à obéir à sa loi d’amour et de justice envers tous (v 23-24), sans considération des positions sociales de chacun, car tous devant Dieu sont de la même façon aimés, pardonnés, et traités avec justice par le Seigneur Dieu. Les paroles, les attitudes et les actes dans la famille chrétienne ne sont plus le fruit des pulsions, des émotions, des réactions spontanées, émanant toutes de la nature pécheresse, mais ils sont inspirés et dirigés par l’Esprit Saint qui habite le cœur de ceux qui ont donné leur vie à leur Sauveur Jésus-Christ
Questions pour une application dans la vie chrétienne.
- Quelle atmosphère règne entre les membres de ma famille et de mon église ? Quelle y est ma part de responsabilité ?
- Que puis-je être et faire pour rétablir des relations apaisées et apaisantes autour de moi ?
- Dans un conflit familial ou ecclésial où je suis impliqué, qui dirige mes pensées et mes sentiments ? Quel objectif essayé-je d’atteindre : ma défense personnelle, ma justification, l’abaissement de l’autre, la reconnaissance de la part des autres de mon autorité, de ma propre volonté, de ma place ? Qu’est-ce qui change quand je me réfère à l’exemple de Christ (Phil 2.4-8) ?
- la colère est-elle toujours néfaste ? Quand peut-elle être bénéfique ou nécessaire ? Quand devient-elle destructrice ?
08:00 Publié dans Familles | Lien permanent | Commentaires (0)
24/05/2019
Étude n°9 Faire face à des pertes Marc 5.22-43 (01 06 19)
Étude n°9 Faire face à des pertes Marc 5.22-43 (01 06 19)
Phil 3.8 : « Je considère tout comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance de Christ, mon Seigneur. A cause de lui j’ai accepté de tout perdre, et je considère tout comme des ordures afin de gagner Christ… » (Icône écrite par Joëlle, Atelier des Tourelles, St Matthieu de Tréviers)
Observons
- V 21-24 : Quel est le contexte de ce récit ? : lieu, environnement de Jésus, personnages.
- Quelle est la situation sociale de Jaïrus ? Son attitude vis-à-vis de Jésus correspond-elle à sa situation sociale ? Que demande-t-il à Jésus ? Quels sentiments sont sous-jacents à cette demande ?
- V 25-34 : Qu’est-ce qui lie cette longue interruption du récit à l’histoire de Jaïrus ?
- Quelles sont les manifestations de foi de la femme ? Quelles sont ses craintes ? Comment Jésus y répond-il ?
- V 35-43 : Quel événement permet de reprendre l’histoire de Jaïrus ? Comment Jésus intervient-il auprès du père endeuillé v 36 ? Auprès de la foule et de la famille v 38-40 ? Comment s’adresse-t-il à la jeune fille ? Comparez avec Jaïrus au v 23 : Que peut suggérer cette différence ?
- Qu’est-ce que chaque personnage avait à perdre, si on se réfère au verset de l’en-tête de cette étude ? Que leur a apporté Jésus en compensation ?
Comprenons[1]
Les trois évangiles qui rapportent l’événement extraordinaire de la résurrection de la fille de Jaïrus, y insèrent le récit de la guérison d’une femme perdant du sang depuis douze ans, et précisent que la jeune fille de Jaïrus avait elle aussi douze ans ! Pourquoi ces coïncidences et cette mise en parallèles? Elles ne sont pas fortuites et elles mettent l’accent sur deux moments importants de la vie d’une femme, la puberté et l’approche de la ménopause. Si des traumatismes ont affecté la femme à ces moments, son psychisme et sa sexualité ont pu être bouleversés et laisser des traces durables dans sa vie. A ces tournants de sa vie, la femme éprouve des peurs profondes à la perspective d’un changement d’état important : le passage de l’enfance à l’âge adulte, ou de la capacité de maternité à la stérilité et la vieillesse.
Quels chocs (violences conjugales, viol, mépris de sa féminité, peur de la ménopause qui lui ferait perdre toute possibilité de maternité…) avait subis la femme hémorragique pour provoquer en elle une perte sanguine qui tout en la maintenant apparemment dans l’état de femme fertile, la rendait impure, intouchable, aux yeux des hommes de cette société ? Quel paradoxe ! Sa peur de la vieillesse lui faisait inconsciemment prolonger sa maturité, mais la handicapait physiquement et socialement ! Incapable de résoudre par elle-même cette contradiction, elle pense à se tourner vers Jésus, avec une foi un peu superstitieuse (toucher son vêtement pouvait guérir), mais avec audace pour braver le tabou social, les regards de la foule et même la réaction de Jésus. La femme hémorragique a décidé d’elle-même de tenter sa dernière chance pour être guérie ; bravant les interdits, surmontant sa crainte d’être découverte, elle alla vers Jésus, incognito, avec foi en sa puissance de guérison. Jésus en ne la rejetant pas et même en l’approuvant, lui redonna confiance en elle et répondit à ses efforts pour sortir de sa situation humiliante. Contre toute attente, son aveu craintif lui ouvre la porte de la guérison : Jésus répond à son geste de foi par un geste d’amour qui va plus loin que la guérison physique, il lui donne la paix de l’âme et le salut spirituel et physique : la perte de sa féminité ne lui provoque plus la peur de la vieillesse ou de la solitude : Jésus sera désormais présent dans sa vie et compensera toutes ses pertes !
En parallèle, quel amour paternel étouffant et possessif (ou même peut-être incestueux ?) empêchait la fille de Jaïrus de se développer et de passer le cap de sa puberté ? Son père ne la voyant que comme une «fillette», (Ce diminutif plein de tendresse, n’est employé que 2 fois dans le Nouveau Testament Marc 5,23 et 7,25), lui ôtait le désir de grandir, la condamnait à ne pas vivre sa vie de femme, la privait d’avenir, jusqu’à se laisser mourir.
Au contraire de la femme hémorragique qui a pris sa vie en main, la jeune fille de Jaïrus, étant allée jusqu’au bout de son renoncement à la vie d’adulte, ne pouvait que rester passive. Heureusement son entourage intervint : son père dans le désespoir de perdre sa « fillette », sans se rendre vraiment compte, comme père trop possessif, de sa propre responsabilité dans cet événement, se tourna vers Jésus, oubliant tout orgueil de chef de synagogue, et le supplia de lui imposer les mains pour qu’elle revive. Il lui fallait beaucoup d’amour pour sa fille, et beaucoup de foi en la puissance de ce Maître compatissant. Même après l’annonce par ses serviteurs de la mort de son enfant, Jaïrus, sur l’invitation de Jésus, chassa la crainte qui l’envahissait et ajouta foi à ses paroles énigmatiques: Ne crains pas, crois seulement ! Jésus mit hors de sa maison tous ceux qui par leurs cris et lamentations funèbres ou leur incrédulité railleuse, faisaient obstacle à son projet de vie. Il ne garda avec lui auprès de la jeune fille, que ceux qui l’aimaient, son père et sa mère, et ses disciples intimes qui par leur prière pouvaient Le soutenir dans cette confrontation directe avec la puissance de la mort. En la touchant, comme pour le jeune homme de Naïm, en l’appelant «Tabitha» (Jeune fille), Jésus lui redonna une vraie individualité, une indépendance existentielle, qui la séparaient de son père trop captateur, un espoir nouveau dans un avenir d’adulte; il lui redonna le souffle vital qui lui permit de se lever et de marcher vers une nouvelle vie. Pour prouver qu’elle était bien vivante et surtout l’encourager à grandir, Jésus se préoccupa de lui faire apporter à manger : elle n’était pas un pur esprit ! Ses parents au lieu de la maintenir dans l’infantilisme, devaient maintenant l’aider à grandir et à s’épanouir en adulte. Le mouvement de retour à la vie ne s’arrêtait pas là, il devait se poursuivre avec l’aide bienveillante des proches, pour que la «ressuscitée» reprenne goût à la vie, fasse le deuil de son enfance, et assume son entrée dans l’âge adulte !
Ces deux femmes, à un âge crucial de leur vie, avaient à perdre leurs craintes du changement, et leur dépendance affective ou sociale. L’intervention de Jésus dans leur vie leur a permis de dénouer les liens malsains qu’elles entretenaient avec leur entourage, et sa présence a transformé leur regard sur elles-mêmes et sur leur avenir.
Jaïrus, aussi, par son appel à Jésus, a été amené à considérer son rang social de chef de la synagogue, et son amour pour sa fille comme moins importants que ce que Jésus pouvait lui apporter, paix même devant la perte de la vie, confiance dans l’impossible de Dieu, amour paternel transformé par la vie de Jésus présent parmi les siens, espérance dans l’avenir.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment ce texte m’interpelle-t-il sur mes priorités ?
- Qu’est-ce que je crains de perdre, individuellement, familialement, socialement, amicalement, psychologiquement, et spirituellement ?
- Face à ces pertes, de quel poids pèsent ma foi, la Parole de Dieu et la prière ?
- Quelles compensations à ces pertes ai-je trouvé dans la présence de Jésus ?
- Comment être des disciples de Jésus accompagnants et réconfortants pour ceux qui perdent un être cher, ou tout espoir d’avenir ?
[1] Voir le livre « Lève-toi et va vers la vie » (Ed Empreinte) d’E. Zuber, p 145
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