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03/11/2023

Étude n°6  Motiver et préparer à la Mission Actes 1.21-2.13 (11 11 23)

Étude n°6  Motiver et préparer à la Mission Actes 1.21-2.13 (11 11 23)

« Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins….jusqu’aux extrémités de la terre » Actes 1.8

Observonspentecote2.jpg

Le Contexte :

  • A quel moment de l’histoire biblique se situe ce texte ?
  • Quelle est la préoccupation des apôtres ? Qu’est-ce qui l’a provoquée ? v 15-20

Le texte :

1.21-22: Quelle décision prennent les apôtres ? Quels sont les critères de leur choix ? De quoi les disciples doivent-ils témoigner ?

-1. 23-26 : Quel moyen utilise-t-il pour choisir entre les deux proposés ? Pourquoi ?

2.1-13: La structure comprend deux parties

1-Le don du Saint-Esprit (v 1-4): Comment se manifeste concrètement l’effusion de l’Esprit ? Quel rapport y a-t-il entre cette manifestation et ses effets sur les disciples et la foule (voir les répétitions du mot).

 -Relever tous les détails qui font de cet événement quelque chose d'insolite et de puissant : Tout à coup (= soudaineté), - Un bruit vient du ciel comme un vent impétueux dans toute la maison (sensation auditive) - Apparition de langues de feu se séparant sur chacun (sensation visuelle) - Plénitude de l'Esprit (= exaltation ?) - Don des autres langues.

Il y a contraste entre l'attitude passive des assistants assis et le bouleversement subit qu'apporte l'Esprit.

2-Le don des langues et les réactions de la foule (v 5-13)

- Relever les répétitions : sa propre langue (3x), parler (3x) ; l'idée de foule : de toutes nations, multitude, tous, les uns aux autres, énumération des contrées méditerranéennes.

- Relever les sentiments exprimés : hommes pieux, confusion ou émotion intense (v 6), hors d'eux-mêmes (v 7,12), admiration (v 7), perplexité et interrogation (v 12), moquerie (v 13).

- A quoi le Saint-Esprit prépare-t-il ainsi les disciples ?

- Quel est le sujet des paroles des disciples dans les langues étrangères ?(v 11 : Les merveilles de Dieu)

Comprenons

Le contexte : Au moment de son ascension Jésus a averti ses disciples de l’envoi du Saint-Esprit sur eux pour les rendre aptes à témoigner de lui sur toute la terre. 1.8

1.21-26 La succession de Judas : Il n’était pas question de les laisser livrés à eux-mêmes, à leurs doutes, leurs craintes ou leurs préjugés ! Les disciples attendent ensemble cet évènement promis, et commencent à agir pour reconstituer leur groupe de 12 en remplaçant Judas qui s’est disqualifié et même suicidé de désespoir.

1- La décision de remplacer Judas semble motivée par le souci des apôtres dont Pierre est le porte-parole, de :

- compléter à 12 le nombre des apôtres conformément au choix initial de Jésus, pour accomplir parfaitement la mission confiée. 12 représente symboliquement la plénitude du peuple de Dieu.

- réaliser la prophétie du Psaume 109.8, et 69.26, que Pierre cite. Dans ces psaumes l’auteur parlait de ses ennemis, ou ennemis de Dieu et de son peuple. Pierre applique ces paroles à Judas qui par sa trahison et son suicide, a refusé les appels divins et s’est montré l’ennemi du Sauveur, dont il avait pourtant reçu la mission d’apôtre !

Le souci de Pierre semble plus collectif qu’individuel : la mission de témoin de la résurrection des douze apôtres doit se poursuivre !

2- Le tirage au sort comme moyen de connaître la volonté de Dieu se rattache à la consultation de Dieu par les sacrificateurs d’autrefois au moyen des Ourim et Thummim (Exode 28.30). Lorsque Jésus était avec ses disciples, il les conseillait directement, lorsque le Saint-Esprit sera descendu sur eux, il les dirigera lui-même. Mais à ce moment intermédiaire entre l’Ascension et Pentecôte, les disciples n’avaient pas d’autres moyens de connaître la volonté de Dieu.  Ayant confié à Dieu dans la prière le résultat de ce tirage au sort, ils s’en remettaient à Lui pour diriger toute chose pour sa gloire.

Le Seigneur nous guide dans nos choix pour autant que nous soyons disposés à l’écouter et à lui obéir. Mais il ne nous dispense pas de la réflexion et de l’action pour faire un choix éclairé et judicieux.

Avant le tirage au sort, les apôtres ont réfléchi :

- à l’abandon de l’apostolat par Judas, l’un des leurs,

- à l’enseignement des Écritures au sujet de Judas,

- à la nécessité de compléter leur groupe,

- aux conditions à remplir pour être apôtre : avoir été témoin du ministère terrestre de Jésus dès le début, jusqu’à sa résurrection.

- au déroulement démocratique de ce choix : les apôtres ne voulaient imposer personne, l’assemblée devait se mettre d’accord sur deux noms, entre lesquels Dieu trancherait par le sort.

De même dans nos choix de vie, nous ne pouvons pas attendre de Dieu une intervention sans aucune participation de notre part. Réflexion sur les choix possibles, méditation des Écritures, prière, disponibilité et confiance en Dieu, engagement à lui obéir, tout cela dépend de nous.  Nous pouvons alors nous engager dans le choix retenu avec assurance, Dieu nous y conduira, même si comme pour Matthias dont on ne parle plus, l’avenir se montre obscur, et il nous fera comprendre si le choix correspondait à sa volonté.

Le choix de Matthias est issu d’une initiative humaine, que Dieu n’a pas rejetée. Mais en choisissant quelques années plus tard Paul comme treizième apôtre, contre toute attente, Dieu a manifesté sa liberté d’action et sa connaissance des cœurs pour atteindre le but de se révéler à tous les hommes pour leur salut.

3- Comment choisir ? Tous se posent cette question à un moment ou l’autre, car les choix sont importants et multiples au cours de la vie : scolarité, amitiés, avenir, loisirs, famille, vacances, musiques,  etc...Suivre ses impulsions ou attendre que les circonstances imposent un choix, sont des solutions qui ôtent la liberté et la dignité de l’homme, ainsi rabaissé au rang des animaux mus par leurs instincts et leurs émotions, et soumis à leurs conditions de vie. Depuis l’effusion de l’Esprit, le chrétien peut s’en remettre à lui pour guider ses choix, éclairés par la Parole de Dieu. Comme pour Matthias, le choix peut ne pas être celui de Dieu, mais Dieu a promis de nous accompagner jusqu’au bout ! 

2.1-13 : l’Effusion de l’Esprit

Contexte : Dans l’attente du Saint-Esprit, les Onze se réunissent dans le souci de préparer le ministère et l'apostolat que leur a confiés le Seigneur, et pour fêter la Pentecôte. Les disciples ne sont pas restés inactifs et ont entrepris l'organisation matérielle et spirituelle de leur groupe. Ils persévéraient dans la prière d'un commun accord (1.14).

Texte : La Pentecôte juive célébrait la fin des moissons, commencées à la Pâque où une gerbe de prémices était agitée devant l’autel au temple. Dieu choisit ce jour symbolique pour accorder son Esprit et débuter la moisson de son peuple qui ne s'achèvera qu'au retour de Christ. La tradition juive fixait aussi en ce jour l'anniversaire du don de la loi à Moïse sur le Sinaï. Ce don de la Loi inaugurait l’existence du peuple de Dieu distinct des autres nations. Dieu choisit ce jour de Pentecôte après l’ascension de Jésus pour inscrire sa loi dans les cœurs par son Esprit (Jé 31.33) et ainsi inaugurer le nouveau peuple de Dieu.

Malgré leur attente sans doute plus vive ce jour-là, les disciples furent surpris. Ils étaient assis, dans l'attitude de la conversation ou de la méditation, les Juifs priant debout : le Saint-Esprit surprend toujours, car il ne se laisse pas maîtriser par l'homme (Jn 3.8).

La puissance de Dieu se révèle dans les signes physiques qui accompagnent l'effusion, pour répondre à l’incapacité des gens de cette époque de concevoir les choses abstraites autrement que par des manifestations concrètes. Le vent impétueux est ce « ruah » de la Création, qui planait au-dessus des eaux, et que l'on entendait dans le tonnerre des apparitions divines. Il symbolise le souffle, l'élan, l'enthousiasme puissant qui s'empare des disciples, brise leurs résistances, leurs incompréhensions ou leurs hésitations, et les pousse à l'action pour transmettre le message du salut en Jésus-Christ.

Être empli de l'Esprit donne une impulsion, une motivation pour témoigner. C'est être pénétré dans toutes ses facultés (corps, affectivité, volonté, esprit) d'énergie, de lumière, de vie et d'amour, symbolisés par le feu, de façon à être purifié et sanctifié, rendu propre au témoignage véridique. L'Esprit sanctifie la parole humaine pour en faire un instrument de propagation de l'Évangile : c'est ce que symbolise l'apparition de langues de feu, simultanée au don des langues étrangères. Ce don fait aux disciples s'accompagne du don de comprendre fait à la foule. Sans entrer dans le débat sur la nature de ces langues (étrangères ou extatiques), on constate que tous pouvaient comprendre dans leurs langues maternelles les merveilles de Dieu louées par les disciples.

Le don des langues n'est pas donné pour la commodité des disciples mais pour une propagation immédiate et efficace de l'Évangile, dans des circonstances données : le but de ce don spirituel est de prophétiser = parler des merveilles de Dieu. Ce don est à distinguer de la plénitude de l'Esprit, qui intervient aussi à des moments précis de témoignage ou de décision, et s'apparente à la sagesse, au discernement, à l'enthousiasme et à la joie, nécessaires pour remplir la mission.

La joie qui emplit les disciples se marque dans leur enthousiasme au point de paraître ivres pour certains. Le témoignage enthousiaste de la Bonne Nouvelle provoque toujours les mêmes réactions : éveil de l'intérêt ou curiosité chez ceux qui recherchent le Seigneur, ou moquerie de ceux qui résistent et se ferment aux appels de Dieu.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Les signes puissants et concrets qui ont accompagné l'effusion de Pentecôte étaient adaptés aux mentalités et besoins de l'époque. Faut-il attendre le même genre de manifestations concrètes ? Quels seraient les signes nécessaires pour manifester aujourd’hui la présence de l’Esprit ?

- Distinguez les effets de l'Esprit sur les disciples à la Pentecôte : unité d'esprit, désir de servir, témoignage enthousiaste et approprié, reconnaissance pour les dons de Dieu, pas de discrimination d'âge, de sexe, de rang social entre les disciples (v 17-18), attention à la Parole, désir de la connaître. Ces effets sont-ils vécus dans mon église ? Quelle peut être ma participation active pour qu'ils se réalisent au sein de ma communauté ?

- Quel message le Saint-Esprit demande-t-il de propager aujourd’hui ? Comment m’y prépare-t-il ?

 

 

 

 

 

27/10/2023

Étude n°5 excuses pour éviter la mission Jonas 4.1-11 (04 11 23)

Étude n°5  Excuses pour éviter la mission Jonas 4.1-11 (04 11 23)

« Tu m’as fait remonter vivant du gouffre…le salut appartient à l’Éternel. »Jon 2.7, 10.

« Je savais que tu es un Dieu qui fais grâce, et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal » Jon 4.2

Introduction au livre de Jonas

A cause de tous ces faits miraculeux, et de l’image négative que donne le héros de lui-même et du peuple juif, la critique moderne a contesté l’authenticité du livre et de son histoire. C’est oublier que Dieu utilise ses serviteurs les prophètes pour enseigner et corriger son peuple (2 Ti 3.16), ou avertir les nations (Jr 25.20-27), et qu’il se sert de miracles pour authentifier la révélation de sa puissance et de sa miséricorde (1 Rois 18.36-39).

La nature du livre peut être envisagée de trois façons différentes :

  • c’est l’histoire réelle d’un épisode de crise de la vie du prophète en conflit avec son Dieu,
  • c’est une parabole, sans appui historique, destinée à fustiger le nationalisme juif et à révéler l’universalisme de la grâce de Dieu,
  • c’est un enseignement de la miséricorde divine, à partir d’un fait réel, présenté sous forme de parabole.

Le livre est placé parmi les livres prophétiques plus à cause de la mention du prophète Jonas (2 Rois 14.25) et du sens de son enseignement qu’à cause du style de l’écrit qui l’apparente aux paraboles et non aux prophéties. L’intérêt du livre réside en effet surtout dans le sens de son enseignement, que nous chercherons à découvrir peu à peu.

Le personnage du prophète est tiré de 2 Rois 14.25 où il apparaît sous le nom de Jonas, fils d’Amittaï, de Gath-Hépher, pour annoncer la parole de Dieu au roi Jéroboam II à Samarie. Ce roi impie (v 24) gouverna 40 ans (787-747 av JC) le royaume d’Israël (au nord de celui de Juda). Malgré son impiété, Dieu bénit son long règne par pitié pour son peuple (v 26-27) à qui il tendait une dernière perche avant l’exil, pour l’amener au repentir. Ce règne fut ainsi marqué par une prospérité et une étendue territoriale extraordinaires, comme l’avait annoncé Jonas.

Dans le livre qui porte son nom, Jonas apparaît comme un nationaliste endurci, qui refuse d’entendre le message de la bonté universelle que Dieu désire lui faire comprendre à travers ses expériences personnelles.

La leçon générale du livre se révèle dans la structure littéraire : Jonas, après être passé par des périodes de refus obstiné de la volonté de Dieu (1.4-14 ; 4.1-3), par des expériences de « mort » dans la mer (2.4-6) ou sous son ricin (4.8), a enfin compris que le salut n’était qu’en Dieu (2.10), qui prenait soin non seulement de lui, le Juif rebelle, mais aussi de tous les peuples même les plus impies comme les Ninivites (4.11) lorsqu’ils crient à Dieu leur détresse et leur repentir (2.8 et 3.6-10).

Le but que Dieu se fixe en envoyant les avertissements et les appels de ses prophètes (Amos 3.7) aux Juifs comme aux impies, n’est pas de leur faire le mal prévu dans les prophéties, mais de les inciter à revenir à lui car « Dieu ne désire pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive » (Ez 33.11). Jonas et marins.jpg

Observons Jonas 4.1-11

Le contexte : Jonas, dont le prénom signifie “ colombe “, fut contemporain d’Amos et de Joël et appartenait à la tribu de Zabulon, il était originaire de Gath-Hépher, bourgade de la Galilée à une heure au nord-est de Nazareth. Jonas prophétisa sous Jéroboam II, à une période de grande prospérité et de paix, tandis que la puissance Assyrienne vivait un déclin passager. Jonas, possédé par l’idée du particularisme juif, a du mal à comprendre que Dieu puisse se préoccuper du salut d’un peuple aussi cruel, et lui confier la mission d’avertir des gens si corrompus. A quoi bon perdre son temps et risquer sa vie ? Jonas fuit donc dans la direction opposée à bord d’un bateau, puis au cours d’une tempête il est jeté à la mer sur sa demande ; après trois jours passés dans le ventre d’un grand poisson, il crie à l’Éternel et est miraculeusement rejeté sur la terre pour accomplir la mission que Dieu lui avait confiée.

Le texte :

- Quelle est la réaction de Jonas à l’annonce du repentir de Ninive et du pardon de Dieu ? v 1

- Quelles raisons invoque-t-il à sa colère ? Pourquoi la bienveillance de Dieu l’agace-t-elle au point de vouloir mourir ? v 2

- A quoi Dieu l’invite-t-il par deux fois ? v 4 et 9. Dans quel but ?

- Qu’attend Jonas sous sa hutte ? v 5

- Que veut lui montrer Dieu dans l’épisode du ricin ? v 6-11

- Quelles excuses pour ne pas remplir sa mission trouve Jonas ?

Comprenons

Jonas reçoit un deuxième appel de la part de Dieu et annonce à la grande ville: “encore 40 jours et Ninive sera bouleversée" (littéralement). Son mes­sage oral était inspiré par Dieu (3.2) sans qu’on sache exactement ce que Dieu lui avait demandé de dire, mais cela fut interprété par le prophète comme une condamnation plus que comme un appel à la repentance. Dieu avait ordonné à son prophète d’aller porter sa parole de jugement à Ninive. C’était  une parole très brève : crier contre sa méchanceté (1.2). La parole de Jonas est aussi courte, parole d’avertissement avec un délai. Le mot traduit par « destruction » (v 4), comme Jonas espérait le voir depuis sa hutte à l’est de la ville (4.5), signifie aussi « bouleversement », comme les Ninivites semblent l’avoir aussi compris, en bouleversant leurs attitudes, leurs sentiments, et leurs pensées par un retour à Dieu (3.8). Le prophète a  la connaissance de la miséricorde de Dieu (4.2) mais n’en parle pas aux Ninivites, et ce sont eux qui curieusement comptent sur la bonté de Dieu (3.10). La participation du bétail, tout à fait irréalisable, à ces rites de repentance, n’est indiquée que pour montrer l’étendue de ce mouvement vers Dieu ! Symboliquement, l’homme dans la Bible représente le croyant, opposé à la bête, qui symbolise l’incroyant (voir la mésaventure de Nébucadnetsar, transformé en « bête » à cause de son impiété, Dan 4.29). L’association des bêtes au deuil des hommes pourrait signifier que tous, religieux ou non, viennent à Dieu, pour éviter la destruction de la ville.

Jonas, comme prophète connaissait les paroles de jugement et de condamnation de Dieu contre ceux qui vivent sans lui. Dès les dix Paroles (Ex 20.5) Dieu avait affirmé qu’il ne laisserait pas impuni l’idolâtre, synonyme de méchant dans la Bible (Dt 7.9-10). Ninive à l’époque de Jonas représentait le summum de l’idolâtrie aux yeux des Israélites. Jusqu’à Jonas ces messages de jugement étaient donnés aux peuples d’Israël et de Juda, même s’ils concernaient des nations païennes, pour encourager le peuple de Dieu opprimé par ces nations. Pour la première fois, un prophète d’Israël est envoyé délivrer son message d’avertissement directement au peuple concerné ! L’intention miséricordieuse de Dieu pour ces nations étrangères et son enseignement à son peuple seront révélés à Jonas par ses expériences personnelles rapportées dans les chapitres 1-2 et 4.

Si Jonas connaissait les paroles de jugement, il n’ignorait pas non plus les paroles de miséricorde (4.2). Mais cette possibilité du pardon de Dieu pour Ninive, était, à ses yeux, très humiliante pour son personnage : il passerait pour un « faux prophète » puisque sa prédiction ne se réaliserait pas au bout des 40 jours annoncés. (Il n’imaginait pas que le repentir de Ninive serait très bref, ni que 40 ans plus tard Ninive serait effectivement détruite par les Babyloniens). 

Le choix du bref message oral qu’il délivre dans Ninive, est révélateur de son état d’esprit, reflet de celui d’Israël à son époque envers les nations païennes. Il ne retient que la condamnation et l’espère même profondément puisque le pardon lui donne envie de mourir (4.3). Il n’a pas compris la raison du délai de 40 jours (à mettre en parallèle avec les 40 ans dans le désert du peuple hébreu, ou les 40 jours de jeûne de Jésus dans le désert), délai destiné à donner le temps nécessaire pour prendre conscience de son état devant Dieu et lui revenir complètement. Jonas est rempli des préjugés de sa propre-justice, et du privilège de faire partie du peuple élu. Refusant de reconnaître Dieu comme un Dieu d’amour envers tous les hommes, il regarde tous les autres peuples comme idolâtres, donc destinés à la destruction. Et le plus vite serait le mieux à ses yeux, pour débarrasser le monde de cette « racaille malfaisante » ! Les fruits d’un tel état d’esprit ne sont que haine, irritation, désir de mort, comme l'actualité nous le prouve ! Est-ce ce qu’on attend d’un prophète de Dieu ?Jonas sorti du poisson.jpg

Sa première expérience de la miséricorde de Dieu envers les marins idolâtres et repentis (1.14-16) ou envers lui-même, prophète rebelle sauvé des abîmes par un poisson (ch 2), ne lui a pas servi à comprendre la situation de Ninive. Il faudra une autre intervention de Dieu à propos d’un ricin, qui touche de près à son confort personnel (4.6-11), pour lui ouvrir les yeux et enfin lui permettre d’offrir à Dieu sa reconnaissance (2.10).

Alors que les Ninivites avaient un temple dédié à leur divinité Ishtar, le roi demande de “ crier avec force “ au Dieu de Jonas et de revenir de leur mauvaise voie ainsi que de leurs actes de violence. Étonnante réaction d’un peuple cruel et sanguinaire qui se repent si facilement à l’annonce faite par un prophète hébreu ! L’expérience de Jonas était certainement connue du peuple, ce qui conféra à son message une redoutable autorité, le Christ lui-même dit “que Jonas fut un signe pour les Ninivites" (Luc 11.30). Jonas a un message oral à délivrer. Mais à son insu, son histoire personnelle parle aussi du jugement de Dieu sur le prophète en fuite, réalisé par sa mise à la mer dans la tempête, et suivi du salut de Jonas rejeté vivant hors du poisson ; elle parle aussi  du salut des marins repentis, qui ont dû raconter partout leur aventure miraculeuse. Cette expérience parlait de la puissance et du pardon de son Dieu. Les païens pouvaient constater « de visu » que celui qui revient à Dieu et lui obéit reçoit le pardon et la vie. Préparés par leur sentiment très religieux, voire superstitieux, par leur respect de la divination et par le récit du vécu de Jonas, les Ninivites vont entendre les paroles de jugement du prophète comme un appel à adorer son Dieu, donc à garder la vie comme Jonas. Ils vont mieux saisir que Jonas et son peuple (Mt 12.41), l’intention qu’a Dieu en leur envoyant un prophète et en leur accordant un délai : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive (Ez 33.11) et il ne fait pas de considération de personnes (Ac 10.34-35) pour tous ceux qui croient en lui (Ac 10.43).

            Le jeûne dans l’humiliation, la repentance, et un changement de direction radical sont toujours le signe d’un retour vers le Dieu unique, en reconnaissant sa dépendance de Lui et en attendant la délivrance du poids du péché comme David (Ps 51) ou des ennemis, comme Esther, Mardochée et le peuple (Esther 4).

Le prophète rempli de lui-même devra apprendre (ch 4) à sonder son propre cœur pour y découvrir ses idoles : égoïsme, orgueil nationaliste, ressentiment contre Dieu et haine des autres. Il devra passer par la mort de ces sentiments négatifs et destructeurs de sa personne, puisqu’ils le conduisent à désirer mourir (4.3,8-9). Cette mort à lui-même lui permettra de comprendre tout l’amour et le pardon de Dieu pour lui (poisson, ricin, suscités par Dieu pour sa vie et son confort) et pour tous ceux qui se repentent et l’adorent, même si ce n’est pas dans les formes de la piété dont il a l’habitude.

Il est facile aujourd’hui aussi de prononcer des jugements de condamnation sur les autres qui ne croient pas ou ne pratiquent pas comme nous, et refuser de leur parler d’un Dieu d’amour.

Nous sentons-nous concernés par les appels au repentir que contiennent implicitement  les avertissements divins ? (Ap 8 à 9.21)Jonas furieux.jpg

Nous pouvons comme Jonas nous retirer à l’écart pour attendre le retour de Jésus qui va balayer tous ceux qui commettent le mal et dont nous estimons ne pas faire partie. Heureusement, la miséricorde de Dieu à notre égard peut parler à notre insu, au-delà de notre attitude et de nos paroles de rejet. Combien le message serait mieux perçu si nos paroles et notre vie concouraient à annoncer la bonne nouvelle du salut, c’est-à-dire  l’absence de jugement pour ceux qui se repentent et reviennent à Dieu (Jean 3.18a) ! Nous remplirions ainsi notre rôle de prophètes des derniers temps, nos fruits de repentance, de justice et d’amour permettant de nous identifier comme messagers de Dieu (Mat 7.20).

Dieu entendit la voix du peuple de Ninive, Il vit leur repentance et leur pardonna (Jo 3.10). Le texte exprime ce pardon, de façon humaine, comme si Dieu changeait d’avis envers les Ninivites. En fait son intention avait toujours été de leur offrir son pardon ! Pour leur faire entendre cette offre, il fallait seulement les interpeller de façon « musclée », les avertir par des moyens susceptibles d’être compris par des cœurs « durs d’oreilles » ! Entendons-nous les appels de Dieu à travers les événements catastrophiques de notre époque, prophétisés de longue date dans l’Apocalypse ? "Quand  vous verrez ces signes arriver, levez vos têtes car votre délivrance est proche"(Luc 21.28). Lever sa tête, n'est-ce pas regarder à Dieu en se repentant et en se confiant en sa miséricorde ?

      Dieu veut montrer à Jonas que Ses desseins d’amour sont destinés aussi aux païens et que s’Il s’est choisi un peuple, c’est afin que celui-ci apporte aux Gentils le message de repentance et de salut. Jonas ne fut pas le seul messager : Elie fut envoyé à Sarepta vers une veuve (1R 17), Elisée guérit Naaman le Syrien ( 2R. 5), Jésus va vers la Samaritaine (Jn 4) et guérit la fille d’une femme grecque d’origine syro-phénicienne (Mc 7.26-30), plus tard Pierre a une vision d’une nappe (Ac 10) où Dieu lui demande de ne pas considérer comme souillé ce qu’Il déclare comme étant pur, puis Paul et les apôtres comprennent eux aussi que le message que Dieu leur a confié ne leur appartient pas, mais est pour tous les hommes et toutes les nations (Mt 28.19). Dieu veut nous dire que, à travers tous les siècles,  “Sa Parole ne retourne pas à Lui sans effet, sans avoir exécuté Sa volonté et accompli Ses desseins » (Es 55.11)

Par ces multiples expériences de Jonas, qui lui font découvrir l’amour inconditionnel et le pardon illimité de Dieu, Dieu nous invite à distinguer la spécificité du prophète de Dieu, qui le différencie du faux prophète selon la recommandation de Paul (1 The 5.20-21) : « Ne méprisez pas les prophéties, examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ». Le faux prophète flatte les hommes à qui il s’adresse, pour en tirer profit ; ses messages, par la parole et les actes, détournent de Dieu, ou donnent une fausse image de sa personne. Le vrai messager de Dieu délivre une parole souvent peu agréable à entendre, mais quand elle est accompagnée du message de salut en Jésus-Christ, elle permet aux destinataires de rentrer en eux-mêmes, de prendre conscience de leur état de péché devant Dieu et de se tourner vers Dieu pour leur salut. Le témoignage de la vie du prophète de Dieu est en lui-même porteur de ce message de l’amour inconditionnel de Dieu.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Quels sentiments envers les autres dominent en moi ? Quels préjugés  sur moi et sur les autres, ou quelle peur des autres, me faut-il abandonner ?

 - Ai-je conscience que Dieu m’a confié un message pour que je le transmette,  qu’Il m’en fait le dépositaire et que je n’ai pas le droit de le garder pour moi ?

- Quelles excuses me trouvé-je pour ne pas remplir cette mission ?

- Pourquoi l’appel de Dieu à revenir à lui n’est-il pas entendu aujourd’hui ? Sont-ce tous ces gens étrangers à mon éducation et à ma culture qui ne sont pas prêts à entendre le dernier message que Dieu adresse à l‘humanité ? Ou est-ce moi qui ne suis pas prêt à le transmettre?