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05/04/2013

Etude n°2, Amour et jugement, le dilemme de Dieu, Osée 11.1-11 (13 04 13)


« Je guérirai leur inconstance, j’aurai pour eux un amour généreux, car ma colère s’est détournée d’eux ! » dit l’Éternel.(Os 14.5)

 

Observons Osée2.jpg

Le contexte : Le chapitre 11 termine la deuxième section des discours qu’Osée a prononcés dans son long ministère, et recueillis dans la seconde partie de son livre (ch 4-14).

La première partie de ces discours (4-6) est plutôt une exhortation, La deuxième partie (7-11)) rassemble les menaces qui pèsent sur Israël. La troisième partie (12-14) contient la promesse finale.

Mais chaque partie fait alterner menaces et promesses, comme nous le voyons au ch 11.

Le texte est construit en chiasme, ou parallélisme concentrique :

a)     v 1-4 : rappel de l’amour de Dieu pour son peuple dans le passé

b)     v 5-7 : l’indifférence du peuple entraînera sa destruction et son exil

a’) v 8-11 : la compassion de Dieu ramènera le peuple exilé

L’expression de l’amour de Dieu encadre le jugement porté sur l’ingratitude et l’inconstance du peuple..

 

Comprenons

a)                 On peut relever toutes les formules employées pour exprimer l’amour de l’Éternel pour son peuple. Comparé à un fils très jeune, Israël, appelé surtout Ephraïm par Osée, du nom de sa plus grande tribu, a été guidé dans ses premiers pas, lorsqu’il s’est constitué à la sortie d’Egypte. « Les liens d’humanité et les chaînes d’amour » qui peuvent symboliser la Loi et les grâces de Dieu accordées dans le désert, contrastent avec le « le joug » de l’esclavage dont Dieu les a libérés. Les soins de l’Éternel ont même été jusqu’à le nourrir comme un bébé, physiquement par la manne, spirituellement par la parole transmise par Moïse.

La comparaison avec un jeune enfant renvoie ici au passé d’Israël, mais peut s’appliquer à tout jeune converti, qui se trouve dans l’état de dépendance spirituelle totale vis-à-vis de Dieu. Paul dira aussi qu’il est nourri du lait spirituel de la Parole avant de pouvoir assimiler une nourriture plus solide (1 Cor 3.2), Héb 5.12). Pierre reprend la même image : Désirez comme des enfants nouveau-nés le lait non frelaté de la Parole »(1 Pie 2.2).

La marche avec Dieu du néophyte est accompagnée de sa compassion et de son attention pour une croissance spirituelle sans heurts. Mais comme un enfant inconscient des marques d’amour de ses parents, le peuple n’a pas répondu aux appels divins (v 2a) de ses prophètes ou des anges, et il s’est détourné de son Créateur pour adorer des Baals, des « maîtres ou seigneurs » bien moins attentionnés ! (v 5, 7).

b)                 La conséquence inéluctable de cet oubli du Dieu de la Vie, c’est de se priver de sa protection et de devenir la proie de son Ennemi. Celui-ci agit par puissances politiques interposées, autrefois l’Egypte, bientôt l’Assyrie qui dévastera le pays et détruira le peuple. La conception hébraïque du Dieu Unique explique que ces conséquences soient considérées comme des punitions envoyées par Dieu. Il faudra attendre Jésus et ses apôtres pour commencer timidement à comprendre que « Dieu n’éprouve personne » (éprouver et tenter sont exprimés par le même mot en hébreu, comme en grec, Jac 1.13).

a’) Cette prophétie menaçante est aussitôt suivie d’une sorte de retour de Dieu à de meilleurs sentiments ! Il ne peut concevoir de faire souffrir lui-même son peuple, de l’abandonner à son sort malheureux, comme celui des villes cananéennes détruites avec Sodome et Gomorrhe. Sa compassion et son émotion l’emportent sur tout autre sentiment, car il est un Dieu d’amour.  Très curieusement, après avoir parlé de façon anthropomorphique (comme s’il était un homme) des mouvements de son être intérieur, Dieu se déclare Tout Autre, différent de l’homme (v 9). Sa sainteté et son éternité le mettent à part de ses créatures humaines, et excluent en lui de réagir comme elles à des situations irritantes. La « colère de Dieu » contre son peuple est plus une manifestation d’amour déçu et d’inquiétude pour son sort, qu’une irritation vengeresse contre lui. La puissance de l’action divine et sa victoire sur le mal sont exprimées par le rugissement du lion (v 10). Esaïe (31.4) affirme que « comme un lion ou un lionceau rugit sur sa proie…de même l’Éternel des armées descendra pour combattre sur la montagne de Sion ». Pour Jérémie (25.30) « l’Éternel pousse des rugissements de sa demeure sainte, car il est en procès avec les nations, il entre en jugement contre toute chair, il livre les méchants à l’épée ». De même Joël (4.16) associe le rugissement de l’Éternel au Jour du Seigneur, au moment où retentit son verdict contre les nations, en faveur de son peuple dont il est « l’abri et le refuge ». Jean dans l’Apocalypse, contemple cette scène de jugement au jour du Seigneur. Sous la forme du chérubin à tête de lion, il évoque la dignité de Dieu et de l’Agneau assis sur le trône, à exercer leur fonction de Juges, car Christ, le Lion de Juda, a vaincu le mal et est parti pour vaincre, monté sur le cheval blanc du premier sceau (Ap 4.6-7 ; 5.5 ; 6.2). L’image du lion qui rugit pour représenter Dieu Juge est donc courante dans la Bible. Alors que les Nations tremblent d’épouvante et se cachent (Ap 6.15-16), le peuple de Dieu tremble de respect et de joie, et se rassemble autour de son Sauveur pour l’adorer et vivre avec lui en paix sous sa protection (Osée 11.10-11 ; Ap 7.9-17).

Osée termine donc le passage par une promesse à Israël d’un jugement qui le libèrera de ses ennemis égyptiens ou assyriens, et le rassemblera comme des oiseaux autour de lui, dans la sécurité du pays promis. Cette prophétie ne s’est jamais réalisée dans l’histoire humaine, surtout pour les dix tribus du Nord qui ont disparu dans ce premier exil. Son accomplissement total reste une espérance pour tous les croyants du monde.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-          Jusqu’à quel point dans les difficultés et les souffrances, avons-nous conscience de la présence compatissante de Dieu ? A quoi pouvons-nous la discerner ?

-          Quelle est notre responsabilité personnelle ou collective dans nos difficultés à partager la Parole de Dieu avec nos contemporains en France ou en Europe ?

-          De quoi le Seigneur nous nourrit-il ? Comment ne pas nous contenter du « lait spirituel » (représenté peut-être par notre questionnaire d’étude de la Bible, ou par divers commentaires, …dont celui-ci !!), et accéder à la « nourriture plus solide » de la Parole de Dieu elle-même?

-          Que pouvons-nous considérer comme des « sacrifices aux Baals, ou de l’encens aux statues » (v 6) dans notre culte ou nos pratiques religieuses ?

-          De quoi tremblons-nous à l’annonce du jugement proche de Dieu ?

29/03/2013

Etude n°1 : L’adultère spirituel, Osée 2.1-25 (06 04 2013)

Introduction aux études du 2ème trimestre 2013 : Les petits prophètes

 

Les livres des douze petits prophètes sont réunis dans la Bible Juive en un seul recueil, qui constitue le 4ème prophète, après Esaïe, Jérémie et Ezéchiel. Le livre de Daniel est classé parmi les livres hagiographiques (= récits biographiques des saints). Les douze livres sont les œuvres de prophètes, appelés « petits » à cause du volume réduit de leurs œuvres par rapport à celui des trois autres grands prophètes. Ils ont été rassemblés dans les écoles de prophètes qui de Samuel à Elisée ont subsisté en Israël. Ces écoles formaient des prédicateurs professionnels, et s’occupaient de copier les textes bibliques pour les transmettre de génération en génération. Sans doute après le retour de l’exil à Babylone, Esdras et Néhémie ont participé activement au rassemblement des écrits bibliques et à leur diffusion.

L’ordre des livres des douze prophètes est à peu près chronologique : d’abord ceux qui ont précédé l’intervention des Chaldéens dans l’histoire des Hébreux, jusqu’à Nahum, puis ceux de la période chaldéenne, Habacuc, Sophonie, enfin  ceux de l’époque persane, Aggée, Zacharie, Malachie.

Osée est placé en tête à cause de la longueur de son écrit et non à cause de son antériorité. Chronologiquement on devrait avoir Abdias, Joël, Amos, Osée, Michée, Jonas (?), Nahum, Sophonie, Habacuc, Aggée, Zacharie, Malachie.

 

Introduction  au livre d’Osée

Le nom de ce prophète signifie « salut, délivrance ». Il exerça son ministère dans le royaume du Nord, Israël. Juda est mentionné pour le mettre en parallèle avec Israël. Ce qui est prophétisé à Israël doit servir d’avertissement à Juda. Citoyen d’Israël, Osée émaille son hébreu d’expressions araméennes rappelant le syriaque. Son écrit s’est rapidement étendu au Sud, car Jérémie le mentionne souvent.

Osée commence son ministère sous Jéroboam II qui régna 41 ans à Samarie de 824 à 783 av JC.Ce roi descendait de Jéhu, qui avait reçu l’ordre d’Elisée d’exterminer le culte de Baal avec la famille d’Achab. Mais Jéhu n’avait accompli que la moitié de sa mission, car, s’il avait supprimé le culte de Baal,  il n’avait pas osé toucher au culte des veaux d’or de Bethel et Dan, qui existait depuis le schisme entre les deux royaumes. Il craignait en effet que le peuple privé des veaux d’or, par lesquels il se représentait l’Éternel,ne  retourne au temple à Jérusalem, et ne fasse allégeance au roi de Juda descendant légitime de David.

Dès le vivant de Jéhu les Syriens envahirent Israël (2 Rois 10.32-33). Sous son petit-fils Joas, le relèvement d’Israël commença par une victoire sur les Syriens et même sur Juda (2 Rois 13.22-25 ; 14.8-14). Jéroboam II ensuite donna au royaume prospérité, et gloire. Son royaume s’étendit de Damas à la Mer Morte. Mais à l’intérieur, le luxe et les excès amenèrent corruption et idolâtrie. Dieu patientait, fidèle à sa promesse à Jéhu que quatre de ses descendants occuperaient après lui le trône de Samarie (2 Rois 10.30). Le fils de Jéroboam, Zacharie fut assassiné au bout de six mois de règne, et sa dynastie s’éteignit avec lui. L’anarchie s’installe dans le pays, et cinq rois se succèdent rapidement. Le peuple dévoyé par la débauche , la violence et l’idolâtrie, finit par être vaincu sous le dernier roi Osée,  par les Assyriens avec Salmanasar, et déporté à l’Est en 722. Ce fut l’extinction définitive des dix tribus du Nord. (2 Rois 15.8-31 ; 17).

Le prophète Osée vécut jusqu’à ce moment-là. Comme son ministère débuta dans la seconde moitié du règne de Jéroboam II, il dura une soixantaine d’années, à l’égal sans doute d’Esaïe !

 

Etude n°1 : L’adultère spirituel, Osée 2.1-25 (06 04 2013)

« En ce jour-là, j’exaucerai, dit l’Éternel » Osée 2.23

 

ObservonsOsée2.jpg

Le contexte

Les trois premiers chapitres, écrits à la fin du règne de Jéroboam, forment une unité prophétique complète en trois parties (à la différence des chapitres suivants écrits plus tard) :

1) ch 1  : Mariage d’Osée avec Gomer

-          son épouse infidèle, image d’Israël (v 1-2)

-          ses enfants, présages de jugement  (v 3-9)

2) ch 2.1-25 : Divorce d’Osée et Gomer

a- Promesses de grâce (2.1-3)

b-     folie et misère de l’adultère (2.4-15)

a’- projet de remariage de l’Eternel (2.16-25)

3) ch 3.1-5 : Ordre de remariage donné à Osée

 

Le texte constitue la partie centrale de cet ensemble de trois chapitres. Il est lui-même construit en chiasme : deux parties de promesses encadrant une partie de reproches.

Rechercher : - à quoi est comparé le peuple (v 4-6) : quel vocabulaire le montre ?

                   - quels sont les reproches faits au peuple sous ces deux images ?

- les répétitions (v 21-22 ; 23-24) : Quels sentiments de Dieu veulent-elles mettre en valeur ?

- le parallélisme entre les versets 3 et 25

 

Comprenons

Contexte :

 Le chapitre 1 introduit pour la première fois dans la Bible l’image de l’adultère pour symboliser le péché d’idolâtrie  du peuple. Cette image symbolique sera reprise par Jérémie (3.8-9) et Ezéchiel 23. Souvent confondue ou jointe à l’image de la prostitution, elle est plus parlante encore, car elle insiste sur la relation d’alliance entre Dieu et le peuple. Osée la porte à son paroxysme en devant vivre concrètement une alliance considérée comme impure pour un homme de Dieu avec une femme prostituée, puis adultère, pour apprendre ce qu’est l’amour divin. Il a d’elle trois enfants dont les noms symbolisent le jugement de Dieu sur son peuple, puis le rétablissement d’Israël. Par cet amour inattendu, Dieu ordonne à Osée de faire comprendre à son peuple combien le choix qu’Il a fait de s’allier à lui, était gratuit, immérité (voir Dt 7.7-8), mais aussi comment après L’avoir renié, il est appelé à nouveau à vivre comme ses enfants (2.1-3).

On ne sait si ce mariage contre nature fut réellement vécu par Osée en signe prophétique, ou s’il ne fut qu’une parabole. Dans ce cas, l’histoire aurait moins  d’impact sur le prophète lui-même et sur le peuple.

De ce mariage naissent trois enfants, aux noms prophétiques. Jizreel signifie  « Dieu sème, ou disperse », Lo-Rouhama « Pas de compassion », Lo-Ammi « Pas mon peuple ». Par ces noms Dieu déclarait à son peuple le sort qui l’attendait à la suite de son infidélité à son alliance avec Lui, comparée à un adultère, au profit d’ « amants », c’est-à-dire d’idoles de faux dieux.

Les noms des enfants ayant tous trois un sens symbolique, on est en droit de penser que celui de Gomer, fille de Diblaïm est aussi chargé de sens., pour exprimer le plus profond dégoût qu’elle inspire à cause de sa prostitution. Gomer signifierait « Consommation » et « Diblaïm » serait un jeu de mots entre les « gâteaux de figues ou de raisins » pour évoquer son goût pour la jouissance sensuelle, et  « le fumier, la fiente », pour signifier ce qu’il y a de plus impur.

Le chapitre 3 contrairement à ce que pensent plusieurs commentateurs, n’est pas une poursuite de l’histoire d’Osée à qui Dieu demanderait d’épouser une autre femme, après son divorce avec Gomer. C’est simplement la reprise de la même histoire que dans les deux chapitres précédents, plus résumée, et surtout avec des explications claires données par l’Éternel lui-même sur son sens symbolique et spirituel. Osée, incarnant symboliquement  Dieu lui-même, doit « racheter » sa femme au prix d’un esclave, moitié en argent , moitié en nature. La somme totale équivaut au prix auquel les chefs des Juifs estimeront la valeur de Jésus (Mat 27.15). Or, Jésus, devenu esclave par amour pour nous (Phi 2.7) a payé de sa vie le rachat de la nôtre. Comme son peuple d’Israël, nous croyons encore souvent servir et adorer l’Éternel sous la forme d’un culte idolâtre de nous-mêmes, ou d’images de Dieu, créées de toutes pièces par notre imagination.

Dans l’histoire d’Osée, le rachat de la femme ne la restitue pas tout de suite dans ses droits d’épouse. L’alliance n’est pas rompue, mais les deux époux  ne vivent plus ensemble (3.3), car l’épouse Israël traverse une période de solitude dans le désert (2.16 ; 3.4) ; la privation de temple, de roi, de culte, doit amener le peuple à rechercher son Dieu plus intensément. Symbole de la vie d’Israël en exil après l’invasion des Assyriens en 722, et des Babyloniens en 586 av JC, puis dispersé dans la diaspora après le destruction du temple de Jérusalem en 70 ap JC, cette traversée du désert aboutit « dans la suite des temps » au retour à Dieu d’un peuple humble et confiant dans l’amour de son Dieu (3.5), comme l’apôtre Paul l’espèrera (Rom 11.25-26).

 

Le texte

Le chapitre 2 au centre de ce chiasme, détaille les faits importants de cette histoire d’adultère spirituel.

a) La menace qui pèse sur Israël au ch 1 s’accompagne d’une promesse (2.1-3), comme Osée a l’habitude de faire dans tout son écrit. Il ne veut pas laisser les pécheurs dans le désespoir, il les appelle, qu’ils soient d’Israël ou de Juda, à se réunir sous un même chef (2.2 ; 3.5) descendant de David, et à recevoir la grâce, le pardon de leur Seigneur (2.1 et 3), pour sortir de l’exil (2.2).

Au-delà de l’accomplissement historique partiel du retour de Babylone, nous pouvons voir dans cette promesse une prophétie messianique et eschatologique, du rassemblement de tout le peuple des croyants autour de Christ : « Ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : le libérateur viendra de Sion, il détournera de Jacob les impiétés ; telle sera mon alliance avec eux lorsque j’ôterai leur péché » Rom 11.25-26).   

b) La partie centrale de notre texte (2.4-15) détaille sous les figures de Gomer et

Osée, le divorce d’Israël et de son Dieu. Les individus, enfants du peuple sont appelés à prendre conscience de la culpabilité collective et du divorce avec Dieu que leurs infidélités ont provoqué. Dieu « met à nu » son épouse, en révélant ses fautes, sa faiblesse, ses idolâtries (v 4-5).

De l’image de la femme, le prophète glisse à l’image de la terre qui va être dépouillée de sa fertilité et de ses eaux pour devenir désertique, aride et assoiffée. Historiquement, c’est la menace de la destruction du royaume d’Israël, puis de Juda, détruits ou exilés, par les Assyriens et les Chaldéens. Prophétiquement, c’est aussi l’annonce du désert spirituel dans lequel restera longtemps le peuple d’Israël après le rejet de son Messie (2.6 est parallèle à 2.16 et 3.4).

 

A partir du v 7 la comparaison avec la femme adultère reprend.

 La prostitution de Gomer ou son adultère sont symboles de l’idolâtrie du peuple qui s’est tourné vers d’autres dieux (= amants), en croyant dépendre d’eux pour sa subsistance (2.7,10). Le  divorce d’Osée (2.4) consacre la rupture du peuple avec Dieu, qui par les conséquences de cette rupture, soif (2.6), errance (8) solitude (9a), malheur (13-15), esclavage (3.2), fera sentir à son peuple son besoin d’alliance avec lui (9b). Ce verset placé au milieu de ce paragraphe consacré à l’adultère, en éclaire l’objective. Les épreuves ne sont pas des punitions divines, mais les conséquences du péché, qui peuvent provoquer  chez le pécheur un retour sur soi et une démarche vers son Père, comme Jésus l’a si clairement fait comprendre avec la parabole du fils prodigue (Luc 15). Le séjour au désert (2.16) ou en exil (3.4) permettra au peuple de reconnaître sa dépendance de Dieu (2.9) et la douceur de la relation avec lui (3.5).

Les versets 10-15 constituent l’explication des versets 4-7. Toutes les faveurs de Dieu à la terre d’Israël ont été attribuées aux idoles cananéennes de la fertilité ou à Baal. Le verset 11peut aussi s’interpréter symboliquement : huile, blé, vin, laine et lin, représentent non seulement les richesses naturelles d’Israël, mais aussi ses richesses spirituelles, la foi et la grâce divine, dont Dieu le revêtait pour couvrir son péché (voir la même image du fin lin en Ap 19.8). Dieu espère que Israël, privé de cette richesse spirituelle à cause de son oubli de l’Éternel, sera plus disposé à l’écouter.

a’) A partir du verset 16, la troisième partie de notre texte, Dieu révèle tout son amour pour son peuple bien-aimé malgré son infidélité.  Dieu désire renouer la relation rompue, conclure une nouvelle alliance avec son peuple. Mais pour que ce désir soit partagé et non imposé, une retraite dans le désert est nécessaire (v 16-17). Dans la solitude, et le dénuement, symbolisés ici par le désert et la vallée d’Akor (Jos 7.25-26),  le peuple pourra entendre dans son coeur la voix de son Epoux, et retrouver son premier amour de jeunesse, lorsqu’il sortit d’Egypte.

Une perspective eschatologique est annoncée par les mots « en ce jour-là » répétés trois fois, et « après cela » (2.23 ; 3.5), pour évoquer la nouvelle alliance éternelle avec Dieu, dans un pays apaisé, sûr et fertile (v 20), parce que c’est l’Éternel qui exaucera toutes les prières des hommes et de la terre. (v 24). La nouvelle alliance est symbolisée par le jeu de mots sur le sens de « Baal »(v 18) : comme nom propre, il désigne le dieu cananéen de la fertilité, cruel et exigeant (on lui sacrifiait des enfants pour obtenir ses faveurs). Israël en pleine confusion d’idolâtrie, l’honorait en parallèle ou à la place de l’Éternel. Comme nom commun il signifie « maître » pour l’esclave, « mari » pour la femme. Israël ne voudra plus appeler Dieu de ce nom, car il ne se considèrera plus comme esclave, mais comme lié par des liens d’amour avec son Dieu (v 18-19) compatissant et miséricordieux (v 25).

Au centre des trois répétitions de l’expression « en ce temps-là », qui désigne pour les prophètes les temps de la fin, apparaît la déclaration d’amour de Dieu (v 21-22). Les qualités de Dieu, mentionnées dans le verset 21, justice et droit, loyauté et compassion, sont pour le psalmiste (Ps 89.15 ; 97.2) « la base du trône de Dieu ». Or Ezéchiel a vu ce trône soutenu par les quatre chérubins (Ez 1.26 ; 10.1) intervenant lors du jugement sur Jérusalem. On peut en déduire que les chérubins personnalisent ces qualités que Dieu met en œuvre pour juger les pécheurs. La promesse de fiançailles, répétée 4 fois (v 21-22) est une réhabilitation, une union retrouvée à cause de la justice de Dieu accordée au pécheur pardonné avec compassion par Dieu. Celui-ci agit en faveur de son peuple avec fidélité, loyauté et droiture, éliminant le mal pour une libération complète. Les chérubins d’Apocalypse 4 et 5 reprennent ce symbolisme du processus de la grâce divine accordée aux pécheurs repentants au moment du jugement préliminaire au retour du Seigneur. Le jugement de la femme adultère par Jésus est une illustration de la grâce accordée par la compassion divine.

Comblé par cette grâce, le peuple pourra « connaître l’Éternel », c’est-à-dire au sens biblique, avoir une relation intime d’amour partagé avec Lui (v 22).

Le changement des noms des enfants de Gomer, repris au dernier verset est le signe du renouveau des cœurs et de l’union heureuse avec Dieu.

Le chapitre 2 se termine comme il avait commencé par une promesse extraordinaire de vie et d’harmonie retrouvées, après des infidélités spirituelles et un temps de désert salutaire. Nous pouvons y voir l’histoire du peuple d’Israël, comblé des bénédictions de la première alliance, mais devenu adultère par ses idolâtries, envoyé en exil, avec l’espérance d’un retour en grâce et d’une nouvelle alliance. Nous pouvons aussi y discerner l’histoire prophétique de l’Eglise et de l’humanité, qui suivent un chemin semblable, même dans la nouvelle alliance avec JC, à qui Dieu promet une nouvelle vie purifiée, et soumise à un seul chef, Jésus-Christ ( 2.2), comme nous le fait espérer la vision des Noces de l’Agneau d’Apocalypse 19.

Ainsi, dans ces trois premiers chapitres,  s’entremêlent l’histoire de Dieu avec son peuple, et l’histoire d’Osée avec Gomer. Le vécu du prophète sert d’enseignement à Israël et appuie ses appels à la repentance et au retour à Dieu. Si l’histoire d’Osée s’inscrit dans le temps d’une vie humaine, celle de Dieu avec Israël s’étend à travers les siècles. Dieu y révèle son amour inconditionnel et aussi les conséquences douloureuses de l’indifférence, du refus de Dieu, ou des idolâtries du peuple : exil en Assyrie en 722, puis plus tard dans la diaspora mondiale après la destruction du temple en 70 ap JC (3.4). Un espoir de retour est laissé dans la suite des temps (3.5b), où Dieu pourra à nouveau répandre toutes ses bénédictions (2.23-25), après qu’il aura racheté son peuple en Jésus-Christ (3.2) et qu’il l’aura ramené à lui (3.5).

 

 Questions pour une application dans la vie chrétienne

  1. Quelles idoles modernes m’éloignent et me séparent de Dieu ? Comment abattre ces idoles ?
  2. Comment puis-je accueillir les moments de difficultés ou de désert spirituel comme indispensables pour me rappeler la nécessité de revenir à Dieu (2.9).
  3. Comment ma vie peut-elle, à l’exemple de celle d’Osée,  être une parabole de l’amour de Dieu pour les autres ?
  4. Quelles révélations sur Dieu ce texte nous fait-il découvrir ? En quoi peuvent-elles modifier notre regard sur le jugement de Dieu à l’égard de son peuple et de l’Eglise ? A quoi cela nous engage-t-il envers les autres croyants ou non-croyants ? (voir le jugement des Nations de Mat 25, en sachant que pour les Juifs le mot « Nations » désignait les peuples non-Juifs) ?
  5. Quelle espérance nourrit notre foi pour vivre « ces temps-là » ?