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15/05/2020

Étude n°8 Fondements 1 Genèse 1-2.3 (23 05 20) 

Étude n°8 Fondements 1 Genèse 1-2.3 (23 05 20)             

(Illustration de Zabou : Création par la Parole)    Zabou Création par la Parole.jpg            

« Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes.» Jean 1.1-4 

Introduction

Pour étudier ce texte poétique, en nous en tenant à la méthode de lecture et d’interprétation que nous avons vue la semaine dernière, nous avons privilégié une étude globale pour faire ressortir l’enseignement spirituel (= concernant la relation avec Dieu) qu’il contient. Nous avons fait suivre l'étude du texte, d'un commentaire sur l'enseignement qu'il donne au sujet du sabbat.

Ce premier récit de la Création est une véritable œuvre d’art, construit très harmonieusement. Il a une portée avant tout pédagogique. En aucun cas il ne se veut scientifique, ou historique expliquant le « comment » des choses. Il est, en effet, organisé pour faire saisir le « pourquoi » de  ce que l’homme peut voir dans son environnement. 

Observons

- Quels sont les premiers mots du livre ? Quelle signification cela suggère-t-il à l’homme ?

- Quelle est la personne centrale de ce chapitre ? Relevez toutes ses actions : quelles différences remarquez-vous entre la création des habitants de la terre et celle de l’humain ? Qu’est-ce qui distingue l’humain (voir le centre du v 27) ? Quelle mission lui est confiée ? De quoi se soucie Dieu pour ses créatures (v 29-30) ? Comment conclut-il l’œuvre de ces six jours (v 31 et 2.1) ?

- Comment le septième jour se distingue-t-il des autres ? - Le septième jour (2.2-3) : quelle est la construction hébraïque de la phrase  au verset 2 (relever les répétitions)? Que met-elle en valeur au centre ? Que signifie le verbe hébreu d’où est tiré le nom de ce jour ? Que fit Dieu ce jour-là( v 3) ? Quel sens ont les verbes ? Quelle valeur donnent-ils à ce jour ? 

Remarquez comment le texte est construit :

Un premier verset qui est un résumé de ce qui est détaillé ensuite, selon la coutume des récits bibliques, un dernier verset (2.4a) que l’on peut considérer soit comme la conclusion du premier récit de la Création, soit comme l’introduction du second récit.  

Entre ces deux versets, le texte se découpe selon les jours de la semaine rythmés par les refrains : Il y eut un soir et un matin... et les répétitions : Dieu dit = 10 fois, Dieu appela = 5 fois, Il en fut ainsi = 5 fois, créer, Dieu vit que cela était (très) bon = 7 fois ; Dieu bénit = 3 fois, si l’on joint les versets 2. 1-3 au chapitre 1. 

On constate en outre que les trois premiers jours sont consacrés aux espaces habitables, les trois jours suivants, à leurs habitants. Dans l’énumération suivante, il est intéressant de remarquer qu’à chaque espace correspond une catégorie d’habitants : les points 1 et 4, 2 et 5, 3 et 6, se correspondent :  

Espaces habitables :

Habitants :

1- Lumière (séparation d’avec les ténèbres)

 

4- Points lumineux (soleil, lune, astres)

2- Ciel (séparation des eaux d’en-haut = air, des eaux d’en-bas = mer)

5- Oiseaux et créatures aquatiques

3- Terres sèches (séparation d’avec les eaux marines) et végétation

6- Monde animal (bétail, reptiles, animaux sauvages, et les humains)

 Comprenons

Par le récit de la Création, tel que Moïse en a reçu la révélation, Dieu a voulu rétablir la vérité sur Lui, sur l’homme, sur l’univers, en opposition avec les conceptions idolâtres des civilisations de l’époque de Moïse et de toutes les époques jusqu’à la nôtre ! Il a voulu montrer que la Création ne pouvait être l’œuvre que de quelqu’un d’intelligent, de sage, qui savait ce qu’il entreprenait, et avait un but précis : l’épanouissement de la vie et de l’homme sur la terre, dans une relation étroite avec Lui.  

Nous allons voir comment ce message est transmis dans le texte de Genèse 1 : 

Enseignements sur Dieu

Les premiers mots « Au commencement, Dieu créa… » cherchent à faire comprendre à l’homme que toute l’histoire de la Création et de l’humain remonte à Dieu, qu’il n’a pas besoin de se préoccuper de ce qui est en deçà, et que Dieu maîtrise son avenir. Mais il n’y a pas ici introduction d’un récit historique, au sens où on entend aujourd’hui l’Histoire, comme le rapport objectif et chronologique de faits passés dûment constatés par des témoins directs. Ce récit est une révélation de Dieu sur les origines du monde dont nul n’a été témoin ! Dieu use de sa liberté pour nous révéler ces réalités qui nous dépassent, de la façon la plus adaptée au niveau de compréhension de l’homme, à l’époque de Moïse. Il nous faut donc aborder le texte avec respect et discernement des enseignements divins et non en le figeant dans une lecture littérale historique qui enfermerait Dieu dans des conceptions humaines limitées.

Les répétitions du verbe « dire » insistent sur la Parole et ses effets. Pour Dieu, parler est une véritable action qui permet la venue à l’existence de toute chose. Voir les deux textes complémentaires de Ps 33.9 et Jn 1.1-3.

L’homme n’a pas cette capacité de créer la matière et la vie rien que par la parole. Si la parole humaine a beaucoup de puissance bénéfique ou maléfique : compliment qui fait plaisir, encouragement qui redonne le moral, ou injure qui blesse, discours qui trompe et donne de faux espoirs, etc. elle n’a d’effets que sur l’esprit des gens, mais par sur la matière, car l’homme ne peut pas créer, il peut seulement transformer la matière en la manipulant. Dieu se montre ainsi bien supérieur à l’homme !

Les mots « créer » et « Dieu vit que cela était (très) bon » se retrouvent 7 fois. C’est sur ce chiffre qu’est fondée la semaine donnée à l’homme comme repère de temps. Dieu veut signifier par là que ce qu’il a conçu, puis créé, était parfait (symbole du chiffre 7), et correspondait à ses intentions de bonheur pour l’homme sur la terre. Ce chiffre est un peu comme la marque de qualité que Dieu appose sur son œuvre. 

Premier enseignement du récit : Dieu crée tout parfaitement par sa Parole

c) Un problème chronologique et logique, selon notre expérience des phénomènes de photosynthèse, est posé par  l’ordre des créations : la lumière et la végétation apparaissent le 1er et le 3ème jour, avant les astres (4ème jour) qui indiquent les saisons, les jours et les nuits. Cela met en évidence que le texte n’est pas un rapport scientifique ni historique, il veut apprendre quelque chose sur Dieu : Il est la lumière nécessaire à toute vie (Jn 1.4).

Le verset 2 commence le récit  par un tableau de ce qui existait au moment où Dieu organisa la terre pour la vie de l’homme. Ce verset permet de penser qu’il y eut un laps de temps indéterminé entre la création de la matière et son organisation pour la vie.

Le texte indique aussi qu’il y avait des ténèbres. D’où venaient-elles ? C’est comme si l’auteur voulait nous dire qu’elles ne venaient pas de Dieu (comme le mot « ténèbres » employé par Jean dans son prologue de l’Évangile le laisse entendre), mais que l’Esprit de Dieu les maîtrisait. C’est un indice précieux de l’existence du Mal antérieure à la création de notre monde, qu’on peut rapprocher des textes  d’Esaïe 14.12-15, Ezéchiel 28.14-19, et Apocalypse 12.7-9, pour tenter de comprendre la rébellion de Satan, prince des ténèbres, contre Dieu.

Que la lumière soit ! (v 3): en opposition aux ténèbres, le texte révèle que là où Dieu se manifeste, jaillit la lumière. Si on veut travailler dans un endroit, il faut de la lumière, pour distinguer les objets. La lumière donne la possibilité de prendre conscience des choses. Ainsi nous pouvons comprendre comment sur le plan psychologique et spirituel, Dieu dans sa Parole est lumière pour nous : Il nous  permet de prendre conscience de notre état devant Lui, et nous révèle les moyens de rester en communication avec Lui. Le récit ne donne là aucun renseignement scientifique ou historique, mais il se place au niveau spirituel.

 c) Le processus de création suivi par Dieu est celui d’une œuvre d’art : il y a d’abord création du cadre avec les éléments essentiels à la vie : lumière, air, eau, terre, végétation et temps. L’air est indiqué dans la Bible comme « l’étendue ». Les Anciens considéraient que cette étendue, ou atmosphère, était la frontière entre les eaux qui sont au-dessus et les eaux qui sont au-dessous, c’est-à-dire celles de la terre. Ils expliquaient ainsi la présence de l’eau de pluie, de la brume et des nuages dans l’atmosphère : c’étaient les eaux du dessus qui passaient par des trous dans l’étendue ! Rien de scientifique, mais plutôt du ressenti poétiquement exprimé ! Quant à la notion de temps, marqué par l’alternance jour/nuit, et le rythme hebdomadaire de 7 jours, c’est un don que fait à l’humain pour une vie harmonieuse. Tous les efforts de l’homme pour changer ce rythme de vie se sont révélés vains et nocifs. Dieu qui est infini, et hors du temps, a révélé par ce don son souci du bonheur et de la santé de sa créature humaine.

Après le cadre, il y a création du contenu, les trois jours suivants : les astres, les animaux et l’homme.

En ordonnant ainsi le récit, Dieu indique qu’il agit selon un projet précis, voulu, conçu dans sa pensée et exécuté méthodiquement. À comparer avec la démarche de l’architecte, ou celle de l’artiste. Tout a été prévu par Dieu pour que la vie soit possible sur terre.

Remarquons que tout est dit deux fois, d’abord quand Dieu exprime son intention, puis quand il la réalise par sa Parole.

En mentionnant neuf fois  « selon son espèce » pour caractériser plantes,  arbres et animaux, le récit montre d’abord que Dieu a agi avec ordre. Rien n’a été fait au hasard, tout a été prévu et planifié. Cette insistance fait comprendre que Dieu est très ordonné dans tous les détails, qu’il a conçu chaque chose avec soin, et lui a fixé sa place. Ainsi ni les plantes, ni les animaux n’évoluent en passant d’une espèce à l’autre, mais cela n’exclut pas un développement évolutif propre à chacun dans chaque espèce. Cela contredit la théorie de l’évolution progressive qui voudrait faire descendre l’homme du singe ou du poisson, donc avec passage d’une espèce à l’autre

Second enseignement : Dieu a tout conçu et réalisé selon un plan précis, comme un artiste, et non scientifiquement

Troisième enseignement : Dieu a voulu chaque créature à sa place, et dans son règne respectif, végétal, animal, humain.

 d) Le récit biblique de la Création nous donne un quatrième enseignement : Dieu veut, dans tout l’Ancien Testament, se révéler comme le seul vrai Dieu. Chacun des jours de la Création frappe de plein fouet toutes les idolâtries de l’Antiquité, mais aussi de notre époque avec les philosophies et religions panthéistes, qui adorent la Nature et ses forces, comme l’avaient fait les Egyptiens dont les Hébreux devaient s’affranchir !

Voici la liste des dieux de l’Egypte, qui étaient présents à l’esprit des Hébreux au moment de l’Exode, pendant lequel Moïse eut la révélation des récits de la Genèse :

1- Nout = la voûte céleste avec astres ;

2- Râ = dieu-soleil avec cobra-énergie sur une tête de faucon ;

3- Apis = dieu-taureau de la fertilité, de la vie.

4- Sekhmet = déesse-lionne de la guerre ;

5- Khnoum = dieu-bélier de la crue du Nil ou de la fécondité ;

6- Thot = dieu de la sagesse à tête d’ibis ou de babouin ;

7- Seth ou Anubis = dieu-chacal du mal et de la mort ;

En créant les astres le 4ème jour et les animaux les 5ème et 6ème jour, Dieu leur redonne leur nature de créatures qui lui sont soumises et dépendent entièrement de lui pour leur existence. Les astres ne sont que des luminaires, des lampes, destinés à éclairer la nuit et à marquer le temps pour les habitants de la terre. Il est nécessaire de distinguer ici l’astrologie de l’astronomie. L’astrologie attribue un pouvoir divin aux astres sur les caractères et le destin des hommes. L’astronomie étudie les lois physiques qui régissent le monde de l’espace. C’est une science exacte, alors que l’astrologie vient de l’occultisme.

Grâce aux astres, nous pouvons, comme Moïse, « compter nos jours », nos heures et nos années.

Quand on considère les merveilles de la nature comme l’aile du papillon ou l’oeil d’une mouche, la splendeur du ciel étoilé ou des montagnes majestueuses, peut-on croire, que tout cela se soit fait tout seul, de soi-même ? La complexité et la beauté de la nature sont justement des raisons de croire que son auteur est un être  bien plus intelligent, sage et puissant que l’homme lui-même, ou que le  hasard ! Adorer la nature ou la matière, ou l’énergie, c’est leur donner plus d’importance et d’intelligence qu’à l’homme, qui reste incapable de créer la vie, et qui craint les forces qu’il ne maîtrise pas ! Qu’est-ce qui est plus logique : honorer la matière ou un animal, ou honorer un Être intelligent et bon ?

 L’humain est le fruit d’une décision spéciale d’un Dieu créateur, unique mais aussi paradoxalement «  pluriel »: Il énonce son intention au pluriel « Faisons l’humain à notre ressemblance ». On peut voir dans ce pluriel, confirmé par la forme au pluriel du mot hébreu « Elohim » traduit par Dieu, la première suggestion du Dieu trinitaire, que l’Évangile révèlera comme Père, Fils et Saint-Esprit. On peut deviner la présence de ces trois manifestations d’Elohim dans ce chapitre 1 de la Genèse: il y a Dieu le Créateur, qui conçoit et organise son œuvre, Dieu qui par la Parole (Jn 1.1-3) donne existence à ses projets, et Dieu l’Esprit qui « plane au-dessus des eaux », qui protège la création. C’est dire l’importance de la création de l’humain, aux yeux d’un Dieu qui s’engage tout entier pour mettre au monde le chef-d’œuvre de sa création, un être qui va lui ressembler, et porter son image au milieu des autres créatures animales et végétales.

 Par ce récit de la Création, la Bible nous enseigne que l’homme est une créature spécialement conçue par Dieu.

Les animaux créés à la Parole de Dieu émanent de leur milieu de vie. L’homme, lui aussi créé par la Parole de Dieu mais façonné de la terre, est le seul « à l’image de Dieu », appelé à être « à sa ressemblance ». Dieu lui accorde ainsi une valeur supérieure au monde animal ou végétal, qu’il doit gérer en maître responsable (= dominer).  Ce que Dieu crée est immédiatement conforme à son projet. Il n’a pas besoin d’essais successifs !

 Enfin, alors que les autres 6 jours sont estimés bons puis très bons après la création de l’Homme, le 7ème jour seul est « béni et sanctifié », ce qui est une distinction supérieure ! La place à part dans le texte, que tient le jour de repos appelé en hébreu sabbat, indique clairement ce que Dieu désirait pour l’humain ; avant la chute, le repos physique n’était pas nécessaire, car il n’y  avait pas de fatigue dans les activités humaines, à plus forte raison divines ! Mais en bénissant et sanctifiant ce jour (= mis à part pour Dieu), le Créateur signifiait sa dimension spirituelle : son objectif était d’en faire un jour de relations spéciales avec la créature à son image, un jour de bienfait et d’harmonie avec Lui, dans l’environnement naturel qu’il avait créé pour elle.

  • Enseignements sur l’homme 

La création de l’humain n’est pas décrite en détail. Elle fera l’objet de plus de développement au chapitre 2. Mais ce qui en est dit au ch 1 nous révèle déjà bien des éléments essentiels pour connaître ce qu’il est et sa mission :

a) Comme Dieu est pluriel, l’humain portant son image est aussi pluriel: homme (masculin) et femme (féminin) ; le chapitre deux nous apprendra ensuite que la troisième personne de la Divinité sera donnée à l’humain par le « souffle de Dieu », donnant vie à cette créature humaine, seule « image de Dieu » parmi toutes les autres. C’est dans l’union du masculin et du féminin de la nature humaine, donc au sein de chaque créature humaine, que Dieu laisse percevoir ses propres qualités dites « masculines » (esprit d’entreprise, de décision et d’action, extériorité, logique, jugement, etc.) ou « féminines » (sensibilité, intériorité, intuition, amour, imagination, etc.). Cela rend bien vaines toutes les discussions futures sur la nature et le rôle de la femme, qui ont agité les hommes érudits de tous les siècles, imbus d’une fausse idée de leur supériorité !

b) La ressemblance avec Dieu se poursuit dans la mission donnée à l’humain : il est le roi de la terre qu’il doit « dominer » et « gérer ». Solidaire du règne animal créé le même jour que lui, l’homme n’a pas à se laisser dicter sa conduite par lui, ni à abuser de lui pour son profit, mais il doit gérer la nature pour permettre à chacun de vivre dans l’harmonie les uns avec les autres, à l’exemple de son Dieu créateur.

c) Dieu prend soin d’indiquer aussi la nourriture de chaque espèce : la végétation portant semence ou fruit pour l’humain, l’herbe verte pour l’animal. Cette nourriture devait entretenir la vie des créatures sans nuire au règne animal. Ce régime végétalien convenait dans un monde exempt du péché mais sera complètement bouleversé après la chute du roi de la terre !

d) Comme pour l’animal (v 22), la bénédiction de Dieu sur l’homme se manifestera par la fécondité, qui permettra de peupler la terre. Mais, comme il est à l’image de Dieu, l’humain non seulement perpétuera la vie physique de son espèce, mais créera et développera tout ce qui est du domaine de la vie morale et relationnelle, artistique scientifique et spirituelle. Son intelligence sera féconde et sa relation avec Dieu lui permettra de grandir harmonieusement sur tous les plans.

3- Conclusion

Récapitulons quelques-uns des enseignements principaux de ce texte :

Le récit très structuré n’est pas scientifique. Ce n’est pas un rapport qui rend compte objectivement de faits observés. De toute façon, l’auteur du livre n’était pas présent au moment de la Création ! Il a simplement reçu une révélation dont Dieu a choisi la forme  la plus adaptée à la compréhension limitée de l’homme. Dans la façon dont il relate cet événement miraculeux, l’auteur témoigne de sa foi en un Dieu Roi de l’Univers :

a) Dieu existe à l’origine de tout. Aucune description n’est fournie sur l’apparence de Dieu. Il existe tout simplement. Le commencement indiqué est celui de l’histoire de l’homme, et non de la personne de Dieu qui est intemporel, éternel, sans début ni fin.

b) C’est Lui qui a tout fait. Il est à la fois l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur, l’artiste, le charpentier, le jardinier, l’électricien, etc.

c) Il crée par sa seule Parole : Il ne fabrique pas à partir d’une matière préexistante, il fait jaillir de la formulation de sa pensée, la matière puis les êtres vivants, à la différence de l’homme qui ne peut que transformer la matière.

d) Dieu est le seul dieu. Il est au-dessus de toutes ses créatures et des corps célestes, qu’il dirige selon son plan. Ce texte réfute l’adoration païenne de la Nature et le polythéisme des religions environnantes. Si Dieu est unique, il se manifeste de façon « plurielle », selon ses fonctions et les besoins de sa créature humaine.

e) Dieu est un Dieu d’ordre. Tout était à sa place et occupait la fonction pour laquelle Dieu l’avait créé.

f) Dieu a tout créé bon. Il est parfait et son œuvre de création de l’humain reflétait cette perfection.

g) Dieu offrait à l’homme l’occasion d’approfondir sa relation avec Lui, en bénissant le 7ème  jour. Par ce rythme idéal de sept jours, il marquait son souci du bien-être total de sa créature (santé physique, psychique, spirituelle).

 L’auteur témoigne aussi de sa foi dans l’être humain, homme et femme, roi de la terre :

a) Créé pour couronner les espèces animales dont il fait partie (créé le même jour), il en est différent par sa ressemblance avec Dieu non pas physique, mais psychique, morale, relationnelle et spirituelle.

b) Il reçoit la mission de gérer la terre et ses habitants. Dieu lui délègue une partie de ses pouvoirs et lui donne une responsabilité.

L’organisation du récit révèle que tout a été fait pour que l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature et avec son Créateur, le seul vrai Dieu.

Questions pour une mise en pratique dans la vie chrétienne :

a) Dieu procéda à la création du monde selon un plan bien conçu et méthodique : Qu’en est-il de nous ? Agissons-nous toujours conformément à nos intentions ? Et ensuite, nous donnons-nous la peine de vérifier si notre travail est bien fait?

b) Savons-nous réfléchir et organiser notre action avant de nous lancer dans l’action, ou agissons-nous selon nos impulsions ? Quels en sont les résultats ? 

c) Quelle est ma position face à l’astrologie et les horoscopes, tellement prisés de nos jours ? Ai-je conscience que même par simple curiosité, ils me font courir le risque de manquer de confiance en mon Dieu Créateur ?

d) Comment ma vie reflète-t-elle l’image de Dieu : mes actes et mes paroles contribuent-ils à créer la vie et l’harmonie autour de moi ? A quoi dois-je veiller pour atteindre cet objectif ?

e) Comment concrètement, à mon niveau individuel, répondre à la mission confiée par Dieu de « dominer » (= gérer) la Nature, dans le sens de l’environnement (= l’écologie, le respect de la planète), ou de ce qui est « animal » ou « naturel » en moi (= la maîtrise de soi) ?

f) Quel est le but de cette mission de gestionnaire de la terre: devenir saint et puissant comme Dieu, ou manifester le respect dû à une création qu’Il avait jugée bonne pour la vie de l’homme, et rendre Dieu perceptible aux autres à travers ma vie?

g) Quel sens a pour moi le 7ème jour ? Pourquoi est-ce que je l’observe ? et comment mon observation témoigne-t-elle de l’amour de mon Créateur pour chacune de ses créatures ?

  

Voir ci-après  quelques réflexions sur le Sabbat 

Le sabbat

En étudiant attentivement le récit de la création, le lecteur se rend compte de l’importance du chiffre 7 : 7 jours, 7 fois le mot bon, 7 fois le verbe créer, 7 fois le verbe faire. On ne peut pas parler de hasard, surtout quand on se réfère à la symbolique des nombres en hébreu.

Il semble que l’auteur veuille montrer ainsi  que la création est complète (v 2) et que le temps indiqué de sept jours marque le rythme parfait de toute vie humaine sur terre. Jésus  rappellera que « le sabbat a été fait pour l’homme…(Mc 2.27) ; le sabbat étant le septième jour, on peut en déduire que le temps de la semaine a aussi été créé par Dieu pour l’homme.

Dieu n’a accompli aucune œuvre créatrice le septième jour. Au contraire, il s’est « reposé », a « béni » et « sanctifié » ce jour, juste après la création de l’homme.

 Dieu se reposa

Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un problème de fatigue ! Le constat du sixième jour en donne la raison, reprise par Genèse 2.2.

-    Tout était très bon.

-    L’œuvre était achevée : parfaite en son genre d’après le Larousse.

Le plan conçu par Dieu était réalisé. Tout était en place, il restait aux bénéficiaires de le vivre avec reconnaissance et dans une relation d’écoute avec celui qui en était l’auteur et qui pouvait donc apporter toute la compréhension, tout le soutien pour développer la vie d’une manière harmonieuse.

 Dieu bénit ce jour

Le mot bénir, du latin benedicere, signifie : dire du bien. Dieu dit que ce jour est bon, est nécessaire pour l’homme. Il l’a prévu en fonction de l’homme, de ses besoins physiques, psychiques et spirituels. Il fait partie intégrante de la réussite du plan de vie heureuse qu’il a prévu pour l’homme. Dès le départ, le sabbat est lié à une idée de bienfait pour l’homme et la femme. La bénédiction du sabbat fait suite à celle des êtres vivants (Genèse 1. 22 et 28).

Dieu sanctifia ce jour

Ce verbe signifie autant séparerdistinguer  que appartenir  à Dieu. Ce qui est sanctifié est mis à part  pour un but particulier, le service de Dieu. Ainsi le septième jour est un jour différent des autres.

 Caractéristiques du sabbat

a) Un jour de repos :

     -    pour Dieu.

Dieu, l’Éternel, le hors du temps, qui domine le temps et l’espace, s’est en quelque sorte introduit dans le temps qu’il a conçu pour l’homme.

Il l’y a précédé en organisant le temps de travail, six jours et  le temps de repos, le septième jour. S’arrêtant lui-même de créer, il indique à l’homme qui est son image, d’arrêter ce jour-là aussi ses activités « profanes », pour le servir. 

     -    pour l’homme.

Il semblerait qu’au départ, l’homme créé parfait ne devait pas connaître la fatigue ni le stress. Il avait un « patron » discret, des animaux dociles, un jardin sans mauvaises herbes, pas de maladies.

Dieu a-t-il prévu ce repos, en cas de...? Sans doute mais pas seulement. Il a tout fait parfait pour ce moment-là, car le sabbat n’est pas qu’un jour de cessation d’activités pour reposer son corps.

b) Un jour pour se souvenir

... un jour qui lui est réservé, car il s’y reposa de tout son travail de Créateur.(v 3 version F.C.)

Dieu rappelle qu’il est l’auteur de toute la création. Il en est le Seigneur, le Maître. Il possède seul la sagesse pour donner les instructions parfaites qui feront la réussite de l’avenir. L’homme, en adoptant le rythme de vie que Dieu lui propose, premièrement se place dans une perspective heureuse; deuxièmement annonce de semaine en semaine qu’il est le bénéficiaire d’un cadeau qu’il doit gérer et faire fructifier.

Le donateur, le propriétaire, c’est Dieu. L’homme le proclamera de génération en génération. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César..., dira Jésus (Mc 12. 17)

c) Un jour pour confirmer notre identité

France Quéré, dans La Famille, p. 253, écrit ceci : « Qui suis-je ? Je suis aimé ! Voilà mon identité.... Bonne nouvelle que l’amour des autres dépose dans nos cœurs et avec cette vérité-là, nous irons au bout du monde : je suis aimé, donc je suis : toute terre m’est une patrie, tout homme devient mon frère. » 

Je suis aimé de Dieu ! Voilà mon identité ! Porter une attention particulière au jour du sabbat, c’est reconnaître Dieu comme le créateur plein d’amour de toute forme de vie et affirmer que nous avons notre origine en Lui. C’est nous déclarer fils et filles bien-aimés de Dieu. C’est rejeter le hasard, c’est bannir la peur de l’avenir.

C’est affirmer, semaine après semaine : je sais d’où je viens et où je vais, je sais qui je suis. Le sabbat est un jour qui m’indique aussi mes limites : je suis créature, et ma sécurité est en Dieu.

d) Un jour de fête

Après une bonne nouvelle comme celle-ci, comment ne pas faire la fête ! Comment, aujourd’hui, alors que la plupart de nos contemporains courent après une identité par l’appartenance à un groupe sportif ou religieux, à un parti d’opposants au pouvoir en place, au monde des vedettes, à celui des industriels ou de la finance, de la marginalité, etc., comment ne pas se réjouir de se savoir fils ou fille de Dieu ? Ne faut-il pas fêter chaque semaine cette bonne nouvelle avec ceux qui reconnaissent la paternité de Dieu ? Ne faut-il pas louer l’auteur de notre vie ?

Peut-être pourrait-on mettre un panneau à l’entrée de nos églises pour dire aux gens : aujourd’hui nous nous réjouissons que Dieu soit notre créateur ! Voulez-vous partagez notre joie ? ... A condition qu’elle soit réellement à l’intérieur de nos portes !

e) Un jour pour la délivrance

S’il est vrai qu’au départ Adam et Eve n’avaient pas besoin d’un jour pour se défatiguer, est-il besoin, aujourd’hui d’insister sur la nécessité absolue de prendre du repos physiquement et psychiquement (compétition, tensions, conflits, stress).

Le travail est devenu le symbole de l’esclavage, de l’anti-liberté. C’est la course aux loisirs en même temps que la course à l’argent. Gagner gros en un minimum de temps. Nous sommes dans une économie de pouvoir, de domination de l’homme par l’homme. Sans compter l’injustice suprême : ne pas avoir de travail !

Le sabbat nous rappelle que Dieu nous a créés ni dominés, ni dominants, mais équivalents (= ayant même valeur)  devant lui qui est notre seul Maître. En ce sens, le sabbat nous délivre de l’oppression de l’homme par l’homme.

C’est à la sortie d’Égypte que le peuple reçoit les commandements (Exode 20.1-17; Dt 5. 6-21). Ils sont reliés à la délivrance opérée par Dieu. C’est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude...  (v.2.)

Cette notion de délivrance est reprise dans Hébreux 3.7 à 4.11, où nous sommes appelés à sortir de la révolte (comme à Massa et Mériba, Exode 17.7) pour entrer, dans le repos de Dieu, qui, dans ce texte, est clairement relié au repos du 7e jour.

Que le récit de la création compte chaque journée  d’un coucher du soleil à l’autre, n’est pas gratuit pour entrer dans le repos du sabbat : pendant la première soirée, puis la nuit, l’homme a le temps de se détacher de ses préoccupations de la semaine, pour préparer son corps et son esprit à la rencontre avec son Dieu dès le matin (Amos 4.12).

Le jour du sabbat nous ramène tous à égalité : tous esclaves du péché, avec ou sans gros sous, avec ou sans travail ! Et tous sauvés, si nous écoutons, aujourd’hui, la voix de Dieu  et entrons avec joie dans son repos. Tous dépendants de la grâce de Dieu. De son amour infini qui nous délivre, nous rachète tous au même prix, celui de la vie de son Fils. 

Le sabbat est plus que libération des fatigues du travail, il est symbole de libération du mal, du péché qui envahit nos vies et il est la préfiguration du repos en présence de Dieu, pour l’éternité.

 

08/05/2020

Étude n°7 Langues, texte contextes, Genèse 11.1-9 (16 05 20)

Étude n°7 Langues, texte contextes, Genèse 11.1-9 (16 05 20)

«Prenez à cœur toutes les paroles que je vous conjure aujourd’hui de commander à vos fils afin qu’ils observent et mettent en pratique toutes les paroles de cette loi. Ce n’est pas pour vous une parole creuse, c’est votre vie, et par cette parole vous prolongerez vos jours… » Deut 32.46-47 

 L’étude de cette semaine proposée par le « Guide d’étude de la Bible » dans l’Eglise adventiste mondiale est orientée principalement sur la nécessité de prendre en compte la langue, les contextes, la structure d’un texte, pour en saisir le sens et en tirer des enseignements pour la pratique de notre vie. Pour illustrer cette nécessité, nous avons délibérément choisi un texte (le récit de la Tour de Babel) parmi beaucoup d’autres, dont l’interprétation varie selon que l’on tient compte ou non de ces différents paramètres. Nous examinerons attentivement ce qu’il dit (= Observons), pour comprendre ce qu’il veut dire (Comprenons) et appliquer ce qu’il nous dit aujourd’hui (= Questions d’application).

Observons Genèse 11.1-9 (tableau de Breughel)Tour de Babel Pieter Bruegel.jpg

Le contexte

Après le déluge et l’alliance de Dieu avec Noé, ses fils manifestèrent leurs caractères et leur respect ou irrespect pour leur père (ch 9). Leurs généalogies encadrent l’histoire de la tour de Babel, pour expliquer comment leurs clans se séparèrent et remplirent la terre (10.5 ; 11.9). La seconde généalogie de Sem (11.10-26)  reprend en détails la première (10.21-31) pour faire le lien avec Abraham et montrer la continuité de la foi dans une humanité où règne la confusion.

Le texte

1-2 : situation initiale d’uniformité et de sédentarité : relever les répétitions de mots et la situation géographique, qui justifient le titre que nous donnons à ces deux versets.

3-4 : projet humain : Que marque la répétition de « Allons » ? Quel est le triple projet ? Quelle est l’angoisse des hommes ? D’où leur vient-elle ? (ch 4.14 et ch 7)

5-7 : Intervention de Dieu. v 5 : Quel est le mouvement de Dieu inverse de celui des hommes ? Que signifie-t-il spirituellement sur la relation de  Dieu avec les hommes? Quelle préfiguration peut-on y voir ? v 6 : De quoi s’indigne l’Eternel ? Que redoute-t-il ? v 7 : Que répète-t-il ? A quelle personne du verbe s’exprime-t-il ? Sur quoi agit-il ? Dans quel but ? Quelle est la contradiction avec Actes 2.6-11 ? Comment l’expliquer ?

8-9 : dispersion finale sur toute la terre : Quelle expression est répétée deux fois ?  Qu’encadrent  ces parallèles ?  Que signifie le nom de Babel en hébreu et en Babylonien ? Voir les notes de vos bibles. Qu’est-ce que cela annonce sur le sens symbolique du nom de Babylone ? 

Comprenons

Le récit de Babel est très souvent considéré comme un jugement négatif de Dieu, pour punir les hommes de leur prétention à l’atteindre. Dieu apparaît ainsi comme inaccessible et jaloux de ses prérogatives. Le texte aurait été écrit pour expliquer la prolifération des langues dont la Pentecôte serait l’antidote. C’est une interprétation qui, pensons-nous, fausse le regard sur Dieu et méconnaît sa volonté de salut pour tous malgré les choix néfastes de l’homme.

1- La situation du récit dans le texte biblique encadré par des généalogies en fait un texte important, selon les lois de composition littéraire hébraïque (parallélisme concentrique ou chiasme pour mettre en valeur ce qui est au centre), pour comprendre le projet de Dieu pour l’humanité : la dispersion des langues et des peuples est un bienfait pour la liberté de la descendance de Sem, issue de Seth, qui invoquait le nom de l’Éternel (Gen 4.26); cette descendance est appelée « fils de Dieu » (Gen 6.2,4) par opposition aux « fils des hommes » (11.5) ou aux « nations » (10.32) impies, sans Dieu.

Remarquer les mouvements opposés des hommes et de Dieu, la répétition (2x) de « un même langage » opposée à  «confondre le langage »(3x), l’opposition entre l’installation des hommes (2, 4) et leur dissémination par Dieu (8-9

2- Une même langue

Cela peut s’entendre au sens propre, mais aussi au sens figuré pour signifier l’union des esprits dans un même projet. Ce n’est pas cette union qui est condamnable, c’est la nature du projet humain conçu contre l’Esprit et les ordres de Dieu (Gen 1.28 ; 9.7). Le langage n’est que le moyen, l’outil au service de la volonté humaine.  Dieu va frapper cet outil pour empêcher que se réalise un projet concentrationnaire  et uniformisant, contraire à sa volonté de liberté et de salut pour tous. A l’inverse, le langage deviendra l’outil au service de la volonté de Dieu et de l’homme sous l’action de l’Esprit, à la Pentecôte, pour que tous entendent la Bonne Nouvelle qui pourra les unir autour de l’Éternel.

3- Le projet humain

Partant de la région où l’on situe généralement l’arrêt de l’arche, sur le mont Ararat, au Nord-Est de la Mésopotamie, tout naturellement les hommes choisissent la voie de circulation la plus facile, les fleuves. Au lieu d’obéir à l’ordre de Dieu (9.7) de se répandre sur toute la terre, ils s’installent tous au même endroit, une vallée confortable, celle qu’arrose l’Euphrate.

Ils pallient l’absence de pierre et de ciment par les moyens du bord, la terre et le goudron. Ils mettent donc toute leur ingéniosité et leur esprit créatif au service de leur projet qui a pour but d’éviter la dispersion ordonnée par Dieu. Ils veulent :

a) construire une ville et une tour, pour se sécuriser et surveiller les alentours,

b) atteindre le ciel, donc Dieu, pour dominer le monde

c) se faire un nom par soi-même au lieu de le tirer de Dieu (Es 56.5b ; Eph 3.15)

Le projet humain apparaît comme une révolte contre la volonté divine et un désir d’indépendance vis-à-vis de Lui, et comme une volonté de s’imposer à tous par la grandeur et la célébrité de l’entreprise. (voir la tentation par le serpent, Gen 3)

4- L’humour de Dieu

Aux deux Allons humains (11.3-4), Dieu répond aussi par un Allons(11.7). Au désir   humain d’ascension et d’escalade du ciel, Dieu répond par une descente, et une vision d’ensemble de la situation terrestre (v 5-7). Dieu sait ce que font les hommes, il n’a pas besoin de descendre pour voir, Il n’est pas loin et connaît les pensées humaines ! Mais son mouvement vers les hommes est une préfiguration de son incarnation en Jésus pour se mettre au niveau des hommes et les tirer de leur situation mortelle. A l’uniformité dans un même langage, il oppose la diversité par des langues variées. Les moyens de communiquer et de se comprendre faisant défaut, le projet humain de construction avorte.

5- Le projet de Dieu

En hébreu, il n’existe pas de pluriel de majesté, et pourtant l’Éternel s’exprime à la première personne du pluriel, comme à la Création (Elohim est un nom pluriel) ; c’est sa personne tout entière qui intervient triplement comme Créateur, Sauveur, Consolateur, pour offrir une autre voie de vie à l’humanité.

Pourquoi Dieu désirait-il tellement que l’humanité se répande sur la terre ?

Le texte pourrait être une réponse à cette interrogation : lorsque les hommes se rassemblent et se  sédentarisent, ils tombent dans la tentation de l’orgueil, de l’autosatisfaction, du matérialisme qui met la sécurité dans les biens acquis, de l’idolâtrie ou de l’athéisme : on croit pouvoir se passer de Dieu, puisque l’union fait la force. Les exemples historiques de camps de concentration ont mis en évidence les outrances tragiques qui résultent de cet esprit d’opposition à Dieu, qui conduit au désespoir des opprimés.

En dispersant les hommes, Dieu leur donnait une espérance : il désirait leur apprendre à vivre dans la liberté, en comptant non sur leurs propres forces, mais sur sa présence et son appui (voir le discours de Paul à Athènes, Actes 17.26-27), comme il avait tenté de le faire comprendre à Caïn, en l’envoyant comme nomade au désert (Gen 4). La précarité de la vie nomade, l’isolement les uns des autres devaient leur enseigner l’humilité, la confiance en Dieu, l’entraide mutuelle pour subsister dans des conditions difficiles, et la responsabilité personnelle sans laquelle il n’y a pas de croissance possible. Cette dispersion voulue par Dieu protégeait aussi les croyants qui vivaient parmi ces peuples, des entreprises totalitaires des incroyants. Le parallélisme aux versets 8 et 9 entre les deux répétitions de l’expression « l’Éternel les dissémina sur toute la surface de la terre » met en valeur l’idée de confusion qui est la cause de la dispersion : le nom de Babel, à l’origine du nom de la ville Babylone, par un jeu de mots dont l’hébreu est coutumier, est rapproché du verbe « balal » qui signifie « confondre ». Mais en babylonien il se traduit par « Porte (Bab) de Dieu (El) ». La ville de Babylone symbolisera dans le reste de la Bible, l’orgueil de l’homme qui se prend pour Dieu (comme Nebucadnetsar dans le livre de Daniel), et la confusion spirituelle dans laquelle vivent les hommes idolâtres (Apocalypse 14.8 ; 17.5).statue d'or de Daniel.png

Ainsi, placée au milieu des peuples de la terre (géographiquement et spirituellement)  la descendance de Sem put perpétuer la foi en Dieu et témoigner de son amour jusqu’à l’élection d’Abraham, puis jusqu’à la venue de Christ, au carrefour des civilisations du Moyen-Orient.

Il ne s’agit pas de prendre ce texte comme prétexte de condamnation des villes ou des efforts d’unité entre les hommes ! Ce n’est pas son but. C’est une mise en garde de Dieu contre tout projet qui exclut Dieu et met l’homme sur un piédestal  comme objet d’adoration, et qui, comme la Babylone de l’Apocalypse, est voué à sa perte. Le texte est aussi un appel à devenir le témoin de ce Dieu d’amour partout où il nous envoie vivre, afin que tous les hommes puissent un jour choisir de répondre à son amour et lui obéir.

« Toute Écriture étant inspirée de Dieu et utile pour enseigner, convaincre, redresser, éduquer dans la justice afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne » (2 Tim 3.16), nous pouvons avec l’aide de l’Esprit étudier les textes de la Bible, en cherchant toujours ce que Dieu a voulu nous enseigner pour fortifier notre foi et approfondir notre relation avec Lui et les autres.

 Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Qu’est-ce qui dans nos projets personnels, ou ceux de nos pays, peut s’opposer à la volonté d’amour et de vie pleinement libre, de Dieu ?

- Quel témoin serai-je aujourd’hui ? Comment mettre à profit la liberté dont nos pays occidentaux disposent, pour annoncer l’Evangile à tous ?

- Qu’est-ce que l’étude de ce texte m’a appris sur la méthode d’interprétation d’un texte biblique ?... Et sur la pédagogie de Dieu ?