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01/05/2020

Étude n°6 Nécessité de l’interprétation, Actes 17.15-34 (09 05 20)

 

Étude n°6 Nécessité de l’interprétation, Actes 17.15-34 (09 05 20)

Sans la foi il est impossible de lui plaire ; celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il récompense ceux qui le cherchent. » Héb 11.6

Photo : Le rocher de l’Aréopage, vu depuis l’entrée de l’Acropole d’Athènes. athenes-areopage.jpg

 Observons

Le contexte 

Le séjour de Paul à Thessalonique a été écourté à cause de la violence des Juifs qui provoquèrent une émeute contre lui (17.5-9). Paul et Silas s’enfuirent à Bérée où l’accueil des Juifs fut beaucoup plus ouvert à l’Evangile. Poursuivi par la fureur des Thessaloniciens, Paul s’enfuit vers Athènes où il reste seul quelque temps (17.10-15).

Le texte :  

16-18 : Quelles sont les réactions variées des auditeurs de Paul ?

19-21 : Quelles sont les interrogations des philosophes sur l’Aréopage, que cherchent-ils ?

22-31 : discours de Paul :

            22-23 : Comment Paul capte-t-il l’attention des Athéniens

            24-25 : Que leur annonce-t-il ?

            26-28 : Quelle image de Dieu donne-t-il ? Pourquoi ?

29-31 : Comment introduit-il son appel à la repentance ?

32-34 : Quelles sont les réactions à ce discours ? Pourquoi (voir ci-dessous le tableau de comparaison entre la Bible et les philosophies grecques.) 

Comprenons

 Athènes a été pour le monde antique, pour les Romains, et pour nous aussi, le phare de la culture intellectuelle et philosophique.

Les Epicuriens, disciples d’Epicure (342-270 av JC) enseignaient une sorte de matérialisme, et niaient l’action de Dieu dans le gouvernement du monde. Ils avaient développé une philosophie du plaisir, principe du bonheur. La recherche du plaisir était le but de la vie. Loin de se laisser aller à leurs passions, ils s’efforçaient de les dominer par l’intelligence, car elles faisaient souffrir par leurs excès. Un juste équilibre devait s’établir entre la jouissance et la souffrance que procurent l’absence ou l’excès du plaisir. Seule la recherche de cet équilibre donnait un sens à la vie qui n’avait aucune autre issue que la mort. La recherche de cet équilibre entre souffrance et plaisir, étouffait toute aspiration à une vie éternelle.

Les Stoïciens, disciples de Zénon (né vers 340 av JC), étaient les panthéistes de l’époque : Dieu était l’énergie, l’âme du monde, sans identité personnelle, l’âme humaine n’était qu’une émanation de cette énergie, où elle se refondait après la mort. Les stoïciens croyaient arriver à la vertu et à l’absence de douleur par leurs propres forces : ils recherchaient le bonheur en évitant toute émotion, en restant indifférents à toute atteinte extérieure de plaisir ou de douleur, grâce à la domination de l’esprit divin qui était en eux. Sous l’influence aussi de Platon, ils pensaient que seul comptait le développement de cet esprit, au détriment du corps ; la mort libérait l’esprit qui retournait dans le monde des idées, tandis que le corps disparaissait.

Leur orgueil et l’illusion de leur force les empêchaient de recevoir d’un cœur humble le message de la grâce. C’est pourquoi ils traitent Paul avec mépris et ironie en le disant « bavard », d’un nom grec qui désigne une corneille, qui ramassant la semence jetée en terre, et criant sans cesse, était devenue le symbole du parasite bavard !

L’Aréopage, ou colline d’Arès (= Mars, dieu de la guerre), était le nom du rocher à l’ouest de l’Acropole. Le tribunal, les hommes d’Etat et les savants s’y rendaient pour discuter ensemble sur la terrasse située à son sommet, qui pouvait contenir une centaine de personnes. Paul paraît librement devant des auditeurs simplement curieux de connaître les dernières nouveautés philosophiques. (Gustave Doré : Paul à Athènes)Paul à Athènes Doré.jpg

Le discours de Paul

Paul offre un magnifique exemple du choc des cultures gréco-latine et hébraïque.

Parallèlement à la philosophie, les Grecs du peuple restaient très superstitieux et avaient multiplié les dieux de l’Olympe. Chaque élément de la nature avait ses divinités, de plus ou moins grande importance, qu’il ne fallait pas oublier d’honorer pour éviter leur vengeance. C’est ce qui a le plus indigné Paul, comme bon Juif fidèle au second commandement de la loi divine (Exode 20. 3-6). Il a su vaincre son indignation devant l’idolâtrie, et en partant de ses constats, il a essayé d’amener ses auditeurs polythéistes à la conception d’une divinité unique beaucoup plus grande et puissante, car Dieu Créateur (v 24).

Après avoir présenté son Dieu, Créateur de toutes choses, il renseigne les Athéniens sur son œuvre principale : l’humanité. Il en est l’origine, le gouverneur, le pourvoyeur et le but (v 26-27). Dieu a une personnalité comme l’homme avec qui il cherche le contact. L’homme ne se perd pas en Dieu, mais au contraire se retrouve pleinement homme en Lui.

S’abaisser devant des images matérielles, c’est abaisser Dieu et se dégrader soi-même. Le paganisme est considéré comme le fruit de l’ignorance que Dieu pardonne, mais qui ne doit pas durer maintenant que Dieu offre le salut à tous, grâce à la mort et à la résurrection de Jésus, qui jugera tout le monde.

Les moqueries interrompirent le discours de Paul, car pour les philosophes, l’idée du retour d’un mort à la vie était impensable, et celle d’un jugement encore plus absurde.

Il est remarquable que les réactions violentes ou ironiques des auditeurs  de Paul à Athènes aient eu pour cause l’annonce de la responsabilité humaine devant un Dieu incarné, mort, ressuscité, et juge. Il est tellement facile de philosopher à perdre haleine, parce que cela ne demande aucune conversion de vie, et n’engage pas l’être tout entier. Mais devoir répondre de sa vie devant un Dieu capable de ressusciter un mort, c’est autre chose !

On a parlé d’échec ou d’erreur de méthode de Paul à Athènes, car il n’y a pas fondé d’église. Pourtant Paul selon sa coutume, s’est fait  « tout à tous » : Juif avec les Juifs, il partait de leurs connaissances bibliques pour leur présenter le Messie incarné en Jésus. Grec avec les Grecs, il part de leurs connaissances philosophiques sur le monde, la divinité, le sens de la vie, et la mort, pour leur présenter le Dieu créateur, Vivant, qui vient juger les hommes mais offre la Vie éternelle par le Christ ressuscité. Ce message permettait  au début à chacun des philosophes de se reconnaître en terrain connu, mais lorsque Paul passa à la nouveauté de l’Évangile, en annonçant jugement et résurrection, ce fut tellement étranger à leurs raisonnements fondés sur la logique humaine, que la plupart refusèrent d’en entendre plus. Quelques cœurs pourtant furent touchés et acceptèrent la Bonne Nouvelle. Paul n’est pas responsable des réactions de ses auditeurs. Il a reçu de la part des Athéniens les mêmes réactions que de la part des Juifs et des Grecs de Thessalonique. La prédication aujourd’hui dans notre monde occidental matérialiste, et surtout en France de tradition cartésienne, rencontre les mêmes difficultés. L’accès à la dimension spirituelle et transcendante est presque fermé à celui qui se confie dans sa raison et ses idées philosophiques. Il faut toute la puissance du Saint-Esprit pour toucher les cœurs !

Ce texte est ardu, car très philosophique et demande un effort pour interpréter les sous-entendus culturels auxquels devait faire face Paul, heureusement rompu à la discussion et à la pensée grecque. Définissez avec les membres du groupe les idées de chaque catégorie d’Athéniens, en les illustrant par des exemples concrets comme: les épicuriens sont des gens qui recherchent les plaisirs raffinés : à table, ce ne sont pas des gloutons, mais des gourmets. Pour les stoïciens, montrez combien leur philosophie détache du monde et mène, à la limite, à l’insensibilité de la mort.

Faites bien remarquer les limites des ressemblances entre les idées philosophiques et celles de la Bible, et les raisons du refus des Athéniens ; ce sont les mêmes raisons que pour nous : le refus d’être responsable, de s’engager et de changer de vie !

Voici trois tableaux de comparaison entre les idées philosophiques et les paroles bibliques, pour vous aider à comprendre l’argumentation de Paul : 

Les Grecs idolâtres                                                                                 Paul et la Bible

1. Puisque les hommes ont créé les idoles, les dieux ressemblent aux hommes, avec tous leurs défauts.

1. Dieu est créateur de l’Univers et des hommes. v. (24-28)

2. Les dieux sont représentés par des statues qu’on adore.

2. Dieu est représenté par ses enfants, les hommes qui croient en lui. v. (29)

3. Les dieux habitent dans des temples.

3. Dieu n’habite pas dans un temple humain. v. (24)

 

4. Les dieux ne sont pas favorables aux hommes et les jugent arbitrairement.

4. Dieu aime les hommes et les jugera avec justice (v 31)

5. Il faut gagner leur faveur par des actes méritoires ou des offrandes.

5. Dieu donne gratuitement ses bénédictions. v. (25-26)

6. Les dieux ne cherchent pas la relation avec les hommes.

6. Dieu désire une relation intime avec les hommes. v. (27)

 

Les Stoïciens                                                                                 Paul et la Bible

1. L’homme est habité d’un esprit divin.

1. Dieu est Esprit, l’homme est une créature à qui il donne le souffle (= esprit) (v 24-25)

2. Les hommes sont frères et soeurs, puisqu’ils ont tous une parcelle divine en eux.

2. Les hommes sont frères parce que Dieu est leur Père. Ils sont enfants de Dieu (v 29a)

3. Les hommes trouvent le bonheur en restant indifférents aux circonstances (douleurs et plaisirs) et même aux dieux

3. Les hommes trouvent le bonheur en communiquant avec les autres et avec Dieu qui se révèle à eux (v 27, 30)

4. Après la mort, l’esprit divin de l’homme retourne dans le monde des idées, le corps disparaît.

4. Après la mort, Dieu peut redonner la vie éternelle, comme il l’a fait pour Jésus en le ressuscitant (v 31)

 

Epicuriens                                                                                      Paul et la Bible

1. Les dieux existent mais n’ont pas créé l’homme

1. Dieu existe et a créé l’homme (v 24-25)

2. Les dieux ne s’occupent pas des hommes, donc les hommes n’ont pas besoin de s’en occuper.

2. Dieu s’occupe de chacun et désire entrer en relation avec lui (26-27)

3. Le bonheur, c’est le plaisir que l’on trouve dans l’équilibre entre la satisfaction de ses désirs et la douleur que provoquent les passions.

3. Le bonheur c’est la relation avec un Dieu d’amour, dans l’obéissance à sa volonté (v 30).

4. Seule la vie sur terre compte, pour y vivre le mieux possible. Il n’y a rien après la mort.

4. Dieu jugera la vie des hommes, par Jésus qu’il a ressuscité : il y a un espoir de vie éternelle (v 31)

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Comment avoir le même souci que Paul de se mettre à la portée de notre cible dans la prédication de l’Évangile, dans nos cultes ou nos efforts d’évangélisation ? Que connaissons-nous des préoccupations, des intérêts, des modes de pensée de nos auditeurs ? Comment présenter la Bonne Nouvelle du salut de façon acceptable pour eux sans trahir la Bible ?
  • Qu’est-ce qui m’empêche moi-même de croire à la résurrection et au jugement, et de vivre en conséquence avec amour pour les « incroyants » ?
  • Quelle est ma conception du bonheur, face au monde matérialiste, idolâtre et superficiel dans lequel nous vivons ?
  • Que me faut-il apprendre pour interpréter un texte selon l’Esprit Saint et non à la lettre ?(Jean 6.63 ;2 Cor 3.6)

 

24/04/2020

Étude n°5 L’Écriture seule, Luc 24 13-35 (02 05 20)

Étude n°5 L’Écriture seule, Luc 24 13-35 (02 05 20)

« La parole de Dieu est vivante et efficace, plus acérée qu’une épée à double tranchant ; elle pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des sentiments et des pensées du cœur » Héb 4.12

Observons

A quel moment de l’évangile se situe ce récit ?

V 13-24 : Quel est l’état d’esprit des disciples ? Quel Messie attendaient-ils ? Quel espoir les a effleurés ? Pourquoi l’ont-ils rejeté ?

V 25-29 : Quel reproche leur fait Jésus ? Comment s’y prend-il pour leur faire comprendre leur erreur sur le Messie ? Que leur enseigne-t-il ? Pourquoi manifeste-t-il le désir d’aller plus loin ? Comment réagissent les deux disciples ?

V 30-35 : A quoi les disciples reconnaissent-ils enfin Jésus ? Qu’éprouvent-ils malgré sa disparition soudaine ? A quoi sont-ils poussés ? Que leur annoncent les Onze, ce qui confirme leur rencontre ?

Comprenons

Sur le chemin d’Emmaüs

Le récit se compose en trois parties bien distinctes :

- v 13-24 : l’état d’esprit des deux disciples aveuglés (v 16) par leur fausse idée du Messie, libérateur politique d’Israël (v 21), par la tristesse d’avoir perdu leur Maître de façon indigne, par la déception profonde devant l’échec de leur illusion (20-21), par les préjugés d’hommes face aux propos des femmes « visionnaires » (22-23), par leur peur de nourrir un espoir fou et déraisonnable (v 24).

- v 25-29 : la rencontre avec le Messie des Écritures qui provoque le désir d’en savoir pluDisciples Emmaüs  icône diminuée.jpgs, et de prolonger l’entretien, ce qui va leur permettre de  reconnaître en Jésus ressuscité celui que tout l’Ancien Testament annonçait. (Icône d’Elisabeth Lamour, où Le Christ est représenté revêtu de son habit de lumière et portant le livre des Écritures qu’il leur « explique »).

- v 30-35 : la joie de le reconnaître à ses gestes habituels d’action de grâces. Ayant pris conscience de la réalité du Christ ressuscité qui confirme les Écritures, ils n’ont plus besoin d’autres preuves visibles pour croire, Jésus peut disparaître à leurs yeux humains. La joie est si totale que sur le champ, ils décident d’aller annoncer la bonne nouvelle à leurs frères qui sont dans le même état d’esprit après la rencontre de Simon avec le Ressuscité.

Ce récit est précieux pour tous les croyants qui n’ont pu voir en chair et en os le Christ ressuscité, car il les amène à accomplir la même démarche intérieure :

- avouer les raisons de son incrédulité et sa faiblesse (19-21)

- formuler son espoir (22-24)

- se plonger dans l’étude des Écritures (v 27)

- se laisser convaincre par le Saint-Esprit (v 32)

- accepter la révélation du Christ Vivant (v 31)

- obéir à l’élan de joie qui pousse à devenir témoin de  Christ.

Par ce récit, Jésus nous montre le chemin qui mène à lui : ce sont les Ecritures qui rendent témoignage de lui mieux que les sensations, émotions ou imaginations qui restent sujettes à l’erreur comme tout ce qui vient de l’homme.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Les événements mondiaux ou familiaux ont-ils une influence sur ma foi et mon espérance ?
  • Quelle place tient l’étude de la Parole de Dieu dans ma vie ? Comment puis-je améliorer ma connaissance, ma compréhension et ma mise en pratique des Ecritures ? 
  • Un feu brûle-t-il en moi à la lecture de la Parole de Dieu ? Quels effets s’en suivent ? Sinon, pourquoi ? Comment le ressentir ?
  • Comment témoigner aujourd’hui de ma foi, de mon espérance et de ma joie d’avoir rencontré Christ vivant ?