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10/10/2025

Étude n°3 Souvenirs de la grâce, Josué 3 et 4 (18 10 25)

Étude n°3 Souvenirs de la grâce, Josué 3 et 4 (18 10 25)

« L’Éternel votre Dieu a mis à sec devant vous le cours du Jourdain jusqu’à ce que vous ayez passé, comme l’Éternel votre Dieu l’avait fait à la mer des Joncs…afin que tous les peuples de la terre connaissent que la main de l’Éternel est une main puissante, et que vous ayez toujours la crainte de l’Éternel »Jos 4.23-24 Josué traversée du Jourdain.jpg

OBSERVONS 

Le texte est long, mais a comme thème central le passage du Jourdain. On distingue plusieurs étapes dans ce récit, dont il serait bon d'abord de discerner les répétitions de mots et d'idées. En effet, la Bible s'exprime très volontiers par la répétition, pour faciliter la mémorisation de ce qu'il est important de retenir ou de comprendre. Ici vous remarquerez les expressions : Passer (21 fois = 3 fois 7, en sachant que 3 est le chiffre de la divinité, et 7 celui de la plénitude, de la perfection !), l'arche (9 fois au ch 3 (= 3x3), et 7 fois au ch 4), dans le Jourdain (3 fois au ch 3), à sec ou de pied ferme, etc...

Plan du texte

1- 3.1-13       Les préparatifs du passage

2- 3.14-4.14  Le passage

3- 4.15-24     La sortie du fleuve 

Chacune de ces parties peut elle-même se décomposer en paragraphes, ce que nous ferons pour comprendre le détail du texte, mais il est nécessaire d'avoir une vue d'ensemble du récit pour en saisir l'unité et la portée.

Si l'on considère les chapitres 3 et 4, on s'aperçoit de l'importance donnée à la partie centrale (3.14 à 4.14) de la traversée du Jourdain (12 fois le mot “ passer ”).  

COMPRENONS

Nous reprendrons en  détail, chacune des parties du récit, selon les lectures historique, spirituelle, messianique et eschatologique. 

Lecture historique

1 - Les préparatifs : 3.1-13

v 1-2 : Les trois jours d'arrêt au bord oriental du Jourdain correspondent aux trois jours que mirent les espions à revenir de Jéricho (2.22), et qui retardèrent la traversée. Depuis l'ordre de Josué en 1.11 se sont écoulés 3 jours de préparatifs à Sittim, 1 jour de marche vers le Jourdain (3.1), 3 jours d'attente au bord du Jourdain (3.2). Le peuple nomade voit arriver la fin de son errance et devra changer d'économie ; il devra d'abord devenir guerrier, puis sédentaire. Un tel changement ne peut s'opérer qu'après une préparation spirituelle et morale soignée.

v 3-6 : C'est pourquoi Josué recommande au peuple plusieurs démarches :

a) Regarder vers l'arche (v 3) : elle était habituellement derrière le voile du Tabernacle, cachée aux regards du peuple. Lors des déplacements, elle était enveloppée du voile et de deux couvertures, l'une en peaux de dauphins, l'autre en drap bleu (Nb 4.5-6), car il n'était pas permis au peuple de voir l'or de l'arche ou de la toucher sans mourir, puisqu'elle représentait la présence de Dieu lui-même (Nb 4.19-20 et Jos 3.10).

b) Partir, c'est à dire quitter ce que l'on connaît pour aller vers l'aventure et le risque (v 15b). Cela demande un acte de foi.

c) Se mettre en marche en suivant l'arche (v 3-4). La distance de 2000 coudées (= un peu plus d'1km) permettait à tous de la voir et marquait la sainteté de l'arche, trône de Dieu. De même au Sinaï, le peuple ne put approcher la montagne de la révélation de la loi, au-delà d'une certaine distance (Ex 19.12,24).

v 6 : Pour la première fois, l'arche marchait devant le peuple, alors que dans le désert elle était portée au centre de la colonne en marche. Cette fois, elle montrait le chemin à suivre (v 4).      Il n'était pas possible d'être simple spectateur de l'œuvre de Dieu, il fallait être acteur et se mettre en marche derrière le guide.

d) Se sanctifier : avant les moments importants de rencontre avec Dieu, il est nécessaire de se préparer, physiquement par des ablutions, psychiquement par une séparation de tout ce qui peut distraire l'attention due à ce moment important, et spirituellement par une recherche de la communion avec Dieu. Ici, la sanctification n'est pas explicitée, mais on en a certaines modalités dans Nombres 19.10-11, 14-15. Avant d'entrer dans le pays le peuple tout entier doit être conscient du moment solennel où l'intervention de Dieu va transformer son mode d'existence.

v 7-13  L’Éternel explique à Josué :

a) les raisons de son intervention puissante : faire comprendre au peuple

- que Josué est bien leur chef successeur de Moïse, et que son autorité lui vient bien de Dieu.       

- que l’Éternel est bien au milieu d'eux (v 10)

- qu'il a la puissance de chasser les populations cananéennes (7 peuples = la totalité de la population).

b) Ce qui va se passer :

- l'arche entrera dans le Jourdain

- dès que les pieds des sacrificateurs seront mouillés, l'eau s'arrêtera de couler.

- douze hommes sont prévus pour un acte qui n'est pas expliqué.

Dieu, en révélant son plan, demande l'adhésion de la foi du peuple. Humainement ce plan était hors de raison : comment un fleuve en crue pouvait-il être franchi ? C'est pour cela que les Cananéens ne s'inquiétaient pas de l'approche des Hébreux. Comment ce fleuve pouvait-il arrêter de couler, sans aucun signe précurseur de tarissement ? Les sacrificateurs devaient entrer dans l'eau avant de voir le miracle s'accomplir. Au contraire du miracle de la Mer Rouge, où seul le bâton de Moïse fut mouillé, ici chacun devait être impliqué et actif.

2 - le passage du fleuve  (3.14 à 4.14)

a) 14-17 Le passage de l'arche : les détails climatiques et géographiques insistent sur la démarche de foi exigée par Dieu. Un fleuve en crue est un véritable obstacle pour pénétrer dans le pays. Le flot fut vraiment arrêté seulement quand les pieds des sacrificateurs portant l'arche furent mouillés, et les eaux furent coupées à une distance de 25km en amont de Jéricho, largement de quoi laisser passer le peuple et les troupeaux à sec dans le lit du fleuve. Par deux fois dans l'histoire, en 1266 ap JC et en 1927, un tremblement de terre avec glissement de terrain interrompit, pendant dix à vingt heures, l'écoulement du Jourdain à l'endroit le plus resserré de son cours, vers le Tell ed Damiyeh, qui est assimilé à la ville d'Adam (v 16). Dieu a la puissance de provoquer les circonstances destinées à accomplir son plan et renforcer la foi de son peuple. Le miracle, ici, tient plus à la simultanéité des faits qu'à une rupture merveilleuse des lois physiques.

De plus, il fallut attendre que l'arche se soit engagée dans l'eau pour voir le miracle s'accomplir. Une fois de plus, les responsables religieux du peuple ne restent pas contemplatifs des merveilles de Dieu et dans l'attente passive de ses interventions, ils s'engagent et prennent des risques pour que le reste du peuple puisse passer en toute sécurité, à sec.

b) 4.1-9 : les pierres du Jourdain : L'arche s'arrête au centre du lit du fleuve, et là, Josué fait élever un autel de 12 pierres, représentatif des douze tribus. Cet autel fut ensuite recouvert par l'eau et disparut aux regards du peuple. Pour que tous se souviennent de l'événement, 12 autres pierres prises au centre du fleuve, à l'emplacement de l'arrêt de l'arche, sont enlevées et portées au lieu où le peuple campera et reviendra après chaque combat, à Guilgal. Elles serviront à fortifier la foi de chacun, au souvenir de cette intervention spectaculaire de Dieu en faveur de son peuple (4.6-7).

c) 4.10-14 : le passage du peuple : le peuple passe à sec, mais en se hâtant (10b). Il a conscience de l'urgence et de la brièveté du temps. Même les trois tribus déjà dotées de territoire doivent traverser en tête du peuple. Obéissant aux ordres de Moïse et Josué dont l'autorité est confirmée, elles marquent leur solidarité avec les autres tribus, et leur dévouement en se mettant au front.

3 - La sortie du fleuve (4.15-24) Les sacrificateurs et l'arche, entrés les premiers, sortent les derniers. Aussitôt le fleuve retrouve son lit. A partir de cet événement, la vénération de l'arche va tourner à la superstition, du temps des Juges. La possession de l'arche sera considérée comme l'assurance de la présence et de la protection de Dieu. Le symbole matériel sera sacralisé au point de perdre son sens spirituel.

Un autel est édifié à Guilgal, peut-être avec les douze pierres du Jourdain, devant le Josué les douze pierres du Jourdain.jpgTabernacle. Guilgal signifiant « cercle » ou « roulement », on pense aussi que les douze pierres ont pu être roulées et dressées en cercle comme monument commémoratif du passage des douze tribus. Là les Hébreux retourneront après chaque combat. La seule fois où ils n'y revinrent pas, fut après la chute de Jéricho, où le peuple partit attaquer Aï, sans consulter l’Éternel. Ce fut une défaite ! L'autel ou le monument devait donc rappeler au peuple l'intervention divine qui leur avait permis de traverser à sec, et aux autres peuples la puissance du Dieu d'Israël sur tout l'Univers et ses éléments (4.24 et 5.1).

Lecture spirituelle

Le récit de la traversée du Jourdain est le symbole du cheminement spirituel de celui qui devient disciple de Jésus-Christ :

-Il faut d'abord voir, regarder le Christ, apprendre qui il est et ce qu'il a fait,

-puis il faut croire en sa puissance et en ses promesses de salut,

-il faut se lever, s'engager et marcher à sa suite, c'est à dire descendre avec lui dans le fond du fleuve, et par le baptême  s'identifier à sa mort et son ensevelissement (Rom 6.4). Comme les douze pierres représentant les douze tribus furent laissées au fond du fleuve et furent recouvertes, de même dans le baptême, le croyant abandonne sa nature pécheresse, son vieil homme rebelle à Dieu, incapable de communion avec lui et d'amour, que Jésus a fait mourir dans sa chair sur la croix. De l'emplacement où se trouvait l'arche dans le fleuve, ont été sorties douze pierres dressées ensuite en autel ou en monument à Guilgal. Ces douze pierres représentent l'homme nouveau, le croyant ressuscité qui sort des eaux du baptême, revêtu de Jésus-Christ et habité de son Esprit, qui va servir jour après jour son Seigneur, en rendant témoignage de sa puissance de salut et de son amour, comme le fit l'autel de Guilgal. 

Lecture messianique

Le type du Messie est ici essentiellement l'arche : 3.10 “A ceci  vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous...voici l'arche de l'alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain ”. Or le Messie est appelé “ Emmanuel, Dieu avec nous ”. Il est le guide qui marche devant son peuple, il entrera lui aussi dans le Jourdain devant et avant son peuple de disciples, au moment de son baptême. Comme l'or de l'arche était couvert du voile pour être présenté au peuple, le Messie glorieux a caché sa divinité en prenant le voile de sa chair (Héb 10.20) pour descendre au niveau des hommes (Ph 2.7).Josué symbole de la traversée du jourdain.jpg

L'arche marcha devant le peuple pour passer le Jourdain, de même Jésus, comme un berger (Jn 10.4), marcha devant son peuple pour le faire entrer dans son royaume éternel.

Comme l'arche entra dans les eaux du Jourdain, symbole de séparation et de mort, Jésus entra dans les eaux de la mort à la croix. Comme l'arche écarta ces eaux séparatrices, Jésus écarta la condamnation du péché qui séparait l'homme de Dieu, afin que son peuple puisse avoir accès au royaume de la vie.

Comme les eaux refluèrent dès l'entrée de l'arche dans le fleuve, Satan fut vaincu et le voile du temple se déchira à l'instant où Jésus pénétra dans la mort. L'accès à Dieu était ouvert à tous.

L'arche s'arrête au fond du lit de la rivière comme Jésus sur la croix atteignit le fond de l'angoisse et de la souffrance d'être “ fait péché pour nous ” et d'être ainsi séparé de Dieu. C'est là qu'il s'arrêta pour nous sauver.

Quiconque se fiait à l'arche pouvait passer sans encombre, de même quiconque croit au Fils est délivré de la condamnation et passe de la mort à la vie (Jn 5.24).

Enfin, l'arche, sortie du fleuve, prend la tête du peuple qui est passé en Canaan, comme Jésus, ressuscité, prend la tête de ceux qui s'en remettent à lui pour guider leur nouvelle vie. 

Lecture eschatologique

Lorsque Jésus reviendra, ceux qui l'auront suivi comme leur arche partout où il va (Ap 14.4), qui auront lavé leurs robes et les auront blanchies dans le sang de l'Agneau (Ap 7.14), c'est à dire qui seront passés par la mort et la résurrection au baptême (=passage du Jourdain), pourront entrer dans la Terre promise de son Royaume.

Au terme de cette étude qui n'est pas exhaustive, je vous invite à dresser un tableau récapitulatif de tous les éléments du récit avec leurs différents sens spirituel, messianique et eschatologique, et de noter en face de chacun d'eux les questions qui vous viennent à l'esprit pour leur application dans votre vie personnelle ou d’Église. 

Questions pour une application dans la vie chrétienne 

- Devant les obstacles, les faiblesses, les soucis et les peines qui encombrent ma vie et me séparent de Dieu, à qui est-ce que je regarde ? Est-ce que je regarde leur débordement avec abattement et désolation, ou bien mes regards se portent-ils vers le Seigneur qui peut me soutenir pour passer à travers ?

- La croix est-elle vraiment pour moi le signe de la mort de ma nature humaine égoïste et orgueilleuse, comme les 12 pierres laissées au fond du Jourdain ? Suis-je resté spirituellement dans le Jourdain, sans forces et abattu par ma culpabilité, ou bien suis-je sorti, en homme nouveau, comme les 12 pierres de Guilgal, pour servir le Seigneur par mon témoignage ? 

- De quelle intervention de Dieu dans ma vie puis-je témoigner ? De quoi l’Église doit-elle témoigner?

03/10/2025

Étude n°2 : Surpris par la grâce Josué 2 (11/10/25)

Étude n°2 : Surpris par la grâce Josué 2 (11/10/25)

“ C'est l’Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans les cieux et en bas sur la terre ” (v.11)

(dessin de Pascal Fessler : Rahab cache les espions dans sa chambre haute)Rahab protégeant les espions.jpg

 

OBSERVONS

 

 Le texte est un récit entrecoupé de dialogues. L'action se situe avant le passage du Jourdain par le peuple.

a) v 1 Envoi des espions par Josué

b) v 2-7 Rahab cache et protège les espions

c) v 8-14 Confession de foi et requête de Rahab

b') v 15-21 Rahab sauve les espions qui lui promettent protection et salut

a') v 22-23 Retour des espions

Au centre de ce chapitre se situe la confession de foi de Rahab, d'où découlent ses œuvres de foi.

A sa protection des espions correspond la protection du fil rouge qu'ils lui donnent.

A son mensonge pour sauver la vie des espions s'opposent les promesses véridiques des espions pour sauver sa vie et celle des siens.

A la confiance que lui ont accordée les espions répond la confiance qu'elle a en eux.

La répétition par trois fois de l'idée de connaissance (v 9 : je le sais ; v 10 : nous avons appris ; v 11 : nous avons appris) insiste sur le poids du témoignage reçu par les Cananéens, sur leurs réactions et le choix de Rahab. 

COMPRENONS 

Lecture historique

Reprenons chaque étape du texte :

a ) Josué envoie des espions “ secrètement ” non seulement pour le peuple hébreu dont il peut redouter une réaction semblable à celle de leurs pères 40 ans avant, mais aussi pour les Cananéens qu'il est inutile de provoquer par l'envoi d'une délégation officielle. Dieu en effet a décidé que leur temps de grâce était terminé. A Abraham il avait annoncé que le peuple reviendrait dans le pays environ 400 ans plus tard, lorsque l'iniquité des Amoréens (nom général de la population cananéenne) serait à son comble, et qu'il serait temps d'y mettre fin (Gn 15.16).

Josué devait savoir qu'il était inutile de discuter avec ces peuples guerriers et corrompus. Son envoi d'espions à Jéricho ne se justifie que par son désir de connaître l'état d'esprit de l'ennemi pour préparer le peuple d'Israël à mettre toute sa confiance en Dieu seul. Peut-être cherche-t-il aussi à découvrir des alliés éventuels parmi les Cananéens, ou en tout cas des gens qui ne soient pas hostiles à Israël. Les promesses engagées par les espions auprès de Rahab prouvent qu'ils ont reçu des ordres de bienveillance envers ceux qui les aideraient. Les espions seraient le dernier effort fait par Israël et... par Dieu, pour sauver de la destruction ceux qui peuvent encore être sauvés.

Les deux espions descendent curieusement chez une femme païenne et prostituée ! On peut l'expliquer par le fait :

                - qu'elle habite sur les remparts (c'est plus facile pour fuir rapidement),

                - que sa maison est ouverte à tous : ils peuvent y entrer incognito et apprendre  des visiteurs ce qu'ils cherchent à savoir.

                - que Dieu les a sans doute conduits vers celle qui croyait en Lui et cherchait un moyen de salut. 

b ) Rahab sauve la vie des espions en risquant sa propre vie, mais au prix d'un mensonge. Elle a compris qu'ils représentent pour elle une planche de salut, et ne veut pas laisser passer sa chance. Elle emploie donc tous les moyens qu'elle connaît pour saisir ce salut. Dieu sait son désir profond d'être sauvée et sa foi en la puissance divine. Il ne répondra pas au mensonge de Rahab, mais à sa foi qui la fait agir immédiatement selon sa compréhension  et ses moyens. Remarquons que le péché du mensonge est placé avant la profession de foi de Rahab, et qu'ensuite, après la promesse de salut, Rahab se comportera avec fidélité et droiture. Intégrée au peuple d'Israël, elle épousera Salmon, sera la mère de Boaz, ancêtre de David, donc de Jésus (Mt 1.5) !

Le roi et les habitants de Jéricho, en apprenant la présence des espions pouvaient eux aussi saisir leur chance de salut. Mais leur endurcissement les fait agir de telle sorte qu'ils subiront ce qu'ils craignent tant. 

c ) Rahab donne aux espions les renseignements qu'ils cherchaient, sur l'état d'esprit de Jéricho. Le témoignage des œuvres de Dieu est parvenu aux Cananéens et a provoqué leur terreur et leur découragement, mais chez Rahab, le désir d'être sauvée et l'espoir l'ont poussée à reconnaître Dieu comme :          

- un Dieu Tout-Puissant sur la nature et les nations (v 10)

- un Dieu souverain, seul Dieu de l'Univers (v 11)

- un Dieu vers qui il faut se tourner pour avoir la vie sauve (v 13). 

Elle pense donc que s'il est inévitable et juste de subir les conséquences du refus de croire en Dieu, il est possible d'être sauvé en acceptant Dieu dans sa vie. Elle se tourne donc vers les espions qui représentent ce Dieu à ses yeux, et leur adresse sa requête, après avoir confessé sa foi. Sa foi, venue de ce qu'elle avait entendu, l'a poussée à risquer sa vie pour accueillir et protéger ceux qui, à leur tour, sont prêts à mourir pour la protéger (v 14). Elle risque sa vie et abandonne tout ce qu'elle a dans la société cananéenne, par espoir d'avoir la vie sauve. Elle pressent que cette vie dans le peuple hébreu sera complètement différente pour elle, et sans doute difficile, mais seule compte à ses yeux, la protection de l’Éternel. 

b') Rahab donne aux espions le moyen de fuir la ville. Il est intéressant de voir le rôle de la fenêtre et de la corde, puis du cordon rouge, qui permettent à chacun d'échapper à la mort. La corde, moyen humain d'évasion, est solide, tangible, mais n'offre qu'un salut éphémère, et précaire. Le cordon rouge, apparemment fragile et ridicule, offre un salut durable et certain, si on croit en sa vertu ! 

Les espions font trois recommandations à Rahab pour que son salut soit réel :

- attacher le cordon à sa fenêtre pour être identifiée.

- ne pas sortir de la protection de sa maison, demeurer sous son toit.

- ne pas trahir les envoyés.

Rahab a tellement confiance dans leur parole, qu'elle s'empresse d'attacher le cordon rouge. Elle aurait pu attendre l'attaque de la ville, ou de voir comment les choses allaient tourner. Sa foi dans les évènements prédits et les promesses données, est telle qu'elle se met tout de suite sous la protection du cordon rouge, moyen de salut donné par les espions, et non proposé par elle-même. La paix règne désormais dans son cœur.

Elle révèle aussi son amour pour les siens, en les associant à sa requête de protection et de vie. Son amour permettra à ceux qui l'écouteront et la croiront, de vivre eux aussi.

a') Les espions échappent à leurs poursuivants par l'obéissance aux conseils de Rahab, à qui ils ont fait confiance. Ils rapportent à Josué ce qu'ils ont appris. Ils ont vu, dans leur expérience risquée, la main de Dieu sur eux et la confirmation que l’Éternel leur a livré effectivement le pays. Cette expérience a fortifié leur foi et leur a donné la vision de la puissance, la fidélité et la miséricorde de Dieu pour tous, au-delà des obstacles humains.

Lecture spirituelle 

Rahab, c'est un peu chacun des croyants et l’Église tout entière, ayant d'abord vécu dans et selon le monde livré au péché et promis à la mort, ayant entendu parler des merveilles de Dieu et de sa justice, ayant pris conscience de sa perdition mais aussi de la puissance et de la bonté de Dieu pour l'en sortir, ayant fait confiance à ce Dieu Sauveur, ayant agi en s'engageant totalement selon cette confiance, permettant enfin à d'autres d'être sauvés par leur témoignage de foi et d'amour.

Rahab par son attitude, enseigne à chacun que la recherche énergique du salut implique

- une foi totale dans la parole de Dieu

- une décision immédiate à l'offre du salut : on ne peut renvoyer à demain le choix qui est une question de vie ou de mort !

- une entière acceptation du moyen de salut offert par Dieu, même s'il paraît déraisonnable ou insignifiant.

- une soumission totale et fidèle aux ordres reçus de Dieu, parce qu'on a confiance en celui qui les donne. Parce que le croyant ou l’Église a toute confiance en la Parole de Dieu et dans le sacrifice de Jésus sur la croix, il (ou elle) peut obéir sans contrainte, avec amour, la paix dans le cœur, car il se sait déjà sauvé, en attendant la manifestation glorieuse de ce salut.

Comme pour Rahab, le salut de l’Église

- est acquis par la foi en Dieu

- est immédiat dès que le croyant reconnait et s'approprie la vertu de la croix

- est en espérance jusqu'à l'arrivée en gloire du Seigneur

- est conditionnel : si on sort de l'abri de la croix, si on ne demeure pas en Christ, celui-ci ne peut sauver sans l'adhésion de l'homme.

- est affiché : Rahab n'a pas caché son cordon rouge, même si les Cananéens y sont restés indifférents. Elle permettait ainsi à d'autres de connaître le moyen de salut. Le chrétien n'a pas à avoir honte de l’Évangile qu'il porte.

- est partagé : son témoignage et son souci des autres ont permis à ceux de sa famille qui les ont entendus et compris de bénéficier du même salut.

Se confier entièrement en Dieu pour son salut, et manifester cette confiance par des actes engagés et aimants, tel est l'enseignement de l'histoire de Rahab.

Les espions enseignent aussi aux croyants à vaincre leurs préjugés, à surmonter les barrières humaines, pour rencontrer l'autre, aller au-devant de lui et l'accepter comme il est,  pour lui offrir les promesses de salut de la part de Dieu. Ils ont su voir Rahab avec les yeux de Dieu, et lui faire confiance, sans la juger. Cette attitude a valorisé Rahab, qui a su répondre à cette confiance et grandir dans sa relation avec Dieu.

Ils rendaient ainsi possible l'obéissance fidèle de Rahab : se sachant assurée d'avoir la vie sauve, elle obéissait naturellement, sans peine ni anxiété, comme le croyant, sûr d'être sauvé, obéit avec joie à la loi que Dieu écrit dans son cœur.

 Lecture messianique

 Essayons de comprendre dans chaque étape du texte, ce qui annonce la personne et l'œuvre du Messie.

a et b) Comme Josué, Jésus avant d'exécuter ses jugements, envoie à tous, ses messagers de salut. Celui qui accueille ses appels favorablement trouve sa bouée de sauvetage, mais celui qui les rejette, se coupe de la source de la vie et va vers la mort.

Comme les espions, Jésus ne méprise ni ne repousse personne. Les espions ont promis le salut à Rahab sans tenir compte ni de sa race, ni de son sexe, ni de son métier, ni de sa condition sociale ou morale. Jésus dira aux pharisiens que les gens de mauvaise vie les précèderont dans le Royaume, à cause de leur désir ardent de la Vie et de leur confiance en sa Parole.

c) Ce que Rahab avait entendu de Dieu a engendré la foi dans son cœur, ce que Jésus vient témoigner de Dieu, éveille la foi dans le cœur réceptif. Les espions étaient prêts à mourir pour que Rahab ait la vie sauve, comme Jésus le fut, et l'accomplit pour nous sauver.

b') Le cordon rouge donné par les espions, fait allusion au sang de l'agneau de la Pâque, qu'il fallut répandre sur les linteaux de la porte, pour protéger de la mort les habitants de la maison. Il annonce  donc aussi le sang de Jésus cloué sur la croix, qui donne la vie éternelle à celui qui croit en lui et se place sous sa protection. Les moyens humains de protection (la corde = le rite religieux) ont une efficacité très relative, mais le moyen divin (cordon rouge = Jésus), malgré son apparence faible et déraisonnable, est absolument efficace pour donner la vie éternelle.

a') Jésus a déjà tout accompli pour notre salut, il nous a déjà livré son royaume, et les puissances spirituelles ennemies tremblent, car elles savent qu'elles sont déjà vaincues et vont être anéanties !

Lecture eschatologique

 Le rôle de l’Église, avant que s'accomplissent les jugements, est d'envoyer des messagers qui offrent le moyen de salut à tous. Le temps de grâce où nous sommes est ce temps de la dernière chance de salut offert à tous sans distinction de race, de sexe, de condition morale ou sociale. Dieu veut sauver et non détruire, et il fait tout pour atteindre ceux qui soupirent après le salut. Le temps de grâce, c'est aussi pour le croyant ce temps où, placé sous la protection de la croix et du Saint Esprit, il peut attendre, la paix dans le cœur malgré l'angoisse du monde et ses propres épreuves, la manifestation glorieuse de son salut et de la puissance de Dieu, comme Rahab attendit avec confiance la venue d'Israël et la chute de Jéricho. Le temps de grâce, c'est aussi le temps où le croyant témoigne auprès des siens de la venue certaine du Seigneur et du moyen de salut qu'il offre encore.

Questions pour une application dans la vie chrétienne 

1 - Comment recevons-nous les offres de salut de Dieu ? Comme Rahab avec empressement? Comme les Cananéens avec tremblement, opposition ou indifférence?  

2 - Que dois-je faire pour être sauvé ? Commencer par obéir, et croire ? Croire seulement ? Croire et agir en conséquence ? Travailler à être parfait pour pouvoir m'engager dignement ?Suis-je sûr d'être sauvé ? Pourquoi oui, ou pourquoi non ? 

3 - Ai-je honte d'être chrétien ? Comment montrer ma foi et mon appartenance au Christ ? par des signes extérieurs, comme le port d'une croix, la discipline alimentaire, une conduite morale irréprochable, des pratiques religieuses régulières, des citations bibliques ? ou par des qualités de cœur, de parole et d'être, qui attirent à Christ ? (1Cor.13) 

4 - Comment puis-je demeurer en Christ et résister à la tentation de sortir de son abri ?