03/10/2025
Étude n°2 : Surpris par la grâce Josué 2 (11/10/25)
Étude n°2 : Surpris par la grâce Josué 2 (11/10/25)
“ C'est l’Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans les cieux et en bas sur la terre ” (v.11)
(dessin de Pascal Fessler : Rahab cache les espions dans sa chambre haute)
OBSERVONS
Le texte est un récit entrecoupé de dialogues. L'action se situe avant le passage du Jourdain par le peuple.
a) v 1 Envoi des espions par Josué
b) v 2-7 Rahab cache et protège les espions
c) v 8-14 Confession de foi et requête de Rahab
b') v 15-21 Rahab sauve les espions qui lui promettent protection et salut
a') v 22-23 Retour des espions
Au centre de ce chapitre se situe la confession de foi de Rahab, d'où découlent ses œuvres de foi.
A sa protection des espions correspond la protection du fil rouge qu'ils lui donnent.
A son mensonge pour sauver la vie des espions s'opposent les promesses véridiques des espions pour sauver sa vie et celle des siens.
A la confiance que lui ont accordée les espions répond la confiance qu'elle a en eux.
La répétition par trois fois de l'idée de connaissance (v 9 : je le sais ; v 10 : nous avons appris ; v 11 : nous avons appris) insiste sur le poids du témoignage reçu par les Cananéens, sur leurs réactions et le choix de Rahab.
COMPRENONS
Lecture historique
Reprenons chaque étape du texte :
a ) Josué envoie des espions “ secrètement ” non seulement pour le peuple hébreu dont il peut redouter une réaction semblable à celle de leurs pères 40 ans avant, mais aussi pour les Cananéens qu'il est inutile de provoquer par l'envoi d'une délégation officielle. Dieu en effet a décidé que leur temps de grâce était terminé. A Abraham il avait annoncé que le peuple reviendrait dans le pays environ 400 ans plus tard, lorsque l'iniquité des Amoréens (nom général de la population cananéenne) serait à son comble, et qu'il serait temps d'y mettre fin (Gn 15.16).
Josué devait savoir qu'il était inutile de discuter avec ces peuples guerriers et corrompus. Son envoi d'espions à Jéricho ne se justifie que par son désir de connaître l'état d'esprit de l'ennemi pour préparer le peuple d'Israël à mettre toute sa confiance en Dieu seul. Peut-être cherche-t-il aussi à découvrir des alliés éventuels parmi les Cananéens, ou en tout cas des gens qui ne soient pas hostiles à Israël. Les promesses engagées par les espions auprès de Rahab prouvent qu'ils ont reçu des ordres de bienveillance envers ceux qui les aideraient. Les espions seraient le dernier effort fait par Israël et... par Dieu, pour sauver de la destruction ceux qui peuvent encore être sauvés.
Les deux espions descendent curieusement chez une femme païenne et prostituée ! On peut l'expliquer par le fait :
- qu'elle habite sur les remparts (c'est plus facile pour fuir rapidement),
- que sa maison est ouverte à tous : ils peuvent y entrer incognito et apprendre des visiteurs ce qu'ils cherchent à savoir.
- que Dieu les a sans doute conduits vers celle qui croyait en Lui et cherchait un moyen de salut.
b ) Rahab sauve la vie des espions en risquant sa propre vie, mais au prix d'un mensonge. Elle a compris qu'ils représentent pour elle une planche de salut, et ne veut pas laisser passer sa chance. Elle emploie donc tous les moyens qu'elle connaît pour saisir ce salut. Dieu sait son désir profond d'être sauvée et sa foi en la puissance divine. Il ne répondra pas au mensonge de Rahab, mais à sa foi qui la fait agir immédiatement selon sa compréhension et ses moyens. Remarquons que le péché du mensonge est placé avant la profession de foi de Rahab, et qu'ensuite, après la promesse de salut, Rahab se comportera avec fidélité et droiture. Intégrée au peuple d'Israël, elle épousera Salmon, sera la mère de Boaz, ancêtre de David, donc de Jésus (Mt 1.5) !
Le roi et les habitants de Jéricho, en apprenant la présence des espions pouvaient eux aussi saisir leur chance de salut. Mais leur endurcissement les fait agir de telle sorte qu'ils subiront ce qu'ils craignent tant.
c ) Rahab donne aux espions les renseignements qu'ils cherchaient, sur l'état d'esprit de Jéricho. Le témoignage des œuvres de Dieu est parvenu aux Cananéens et a provoqué leur terreur et leur découragement, mais chez Rahab, le désir d'être sauvée et l'espoir l'ont poussée à reconnaître Dieu comme :
- un Dieu Tout-Puissant sur la nature et les nations (v 10)
- un Dieu souverain, seul Dieu de l'Univers (v 11)
- un Dieu vers qui il faut se tourner pour avoir la vie sauve (v 13).
Elle pense donc que s'il est inévitable et juste de subir les conséquences du refus de croire en Dieu, il est possible d'être sauvé en acceptant Dieu dans sa vie. Elle se tourne donc vers les espions qui représentent ce Dieu à ses yeux, et leur adresse sa requête, après avoir confessé sa foi. Sa foi, venue de ce qu'elle avait entendu, l'a poussée à risquer sa vie pour accueillir et protéger ceux qui, à leur tour, sont prêts à mourir pour la protéger (v 14). Elle risque sa vie et abandonne tout ce qu'elle a dans la société cananéenne, par espoir d'avoir la vie sauve. Elle pressent que cette vie dans le peuple hébreu sera complètement différente pour elle, et sans doute difficile, mais seule compte à ses yeux, la protection de l’Éternel.
b') Rahab donne aux espions le moyen de fuir la ville. Il est intéressant de voir le rôle de la fenêtre et de la corde, puis du cordon rouge, qui permettent à chacun d'échapper à la mort. La corde, moyen humain d'évasion, est solide, tangible, mais n'offre qu'un salut éphémère, et précaire. Le cordon rouge, apparemment fragile et ridicule, offre un salut durable et certain, si on croit en sa vertu !
Les espions font trois recommandations à Rahab pour que son salut soit réel :
- attacher le cordon à sa fenêtre pour être identifiée.
- ne pas sortir de la protection de sa maison, demeurer sous son toit.
- ne pas trahir les envoyés.
Rahab a tellement confiance dans leur parole, qu'elle s'empresse d'attacher le cordon rouge. Elle aurait pu attendre l'attaque de la ville, ou de voir comment les choses allaient tourner. Sa foi dans les évènements prédits et les promesses données, est telle qu'elle se met tout de suite sous la protection du cordon rouge, moyen de salut donné par les espions, et non proposé par elle-même. La paix règne désormais dans son cœur.
Elle révèle aussi son amour pour les siens, en les associant à sa requête de protection et de vie. Son amour permettra à ceux qui l'écouteront et la croiront, de vivre eux aussi.
a') Les espions échappent à leurs poursuivants par l'obéissance aux conseils de Rahab, à qui ils ont fait confiance. Ils rapportent à Josué ce qu'ils ont appris. Ils ont vu, dans leur expérience risquée, la main de Dieu sur eux et la confirmation que l’Éternel leur a livré effectivement le pays. Cette expérience a fortifié leur foi et leur a donné la vision de la puissance, la fidélité et la miséricorde de Dieu pour tous, au-delà des obstacles humains.
Lecture spirituelle
Rahab, c'est un peu chacun des croyants et l’Église tout entière, ayant d'abord vécu dans et selon le monde livré au péché et promis à la mort, ayant entendu parler des merveilles de Dieu et de sa justice, ayant pris conscience de sa perdition mais aussi de la puissance et de la bonté de Dieu pour l'en sortir, ayant fait confiance à ce Dieu Sauveur, ayant agi en s'engageant totalement selon cette confiance, permettant enfin à d'autres d'être sauvés par leur témoignage de foi et d'amour.
Rahab par son attitude, enseigne à chacun que la recherche énergique du salut implique
- une foi totale dans la parole de Dieu
- une décision immédiate à l'offre du salut : on ne peut renvoyer à demain le choix qui est une question de vie ou de mort !
- une entière acceptation du moyen de salut offert par Dieu, même s'il paraît déraisonnable ou insignifiant.
- une soumission totale et fidèle aux ordres reçus de Dieu, parce qu'on a confiance en celui qui les donne. Parce que le croyant ou l’Église a toute confiance en la Parole de Dieu et dans le sacrifice de Jésus sur la croix, il (ou elle) peut obéir sans contrainte, avec amour, la paix dans le cœur, car il se sait déjà sauvé, en attendant la manifestation glorieuse de ce salut.
Comme pour Rahab, le salut de l’Église
- est acquis par la foi en Dieu
- est immédiat dès que le croyant reconnait et s'approprie la vertu de la croix
- est en espérance jusqu'à l'arrivée en gloire du Seigneur
- est conditionnel : si on sort de l'abri de la croix, si on ne demeure pas en Christ, celui-ci ne peut sauver sans l'adhésion de l'homme.
- est affiché : Rahab n'a pas caché son cordon rouge, même si les Cananéens y sont restés indifférents. Elle permettait ainsi à d'autres de connaître le moyen de salut. Le chrétien n'a pas à avoir honte de l’Évangile qu'il porte.
- est partagé : son témoignage et son souci des autres ont permis à ceux de sa famille qui les ont entendus et compris de bénéficier du même salut.
Se confier entièrement en Dieu pour son salut, et manifester cette confiance par des actes engagés et aimants, tel est l'enseignement de l'histoire de Rahab.
Les espions enseignent aussi aux croyants à vaincre leurs préjugés, à surmonter les barrières humaines, pour rencontrer l'autre, aller au-devant de lui et l'accepter comme il est, pour lui offrir les promesses de salut de la part de Dieu. Ils ont su voir Rahab avec les yeux de Dieu, et lui faire confiance, sans la juger. Cette attitude a valorisé Rahab, qui a su répondre à cette confiance et grandir dans sa relation avec Dieu.
Ils rendaient ainsi possible l'obéissance fidèle de Rahab : se sachant assurée d'avoir la vie sauve, elle obéissait naturellement, sans peine ni anxiété, comme le croyant, sûr d'être sauvé, obéit avec joie à la loi que Dieu écrit dans son cœur.
Lecture messianique
Essayons de comprendre dans chaque étape du texte, ce qui annonce la personne et l'œuvre du Messie.
a et b) Comme Josué, Jésus avant d'exécuter ses jugements, envoie à tous, ses messagers de salut. Celui qui accueille ses appels favorablement trouve sa bouée de sauvetage, mais celui qui les rejette, se coupe de la source de la vie et va vers la mort.
Comme les espions, Jésus ne méprise ni ne repousse personne. Les espions ont promis le salut à Rahab sans tenir compte ni de sa race, ni de son sexe, ni de son métier, ni de sa condition sociale ou morale. Jésus dira aux pharisiens que les gens de mauvaise vie les précèderont dans le Royaume, à cause de leur désir ardent de la Vie et de leur confiance en sa Parole.
c) Ce que Rahab avait entendu de Dieu a engendré la foi dans son cœur, ce que Jésus vient témoigner de Dieu, éveille la foi dans le cœur réceptif. Les espions étaient prêts à mourir pour que Rahab ait la vie sauve, comme Jésus le fut, et l'accomplit pour nous sauver.
b') Le cordon rouge donné par les espions, fait allusion au sang de l'agneau de la Pâque, qu'il fallut répandre sur les linteaux de la porte, pour protéger de la mort les habitants de la maison. Il annonce donc aussi le sang de Jésus cloué sur la croix, qui donne la vie éternelle à celui qui croit en lui et se place sous sa protection. Les moyens humains de protection (la corde = le rite religieux) ont une efficacité très relative, mais le moyen divin (cordon rouge = Jésus), malgré son apparence faible et déraisonnable, est absolument efficace pour donner la vie éternelle.
a') Jésus a déjà tout accompli pour notre salut, il nous a déjà livré son royaume, et les puissances spirituelles ennemies tremblent, car elles savent qu'elles sont déjà vaincues et vont être anéanties !
Lecture eschatologique
Le rôle de l’Église, avant que s'accomplissent les jugements, est d'envoyer des messagers qui offrent le moyen de salut à tous. Le temps de grâce où nous sommes est ce temps de la dernière chance de salut offert à tous sans distinction de race, de sexe, de condition morale ou sociale. Dieu veut sauver et non détruire, et il fait tout pour atteindre ceux qui soupirent après le salut. Le temps de grâce, c'est aussi pour le croyant ce temps où, placé sous la protection de la croix et du Saint Esprit, il peut attendre, la paix dans le cœur malgré l'angoisse du monde et ses propres épreuves, la manifestation glorieuse de son salut et de la puissance de Dieu, comme Rahab attendit avec confiance la venue d'Israël et la chute de Jéricho. Le temps de grâce, c'est aussi le temps où le croyant témoigne auprès des siens de la venue certaine du Seigneur et du moyen de salut qu'il offre encore.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
1 - Comment recevons-nous les offres de salut de Dieu ? Comme Rahab avec empressement? Comme les Cananéens avec tremblement, opposition ou indifférence?
2 - Que dois-je faire pour être sauvé ? Commencer par obéir, et croire ? Croire seulement ? Croire et agir en conséquence ? Travailler à être parfait pour pouvoir m'engager dignement ?Suis-je sûr d'être sauvé ? Pourquoi oui, ou pourquoi non ?
3 - Ai-je honte d'être chrétien ? Comment montrer ma foi et mon appartenance au Christ ? par des signes extérieurs, comme le port d'une croix, la discipline alimentaire, une conduite morale irréprochable, des pratiques religieuses régulières, des citations bibliques ? ou par des qualités de cœur, de parole et d'être, qui attirent à Christ ? (1Cor.13)
4 - Comment puis-je demeurer en Christ et résister à la tentation de sortir de son abri ?
08:00 Publié dans Josué 4/25 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/09/2025
Étude n°1 Josué 1 La recette du succès (04 10 25)
Étude n°1 Josué 1 La recette du succès (04 10 25)
« Fortifie-toi et aie bon courage, en observant et en mettant en pratique toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a prescrite : ne t’en détourne ni à droite ni à gauche, afin de réussir partout où tu iras ! » Jos 1.7
Observons le chapitre 1 :
a) Quels sont les acteurs ?
v 1-9 L’Éternel prend l'initiative du dialogue. Josué reçoit ses ordres et ses promesses
v 10-11 Les aides de camp reçoivent les ordres de Josué
v 12-18 Les trois tribus transjordaniennes reçoivent de Josué un appel à la solidarité, et y répondent favorablement.
b) Déterminer les acteurs nous permet déjà de saisir le plan du texte en trois parties
1- les encouragements et les promesses de Dieu
2- Josué prend Dieu au mot
3- Solidarité et encouragements des trois tribus transjordaniennes.
La composition globale du texte révèle sa dimension pédagogique et spirituelle. Que le chef prenne les promesses de Dieu au mot porte des fruits immédiats sur l'attitude des hommes qui le suivent.
A) Première partie : dialogue avec Dieu : Promesses et exhortations de Dieu
v 1-2 : Ordre de départ
v 3 : don du pays
v 4 : délimitations du pays
v 5 : Promesse de victoire et de présence
v 6 : 1ère exhortation à la foi en l'accomplissement de la mission
v7-8 : 2ème exhortation à l'obéissance et la méditation
v 9 : 3ème exhortation au courage et à la confiance en la présence de Dieu
B) deuxième partie : Josué prend Dieu au mot
v 10-11 : - Ordre de partir et de se préparer pour le troisième jour (voir v 2 : Lève-toi)
- le Jourdain sera passé (comme Moïse v 5)
- le pays est un don de Dieu (voir v 3 et 6)
C) Troisième partie : dialogue avec les trois tribus
v 13 : rappel du don de Dieu
v 14-15a : appel à la solidarité
v 15b : rappel du don de Dieu
v 16-18a : Promesses d'obéissance et de soutien de la part des trois tribus
v 18b : encouragements.
- Trois encouragements divins et un encouragement humain en écho.
A) Les 1 et 3ème encouragements de Dieu ne s'accompagnent que d'une promesse. Le 2ème au centre, s'accompagne d'une exhortation à l'obéissance et la méditation, suivie d'une promesse de réussite répétée trois fois (réussir, succès, réussir).
B) Chacune des promesses de Dieu est reprise par Josué pour les aides de camp
C) l'appel à la solidarité est encadré par deux rappels des dons de Dieu aux trois tribus.
- l'engagement d'obéir s'accompagne de l'encouragement au chef.
Comprenons
Lecture historique
Le peuple à la mort de Moïse se trouve à l'Est du Jourdain et de Jéricho, au Nord de la Mer Morte, dans la région de Sittim. Quatre obstacles s'opposent à son entrée en Canaan :
- le fleuve est en crue à cette époque de la moisson (3.15)
- la population cananéenne du pays est violente et puissante, dans des villes fortifiées et armées.
- la topographie du pays montagneux est totalement inconnue des Hébreux
- les dimensions du territoire semblent très vastes, donc la conquête risque d'être longue.
Josué, promu chef de ce peuple, peut être inquiet et douter du succès de sa mission. L’Éternel intervient alors pour encourager son serviteur avant l'action.
Aux obstacles qui se présentaient aux yeux de Josué et du peuple, Dieu oppose ses promesses :
- Le Jourdain sera passé car Dieu sera avec Josué comme il a été avec Moïse. Josué comprend que ce que Dieu a fait avec Moïse à la Mer Rouge, il peut le refaire maintenant. Il s'appuie sur cette promesse au point d'affirmer avec assurance : dans trois jours vous passerez !
- La population cananéenne ne tiendra pas devant Josué (v 5), qui réussira dans ses entreprises (v 8). L’Éternel a déjà vaincu d'avance ces peuples ennemis comme il l'avait dit à Moïse (Dt 31.5 et 7.1-2a : l’Éternel vous les livrera). A ce sujet, les ordres d'interdits donnés par Dieu sont expliqués en Nombres 33.52 : ce qui devait être détruit par le peuple, ce n'était pas la population qui devait être seulement chassée du territoire, mais c'étaient les objets du culte idolâtre. Le peuple entrainé par sa propre violence ira beaucoup plus loin que les ordres de Dieu, et Dieu sera “obligé” d'accepter les actes de son peuple et de le laisser aller jusqu'au bout, l'utilisant comme son bras justicier, pour lui faire comprendre expérimentalement les conséquences funestes de l'idolâtrie.(Voir l'introduction générale, Les guerres de conquête.)
- La méconnaissance du pays est balayée par la promesse (v 3) que tout lieu foulé par le pied sera donné au peuple par Dieu. Le peuple n'a pas à craindre, mais à marcher avec audace dans ce pays inconnu. Seuls ses craintes et ses abandons délimiteront le territoire conquis. C'est en effet ce qui arriva, car jamais Israël n'atteignit les limites indiquées par Dieu : du sud du Neguev au Liban, et de la Méditerranée à l'Euphrate.
- Les dimensions du pays pouvaient paraître immenses à un Josué âgé d'environ 80 ans, à l'entrée du pays. Il pouvait penser qu'il ne verrait pas de son vivant la fin de la conquête. Dieu le rassure (v 6), c'est bien lui qui mettra le peuple en possession du pays. La conquête ne sera pas trop longue.
Les promesses de réussite s'accompagnent d'exhortations qui en constituent autant de conditions. Dieu assure du succès, si l'homme entre dans son plan. S'écarter de son projet et négliger ses recommandations, c'est courir à l'échec.
Josué trouvera du courage (v 7-8) :
- s'il obéit à la loi de Moïse. La loi c'est la Thora, c'est la voie de Dieu proposée à l'homme, comme le suggère l'emploi de l'image “ ne t'en détourne ni à droite ni à gauche ”. Il ne s'agit pas ici de légalisme, mais de marche dans le chemin tracé par Dieu et révélé à Moïse dans les dix Paroles et les autres écrits du prophète.
- s'il persévère dans la communion avec Dieu. Comment rester dans cette voie de Dieu ? Le verset 8 répond :
par la lecture des Écritures. “ De ta bouche ” fait allusion à la lecture à mi-voix, psalmodiée dans le culte des Orientaux.
par la méditation persévérante “ nuit et jour ”. Lire ne suffit pas, il faut réfléchir au sens et à la portée pratique des textes lus. Méditer n'est pas seulement étudier et mémoriser. Pour simplifier, étudier correspond à la partie Observons de notre étude, méditer allie les parties Comprenons et Appliquons. Pour que la Parole de Dieu fortifie le courage de Josué, il faut qu'il en médite le sens dans une communion constante avec le Seigneur, et ensuite qu'il la vive concrètement.
- s'il a confiance (v 9). Dieu répète la promesse de sa présence (v 5,9) et demande à Josué de croire, en s'appuyant sur l'expérience de cette présence auprès de Moïse, que Josué a pu constater pendant 40 ans au désert. Si le peuple sorti d’Égypte n'a pu entrer en Canaan, c'est à cause de son incrédulité (Héb 3.19). Il ne croyait pas à la présence puissante, permanente et miséricordieuse de Dieu. C'est pourquoi Dieu insiste tant pour que Josué renouvelle l'acte de foi en Dieu qu'il avait eu avec Caleb, seul contre tous, 40 ans auparavant.
L'obéissance et la méditation restent vaines et creuses si elles ne sont pas accompagnées d'une adhésion à Dieu, d'une confiance totale dans sa parole.
Josué ne tergiverse pas, et donne aussitôt ses ordres qui reprennent une à une les promesses de Dieu, sans douter de leur réalisation :
-Vous passerez le Jourdain - Vous allez conquérir le pays - Dieu vous en donne la possession
Josué fait aussi preuve de prévoyance et d'attention aux besoins du peuple : le peuple tout entier devant lever le camp, avec hommes, femmes, enfants, vieillards, troupeaux, il est nécessaire de donner un délai de trois jours pour tout préparer et s'approvisionner. La manne est encore recueillie, mais depuis que le peuple est entré dans des régions cultivées, elle est accompagnée d'autres vivres. La manne durera jusqu'au lendemain de la première Pâque célébrée sous les murs de Jéricho (5.12).
Les trois tribus transjordaniennes avaient déjà reçu leur territoire à l'Est du Jourdain, sur leur demande à Moïse, car “ le pays était un lieu propre pour leurs troupeaux (Nb 32). En contrepartie de cette installation précoce, ils avaient promis à Moïse d'engager leurs hommes vaillants au côté des autres tribus pendant toute la durée de la conquête de Canaan.
Josué se tourne vers eux pour leur rappeler leur promesse et leur demander de l'honorer, en étant devant leurs frères. Leur solidarité est totale : le privilège d'être déjà installés ne les dispense pas d'être placés en première ligne et d'aider les moins privilégiés. Ils auraient pu refuser, mais alors, selon Nb 32.23, ils se seraient séparés de Dieu et en auraient subi les conséquences. Ils font donc allégeance d'obéissance à Josué, comme ils l'avaient fait à Moïse, et prient pour lui afin que Dieu bénisse sa mission et lui donne force et courage.
La confirmation humaine de l'exhortation de Dieu “ Fortifie-toi et prends courage ” conclut ce dialogue et dut être pour Josué un signe de la présence de Dieu qui inspirait à ces hommes le même message qu'il avait reçu personnellement.
Lecture spirituelle
Lorsque l'Esprit confie une mission à l’Église, ou qu'il pousse un homme ou une femme à se lever, “ à passer le Jourdain ” par le baptême, à s'engager dans le combat terrestre de la foi, il leur donne toujours des encouragements et des promesses, accompagnées d'exhortations à la foi, à la méditation de sa Parole et à l'obéissance. C'est le dernier message de Jésus à ses disciples à l'Ascension “ Allez, faites des disciples, baptisez-les et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Voici je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. ” (Mt 28.19-20).
Le Seigneur demande d'avoir foi en sa victoire acquise d'avance à la croix sur les puissances ennemies spirituelles, contre lesquelles nous avons à lutter. Nous rappeler la victoire de notre Chef doit nous permettre de remporter la victoire sur les tentations ou dans les épreuves, puisqu'il nous a promis d'être avec nous tous les jours.
Le Seigneur nous demande aussi de méditer sa Parole, pas seulement la lire toute entière, mais encore en percevoir le sens spirituel et la portée pratique dans notre vie quotidienne.
Enfin il exige une obéissance à sa Parole qui ne soit pas du légalisme, c'est à dire attachée à la forme, à la lettre, mais qui suive les instructions divines pour marcher dans ses voies. Or Jésus est le chemin du salut, comme la Thora, la loi ou les instructions de Dieu ont été le chemin qui menait à Christ. Rester dans ce chemin, ne s'en détourner ni à droite ni à gauche, c'est demeurer en Christ (Jn 14.23 ; 15.7,10). Réussir dans ses entreprises, c'est d'abord porter du fruit, c'est aussi remplir sa mission de porte-parole de Dieu dans le monde pour le salut du plus grand nombre.
Cela n'est possible à l’Église et au croyant que si la méditation de la Parole persévérante et profonde éclaire et nourrit la foi, la confiance en Dieu. Une église, un croyant qui néglige l'étude et la méditation de la parole, s'étiole, se décourage et s'éloigne de Dieu. Mais le texte enseigne que la foi et la méditation qui ne s'accompagnent pas aussi de l'action obéissante, ne servent à rien. On peut être des biblistes émérites, connaître sa Bible par cœur, l'avoir lue plusieurs fois en entier, si cela reste au niveau de la pensée, de l'intellect ou de l'émotion, on manque le but : on se prive des bénédictions que Dieu désire accorder à celui qui l'aime de tout son cœur, de toute sa pensée et de toute sa force (=sa volonté et son action). Josué a vu s'accomplir immédiatement la promesse de Dieu, dans l'élan de solidarité et l'encouragement des trois tribus, parce qu'il a pris au mot ces promesses de Dieu et est passé à l'action aussitôt.
Le texte nous apprend aussi comment distinguer si la voix intérieure que l'on entend vient bien de Dieu. Par trois fois, Dieu s'adresse à Josué, en lui disant le même message. Dieu dans la Bible, se répète toujours deux ou trois fois, pour bien faire comprendre son message. Puis il en donne une confirmation extérieure, dans les circonstances ou les paroles d'un tiers. Ici ce sont les Transjordaniens qui confirment l'exhortation divine, et leur solidarité appuie la mission reçue par Josué. Ainsi, Dieu s'adresse au croyant dans sa méditation quotidienne, et le croyant attentif saura distinguer, dans les circonstances et les échanges avec les autres, la voix et le message de Dieu. Dans l’Église, l'Esprit ne s'adresse pas à un membre isolé sans qu'il y ait confirmation d'une façon ou d'une autre de son message dans la communauté. Nul ne peut prétendre avoir été inspiré pour le bien de la communauté, dans l'intimité de sa chambre, si les circonstances (ici, l'engagement des Transjordaniens), ou les propos de la communauté ne viennent confirmer la révélation divine individuelle. Si dans l'AT, l'Esprit s'adressait à des individus prophètes face à un peuple souvent hostile, depuis la Pentecôte l'Esprit est donné à tous dans la communauté des fidèles, et confirme par ce moyen les inspirations individuelles.
Le Saint-Esprit n'inspire pas la division ni la critique, mais l'union et l'encouragement au service de Dieu, de toute la communauté des fidèles.
Lecture messianique
Comme Josué avant de commencer sa mission, Jésus, au début de son ministère, reçut la confirmation de Dieu d'être accompagné et fortifié par lui tous les jours (Mt 3.17 ; 4.11). Jésus apprit ainsi qu'il était “ celui qui mettrait le peuple en possession de son héritage ” et que la réussite de sa mission de salut dépendait de sa relation intime avec son Père, dans la foi, la méditation de la Parole, et l'obéissance, comme le prouvent ses réponses aux tentations dans le désert.
De même Jésus demande à ses aides de camp, les responsables de l’Église, de préparer le peuple à la conquête de la Vie éternelle, en lui fournissant des aliments à sa foi, en l'exhortant à la méditation et à l'obéissance à la Parole de Dieu.
Enfin Jésus demande aux disciples assurés de leur salut, affermis dans la foi et l'expérience avec Dieu, de marcher devant ceux qui hésitent, ont besoin de secours et d'affermissement, non pas pour les dominer, mais pour les encourager, les protéger, les soutenir, les entrainer dans leur marche de la foi. Jésus reste le chef de l’Église qui pénètrera toute entière et en même temps dans son royaume éternel.
Lecture eschatologique
Au moment où Jésus se prépare à nous donner le repos de son Royaume éternel, il nous invite à nous fortifier par le souvenir de ses interventions passées et à prendre courage en persévérant dans la foi, la méditation et l'obéissance. Il nous appelle aussi à nous engager plus ardemment, nous, croyants qui avons reçu déjà notre part d'héritage par le Saint-Esprit dans nos cœurs, et qui sommes spirituellement peut-être plus avancés que d'autres. Parce que nous avons reçu plus de révélations, notre devoir est de veiller sur les plus faibles dans la foi et la connaissance de Dieu, et de travailler à leur affermissement et leur croissance spirituelle, car nous n'entrerons pas sans eux ni avant eux, dans la pleine jouissance du royaume. Nous n'avons pas non plus le droit de nous détourner et de nous isoler des croyants en Christ des autres dénominations, sous prétexte qu'ils ne sont pas au même point que nous dans la connaissance de la volonté de Dieu. Nous devons au contraire être pour eux des moteurs, des entraineurs en première ligne, sur le chemin de Christ, à l'avant-garde de son peuple, pour le préparer comme Jean-Baptiste, à sa venue très proche.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Lorsque je suis tenté(e), ou découragé(e), vers qui ou quoi est-ce que je me tourne pour retrouver du courage ?
- La pensée que Jésus a vaincu, à la croix et à la résurrection, les ennemis spirituels contre lesquels je dois lutter, est-elle pour moi un stimulant de ma foi ? Quels sont les obstacles à ma victoire sur ce qui me sépare de Dieu ?
- Puis-je prendre la décision de méditer fidèlement la Parole de Dieu, et la mettre en pratique chaque jour de cette semaine ?
- Quels encouragements et exhortations Dieu m'a-t-il donnés cette semaine? Qu'en ai-je fait ?
- Quelle(s) promesse(s) de Dieu ai-je retenue(s) et ai-je prise(s) au mot ? Quelles expériences en ont découlé ?
- Quelle est mon attitude vis-à-vis de la communauté où je vis : suis-je “ au front ” du service, ou bien à l'arrière -garde ? Pourquoi ?
- Demandons au Seigneur de nous inspirer de son Esprit de service et d'amour pour être les porteurs de son message de salut et de vie éternelle.
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