09/09/2022
Étude n°12 : Mourir comme la graine, Jean 12.23-28 (17 09 22)
Étude n°12 : Mourir comme la graine, Jean 12.23-28 (17 09 22) Texte de l'AET : Philippiens 2.3-11, l'exemple de Christ.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » Jean 12.24
Observons
Le contexte
Jésus vient d’entrer à Jérusalem dans la liesse populaire des pèlerins de la Pâque. Certains d’entre eux, prosélytes d’origine grecque ont entendu parler de Jésus ; ils manifestent à deux apôtres leur désir de le voir. Jésus se saisit de cette prière pour faire comprendre à ses disciples ce qui l’attend, qui est à l’opposé de la gloire terrestre qu’ils espèrent (v 23-30). La demande des Grecs trouve une réponse détournée dans l’affirmation de Jésus, dans les versets 26, 31-32 : « J’attirerai tous les hommes à moi, quand j’aurai été élevé de la terre ! »
Le texte : v 23-28
Les mots-clés placés en parallèles, en opposition ou répétés, donnent la structure du texte :
l’heure 23 // 27 (x2) ;
glorifier 23 // 28 (x2), // honorer 26,
mourir 24 (x2) // perdre sa vie (25 (x2) ╪ conserver la vie 25,
vie dans ce monde ╪ vie éternelle,
aimer sa vie ╪ haïr sa vie,
ne pas mourir et rester seul ╪ mourir et porter du fruit,
servir = suivre Jésus,
servir Jésus = être honoré du Père 26.
- 23 : l’heure de la glorification du Fils de l’homme est venue
- 24-25 : Parabole du grain et son explication
a’) 26 : Honneur du serviteur, disciple de Jésus
b’) 27 : Vive émotion de Jésus devant son « heure »
a’’) 28 : Glorification de Jésus par Dieu.
Comprenons : A son arrivée à Jérusalem pour la dernière Pâque de son ministère terrestre, Jésus a été acclamé par une foule nombreuse qui pressent en lui le roi-messie attendu depuis la prophétie de Zacharie 400 ans auparavant (9.9). Alors que la popularité de Jésus à la suite de la résurrection de Lazare inquiète les Pharisiens (19), elle attire à lui des prosélytes grecs (= nouveaux convertis au judaïsme), ou des Juifs venant de Grèce pour la Pâque (20). Voir Jésus concrétise pour eux peut-être un désir d’être proches du personnage célèbre du moment, c’est prendre quelques miettes de sa gloire pour repartir dans leur pays fiers et auréolés de cette rencontre. Le conciliabule entre Philippe et André laisse supposer qu’ils discutent entre eux de l’opportunité de cette demande. Peut-être hésitent-ils à partager avec d’autres une intimité avec Jésus dont ils tirent gloire eux aussi.
Jésus voit dans le désir des Grecs des prémices de ce qui se passera lorsqu’il aura été réellement glorifié et honoré par le Père (32). L’expression « être élevé de terre » peut s’entendre physiquement comme Jean le comprend (33) : il s’agit de l’élévation humiliante et dramatique de la croix au-dessus du sol ; mais on peut aussi la comprendre spirituellement comme l’élévation glorieuse et magnifique de la résurrection et de l’ascension auprès de Dieu (Jn 20, Lc 24.51).
Cette élévation est mise en parallèle dans le texte avec la glorification, la fécondité du grain après la mort, le gain de la vie éternelle et l’honneur acquis par le disciple de la part du Père. Ce que réclament les Grecs leur part de gloire, leur sera donné s’ils acceptent de servir Jésus et de suivre son exemple. Pour leur faire comprendre ce que cela signifie, Jésus se compare à une graine mise en terre (= son incarnation), qui ne peut être féconde si elle ne meurt pas, si elle garde enclos en elle le germe de vie qui donnera une nouvelle pousse et un épi gonflé de nouveaux grains. L’incarnation de Jésus parmi les hommes ne suffit pas à les sauver, il lui faut mourir en tant qu’homme, pour que la vie divine qui est en lui s’épanouisse pleinement et profite à tous ceux qui le suivent.
Jésus donne lui-même une explication générale de sa parabole (25) : avoir la vie terrestre, physique et psychique (= l’âme), et vouloir la conserver pour sa jouissance personnelle, au détriment de sa vie spirituelle, conduit à sa perte définitive dans la mort physique et spirituelle. C’est se cantonner à l’horizon rapproché, sans vision lointaine. Devenue un obstacle à la communion avec Jésus, la vie terrestre ou amour de soi-même, doit être « haïe », rejetée. Ce n’est pas une incitation au suicide, comme on pourrait le croire ! Les textes parallèles de Luc 9.23-24, 14.26-27, Matthieu 10.37-40, 17.33, nous expliquent le sens de cette haine particulière. Aimer sa vie ou son âme dans ce monde, c’est s’aimer soi-même, chérir son « ego », ne pas se soucier de sa vie future, à l’exemple de la femme de Lot. C’est préférer le présent qui n’a comme fin que la mort, à l’amour pour Dieu et à son service, qui ont pour fin la vie éternelle avec lui. Les fils d’Elie (1 Sa 2.12 et suivants) ou Saül (1Sa 13.1-14) en sont des exemples dans l’Ancien Testament. L’amour de son moi égoïste et orgueilleux devient un obstacle à la relation avec Dieu et doit être « haï » et mourir.
Comme Jésus a refusé la tentation d’éviter la mort et la souffrance qui l’angoissaient, le disciple de Jésus est appelé à passer par la mort de son « moi » charnel (au sens biblique de non-régénéré par l’Esprit), avide de gloire passagère, pour être comme Jésus ressuscité et glorifié, honoré par le Père (26b), et rendu fécond, porteur de fruit, porteur de nourriture et de vie pour plusieurs autres (24b). C’est ainsi que Paul le comprit en écrivant aux Romains (12.1-2) d’offrir « leurs corps en sacrifice vivant et saint, agréable à Dieu, et de ne pas se conformer au siècle présent ». De même, porter sa croix (Mt 10.38), c’est mourir à soi-même en renonçant à tout ce qui fait obstacle à la vie de Dieu en soi, mourir comme la graine, comme Jésus qui a renoncé à la gloire humaine pour gagner la gloire éternelle (Phi 2.5-9), non seulement pour lui, mais aussi pour y entraîner ses disciples et serviteurs (26).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- A quelle graine ressemblé-je : le grain de blé conservé à l’abri de toute « détérioration » dans une boite de l’armoire à provisions (= chrétien rempli de certitudes, de connaissance biblique, mais sans engagement profond dans l’église et auprès des autres), ou grain de froment semé en terre pour germer et donner des épis (= chrétien mêlé à son environnement, au service des autres avec abnégation, humilité et joie) ?
- Quel « amour » terrestre dois-je laisser mourir en moi pour suivre Jésus et devenir une graine féconde ? Mes amours terrestres ne sont-ils pas légitimes et nécessaires à la conservation et la croissance de la vie humaine ? Quand deviennent-ils un obstacle à ma relation avec Dieu ? Trouvez des exemples précis dans votre expérience.
- Comment surmonter mon angoisse devant la perspective de ma souffrance et de ma mort ?
- Que signifie pour moi et pour mon église « glorifier le nom de Dieu » dans la souffrance de l’épreuve ?
08:00 Publié dans Dans l'épreuve 3ètrim 22 | Lien permanent | Commentaires (0)
02/09/2022
Étude n°11 Patienter dans l’épreuve Psaume 37.1-11
Étude n°11 Patienter dans l’épreuve Psaume 37.1-11 (10 09 22)
« Remets ton sort à l’Éternel. Confie-toi en lui et c’est lui qui agira. » Ps 37.5
« Il est bon d’attendre en silence le salut de l’Éternel » Lamentations 3.26
Observons
Contexte :
- A qui est attribué ce psaume ? Dans quelles circonstances de sa vie pouvons-nous penser qu’il l’a écrit, v 6-7 ?
- A quelle catégorie de psaumes appartient celui-ci, (ce qui explique sa longueur et ses répétitions) ?
Texte
- Quel sentiment est stigmatisé par les répétitions, v 1, 7b, 8 ?
- Quels conseils sont donnés au croyant, v 3, 4, 5, 7a ?
- Quelles promesses lui sont faites, v 4, 5, 6, 9-11 ?
Comprenons
Contexte : Ce psaume de David est dit « alphabétique » car il est construit mnémotechniquement selon l’alphabet hébreu : chaque lettre introduit deux versets sentencieux, reprenant sous diverses formes la même pensée générale. Le croyant est invité à bannir colère et impatience devant le succès provisoire du méchant (= l’impie). Dieu agira pour ceux qui se confient en lui.
Texte
David n’était sans doute pas encore roi lorsqu’il a écrit ce psaume. Il devait être dans la dure période de sa vie précédant la mort de Saül qui le poursuivait de sa fureur et de sa jalousie. Toujours en fuite ou réfugié chez les voisins, David pouvait s’impatienter d’attendre la réalisation de la promesse de royauté que lui avait faite le prophète Samuel. Comment résister dans l’épreuve, tel est le message de ce passage.
V 1-2 : L’irritation ou colère éprouvée contre les malfaisants s’accompagne souvent de jalousie devant leur réussite imméritée. Les anciens s’étonnaient de ne pas voir la punition des méchants et le rétablissement des justes dans leurs droits durant leur existence terrestre, car l’existence d’un autre monde parfait et juste restait encore très floue. La seule consolation exprimée au v 2, était de penser à la fragilité de la vie, au caractère éphémère de toute prospérité et de toute existence.
V 3 : Mais celui qui croit en l’Éternel peut avoir une assurance : sa confiance en Dieu, sa pratique du bien, sa stabilité dans la présence de l’Éternel (= dans le pays d’Israël), sa persévérance à se nourrir avec délices de ce que Dieu lui accorde fidèlement (= la pâture), lui permettront de recevoir les cadeaux de Dieu, les bénédictions et les exaucements à ses prières.
V 4 : Dans la souffrance ou l’inquiétude, la tentation pour David et pour chacun de nous est grande de vouloir hâter le plan de Dieu. Abraham crut accomplir ce plan en prenant Agar, Jacob en volant la bénédiction de son père et le droit d’aînesse de son frère ; le peuple d’Israël après la chute de Jéricho crut pouvoir conquérir la ville d’Aï sans l’aval de Dieu, mais David dans la caverne où Saül s’était retiré, résista à la tentation de le tuer alors qu’il était à sa merci (1 Samuel 24), puis une seconde fois, devant la tente où Saül dormait (1 Samuel 26).
V 5-6 : C’est pourquoi il pouvait conseiller de se confier en l’Éternel, de le laisser agir pour rétablir la justice et le droit de celui qui remet son sort entre ses mains. Ce fut le cas de David qui devint roi au temps voulu par Dieu ; il préfigurait la passion de Christ suivie de la résurrection dans la lumière de Pâques (v 6).
V 7-8 : de nouveau ces versets recommandent silence, paix et patience devant le méchant dont le jugement appartient au Seigneur. Apparaissent ici les deux faces du jugement de Dieu : l’effacement des méchants et la possession du pays pour ceux qui espèrent en Dieu avec humilité (v 9-11). Le jugement de Salomon sur les deux femmes (1 Rois 3.16-28) en est une illustration prophétique frappante. (voir en annexe de la leçon 2).
La suite du psaume est une répétition en deux strophes des mêmes pensées (v 12-26 et 27-40).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont nos réactions devant la prospérité et l’impunité de ceux qui font le mal ? Comment résister à la tentation de la vengeance ?
- Devant le malheur du monde que le mal oppresse, n’est-il pas légitime de s’indigner et d’agir pour plus de justice ? L’inaction n’est-elle pas condamnable ? Comment concilier confiance en Dieu et action en faveur des opprimés ?
- Que signifie « faire de l’Éternel ses délices » v 4 ?
- La perspective du juste jugement de Dieu est-elle un soutien pour moi dans l’épreuve ?
08:00 Publié dans Dans l'épreuve 3ètrim 22 | Lien permanent | Commentaires (0)