25/04/2014
Étude n° 5 : Christ et Sabbat, Marc 2.23 à 3.6 (03 05 14)
« Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l’Homme est maître même du sabbat » Marc 2.27-28
Observons
1 : 23-28 : premier conflit à propos du sabbat : les épis arrachés : (Polyptique de Montbéliard, 16è)
a) 23-24 : Les Pharisiens scandalisés
b) 25-26 : Réponse de Jésus : David a enfreint la loi
c) 27-28 : Le Fils de l’homme est maître du sabbat
2 : 3.1-6 : second conflit à propos du sabbat : la guérison de l’homme à la main sèche
a) 1-2 : malade dans la synagogue, les pharisiens épient Jésus
b) 3-5 : Question de Jésus sur le sabbat et guérison
c) 6 : Alliance contre Jésus
Comprenons :
Dès le début de son ministère, Jésus se trouve confronté aux Pharisiens, au sujet de sa liberté par rapport aux traditions dans l’observation du sabbat. Les deux récits de ce passage relatent deux occasions pour Jésus de révéler sa maîtrise des lois de Dieu.
a) Les épis arrachés
Les pharisiens sont scandalisés par ce geste, non pas qu’il soit un vol du bien d’autrui (Dt 23.26), mais parce qu’ils l’assimilaient à un travail, une moisson interdite le sabbat, par la loi mosaïque (Dt 34.21 ; Ex 16.26-28). Jésus et ses disciples leur semblaient non seulement enfreindre la loi, mais surtout se mettre au-dessus de la loi de Moïse.
C’est pourquoi Jésus va se référer à l’exemple de David, futur roi au moment où il se permit d’utiliser les pains consacrés, destinés aux seuls sacrificateurs, pour satisfaire un besoin vital pour lui et sa troupe (1 Sam 21.1-7). En prenant cet exemple, Jésus ne veut pas en faire un cas de jurisprudence, pour justifier un acte répréhensible selon la loi, mais faire comprendre qu’il est le Fils de David, donc le Fils de l’homme (allusion à Daniel 7.13 : l’homme par lequel se fera le jugement = le Messie) qui a autorité sur les lois que Dieu a établies pour le bien-être de l’homme.
Jésus nous place devant le choix entre l’observation d’un rite cérémoniel qui asservit, et la préservation du bien-être vital de l’homme (Mt 12.7 : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice »). Jésus interprète la loi selon l’esprit de cette loi, et non la lettre. Le sabbat est fait pour le bien, le repos, le développement intérieur, la guérison de chacun. Y ajouter des contraintes arbitraires ou nuisibles à la santé spirituelle, psychique ou physique est contraire à la volonté de Dieu, même sous des prétextes « religieux ».
Les épis seraient-ils aussi le symbole d’une nourriture spirituelle que les disciples n’ont pas reçue dans l’enseignement et la pratique des pharisiens de la synagogue, et qu’ils trouvent dans l’œuvre du Créateur, dans la présence et l’enseignement de Jésus ?
b) La guérison de l’homme à la main sèche (Polyptique de Montbéliard 16è)
Cet épisode illustre le même principe que celui des épis : le sabbat est un jour de guérison, de libération de ce qui nous dessèche (par manque d’amour ou par culpabilisation) et nous empêche d’agir (symbole de la main), ou simplement de vivre selon le plan de Dieu, libéré de l’emprise du péché. Normalement un malade n’avait pas à pénétrer dans le temple, ou même dans la synagogue. Celui-ci vient y chercher du réconfort malgré tout, et ne trouve de la part des pharisiens que le rejet et l’indifférence à ses besoins, par désir des pharisiens de coincer Jésus sur son respect ou non de la loi du Sabbat. Jésus en répondant à ses attentes, donne une leçon de miséricorde aux pharisiens endurcis et crispés sur une observation littérale du sabbat. Cette liberté d’action de Jésus est insupportable aux responsables de tous bords, dérangés dans l’exercice de leur pouvoir religieux et politique sur les autres, et insécurisés par l’ébranlement de leurs certitudes en béton !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce qui fait autorité dans ma vie et dans celle de l’Église ? Mes désirs ou mes opinions personnelles, les principes et les règlements de l’église, la Parole de miséricorde et de liberté ? Comment cela se traduit-il dans mes relations à l’Église, à la maison, et au-dehors ?
- Comment faire du sabbat un jour de libération pour moi et pour les autres ?
- De quoi ai-je besoin d’être libéré ou guéri aujourd’hui ? De quelle libération mon voisin a-t-il besoin de ma part aujourd’hui ?
- Comment être libre dans ma pratique du sabbat, sans choquer mes frères et sœurs plus circonspects ?
08:00 Publié dans Christ et Loi | Lien permanent | Commentaires (0)
18/04/2014
Étude n°4 : Christ et la loi , Matthieu 5.17-20, 21-48 (26 04 14)
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, pas un seul iota, pas une seule lettre de la loi ne passera, jusqu’à ce que tout soit arrivé ». Mat 5.17-18
(Bords du lac de Galilée, Sermon sur la Montagne)
Observons
- Par quelles affirmations (5.1-12) Jésus a-t-il commencé son sermon sur la montagne ? Pourquoi ?
- Quelle mission a-t-il confiée à ses disciples ? (v 13-16)
- A quelle préoccupation des disciples peut répondre le passage à étudier aujourd’hui ? (v 17-18). Que signifie l’opposition entre abolir et accomplir ?
- Quelle valeur Jésus donne-t-il à la loi ? Qu’est-ce qui lui importe, la lettre ou l’esprit de la loi ? voir le passage suivant v 21-48.
- Le verbe « violer » du v 19 a en grec la même racine que le verbe « abolir » du v 17 : à quel autre verbe est-il opposé ? Qu’est-ce qui fait la grandeur de quelqu’un dans le royaume de Dieu ?
- V 20 : Qu’est-ce que la justice des scribes et des pharisiens qui empêche d’entrer dans le royaume ? (voir v 21-48 et 6.1-8, 16-18). En quoi la justice des disciples doit-elle dépasser celle des Pharisiens ?
- Relever dans le passage suivant (21-48) les oppositions faites par Jésus entre la loi mosaïque et sa loi ? Quelles attitudes sont dénoncées puis prescrites ? Quel est le but de ces changements de vision demandés par Jésus ? Pourquoi Jésus force-t-il volontairement ces prescriptions nouvelles ?
- Quelle conclusion donne-t-il à ses lois ? Comparez avec Luc 6.36
Comprenons
Après avoir appelé ses disciples à le suivre, Jésus va leur enseigner ainsi qu’à la foule attirée vers lui, les lois de son Royaume. Matthieu et Luc ont réuni ses enseignements dans des discours qu’ils disent avoir été prononcés « sur la montagne », au bord du lac de Galilée. Les Béatitudes annoncent un tel bouleversement des valeurs auxquelles sont habitués ses auditeurs, et la mission confiée aux disciples d’être sel et lumière pour le monde est d’une telle nouveauté pour ces gens du peuple, que Jésus éprouve le besoin de les rassurer : il n’est pas un révolutionnaire venu tout bouleverser.
Verset 17 " Ne pensez pas " (ou ne croyez pas) : Jésus se défend ici contre les éventuelles attaques selon lesquelles il annulerait la signification habituelle des commandements. Bien au contraire, il est venu pour les enseigner, pour " leur donner leur véritable sens ".
" Abolir " et " accomplir " (version Segond) : les deux expressions signifiaient à l'époque : s'opposer à la loi et leur donner une explication erronée (= abolir ou violer ou briser), et obéir à la loi et en donner une juste explication (= accomplir).
Dans le premier cas, la parole biblique est annulée, dans le second elle est confirmée (voir Romains 3.31)..
Jésus veut donc faire comprendre qu'il reste respectueux de la loi de Moïse qu’ils connaissent, qu’il n’en donne pas une mauvaise interprétation, ce qui l'annulerait, mais qu'il en donne une interprétation véritable. Il donne donc à la loi sa juste valeur. Accomplir la loi n'a, par conséquent, rien à voir avec l'expression " y mettre fin ", mais la vivre parfaitement selon son esprit (v 48). Les Béatitudes, si étonnantes par leur renversement des valeurs habituelles, sont, en fait, le reflet de ce nouvel état d’esprit qui règne parmi les enfants de Dieu, éclairés par l’Esprit.
Verset 18 : " Je vous le déclare, c'est la vérité ", doit être lu comme : " car, amen, je vous le dis ". Amen (ainsi soit-il) est employé comme un renforcement de la prière (une bénédiction ou une malédiction) par celui qui entend cette prière. Jésus donne une signification personnelle et particulière à ce mot. Grâce à cela :
1. Il ne fait pas usage des formules traditionnelles de serment.
2. Il donne une force supplémentaire à ses paroles. Ce " c'est la vérité " accule la conscience de ses auditeurs à lui prêter attention.
" Ni la plus petite lettre, ni le plus petit détail " : un seul trait suffisait à écrire certains caractères, hébraïque, grec et latin (yod י = iota ι = i) : par cette image, Jésus donne au plus petit commandement toute sa valeur, comme Jacques le reprendra plus tard : « Quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable envers tous ! » Jac 2.10-11
" Le ciel et la terre " : par cette expression, Jésus relie indissolublement l'existence de la Torah (Loi ou Parole, Enseignement de Dieu) à l'existence du ciel et de la terre. Cette idée n'était pas inhabituelle pour les auditeurs de l'époque, car les rabbins enseignaient depuis longtemps que la Torah existait avant la création du ciel et de la terre, que Dieu avait créés à partir des données mêmes de sa Loi (Jean 1.1-3). Mais ces propos montraient aussi que la Loi est immuable « tant que les hommes seront sur la terre ». Seule façon de concevoir l’éternité pour des esprits hébraïques !
En résumé, Jésus veut mettre au coeur de ses disciples que la loi de Moïse était d'importance vitale. On ne peut pas s'en défaire. La loi de Moïse garde pleinement son autorité et sa valeur de fondement de la vie..
Verset 19 " Au plus petit des commandements " : le mot grec " petit " correspond en fait au mot hébreu qui veut dire " léger ", en opposition au commandement le plus lourd, le plus difficile (Matthieu 23.23). Il était donc fait une différence entre les commandements.
Les commandements " légers " étaient ceux qui concernaient les aspects de moindre importance pour la vie de l'homme, donc les affaires matérielles. Ces prescriptions n'impliquent pas la vie même de l'homme, ni l'honneur de Dieu. La peine était légère ou même nulle lorsqu'on transgressait de tels commandements. Inversement, les commandements ayant " du poids " étaient sanctionnés par de lourdes peines.
L'expression " le plus petit dans le Royaume des cieux " veut donc dire être trouvé trop léger pour en faire partie.
Celui qui supprime (relâche) un commandement de la loi (Torah) et enseigne aux hommes à faire de même sera exclu du royaume. Par contre, celui qui obéit et enseigne aux autres à agir ainsi sera grand (important) dans le royaume. Y aurait-il une hiérarchie dans le Royaume de Dieu fondée sur la manière d’obéir à la loi ?
Verset 20 : Jésus exige plus que les autres. " Justice " vient du terme hébreu biblique " sedaka " qui signifie : « tendre coeur et âme à l'observation de la loi ». Jésus appelle ses disciples à surpasser la justice des pharisiens et des scribes dont l’obéissance n’était qu’extérieure et hypocrite, comme il le dénonce dans des invectives sévères au chapitre 23 de Matthieu.
Pour expliquer en quoi consiste ce « surpassement », Jésus prend ensuite quelques exemples d’observation de commandements.
Versets 21 à 48
Alors que les versets précédents définissaient des règles générales d'interprétation et de pratique des Ecritures, les paroles suivantes vont mettre la méthode en application. Ce qui nous amène à :
1. Une intensification du sixième commandement : il ne s'agit plus seulement de ne pas tuer, mais aussi de ne pas blesser moralement.
2. Une intensification du septième commandement : non pas seulement l'acte d'adultère, mais la convoitise sont ici condamnés.
3. Le commandement concernant la lettre de répudiation : il est lui aussi intensifié. Un seul cas est admis : l'infidélité.
4. Une intensification du troisième commandement : il s'agit maintenant de ne plus faire de serment du tout, mais d'être véridique dans ses paroles.
5. Le commandement sur la vengeance est même inversé et n'en devient que plus difficile. Tendre l’autre joue si on est frappé sur la joue droite, pris à la lettre, serait de la provocation pure. Le texte grec ne parle pas de joue mais de « face ». On peut comprendre « Montre l’autre face, l’autre façon d’agir, sans violence ». C’est le principe de la non-violence que Jésus énonce ici ! Le comportement du disciple doit se démarquer complètement de la violence de l’agresseur.
6. Le très important commandement sur l'amour du prochain est étendu aux ennemis eux-mêmes. La haine de l'ennemi doit devenir l'amour de l'ennemi !
Ces intensifications des lois du Décalogue, marquent un passage de l’observation littérale, formelle et extérieure à son intériorisation : pour Jésus c’est ce qu’il y a dans le cœur qui compte ! Est-ce l’amour du prochain et de Dieu, ou l’amour de soi ?
Quelques remarques encore :
1. La loi du talion (oeil pour oeil, dent pour dent) n'était pas appliquée. Seule une aile radicale du parti des sadducéens (les familles des souverains sacrificateurs à Jérusalem) y était favorable. Pour autant qu'on puisse le savoir, ce commandement n'a pour ainsi dire jamais été appliqué au cours de l'histoire d'Israël. Jésus n'apporte donc rien de neuf, mais renverse ce commandement pour exiger de ses disciples qu'ils fassent davantage don d'eux-mêmes, et qu’ils sachent pardonner.
2. L'amour de l'ennemi n'est pas entièrement nouveau. La loi de Moïse contenait
déjà une précision à ce sujet (Exode 23.4-5 ; Deutéronome 22.1-4). Le commandement : " Tu haïras ton ennemi " ne se trouve nulle part dans la Bible. C'est fort probablement certains Juifs qui prônaient cela, mais on ne sait pas lesquels. Le verbe haïr n’avait pas le sens fort d’aujourd’hui, il est en opposition avec le verbe aimer, pour marquer seulement un degré moindre dans la cordialité des relations avec les autres. Il met en valeur ici la nouveauté du commandement de Jésus : au lieu de « haïr, aimer moins, mépriser, vouloir du mal », le disciple devra « aimer, chercher le bien de l’autre», même s’il est un ennemi !
3. La sextuple expression : " mais moi je vous dis ", ne doit pas être comprise comme une opposition à la loi de Moïse, mais signifie : " moi je vais encore plus loin ".
Jésus ne spiritualise pas la loi. Il l'intériorise. Il la perfectionne, la mène à sa « complétude », son accomplissement idéal dans la miséricorde et l’amour.
4. " Soyez donc parfaits, tout comme votre Père qui est au ciel est parfait " : est souvent mal compris. Il ne s'agit pas de perfection dans notre sens habituel du mot. Ce serait un ordre impossible à suivre par des hommes pécheurs. Luc dans le texte parallèle dit « Soyez donc miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6.36). Paul dira plus tard : « toute la loi est accomplie dans une seule parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Gal 5.14) et « l’amour est l’accomplissement de la loi ! » (Rom 13 10b). Seule la grâce du Seigneur peut accomplir cette œuvre dans le cœur du disciple !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelle position ai-je par rapport à la loi du décalogue ? Est-ce que je fais tous mes efforts pour y obéir ? Est-ce que je l’oublie puisque Dieu me pardonne ? Comment concilier obéissance et grâce ?
- Quelles différences y a-t-il entre l’obéissance à la lettre de la loi et l’obéissance en esprit ? Comment cela influence-t-il ma conduite ?
- Les exagérations volontaires de Jésus m’autorisent-elles à négliger ou à relativiser la Loi ?
- Quel commandement me semble plus important que les autres ? Pourquoi ? Ce texte me permet-il d’établir une hiérarchie parmi les lois de Dieu ? (péchés véniels et péchés capitaux par exemple)
- Discutez cette représentation symbolique du rôle de la loi dans la vie du disciple. (chaque numéro fait référence aux lois du décalogue) : qu’est-ce qui vous semble faux, exact, indispensable, sans intérêt ? Quelle application y voyez-vous dans votre vie ?
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