31/03/2023
Étude n°2 Deux destinées Ap 14.14-20 (08 04 23)
Étude n°2 Deux destinées Ap 14.14-20 (08 04 23)
« Lance ta faucille et moissonne car l’heure est venue de moissonner, car la moisson de la terre est mûre ». Ap 14.15
« Lance ta faucille tranchante et vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins sont mûrs ! » Ap 14.18
Observons :
Contexte : De quoi est précédée cette vision à la fin du ch 14 ? Que conclut-elle ?
Texte :
- Quels sont les deux tableaux de ce passage ? Qu’ont-ils en commun ? (personnages, lieux, outils) ? En quoi diffèrent-ils ?
- V14 : Quel personnage apparaît ? Quels détails permettent de l’identifier ? Que symbolise sa faucille d’or ?
- V15 : D’où vient l’ordre de moissonner ? Que signifie la maturité de la moisson ? voir Marc 13.27
- V16 : Comparer avec Mat 13.30 et 39.
- V 17 : comparer avec le v 14 : s’agit-il du même personnage ? Si oui comment expliquer « un autre ange », et « aussi » ?
- v 18 : comment comprendre « celui qui a le pouvoir sur le feu sortit de l’autel » ?
- v 19-20 Que représente la vendange des grappes ? Quelle est leur destinée ? que signifie cette image macabre du sang répandu jusqu’à 300km à la hauteur du mors des chevaux ? Contre qui s’exerce la « colère » de Dieu ?
Comprenons
Le dernier tableau du chapitre 14 décrit sous les images de la moisson et de la vendange, le tri qui s’opère pendant la période de proclamation des trois messages par les 144000, période où chacun est appelé à choisir qui il veut adorer, l’Agneau ou l’image de la bête (Ap 13.15 et 14.1).
La métaphore de la moisson est courante dans la Bible dans un contexte de jugement aux temps de la fin[1]. Jésus lui-même l’emploie pour désigner la fin du monde où la bonne semence, symbole du peuple de Dieu, sera moissonnée par les anges, et séparée de l’ivraie, représentant les « fils du Malin qui commettent l’iniquité », qui seront jetés au feu. Dans l’Apocalypse, l’ivraie est remplacée par les grappes de la vigne, à cause de la coutume de les fouler aux pieds après la vendange. L’image en devient plus forte et insiste sur la quantité du jus assimilé au sang par sa couleur. Dans la vigne de la terre, représentant l’humanité ou le peuple qui se dit croyant[2] ( ?), le nombre des refoulés du Royaume serait-il bien supérieur à celui des élus moissonnés ?
Le personnage qui préside à ces récoltes dans la métaphore du chapitre 14 de l’Apocalypse, est le même, il a l’apparence d’un Ange du Seigneur, semblable à un fils d’homme, couronné d’or et tenant une faucille d’or à la main. Il ne vient pas encore sur la terre, il est « assis » sur les nuées. Tous ces détails nous font penser au tableau de Daniel 7.13 : « un fils d’homme s’approche sur les nuées de l’Ancien des jours ». Le fait que dans notre texte le "Fils d’homme", nom que Jésus se donnait, soit « assis » sur les nuées et non en marche, est à rapprocher du chapitre 5, où l’Agneau est assis sur le trône de Dieu, pour accomplir une dernière œuvre avant son retour : le tri entre ceux qui entreront dans son Royaume, et ceux qui ne pourront pas y entrer. Ainsi la fin du chapitre 14, marque le résultat de ce jugement qui a débuté à l’époque de la septième et dernière Église, celle de Laodicée (ch 3.14-22), et dont Dieu nous a révélé les principes et le commencement aux chapitres 4 et 5[3].
Le Fils de l‘homme à la faucille reçoit les ordres de Dieu, symbolisés par les deux anges à la voix forte, qui sortent du temple ou de l’autel des holocaustes. Seul Dieu connaît l’heure de la fin de son jugement et peut en donner le signal. Christ le Fils de l’homme accomplit lui-même la moisson, et la vendange, la succession des « anges » marquant seulement l’enchainement des actions différentes de Christ. Par exemple dans l’ange préposé au feu de l’autel, on retrouve l’image du chapitre 8.5 : « l’ange à l’encensoir prit le feu de l’autel pour le jeter sur la terre », ou celle d’Ézéchiel 9.5 et 10.2 où un « chérubin prit du feu d’entre les chérubins » pour exercer le jugement de Dieu contre la ville de Jérusalem infidèle. Cet « ange, (ou ce chérubin) n’apparaît que dans un contexte de jugement divin : de sa fonction d’intercesseur, Christ est passé à celle de juge des impies de la terre.
La cuve où le raisin est foulé, se trouve hors de la ville, cité de Dieu, selon la coutume de ne pas souiller la ville sainte avec le sang des condamnés. C’est ainsi que Christ fut trainé hors de Jérusalem, sur le Golgotha, pour être crucifié. Dans la scène de jugement de la vendange des impies, leur élimination de la Jérusalem céleste est symbolisée par ce sang qui coule hors de la ville, sur une étendue de 1600 stades, la longueur approximative de la Palestine. Ce nombre qui conclut le chapitre, fait pendant à celui des 144000 au début du chapitre. Sachant que ce nombre est composé du carré de 4, symbolisant le monde entier, multiplié par 100, nombre de l’abondance comme 1000, on peut y voir le symbole de l’accomplissement total du jugement exercé sur le monde entier.
Ainsi se terminent ces trois chapitres qui résument tout ce qui a été révélé au visionnaire Jean sur l’événement attendu par tous les croyants, le Jour du Seigneur, jour de délivrance qui fait l’espérance de son peuple fidèle, mais jour terrible de détresse et de dévastation[4], pour ceux qui ont refusé les appels et la grâce de Dieu.
Questions pour une application dans la vie chrétienne.
- Quelles réactions provoquent en moi ces deux tableaux si contrastés ? Quelles images de Jésus me donnent-ils ? Comment les concilier avec l’amour de Dieu ? Quels motifs d’espérer me laissent-ils ?
- A quoi m’invite cette prophétie du tri qui s’opère dans l’humanité avant le retour de Jésus ?
[1] Joël 4.13 (3.18) ; Mat 13.30, 39 ; Marc 4.29
[2] Esaïe 5.1-7
[3] Voir « le message d’espérance de l’Apocalypse » de E.Zuber.
[4] Sophonie 1.14-17 ; Joël 3.5 ; 4.13-16
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24/03/2023
Étude n°1 : Victoire de Jésus sur Satan Ap.12 (01 04 23)
Étude n°1 : Victoire de Jésus sur Satan Ap.12 (01 04 23)
« Le dragon fut irrité contre la femme et il s’en alla faire la guerre au reste de sa descendance, à ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui retiennent le témoignage de Jésus » Ap 12.17 (la femme reçoit des ailes d'aigle)
Introduction : Pour tout ce trimestre qui se penche particulièrement sur la séquence centrale de l’Apocalypse dans les chapitres 12 à 14, nous vous invitons à lire le petit livre que j’ai publié chez BOD (www.bod.fr) : « La femme et le Dragon ». Il détaille les textes que nos 13 études aborderont sans ordre chronologique.
Observons : Ap. 12 1-6 et 12-18 (la partie centrale du chapitre (v 7-11) sera vue à la dixième étude).
Le Contexte : Après quelle séquence commence ce chapitre ? Comment le v 19 du ch 11, peut-il faire le lien avec cette nouvelle séquence ?
Le texte :
- Quelle est la composition de tout le chapitre ? Pourquoi avoir sélectionné les versets de cette étude ?
- Relever les lieux, les personnages, les actions, et ce qui relie le début et la fin du chapitre.
- Que signifient les symboles du verset 1 ? A quels événements historiques font allusion les v 2-6 et 14-16 ?
- Quelles caractéristiques possède le Reste au v 17 ?
- Que symbolise le v 18 ?
Comprenons
La place et la composition du chapitre
La vision de l’Apocalypse est constituée de 7 tableaux d’inégales longueurs: les 7 Eglises, les 7 sceaux, les 7 trompettes, une fresque centrale (ch 12-14), les 7 coupes, les Jugements, la Nouvelle Jérusalem.
La vision centrale (ch 12-14) est introduite à la fin du tableau des trompettes (ch11) qui lancent au monde les derniers avertissements et appels à la repentance, par le v 19 qui mentionne que « le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert » ; ce qui fait le lien avec la vision du « grand signe dans le ciel » (12.1). Le prophète est introduit dans les mystères spirituels du plan de Dieu pour le salut des hommes. Cette séquence centrale se situe avant l’exécution des sentences du jugement de Dieu, qui se fera à partir du ch 15. La situation centrale de cette fresque lui donne un caractère exceptionnel et important dans la compréhension du livre.
Le chapitre se compose de trois paragraphes qui forment un chiasme (= deux parties en parallèle qui encadrent un centre, porteur du message essentiel):
a) v.1-6 : les deux signes, la femme et le dragon
b) v.7-12 : le combat céleste
a’) v.13-18 : la poursuite de la femme par le dragon
La partie centrale fera l’objet de la dixième étude du trimestre, c’est pourquoi nous ne gardons que les deux parallèles qui l’entourent.
Première partie v 1-6 (larges extraits du livre « La femme et le Dragon »)
Au début de la vision centrale de l’Apocalypse « apparaît dans le ciel un grand signe ». La localisation de ce grand symbole nous indique qu’il porte un sens spirituel[1]. Sa taille détermine l’importance de sa signification aux yeux du « voyant » et des lecteurs du livre.
La femme a toujours été dans la Bible l’image du peuple de Dieu, fidèle ou infidèle à son Époux divin. L’exemple le plus clair se trouve dans l’histoire d’Osée, prophète dans le Royaume du Nord, juste avant la déportation en 722 av JC. (Osée ch 1 et 3)
Sous l’inspiration de l’Esprit, 150 ans plus tard, Jérémie, prophète de Jérusalem avant et après sa chute devant les troupes babyloniennes, reprend la même image de la femme prostituée, pour appeler le peuple infidèle au repentir et obtenir le pardon de Dieu (Jérémie 3).
Tirés de livres prophétiques, ces deux exemples entre autres, nous autorisent, à voir dans la femme apparue au prophète Jean, une représentation symbolique du peuple des croyants dans son ensemble. Les paraboles de Jésus sur les noces ou les dix vierges ont déjà assimilé le peuple des croyants à l’épouse de Dieu[2]. L’image est reprise par l’apôtre Paul pour symboliser l‘Église, l’épouse de Christ : « Je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure », écrit-il aux Corinthiens[3]. Dans la suite de l’Apocalypse, l’épouse fidèle de l’Agneau est préparée pour ses noces, et appelle de ses vœux la venue de son Seigneur[4].
La métaphore du chapitre 12 se poursuit pour donner une idée de l’état spirituel de la Femme : elle est revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête[5]. Le soleil est une image biblique fréquente pour exprimer l’éclat de la gloire divine que nul homme ne peut voir sans mourir, mais qui se lève chaque jour pour donner vie et chaleur à chaque créature ! (Malachie 4.2 ; Luc 1.78 ) Jean 1.9 dans le prologue de son évangile écrit que Christ est la véritable lumière qui éclaire tout homme. Notre texte nous indique que la femme est « revêtue du soleil ». Le vêtement est un symbole fréquent de la personnalité de celui qu’il revêt (Pro 31.25 ; Esaïe 61.10 ; Ezéchiel 16.8 ; Galates 3.27). Pour Paul, nous sommes "revêtus de Christ".
Entourée de la lumière et de la grâce divine, la Femme-peuple de l’Apocalypse peut vivre et se tenir debout, fermement appuyée sur ce qui, à l’image de la lune qui reflète la lumière du soleil, reflète la personne de Christ, Parole de Dieu. Les Écritures sont en effet le miroir de la volonté de Dieu, la révélation de son amour en Jésus-Christ, le fondement solide de la foi du croyant. Mais comme la lune renvoie une lumière imparfaite par rapport à celle du soleil, on peut y voir le symbole de l’Ancienne Alliance qui a reflété imparfaitement la lumière de Christ. La Femme représenterait alors le peuple qui a revêtu Dieu et fait alliance avec lui et qui, s’appuyant sur les révélations de l’Ancienne Alliance, est à la charnière des deux alliances, à ce moment de l’histoire, où elle s’apprête à mettre au monde un enfant.
Les douze étoiles dont elle est couronnée font allusion aux étoiles de la vision du jeune Joseph dans la Genèse (37.9), où elles représentaient ses frères, les patriarches fondateurs du peuple hébreu. De même, Daniel reçoit la promesse que « ceux qui ont enseigné la justice, brilleront à perpétuité comme des étoiles » (Dan 12.3). On peut y voir une prophétie des douze apôtres, dont l’enseignement dure toujours après deux millénaires !
Toute cette lumière qui entoure la Femme, l’épouse de Christ, suggère sa mission d’éclairer les ténèbres du monde de la lumière de Dieu, diffusée dans la Parole qui a été transmise par ses fondateurs hébreux et chrétiens.
Verset 2 : Le Messie est né au sein du peuple de Dieu de l’ancienne alliance, qui en a éprouvé les souffrances et les difficultés, selon le récit du massacre des Innocents (Matthieu 2.13-18). La description de la souffrance de l’enfantement souligne la nature humaine du Christ, et aussi la nature humaine de sa mère, soumise aux conséquences douloureuses du péché dans le monde ( Genèse 3.16 : » Je rendrai tes grossesses très pénibles et c’est avec peine que tu accoucheras »)
Au verset 3 du ch 12, l’autre signe est l’apparition du dragon rouge, dont le verset 9 donne l’explication : c’est le serpent ancien, appelé le diable et Satan.
Les sept têtes et les dix cornes qui caractérisent ce dragon trouvent leur explication au chapitre 17.9, grand chapitre des explications ; il y est dit : les sept têtes sont les sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ces sept montagnes sont traditionnellement considérées comme les sept collines de la ville de Rome, où l’Église s’est associée à l’Empire romain à partir du 4ème siècle. Mais le verset 10 du ch 17 précise que les sept têtes sont aussi sept rois successifs, ce qui indiquerait la durée du pouvoir du monstre. Le verset 12 explique que les dix cornes sont dix rois, sans royaume, mais exerçant un pouvoir simultané. Ces rois indiqueraient donc l’étendue dans l’espace et le temps du pouvoir du monstre.
En rapprochant ces données de la prophétie de Daniel 7.7 où le quatrième animal, terrible, épouvantable et extraordinairement fort, porte dix cornes, on peut comprendre que le dragon de l’Apocalypse représente dans ce chapitre 12, à la charnière des deux alliances du peuple de Dieu, le pouvoir de l’empire Romain, instrument de Satan qui se cache derrière cet empire sous la forme du dragon.
Verset 4 : « La queue du dragon entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre ». Dans le langage symbolique et prophétique biblique, rappelons que « la queue et les étoiles du ciel » ont un sens précis. Esaïe 9.14 déclare que « L’ancien et le magistrat, c’est la tête, et le prophète qui enseigne le mensonge, c’est la queue ». Dans une prophétie il prononce ces mots contre le roi de Babylone, symbole de Satan « Te voilà tombé du ciel, Astre brillant...Tu disais en ton cœur ...J’élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ».(Es 14.12-13)
Les mensonges de Satan ont entraîné un tiers des anges à s’éloigner de Dieu, et les ont précipités sur la terre, c’est-à-dire que la déchéance de leur condition restreint leur pouvoir au seul domaine de la terre. Le combat qu’ils mènent contre Dieu n’est plus direct, mais se fait contre la Femme, le peuple de Dieu sur la terre. Il est réconfortant de savoir que les anges fidèles au Seigneur sont deux fois plus nombreux que ceux qui se sont laissé séduire par Lucifer ! Les anges de Dieu sont « des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut[6]». Dieu n’abandonne pas son peuple à lui-même, dans le combat que Satan lui livre, pour l’éloigner de Lui.
Verset 5 : Le fils, mis au monde par la femme, doit « paître toutes les nations avec une verge de fer » (12. 5). On retrouve la verge de fer dans les mains du vainqueur de l’Église de Thyatire, donc dans un même contexte de lutte contre Satan (Ap 2.27). Des textes comme « Le Seigneur frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît comme ses fils », et « De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations ; il les paîtra avec une verge de fer »[7], on peut déduire que cette verge de fer est un instrument de jugement, tenu par le Christ. Au Psaume 2.9, elle sert à briser les nations révoltées contre Dieu. On peut l’assimiler à l’épée aiguë avec laquelle elle est mise en parallèle dans Ap 19.15. Or on sait que la « Parole de Dieu est plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants »[8]. On en conclut que Christ conduira les nations par sa Parole et les jugera sur ce qu’elles en auront fait.
L’enlèvement du fils auprès de Dieu et de son trône fait allusion à sa résurrection et à son ascension. Le hiatus qui apparaît dans la vie du fils entre sa naissance, mentionnée au début du verset 5, et son ascension à la fin du verset, est comblé par la partie centrale de ce chapitre 12, dans les versets 7-12. Cet enlèvement auprès de Dieu est une bénédiction pour les croyants qui peuvent compter sur l’intercession et la protection de leur Seigneur libéré des limitations de son corps terrestre, dans l’espace et dans le temps. « Il vous est avantageux, avait dit Jésus à ses disciples, que je m’en aille auprès du Père, car je vous enverrai le Consolateur » (Jean 16.7).
verset 6 : L’histoire de la femme reprend. La femme s’enfuit dans le désert ; le désert est dans la Bible le lieu où Dieu appelle son peuple à le rencontrer, pour faire alliance avec lui (Exode 3.18 ; Osée 2.16). C’est aussi le nom que les Huguenots donnèrent au lieu de refuge qu’étaient les montagnes cévenoles où ils pouvaient célébrer leur culte, à l’abri des persécuteurs. Par extension, ce fut le nom donné aux pays de refuge des protestants pourchassés, qu’Ap 12.7 et 13.11 appellent la terre. Dans le désert, la femme est nourrie par Dieu pendant 1260 jours v 6 et 14. Ce temps correspond aux années de persécutions des croyants fidèles à la Parole, pendant le Moyen-âge, annoncées par la prophétie de Daniel sous la formule « un temps, des temps et la moitié d’un temps »[9]. La sollicitude de Dieu est inépuisable : pendant cette longue durée de 1260 ans, où son peuple dans le désert souffre de la solitude et des dures conditions de vie, Dieu le nourrit de sa Parole. Il le fortifie ainsi contre les attaques du « dragon » Satan, qu’incarnent les puissances persécutrices décrites au chapitre 13.
Versets 13-18 : Après le tableau central, qui donne l’explication des personnes et des enjeux du combat céleste, le troisième tableau du chapitre 12 reprend l’histoire là où nous avait laissés le premier tableau. Le verset 6 qui parlait de la fuite de la femme au désert, est développé par les versets 13-14. On y retrouve les mêmes personnages, la femme qui avait enfanté, le dragon, et les mêmes lieux, le désert, les mêmes temps, 1260 jours /années.
Des détails sont pourtant ajoutés : « Les deux ailes du grand aigle sont données à la femme » : l’aigle est un oiseau de proie, qui dans la Bible, peut être symbole de protection des siens : « L’Éternel a entouré son peuple, il en a pris soin, il l’a gardé comme la prunelle de son œil, pareil à l’aigle qui éveille sa couvée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes » (Dt 32.10-11 )
Verset 14 : Dans Daniel 7.25, qui parle de la même période, il s’agit d’une époque d’oppression des saints pendant « un temps, des temps, la moitié d’un temps ». Dans Apocalypse 12.14, il s’agit d’une époque de protection de Dieu sur son peuple réfugié au désert. Les protestants persécutés des 16ème et 17ème siècles se sont reconnus dans cette femme protégée par Dieu au désert, que ce soit dans les montagnes cévenoles ou dans les terres de refuge étrangères. Daniel 12.7 limite le temps d’oppression sur le peuple, qu’Apocalypse 11.2-3 rappelle en disant que « les nations fouleront aux pieds la ville sainte pendant 42 mois » et « les deux témoins auront le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs, pendant 1260 jours ». On sait que le sac était le vêtement du deuil le plus profond. Le temps d’oppression du peuple de Dieu est aussi le temps de proclamation de sa Parole par les « deux témoins » (Apocalypse 11.3-12). Le peuple de Dieu dans sa souffrance étudie la Parole pour y trouver réconfort et sens à sa vie, et la diffuse autour de lui.
La femme est nourrie au désert « loin de la face du serpent » : Cette expression évoque l’affrontement direct des forces sataniques, ou encore la fascination hypnotique du serpent qui risque de faire tomber dans la tentation, ou dans la séduction spirituelle. Le désert serait alors le lieu de purification, loin de ces séductions, où Dieu attire son Église : « Voici, je veux l’attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur » (Os 2.16-20).
Verset 15 : « De sa gueule le serpent lança de l’eau comme un fleuve derrière la femme » : en plus des persécutions physiques, les flots tumultueux des paroles mensongères et séductrices de Satan tenteront de noyer la foi des fidèles,
Verset 16 : Le combat spirituel est acharné car « La terre engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa bouche » (v 16) : le serpent trop éloigné, attaque par d’autres moyens, mais les moyens de Dieu pour protéger son peuple sont illimités ; ils sont symbolisés d’abord par le désert, puis par la bouche de la terre avalant le fleuve lancé par Satan contre la Femme, c’est-à-dire l’éloignement du peuple dans les montagnes et l’accueil à l’étranger, en particulier dans le nouveau monde des Amériques, que les foules de réfugiés ont contribué à peupler. Les eaux, en effet, sont d’après Ap 17.15 les peuples, les nations, les foules et les langues. Elles peuvent être symbole de purification et de vie : les eaux avalées par la terre seraient alors les réfugiés, qui furent facteurs de développement des pays d’accueil. Mais les eaux sont aussi symbole de destruction et de mort lorsqu’elles sont en crue : les eaux crachées par le dragon seraient les persécutions et les oppressions lancées contre le peuple de Dieu, mais qui disparurent dans les terres de refuge. Le rapprochement en contraste de la bouche de la terre et de la bouche du dragon nous invite peut-être aussi à y voir sur le plan spirituel, un symbole de la vérité de la Parole divine remportant la victoire sur les mensonges sataniques qui essaient de détruire la foi des croyants fidèles depuis cette longue époque de la Réforme et de la Contre-Réforme.
Verset17 : « Le dragon irrité contre la femme alla faire la guerre aux restes de sa postérité » : malgré la protection divine et le refuge à l’étranger, le peuple de Dieu s’est réduit, comme cette expression « les restes » semble l’indiquer. De la descendance du peuple persécuté ne subsistent que « des restes »[10] fidèles à leur alliance avec Dieu. La « Femme » fidèle d’Apocalypse 12 serait-elle devenue la « prostituée » d’Apocalypse 17 ?
En s’institutionnalisant et en devenant majoritaire, l’Église court le danger de ne plus s’appuyer sur ses caractéristiques spirituelles « les commandements de Dieu et le témoignage de Jésus », mais sur sa structure. L’Église est un corps social de solidarité, nécessaire pour véhiculer la Parole, mais elle ne peut s’en prévaloir pour prétendre définir celui qui est sauvé et celui qui ne l’est pas, ou pour s’autoproclamer « reste ». Seul Dieu connaît ceux qui constituent son « Reste », éparpillé parmi tous les humains de ce monde, comme il l’a fait comprendre à son prophète Élie (1 Rois 19.14 et 18)
Le troisième tableau de ce chapitre 12 se termine au verset 18 par la vision du dragon qui « se tint sur le sable de la mer », c’est-à-dire entre la terre et la mer. C’est une position différente de celle de l’ange d’Apocalypse 10.5 : « l’ange que je voyais debout sur la terre et sur la mer ». Cet ange avait une position d’autorité puisqu’il était au-dessus de la terre et de la mer. Alors qu’ici le serpent, pâle imitateur de l’ange divin, a une position stratégique, prêt à intervenir d’un côté ou de l’autre, au milieu des événements qui agitent le peuple de Dieu (= sable) et les nations (= mer). Il guette sa proie, cherchant qui il va dévorer (1 Pi 5.8)
Questions pour une application dans la vie chrétienne :
- Qu’est-ce que ce tableau qui résume l’histoire de l’Église me permet de comprendre pour ma vie aujourd’hui ?
- Comment résister aux tentations pernicieuses ou aux persécutions physiques de l’Adversaire ?
- Comment s’est exercée la protection physique ou spirituelle de Dieu sur ma vie et celle de mon Église ?
[1] Le ciel s’oppose à la terre, pour exprimer ce qui est du domaine spirituel et invisible physiquement, en contraste avec le monde matériel et visible de la terre. (Voir en particulier 1 Cor 15)
[2] Mat 22.2 ; 25.1-13 ;
[3] 2 Cor 11.2 ; voir aussi Eph 5.25-30
[4] Ap 19.7 ; 21.2 ; 22.17
[5] Cette image a inspiré l’auteur du drapeau de l’Union Européenne, sans connotation religieuse.
[6] Héb 1.14 : 1 Pi 5.8
[7] Hébreux 12.6 ; Ap 19.15
[8] Hb 4.12
[9] Dan 7.25. Dans cette prophétie, le mot« temps » représente une année, il s’agit donc de trois ans et demi, ou 1260 jours. Dans le langage prophétique, les indications de durée s’interprètent selon les paroles de Dieu à Moïse (Nb 14.34) « Vous porterez vos fautes 40 ans dans le désert, une année pour chaque jour » et à Ezéchiel (4.5-6) : « Tu porteras la faute de Juda 40 jours ; je t’impose un jour pour chaque année ».
[10] Le mot est au pluriel neutre dans le texte grec
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