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21/04/2023

Étude n°5 La bonne nouvelle du jugement Ap 5-1-14 (29 04 23)

Étude n°5 La bonne nouvelle du jugement Ap 5.1-14 (29 04 23)

« Craignez Dieu et Rendez lui gloire car l’heure de son jugement est venu ! » Ap 14.7

Pour cette étude très conséquente, nous utiliserons de larges extraits du livre que j’ai publié chez BoD (www.bod.fr) « Le message d’espérance de l’Apocalypse »

Observons (Mosaïque de Ravennes : Jugement des nations , Matt 25)JUGEMENT DES NATIONS Mosaïque.jpg

Le contexte : Ap. 4

  • Où et quand se situe la scène ?
  • Remarquer la répétition du mot trône dans les ch 4 et 5 ? Que représente ce mot en général, et dans ces chapitres (Ap 20.4et 11 ; Daniel 7.9-10)
  • Qui est assis sur le trône ? Qui l’assistent ? Comparer avec Dan 7.9-10.
  • Quel honneur reçoit-il ? (v 9 et 11).
  • Que peut-on en conclure sur le genre de scène décrite dans ces deux chapitres 4 et 5 ?

Le texte : Ap. 5.1-14

V 1 : Que tient celui qui est assis sur le trône ? Quelles sont ses caractéristiques ? A quoi peut-on l’assimiler ? Voir Ap 3.5 ;13.8 ; 17.8 ; 20.12 ; Phi 4.3 et Jér 32.10-11.

V 2-4 : Pourquoi Jean pleure-t-il ? Que signifie pour lui l’incapacité de quiconque à ouvrir le livre ? Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

V 5 : Quels titres sont donnés à celui qui est digne de l’ouvrir ?

V 6 : Comment est-il nommé ? Qu’est-ce que cela signifie ? Où est-il assis, et quelles sont ses caractéristiques ?

V 7 : Comparer avec Dan 7.13. Qu’indique ce mouvement vers le trône ?

V 8-9 : Qu’est-ce qui rend l’Agneau digne d’ouvrir le livre ? Que signifie le « rachat des hommes par son sang » ?

V 10 : Que deviennent les rachetés ? Quelle promesse les accompagne ?

V 11-12 : Qui assistent à la scène ? Quel honneur rendent-ils à l’Agneau ?

V 13 : Comparer avec la louange des autres créatures : pourquoi une telle différence ?

V 14 : Comment se conclut la scène ? En quoi ce texte annonce-t-il une bonne nouvelle ? Comment comprendre le jugement de Dieu ?   

Comprenons

Introduction : Le premier message lancé au monde par les 144000 dans Apocalypse 14.7, parle de l’heure du jugement qui est venue, comme d’une bonne nouvelle pour laquelle on peut rendre gloire à Dieu ! Parler de jugement de Dieu provoque en général la crainte et non la joie ! Il nous faut donc examiner ce que le livre de l’Apocalypse nous révèle au sujet du jugement de Dieu. C’est pourquoi nous nous pencherons, dans cette étude, sur le texte d’Apocalypse 5 qui, avec le chapitre 4, introduit de façon symbolique le tableau du jugement qui sous-tend tout le livre.

Nous ne connaissons Dieu qui est Esprit, Infini, et Éternel, que par analogie. Or aucune connaissance ne peut nous parvenir que par le moyen des sens. Dieu pour révéler les réalités spirituelles utilise donc des symboles (objets, paraboles, images, visions, etc.) perceptibles par ses interlocuteurs du moment, ouverts à ses révélations. Les symboles de l’Apocalypse sont puisés dans ceux de l’Ancien Testament que Jean comprenait facilement, mais qu’à notre époque il faut décrypter grâce à la Bible, afin de saisir l’enseignement que Dieu veut nous dispenser (Rm 15.4).

Le chapitre 4 se relie à la lettre à Laodicée par deux mots repris en écho de la fin de la lettre, la porte (3.20) et le trône (4.1). Cette répétition indique que les deux scènes sont liées : elles se passeraient en même temps, l’une sur terre, dans le monde visible, l’autre dans le ciel, monde invisible car spirituel,  où Dieu est "localisé". Le nom de Laodicée signifiant, étymologiquement en grec, Jugement du peuple, la porte qui s’ouvre aux yeux de Jean l’introduirait en esprit (v2) dans ce monde invisible où un "jugement" se déroule. Comme au ch 1.10, Jean est « ravi en esprit », il est transporté et intégré au sein même des événements spirituels (ou « célestes[1] ») futurs qui lui sont dévoilés. Il a besoin de ce transport en esprit car ces événements ne concernent pas son époque, celle de la lettre à Éphèse, mais le temps de Laodicée, "Jugement du peuple" ! Nous avons là une indication précieuse pour saisir le sens de la scène qui va suivre. Ses symboles vont-ils le confirmer ? Nous ne verrons que ceux nécessaires à la compréhension de la scène du ch 5 : le trône, l’Agneau, le livre scellé.

  • Le trône

Introduit par la promesse au vainqueur dans la lettre à Laodicée (Ap 3.21), le trône est mentionné 14 fois dans le chapitre 4, et 5 fois dans le chapitre 5. C’est dire son importance à ce moment de la vision, lorsqu’après la lettre à Laodicée (dont le nom signifie « Jugement du peuple »), une porte s’ouvre sur le monde spirituel, invisible à l’œil, mais révélé au prophète.

Classiquement le trône est le siège de l‘autorité royale. Sur ce trône est assis un personnage dont toutes les caractéristiques le désignent comme le Seigneur Dieu, créateur du ciel et de la terre (4. 11). Le personnage est tellement extraordinaire que Jean ne peut le nommer, selon le respect hébraïque dû à l’Éternel. La description qu’il en fait, à l’aide des pierres précieuses et de l’arc en ciel, est à rapprocher d’Ezéchiel 1. 26-28, où le prophète est en présence de «l’image de la gloire de l’Éternel ».

Au verset 6, viennent le rejoindre sur le trône les 4 êtres vivants, personnifications des qualités que  Dieu met en œuvre dans son jugement des hommes[2]. Enfin au ch 5.6, Celui qui est assis aussi sur le trône, c’est l’Agneau ! La majesté divine dans toutes ses dimensions se présente aux yeux émerveillés du prophète.

Que signifie la répétition si nombreuse du mot « trône » au singulier puis au pluriel, dans nos deux chapitres ?

Une des fonctions du roi est de juger son peuple, pour libérer l’innocent des accusations portées contre lui, et faire appliquer ses sentences contre les coupables.

Tous les textes qui parlent de trônes au pluriel, sont situés dans un contexte de jugement :

Dn 7. 9-10 : « Je regardais pendant que l’on plaçait des trônes. Et l’Ancien des jours s’assit...Dix mille millions se tenaient en sa présence. Les juges s’assirent et les livres furent ouverts. »                          

Matt 19. 28 : « En vérité quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur 12 trônes et vous jugerez les 12 tribus d’Israël. »

Luc 22. 30 : « ...afin que vous soyez assis sur des trônes pour juger les 12 tribus d’Israël. »

Ap 20. 4a : « Et je vis des trônes, et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. »

Ap 11. 16 et 18 : «  Les 24 vieillards qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes disaient...le temps est venu de juger les morts... » La suite du texte du ch 11 indique que ce temps est celui de l’exécution des sentences qui viennent d’être rendues : le jugement a déterminé les serviteurs de Dieu qui vont recevoir leur récompense, et les destructeurs de la terre qui vont être détruits.

La répétition du mot trône au singulier et au pluriel donne donc à la scène son sens d’installation d’une sorte de tribunal où prennent place les acteurs (Dieu, les quatre êtres vivants, l’Agneau) et les jurés et les témoins (les 24 anciens et les anges, 5.11) d’un jugement, placé dans le ciel pour signifier son caractère spirituel, invisible à tout un chacun, mais perçu par les yeux de la foi du visionnaire ou du croyant lecteur du livre.

  • L’AgneauAgneau reçoit livre et l'ouvre15ès.jpg

L’Agneau apparaît au moment où Jean se désole que personne ne soit digne d’ouvrir le Livre aux sept sceaux (v 4), que tient Celui qui est assis sur le trône dans la scène de mise en place d’un jugement (ch 4). Il pleure car si le livre n’est pas ouvert, il se demande comment le plan de salut de Dieu s’achèvera, si on ne peut connaître les noms des sauvés.  En réponse à ses pleurs, un ancien lui présente oralement (v 5) Celui qui est digne d’ouvrir le livre, en le désignant comme le Lion de Juda, le rejeton de David. Ce sont des images utilisées par les prophètes pour symboliser les qualités du Serviteur, Fils de Dieu, Jésus : la puissance et la prééminence sur les peuples avec le lion (Ge 49.9-10 ; Hé 7.14) ; et la royauté éternelle avec le rejeton de David (Es 11.10 ; 9.6 ; Jér 23.5).

Ce lion « a vaincu » pour ouvrir le livre (v 5) : Jean (16.23) fait dire à Jésus qu’il a vaincu le monde ! Le premier cavalier du 1er sceau (Ap 6.2) est parti « en vainqueur et pour vaincre ; l’Agneau en 17.14 vaincra la coalition des rois avec la bête, qui le combattra.

Ce ne sont pas les seules qualités qui rendent ce personnage digne d’ouvrir le livre. Jean voit en effet ce personnage sous la forme d’Agneau assis au milieu du trône et des personnages présentés au ch 4.4, 6, comme les anciens entourant le trône et les êtres vivants siégeant au milieu du trône. Cet Agneau est donc assimilé à Celui qui est assis sur le trône (4.3), Dieu lui-même en tant que juge (cf le symbole du trône). Il partage les prérogatives de Dieu, au centre de la cour céleste, et reçoit la même adoration que lui (4.11 et 5. 8-9,12-13). C’est donc lui qui seul peut lever le secret de l’avenir et diriger les événements qui vont suivre (4.1), « conduire aux sources de la vie » ses serviteurs (ch 7.17). En outre il possède la plénitude de la puissance (7 cornes, Zach 1.1821 ; Dan 7.24 ; 1 Pi 2.9), de la perspicacité (7 yeux) et de l’Esprit de Dieu (7 esprits de Dieu = Es 11.2) pour juger.

Pourquoi l’appeler l’Agneau immolé ? Ce nom lui donne un aspect sacrificiel, cultuel : dans l’AT, l’agneau faisait partie des sacrifices d’expiation (= d’élimination du péché) à toutes les grandes fêtes, ou quotidiennement (Lv1.4). A la Pâque, célébrant la délivrance de la mort des premiers-nés et de l’esclavage d’Israël, le sang de l’agneau aspergé sur les linteaux des portes, rappelait la protection de Dieu sur les premiers-nés hébreux (Ex 12.24), et était le «signe » de l’alliance de Dieu avec son peuple. Dans ce sens Paul dit que « Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Co 5.7) L’Apocalypse emploie cette image 28 fois entre les ch 5 et 22, pour désigner le Christ caractérisé par son œuvre pour le salut du peuple (Ap 5.9), qu’Ésaïe 53 avait aussi prophétisée ainsi (Es 53.7). Cet Agneau divin a l’humilité, la patience, la douceur, l’innocence (1 Pi 1.19), que l’on prête à la jeune bête des sacrifices, et comme elle, il a été frappé « pour » l’humanité, = « à cause d’elle », « à sa place », et « en sa faveur » (Jn 1.29, 36 ; 1 Pi 1.19) en portant les péchés de l'humanité et les éliminant dans sa mort sur la croix.

Toutes ces qualités font de lui le seul qui puisse dévoiler les noms écrits sur le livre de vie, noms qu’il connaît dans sa prescience depuis la fondation du monde, et pour lesquels il a donné sa vie. Ces noms vont être révélés aux anges et aux anciens de la cour céleste, avant le retour de Christ en gloire. Scellés par l’Esprit (Ap 7) les 144000, derniers vivants portant le nom de Christ, pourront subsister dans les épreuves qui appelleront la terre à se repentir (= trompettes, ch 8-11).

Pour ouvrir le livre, il ne faut ni force, ni savoir, ni puissance armée, mais la dignité que confère le sacrifice de soi par amour ! Ce ne sont ni nos mérites personnels ou ecclésiaux, ni notre connaissance des Écritures, qui nous rendent dignes du royaume, c’est le sacrifice de Christ pour nous, accepté par la foi de tout notre cœur.

L’adorer (v 10), c’est le reconnaître comme Roi et Sauveur, et c’est le servir, en devenant «sacrificateur » (= prêtre purifié et sanctifié, Rom 12.1 ; 1 Pi 2.5,9 ; Ap 20.6) pour rendre témoignage par la louange, la prédication et une vie sanctifiée, de l’œuvre d’amour de l’Agneau qui ôte le péché du monde (Jean 1.29) et qui intercède pour les siens.

  • Le livre scellé de sept sceaux, écrit en dedans et en dehors (5.1-8)

Le mot principal de ce passage est le livre (7 x). Le livre a plusieurs caractéristiques : 

v 1 : il est écrit en dedans et en dehorsAgneau reçoit livre scellé.jpg

v 1 : il est scellé de 7 sceaux

v 3-4 : personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, n’est digne de l’ouvrir ni de le regarder (c’est-à-dire de le lire).

v 5-7 : seul l’Agneau immolé peut le prendre et l’ouvrir.

Que signifie ce livre ?

a) Écrit en dehors et en dedans : les tables de la loi, écrites du doigt même de Dieu, étaient elles aussi gravées des deux côtés, donc ineffaçables : Exode 32.15 : « Les tables étaient écrites des deux côtés, elles étaient écrites de l’un et l’autre côté. »

De même, les prescriptions de l’Éternel devaient être écrites à la fois dans le cœur (= à l’intérieur), et, comme un signe sur les mains et le front,(= à l’extérieur) : Deutéronome 11.18 : « Mettez dans votre cœur et dans votre âme ces paroles que je vous dis, vous les lierez comme un signe sur vos mains et elles seront comme des fronteaux entre vos yeux. » Ézéchiel (2.8-10) voit aussi un livre « écrit en dedans et en dehors » contenant « des lamentations, des plaintes et des gémissements ».

L’écriture sur les deux faces du rouleau ou de la table de pierre, est indélébile : on ne peut rien y ajouter, ni en retrancher. Ce que Dieu a écrit est vrai, inaltérable, indestructible. 

b) scellé de 7 sceaux : Dieu a donc fait alliance avec les élus, les a inscrits dans son livre, dès la fondation du monde, parce que dans son omniscience, il sait à l’avance qui sera sauvé et fera partie du royaume éternel. Pourquoi ce livre est-il scellé ? Pour répondre à cette question il nous est nécessaire de nous reporter à la coutume antique des contrats d’achat dont nous parle Jérémie 32.10-11 : « J’écrivis un contrat, que je cachetai, je pris des témoins, et je pesai l’argent dans une balance. Je pris ensuite le contrat d’achat, celui qui était cacheté, conformément à la loi et aux usages, et celui qui était ouvert. »

Ce texte est situé dans un contexte de transaction commerciale. Jérémie, à quelques mois de la chute de Jérusalem, conseille de se rendre aux Babyloniens. Mais pour adoucir ce message défaitiste, il achète un champ, pour montrer au peuple que l’espoir renaîtra. L’achat du champ se conclut par un contrat d’acquisition en deux exemplaires : l’un est scellé, signé par les deux parties et les témoins, l’autre reste ouvert, donc consultable à tout instant. Au fil du temps, cet exemplaire ouvert peut être altéré et modifié, tandis que l’exemplaire scellé servira de preuve de la véracité du contrat, en cas de contestation.

Or dans Apocalypse 5. 9 : « Tu as racheté, pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu...» il est aussi question d’un rachat par l’Agneau immolé. Alors qu’apparemment tout est perdu pour l’homme, Christ, Agneau de Dieu, rachète son droit à la vie, par son sang. On peut alors comprendre que ce contrat de rachat est écrit en deux exemplaires : un livre scellé qui correspond à la prescience de Dieu, et un livre ouvert où s’inscrivent les noms de ceux qui font alliance avec Dieu.

Dans le grand conflit qui oppose Satan et l’homme à Dieu, Dieu laisse l’homme libre de ses choix, libre de s’effacer du livre de vie ou de s’y maintenir. Lorsque le livre scellé des 7 sceaux sera ouvert, il apportera la preuve de la véracité ou du mensonge des écrits du livre ouvert de la vie des croyants. L’effacement du nom se fera au vu de notre vie et cet effacement ne peut se faire que dans un jugement, lorsque  le livre scellé de 7 sceaux s’ouvrira.

Comme nous venons de l’examiner, tous les symboles principaux de la scène décrite dans les chapitres 4 et 5, nous incitent à y voir une scène d’installation d’un jugement de Dieu sur le peuple qui se réclame du sacrifice de Jésus, « l’Agneau qui ôte le péché du monde ». L’ouverture se fera dans la séquence suivante, celle des sept sceaux.

« Le premier « ange » (Ap 14.7) « disait d’une voix forte : Craignez Dieu ... L’heure du jugement est venue » : ce message a été prêché plus particulièrement depuis la seconde moitié du 19ème siècle, lorsque les prophéties du livre de Daniel ont fait l’objet de recherches plus approfondies que jusqu’alors. À cette époque où le petit livre de Daniel fut « descellé », selon la prophétie de l’ange, « la connaissance augmenta »[3]. On interpréta la « purification du sanctuaire » comme l’accomplissement d’un jugement de la maison de Dieu, en préliminaire au retour de Christ[4]. Comme l’indique le temps du verbe dire à l’imparfait[5] , ce message continue à être valable pendant toute la durée du jugement, durant laquelle les hommes peuvent encore se repentir.

          À l’époque de la trilogie satanique qui réclame l’adoration de tous[6],  la proclamation spécifique du peuple messager, est d’éveiller l’attention de toute la terre sur le Dieu qui est en train de juger et qui est le Créateur. L’appel à « craindre » Dieu a souvent été mal compris, à cause de la peur évoquée en premier par ce mot. Les textes bibliques nombreux qui le mentionnent, donnent une autre valeur à ce mot : c’est plutôt le respect, l’attention portée à Dieu, qui est le commencement de la sagesse[7].

          Outre ce respect dû à Dieu, le message demande de lui « Donner gloire »[8]. Qu’est-ce que donner gloire à Dieu pour la venue de son jugement ? C’est reconnaître que ce jugement est nécessaire et s’en réjouir, car il rétablit l’autorité de Dieu et la vérité de son amour, qui ont été contestées par les impies et par Satan dès l’origine[9]. Ce jugement permet, de plus, de définir pour les êtres célestes, ceux que le retour de Jésus en gloire ressuscitera, afin de les faire entrer dans Royaume éternel.

    L’heure du jugement a été fixée par Dieu à un moment précis de l’histoire du monde. Il s’agit de l’évaluation générale de ceux qui se sont réclamés de leur foi en Jésus-Christ, et de ceux qui par leur comportement envers les plus petits, ont manifesté ou non, leur attachement à la justice, et leur amour du prochain[10]. Cette évaluation ou ce tri, doit se faire logiquement avant le retour de Christ qui s’accompagnera de la résurrection des élus, c’est-à-dire de ceux qui auront été jugés dignes du Royaume à cause de leur fidélité au Christ, consciente ou inconsciente.

Le message de l’ange d’Ap 14.7 annonce que l’heure de ce jugement est venue et non pas vient ou viendra : à l’époque où le message est proclamé, l’évaluation et la révélation du peuple de Dieu ont commencé »[11].                       

Questions pour une application dans la vie quotidienne 

  • Quel message d’espérance retirer de ce tableau d’installation du jugement spirituel commencé  par le Seigneur avant son retour ?
  • Quels symboles m’interpellent plus particulièrement ? Pourquoi ?
  • Comment ma vie confirme-t-elle mon alliance avec Dieu ?
  • Qu’est-ce qui me donne l’assurance que je ne serai pas effacé du Livre de Vie ?

 

Notes

[1] Le ciel dans le langage biblique représente le monde spirituel invisible aux yeux de la chair, quand il est en opposition à la terre, monde visible et concret. Voir 1 Cor 15.44-49, où céleste et spirituel sont synonymes, en opposition au terrestre et naturel.

[2] Pour de plus amples explications sur les 4 êtres vivants, voir d’E. Zuber « Le message d’espérance de l’Apocalypse »(www.bod.fr) pages 63-66, ou "La Bonne Nouvelle des Chérubins" (www.bod.fr)

[3] Dan 12.4

[4] Dan 8.14 ; 1 Pi 4.17

[5] L’imparfait marque une durée et/ou une répétition

[6] Ap 13.11-17

[7] Pr 15.33. Craindre : Ex 9.20.21 ;Ps 2.11 ; Ac 13.43 10.22 ; I Pi 1.17; Ap 11.18; 19.5

[8] Ps 29.1-2 : louer, rendre honneur, célébrer les perfections ; Dt 32.2: faire connaître l’Éternel ; Jos 7.19 : se repentir de son orgueil ; Luc 17.18 : remercier pour ses bienfaits ; Rm 14.11 : reconnaître que Dieu est souverain et source de tout bien

[9] Lév 10.3 ; 1Rois 3.16-28 : Le jugement de Salomon est une parabole vécue du jugement préliminaire au retour de Jésus.

[10]  Mat 25.31-46 : le jugement des nations

[11] « Message d’espérance de l’Apocalypse »   p 128-129

14/04/2023

Étude n°4 Craignez Dieu et rendez-lui gloire Ap 14.1-5 (22 04 23)

Étude n°4 Craignez Dieu et rendez-lui gloire Ap 14.1-5 (22 04 23)

Vous trouverez en annexe le texte retenu par l'UFB / AET : Col 13.1-17

« C’est ici la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus » Ap 14.12

Observons Apoc 7 élus devant l'Agneau 12è.jpg

Le contexte : Quel tableau précède ce passage ? Quels en sont les personnages et leurs actions ?

Le texte

  • Comparer avec le ch 7 .4-17 où les 144000 ont déjà été présentés pour définir les caractéristiques des 144000 ; qu’ajoute le ch 14 à celles du ch 7 ?
  • Le texte fourmille de symboles qu’il faut décrypter : l’Agneau, la montagne de Sion, le sceau sur le front, jouer de la harpe, le cantique nouveau, se souiller avec les femmes, la virginité, les prémices pour Dieu…
  • Quel rôle remplissent les 144000 à la fin des temps ? Ap 14.12

Comprenons

Le contexte

Jean est placé devant la vision de ce qui se passera dans un avenir lointain pour lui, à l’époque de Laodicée, où les comportements des  impies et des serviteurs de Dieu seront dévoilés. Au chapitre 7, la vision des 144000 apparaît à Jean pour répondre à la question posée au 6ème sceau : « Qui pourra subsister ? », au milieu de l’angoisse des hommes devant la perspective du jugement divin (6.16-17). On retrouve le même tableau des fidèles à Dieu au ch 14, en opposition aux humains marqués du nom de la bête et de son image (13.16-18), peu avant que le Seigneur ne revienne exécuter ses jugements (14.14-20).  

Le texte

Quelles sont  les spécificités des 144000 d’après les chapitres 7 et 14 ?  Le nombre 144000 est symbolique d’une entité complète (12x12 est un carré parfait), d’une plénitude idéale du peuple de Dieu, multipliée par 1000, le symbole de l’immensité. C’est à la dernière génération que le peuple de Dieu se  révèlera complet, comme il a été promis au cinquième sceau à ceux qui sont morts dans la foi (6.11) et attendent leur réhabilitation : « Il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu’à ce que soient au complet leurs compagnons de service et leurs frères… ».

Les tribus d’Israël mentionnées (7.5-8) ne comprennent pas la tribu de Dan : en effet par le refus de son héritage en Canaan et par sa conquête dans la violence d’un territoire extérieur aux limites fixées par Dieu, puis par la persistance de son culte idolâtre, la tribu de Dan s’est exclue elle-même de l’élection[1]. Elle est remplacée dans notre texte par la tribu de Manassé, lui-même fils de Joseph. Cette omission nous enseigne que peuvent entrer dans le Royaume de Dieu seulement ceux qui mettent toute leur confiance en Dieu seul ; même issus du peuple de Dieu, ceux qui restent idolâtres, incrédules et meurtriers, n’y ont pas leur place[2].

Le texte de Ap 7.9 et 15, nous montre les 144000 debout devant le trône et devant l’Agneau, c’est-à-dire en activité, à leur poste de service, subsistant grâce au sceau de Dieu sur leur front, malgré les signes avertisseurs du jugement, qui angoissent le monde[3]. Le chapitre 14 nous apparaît alors comme un développement des indications du chapitre 7, en une sorte de zoom grossissant.

Au chapitre 14.1, les 144000 sont placés aussi devant Dieu : « Voici, l’Agneau se tenait sur la montagne de Sion et avec lui 144 000 personnes ». L’Agneau est le nom accordé à Jésus lorsqu’on le considère dans son ministère de salut auprès des hommes. On est donc encore dans le temps où la grâce et le salut offerts aux hommes sont saisis par certains. Après le ch 15, lorsque les sentences ont été prononcées (ch 11.15-19) et qu’elles commencent à être exécutées, Jésus ne sera appelé « Agneau » que pour accueillir son épouse rachetée par son sang, l’Église fidèle (19.7), et pour lui rappeler dans l’éternité son œuvre de salut (21.22 ; 22.1).

Sur la montagne de Sion, se trouve le temple dans lequel ils servent jour et nuit (7.15). La montagne de Sion est le nom donné à Jérusalem qui symbolise le peuple des croyants, temple spirituel de Dieu. Ces serviteurs sont en communion spirituelle avec Dieu en permanence, dans leur service terrestre où « ils suivent l’Agneau partout où il va » (14.4), c’est-à-dire dans les souffrances et les joies, et parmi les hommes de toutes origines à qui ils annoncent la bonne nouvelle du salut (14.6).                                                           

La mention des 144000 vient juste après la description du trio infernal, (les deux bêtes et l’image de la bête), et après l’invitation à se prosterner devant elle pour recevoir la marque de la bête[4]. En opposition sont montrés ceux qui ont la sagesse et l’intelligence de rester fidèles à Dieu et de proclamer à la dernière génération les trois messages divins (Ap 14.6-12). Leur position devant Dieu est spirituelle, et leur permet de remplir leur mission sur la terre.

Ainsi placé dans le déroulement de la vision, le tableau des 144000 se situe chronologiquement à la fin des temps, et plus spécialement, avant la fin du temps où la grâce peut encore être saisie par les hommes. Les 144000 concernent donc particulièrement cette période des derniers avertissements et appels au repentir lancés par Dieu à la terre (séquence des trompettes et messages des trois anges (14.6-13).

Le sceau de Dieu (ch 7), qui porte son nom et celui de l’Agneau, est posé sur le front desange au sceau de Dieu, Zabou.jpg 144000 par les anges et non les hommes ! Il est posé sur le front, siège de la volonté et de la spiritualité, pour leur permettre de subsister fermes dans la foi et l’obéissance, pendant les grandes tribulations et angoisses du monde, provoquées par la tyrannie des bêtes et de l’image de la 1ère bête (ch 13), et par les avertissements des 7 trompettes qui appellent au repentir. Ce sceau les protège des fléaux spirituels qui s’abattent sur les impies à partir de la 5ème trompette (9.4), et il les mettra à part lors de l’exécution des sentences sur les impies (16.2). Le sceau de Dieu permet aussi à ces rachetés d’annoncer avec force et vérité les derniers messages de Dieu au monde (14.6-13). La comparaison avec les textes de Joël 3.1, 2 Co 1.22 et Eph 4.30 suggère que ce sceau est une effusion spéciale du Saint-Esprit, qui protège, fortifie et qualifie les derniers messagers de Dieu.

Qui est scellé ? Ceux qui ont lavé leur robe et qui l’ont blanchie dans le sang de l’Agneau (7.14) = ceux qui ont cru à la valeur du sacrifice de Jésus, à la justification par la grâce de Dieu, et qui ont laissé le Saint Esprit faire en eux son œuvre de purification et de sanctification. Cela se remarque par :

a) le fait qu’ils « servent le Seigneur et le suivent partout où il va» (7.15 ; 14.4) : dans le temple = en action dans son Église sur la terre, et devant le trône = en esprit, dans son ministère céleste de jugement dont ils ont le discernement spirituel (Ep 2.6).

b) leur consécration à Dieu seul (=virginité), sans idolâtrie (=autres femmes) selon Ap 14.4, leur persévérance dans la foi et l’obéissance à Dieu au milieu des idolâtres (14.12)

c) la parole de vérité qu’ils proclament (14.5 et suivants)

Les robes blanches et les palmes (7.9) indiquent que Dieu a prononcé sur eux, à leur insu comme sur les élus déjà morts (6.11), la sentence de justification définitive, de victoire et de réhabilitation totale. Il a fait d’eux les « prémices » de la terre. Comme les morts revêtus de leurs robes blanches, les vivants de la fin ne peuvent pas bénéficier de leur réhabilitation avant que les sentences prononcées sur les impies n'aient été exécutées. C’est pourquoi les promesses de 7.15b-17 sont au futur, et se réaliseront en 21.9-22.5. Les rachetés, ne sachant pas la date de la fin, ont la mission de proclamer sans cesse la vérité et les appels de Dieu (verbes au présent en 7.15 et 14.4-13), pour amener à Dieu les repentis de la dernière heure.

Il est dit dans Apocalypse 14 v 1-5 qu’ils sont irrépréhensibles (v 5) : ce serait inutile de le dire s’ils étaient déjà au ciel où tous seront sans péché. C’est dans leur service sur terre, qu’ils restent fidèles et sans tache, au milieu des oppositions et des angoisses du monde. Ils sont des rachetés, car comme pécheurs, ils ont eu besoin du rachat par Christ, pour devenir « enfants de Dieu ». Ils sont prémices pour Dieu et pour l’Agneau (v 4), parce qu’ils ont reçu de leur vivant un sceau (7.4), qui leur permet de vivre déjà sur cette terre un avant-goût de la plénitude spirituelle de la  communion avec Dieu, comme la vivront tous les ressuscités au retour du Christ. Gardés par le sceau de l’Esprit, ils sont sans mensonge (v 5), car ils ne s’écartent plus de Dieu (1 Jean 3.6a, 9) et leur parole est véridique : elle proclame les derniers appels de Dieu pour rassembler son peuple (Ap 14-6-12).

Leur virginité (v 4) doit être interprétée spirituellement et non comme un célibat volontaire. Selon la symbolique biblique de la relation avec Dieu, la virginité  représente la fidélité à toute épreuve d’êtres consacrés spirituellement à Dieu seul.                                                                 

2 : Jean entendit « une voix comme un bruit de grosses eaux, comme le bruit d’un grand tonnerre... » Le bruit de grosses eaux se retrouve chez Ezéchiel 1.24 pour désigner les chérubins « J’entendis le bruit de leurs ailes quand ils avançaient, pareil au bruit de grosses eaux ou à la voix du Tout-Puissant. C’était un bruit tumultueux comme celui d’une armée... ». En Apocalypse 19.6, c’est « la voix d’une foule nombreuse, comme la voix des grandes eaux, comme la voix de forts tonnerres... » qui se réjouit de l’arrivée des noces de l’Agneau. Celui-ci apparaît au verset 11 de ce chapitre 19. La comparaison avec les grandes eaux porte sur le volume sonore et non sur l’identité de la source. L’harmonie musicale règne dans ce groupe des 144 000 du ch 14, puisque se font entendre à la fois le chant puissant des grandes eaux, et le chant doux de la harpe.

Jouer de la harpe était le moyen pour David de chasser le mauvais esprit qui était en Saül (1 S 16.23). De même les 144 000 ont pour rôle de calmer le mauvais esprit qui est dans le monde, d’être des lumières dans les ténèbres grandissantes. La harpe est associée dans de nombreux textes à la joie spirituelle profonde de la communion avec Dieu (Ps 33.1-2 ; 1 Chr 13.8). De même qu’Elisée, sous l’influence du joueur de harpe, s’est mis à prophétiser (2 R 3.15), les 144 000 sont un milieu favorable au prophétisme, c’est-à-dire à la proclamation des paroles de Dieu (Joël 2.28) que la seconde partie du chapitre 14 va révéler.

v 3 : Ils chantent un cantique nouveau, car ce qu’ils vivent est quelque chose de neuf : ils sont en présence du trône, des chérubins et des 24 anciens (= tribunal céleste), qui au ch 5.9 chantaient aussi un cantique nouveau en  reconnaissant à l’Agneau la dignité d’ouvrir le livre scellé. Le cantique qu’ils sont seuls de leur génération à pouvoir chanter est expliqué par 7.10 et 15.3-4. Il rend hommage à Dieu pour son salut et pour la sentence de son jugement qui les délivre et les réhabilite. Il n’y a pas de coupure entre ce qui se passe au ciel (= dans le monde spirituel divin), dans le tribunal céleste,  et ce qui se passe sur terre dans le peuple de Dieu de la dernière génération.

Personne ne pouvait apprendre le cantique, sinon les 144 000 : Ce nombre de 144 000 est-il fermé, clos, ou ouvert ? Le scellement des élus a-t-il une durée qui permette un processus continu durant tout le temps où la grâce peut être reçue ? Il a commencé (ch 7) mais il n’est pas fini, puisque les 144 000 prêchent encore les derniers messages de Dieu (14.6-13). Ils peuvent convertir et adjoindre au peuple de Dieu tous ceux qui croient à leurs messages.

-14.12 : Pour terminer la séquence des trois messages de la dernière heure, Jean montre en contraste l’attitude des saints qui les propagent : ils accomplissent  leur mission avec persévérance, sans se décourager dans leur foi et leur espérance (2 Pi 3.15). Ils manifestent ouvertement leur différence avec les autres adorateurs, par leur obéissance à la volonté divine exprimée dans les dix commandements de l’Ancien Testament, et résumée par Jésus dans la loi d’amour (Mat 7.12). Leur foi repose sur l’œuvre de salut accomplie en leur faveur par Jésus sur la croix, et sur l’exemple de totale confiance en son Père, que Jésus leur a laissé (foi en et de Jésus).

Qui fait partie des 144000 ? Si le critère pour recevoir le sceau de Dieu est la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité, chacun ne peut répondre que pour lui- même. Il est impossible aux hommes de déterminer qui fait partie de ces 144000, du «Reste», puisque Dieu seul lit dans les cœurs et y appose le sceau de  son Esprit. La pureté des 144000 n’est pas le fruit de leurs efforts ou la cause de leur scellement. Elle est le résultat de l’onction de l’Esprit donné par Dieu. Cette pureté est d’abord spirituelle, elle exprime une relation exclusive et intime avec Dieu, qui a pour conséquence la pureté morale et l’obéissance au niveau des actes.

Conclusion du scellement des 144000 : Il existe donc des particularités propres au groupe des 144000 qui font d’eux des intimes du Christ, des actifs à son service, des croyants vivant une expérience spéciale, qui les distingue au milieu de la foule des rachetés de la dernière génération. On peut donc comprendre le texte du ch 7, comme une vision des rachetés qui sont encore en vie au moment du retour de Jésus ; parmi leur foule  venue de toutes origines ethniques (7.9), se distingue un groupe héritier spirituel direct « greffé sur l’olivier franc » du peuple de la Bible (Rom 11.17,24),  investi d’une mission spéciale décrite au ch 14.1-12, au milieu de grandes tribulations (7.14 ; Mat 24.31). 

Quelle mission spéciale leur est confiée ? C’est la suite du ch 14 qui l’indique. Nous le verrons au cours du trimestre.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Comment puis-je savoir si je suis scellé du Saint-Esprit, et si je fais partie des 144000 ? Que représente ce sceau pour ma vie présente ? 

- Quelle est ma recherche : me garder pur dans ma conduite, ou resserrer ma communion avec Dieu ? Par quels moyens ? 

-Dans quel but Dieu me scelle-t-il de son Esprit ?  

- Comment puis-je suivre l’Agneau partout où il va, en actes et en esprit ?

- Comment rendre gloire à Dieu par ma vie ?

Références bibliques

[1] Josué 19.40-48 ; Juges 18.30-31 ; 1 R 12.29 ; 2 R 10.29

[2] Ap 21.8

[3] Ap 6.12-17

[4] Ap 13.15-17, 18

Annexe : Texte retenu par l'UFB/AET : Col 3.1-17 

Phi 4.8 : Que tout ce qui est vrai, honorable, pur, aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées »

Observons Col 3.1-17

Contexte : Paul dans les deux premiers chapitres de son épitre aux chrétiens de Colosses en Asie Mineure, met l’accent sur Christ comme tête de l’Église et rédempteur, qui a délivré les païens du pouvoir des ténèbres et les a fait entrer dans son royaume (1.13), saints et pardonnés (1.22). Morts et ressuscités avec Lui par le baptême, les croyants ont à se garder des fausses doctrines légalistes ou mystiques (ch 2), qui restent de nature charnelle, c’est-à-dire humaine, sans Dieu (2.22-23).

Texte : Ce sont des exhortations de Paul à vivre en ressuscités avec Christ : 15 impératifs dont un à la forme négative (v9). On peut distinguer 5 grands thèmes :

1-4 : chercher, penser, s’attacher aux choses célestes (Christ x 4)

5-7 : dominer la nature humaine terrestre et ses convoitises

8-9 : se dépouiller de la vieille nature

10-14 : se revêtir de la nature nouvelle en Christ

15-17 : Vivre unis en un seul corps, et tout faire au nom de Christ. 

Comprenons

1-4 : Pour appuyer la pensée développée dans les deux premiers chapitres, à savoir que Christ en pardonnant le péché de l’homme lui donne accès à la vie sainte de son royaume, Paul utilise un procédé courant de la rhétorique grecque et juive de son époque : l’opposition systématique entre l’ancien et le nouvel état spirituel et moral de l’homme régénéré. Aux pensées humaines, terrestres, naturelles dites charnelles contre lesquelles il vient de s’élever, il oppose « les choses d’en haut »(3.1-2) que le croyant est appelé à chercher et à cultiver dans sa pensée. Ces choses spirituelles (= « d’en haut ») (v 2) concernent l’œuvre de Christ ressuscité, exerçant le pouvoir de Dieu dans sa plénitude (= « assis à la droite de Dieu ») c’est-à-dire donnant la vie éternelle à ceux qui par le baptême sont morts et ressuscités avec lui (v 1 et 3), et leur assurant d’entrer dans sa gloire à son retour (v 4). Toute la pensée du croyant est dirigée sur Christ, son œuvre et ses promesses.

V 5-11 : La vie intérieure étant focalisée sur les réalités « d’en haut, célestes, spirituelles, sur la relation intime avec Dieu, la vie extérieure, morale, relationnelle et psychique sera transformée, car elle s’appuiera sur des valeurs différentes. Pourtant l’emploi fréquent du mode verbal de l’impératif dans ce passage montre que la démarche demandée par Paul n’est pas automatique et réclame un effort de la volonté, car la « vieille nature » non régénérée par l’Esprit a tendance à « revenir au galop », selon le proverbe, quand on relâche son attention. Si virtuellement elle est noyée dans les eaux du baptême, elle sait parfaitement nager et refaire surface à la moindre occasion. 

La liste des péchés donnée par Paul aborde aussi bien les désirs intérieurs qui servent l’idole de l’Ego, du Moi mis au centre et comme but de la vie (v 5), que les comportements relationnels (v 8-9a), contraires à la vérité de l’Évangile, qui divisent et blessent les autres. Ces pensées et ces attitudes sont l’apanage d’une vie rebelle à Dieu, volontairement ou inconsciemment, et tombent sous la condamnation du jugement divin (= « colère de Dieu sur les rebelles »). Le rejet ou la mort de la vieille nature sans Dieu s’accompagne, comme le baptême le symbolise, d’une résurrection, d’un changement total de nature. Au lieu d’être soumise à ses passions et ses pensées humaines, la nature nouvelle du croyant quelle que soit son origine (v 11), est soumise à l’Esprit de Dieu qui l’habite (v 11b). Elle se renouvelle sans cesse pour retrouver « l’image de Dieu » prévue par Dieu pour sa créature humaine dès l’origine (Ge 1.26-27), et réalisée dans le Christ incarné (Col 1.15). Paul n’a-t-il pas déjà écrit aux Corinthiens que animés par l’Esprit, nous reflétons de façon visible dans notre vie (= « à visage découvert ») l’amour (= « la gloire ») du Seigneur, et nous sommes « transformés en la même image, de gloire en gloire » (2 Cor 3.18) ? 

V 12-14 : Suit le tableau des vertus et comportements inspirés par l’Esprit, qui s’opposent du tout au tout à la vieille nature. Ils imitent l’exemple du Christ donné dans sa vie terrestre, et sont tournés vers l’intérêt de l’autre avant son propre intérêt (Phi 2.5-8), conduisant au soutien et au pardon mutuels, issus de l’amour « agapê » que Dieu met au cœur de ses bien-aimés.

15-17 : Les dernières exhortations de Paul abordent plus précisément la vie communautaire des croyants régénérés. Ils sont appelés :

* à rester unis dans la paix et la reconnaissance que fait naître la présence de Christ en eux tous (v 15) sans distinction (v 11),

* à s’édifier mutuellement par l’enseignement de la Parole et des cantiques inspirés par l’Esprit de grâce (v 16),

* à parler et agir en toutes choses pour faire honneur au nom de Christ qu’ils portent comme « chrétiens ». Transformés par l’Esprit, les « vivants  ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Cor 5.15 ; Rom 14.7). 

Questions pour une application dans la vie chrétienne :

  • Que représentent pour moi les « choses d’en haut » que je suis invité à rechercher ? Comment transforment-elles ma vision de la vie et des relations humaines ? Comment éviter de faire de ces pensées spirituelles des moyens de fuir le monde, et de m’extraire de la réalité ?
  • Comment empêcher ma vieille nature tournée vers moi-même de surnager et d’influer sur mes pensées et mes actes ?
  • Le vêtement nouveau reçu de Dieu tient-il compte de ma propre personnalité ? La cache-t-il ou transforme-t-il mon caractère ?
  • Quelle est la perfection selon ce texte ? Faut-il en faire le but de sa vie, une condition de salut, une récompense promise à nos efforts de sainteté, ou une promesse renouvelée d’étape en étape de notre croissance en Christ ?
  • Dans quelle mesure et avec quels moyens ma communauté vit-elle les exhortations de Paul (v 15-17). Comment contribuer moi-même à les suivre ?