18/01/2013
Etude n°4 : Création, un thème biblique Job 38.1-21 ; 42.1-6 (26 01 13)
« Je vis un autre ange qui volait au milieu du ciel ; il avait un Evangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, tribu, langue et peuple. Il disait d’une voix forte : « Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et prosternez-vous devant celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les sources d’eau. » Ap 14.6-7.
Observons Job 38.1-21
Le contexte
A la suite du discours d’Elihu le quatrième ami de Job, sans transition, Dieu s’adresse enfin à Job, en reprenant le style et la pensée de la fin du discours d’Elihu (36.26-37.24).
Le texte :
1-3 : Apparition de Dieu qui va interroger Job sur la création :
4-7 : la terre
8-11 : l’océan
12-15 : l’aurore
16-18 : les profondeurs de l’abîme et les espaces de la terre
19-21 : la lumière et les ténèbres
Le poème continue sur le même ton jusqu’à la fin du chapitre 38, au sujet de la nature inanimée (neige, pluie, rosée, astres, nuages). Au ch 39, Job est interrogé sur la nature animale.
Job 42.1-6 : Dernière Réponse de Job à Dieu
V 2-3a : aveu de Job sur son manque de connaissance et de sagesse
V 3b : humble aveu de petitesse devant Dieu
V 4 : prière à Dieu d’écouter sa demande d’instruction
V 5 : reconnaissance de l’expérience personnelle vécue avec Dieu
V 6 : repentir profond.
Comprendre
Le contexte : Les ch 38 à 41 de Job constituent la réponse de Dieu aux cris de Job, en deux discours. Dieu ne donne pas à Job les raisons de ce qui lui est arrivé. Jamais il ne dévoile le conflit entre Satan et lui, dont Job est l’enjeu.
Le discours d’Elihu, le mystérieux quatrième ami, ne reçoit ni approbation ni désaveu, parce qu’il a servi à préparer le cœur de Job à tirer profit de l’apparition de Dieu : la souffrance endurée, lui a dit Elihu, est peut-être un avertissement de Dieu pour empêcher Job de se livrer à l’orgueil (33.17, 19), et pour le conduire à s’en remettre totalement au Seigneur miséricordieux, sans chercher à se prévaloir de mérites illusoires, et même sans comprendre, car Dieu est beaucoup plus grand que ce qu’on peut imaginer (36.22-26).
Dans ses questions pleines d’ironie, Dieu reprend toute une série d’interrogations d’Elihu à Job (ch 37), sur les merveilles de la création. (Aurore boréale)
Les versets 3-5 du ch 40 qui terminent ce premier discours de Dieu, marquent une pause où Job avoue pour la première fois son insignifiance devant tant de grandeur divine. Il est ainsi replacé dans une attitude d’écoute et de dépendance de Dieu, qui va lui permettre d’entendre la seconde leçon de Dieu (ch 40-41)
Dans son deuxième discours (ch 40-41), Dieu va proposer à Job qui a contesté sa justice, de gouverner le monde à sa place, pour l’amener à saisir son incapacité.
Le texte
Dieu apparaît enfin à Job dans le tourbillon et le tonnerre d’une tempête, selon le mode habituel des théophanies bibliques (apparitions de Dieu). Cette image est destinée à faire sentir à l’homme sa difficulté à « saisir » un Dieu qui seul maîtrise les éléments les plus grandioses et les plus terrifiants de la nature.
Dans notre passage (38.1-21), Dieu cherche par des questions ironiques à faire comprendre à Job à la fois sa petitesse et sa dépendance, et la grandeur miséricordieuse de celui qui a créé la nature inanimée (ch 38) et le monde animal (ch 39), dont il continue à prendre soin.
Dans sa première question (38.2), Dieu ne dénonce pas les paroles d’Elihu, qu’il va répéter lui-même, mais il critique celles de Job et ses amis, marquées par les préjugés et les conceptions traditionnelles du rôle de Dieu dans la souffrance humaine.
Dieu enjoint ensuite Job de « l’instruire », se plaçant avec ironie dans la position de « l’élève ». Il révèle ainsi à Job son immense prétention à donner à Dieu des leçons de justice, ou à critiquer son action créatrice. La revue poétique des éléments de la nature insiste sur leur maîtrise par Dieu qui les a créés et limités, pour que l’homme puisse y vivre en sécurité, dans la stabilité de ses lieux de vie, sous la protection divine contre les « méchants » (= les impies).
L’affirmation du v 21 : « Tu le sais ! mais alors tu étais né, et le nombre de tes jours est bien grand ! » est d’une ironie mordante. On pourrait la comprendre comme ceci : « Si tu le sais, c’est qu’alors tu étais né ! Et le nombre de tes jours serait bien grand aujourd’hui ! ». Job ne peut que reconnaître son incapacité à répondre à ces questions sur la Création.
C’est ce que sa réponse finale (42.1-6) avoue avec humilité. Sans connaissance profonde, sans sagesse personnelle, il a parlé de choses qui le dépassaient. Mais dans l’épreuve subie, il a fait l’expérience que son Créateur ne l’abandonnait pas et avait la puissance de rétablir la justice, puisqu’Il est le Créateur de l’Univers et de la terre dont il continue à prendre soin. Job connaissait Dieu de façon conventionnelle, selon l’image traditionnelle de son temps. Il est heureux de « voir » son Seigneur avec les yeux de son intelligence spirituelle comme un Dieu personnel qui entre dans une relation d’amour avec celui qui se confie en Lui malgré son ignorance, sa petitesse et sa souffrance.
Job peut placer sa confiance en lui. Il pressent sans le comprendre que Dieu avait un dessein, et se dispose à recevoir les instructions divines (v 4) dans une attitude d’écoute et de dialogue personnel avec lui.
Le plan de Dieu ne lui est pas révélé, sans doute pour faire comprendre que la vie de foi est d’accepter de faire confiance aveuglément à la bonté de Dieu. (Confiance de l’enfant en son père)
La pédagogie de Dieu envers Job ne correspond pas à ce que nous attendrions; Nous aimerions qu’Il lui dévoile comme à nous, la scène du prologue, pour qu’il saisisse la globalité du problème. A Job Dieu a seulement fait comprendre sa place de créature, que la foi amène à la confiance totale en Dieu dans les bons et les mauvais jours : Dieu dans sa sagesse, sa bonté et sa puissance peut en effet « tout faire concourir au bien de ceux qui l’aiment » (Romains 8.28).
Nous pouvons toutefois bénir Dieu de nous avoir aussi révélé les dessous de cette histoire, dans le prologue : au sein de la souffrance injuste, la fidélité à Dieu du croyant, son amour pour Lui et sa confiance, réfutent les accusations de service intéressé lancées par Satan, et témoignent aux yeux des hommes et des anges des bienfaits de la présence de Dieu dans la vie de ses enfants.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Suis-je attentif et sensible aux enseignements que Dieu veut me donner par le spectacle de la nature, pour me faire grandir dans ma relation avec Lui ?
- Qu’est-ce qui dans la nature inanimée et animée m’invite à louer Dieu pour les merveilles de son amour, et à lui faire confiance sans réserve ? (Vous pouvez faire relever les différentes merveilles des ch 38-41, et faire choisir celle qui parle à chacun, ou vous pouvez leur en faire chercher d’autres dans leur expérience personnelle).
- Pourquoi est-ce si difficile et désagréable de se reconnaître dépendant de quelqu’un et même de Dieu?
- Notre conception de Dieu est-elle fondée sur la tradition, sur ce que les autres nous ont raconté de lui, ou sur une expérience personnelle avec lui ?
- Comment faire de notre sentiment de petitesse devant Dieu une occasion, non de repli craintif sur nous-mêmes, mais d’ouverture à la puissance de vie du Seigneur et à l’écoute de ses enseignements ?
- Quelle différence y a-t-il entre la contestation des actions divines ou de son silence, et la demande à Dieu d’explications sur son sort ?
- Nos interrogations sur la Création sont-elles inutiles et impies ? En quoi peuvent-elles nous faire croître dans la foi ? Comment parler de la Création avec humilité et respect de la sagesse de Dieu ?
08:00 Publié dans Origines | Lien permanent | Commentaires (1)
11/01/2013
Etude n° 3 : La création complétée Gen 1.14 à 2.3 (19 01 13)
« Le septième jour toute l’œuvre que Dieu avait faite était achevée et il se reposa au septième jour de toute l’œuvre qu’il avait faite » Gen 2.2
Observons
Nous avons vu la semaine dernière le récit de la création du monde sur les trois premiers jours.
On constate,rappelons-le, que les trois premiers jours sont consacrés aux espaces habitables, les trois jours suivants, à leurs habitants. Dans l’énumération suivante, il est intéressant de remarquer qu’à chaque espace correspond une catégorie d’habitants : les points 1 et 4, 2 et 5, 3 et 6, se correspondent :
Espaces habitables :
1- Lumière (séparation d’avec les ténèbres)
2- Ciel et mer (séparation des eaux d’en-haut = air, des eaux d’en-bas = mer)
3- Terres sèches (séparation d’avec les eaux marines) et végétation
Habitants :
4- Points lumineux (soleil, lune, astres)
5- Oiseaux et créatures aquatiques
6- Monde animal (bétail, reptiles, animaux sauvages, et les humains)
7- Point culminant : le repos du Créateur et de la création
- Quelles différences trouvez-vous entre la création des animaux et celle de l’humain ? Que nous enseignent-elles sur l’homme ?
- Rechercher les trois bénédictions que contient ce passage ? Que nous disent-elles sur le regard de Dieu sur sa création ?
Comprenons
Le texte de la création n’est pas ordonné chronologiquement, mais selon une logique divine : Si Dieu crée un cadre matériel favorable à la vie dans les trois premiers jours, il ne peut le laisser vide. Les quatre jours suivants, il va remplir de vie les espaces créés, selon les espèces qui leur conviennent, astres pour le firmament de l’univers, animaux pour le ciel et la terre maritime ou solide, avec pour chef l’homme. On pourrait penser que tout étant jugé "très bon" Dieu se satisfaisait de ces six jours ! mais un septième jour vient compléter toute cette création pour lui indiquer où elle trouverait son harmonie et la joie de la cohabitation : dans la présence et la relation avec son Dieu Créateur !
Remarquons que tout est dit deux fois, d’abord quand Dieu exprime son intention, puis quand il la réalise par sa Parole.
En mentionnant neuf fois « selon son espèce » pour caractériser plantes, arbres et animaux, le récit montre d’abord que Dieu a agi avec ordre. Rien n’a été fait au hasard, tout a été prévu et planifié. Cette insistance fait comprendre que Dieu est très ordonné dans tous les détails, qu’il a conçu chaque chose avec soin, et lui a fixé sa place. Ainsi ni les plantes, ni les animaux n’évoluent en passant d’une espèce à l’autre. Cela contredit la théorie de l’évolution progressive qui voudrait faire descendre l’homme du singe ou du poisson.
Nous en avons conclu le second enseignement : Dieu a tout conçu et réalisé selon un plan précis, et le troisième enseignement : Dieu a voulu chaque créature à sa place, et dans son règne respectif, végétal, animal, humain.
En créant les astres le 4ème jour et les animaux les 5ème et 6ème jour, Dieu révèle leur nature de créatures qui lui sont soumises et dépendent entièrement de lui pour leur existence. Les astres ne sont que des luminaires, des lampes, destinés à éclairer la nuit et à marquer le temps pour les habitants de la terre. Il est nécessaire de distinguer ici l’astrologie de l’astronomie. L’astrologie attribue un pouvoir aux astres sur les caractères et le destin des hommes qui en font des objets d'adoration. L’astronomie étudie les lois qui régissent le monde de l’espace. C’est une science exacte, alors que l’astrologie vient de l’occultisme.
Grâce aux astres, nous pouvons, comme Moïse, « compter nos jours », nos heures et nos années.
Quand on considère les merveilles de la nature comme l’aile du papillon ou l’oeil d’une mouche, la splendeur du ciel étoilé ou des montagnes majestueuses, peut-on croire, que tout cela s’est fait tout seul, de soi-même ? La complexité et la beauté de la nature sont justement des raisons de croire que son auteur est un être bien plus intelligent, sage et puissant que l’homme lui-même. Adorer la nature ou la matière, ou l’énergie, ou les astres, c’est leur donner plus d’importance et d’intelligence qu’à l’homme, qui reste incapable de créer la vie, et qui craint les forces qu’il ne maîtrise pas ! Qu’est-ce qui est plus logique : honorer la matière ou un animal, ou honorer un Être intelligent et bon ?
Les animaux créés à la Parole de Dieu émanent de leur milieu de vie, les eaux ou la terre (v 20, 24). L’homme, lui aussi créé par la Parole de Dieu,à partir de la terre "adama" (ch 2.7) est le seul « à l’image de Dieu », « à sa ressemblance ». Dieu lui accorde ainsi une valeur supérieure au monde animal ou végétal, qu’il doit gérer en maître responsable (= dominer).
Ce que Dieu crée est immédiatement conforme à son projet. Il n’a pas besoin d’essais successifs ! Par ce récit de la Création, la Bible nous enseigne que l’homme est une créature spécialement conçue par Dieu.
L’humain est le fruit d’une décision spéciale d’un Dieu créateur, unique mais aussi paradoxalement « pluriel ». Il énonce son intention au pluriel : « Faisons l’humain à notre ressemblance ». On peut voir dans ce pluriel, confirmé par la forme au pluriel du mot hébreu « Elohim » traduit par « Dieu », la première suggestion du Dieu trinitaire, que l’Evangile révèlera comme Père, Fils et Saint-Esprit. On peut deviner la présence de ces trois manifestations d’Elohim dans ce chapitre 1 de la Genèse : il y a Dieu le Créateur, qui conçoit et organise son œuvre, Dieu qui par la Parole (Jn 1.1-3) donne existence à ses projets, et Dieu l’Esprit qui « plane au-dessus des eaux », qui protège la création. C’est dire l’importance de la création de l’humain, aux yeux d’un Dieu qui s’engage tout entier pour mettre au monde le chef-d’œuvre de sa création, un être qui va lui ressembler, et porter son image au milieu des autres créatures animales et végétales.
Enseignements sur l’homme
La création de l’humain n’est pas décrite en détail. Elle fera l’objet de plus de développement au chapitre 2. Mais ce qui en est dit au ch 1 nous révèle déjà bien des éléments essentiels pour connaître ce qu’il est et quelle est sa mission :
a) Comme Dieu est pluriel, l’humain portant son image est aussi pluriel : homme (masculin) et femme (féminin) ; le chapitre deux nous apprendra ensuite que la troisième personne de la Divinité sera donnée à l’humain par le « souffle de Dieu », donnant vie physique, psychique et spirituelle à cette créature humaine, seule « image de Dieu » parmi toutes les autres. C’est dans l’union du masculin et du féminin de la nature humaine que Dieu laisse percevoir ses propres qualités dites masculines (esprit d’entreprise, de décision et d’action, extériorité, logique, jugement, etc.) ou féminines (sensibilité, intériorité, intuition, amour, imagination, etc). Cela rend bien vaines toutes les discussions futures sur la nature et le rôle de la femme, qui ont agité les hommes érudits de tous les siècles, imbus d’une fausse idée de leur supériorité, résultat de l'introduction du péché dans le monde !
b) La ressemblance avec Dieu se poursuit dans la mission donnée à l’humain : il est le roi de la terre qu’il doit « dominer » et « gérer ». Solidaire du règne animal créé le même jour que lui, l’homme n’a pas à se laisser dicter sa conduite par lui, ni à abuser de lui pour son profit, mais il doit gérer la nature pour permettre à chacun de vivre dans l’harmonie des uns et des autres, à l’exemple de son Dieu créateur.
c) Dieu prend soin d’indiquer aussi la nourriture de chaque espèce : la végétation portant semence ou fruit pour l’humain, l’herbe verte pour l’animal. Ce régime végétalien convenait dans un monde exempt du péché mais sera complètement bouleversé après la chute du roi de la terre !
d) Comme pour l’animal (v 22), la bénédiction de Dieu sur l’homme se manifestera par la fécondité, qui permettra de peupler la terre. Mais, comme il est à l’image de Dieu, l’humain non seulement perpétuera la vie physique de son espèce, mais créera et développera tout ce qui est du domaine de la vie morale et relationnelle, artistique et scientifique. Son intelligence sera féconde et sa relation avec Dieu lui permettra de grandir harmonieusement sur tous les plans.
e) La différence qui existe entre le projet de Dieu (1.26) : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance », et la réalisation de ce projet (v 27) « Dieu créa l’homme à son image », sans que la ressemblance soit mentionnée, offre à l’homme une ouverture, une possibilité de croissance « jusqu’à la stature parfaite du Christ » dira Paul (Eph 4.13). L’homme n’est pas créé image figée de Dieu, mais toujours malléable et façonnable par Dieu sous l’action de l’Esprit, pour lui ressembler de plus en plus et refléter de mieux en mieux son amour (2 Co 3.18).
L’auteur témoigne aussi de sa foi dans l’être humain, homme et femme, roi de la terre :
a) Créé pour couronner les espèces animales dont il fait partie (créé le même jour), il en est différent par sa ressemblance avec Dieu non pas physique, mais psychique, morale, relationnelle et spirituelle.
b) Il reçoit la mission de gérer la terre et ses habitants. Dieu lui délègue une partie de ses pouvoirs et lui donne une responsabilité.
L’organisation du récit révèle que tout a été fait pour que l’homme puisse vivre en harmonie avec la nature et avec son Créateur, le seul vrai Dieu.
- Enseignements sur le sabbat
En étudiant attentivement le récit de la création, le lecteur se rend compte de l’importance du chiffre 7 : 7 jours, 7 fois le mot bon, 7 fois le verbe créer, 7 fois le verbe faire. On ne peut pas parler de hasard, surtout quand on se réfère à la symbolique des nombres en hébreu.
Il semble que l’auteur veuille montrer ainsi que la création est complète (v 2) et que le temps indiqué de sept jours marque le rythme parfait de toute vie humaine sur terre. Jésus rappellera que « le sabbat a été fait pour l’homme…(Mc 2.27) ; le sabbat étant le septième jour, on peut en déduire que le temps de la semaine a aussi été créé par Dieu pour l’homme.
Dieu n’a accompli aucune œuvre créatrice le septième jour. Au contraire, il s’est « reposé », a « béni » et « sanctifié » ce jour, juste après la création de l’homme.
1. Dieu se reposa
Il est évident qu’il ne s’agit pas ici d’un problème de fatigue ! Le constat du sixième jour en donne la raison, reprise par Genèse 2.2.
- Tout était très bon.
- L’œuvre était achevée : parfaite en son genre d’après le Larousse.
Le plan conçu par Dieu était réalisé. Tout était en place, il restait aux bénéficiaires de le vivre avec reconnaissance et dans une relation d’écoute avec celui qui en était l’auteur et qui pouvait donc apporter toute la compréhension, tout le soutien pour développer la vie d’une manière harmonieuse.
2. Dieu bénit ce jour
Le mot bénir, du latin benedicere, signifie : dire du bien. Dieu dit que ce jour est bon, est nécessaire pour l’homme. Il l’a prévu en fonction de l’homme, de ses besoins physiques, psychiques et spirituels. Il fait partie intégrante de la réussite du plan de vie heureuse qu’il a prévu pour l’homme. Dès le départ, le sabbat est lié à une idée de bienfait pour l’homme et la femme. La bénédiction du sabbat fait suite à celle des êtres vivants (Genèse 1. 22 et 28).
3. Dieu sanctifia ce jour
Ce verbe signifie autant séparer, distinguer que appartenir à Dieu. Ce qui est sanctifié est mis à part pour un but particulier, le service de Dieu. Ainsi le septième jour est un jour différent des autres.
4. Caractéristiques du sabbat
a) Un jour de repos :
- pour Dieu.
Dieu, l’Eternel, le hors du temps, qui domine le temps et l’espace, s’est en quelque sorte introduit dans le temps qu’il a conçu pour l’homme.
Il l’y a précédé en organisant le temps de travail, six jours et le temps de repos, le septième jour. S’arrêtant lui-même de créer, il indique à l’homme qui est son image, d’arrêter ce jour-là aussi ses activités « profanes », pour le servir.
- pour l’homme.
Il semblerait qu’au départ, l’homme créé parfait ne devait pas connaître la fatigue ni le stress. Il avait un « patron » discret, des animaux dociles, un jardin sans mauvaises herbes, pas de maladies.
Dieu a-t-il prévu ce repos, en cas de...? Sans doute mais pas seulement. Il a tout fait parfait pour ce moment-là, car le sabbat n’est pas qu’un jour de cessation d’activités pour reposer son corps.
b) Un jour pour se souvenir
... un jour qui lui est réservé, car il s’y reposa de tout son travail de Créateur.(v 3 version F.C.)
Dieu rappelle qu’il est l’auteur de toute la création. Il en est le Seigneur, le Maître. Il possède seul la sagesse pour donner les instructions parfaites qui feront la réussite de l’avenir. L’homme, en adoptant le rythme de vie que Dieu lui propose, premièrement se place dans une perspective heureuse; deuxièmement annonce de semaine en semaine qu’il est le bénéficiaire d’un cadeau qu’il doit gérer et faire fructifier.
Le donateur, le propriétaire, c’est Dieu. L’homme le proclamera de génération en génération. Rendez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César..., dira Jésus (Mc 12. 17)
c) Un jour pour confirmer notre identité
France Quéré, dans La Famille, p. 253, écrit ceci :
« Qui suis-je ? Je suis aimé ! Voilà mon identité.... Bonne nouvelle que l’amour des autres dépose dans nos cœurs et avec cette vérité-là, nous irons au bout du monde : je suis aimé, donc je suis : toute terre m’est une patrie, tout homme devient mon frère. »
Je suis aimé de Dieu ! Voilà mon identité !
Porter une attention particulière au jour du sabbat, c’est reconnaître Dieu comme le créateur plein d’amour de toute forme de vie et affirmer que nous avons notre origine en Lui. C’est nous déclarer fils et filles bien-aimés de Dieu. C’est rejeter le hasard, c’est bannir la peur de l’avenir.
C’est affirmer, semaine après semaine : je sais d’où je viens et où je vais, je sais qui je suis.
Le sabbat est un jour qui m’indique aussi mes limites : je suis créature, et ma sécurité est en Lui, mon Créateur.
d) Un jour de fête
Après une bonne nouvelle comme celle-ci, comment ne pas faire la fête ! Comment, aujourd’hui, alors que la plupart de nos contemporains courent après une identité par l’appartenance à un groupe sportif ou religieux, à un parti d’opposants au pouvoir en place, au monde des vedettes, à celui des industriels ou de la finance, de la marginalité, etc., comment ne pas se réjouir de se savoir fils ou fille de Dieu ? Ne faut-il pas fêter chaque semaine cette bonne nouvelle avec ceux qui reconnaissent la paternité de Dieu ? Ne faut-il pas louer l’auteur de notre vie ?
Peut-être pourrait-on mettre un panneau à l’entrée de nos églises pour dire aux gens : « aujourd’hui nous nous réjouissons que Dieu soit notre créateur ! Voulez-vous partagez notre joie ? » ... A condition qu’elle soit réellement à l’intérieur de nos portes !
e) Un jour pour la délivrance
S’il est vrai qu’au départ Adam et Eve n’avaient pas besoin d’un jour pour se défatiguer, est-il besoin, aujourd’hui d’insister sur la nécessité absolue de prendre du repos physiquement et psychiquement à cause de la compétition, des tensions, des conflits, du stressqui emplissent les six autres jours de la semaine .
Le travail est devenu le symbole de l’esclavage, de l’anti-liberté. C’est la course aux loisirs en même temps que la course à l’argent. Gagner gros en un minimum de temps. Nous sommes dans une économie de pouvoir, de domination de l’homme par l’homme. Sans compter l’injustice suprême : ne pas avoir de travail !
Le sabbat nous rappelle que Dieu nous a créés, homme et femme, ni dominés, ni dominants, mais équivalents (= ayant même valeur) devant lui qui est notre seul Maître. En ce sens, le sabbat nous délivre de l’oppression de l’homme par l’homme.
C’est à la sortie d’Egypte que le peuple reçoit les commandements (Exode 20.1-17; Dt 5. 6-21). Ils sont reliés à la délivrance opérée par Dieu. C’est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude... (v.2.)
Cette notion de délivrance est reprise dans Hébreux 3.7 à 4.11, où nous sommes appelés à sortir de la révolte (comme à Massa et Mériba, Exode 17.7) pour entrer, dans le repos de Dieu, qui, dans ce texte, est clairement relié au repos du 7e jour.
Que le récit de la création compte chaque journée d’un coucher du soleil à l’autre, n’est pas gratuit pour entrer dans le repos du sabbat : pendant la première soirée, puis la nuit, l’homme a le temps de se détacher de ses préoccupations de la semaine, pour préparer son corps et son esprit à la rencontre avec son Dieu dès le matin (Amos 4.12).
Le jour du sabbat nous ramène tous à égalité : tous esclaves du péché, avec ou sans gros sous, avec ou sans travail ! Et tous sauvés, si nous écoutons, aujourd’hui, la voix de Dieu et entrons avec joie dans son repos. Tous dépendants de la grâce de Dieu. De son amour infini qui nous délivre, nous rachète tous au même prix, celui de la vie de son Fils.
Le sabbat est plus que libération des fatigues du travail, il est symbole de libération du mal, du péché qui envahit nos vies, et la préfiguration du repos en présence de Dieu, pour l’éternité.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
a) Quelle est ma position face à l’astrologie et les horoscopes, tellement prisés de nos jours ? Ai-je conscience que même par simple curiosité, ils me font courir le risque de manquer de confiance en mon Dieu Créateur ?
b) L’image de Dieu que nous sommes a été oblitérée par le péché, mais par sa grâce, Jésus-Christ nous permet de la restaurer. Comment ma vie familiale, professionnelle, ecclésiale, et sociale reflète-t-elle l’image de Dieu : mes actes et mes paroles contribuent-ils à créer la vie et l’harmonie autour de moi ? A quoi dois-je veiller pour atteindre cet objectif ?
c) Comment concrètement, à mon niveau individuel, répondre à la mission confiée par Dieu de « dominer » (= gérer) la Nature, dans le sens de l’environnement (= l’écologie, le respect de la planète), ou de ce qui est « animal » ou « naturel » en moi (= la maîtrise de soi) ?
d) Quel est le but de cette mission de gestionnaire de la terre: devenir saint et puissant comme Dieu, ou manifester le respect dû à une création qu’Il avait jugée bonne pour la vie de l’homme, et rendre Dieu perceptible aux autres à travers ma vie ?
e) Quelle est ma conception du repos ? Comment est-ce que je remplis les moments de cessation de mes activités professionnelles ou familiales ? Est-ce que j’en fais des moments privilégiés de rencontre avec Dieu, avec les autres, des moments de divertissement, de détente totale, de culture intellectuelle ou physique, des occasions d’étourdissement, etc. ?
f) Comment vivre le sabbat en harmonie avec l’enseignement biblique de la Genèse et des Evangiles ?
08:00 Publié dans Origines | Lien permanent | Commentaires (0)