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01/02/2013

Etude n°6 : Création et Chute, Gen 3.1-15 (09 02 13)


« Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui écraseras le talon » Gen 3.15

Illustration de Zabou : Adam et Eve séduits par le serpentZabou Chute.jpg

 Voir en complément l'étude de ce chapitre dans le livre d'Evelyne Zuber : "l'Arbre de Vie". dont les coordonnées vous sont indiquées dans la rubrique Bibliographie à gauche de cette page.

Observons Gen 3.1-15

La structure du passage se présente ainsi :

A. 3.1a :    Dieu et le serpent

          a. 3.1a :          le serpent créé par Dieu

          b. 3.1a :          le plus rusé des animaux

          c. 3.1a :          le serpent parle à la femme

              B. 3.1b-6 :     Dieu accusé

              a. 3.1b :     vous ne devez manger aucun fruit ?

              b. 3.2,3 :    vous ne devez pas en manger de peur d’en mourir

              c. 3.4,5a :  vous verrez les choses telles qu’elles sont

              d. 3.5b :     vous serez comme Dieu

              e. 3.6 :       elle en prit et en mangea, puis en donna à son mari.

                   C. 3.7,8 :       l’attitude de l’homme

                   a. 3.7 :       ils se rendirent compte qu’ils étaient nus

                   b. 3.8a :          ils entendirent le Seigneur se promener

                   c. 3.8b :          ils se cachèrent

 

                        D . 3.9 :     Le Seigneur appelle l’homme : Où es-tu ?

 

                   C’. 3.10 :   l’attitude de l’homme

                   b’. 3.10a : je t’ai entendu

                   a’. 3.10b : j’ai eu peur car je suis nu

                   c’. 310c :   et je me suis caché

              B’. 3.11-13 : l’homme responsable

              a’. 3.11 :         avez-vous mangé du fruit défendu ?

              b’. 3.12 :         c’est la femme

              c’. 3.13a :       pourquoi as-tu fait cela ?

              d’. 3.13b :      le serpent m’a séduite

              e’. 3.13c :       j’ai mangé

          A’. 3.14,15 : Dieu maudit le serpent

          a’. 3.14 :         Dieu maudit

          b’. 3.14 :         le plus méprisé des animaux

          c’. 3.15 :         le serpent sera vaincu par la postérité de la femme

 

 

 

Comprenons  

 

1. Cette structure fait apparaître que l’axe autour duquel tout le récit est construit est l’intervention de Dieu auprès de l’homme.

Cette intervention n’est pas agressive : Dieu appelle, et il est présenté non seulement avec son titre Dieu, mais avec son nom propre : L’Éternel (le tétragramme YHVH).

Les paroles qu’il prononce ne sont ni des accusations, ni des reproches, ni une condamnation, mais une question. Pédagogiquement c’est à l’homme de se situer, de dire à Dieu où il est, et où il en est dans sa relation avec lui-même, avec la femme, avec la nature que Dieu a faite pour lui, et avec Dieu, son créateur.

 

     2. Tout ce qui est avant l’axe décrit la situation initiale jusqu’à l’acte commis et à ses premières conséquences indépendantes de toute intervention de Dieu.

La situation initiale comporte des risques indiqués par l’ordre de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et par la présence du serpent, qui va se révéler instrument de séduction.

 

     3. Tout ce qui est après l’axe montre la situation finale compte tenu de l’intervention de Dieu. Cette situation est marquée par un certain nombre de conséquences liées à la désobéissance de l’homme, conséquences considérées le plus souvent à tort comme des punitions de Dieu.

      

1- La séduction Gen 3.1-7 

La séduction faisant appel essentiellement aux sens et à la sensibilité, le séducteur va s’attaquer à celui des deux êtres humains où ils sont les plus développés, la femme,  par rapport aux facultés de raisonnement logique, et de maîtrise de soi que l’on attribue plutôt à l’homme.

V 1 : Le serpent (médium et symbole de Satan, Ap 12.9), avant de séduire, cherche à semer le doute dans l’esprit d’Eve sur la parole de Dieu.

V 2-3 : Les ajouts ou transformations de la parole de Dieu apportés par  Eve (le fruit, ne pas toucher), montrent combien l’interprétation de la Parole de Dieu dépend de l’esprit auquel on se soumet pour interpréter : cherche-t-on à être guidé et éclairé par Dieu, ou par sa propre intelligence ou par ses sentiments, ou par un esprit de critique ?

Si on n’y cherche pas une relation intime avec Dieu, la lecture et l’étude de la Bible seront vaines, ou influencées par d’autres esprits que l’Esprit Saint. Eve en écoutant le serpent s’est déjà mise sous son influence et le montre tout de suite par son ajout à la parole divine.

 

Mettre en doute la parole de Dieu (1b) ouvre la porte à toutes les convoitises. Celles des yeux et de la chair (1 Jean 2.16) se manifestent (6a) dans le désir d’Eve de posséder ce que symbolise pour elle le fruit de l’arbre défendu : l’immortalité (4) et le discernement personnel du bien et du mal, qui sont les privilèges de Dieu (5). Satan a su éveiller en elle l’aspiration à sortir de sa condition dépendante de Dieu, et à conquérir le pouvoir divin de décider ce qui est bien ou mal.  Or les promesses de Satan se révèlent totalement fallacieuses : leurs yeux s’ouvrent[1]* non pas sur le monde spirituel des dieux, mais sur leur situation de dénuement total de créatures sans Dieu !

 Nous retrouvons quotidiennement les facettes de cet « orgueil de la vie », lorsque sans même nous en rendre compte, et souvent avec les meilleures intentions du monde, nous nous mettons à la place de Dieu. Déterminer qui est sauvé ou pas, décider de la vie de ses proches ou de l’Église selon sa propre volonté, chercher à briller aux yeux des hommes, ou à grimper dans les hiérarchies pour exercer un pouvoir sur les autres, toutes ces attitudes reproduisent le péché de nos premiers parents. Il les réduisit à leur condition de mortels, et les conduisit à cacher leur faiblesse devant Dieu et les autres par des moyens de fortune précaires (7). Ainsi en est-il de nos efforts pour donner le change et faire croire à une capacité personnelle de nous sortir des impasses dans lesquelles nous nous enfonçons par notre insoumission à Dieu.

 

A- Comment Dieu agit-il face à l’échec de son plan de vie pour l’homme ?

V 4-5 : Les paroles du serpent présentent les 7 dogmes de l’humanisme spirituel qu’a repris  la philosophie d’aujourd’hui, et qui s’infiltrent dans la pensée contemporaine. Ils ont comme objectif subtil et masqué de séparer l’homme de Dieu, et de faire de l’homme un rival de Dieu, en lui faisant croire à son indépendance, son pouvoir et son intelligence.

1-      Vous serez comme des dieux : c’est le refus du statut de créature dépendante de Dieu, et l’aspiration à l’auto-adoration.

2-      Vous ne mourrez pas : c’est la croyance en l’immortalité naturelle, que l’on retrouve dans toutes les religions, et qui conduit à la foi en la réincarnation, ou en l’âme immortelle prisonnière dans un corps mortel.

3-      Vos yeux s’ouvriront : dans la Bible cette expression s’emploie pour la prise de connaissance du monde occulte, donc inaccessible au profane, au non-initié. Eve va croire que Dieu la condamne à la naïveté, à avoir les yeux fermés sur ces pouvoirs de l’esprit, sur cette intelligence de l’infini et de l’au-delà.

 4-      Vous connaîtrez le bien et le mal : chacun sera capable de déterminer ce qui est son bien ou son mal : c’est le relativisme moral, où l’homme n’a de compte à rendre à personne que lui-même.

 5-      Dieu a-t-il réellement dit ...: le doute est  semé sur la révélation divine, qui prend moins d’importance que la communication de l’esprit humain avec les forces surnaturelles.

 6-      Dieu sait que ...: Dieu est présenté comme un Dieu d’obscurantisme, un Dieu qui veut garder jalousement son savoir, qui interdit à l’homme la connaissance, l’ouverture d’esprit.

 7-      Un fruit précieux pour ouvrir l’intelligence : la recherche du développement du cerveau par l’énergie cosmique (symbolisée par cet arbre) avec laquelle on entre en contact grâce à la méditation, est l’idée-clé de la philosophie humaniste spirituelle contemporaine. Elle s’introduit aussi dans l’Eglise, lorsqu’on ne perçoit pas toute la subtilité des propositions sataniques, dont le but est de séparer de Dieu.

 

V 6 : La tentation d’Eve reprend les trois convoitises dont parle l’apôtre Jean (1 Jean 2.16) : convoitise des yeux, convoitise de la chair et orgueil de la vie.

La tentation d’Adam est un peu différente : il devait choisir entre écouter Dieu et perdre sa femme, ou écouter sa femme, perdre Dieu et se perdre tous les deux. Il préféra la seconde solution, ce qui fait dire que le péché d’Adam avait une connotation sexuelle. Mais en aucun cas, nous ne pouvons prétendre que le péché de nos parents fut l’acte sexuel ! Celui-ci était voulu et béni par Dieu, pour le bonheur de l’être humain et le peuplement de la terre, et même aussi pour symboliser l’union spirituelle que Dieu voulait vivre avec la créature à son image !


B- Le dialogue entre Dieu et le couple : Gen 3.8-15 est très important pour comprendre la rupture des relations entre Dieu et la créature, et entre les êtres créés eux-mêmes. Il n’y a plus confiance, mais peur et accusations mutuelles dans le couple.

Seul Dieu continue à aimer : Il va au devant de l’homme, Il le recherche, Il lui parle, Il veut l’amener à prendre conscience de sa responsabilité et à se tourner vers Lui, Il lui fait des promesses, et concrètement lui donne les moyens de comprendre Son amour.

Notre passage  nous apprend sur Dieu qu’:

     a. il accepte de se laisser accuser indirectement sans se fâcher,

     b. il s’adresse au serpent séducteur et le maudit,

     c. il annonce la guerre qui s’ouvre entre l’humanité et le serpent et en révèle l’issue favorable à l’humanité, il est donc un Dieu d’espérance;

    Au lieu de reprocher à l’homme sa désobéissance, ou de se détourner de lui par dépit et fureur de voir son œuvre parfaite gâchée, Dieu s’approche du couple dans un désir de reprendre la relation rompue, à l’heure la plus propice pour un échange dans l’intimité, comme les sacrifices du soir dans le temple, voudront le rappeler.

Les questions posées n’ont d’autre but que de pousser l’humain à faire le point sur sa situation, à reconnaître sa responsabilité et à revenir humblement à son Créateur. Adam ne saisit pas la perche tendue, et s’enfonce dans sa culpabilité en accusant Dieu et sa femme (12), tandis qu’Eve reconnaît rapidement avoir été séduite : cette plus grande capacité de la femme à avouer sa faiblesse expliquerait-elle la présence plus nombreuse des femmes dans nos églises ?


 C- La différence des réactions à l’interrogation de Dieu entre l’homme et la femme n’est pas sans conséquence : Dieu promet à la femme que sa postérité vaincra le serpent, et à l’homme il rappelle qu’il est poussière et retournera à la poussière (Gen 3.19). Pourquoi n’est-il pas dit « leur » postérité ? Si l’on rapproche ce texte de celui qui concerne la postérité d’Abraham (Gal 3.16,29) qui reçoit l’héritage promis par la justice de la foi (Rom 4.13), la postérité d’Eve victorieuse du serpent ne concernerait que celle qui, comme elle, sait reconnaître avec humilité son péché devant Dieu (Gen 3.13), qui accepte comme Abel (Gen 4.4), puis Seth (4.26), ou comme l’Église (Rom 16.20), de dépendre de Dieu pour son salut et sa victoire, tel que Christ le vivra parfaitement en se donnant lui-même sur la croix.

La postérité d’Adam au contraire, refuse comme Caïn, d’écouter Dieu, se détourne de lui et retourne à la poussière ! Attention à ne pas désigner l’autre comme faisant partie de cette postérité : nous avons tous en nous un Adam et une Eve, l’un qui ne veut jamais reconnaître ses torts et accuse autrui pour se justifier, l’autre qui accepte sa faiblesse et revient humblement vers son Sauveur. Lequel des deux privilégions-nous ?

Nous étudierons la question de la nudité (3.7) à la leçon 9 avec le texte de Gen 2.18-25. : Le mariage, cadeau de l’Eden

 

D- « Les malédictions » (3. 14,17)

Il est indispensable d’être au clair au sujet des malédictions. Encore faut-il s’entendre sur le sens des malédictions divines : Dieu ne veut jamais le mal pour personne. Simplement il voit à l’avance ce qui va découler du mauvais choix de chacun, et il l’annonce. On pourrait transcrire le «tu seras maudit » par « tu seras malheureux, toi qui … ».

 Les malédictions n’atteignent que le serpent (14) et le sol (17), dont Dieu annonce ainsi l’impossibilité totale de sortir de leur nouvelle condition ! Le serpent est atteint dans son pouvoir de séduire. Physiquement il perd ses attraits, spirituellement son pouvoir de séduction se réduit. Lui qui était considéré comme porteur de vie dans les cultures voisines des Hébreux, devient porteur de mort, se nourrissant des morts spirituels (poussière, v 19) qu’il a séduits. A travers le sort du serpent physique, Dieu indique le sort du Satan qui l’inspire : Par son choix de rébellion et d’orgueil, l’Adversaire s’est condamné lui-même à la mort éternelle (Es 14.13-15 ; Ez 28.12-19). Il entraîne avec lui ceux qu’il séduit et pousse à l’imiter. La malédiction de Satan consiste dans l’impossibilité de changer d’attitude, que Dieu sait d’avance.

     Dieu prévient l’homme des conséquences désastreuses de son mauvais choix en lui indiquant les signes de la mort introduite  dans la nature :

*   pour le serpent : malédiction (= peur, dégoût, mépris) parmi les animaux, poussière comme nourriture (symbole de la mort dont se nourrit Satan), reptation sur le ventre (le domaine d’action de Satan sera désormais essentiellement sur terre auprès des hommes et non plus dans le ciel, auprès des anges (Ap 12.7-8). Le ventre étant la partie du corps molle, sans protection,  et le siège des émotions, le Satan agira surtout à partir des faiblesses et de l'émotivité de la personne humaine.

*   pour les relations du serpent et des humains : guerre avec les humains qui se terminera par la mort du serpent après qu’il les ait blessés.

*   pour le sol : malédiction du sol qui devient difficile à cultiver et encombré de mauvaises herbes.

 

E- La promesse divine v 15

En voulant être comme Dieu, en devenant rival de Dieu, on devient rival de son vis-à-vis, qui est image de Dieu. Mais à l’homme Dieu offre une solution. Lorsqu’on accepte d’être à nouveau adopté par Dieu comme fils ou fille, les rapports avec le vis-à-vis sont transformés et retrouvent l’amour et l’égalité voulus par Dieu à l’origine.

Ce ne sont pas des fatalités, puisque, en même temps Dieu annonce le remède, par ses paroles et ses actes : ainsi Dieu annonce la victoire sur l’adversaire (v 15), et offre les moyens de cette victoire (v 16-24 que nous verrons plus tard)

 Au début des prévisions de l’avenir de l’homme, Dieu prononce la première promesse messianique, en deux volets (15) :

1-     l’homme et la femme ne mourront pas immédiatement, ils auront une postérité, donc la vie continue ! A partir de cette promesse, les Juifs penseront que la vie éternelle consiste dans la propagation du nom à travers la descendance.

2-     Dans cette descendance apparaîtra Celui qui, au prix de ses souffrances (blessure au talon) sera vainqueur du serpent mortel, symbole de Satan (Ap 12.9 ; Héb 2.14). Le grand combat entre Christ et Satan, dont nous sommes à la fois les acteurs et les enjeux, est clairement annoncé par Dieu dès la Genèse, et fera l’objet de ses révélations aux prophètes, sans être vraiment compris jusqu’à l’incarnation de Dieu en son Fils Jésus.

 Discernons-nous au milieu de nos souffrances, la lumière d’espoir que le Seigneur entretient, pour nous permettre de les surmonter ? Adam l’a si bien saisie, que de toutes les paroles de Dieu il n’a retenu que cette promesse. Il l’en remercie en donnant à sa compagne le nom de son espérance : la Vivante ! L’avenir de l’homme, c’est la Vie promise par Dieu ! (v20)

  En hébreu le verbe traduit à tort par « punir » dans Ex 20.5, signifie en réalité « visiter, s’occuper de, prendre soin de », Dieu prend soin des conséquences désastreuses sur les enfants, de la faute de leurs parents, sur au moins trois générations. Il ne les impose pas comme des punitions (ce serait totalement injuste et en contradiction avec Ez 18), mais il accompagne les enfants pour les en soulager et les en délivrer. C’est ce que la suite du texte cherche à nous faire comprendre[2].

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-       En quelles circonstances, pouvons-nous être tentés de décider par nous-mêmes de ce qui est bien ou mal ?

-       Alors que notre cantique (DLG 330) ou l’apôtre Paul nous invitent à « ressembler au Seigneur » (Eph 4.13), quand est-ce que « Vouloir être comme Dieu » devient un péché ?

-       Comment réagissons-nous quand est mise au jour  notre responsabilité dans la détérioration de la nature et des relations humaines ? Pourquoi avons-nous tant de peine à reconnaître nos torts ?

-       Comment nous montrer comme faisant partie de la postérité de la femme, en « écrasant la tête »  du tentateur, au niveau de nos relations avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes ?



[1] Cette expression dans la Bible s’applique toujours aux « voyants », prophètes de Dieu ou devins, qui ont accès au monde invisible (voir 2 Rois 6.16-17).

[2] Etude n°12

08:00 Publié dans Origines | Lien permanent | Commentaires (1)

25/01/2013

Etude n°5 Création et Morale Actes 17.15-34 (02 02 13)

« L’Éternel Dieu donna ce commandement à l’homme : « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin. Mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras ! » Gen 2.16-17

 areopage d'Athènes.jpg

Photo : Le rocher de l’Aréopage, vu depuis l’entrée de l’Acropole d’Athènes.

 

 Observons Actes 17.15-34

Le contexte 

Le séjour de Paul à Thessalonique a été écourté à cause de la violence des Juifs qui provoquèrent une émeute contre lui (17.5-9). Paul et Silas s’enfuirent à Bérée où l’accueil des Juifs fut beaucoup plus ouvert à l’Evangile. Poursuivi par la fureur des Thessaloniciens, Paul s’enfuit vers Athènes où il reste seul quelque temps (17.10-15).

Le texte :

16-18 : Réactions variées des auditeurs de Paul.

19-21 : Les philosophes interrogent Paul sur l’Aréopage.

22-31 : discours de Paul :

            22-23 : vénération des Athéniens au dieu inconnu

            24-25 : le Dieu créateur n’a pas besoin de temple humain 26-28

            26-28 : Il maîtrise l’histoire des hommes mais est tout proche de chacun

            29-31 : Dieu n’est pas une idole, mais appelle chacun à la repentance, car il vient juger le

                       monde par le Ressuscité.

32-34 : réactions d’indignation, de moquerie  ou de foi à ce discours.

 

 

Comprenons

 Athènes a été pour le monde antique, pour les Romains, et pour nous aussi, le phare de la culture intellectuelle et philosophique.

Les Epicuriens, disciples d’Epicure (342-270 av JC) enseignaient une sorte de matérialisme, et niaient l’action de Dieu dans le gouvernement du monde. Ils avaient développé une philosophie du plaisir, principe du bonheur. La recherche du plaisir était le but de la vie. Loin de se laisser aller à leurs passions, ils s’efforçaient de les dominer par l’intelligence, car elles faisaient souffrir par leurs excès. Un juste équilibre devait s’établir entre la jouissance et la souffrance que procurent l’absence ou l’excès du plaisir. Seule la recherche de cet équilibre donnait un sens à la vie qui n’avait aucune autre issue que la mort. La recherche de cet équilibre entre souffrance et plaisir, étouffait toute aspiration à une vie éternelle.

Les Stoïciens, disciples de Zénon (né vers 340 av JC), étaient les panthéistes de l’époque : Dieu était l’énergie, l’âme du monde, sans identité personnelle ; l’âme humaine n’était qu’une émanation de cette énergie, où elle se refondait après la mort. Les stoïciens croyaient arriver à la vertu et à l’absence de douleur par leurs propres forces : ils recherchaient le bonheur en évitant toute émotion, en restant indifférents à toute atteinte extérieure de plaisir ou de douleur, grâce à la domination de l’esprit divin qui était en eux. Sous l’influence aussi de Platon, ils pensaient que seul comptait le développement de cet esprit, au détriment du corps ; la mort libérait l’esprit qui retournait dans le monde des idées, tandis que le corps disparaissait.

Leur orgueil et l’illusion de leur force les empêchaient de recevoir d’un cœur humble le message de la grâce. C’est pourquoi ils traitent Paul avec mépris et ironie en le disant « bavard », d’un nom grec qui désigne une corneille, qui ramassant la semence jetée en terre, et criant sans cesse, était devenue le symbole du parasite bavard !

L’Aréopage, ou colline d’Arès (= Mars, dieu de la guerre), était le nom du rocher à l’ouest de l’Acropole. Le tribunal, les hommes d’Etat et les savants s’y rendaient pour discuter ensemble sur la terrasse située à son sommet, qui pouvait contenir une centaine de personnes. Paul paraît librement devant des auditeurs simplement curieux de connaître les dernières nouveautés philosophiques.

 

Le discours de Paul

Paul offre un magnifique exemple du choc des cultures gréco-latine et hébraïque.

Parallèlement à la philosophie, les Grecs du peuple restaient très superstitieux et avaient multiplié les dieux de l’Olympe. Chaque élément de la nature avait ses divinités, de plus ou moins grande importance, qu’il ne fallait pas oublier d’honorer pour éviter leur vengeance. C’est ce qui a le plus indigné Paul, comme bon Juif fidèle au second commandement de la loi divine (Exode 20. 3-6). Il a su vaincre son indignation devant l’idolâtrie, et en partant de ses constats, il a essayé d’amener ses auditeurs polythéistes à la conception d’une divinité unique beaucoup plus grande et puissante, car Dieu Créateur (v 24).

Après avoir présenté son Dieu, Créateur de toutes choses, il renseigne les Athéniens sur son œuvre principale : l’humanité. Il en est l’origine, le gouverneur, le pourvoyeur et le but (v 26-27). Dieu a une personnalité comme l’homme avec qui il cherche le contact. L’homme ne se perd pas en Dieu, mais au contraire se retrouve pleinement homme en Lui.

S’abaisser devant des images matérielles, c’est abaisser Dieu et se dégrader soi-même. Le paganisme est considéré comme le fruit de l’ignorance que Dieu pardonne, mais qui ne doit pas durer maintenant que Dieu offre le salut à tous, grâce à la mort et à la résurrection de Jésus, qui jugera tout le monde.

 

Les moqueries interrompirent le discours de Paul, car pour les philosophes, l’idée du retour d’un mort à la vie était impensable, et celle d’un jugement encore plus absurde.

 

Il est remarquable que les réactions violentes ou ironiques des auditeurs  de Paul à Athènes aient eu pour cause l’annonce de la responsabilité humaine devant un Dieu incarné, mort, ressuscité, et juge. Il est tellement facile de philosopher à perdre haleine, parce que cela ne demande aucune conversion de vie, et n’engage pas l’être tout entier. Mais devoir répondre de sa vie devant un Dieu capable de ressusciter un mort, c’est autre chose !

On a parlé d’échec ou d’erreur de méthode de Paul à Athènes, car il n’y a pas fondé d’église. Pourtant Paul selon sa coutume, s’est fait  « tout à tous » : Juif avec les Juifs, il partait de leurs connaissances bibliques pour leur présenter le Messie incarné en Jésus. Grec avec les Grecs, il part de leurs connaissances philosophiques sur le monde, la divinité, le sens de la vie, et la mort, pour leur présenter le Dieu créateur, Vivant , qui vient juger les hommes mais offre la Vie éternelle par le Christ ressuscité. Ce message permettait  au début à chacun des philosophes de se reconnaître en terrain connu, mais lorsque Paul passa à la nouveauté de l’Evangile, en annonçant jugement et résurrection, ce fut tellement étranger à leurs raisonnements fondés sur la logique humaine, que la plupart refusèrent d’en entendre plus. Quelques cœurs pourtant furent touchés et acceptèrent la Bonne Nouvelle. Paul n’est pas responsable des réactions de ses auditeurs. Il a reçu de la part des Athéniens les mêmes réactions que de la part des Juifs et des Grecs de Thessalonique. La prédication aujourd’hui dans notre monde occidental matérialiste, et surtout en France de tradition cartésienne, rencontre les mêmes difficultés. L’accès à la dimension spirituelle et transcendante est presque fermé à celui qui se confie dans sa raison et ses idées philosophiques.Paul à la synagogue de Thessalonique (G. Doré, 19ès).jpg

(Illustration : G. Doré, Paul à la synagogue de Thessalonique, 19ès)

 

Aide Pédagogique : Cette leçon est ardue, car très philosophique. Discutez avec les membres du groupe des idées de chaque catégorie d’Athéniens, en les illustrant par des exemples concrets comme : les épicuriens sont des gens qui recherchent les plaisirs raffinés : à table, ce ne sont pas des gloutons, mais des gourmets. Pour les stoïciens, montrez combien leur philosophie détache du monde et mène, à la limite, à l’insensibilité de la mort.

Faites bien remarquer les limites des ressemblances entre les idées philosophiques et celles de la Bible, et les raisons du refus des Athéniens ; ce sont les mêmes raisons que pour nous : le refus d’être responsable, de s’engager et de changer de vie !

 

Voici trois tableaux de comparaison entre les idées philosophiques et les paroles bibliques, pour vous aider à comprendre l’argumentation de Paul :

 

Les Grecs idolâtres                                                                                 Paul et la Bible

1. Puisque les hommes ont créé les idoles, les dieux ressemblent aux hommes, avec tous leurs défauts.

1. Dieu est créateur de l’Univers et des hommes. v. (24-28)

2. Les dieux sont représentés par des statues qu’on adore.

2. Dieu est représenté par ses enfants, les hommes qui croient en lui. v. (29)

3. Les dieux habitent dans des temples.

3. Dieu n’habite pas dans un temple humain. v. (24)

 

4. Les dieux ne sont pas favorables aux hommes et les jugent arbitrairement.

4. Dieu aime les hommes et les jugera avec justice (v 31)

5. Il faut gagner leur faveur par des actes méritoires ou des offrandes.

5. Dieu donne gratuitement ses bénédictions. v. (25-26)

6. Les dieux ne cherchent pas la relation avec les hommes.

6. Dieu désire une relation intime avec les hommes. v. (27)

 

 

Les Stoïciens                                                                                 Paul et la Bible

1. L’homme est habité d’un esprit divin.

1. Dieu est Esprit, l’homme est une créature à qui il donne le souffle (= esprit) (v 24-25)

2. Les hommes sont frères et soeurs, puisqu’ils ont tous une parcelle divine en eux.

2. Les hommes sont frères parce que Dieu est leur Père. Ils sont enfants de Dieu (v 29a)

3. Les hommes trouvent le bonheur en restant indifférents aux circonstances (douleurs et plaisirs) et même aux dieux

3. Les hommes trouvent le bonheur en communiquant avec les autres et avec Dieu qui se révèle à eux (v 27, 30)

4. Après la mort, l’esprit divin de l’homme retourne dans le monde des idées, le corps disparaît.

4. Après la mort, Dieu peut redonner la vie éternelle, comme il l’a fait pour Jésus en le ressuscitant (v 31)

 

 

Epicuriens                                                                                      Paul et la Bible

1. Les dieux existent mais n’ont pas créé l’homme

1. Dieu existe et a créé l’homme (v 24-25)

2. Les dieux ne s’occupent pas des hommes, donc les hommes n’ont pas besoin de s’en occuper.

2. Dieu s’occupe de chacun et désire entrer en relation avec lui (26-27)

3. Le bonheur, c’est le plaisir que l’on trouve dans l’équilibre entre la satisfaction de ses désirs et la douleur que provoquent les passions.

3. Le bonheur c’est la relation avec un Dieu d’amour, dans l’obéissance à sa volonté (v 30).

4. Seule la vie sur terre compte, pour y vivre le mieux possible. Il n’y a rien après la mort.

4. Dieu jugera la vie des hommes, par Jésus qu’il a ressuscité : il y a un espoir de vie éternelle (v 31)

 

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-          Comment rendre la prédication d’un Dieu créateur audible et acceptable par nos contemporains ?

 

-          Comment avoir le même souci que Paul de se mettre à la portée de notre cible dans la prédication de l’Evangile, dans nos cultes ou nos efforts d’évangélisation ? Que connaissons-nous des préoccupations, des intérêts, des modes de pensée de nos auditeurs ? Comment éviter de les choquer par la Bonne Nouvelle du salut ? En quoi la connaissance des philosophies du monde peut-elle nous aider dans notre tâche de témoins de Jésus-Christ ?

 

-          Qu’est-ce qui m’empêche moi-même de croire à la résurrection et au jugement, et de vivre en conséquence dans l’amour pour les « incroyants » ?

 

-          Quelle est ma conception du bonheur, face au monde matérialiste, idolâtre et superficiel dans lequel nous vivons ?

 

 

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