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30/10/2009

Etude 6 Nb15 Préparer l'avenir (07 11 09)

Etude n°6 : Nombres 15 : Préparer l’avenir(07 11 09)

 

Ezéchiel 20.19-20 « Je suis l’Éternel, votre Dieu ! Suivez mes prescriptions, observez mes ordonnances et mettez-les en pratique. Sanctifiez mes sabbats, et ils seront entre vous et moi  un signe auquel on reconnaîtra que je suis l’Éternel, votre Dieu ?

 

Observons

Le texte est composé d’une suite de prescriptions sans liens apparents entre elles, mais il est construit en parallèles concentriques.

a)     1-16 : Prescriptions sur l’offrande et la libation

b)     17-21 : Cas spécial dans la loi des prémices : l’offrande d’un gâteau.

c)     22-31 Expiation d’un péché involontaire, communautaire et individuel

b’)  32-36 : exemple d’un péché impardonnable

a’)  37-40 : Prescriptions sur les signes vestimentaires

Au centre, on trouve une loi sur l’effacement, ou le pardon, d’un péché involontaire.

 

Comprenons

Ce passage concernant cinq prescriptions à appliquer après l’arrivée en Canaan, est placé entre les récits de deux révoltes du peuple dans le désert. Il semble avoir été situé ici, sans souci de chronologie, pour rappeler que l’alliance avec Dieu subsiste malgré les révoltes humaines. C’était un appel à l’espoir, qui pouvait soutenir la longue marche pendant les 37 ans  de désert, entre les deux séjours à Kadès : le peuple était invité à tourner les regards vers la fin de son voyage, en faisant confiance à Celui qui voyait son avenir et son installation en Terre Promise.

             a)   1-16 : L’offrande de farine et la libation de vin devaient accompagner les holocaustes de consécration à Dieu, les sacrifices d’actions de grâces et de fêtes. De caractère végétal, ces deux offrandes sont présentées à pains levés.jpgl’Éternel, sans valeur expiatoire, en signe de reconnaissance pour les bénédictions divines dans la subsistance quotidienne de la famille. Les mesures indiquées sont proportionnelles à l’importance de chaque victime animale.

La répétition de l’expression anthropomorphique « une agréable odeur à l’Éternel », indique au sens propre que ces offrandes étaient consumées et produisaient une fumée odorante. Dans une conception païenne, cette odeur « agréable au dieu » devait l’apaiser et le rendre favorable à l’offrant. C’est malheureusement cette interprétation qui l’emporta très vite dans le peuple !

En quoi Dieu peut-il prendre plaisir à ces offrandes ? Spirituellement, elles devaient enseigner au peuple quelque chose du plan du salut. Sous les symboles de fleur de farine et de vin répandu sous l’autel, était préfigurée l’œuvre du Christ pour le pécheur, au-dehors et sur la croix : nourriture spirituelle (pain), don de soi jusqu’à la mort (holocauste et libation), don de la vie (vin = sang). En manifestant sa reconnaissance pour les dons matériels, le fidèle était amené à manifester en même temps son acceptation du salut offert par le Seigneur. C’est cette acceptation qui « plaisait » à Dieu. Voir son enfant choisir la vie pleine avec Lui, le réjouit profondément, comme le Père de la parabole du Fils prodigue (Luc 15).

La recommandation d’appliquer cette loi aux autochtones (= les Hébreux) aussi bien qu’aux immigrés (= étrangers venant habiter dans le pays) indiquait que le salut était pour tous, Dieu ne faisant pas de « considération de personnes » (Dt 10.17-18 ; 2 Chr 19.7 ; Ac 10.34-35 ; Rm 2.11 ; Gal 2.6). Tous ont accès au salut et peuvent en rendre grâces à Dieu !

Les deux espèces, pain et vin, que l’on retrouve dans le repas de la Pâque, ont été reprises par Jésus dans son dernier repas, pour rappeler aux disciples le sens de la croix : il donnait son corps tout entier (pain) et sa vie (sang) pour sceller la nouvelle alliance de Dieu avec le croyant (Luc 22.20), dont il pardonnait le péché. La Cène constitue le mémorial de ce don jusqu’au retour en gloire du Seigneur (Luc 22.19c ; Mt 26.29).

Le fait que ces offrandes végétales ne soient pas les produits bruts de la plante (grain de blé ou de raisin, olive), mais le fruit d’un travail sur eux, peut en outre symboliser le travail de l’Esprit dans la personne du croyant. Celui-ci n’offre pas à Dieu seulement un cœur resté « naturel, charnel », mais un cœur que l’Esprit transforme et purifie. Compris ainsi, ce symbole donnerait un sens nouveau à la distinction que Dieu opère au jugement préliminaire parmi les fidèles : ceux qui ne sont croyants que de nom, et ceux qui se sont laissé transformer par l’Esprit (parabole des dix vierges Mt 25 1-13 ; parabole des talents Mt 25. 21-23 ; le troisième sceau d'Ap 6. 5-6 ).

 

        b)    17-21 : le gâteau  dans l’offrande des prémices n’était pas brûlé, et constituait pour les sacrificateurs un revenu important. On peut l’assimiler à la dîme des revenus, comme signe de reconnaissance pour ls bénédictions divines, signe de solidarité avec ceux qui ont la charge d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut, et signe de consécration à Dieu (comme les premiers-nés) de sa personne dès le début de sa vie avec Lui.

 

        c)       22-31 : Loi sur l’expiation d’un péché involontaire. La place centrale dans le texte de cette loi lui confère une importance particulière. Ce n’est pas Moïse, mentionné à la troisième personne, qui parle, ni l’Éternel qui l’introduit comme au verset 37. Cette loi a déjà été édictée en Lév 4.13-14 avec une variante : le seul taureau de Lévitique, est remplacé ici par un bouc pour le péché et un taureau en holocauste avec libation et offrande. Les deux actes de libation diffèrent légèrement à cause de la différence des fautes envisagées. Dans le Lévitique, il s’agit d’une transgression involontaire de la loi, c’est une simple erreur. Dans le second cas, en Nombres, il s’agit de l’omission involontaire d’un acte exigé par la loi, on a  oublié d’agir. A l’infraction on ajoute l’omission, c’est pourquoi on a deux victimes animales, le bouc sacrifié pour le pardon du péché, le taureau brûlé en holocauste pour la réparation de l’oubli.bouc émissaire.jpg

L’expiation ou effacement du péché est la grande affaire du culte du sanctuaire, car c’est l’œuvre essentielle de Christ : elle a demandé son incarnation, sa mort et sa résurrection. C’est le point central du plan du salut de l’homme quel qu’il soit (v 29). Le pardon est acquis à tout croyant qui s’aperçoit et se repent de sa faute involontaire (v 26-28), mais il ne peut concerner celui qui sciemment et volontairement transgresse la volonté divine, sans regret ni retour à de meilleurs sentiments. Sa transgression manifeste marque son mépris de la volonté divine et sa rupture de l’alliance avec Dieu, qui aboutissent à la mort spirituelle symbolisée par l’exclusion du camp (30-31) et la lapidation (35-36).

 

            b’)  32-36 : l’exemple concret de la transgression volontaire du sabbat, pris à la lettre, est particulièrement horrible et ressemble aux applications meurtrières modernes de la « charia » dans certains pays. Il est difficile de l’accepter comme venant d’un Dieu d’amour ! On peut pourtant y voir un moyen pédagogique extrêmement parlant pour un peuple qui connaissait très mal son Dieu, et qui devait apprendre à respecter sa volonté, s’il voulait vivre. Le jour du Sabbat avait été fixé par Dieu comme « signe » entre Lui et son peuple, pour manifester qui était son Dieu, l’Éternel, le Créateur et le Sauveur (Gn 2.3 ; Ex 20.11 ; Dt 5.15). Mépriser cette loi de vie donnée par Dieu pour le bonheur de l’homme, a comme conséquence la mort de la dimension spirituelle de l’humain, qui retourne ainsi à l’état « animal », mû par ses besoins et ses passions. Or  ceux qui « vivent selon la chair ne peuvent plaire à Dieu et vont à la mort »(Rm 8.8,13).

Pour faire comprendre au peuple cette vérité spirituelle de la plus extrême importance, il fallut employer un exemple concret incontestable ! Pour nous faire comprendre la même vérité, il fallut l’exemple extrême de la mort de Christ, assumée pour nous délivrer de notre péché !

 

            a’)  37-40 : La loi sur les signes vestimentaires : cordons, franges ou glands aux quatre coins du manteau, devaient être des signes mnémotechniques pour se souvenir des commandements de Dieu, et fixer l’attention sur eux afin de ne pas tomber dans la tentation d’idolâtrie (= prostitution spirituelle dans la Bible) ou dans l’aliénation à ses passions. Dieu prend soin de son peuple dans les plus petits détails, et lui donne les moyens de ne pas s’écarter de Lui, pour rester libre et vivant ! Nos avons ici la clé pour résister à la tentation : il faut focaliser son attention sur Dieu, sur sa volonté et ses promesses, au lieu de s’efforcer d’écarter la tentation par ses propres « forces ».

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

A- Par quoi puis-je manifester à Dieu ma reconnaissance pour son salut ?

 

-          Comment laisser l’Esprit Saint transformer mon cœur pour être pour les autres une odeur de vie ( 2 Co 2.16) ?

 

-          Que représentent pour moi les espèces de la sainte-cène ? Que m’apporte ma participation à ce repas rituel ?

 

B-    Que représente la dîme dans ma relation avec Dieu ? Où en est ma fidélité à ce sujet ?  

 

C-    - Quelle place occupe la repentance dans ma vie de foi, et dans celle de mon église ? Comment la liturgie de nos cultes en tient-elle compte ?  Comment rappeler à chaque culte cette démarche, sans tomber dans la culpabilisation permanente ?

 

-          Quelle expérience de pardon ai-je vécue cette semaine ?

 

B’- Comment vivre le sabbat comme signe d’alliance avec Dieu créateur et sauveur ? Est-ce pour moi un jour d’interdits, ou un jour de vie pleine et de communion avec Dieu et avec les frères en la foi ?

 

A’- Comment mon mode de vie (vêtements, lectures, loisirs, travaux, paroles, relations) témoigne-t-il de mon appartenance à Dieu ?

 

-          Quels moyens me permettent de me souvenir de Dieu et de vaincre la tentation ?

 

-          Comment les Lois du Royaume (= Mt 5-7 : Les béatitudes, et tout le sermon sur la montagne) peuvent-elles nous aider à marcher avec confiance et espoir vers la Canaan céleste ?

23/10/2009

Etude 5 Nb 11-14 Du murmure à l'apostasie (31 10 09)

Etude n°5 : Des lamentations à l’apostasie. Nombres 11-14 (31 10 09)

 

Phi 2.14-15 : «Faites tout sans murmures ni discussions, pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie. »

 

Introduction

Le contexte

A partir du chapitre 10.11 et jusqu’au ch 22.1, le livre des Nombres relate le voyage depuis le Sinaï jusqu’au pays de Moab. Le début et la fin du voyage donnent lieu à de nombreux détails, tandis que pendant les 38 ans d’errance après la révolte de Kadès, peu de faits sont rapportés, car le peuple qui a conclu l’alliance avec Dieu au Sinaï disparaît peu à peu, et est remplacé par une seconde génération aussi peu réceptive aux appels de Dieu que la première.

Le départ a été donné et le peuple a marché trois jours sans établir de campement fixe. Déjà le mécontentement apparaît !

Le texte

Ces quatre chapitres sont construits en parallèles concentriques : les murmures du peuple (ch 11), puis sa révolte à Kadès (ch 13-14) encadrent les murmures de la famille de Moïse contre son autorité (ch 12).

 

Etude du chapitre 11

Observonscaravane-desert,01.jpg

Structure

A- 1-10 : Plaintes diverses du peuple sur l’inconfort et la nourriture

B- 11-15 : Murmures et déprime de Moïse

C- 16-35 : Réponses de Dieu : établissement d’un conseil d’Anciens et envoi de cailles.

 

Comprenons

A- Maintenant que l’alliance a été conclue, Dieu ne laisse pas passer les murmures qui s’élèvent contre lui ou contre son prophète Moïse, comme il l’avait accepté avant l’alliance (Ex 15.24 ; 16.2 ; 17.2). Les circonstances semblent se répéter à quelques mois de distance, mais le peuple n’a pas encore compris que son alliance avec Dieu le rendait responsable de l’état d’esprit avec lequel il les aborde. Au lieu de se souvenir de la sollicitude divine, le peuple ne regarde qu’à son inconfort (trois jours de marche sans campement sûr !), ou à sa lassitude d’une nourriture peu variée ; il se laisse dominer par ses peurs, au lieu de faire confiance à son Sauveur.

Ne soyons pas étonnés ou choqués de lire que « la colère de Dieu s’enflamme contre les révoltés et leur envoie une plaie mortelle »(v 33). Dieu étant Unique, tout événement, bon ou mauvais, lui est attribué. La révélation de Dieu reste encore imparfaite et sommaire, le peuple le considère de façon très anthropomorphique (= à la ressemblance de l’homme), avec des réactions et des sentiments très humains. Ces expressions, loin de troubler notre image de la personnalité de Dieu, peuvent nous faire mesurer combien le manque de confiance en Lui et la révolte contre Lui le touchent et blessent son amour pour les hommes. Les plaies qui tombent sur le peuple sont considérées dans le texte comme des « punitions » de Dieu, selon une conception de la justice divine qui rétribue les actes humains par des récompenses ou des châtiments : c’est ainsi que fonctionnait la vie des Hébreux anciens esclaves, tout juste libérés !  Pourtant, plus tard les prophètes et les apôtres saisiront que ces « punitions » ne sont en fait que les conséquences naturelles des actes humains . Pour Osée (8.7) « puisqu’ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête ! », pour Job (4.8) « ceux qui labourent l’injustice, et qui sèment ce qui est pénible en moissonnent les fruits » ; pour Paul (Gal 6.7-8) « ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi. Celui qui sème pour sa chair, moissonnera de la chair la corruption, celui qui sème pour l’Esprit, moissonnera de l’Esprit, la vie éternelle. »

Le peuple, encore constitué d’un  « ramassis » de gens hétéroclites (Hébreux, Egyptiens, esclaves et libres, ouvriers et intellectuels, croyants et incroyants, etc), a semé un esprit de mécontentement, de colère et de revendication, il moissonne un feu dévorant dont la foudre est le symbole visible. Il sème la convoitise et la gloutonnerie, il moissonne l’intoxication alimentaire mortelle, symbole de leur mort spirituelle, car ils se sont intérieurement révoltés contre Dieu.

Par ces expériences douloureuses que le Seigneur ne leur a pas épargnées par souci pédagogique, le peuple devait comprendre ce qu’entraîne la séparation d’avec Dieu pour ceux qui ont conclu alliance avec Lui. Toute pédagogie enseigne les limites à ne pas dépasser si on veut rester en vie et se développer !

 

B- Murmures et déprime de Moïse

Placé entre les murmures du peuple et la colère divine (v 10), Moïse est si affecté qu’il tombe lui-même dans le découragement  devant la lourde tâche qui lui incombe de nourrir le peuple et de le conduire. Il reproche à Dieu de lui avoir  confié un tel fardeau, et préfère la mort (v 14-15). Sa plainte est sincère et manifeste une entière confiance en l’écoute bienveillante de l’Éternel, à la différence des plaintes du peuple qui ne s’adressent pas à Dieu directement.

De plus, Moïse ne semble pas se souvenir que Dieu avait déjà pourvu auparavant à la même demande de viande  (Ex 16). Il ne voit que son incapacité personnelle à nourrir une telle foule. Les disciples de Jésus auront la même attitude de doute, lors de la seconde multiplication des pains (Mt 15.33). Combien de fois oublions-nous devant une difficulté qui nous paraît humainement insurmontable, les grâces divines et sa puissance à sauver  son enfant effrayé !

C’est pourquoi comme à Job,  Dieu va répondre sans reproches ni rigueur à son serviteur fatigué et déprimé. Dieu connaît le fond du cœur et la faiblesse de chacun de ses enfants, il écoute leur plainte et cherche à les réconforter par des mesures adéquates.

 

C- Réponses de la sollicitude divine

1- Dieu institue un collège d’anciens pour assister Moïse. Ces conseillers, différents de ceux qui s’occupent de la justice dans le camp (Ex 18), agiront dans le même sens que Moïse, car ils sont oints du même Esprit que lui. Pour que tous se rendent compte de leur inspiration divine, des manifestations spéciales, comme dans l’avenir  pour les disciples à la Pentecôte (Ac 2), ont lieu lors de leur onction, sans toutefois durer dans le temps (v 25). Dieu répond précisément au besoin exprimé par Moïse et ne le laisse pas seul dans la conduite du peuple. L’épisode de l’onction des deux anciens absents à la cérémonie, est révélateur de l’état d’esprit respectif de Josué et de Moïse. Pour Josué, cette onction était une injustice, puisque les deux anciens n’étaient pas devant le tabernacle avec les autres, c’était aussi une atteinte à l’autorité de Moïse et au respect de sa fonction de chef. Josué s’instituait  défenseur des droits de Moïse et gardien des rites religieux, ne se rendant pas compte que par cette réaction il prétendait limiter les dons de Dieu à certains privilégiés « rituellement corrects » ! (comme Jean en Marc 9.38-39). Nul dirigeant de communauté religieuse ne peut prétendre juger à la place de Dieu de la dignité ou non des membres à recevoir les grâces divines ! L’Esprit souffle où il veut et n’est pas maîtrisable par l’homme. Il n’est pas diminué non plus par sa dispersion sur plusieurs, comme la flamme n’est pas diminuée par les bougies qu’elle allume.

Pour Moïse, cette onction « sauvage » éveille en lui le désir de voir tout son peuple en bénéficier et devenir un peuple de prophètes. Dans l’AT, l’onction de l’Esprit reste occasionnelle, limitée à des individus (rois, ou prophètes) et même parfois occasionnelle (ex : Saül, 1 Samuel 10.6, 9-13). Il faut attendre la réalisation de la prophétie de Joël 2.28-29, une première fois à la Pentecôte (Ac 2), une seconde fois à la fin des temps (Ap 7 et 14) pour voir naître un peuple entier, oint de l’Esprit Saint, pour « prophétiser » et répandre la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ.

 

2- Pour répondre au désir de nourriture carnée du peuple, Dieu envoie à nouveau des cailles, que les gens du désert font sécher au soleil et peuvent ainsi conserver plus longtemps. Seulement Dieu laisse chacun responsable de l’utilisation de ce « cadeau du ciel ». Le peuple devait se sanctifier pour le recevoir (v 18) avec reconnaissance et respect, pour en user avec discernement et modération. Ceux qui ne surent pas maîtriser leur convoitise et leur goinfrerie (= la chair encore entre leurs dents, sans être mâchée !), tombèrent mortellement malades d’intoxication alimentaire (v 33). Ne penser qu’à satisfaire le plaisir des sens fait oublier la grâce de Dieu. La maladie physique qui s’en suit révèle la maladie spirituelle intérieure, et la mort devient, pour les survivants, le signe avertisseur du sort éternel de ceux qui vivent « selon la chair », loin de Dieu (Rm 8.8, 13).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

 - Comment modifier notre regard sur les événements de notre vie, pour y discerner les grâces divines et en remercier Dieu ?

- Comment rendre nos « collèges d’anciens » de véritables soutiens spirituels et pratiques pour les responsables de nos églises ?

- Comment vivre selon l’Esprit et non selon la chair ? (Rom 8.9, 14)

 

 

Nombres 12.1-16

 

Observons (Evangile et peinture : Moïse devant Yahvé)Moïse devant YAhvé Ex 34.jpg

Le texte

12.1-3 : Jalousie de Myriam et Aaron envers Moïse

      4-8 : Intervention de Dieu en faveur de Moïse son prophète privilégié

      9-16 : Lèpre de Myriam, guérie après l’intercession de Moïse et Aaron.

Au centre du récit (v 6-8a), Dieu définit comment il s’adresse à ses prophètes et à Moïse en particulier.

 

Comprenons

Le peuple est conduit par Moïse et sa famille. Moïse a été choisi par Dieu pour être le libérateur du peuple et le prophète de Dieu qui transmettrait ses volontés (Exode 3-4). Devant les hésitations de Moïse à accepter ce rôle de porte-parole de Dieu face au peuple et à Pharaon, sous prétexte qu’il « n’a pas la parole facile » (Ex 4.10), Dieu lui adjoint son frère Aaron pour lui « servir de  bouche »(Ex 4.16). Quant à Myriam, elle est appelée « prophétesse » après le passage de la Mer Rouge, où elle dirige le chœur de louanges d’Israël (Ex 15.20).

Ce don de prophétie leur est-il « monté à la tête » ? Se laissent-ils contaminer par la contestation ambiante ? Toujours est-il que, en tant qu’aînés de Moïse, ils se mettent à contester son autorité d’envoyé de Dieu, et revendiquent une place au moins égale à la sienne devant le peuple. Ils se servent du don de prophétie qui leur a été accordé, pour essayer d’exercer la même autorité que Moïse sur le peuple et sur sa famille, puisqu’ils vont jusqu’à lui reprocher sa femme étrangère, s’instituant par là comme juges et gardiens des « bonnes mœurs » de leur frère (Un Israélite et à fortiori un prophète de Dieu ne pouvaient pas épouser de femme étrangère, Dt 7.3 !). Aaron et Myriam détournaient leur don à leur avantage, pour satisfaire leur goût du pouvoir, leur xénophobie ou leur animosité contre leur belle-sœur, en profitant de l’humilité profonde de Moïse qui lui ferait, croyaient-ils, accepter sans protestation leur revendication.

C’est pourquoi Dieu doit intervenir et révéler à ces chefs, qui est prophète, et quel est l’état de « péché », d’erreur, d’attitude fausse, de Myriam et Aaron.

La convocation et la rencontre sont solennelles. Dieu leur parle directement et leur apparaît dans la Shekina, la colonne de feu et de nuée devant le Tabernacle.

Dieu distingue ses prophètes ordinaires, à qui il s’adresse dans des visions et des songes (on les appellera ensuite les « voyants » 1 Samuel 9.9 ; 1 Chr 29.29), du prophète particulier qu’est MoÏse : la relation avec lui est directe, « sans énigmes, de vive voix », car Moïse peut contempler une « représentation de l’Eternel ».

Pour Moïse seul, Dieu se rend visible (Hé 11.24-26). Cette représentation de l’Eternel est appelée dans l’Ancien Testament l’Ange de l’Eternel », tel qu’Abraham, le premier à être appelé prophète (Gn 20.7), a pu le voir et l’entendre lui annoncer la naissance d’Isaac (Gn 18.1-15). Paul reconnaîtra en cet Ange de l’Eternel la première « image visible de Dieu » avant son incarnation en Christ (2 Co 4.4b ; Col 1.15), qui est « le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression de son être » (Hé 1.3). (Moïse de Michel Ange)Moïse Michel Ange.jpg

Moïse, prophète de Dieu, par la grâce qui lui est accordée de parler directement avec Dieu et de « voir l’Invisible » (Hé 11.27), préfigurait auprès du peuple « le Prophète » qui devait venir en Christ lui révéler la personne et les projets de salut de Dieu pour l’homme (Dt 18.15) et qui réaliserait les promesses de sa Parole (Dt 18.18).

Le passage de Deutéronome (18.19-22) ajoute à notre texte un second critère pour reconnaître un prophète de Dieu. Non seulement il est en contact avec Dieu par des visions et des songes, mais la parole qu’il prononce se réalise. Jésus reprendra ce critère de vérité à la fin du Sermon sur la montagne (Mt 7.15-20) : « C’est à leurs fruits que vous reconnaîtrez les faux prophètes ». Les prophéties venant de Dieu se réalisent et portent dans le peuple les fruits de l’Esprit (Ga 5.22) !

Dans l’épisode de la contestation d’Aaron et de Myriam, Dieu ne remet pas en question leur don de prophétie, mais le détournement de ce don, qu’ils ont tenté de faire à leur profit, par orgueil et goût du pouvoir. Le don de prophétie n’est pas un moyen de se faire valoir, ou de s’imposer aux autres, c’est un service dans l’humilité auprès des autres (Nb 12.3).

Pour qu’Aaron et Myriam comprennent exactement où les entraînaient leur convoitise et leur jalousie, Dieu utilise le signe prophétique, très parlant, de la lèpre. Cette maladie considérée alors comme incurable et contagieuse, condamnait le lépreux à une exclusion totale du peuple, et à une mort lente et inévitable. Elle devint le symbole en Israël, du péché qui ronge le cœur de l’homme séparé de Dieu, qui le coupe de relations saines avec les autres, et qui le conduit sans espoir à une mort spirituelle, à la séparation éternelle d’avec Dieu.

Pourquoi seule Myriam est-elle atteinte ? Peut-être parce qu’elle était à l’origine du conflit avec Moïse à propos de sa belle sœur (une querelle de femmes en quelque sorte ?), peut-être aussi que Dieu n’a pas voulu déconsidérer aux yeux du peuple la fonction de grand sacrificateur qu’exerçait sur son ordre Aaron, en le rendant impur.

En tous cas, Aaron se solidarise aussitôt avec sa sœur et confesse leur péché commun (Nb 12.11), suppliant Moïse, qui « tenait pour lui la place de Dieu » (Ex 4.16), d’intervenir en sa faveur. Par cette prière à Moïse, il reconnaissait sa supériorité de prophète privilégié, comme Dieu venait de le révéler.

Les deux frères manifestent leur amour pour Myriam devenue « comme un mort-né », dans une intercession fervente à laquelle Dieu répond par un nouvel enseignement moral, spirituel et prophétique. Il pardonne le péché commis contre Lui : en contestant Moïse, ils contestaient en effet le choix de Dieu. Myriam sera réintégrée après 7 jours de « quarantaine » hors du camp : le pardon et la guérison n’excluent pas la prudence et le retrait dans la solitude pour méditer dans l’humilité et la repentance, et se laisser purifier par l’Esprit. Celui qui s’est révolté contre Dieu a un espoir et une possibilité de retrouver une relation saine avec Dieu et avec les autres, s’il reconnaît son état de péché, et s’il désire renouer les liens rompus. L’intercession du Prophète Libérateur qu’est Jésus lui permet de retrouver la santé spirituelle, en attendant la réintégration définitive dans le Royaume éternel où, à son retour, Christ accueillera tous les « rachetés de l’Eternel ».

 

Essayons de résumer ce que ces textes de l’Ancien Testament nous enseignent sur le don de prophétie :

- C’est un choix et une grâce de Dieu, qui ne dépendent, ni d’un lieu sacré, ni d’un rang social ou familial, ni d’une volonté humaine.

- Ce don est accordé pour le service de Dieu auprès du peuple, et ne peut être utilisé ou manipulé, pour exercer à son propre profit un pouvoir sur les autres ou acquérir une gloire personnelle.

- Il est reçu dans l’humilité et s’accompagne d’un esprit de compassion et d’intercession pour le pécheur.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-          Comment éviter que mon rôle de « porte-parole » de Dieu, comme prédicateur, catéchète, ou simplement témoin de Christ auprès de mon entourage, ne me « monte à la tête », et ne m’incite à prendre autorité sur la vie des autres dans l’église ou dans la famille ?

 

-          Comment distinguer aujourd’hui entre inspiration divine et inspiration de mon inconscient ou de ma sensibilité ?

 

-          Quelle est l’intercession de mon église, peuple de prophètes de Dieu, pour ses membres pécheurs ? Comment leur marque-t-elle son pardon et les réintègre-t-elle en son sein, après qu’ils aient pris pleinement conscience de leur manquement envers Dieu et envers la communauté, et après en avoir manifesté repentance et changement d’attitude ?

 

 

 

Nombres 13.1 à 14.25

 

Observons

Le texte :

13.1-20 Désignation des explorateurs et instructions de Moïsefruits et légumes du jardin.jpg

     21-25 Exploration de Canaan

     26-33 Rapport des explorateurs et réactions diverses dans le peuple.

14.1-4 : Révolte du peuple effrayé

      5-10 : Intervention de Moïse, Aaron, Josué et Caleb.

     11-19 : Intercession de Moïse

      20-35 : Réponse de Dieu

      36-45 : conséquences immédiates de la révolte.

 

 Comprenons

1- L’exploration

Après deux ans au Sinaï, le peuple approche enfin de Canaan. L’objectif du pays promis proposé par Dieu ne semble pas très présent dans leurs pensées : murmures, convoitises, révoltes se sont succédés, mêlés aux regrets des « biens » de l’Egypte. Aussi Dieu désire-t-il leur donner une conception plus concrète de ce qu’il a promis, tout en leur offrant une occasion de manifester leur confiance en lui. Il ordonne d’envoyer 12 hommes en exploration dans le pays de Canaan (13.2)

Leur exploration de 40 jours se fait sans encombre jusqu’à Hébron, pourtant habitée par les enfants d’Anak le géant (13.22, 33). Ils peuvent en rapporter des fruits énormes (raisin, grenades, figues).

Si l’on transpose ce récit historique au plan symbolique et spirituel, on s’aperçoit que Dieu avant d’inviter son enfant à entrer dans son royaume, lui en montre les bénédictions, lui en donne des arrhes, afin d’éveiller en lui le désir sincère d’y entrer. C’est aussi valable pour l’incroyant qui découvre l’amour de Dieu et qui cherche à le connaître plus, que pour le croyant qui expérimente les prémices de la communion avec Dieu sur cette terre, avant d’en connaître la plénitude dans l’éternité.

 

2- le rapport des explorateurs (13.26-33)Grappe de raisin.jpg

Autant le rapport positif est bref (v 27), autant le rapport négatif s’étend sur 5 versets (28-29 ; 31-33). La richesse de la nature les a enchantés, mais leurs yeux se sont fixés sur les obstacles humains : villes fortifiées et géants. Du coup, « le pays où coulent le lait et le miel », signes de douceur et de paix (v 27), devient « le pays qui dévore ses habitants » (v 32).

L’appel de Caleb à conquérir victorieusement ce pays, placé au centre de ce rapport, ne reçoit comme écho, que le sentiment d’impuissance et de petitesse des explorateurs (v 33): « Nous nous sentions comme des fourmis ! »

Ne nous arrive-t-il pas aussi d’être découragés devant l’importance réelle ou imaginaire des obstacles que la raison oppose à l’élan de notre foi ?

 

3- la réaction du peuple (14.1-4, 10)

Le concert des lamentations est unanime : pleurs, murmures, regrets, désir de mort. L’imagination galope et fait envisager les scénarios les plus catastrophiques : morts violentes, enlèvement des femmes et des enfants (v3). Ils envisagent même de retourner en Egypte sous la conduite d’un chef de leur choix, après avoir éliminé les contradicteurs.

Souvent sous l’effet de la peur, nous amplifions la réalité et nous aveuglons nous-mêmes, au point de faire des choix contraires à notre intérêt et de rejeter la seule solution viable, faire confiance à Dieu.

 

4- La réaction des inconditionnels de Dieu (14.5-9)

Moïse et Aaron tombent sur leurs visages, Josué et Caleb déchirent leurs vêtements : signes de douleur extrême et de désespoir intense.

Alors que Caleb avait fait appel au courage des explorateurs, Josué et lui font maintenant appel à leur confiance dans les promesses de Dieu : Ce pays très bon, excellent leur sera donné par Dieu (v 7-8)! L’Eternel qui leur est favorable, livrera les ennemis qui n’ont pas de protection divine, puisque leurs dieux sont impuissants (v 9).

Gardons-nous confiance en Dieu, même si tout va mal autour de nous ?

 

5- Le dialogue entre Dieu et Moïse (14.11-25)

            a) 11-12 : Dieu décide de détruire le peuple rebelle au profit de Moïse

            b) 13-19 : Moïse intercède en argumentant :

- L’Egypte saura que la puissance libératrice manifestée en Israël, n’est pas si grande (13-14). Sous entendu : elle se moquera de Dieu.

- les nations croiront à l’impuissance de Dieu (v 15-16)

- Que la puissance miséricordieuse de Dieu se manifeste dans son pardon et sa justice (v 17-19).

            a’) 20-25 : Dieu pardonne, mais annonce les conséquences du choix de chacun : ceux qui ont refusé d’entrer mourront dans le désert, ceux qui ont cru à la promesse de Dieu vivront et entreront dans le pays au bout de 40 ans (v 34). Tous sont renvoyés dans le désert, car les croyants restent solidaires de leurs frères, et devront enseigner la seconde génération.

Dieu fait part de ses intentions à Moïse, car « il ne fait rien sans en avertir ses serviteurs les prophètes » (Amos 3.7). De plus, cette révélation va permettre à Moïse de se situer lui-même : se réjouira-t-il d’être choisi par Dieu au détriment de son peuple, sera-t-il attristé de la destruction du peuple, dans quel camp se mettra-t-il ? Moïse n’hésite pas une seconde, il ne relève même pas la proposition alléchante de Dieu, il ne voit que le sort du peuple et surtout la gloire de Dieu qui risque d’en être atteinte. En cela, il se pose en médiateur, et en fidèle serviteur qui cherche l’intérêt de son Maître et de ses compagnons, avant le sien.

 

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-         A quelle occasion, ai-je refusé de croire aux promesses divines, parce que leur réalisation me semblait impossible ?

 

-         Quels obstacles réels ou imaginaires m’empêchent de m’engager sur le chemin de la vie avec Dieu ? Comment les franchir ?

 

 -    La confiance refusée ou accordée à Dieu, a donné un regard radicalement opposé sur le pays promis, et a conditionné la vie de chacun. Quel est notre regard sur les promesses de Dieu, sur la vie qu’il nous propose sur cette terre et dans son royaume ? Pour faire nos choix, que regardons-nous, les côtés positifs ou négatifs des situations ?

Rappelons-nous que « le pessimisme est une question d’humeur, mais l’optimisme est une question de volonté ! »(le philosophe Alain)

 

-    Comme Moïse recherchons-nous la gloire de Dieu, c’est-à-dire la manifestation de son amour avant toute autre chose, en toutes circonstances, favorables ou non, ou bien recherchons-nous notre intérêt immédiat et la satisfaction de nos désirs personnels ?

 

 

Exercice pour le regard : Dans cette image, vous pouvez discerner un visage de vieille sorcière et/ou de jeune fille élégante ! Que privilégiez-vous ?

 

Qu’en est-il de notre vision de Dieu ? De notre regard sur la vie terrestre ? Comment ce regard influence-t-il notre comportement ?

 

  

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