13/11/2009
Etude 8 Nb 9 et 18-19 Prêtres et Lévites (21 11 09)
Etude n°8 : Nb 18-19 Prêtres et Lévites (21 11 09)
Nb 18.20 : « L’Éternel dit à Aaron : « Tu n’auras pas d’héritage dans leur pays, et il n’y aura pas de part pour toi au milieu d’eux ; c’est moi qui suis ta part et ton héritage au milieu des Israélites. »
Observons
Ces deux chapitres sans rapport entre eux présentent des instructions de Dieu sur le sacerdoce, et sur la purification de la souillure de la mort.
Ch 18
1-7 : Responsabilités des sacrificateurs et des Lévites
8-19 : Revenus des sacrificateurs
20 : Héritage des sacrificateurs
21-24 : Revenus des Lévites
25-32 : Dîme des dîmes des Lévites
Ch 19
1-10 : Préparation de l’eau de purification avec les cendres de la vache rousse
11-13 : durée du temps de purification
14-16 : Loi sur l’impureté au contact avec un mort
17-22 : Rites de purification
Comprenons
Ch 18 Sacrificateurs et Lévites
Les sacerdoces d’Aaron et des Lévites ont été confirmés par Dieu grâce à la floraison du bâton d’Aaron. Maintenant Dieu précise leurs responsabilités respectives et leurs revenus.
V 1 : Responsabilités des sacrificateurs et des Lévites : Les atteintes à l’ordre établi par Dieu dans le sanctuaire et les fautes personnelles des prêtres seront de leur responsabilité. Leur service concerne les sacrifices et tout ce que contient l’intérieur du tabernacle, lieu-saint et lieu-très saint (v 7). Pour ce qui est sur le parvis, devant le sanctuaire, ils seront aidés des Lévites leurs serviteurs (v 2-4), qui ne peuvent pas pénétrer dans la Tente ni toucher aux meubles sacrés (v 3, 6). Prêtres et Lévites seuls pourront approcher Dieu sans mourir (v 5, 22).
Le don du sacerdoce accordé par Dieu à la famille d’Aaron est une grâce à laquelle personne n’a le droit de prétendre (v 7). Dieu établit une véritable hiérarchie sacerdotale qui crée une nation théocratique : le peuple est dirigé par les représentants de Dieu qui lui transmettent sa volonté. Israël, à la fin du ministère du prophète et juge Samuel, refusera cette théocratie, et réclamera un roi pour ressembler aux autres nations. Le système théocratique devait les former à accepter la seigneurie de Dieu dans tous les domaines de leur vie personnelle, sociale et religieuse. Les religieux de tous les temps ont malheureusement compris ce don du sacerdoce comme un droit divin d’exercer un pouvoir sur les fidèles, pour les maintenir sous leur emprise spirituelle, morale et politique. Jésus saura dénoncer cette ambition chez les Pharisiens et le sanhédrin de son époque, se déclarant le seul vrai représentant de Dieu, le seul vrai seigneur des consciences (Mat 5.17-48 ; 11.25-27 ; 22.2-36)
V 8-19 : Revenus des sacrificateurs
Les sacrificateurs prélèvent des revenus en nature sur les sacrifices et les offrandes des fidèles. Dieu insiste sur la sainteté de ces revenus qui obéissent aussi à une sorte de hiérarchie entre eux !
a) Les victimes et les offrandes, choses très saintes, sont réservées, en dehors de ce qui doit être brûlé, à la nourriture des prêtres dans l’enceinte du Tabernacle (v 9-10, 17).
b) Les prélèvements sur les sacrifices d’action de grâces sont saints et sont pour la famille des prêtres, en état de pureté (v 11).
c) Les prémices de toutes les productions de la terre reviennent aussi aux membres de la famille sacerdotale, en état de pureté (v 13).
d) Ce qui est dévoué par interdit appartient à l’Éternel, ne peut être ni racheté ni vendu, et revient à l’usage des sacrificateurs.
e) Les sommes payées pour le rachat des premiers-nés humains ou d’animaux impurs (= qui ne pouvaient pas être sacrifiés à Dieu) reviennent aux sacrificateurs.
f) Le sixième revenu des sacrificateurs constitué par les dîmes des Lévites n’est mentionné qu’un peu plus loin (v 26).
Tous ces prélèvements sur les sacrifices et les offrandes du peuple sont accordés aux sacrificateurs en signe « d’alliance de sel », c’est-à-dire alliance perpétuelle : comme le sel préserve de la corruption (Lév 2.13), ces revenus en nature ou argent préserveront la vie matérielle des sacrificateurs. De même, l’alliance avec Dieu préserve la vie éternelle des croyants.
V 20 : L’héritage des sacrificateurs et des Lévites
Ce verset sert de transition avec ce qui concerne les lévites, car prêtres de la famille d’Aaron et Lévites n’auront aucun territoire dans le partage de Canaan. Ils dépendront de la fidélité du peuple. C’est un appel à l’abandon de toute possession terrestre, de toute cupidité, un appel à la confiance en Dieu et à la consécration de toute leur vie au service de Dieu dans le sanctuaire.
V 21-32 : Revenus des Lévites et dîme des dîmes
Les dîmes des fidèles reviendront aux Lévites en échange de leur service dans le sanctuaire(v 31). Ils rendront eux-mêmes une dîme sur ces dîmes aux sacrificateurs (v 26-28). Ils pourront disposer de ces dîmes pour leur vie et celle de leurs familles, sans sacrilège en quelque lieu que ce soit.
Ce chapitre constitue l’ordonnance fondamentale relative à l’entretien du sacerdoce en Israël. A la différence des Egyptiens dont le clergé possédait le tiers des terres du pays (Gen 47.22, 26b), et jouissait de l’exemption d’impôts, le clergé israélite ne posséda que certaines demeures et certains pâturages en banlieue des villes, nécessaires pour leur habitat et pour leurs troupeaux (Nb 35.1-8). Cette position de dépendance économique de la fidélité des croyants enseignait au clergé sa dépendance spirituelle de Dieu, et devait le préserver de la cupidité et de l’égoïsme naturels au cœur de l’homme.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- En tant que serviteurs de Dieu dans son sanctuaire spirituel qu’est l’Eglise (1Pi 2.5 ; Ap 1.6 ; 1Co 3.16 ; Ep 2.21-22), nous sentons-nous investis par Dieu de la responsabilité collective et individuelle de sa bonne marche vers le Royaume ? En quoi consiste notre « garde » du sanctuaire ?(18 ;5)
- De quoi nourrissons-nous notre vie spirituelle et aidons-nous nos responsables à nourrir la leur ?
- Notre héritage spirituel de la vie éternelle nous permet-il de considérer avec détachement nos biens terrestres ? Comment chasser de nos cœurs la cupidité ou le goût de la possession ?
- Pourquoi et à qui rendons-nous notre dîme ? Quelle est notre fidélité dans ce domaine ?
Ch 19 : La vache rousse et la purification de la souillure du contact avec un mort.
La loi sur la purification de la souillure due au contact avec un mort n’a pas de lien avec ce qui précède. Elle est placée ici, pendant le voyage au désert, à cause du problème, aigu dans le campement, posé par l’abondance des morts pendant 40 ans. On a calculé qu’il devait y avoir 40 décès d’adultes mâles par jour ! Toute la première génération des adultes périt au désert, sauf Caleb, Josué, et Moïse ! (voir le cantique de Moïse à ce sujet Ps 90). En considérant le contact avec un mort comme impur, Israël se distinguait là encore des Egyptiens qui n’avaient aucune conscience d’une souillure, et cherchaient par l’embaumement des morts à les conserver parmi eux. L’idée de souillure, attachée à la mort, rompt avec la vénération des Egyptiens pour tout ce qui concerne leurs morts. Le peuple sorti d’Egypte doit comprendre que la mort est le salaire du péché (Rm 6.23). Au-delà d’une simple règle d’hygiène élémentaire, cette loi enseigne déjà le plan de Dieu pour le salut de l’homme.
La souillure dont le peuple doit être purifié, est aussi bien physique (l’hygiène et la médecine moderne l’ont prouvée), que morale (l’attachement aux morts, à leur mode de pensée, à leurs traditions, ou la consultation spirite des morts, freinent la croissance de la vie et corrompent la perception du présent), et spirituelle (l’attachement au péché, aux habitudes contraires à la volonté de Dieu, conduit à la séparation d’avec Dieu, à la mort spirituelle.
Tous ces rites de purification ont pour but de faire prendre conscience au peuple de la gravité du péché et de la nécessité d’une purification pour vivre en présence de Dieu.
Les rites de la préparation de l’eau de purification sont chargés de symboles messianiques. Ordinairement, un jeune taureau était sacrifié pour le pardon des péchés du peuple (Lév 4 ;14), avec imposition des mains. Il symbolisait le Christ mort sur la croix pour libérer les hommes de leur péché qu’il avait endossé. Ici, Christ est représenté par une vache rousse symbolisant la vie (fécondité de l’animal et couleur du sang = force et vie) par opposition à la mort dont il faut ôter la souillure. « N’ayant pas porté de joug », la vache rousse n’avait pas participé au travail de l’homme pécheur, n’avait pas été souillée par son péché, et était pure comme le fut Christ. Mais la destination des cendres de cet animal (laver la souillure de la mort), le mettait en relation étroite avec la mort, et lui faisait endosser la souillure de la mort qu’il ôtait à l’homme. Serait-ce une préfiguration de l’œuvre de Christ devenant péché pour nous libérer (2 Co 5.21) ? C’est pourquoi tous ceux qui avaient participé à la confection de l’eau de purification ou qui l’utilisaient pour autrui étaient rendus impurs (v 7,10,21-22) ! Pour la même raison la vache rousse devait être égorgée, non sur l’autel des sacrifices, mais hors du camp, comme Jésus fut crucifié hors des murs de Jérusalem.
Le sang de la vache exceptionnellement non versé à terre, mais brûlé avec les restes de l’animal, comme en holocauste, devait transmettre à la cendre sa force de vie et de purification ; il était mêlé aux cendres des substances purificatrices du cèdre, bois très sain et durable, de l’hysope, et du ruban cramoisi qui les liait, substances employées déjà pour purifier un lépreux (Lév 14.6-7).
Enfin la souillure du contact avec un mort est si grande qu’une ablution d’eau pure et vive ne suffit pas à la laver, il faut mêler la cendre de la vache rousse à l’eau vive (symbole aussi de la vie et de l’Esprit Saint), pour la rendre efficace. Ainsi pour être libéré de la souillure du péché, les ablutions d’eau, ou le baptême de Jean ne suffisent pas (1 Pi 3.21), il faut passer par le baptême de Jésus, symbole de sa mort et de sa résurrection. La purification par l’eau des cendres de la vache rousse annonçait les paroles des apôtres : « Le sang de Jésus nous purifie de tout péché » (1 Jn 1.7 et Hé 9.22). La vie de Jésus en nous par l’Esprit purifie nos cœurs et nous consacre à son service.
Le rite de purification par la vache rousse préfigurait le moyen que Dieu proposait à l’homme pour être délivré de la mort spirituelle. Si le pécheur accepte Jésus-Christ, qui a donné son sang pour que l’homme puisse vivre dans sa présence, il est purifié du péché, et peut grandir dans la sanctification jusqu’au jour où Christ, à son retour, le délivrera définitivement de la corruption du péché (1 Co 15.51-54).
Les sept jours nécessaires à la purification de la souillure de la mort marquent l’importance de cette souillure qui réclame la plénitude (symbole du chiffre 7), de l’action purificatrice de l’eau de cendres. De même spirituellement il nous faut la plénitude de l’œuvre de Christ sur la croix pour nous purifier et nous libérer du péché.
Enfin, ce chapitre sur la vache rousse peut nous aider à comprendre le sens symbolique des images apocalyptiques d’Ezéchiel (1) et de Jean (Ap 4.7 et 6.4). Les deux prophètes voient les êtres vivants qui entourent le trône de Dieu : chez Ezéchiel, les quatre animaux ont quatre têtes chacun, dont une est celle d’un bovidé ; chez Jean, un seul des quatre êtres vivants porte une tête de bovidé, animal des sacrifices pour le péché et la purification. Il est mentionné en seconde place après le lion (Ap 4.7), et c’est sa voix qui appelle le cheval rouge feu à l’ouverture du second sceau (Ap 6.4). Trône, êtres vivants, cheval, sont dans la Bible associés toujours à un jugement de Dieu sur les hommes. Après s’être fait connaître comme Roi digne de juger (symbole du trône et de la tête royale du Lion vainqueur, Ap 5.5), Dieu met en œuvre dans son jugement, sa miséricorde, son pardon acquis par le sacrifice de Christ, représenté par le bovidé et la couleur du cheval. Ce sacrifice, révélé par l'épée de la Parole (Héb 4.12) a pour conséquence de séparer l’humanité en deux camps opposés (Ap 6.4) : ceux qui l’acceptent et sont purifiés (Nb 19. 9a), et ceux qui le refusent et sont retranchés d’Israël (Nb 19.12b-13).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment rendre sensible à chacun de nos contemporains la gravité de l’état de péché naturel chez l’homme (= séparation d’avec Dieu) et l’abondance de la grâce divine qui nous en purifie (Rm 5.20)
- Comment ma vie prouve-t-elle que Christ la purifie ? Qu’est-ce qui y a été
changé depuis mon baptême ?
- Comment laisser l’eau vive de l’Esprit poursuivre cette purification en moi ?
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06/11/2009
Etude 7 Nb 16-17 : Lutte de pouvoir (14 11 09)
Etude n°7 : Nb 16-17 : Lutte de pouvoir (14 11 09)
Proverbes 16.18 : « L’orgueil précède le désastre et un esprit arrogant précède la chute. »
Observons
Nous avons là un récit de la double révolte contre Moïse et Aaron et de ses conséquences.
16.1-3 : révolte de Koré contre le sacerdoce d’Aaron
4-7 : Moïse face au parti de Koré
8-11 : Moïse face aux lévites jaloux du sacerdoce
12-15 : Moïse face à Datan et Abiram, révoltés contre son autorité
16-24 : Préparatifs du jugement de Koré et intercession de Moïse et Aaron
25-35 : Jugement de Dieu sur les révoltés, confirmation de l’autorité de Moïse
17.1-5 : emploi des encensoirs fondus comme « signes commémoratifs »
6-15 : Murmures du peuple et intercession d’Aaron
16-28 : Confirmation du sacerdoce d’Aaron
Comprenons
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, le récit de cette double révolte contre les chefs politiques et religieux, est parallèle au récit du refus du peuple d’entrer dans la Terre Promise. Il montre que l’esprit de révolte de la première génération n’a pas disparu dans le camp, avec la condamnation à mourir dans le désert (14.35). Il s’est propagé dans la seconde génération née pendant la longue marche de 37 ans au désert. On ne sait à quel moment situer cette révolte entre les deux séjours du peuple à Kadès.
Moïse cherche d’abord à séparer les deux causes : Koré et sa troupe de 250 partisans contestaient le pouvoir religieux d’Aaron, Datan et Abiram se révoltaient contre le pouvoir politique de Moïse.
La révolte de Koré prend prétexte de la consécration à Dieu du peuple entier (Ex 19.5-6), pour réclamer l’égalité de tous, et s’élever contre la position supérieure des sacrificateurs. Koré étant Lévite, refuse le rôle de serviteur du sacrificateur, et par orgueil et jalousie réclame une position supérieure. La question touchant au service du sanctuaire, doit donc se régler devant le Tabernacle, au moyen d’un test concernant un objet rituel du culte dans le Lieu-Saint. L’encensoir servait au sacrificateur à offrir sur l’autel d’or des encens dont la fumée faisait écran entre la sainteté de Dieu et la nature pécheresse du prêtre. Moïse s’en remet donc à Dieu pour désigner précisément qui parmi les chefs de tribus il a choisi pour être investi de cette tâche de la sacrificature.
Koré, pour se donner plus de force s’était associé non seulement à des Lévites jaloux des prérogatives d’Aaron, mais aussi à des Israélites qui protestaient contre le droit exclusif des Lévites de s’approcher du Tabernacle (v 9). Par la revendication d’un sacerdoce universel (v 3), ils voulaient détruire la suprématie de Moïse et Aaron, et révélaient leur orgueil et leur ambition.
Moïse les perce à jour (16.10), révèle qu’à travers eux, c’est l’Éternel qu’ils attaquent (v 11), et les convoque devant le jugement de Dieu. Koré ose continuer dans sa révolte même face au Tabernacle (v 19), où il a pris la liberté d’assembler tout le peuple, usurpant le droit de convocation de Moïse.
Pour montrer la gravité de cette provocation, Dieu intervient devant toute l’assemblée. L’auteur du livre lui prête, de façon anthropomorphique, l’intention de détruire tout le peuple à l’exception des deux chefs, pour faire comprendre au peuple qu’on ne s’élève pas contre Dieu impunément, sans provoquer des effets irrémédiables sur sa vie. Ainsi tout pécheur doit savoir que « le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6.23), non par la volonté de Dieu, mais naturellement, puisque le péché coupe du Dieu de la Vie.
L’intercession de Moïse et d’Aaron fait appel à la justice divine qui ne peut faire porter le poids d’une faute que sur le responsable de cette faute (v 22). Comme les fils d’Aaron, qui avaient porté du feu profane dans le Lieu-Saint et sont morts par le feu (Lév 10), ceux qui ont péché en prétendant indûment avoir le droit d’offrir l’encens comme sacrificateurs, périssent par le feu (v 35). Cette règle de cause à effet semblable sera confirmée par Jésus et les apôtres (Mt 26.52 ; 2 CO 9.6 ; Gal 6.7-8).
Tous les fils de Koré ne semblent pas s’être joints à sa révolte, et furent épargnés (Nb 26.11), car on retrouve de leurs descendants plus tard dans les Chroniques et les Psaumes (1 Chr 9.19 ; Ps 42 à 49).
Les encensoirs, devenus sacrés par leur purification par le feu de Dieu, fondus et travaillés en lamelles (17.3) servent de revêtement au bronze de l’autel des sacrifices (Ex 27.2 ; 38.2), afin de rappeler au peuple que la révolte contre Dieu a des effets mortels et qu’elle ne peut être pardonnée que par la foi au sacrifice de Christ, préfiguré par les sacrifices du Tabernacle.
Le cas de Dotan et Abiram est traité différemment parce qu’il reste politique, et familial. Ces deux hommes et leurs familles solidaires contestent l’autorité politique de Moïse, en ne se rendant pas à la convocation de Moïse (16.12-13). De plus ils attribuent à l’Egypte les qualités et les bénédictions réservées à Canaan. Ils méprisent ainsi le pays promis vers lequel Moïse les conduit, et embellissent leur situation passée d’esclaves, dont Moïse les a sortis. Ils représentent tous ceux qui spirituellement font la même démarche de se détourner de leur Sauveur et Seigneur, par nostalgie des avantages de leur vie passée, oubliant l’esclavage de leurs passions et de leur péché.
Malgré sa profonde irritation (v 15), Moïse tente une dernière démarche vers eux (v 25), qui se solde par un échec et par la dernière provocation des familles des révoltés (v 27). Leur fin brutale par un tremblement de terre (eux-mêmes avaient voulu provoquer une révolution, un tremblement de terre, dans l’organisation du peuple !), qui les sélectionne au milieu du camp, devait servir au peuple de confirmation de l’autorité de chef et de prophète de Moïse (v 28).
Les murmures du peuple contre Moïse et Aaron
Terrorisé par cet événement naturel et surnaturel, à la mesure de la gravité de la faute des rebelles, le peuple poursuit dans ses murmures, et va dès le lendemain accuser les deux chefs d’avoir provoqué ces morts violentes. Il oublie qu’ils avaient intercédé en sa faveur (v 22). Il est tellement facile dans le malheur de s’aveugler et de rendre les autres, ou Dieu, responsables de ce qui arrive !
L’Éternel se manifeste pour justifier les deux chefs (17.9-10) et une nouvelle fois ceux-ci intercèdent pour leur peuple au lieu de se séparer de lui (v 45).
Aaron et l’encensoir :
Comme sacrificateur, seul Aaron pouvait utiliser un encensoir et être médiateur entre le peuple et la sainteté de Dieu. Il déroge ici à deux rites ordinaires : d’abord, il sort l’encensoir du Lieu-Saint et de l’autel d’or, pour s’élancer au milieu du peuple atteint par une épidémie mortelle, contagion physique et morale provoquée par l’esprit de rébellion et d’accusation. Aaron utilise ensuite le parfum de l’encens pour « faire l’expiation », alors qu’ordinairement il n’avait pas cette vertu, il servait de simple écran, d’intercession entre l’homme et Dieu. Dans ce cas, le peuple doit voir et se rendre compte que le pécheur, pour approcher Dieu et vivre, doit passer par l’intercession du sacrificateur, représentée par le parfum de l’encensoir. Cette démarche symbolisait prophétiquement l’œuvre de Christ, seul médiateur par qui Dieu offre son pardon.
Passant au milieu du camp, Aaron sépare ceux qui acceptent sa médiation, se repentent, reçoivent le pardon et vivent, de ceux qui restent dans leur révolte et meurent. Aaron se fait l’agent du tri dans le peuple entre les croyants sincères et les rebelles.
Ce texte de l’Ancien Testament (qu’on peut rapprocher de celui d’Ezéchiel 9-10) est une véritable préfiguration de l’œuvre de Christ décrite par Jean dans Apocalypse 8.3-5, seul autre texte où l’encensoir de l’autel d’or sort du temple pour répandre parfums et feu dans le peuple : sous la forme de l’ange à l’encensoir d’or, Christ offre le parfum de son intercession en faveur des « saints » et leur envoie son Esprit pour les purifier et les fortifier (feu des charbons ardents), pendant que sur terre les derniers avertissements divins des sept trompettes appellent les hommes à se repentir. Ceux qui acceptent le pardon offert par Christ et reçoivent le sceau de l’Esprit, peuvent subsister (Ap 6.12-7.3) jusqu’au retour de leur Seigneur et Sauveur.
Après cette œuvre d’intercession, de pardon et de salut, Aaron reçoit la confirmation divine de son sacerdoce, par un miracle, vraie prophétie de la résurrection de Christ. Parmi les 12 bâtons représentant les tribus d’Israël, seul celui portant le nom d’Aaron est vivifié par la sève de l’Esprit qui lui fait produire simultanément bourgeons, fleurs et fruits (Ap 22.2). La prérogative des Lévites de s’occuper du sanctuaire est étroitement liée au sacerdoce du sacrificateur. On ne peut les dissocier l’une de l’autre sans leur nuire, mais les rôles restent différenciés. De même, dans l’Eglise, sanctuaire spirituel de Dieu sur terre, nous sommes tous des Lévites, serviteurs du Grand Sacrificateur qu’est le Christ (Hé 7.24-26), auquel nous sommes attachés, sans pouvoir prétendre à nous substituer à Lui ! Parmi tous les hommes de la terre, Dieu s’est choisi un peuple rempli de son Esprit, pour apporter la Bonne Nouvelle de la Vie fructueuse et éternelle (bourgeons, fleurs et fruits), que Dieu veut accorder à tous ceux qui acceptent son alliance et son pardon.
Tel peut être le sens du « signe » du bâton fleuri d’Aaron, placé devant l’arche contenant la Loi, symbole de la justice de Dieu. Mis ensuite à l’intérieur de l’arche, avec le vase de manne (Hé 9.4), le bâton fleuri d’Aaron devait rappeler à tous que la présence vivifiante de Dieu était empreinte de justice et d’amour.
Malheureusement, le peuple ne voit pas dans ce prodige un symbole de l’amour et de la présence bienveillante de Dieu. Aveuglé par son péché et scandalisé par la mort subite de Koré et ses partisans, il se laisse envahir par la peur, et ne retient que la menace de mort pour ceux qui s’approchent du Tabernacle indignement (v 27-28).
N’avons-nous pas parfois la même attitude face à la Sainte-Cène et les avertissements de Paul (1 Co 11.27), ne saisissant pas que l’indignité morale que nous avons tous est pardonnée à celui qui s’approche dans la repentance, et que l’indignité, fustigée par Paul chez les Corinthiens, est spirituelle et concerne le rejet ou le mépris de l’œuvre salvatrice de Christ sur la croix ?
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans quel état d’esprit recevons-nous l’autorité de nos responsables d’église (pasteurs, anciens, diacres, enseignants) ? D’où naît dans nos cœurs la contestation de toute autorité, trop souvent fréquente aujourd’hui ?
- Qu’est-ce que l’exemple de Moïse et Aaron peut nous apprendre sur l’attitude à avoir face à la critique et à la contestation ?
- Dieu a pris soin de rappeler continuellement, par des signes concrets placés dans son sanctuaire terrestre et matériel, le pardon accordé aux pécheurs repentants. Comment concrètement aujourd’hui le rappelle-t-il dans son sanctuaire terrestre et spirituel qu’est l’Eglise ?
- Comment laissons-nous la sève de l’Esprit nous transformer, au point de produire les fruits de la Vie avec Dieu (Gal 5.22) ?
- La présence de Dieu nous remplit-elle de peur ou de paix et de joie ? Pourquoi ?
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