08/04/2016
Étude n°3 Le sermon sur la montagne, Mat 5.43-48 (16 04 16)
Étude n°3 Le sermon sur la montagne, Mat 5.43-48 (16 04 16)
« Quand Jésus eut achevé ces discours, les foules restèrent frappées de ses enseignements, car il les enseignait comme quelqu’un qui a de l’autorité et non pas comme leurs scribes » Mat 7.28-29
(Lac de Génézareth, lieu présumé du Sermon sur la Montagne)
Observons
Le contexte
Au centre de son discours sur la montagne, Jésus reprend six préceptes de la loi de Moïse pour les faire passer du domaine du visible, du « faire » au domaine de l’invisible, de « l’être ». Jésus n’est pas venu abolir mais accomplir la loi, c’est-à-dire la vivre à la perfection, en exemple pour ceux qui désirent être « fils de Dieu ».
Le texte
Il comprend trois parties selon la logique littéraire hébraïque qui place au centre l’idée importante du passage :
a) v 43-44 : le commandement de l’amour des ennemis
b) v 45 : la raison d’être du commandement : l’amour inconditionnel de Dieu
a’) v 46-48 : le but du commandement : ressembler à Dieu et non aux hommes.
Comprenons
a) La première partie du précepte était bien dans la loi de l’Ancien Testament (Lv 19.18), mais la seconde était un ajout des Pharisiens, qui considéraient comme ennemis tous ceux qui n’étaient pas Juifs, et s’arrogeaient le droit de les haïr impunément. Jésus vient bouleverser cet état de fait en demandant de l’amour pour tous, même les ennemis. Cet amour se manifeste par des bénédictions, des actes de bienveillance, et des prières, envers ceux dont on a à se plaindre, qui maudissent, haïssent et persécutent. Le mal ne peut être vaincu que par le bien (Rm 12.21), c’est-à-dire par l’amour. De part et d’autre, on passe des sentiments aux actes, mais l’amour des ennemis est placé par la prière dans une dimension spirituelle, dans une relation à Dieu qui seul permet son développement.
b) Le motif suprême de cette conduite, c’est d’être fils de Dieu, animés de son Esprit, lui ressemblant comme un fils ressemble à son père, l’imitant dans les sentiments et la vie (Ep 5.1). Nés de lui qui vit dans le monde spirituel (= les cieux), nous sommes appelés à refléter son amour inconditionnel dont la nature (soleil et pluie pour tous) nous donne un aperçu.
Cet amour inconditionnel implique pardon gratuit et actes de bienveillance, sans recherche de son intérêt personnel (1 Co 10.24).
c) Pratiquer cet amour nous distinguera comme « fils de Dieu » (Jn 13.35), au milieu des « péagers et des païens », des hommes sans Dieu, qui n’éprouvent par nature qu’un amour intéressé. Au fils de Dieu il est demandé de dépasser le mouvement naturel et d’entrer dans la dimension spirituelle de Dieu. Sa perfection, nous dit Luc (6.36), c’est sa miséricorde, son pardon qu’il offre à tous indistinctement, ses bourreaux, les brigands, les prostitués, les péagers, aussi bien que les Pharisiens, les Romains, les pauvres et les riches, car tous ont péché et sont privés de sa gloire (Rm 3.23). Il désire tous les rendre justes, à son image, pour que son amour soit partagé par tous.
Si nous avons bénéficié personnellement de cet amour et accepté son pardon, Dieu mettra en nous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Ph 2.5) et rendra parfaite l’œuvre qu’il a commencée en nous (Ph 1.6), afin que nous soyons reconnus comme fils de Dieu, grâce au témoignage d’une vie miséricordieuse envers tous (Jean 13.34-35).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
1- Ce texte montre bien que la perfection ne consiste pas dans l’impeccabilité d’actes moraux conformes à la loi, mais d’abord dans les sentiments vis-à-vis du prochain, inspirés par le Saint-Esprit. Où en suis-je à ce sujet ? Mon cœur est-il inspiré et dirigé par l’Esprit dans ses relations avec les autres ?
2- Ai-je encore en moi une rancune envers quelqu’un ? Comment m’en débarrasser ? Quel geste puis-je avoir cette semaine envers cette personne pour lui manifester mon pardon et mon amour ?
3- Obéir à l’exigence de surpassement de son égoïsme et de son orgueil pour pardonner et aimer inconditionnellement, n’est possible qu’à celui qui est né de Dieu, qui laisse son Esprit agir dans son cœur, et en balayer les mouvements naturels d’animosité et de vengeance. Laisserai-je le Saint-Esprit m’emplir de cet amour des autres pour transformer mes relations tendues en relations de pardon et de paix ?
08:00 Publié dans Matthieu | Lien permanent | Commentaires (0)
01/04/2016
Étude n°2 Le début du ministère de Jésus Mat 4.12-25 (09 O4 16)
Étude n°2 Le début du ministère de Jésus Mat 4.12-25 (09 O4 16)
« Jésus leur dit : Suivez-moi et je vous ferai pécheurs d’hommes » Mat 4.19 (Cuivre champlevé, émaillé, 12è s)
Observons
- Après quels événements essentiels Matthieu débute-t-il le récit du ministère de Jésus (3.13-4.11) ?
v 12-17 : Introduction au ministère
- De quel Jean s'agit-il au v 12 ? (3.1-12)
- A quel moment et où Jésus commence-t-il à prêcher ? Pourquoi ?
- Où s'installe Jésus ? v 13
- Quelle prophétie d'Esaïe accomplit-il selon Matthieu ? Que veut démontrer par là l'évangéliste ?
- Quel message prêche Jésus ? v 117, comparez avec 3.2
- Le royaume des cieux est mentionné 30 fois dans l'évangile de Matthieu ; pourquoi cette insistance ? Qu'est Jésus pour l'apôtre ? (voir 2.2 ; 21.5 ; 22.11 ; 25.34 ; 27.11,37,42). De quel royaume s'agit-il ? Quelle est sa nature ? Pourquoi la repentance lui est-elle liée ?
v 18-22 : Appel des 4 premiers disciples :
- Où travaillaient Simon et André ? Quelle action de leur métier Jésus va-t-il utiliser pour les appeler à lui ? v 18-19
- Comment répondent les deux frères ? Pourquoi ? Qu'a touché Jésus dans leur cœur ?
- Quels autres frères Jésus appelle-t-il ? Avec qui sont-ils ? Quel abandon supplémentaire font-ils pour suivre Jésus ? (v 22) Qu'est-ce que cela représente pour eux ?
v 23-25 : Ministère de Jésus
- Où Jésus l'exerce-t-il ?
- Relever les verbes du v 23 : de quoi se compose son ministère ?
- Regarder sur une carte géographique jusqu'où s'étend sa renommée ?
- Que cherchent les foules qui accourent vers lui ?
- Que signifient les nombreuses guérisons ? Comment s'inscrivent-elles dans sa
prédication ? (5.3-12 ; Luc 4. 18-19)
Appel des deux premiers disciples, Mosaïque de Ravenne
Comprenons
Matthieu place le début du ministère de Jésus après son baptême et sa tentation au désert, mais aussi dans un raccourci qui n'est sans doute pas chronologique, après l'emprisonnement de Jean-Baptiste. Le 4ème évangile en effet semble dissocier ces deux événements : Jésus aurait commencé à prêcher en Judée après avoir appelé ses disciples et fait un séjour à Jérusalem, Jean étant encore libre (Jn 1.35-51 et 3.22-36 ; 4.43 et suivants). Matthieu choisit donc de faire suivre les deux ministères de Jean et Jésus pour mieux les distinguer : Le Baptiste était le précurseur et non le concurrent, et Jésus ne le copie pas. Il n'y a pas non plus de compétition entre eux, comme Jean l'avait bien reconnu et accepté (Mat 3.11 ; Jn 3.30). Jésus comprend que son temps est venu lorsque le Baptiste se trouve dans l'impossibilité de prêcher ; il quitte alors Nazareth qui le rejette (Luc 4.14-29), et va s'installer dans la ville portuaire de Capernaüm, au NO du lac de Génézareth. cette ville commerçante se trouvait sur la route des caravanes allant du Nord-Est au sud vers l'Egypte. Située aux confins des territoires des anciennes tribus d'Israël de Zabulon et Nephtali, elle était méprisée et considérée comme "impure" par les Juifs de Jérusalem à cause de sa proximité et de ses relations avec les païens (= les Gentils). Matthieu voit dans ce choix de résidence l'accomplissement d'une prophétie d'Esaïe (8.23) ; Jésus est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus, il est la lumière (Jn 1.9) qui éclaire les ténèbres spirituelles de cette contrée et des nations environnantes. Il est le Messie des Juifs et des païens !
Notre passage sert d'introduction au récit et au rapport d'activité et d'enseignement de Jésus. Le verset 17 est une sorte de titre qui résume et annonce les chapitres suivants. Jésus prêche le royaume des cieux dont il donne les principes dans le Sermon sur la montagne (ch 5-7). C'est un royaume spirituel (= des cieux) dont il se révèle le roi (7 fois dans Matthieu), et qu'il distingue soigneusement des royaumes terrestres, pour contredire les espoirs du peuple. On ne peut y entrer que par une démarche de repentance. Comme Jean le Baptiste et les prophètes de l'AT, la prédication de Jésus appelle le croyant à revenir à Dieu, c'est-à-dire à examiner les priorités de sa vie pour identifier tout ce qui dans ses pensées et ses actes le sépare de son Père céleste, à accepter sa faiblesse devant Lui et à lui demander humblement son pardon et sa présence purificatrice. Sans cette soumission volontaire et libre au Seigneur Roi Jésus, nul ne peut entrer dans la communion du royaume des cieux. Jésus marquait donc dès le début de sa prédication qu'il n'était pas un roi qui imposait à ses sujets un régime de vie basé sur des rapports de force et de domination. Il faisait appel à la volonté libre et au désir profond d'une vie dans la présence d'un Dieu d'amour. La proximité de ce royaume est à double sens : dans le temps Jésus vient l'inaugurer et l'instaurer après sa mort et sa résurrection ; dans l'espace, il est tout près puis qu'il réside dans le cœur de chacun.
Au début de son ministère, dont il connaît la brève durée, Jésus s'adjoint des hommes qu'il va former à prendre la relève et qui seront pour lui des compagnons de route amicaux. Les 4 premiers disciples ne sont pas des lettrés ou des théologiens, mais de simples pécheurs qu'il va chercher sur leur lieu de travail. Simon et André sont en train de lancer leur filet à l'eau, Jacques et Jean réparent leurs filets, en présence de leur père dans leur barque. Ces deux actes de pécheurs peuvent symboliser, comme Jésus le suggère, deux actions spirituelles auxquelles il invite ses disciples : aller pêcher des hommes, les inviter à entrer dans le royaume de Dieu, et réparer, consolider la vie de ces hommes pécheurs en leur annonçant le salut gratuit de Dieu.
Les quatre disciples répondent aussitôt à l'appel de Jésus qui répond sans doute à une attente existentielle et leur offre un sens à leur vie. Ils quittent immédiatement ce qui était le fondement de leur vie : leur filet et leur barque qui leur assuraient leur existence matérielle, et leur père qui représentait pour eux identité et sécurité affective. Ils se lançaient dans l'inconnu avec audace et confiance en Jésus, en qui ils reconnaissaient un Maître digne d'être suivi. Ils avaient dû entendre parler de Jésus puisqu' André avait été précédemment un disciple du Baptiste (Jn 1.35,40). Matthieu se contente de mentionner le surnom de Pierre donné par Jésus à Simon lors de son appel (Jn 1.42). Comme dans tout son évangile, les détails des faits rapportés n'intéressent pas Matthieu qui s'attache plutôt à leur sens et leur enseignement : lorsque nous répondons à l''appel de Christ, il transforme notre "identité"; on devient son "fils" ou sa "fille", dont il connaît les ressorts cachés, et à qui il donne de nouvelles perspectives de vie.
Dans les versets 23-25, Matthieu prépare le long discours sur la montagne qui résume la prédication de Jésus et qui est illustré par ses actes de guérison. Le ministère de Jésus s'est exercé surtout en Galilée où Jésus habitait depuis son enfance et où il était plus libre de ses mouvements et de ses propos qu'à Jérusalem, fief des Pharisiens et des docteurs de la loi. La bonne nouvelle du royaume est accompagnée et confirmée par la puissance de guérison qu'il manifeste avec compassion pour tous les souffrants, Juifs ou Gentils. Ces guérisons attiraient évidemment tous ceux qui se sentaient mal, en Palestine ou aux alentours, la Syrie, au Nord, la Décapole (= territoire au NE et à l'Est du Jourdain de dix villes occupées par les Romains). A une époque où la croyance religieuse était générale, ces guérisons manifestaient une puissance surnaturelle que les hommes attribuaient spontanément à un dieu. Jésus se révélait par elles détenteur de cette puissance divine, le Fils d'un Dieu compatissant, et le Roi d'un royaume d'amour.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- La lumière de Christ éclaire-t-elle les obscurités de ma vie ? Qu'a-t-elle chassé ou transformé dans mon caractère, mes pensées et mon comportement ?
- En quoi la prédication que dispense mon Eglise est-elle une "bonne nouvelle" pour tous ? La vie dans ma communauté favorise-t-elle des rapports d'amour et de fraternité, et des guérisons de blessures intérieures ?
- Comment ma participation personnelle contribue-t-elle à cette œuvre d'enseignement et de guérison propre au royaume de Dieu ?
08:00 Publié dans Matthieu | Lien permanent | Commentaires (0)