03/06/2016
Étude n°11, les événements de la fin, Mat 24.32-44 (11 06 16)
Étude n°11, les événements de la fin, Mat 24.32-44 (11 06 16)
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » Mat 24.35
Observons
Le contexte
- À quelles questions des disciples Jésus répond-il dans ce passage de conclusion de son discours (v 3)
- Quels événements a-t-il évoqués précédemment sans tenir compte de la chronologie ? (v 15-18 ; 27-31)
- Quel est le signe principal de la proximité du retour de Jésus ? v 14
Le texte
- Quels signes d’espérance existent dans la nature ? v 34. Trouver d’autres
signes dans la nature, qui peuvent annoncer le changement de saison, ou de climat ?
-Comment comprendre l’expression « à la porte » v 33 ; où la retrouve-t-on avec les mêmes sens ? (Ap 3.20 ; 4.1)
- A quel événement précédemment annoncé s’applique le v 34, avec la mention
de la génération contemporaine de Jésus ? A quelle place ce verset aurait-il dû être mis ? A quoi la remarque du v 36 invite-t-elle les disciples ? Quelle importance a-t-elle ?
- V 37-39 : à quel événement du passé Jésus fait-il référence ? Quelle expression encadre ces 3 versets ? Quel avertissement est donné par Jésus ?
- Qu’est-ce qui accompagnera ce retour de Jésus ? (v 40-41) Quelles paraboles l’expliqueront dans la suite ?
- Comment Jésus a-t-il identifié le Seigneur ? (v 42, 33, 37, 39, 44)
- Comment Jésus illustre –t-il sa recommandation de veiller ? v 43
- De quelle maison s’agit-il et qui en est le maître ? De quel voleur doit-il se garder ?
- Que signifie dans ce contexte « se tenir prêt » ?
Comprenons
A la situation physique et spirituelle des hommes qui ne connaissent pas l’amour de Dieu (ch 23), Jésus oppose son message d’espérance adressé à ses disciples. Eux, qui s’interrogent sur le « quand » et le « comment » du retour de Jésus (24.3), doivent savoir lire « les signes des temps », comprendre que ce qu’ils voient, présage de la proche réalisation des promesses de Dieu qu’ils espèrent : la venue en gloire de leur Roi et Sauveur. Celle-ci ne doit provoquer en eux ni angoisse ni désir d’échapper à son regard de juge, parce qu’ils savent que ce retour signifie leur délivrance définitive du mal qui règne dans le monde et les maltraite, et leur union éternelle avec Dieu (v 31 ; Ap 19.7 ; 21.3-4).
Pour stimuler leur attente joyeuse, Jésus leur demande de tirer les leçons de la nature : dans sa bonté le Créateur a fait de la nature un livre ouvert où peuvent se saisir quelques-uns des grands traits de son projet de salut pour l’homme. A la mort de la végétation en hiver, succède le bourgeonnement des arbres au printemps (v 32) ; la mort apparente de la chenille dans son cocon ou sa chrysalide est suivie de l’éclosion du papillon ; les semailles des grains dispersés en terre préparent la moisson des épis rassemblés en gerbes. La fonte de la banquise ou des glaciers parle d’un réchauffement du climat de la planète, aux conséquences parfois désastreuses. Les hommes malheureusement restent aveuglés et ne veulent rien modifier de leurs comportements avides de profit immédiat. Jésus annonçant les épreuves à venir dans ce monde dominé par le mal, en fait des signes d’espérance pour ceux qui sont dans l’attente du rétablissement de la justice, de la paix et de l’amour dans un monde gouverné par le Fils de l’Homme, le Christ glorifié.
La proximité de ce retour est indiquée par l’expression « à la porte », que l’on retrouve dans l’Apocalypse (3.20 et 4.1) avec deux sens simultanés : ce peut être la porte du cœur où Jésus frappe pour y faire sa demeure, mais aussi de façon plus générale, c’est la porte du ciel, sanctuaire divin, que Jésus s’apprête à franchir pour revenir délivrer son peuple, réalisant ainsi la prophétie du rite du Yom Kippour : une fois la purification du sanctuaire accomplie, le grand sacrificateur sortait sur le parvis, pour signifier au peuple son pardon.
Jésus a mêlé à ces recommandations pour son retour (23-31), un avertissement pressant au sujet de la chute de Jérusalem dont il connaît la proximité (15-20). Les chrétiens ainsi avertis, surent obéir à Jésus et s’enfuirent de Jérusalem à temps quand ils la virent investie par les armées romaines en 70 ap JC, alors que les Juifs s’acharnèrent à la défendre, au prix de leur vie. Le verset 34 est à joindre à ce passage (15-22) car il est vrai que les contemporains de Jésus purent voir la destruction du temple. Comme les deux autres évangiles (Marc et Luc) reproduisent la même erreur de place, nous avons là un exemple de la déformation des textes, que la transmission orale peut leur faire subir, ici peut-être par association d’idées avec le verbe « passer » du verset 35.
Jésus conclut solennellement ces avertissements (v 35) par l’affirmation de la vérité et de l’autorité de ses paroles. Il sait qu’au cours des siècles les hommes ne se priveront pas de douter de paroles dont ils refusent l’aspect prophétique (2 Pi 3-4). Il sait aussi que la durée de l’attente use l’enthousiasme et la foi. C’est pourquoi il avertit ses disciples pour leur éviter de se lasser, et de se laisser dominer par le plaisir des sens ou les inquiétudes de la vie (Mat 6.25-32).
A partir du v 36 Jésus répond à la question du « quand » posée par les disciples au début de leur entretien (v 3). La réponse ne leur précise rien sinon la nécessité d’être prêt à tout moment à recevoir leur Seigneur. Seul l’Eternel Dieu maîtrise l’histoire humaine terrestre, il n’appartient pas à l’homme d’en connaître le terme. C’est ce que William Miller et nos pionniers ont oublié dans leur enthousiasme de la redécouverte du message du retour de Jésus. Ils fixèrent ce retour le 22 Octobre 1844, d’après le calcul des dates prophétiques de Daniel, par une mauvaise compréhension du sens de « la purification du sanctuaire » de Daniel 8.14.
Leur amère déception les poussa à revoir les textes bibliques et leur compréhension du sanctuaire. Les Adventistes naquirent de cet approfondissement de la parole prophétique, et tirèrent la leçon de leur erreur : ils ne fixent plus de dates, mais restent attentifs à la réalisation des signes annoncés.
Jésus se réfère à l’histoire de Noé, dont il authentifie le récit dans la Genèse (ch 6-9), pour dénoncer l’insouciance spirituelle des hommes. Leurs activités humaines sont légitimes, mais ne doivent pas occulter leur vision spirituelle des événements, et des messages des témoins de Dieu (v 37-39). Noé pendant 130 ans leur avait annoncé le déluge, avait construit l’arche sous leurs yeux, puis sur l’ordre de Dieu était entré avec sa famille dans l’arche dont Dieu avait clos la porte (Gen 7.16), sans que les contemporains prêtent attention à ces signes. (Mosaïque de Monreale en Sicile) Jésus recommande à ses disciples de ne pas les imiter, car le jugement sera le même (v 40-41). Dieu opèrera un tri parmi les hommes selon leur préparation spirituelle et non selon leurs activités qui en apparence ne diffèreront pas. L’appel à la vigilance (v 42-44) se fait pressant (veillez, tenez-vous prêts) avec une curieuse petite parabole, dont on identifie mal les personnages. Le maître est un simple propriétaire d’une maison dont il essaie de prévenir l’effraction par un voleur : serait-ce chacun de nous, qui doit tenter d’empêcher le diable de lui ravir son trésor intérieur ? Mais Jésus semble se comparer au voleur qui arrive inopinément, sans être attendu (v 44) ! L’idée mise en valeur, est celle de la vigilance devant un événement qui surprendra tout le monde.
En quoi consiste la vigilance demandée aux disciples ?
D’abord dans la connaissance et l’attention portée à la Parole divine pour discerner dans quels temps ils vivent, grâce à la perception et la compréhension des signes événementiels annoncés dans les Écritures.
Puis dans la conscience que la venue de Christ se fera à l’improviste, au moment où ils ne s’y attendront pas ou plus. (voir les dix vierges ch 25.1-13) En conséquence, la présence du Saint Esprit vivifiera leur attente.
Enfin dans la relation spirituelle étroite avec Jésus, qui leur permet d’agir avec amour selon sa volonté et pour sa gloire (voir les serviteurs v 45-51 et les talents ch 25.14-30).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment éviter les deux écueils suivants :
L’obsession de l’examen des signes des temps, qui entretient crainte et fébrilité,
L’oubli, la négligence de cet examen qui provoque doute, incrédulité et aveuglement sur sa situation ?
- Quelle est ma réaction devant l’accumulation des maux de la terre : joie, peur, compassion, agitation, désespoir, confiance en Dieu, engagement à son service auprès des souffrants et des ignorants ?
- Qu’est-ce qui me manque pour être prêt à recevoir le Seigneur dans ma vie et à son retour en gloire ?
- Comment est-ce que j’obéis à l’ordre de veiller ? Mon église m’y encourage-t-elle ? Comment puis-je contribuer à éviter son assoupissement ?
08:00 Publié dans Matthieu | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2016
Étude n°10 Jésus à Jérusalem Mat 22.1-14 (04 06 16)
Étude n°10 Jésus à Jérusalem Mat 22.1-14 (04 06 16)
« Jésus leur dit : «N’avez-vous pas lu dans les Écritures : La pierre qu’ont relevée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l’angle ; c’est du Seigneur que cela est venu et c’est une merveille à nos yeux ? »Mat 21.42.
Observons
Contexte : Après être entré à Jérusalem (21.1-9), avoir chassé les vendeurs du temple et séché le figuier stérile en signe de son jugement sur ce que les Juifs avaient fait de la Maison du Père (21.13), et du sort réservé à son peuple incrédule (21.18-22), Jésus enseignait dans le temple avec l’autorité divine. Sous forme de paraboles il cherchait à interpeller le peuple sur son attitude face à la volonté divine (paraboles des deux fils et des vignerons, 21.23-39). Très habilement, Jésus fait prononcer par ses auditeurs leur propre condamnation (v 41). Il en donne aussitôt le sens prophétique (v 42-43) : la mission de son peuple, parce qu’il a rejeté la pierre angulaire de la foi, qu’il est lui-même, sera confiée à une autre nation plus fructueuse ! Les Pharisiens et les sacrificateurs comprennent enfin qu’ils sont concernés et furieux cherchent à le faire mourir.
Texte : Mat 22.1-14
Une dernière parabole de Jésus va être encore plus explicite sur le « jugement » de Dieu.
a) 2-7 : Vaine invitation du roi pour son festin de noces, et condamnation à disparaître des récalcitrants.
b) 8-10 : Invitation lancée à tous les « méchants et bons » qui le veulent
c) 11-14 : renvoi de l’invité qui n’a pas revêtu son habit de noces.
Le récit est composé de deux paraboles très voisines, dont l’axe est l’appel à participer au festin des noces (v 8-10)
Première parabole de Matthieu 22.2-10 :
- Qui est l’initiateur de l’invitation au repas des noces ? v 2
- Comment se marque son insistance à inviter (répétitions, adverbes,… ? v 3-4
- Comment répondent les invités ? v 5-6
- Quelle est la réaction de l’hôte envers ses premiers invités ? Quelle menace est sous-jacente pour le peuple juif du temps de Jésus ? v 7
- Qu’est-ce que cela signifie au plan du salut pour tous ceux qui refusent l’invitation de Dieu ?
- Pourquoi l’hôte juge-t-il ces premiers invités « indignes » des noces ? En quoi consiste la dignité pour participer aux noces ? v 8
- Où se trouvent les seconds invités ? v 9-10. Si les premiers représentent le peuple Juif, que peuvent représenter ces seconds invités qui répondent aussitôt ?
Deuxième parabole de Matthieu 22.11-14 :
- Quelles différences et ressemblances discernez-vous entre les deux paraboles ?
- Que peuvent représenter l’inspection des convives par le roi (v 11) et l’habit de noces (voir Zac 3.1-5 ; Ap 19.8)
- Comment le roi s’adresse-t-il à l’invité sans habit ? v 12
- En comparant le passage avec la parabole de Luc 18.9-14, que signifie l’entrée de cet invité sans habit de noces ? Que lui manquait-il pour participer aux noces ?
- Que représentent les « ténèbres du dehors » ? L’expression « Il y aura des grincements de dents » donne-t-elle crédit à la croyance à l’enfer éternel ? Comment la comprendre ?
- Quelle différence faire entre appelé et élu ? Quelles sont les conditions spirituelles pour être élu ?
Comprenons (Vitrail de la parabole de l’habit de noces, Chaumontel)
Matthieu rassemble dans son livre beaucoup de paraboles dites du Royaume. Jésus y donne les grandes caractéristiques de son Royaume spirituel, sous forme d’histoires simples, tirées du vécu de ses auditeurs, mais ayant un sens symbolique,
La parabole des noces termine la série, avant celle des paraboles du jugement des croyants et des non croyants (ch 24.45-25.46). Cette parabole des noces est la réponse de Jésus aux mauvais projets de ses adversaires (21.46), lorsqu’ils comprirent que Jésus parlait d’eux dans les paraboles des deux fils et celle des vignerons (ch 21).
Jésus ayant annoncé (v 2) une ressemblance du royaume céleste, on s’attendrait à ce que le deuxième point de la comparaison ne soit pas une personne ! Or cette seconde partie de la comparaison est le récit des actes d’un roi.
Jean-Baptiste avait annoncé le royaume de Dieu en appelant les foules à se repentir et à confesser leur péché (Mat 3.2, 6). Il avait aussi mis en garde les Pharisiens et les Sadducéens contre leur présomption de fils d’Abraham, qui les empêchait de produire les fruits de la repentance (Mat 3.7-10). Et voilà que Jésus reprend la même idée dans cette double parabole des noces, dans un contexte de jugement.
Le thème des noces se retrouve dans Luc 12.36 : « Soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître reviennent des noces, afin de lui ouvrir aussitôt qu’il arrivera ! ». Puis dans Luc 14.8 « Lorsque tu es invité par quelqu’un à des noces, ne va pas occuper la première place, de peur qu’une personne plus considérée que toi n’ait été invitée. » Enfin dans l’Apocalypse (19.7,9) les noces du Fils sont appelées les noces de l’Agneau. Certains détails de cet événement joyeux de la vie des Israélites sont précisés dans la parabole des dix vierges de Mat 25.1-13. L’entrée dans le royaume céleste est donc représentée comme une fête célébrant l’alliance de deux époux, le Fils ou l’Agneau et l’Epouse ou l’Église, ou encore le fidèle.
La première parabole de Matthieu insiste sur l’invitation lancée à tous pour participer à ces noces. Le passé employé au v 3 « ceux qui étaient ou avaient été invités » rappellent que l’invitation avait été lancée bien avant ce rassemblement des invités. Comme Jésus a parlé précédemment du figuier stérile, des deux fils et des vignerons, paraboles dans lesquelles se sont reconnus les Pharisiens, les premiers invités de notre parabole représenteraient le peuple juif qui depuis Moïse et les prophètes (ses serviteurs v 3-4) a reçu l’invitation au Royaume, les promesses et les lois (Rom 9.4-5). Le Maître ne cesse de l’appeler avec insistance, jusqu’au jour des noces mêmes, où tout est prêt. Mais c’est en vain. Les invités refusent délibérément, et se trouvent des excuses matérielles ou affectives comme la parabole parallèle de Luc 14 nous le révèle : achat d’un champ, ou de bœufs, mariage. Ce qui se passe sur la terre est beaucoup plus intéressant que la proposition d’alliance spirituelle ! Au-delà du peuple juif contemporain de Jésus, ne retrouve-t-on pas le même état d’esprit dans nos sociétés matérialistes, et parfois aussi dans les églises, qui ont perdu leur « premier amour » (Ap 2.4). L’insistance du Maître est perçue enfin comme une agression et provoque la violence des invités contre ceux qui les appellent, qu’ils assassinent. On reconnaît là le sort funeste de la plupart des prophètes et surtout celui du Fils même (Mat 21.36-39). Le roi de la parabole les juge indignes de participer aux noces, car ils les ont méprisées, jugées moins importantes que leurs affaires terrestres et se sont révoltés avec violence contre ceux qui les pressaient de répondre à l’invitation du roi. Jésus réitère la menace de mort prononcée déjà à propos des vignerons meurtriers (Mat 21.41) : colère du roi, mort et ville incendiée. Cette prophétie se réalisa à la lettre en 70 après Jésus-Christ, où Jérusalem fut détruite par les armées romaines, considérées comme les instruments du jugement qu’elle s’était attirée par son refus de répondre à l’appel de Christ. Lorsqu’on se détourne de la vie et de la joie proposées par Dieu, on ne récoltera que mort et disparition ! Les réalisations historiques ne sont que les préfigurations concrètes du sort spirituel qui entérinera le refus volontaire d’entrer dans le royaume de Dieu.
L’invitation aux noces refusée avec dédain et désinvolture par les premiers convives représentant le peuple d’Israël, est lancée à toutes les nations, « méchants et bons » (= incroyants et « prosélytes » ?) qui s’empressent d’y répondre (v 10). Le refus par Israël de la Bonne Nouvelle du salut permet aux autres peuples de l’entendre avec gratitude (Rom 9.25 ; 10.20-21 ; surtout 11.11).
Toutefois dans son amour et son désir de remplir son royaume, le roi continue d’appeler d’autres invités, ceux qui sont dans les carrefours et sur les chemins (v 9-10). La parabole de Luc 14.15-24 est plus détaillée : après les premiers invités, que l’on peut comparer aux Pharisiens, les serviteurs vont chercher les parias de la ville, estropiés, pauvres, aveugles, boiteux, ceux qui étaient méprisés par les autres « bien-pensants ». Puis une troisième fois, les serviteurs sortent inviter ceux qui sont extérieurs à la ville, au peuple juif, mais pourtant en chemin vers le royaume, cherchant aux carrefours religieux à rencontrer un Sauveur. Dieu les connaît et répond à leurs aspirations secrètes, en leur envoyant ses invitations. Curieusement Matthieu ajoute que tous sont rassemblés, « méchants et bons » (v 10). Les serviteurs ne sélectionnent pas les destinataires des appels divins, qu’ils soient « impies ou croyants », ils ont reçu ces invitations et y ont répondu, de sorte que la salle des noces est remplie. Ainsi se termine la première parabole du passage.
Jésus ajoute un détail que la parabole parallèle de Luc 14.15-24 ne contient pas :
Le récit rebondit alors à partir du verset 11 en une seconde parabole, l’habit de noces. peut-être en écho au mot « méchant », pour s’attacher à un personnage qui détonne dans l’assemblée car il n’a pas revêtu l’habit de noces. Apparemment il était de coutume pour un roi d’offrir à ses invités la tenue adéquate au festin de noces, pour que la fête n’exclue personne à cause de sa pauvreté, qu’il n’y ait pas de jalousie entre les convives et que les noces soient célébrées par tous au grand honneur des mariés.
Le thème de l’habit est récurrent dans la Bible, car c’est à son vêtement qu’on identifiait la position sociale, ou la fonction professionnelle de chacun. Depuis le vêtement de peau offert par le Créateur au couple déchu pour subsister sur la terre remplie de péché (Gen 3.21), jusqu’à l’habit de noces dont est revêtue l’Épouse de l’Agneau (Ap 19.8), nombreuses sont les mentions de ce vêtement du salut (Es 61.10) dont Dieu revêt le pécheur, pour couvrir ses vêtements sales ou sa nudité (Zac 3.3).
Spirituellement, cet habit de noces représente la justification, le pardon que Dieu offre à chacun gratuitement. Comment cet invité de la parabole a-t-il pu entrer dans la salle de noces sans avoir accepté le don de Dieu ? En fait, la question n’est pas là, car la parabole ne répond pas aux « comment » mais plutôt aux « pourquoi ». Jésus veut enseigner ses disciples sur l’état d’esprit nécessaire pour entrer dans le royaume de Dieu : il ne s’agit pas de croire avoir automatiquement le droit d’y entrer parce qu’on est juif, ou pratiquant des formes de la religion, ou méritant par ses « bonnes œuvres ». Il faut se reconnaître humblement dépendant de la grâce de Dieu, attendre d’être considéré comme juste par lui seul (= justification), et se saisir de son pardon avec un cœur reconnaissant et confiant.
Pour avoir part au festin de noces, pour entrer dans l’alliance avec Dieu, le simple désir humain ne suffit pas. Il faut accepter la seule condition que Dieu y a mise : l’acceptation du salut par grâce, la reconnaissance que ses propres efforts de pureté et de sainteté ne servent à rien, qu’aucun mérite, aucune «ceinture de feuilles de figuier » (Gen 3.7), (Zabou, Dis Papa, explique-moi le vêtement) ne peut couvrir notre nature pécheresse, et que Dieu seul peut transformer les haillons de cette nature en habits de lumière, de justice et d’amour, par la grâce du sacrifice de son Fils en notre faveur, pour nous rendre dignes de la communion éternelle avec Lui. « Il faut en effet que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, que ce corps mortel revête l’immortalité » (1 Cor 15.53), qui n’appartiennent qu’à Dieu (1 Tim 6.16). Ainsi cette parabole de l’habit de noces est-elle le revers de la vision de Zacharie 3.1-5 : A l’inverse du sacrificateur Josué, le convive de la parabole a refusé par orgueil, présomption et absence de repentir, que Christ lui ôte ses « vêtements sales » et le revête « d’habits précieux et d’un turban pur » ! Le convive entré sans se revêtir de son habit de fête est rudement renvoyé, ligoté et jeté dehors, dans les ténèbres de la solitude sans Dieu. Sa fin tragique donne toute son importance au symbole de l’habit de noces.
Nous sommes de même jugés sur notre refus ou notre acceptation de l’œuvre de Jésus-Christ pour nous (Jn 3.17-18). C’est Lui, notre habit de noces, qui nous permet de nous asseoir à sa table pour l’éternité.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Par quelles paroles de Dieu ai-je entendu son appel à la vie éternelle ? Comment y ai-je répondu ?
- Quelles excuses est-ce que je me donne pour ne pas obéir à l’invitation de Dieu ? Pourquoi ?
- A quoi me pousse mon désir d’entrer dans le royaume ? Comment éviter de me considérer comme méritant d’y entrer ?
- Que signifie se revêtir de Jésus-Christ ? Est-ce prendre l’apparence de la piété et de la sainteté ? Est-ce cacher aux yeux des hommes nos faiblesses, nos doutes, nos erreurs, nos révoltes, sous une apparence de paix de joie et d’amour ? Est-ce obéir scrupuleusement aux exigences de la loi ? Est-ce perdre notre vraie personnalité profonde ? Est-ce devenir des chrétiens tous identiques ? Essayons de donner une définition simple et concrète de cette expression !
- De quel autre « habit » ai-je tendance à me revêtir pour assurer mon salut ?
- Le jugement de Dieu m’apparaît-il comme un festin de noces ou un tribunal ? Quelle influence ces visions ont-elles sur notre comportement ?
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