28/04/2015
Etude n°5 : Christ, Seigneur du sabbat, Luc 6.1-11 (02 05 15)
Etude n°5 : Christ Seigneur du sabbat, Luc 6.1-11
« Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat, de sorte que le Fils de l’Homme est maître même du sabbat » Marc 2.27-28.
Polyptyque de Monbéliard 16è, les épis mangés le sabbat
Observons
Deux parties distinctes à propos du Sabbat :
A : 6.1-5 : premier conflit à propos du sabbat : les épis arrachés :
a) 1-2 : Les Pharisiens scandalisés
b) 3-4 : Réponse de Jésus : David a enfreint la loi
c) 5 : Le Fils de l’homme est maître du sabbat
B : 6.-11 : second conflit à propos du sabbat : la guérison de l’homme à la main sèche
a) 6-7: malade dans la synagogue, les pharisiens épient Jésus
b) 8-10 : Question de Jésus sur le sabbat et guérison
c) 11 : Alliance contre Jésus
Questions d’observation :
A-6.1-5
- Où se situe la première scène, avec quels personnages ? (1) Qu’est-ce que les Pharisiens interdisaient de faire le sabbat ? Pourquoi ? (2)
- Quelle est la transgression de David et ses gens ? Au nom de quoi transgressent-ils la loi ? Qu’avaient de « sacré » les pains de proposition ?
- Qu’en conclut Jésus sur le geste de ses disciples ? Que met-il au dessus de la loi du repos le sabbat?
- Pourquoi se déclare-t-il maître du sabbat (v 5) ?
B- 6.6-11
- Où se situe la seconde scène ? Quels en sont les personnages ?
- Qu’y a-t-il de curieux dans la présence d’un malade dans la synagogue ? Qu’est-ce que cela signifie sur cet homme ? De quoi souffre-t-il ? Quel symbole peut-on y voir ?
- Quelles sont les attitudes et les intentions des Pharisiens (v 7)
- Que révèle l’ordre de Jésus au malade sur ses intentions profondes ?( v 8)
- Pourquoi la question posée aux Pharisiens ne rencontre-t-elle pas de réponse ?
- Quels sentiments agitent Jésus ? Comment les expliquer ?v 8, 10)
- Que rétablit Jésus en guérissant l’homme ? Que veut-il enseigner aux Pharisiens ?
- Observez la progression de l’hostilité contre Jésus dans ces deux passages ? - Quelles sont les forces et les enjeux opposés dans ces récits de guérisons ?
Comprenons :
a) Les épis arrachés
La scène champêtre décrit l’attitude naturelle et pleine de liberté des disciples qui sur la route éprouvent de la faim, et se servent dans ce que la nature leur offre. Le silence de Jésus sur ce geste semble sinon une approbation, du moins de l’indulgence envers ceux dont il connaît le besoin. Il va se servir de cet épisode de leur vie courante pour enseigner le sens réel du sabbat.
Les pharisiens sont scandalisés par ce geste, non pas qu’il soit un vol du bien d’autrui (Dt 23.26), mais parce qu’ils l’assimilaient à un travail, une moisson interdite par la loi mosaïque (Dt 34.21 ; Ex 16.26-28). Jésus et ses disciples leur semblaient non seulement enfreindre la loi, mais surtout se mettre au-dessus de la loi de Moïse. C’est pourquoi Jésus va se référer à l’exemple de David, futur roi au moment où il se permit d’utiliser les pains consacrés, destinés aux seuls sacrificateurs, pour satisfaire un besoin vital pour lui et sa troupe. En prenant cet exemple, Jésus ne veut pas en faire un cas de jurisprudence, pour justifier un acte répréhensible selon la loi. En déclarant que le sabbat n’a pas d’autre fin que le bien (physique et spirituel) de l’homme, il veut faire comprendre que l’homme n’est pas soumis à une loi cérémonielle, aveugle et inhumaine. De plus Jésus rappelle l’histoire de David parce qu’il est de sa lignée. Ainsi, en tant qu’homme, de lignée royale, et en tant que Fils de Dieu, il peut se déclarer maître du sabbat. En se nommant le Fils de l’homme il fait allusion à Daniel 7.13 : il est l’homme par lequel se fera le jugement, le Messie qui a autorité sur les lois que Dieu a établies pour le bien-être de l’homme. Il n’abolit pas la loi mais l’accomplit parfaitement.
Jésus nous place devant le choix entre l’observation d’un rite cérémoniel qui asservit et la préservation du bien-être vital de l’homme (Mt 12.7) : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ». Jésus interprète la loi selon l’esprit de cette loi, et non la lettre. Le sabbat est fait pour le bien, le repos, le développement intérieur, la guérison physique et spirituelle de chacun.
Les épis pourraient être aussi le symbole d’une nourriture spirituelle que les disciples n’ont pas reçue dans l’enseignement légaliste et la pratique conventionnelle des pharisiens de la synagogue, et qu’ils trouvent librement dans l’œuvre du Créateur et dans la présence compatissante de Jésus.
b) La guérison de l’homme à la main sèche (Polyptique de Montbéliard, 16è)
Cet épisode illustre le même principe que celui des épis : le sabbat est un jour de guérison. Il nous libère de ce qui nous dessèche par manque d’amour ou par culpabilisation, et de ce qui nous empêche d’agir ou simplement de vivre selon le plan de Dieu, libérés de l’emprise du péché. Normalement un malade n’avait pas à pénétrer dans le temple, ou même la synagogue. Sa main sèche ou paralysée, symbolise son incapacité à agir librement, comme tout le peuple soumis à l’autorité sans cœur des Pharisiens, paralysé par une culpabilisation permanente de leur part. L’homme à la main sèche vient chercher du réconfort malgré tout, et ne trouve de la part des pharisiens que le rejet et l’indifférence à ses besoins. Ils désirent par-dessus tout coincer Jésus sur son respect ou non de la loi du Sabbat. Jésus en répondant aux attentes du malade, donne une leçon de miséricorde aux pharisiens endurcis. Il annonce aussi le sens de sa mission, et insiste sur la valeur du sabbat dans cette œuvre de Dieu parmi des hommes.
Sa question toute rhétorique, puisqu’il en connaît la réponse, veut placer les pharisiens devant une évidence incontestable : s’il n’est pas permis de faire le bien le jour du sabbat, négliger le bien qu’on peut faire, ce serait faire le mal, pêcher et même tuer, selon le principe que rappellera Jacques (4.17) : « si quelqu’un sait faire le bien et ne le fait pas, il commet un péché ». La loi demandant de sanctifier le sabbat, on ne peut le sanctifier que par un acte de salut, de guérison, de miséricorde envers le malheureux. En même temps, Jésus dénonce subtilement l’hypocrisie des Pharisiens, qui prétendent observer correctement le sabbat, tout en nourrissant ce jour-là des accusations et des projets de meurtre contre Jésus (v 11).
Cette liberté d’action de Jésus est insupportable aux responsables de tous bords, dérangés dans l’exercice de leur pouvoir religieux et politique sur les autres. De simples observateurs hostiles, ils deviennent des comploteurs meurtriers (Mc 12.13). Ils s’allient aux Hérodiens, Juifs favorables à la dynastie régnante des Hérode, soutenus par les Romains, et occupant sans doute des postes importants.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce qui fait autorité dans ma vie et dans celle de l’Église ? Mes désirs, mes opinions personnelles, les principes, les règlements, la Parole de miséricorde et de liberté ? Comment cela se traduit-il dans mes relations à l’Église, à la maison, et au-dehors ?
- Le sabbat est-il un jour de libération pour moi et pour les autres ? Quel y est mon état d’esprit, quelles pensées m’habitent pendant cette journée ?
- De quoi ai-je besoin d’être libéré ou guéri aujourd’hui ? De quelle libération aussi mon voisin a-t-il besoin de ma part ?
- De quel œil est-ce que je regarde le frère ou la sœur qui n’observe pas le sabbat comme moi ou comme l’Église le demande ? Le considéré-je comme « perdu » ? De quel droit ?
09:18 Publié dans Evangile de Luc | Lien permanent | Commentaires (0)
17/04/2015
Etude n°4 : L’appel adressé aux disciples Luc 5.1-11 (25 04 15)
Etude n°4 : L’appel adressé aux disciples Luc 5.1-11 (25 04 15)
« Sois sans crainte, désormais tu seras pêcheur d’hommes vivants » Luc 5.10
Observons
V 1-3 : Qui sont les acteurs de la scène ? Dans quel décor Jésus enseigne-t-il la foule ? De quoi se sert-il pour mieux se faire entendre ? Quel souci cela marque-t-il de sa part ?
V 4-8 : Quel ordre donne Jésus à ses disciples ? Est-ce humainement de sa compétence ? Qu’est-ce que cela indique sur ses connaissances ?
Sur quoi insiste Simon dans son objection ? Pourquoi ?
Sur quoi s’appuie-t-il pour obéir ? Qu’est-ce que cela dénote dans sa relation à Jésus ?
Sur quoi insistent les versets 6 et 7 ?
V 9-11 Comment Pierre interprète-t-il la pêche surabondante ? Quelle réaction a-t-il ? Que demande-t-il à Jésus ? Qu’est-ce que cela révèle sur la relation à Jésus qu’ont les trois compagnons les plus proches de Jésus ?
Comment Jésus présente-t-il la vocation de Pierre ? Pourquoi ?
A quoi doivent renoncer les disciples pour suivre Jésus ? voir Luc 9.23.
Comprenons
Luc place l’appel aux disciples plus tard que Marc et Matthieu, pour qui il débute le ministère de Jésus. De plus, Luc l’associe à une pêche dite « miraculeuse » pour symboliser les effets de la vocation des disciples. Chez Luc, Jésus a déjà prêché à Nazareth et en Galilée où il a guéri divers malades et possédés, au point que sa renommée attire les foules, hors des synagogues et des villages, dans tous les lieux où Jésus passe. Ce jour-là il s’est rendu sur les bords du lac près de Capernaüm, son lieu de résidence habituel. Pressé par la foule désireuse de l’entendre, Jésus n’hésite pas à utiliser les moyens du bord, une barque de pêcheurs occupés à laver leurs filets sur la rive, après une nuit de pêche sans résultats. Jésus reste un homme, fatigué de parler debout, mais averti des lois de l’acoustique : sa voix porte plus loin grâce à la surface du lac. Toute la foule pourra l’entendre et le voir, les rives en pente douce formant un véritable amphithéâtre. Le propriétaire de la barque porte encore son nom de Simon, car il n’est qu’un auditeur parmi d’autres, bien disposé à l’égard de ce prédicateur qu’il accueille sans problème dans sa barque. On ne sait ce que Jésus enseigna à la foule, mais on peut le deviner à ce qu’il lut à Nazareth (Luc 4.18-19), la proclamation de la venue du Royaume.
Pour étayer et illustrer son message, Jésus accomplit un geste symbolique et prophétique. Mais il y associe Simon et ses compagnons de travail. Il leur demande leur collaboration en leur ordonnant de retourner à la pêche, et cette fois en eau profonde, et en plein jour ! Tout le contraire de leurs habitudes de professionnels ! Cet ordre devait paraître pour le moins déplacé à ces hommes aguerris à la pêche lacustre, qui se fait de nuit, non loin des bords où l’eau est plus chaude ! Simon relève d’abord l’autorité de Jésus, peut-être un peu ironiquement en l’appelant « Chef ! » (seul Luc emploie ce mot, traduit improprement par Maître, car Simon n’est pas encore son disciple) ; il lui fait remarquer leur pêche vaine et leur fatigue. Toutefois, intrigué par cette parole de Jésus, après ses enseignements généraux, il décide de le prendre au mot, de lui faire confiance. De toutes façons il n’a plus rien à perdre dans cette journée ! Et ses compagnons le suivent.
Le résultat surabondant de cette pêche extraordinaire qui dépasse toute attente, leur fait croire à un miracle ! Mais Jésus n’a sans doute pas utilisé sa puissance divine pour créer des poissons, il aura seulement utilisé sa connaissance des phénomènes propres aux lacs (de Galilée… ou de Suisse), de la présence d’un énorme banc de poissons, migrant des profondeurs froides vers des eaux plus clémentes, à ce moment et à cet endroit précis où il les envoyait pêcher. Le « miracle » est plus dans la coïncidence des circonstances que dans la création à partir de rien de l’événement.
Ces hommes frustres y voient la présence et la puissance de Dieu, ce qui les terrorise, car ils ont conscience de leur imperfection. Comme les prophètes d’autrefois, en contemplant cette manifestation divine, ils tombent à genoux et avouent leur crainte de mourir à cause de leur état de pécheur, puisqu’on ne peut voir Dieu et vivre (Exode 33.20) ! Ils ne savent pas encore qui est cet homme Jésus au pouvoir divin, et croient qu’il va les terrasser. C’est pourquoi ils l’implorent de s’éloigner ! Lorsqu’ils saisiront la grâce de Jésus, ils auront une autre démarche, l’appelant à venir les sauver ! (Les disciples dans la tempête ou Pierre marchant sur l’eau (Mat 8.25 ou 14.30). Au passage, on peut remarquer qu’à partir de cette confession, le surnom de Pierre apparaît, ajouté à celui de Simon. L’homme lorsqu’il s’avoue pêcheur, entame son processus de transformation sous l’action de la grâce divine.
C’est alors que Jésus rassure Simon, comme il le fera toujours lorsque ses disciples s’effraieront. Il lui annonce ensuite ce à quoi il l’appelle : devenir un pêcheur d’hommes vivants. Jésus part de la profession qu’ils exercent, pour leur faire comprendre le sens de son geste symbolique, mais il oppose la pêche d’animaux destinés à mourir, à la pêche d’hommes destinés à devenir des vivants pour l’éternité. Les disciples ont une œuvre de vie à accomplir, attirer dans le royaume de Dieu symbolisé par le filet qu’il lanceront dans les eaux profondes du monde, ceux qui trouveront la Vie en y entrant, en répondant à leur invitation à suivre Jésus. Eux-mêmes l’ont fait aussitôt (v 11), abandonnant leur métier, mais surtout leurs habitudes sédentaires, pour aller à l’aventure derrière Jésus qu’ils reconnaissent alors comme leur Maître.
Questions pour une application dans la vie quotidienne
- Jésus s’invite chaque jour dans notre vie, sur notre lieu de travail ou dans la famille ; Comment l’y accueillons-nous ? Avec gêne, réticence, curiosité, plaisir, empressement ?
- Quels moyens (intellectuels, matériels, professionnels, …) sommes-nous disposés à mettre à son service pour le faire connaître autour de nous ?
- Dans quelles eaux profondes, ma communauté et moi-même sommes-nous appelés à lancer notre filet, à témoigner de l’amour de Dieu ?
Qu’est-ce qui nous retient de le faire ?
- Entrés dans le filet du Royaume, sommes-nous devenus des « vivants » ? Qu’est-ce qui le prouve ?
08:00 Publié dans Evangile de Luc | Lien permanent | Commentaires (0)