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22/05/2015

Étude n°9 Jésus, l’enseignant : Luc 10.25-37 (30 05 15)

Étude n°9 Jésus, l’enseignant : Luc 10.25-37 (30 05 15)

« On était frappé de son enseignement, car il parlait avec autorité » Luc 4.32

Observons

Le contexte :

Après avoir envoyé en mission soixante dix de ses disciples, Jésus s’est réjoui de la révélation de Dieu qu’ils ont reçue par Lui, alors qu’ils ne sont pas des sages imbus de leur intelligence et de leurs connaissances (v 21-24).Bon samaritain vitrail.jpg

 

Le texte

a)    V 25-29 : dialogue entre un docteur de la loi et Jésus :

-       Quelle est l’intention du docteur de la loi ?

-       Comment sa question révèle-t-elle la préoccupation des Pharisiens ?

-       A quoi le renvoie Jésus ? Pourquoi ?

-       V 29 : De quoi et Comment le docteur de la loi cherche-t-il à « se justifier » ?

 

              b)    V 30-35 : réponse de Jésus par une parabole :

- Relever les verbes qui permettent de camper la situation (v30), Que représentent les différents personnages des versets31-32 ? Comment leur fonction explique-t-elle leurs actes ?

Qui est le quatrième personnage mis en scène en opposition aux trois autres ? Quels sont ses actes ? En quoi sont-ils extraordinaires de sa part ? (v 33-35)

c)    V 36-37 : reprise du dialogue et envoi

-       Comment Jésus reprend-il le dialogue ? Comment retourne-t-il la question initiale du docteur de la loi? Que cherche-t-il à obtenir de lui ?

-       Comment sa conclusion répond-elle au docteur ? (v 37b)

 

Comprenons

Le dialogue entre Jésus et le docteur de la loi.

En contraste avec la simplicité de cœur des enfants que Jésus avait louée, une rencontre avec un docteur de la loi va démontrer la duplicité de l’âme humaine face à Jésus : le docteur de la loi ne vient pas à Jésus pour apprendre de lui réellement comment être sauvé, car il connaît la loi par cœur (v 27) et croit que cela suffit. Il cherche plutôt à éprouver Jésus, à le prendre en défaut, pour discutailler avec lui de tel ou tel point de doctrine et de comportement.

La question du maître de la loi est inspirée par un sentiment de propre-justice et se place sur le registre du « Faire ». Au v 23, Jésus avait dit à ses disciples que pour voir Dieu, il ne s’agissait pas de « faire » mais « d’ouvrir les yeux ». Cette expression dans la Bible est toujours synonyme d’accès au monde spirituel. Pourtant Jésus renvoie le docteur de la loi à ce qu’il connaît, les Ecritures. La première question posée par Jésus fait appel non seulement à la mémoire du docteur de la loi, mais aussi à sa réflexion, à son intériorisation des termes de la loi. Le docteur a bien compris l’essence même des Ecritures, la loi d’amour de Dieu et du prochain, empruntée à Deutéronome 6.5 et Lévitique 19.18.

Jésus renvoie aussi le légiste à sa conscience sur le même registre de langage « Fais cela et tu vivras », car il sait que la loi révèle l’incapacité à « faire » et conduit à la repentance devant Dieu.

Le v 29 montre que le maître de la loi a saisi l’intention de Jésus ; sa conscience sans doute le travaille et l’accuse d’infidélité à la loi, de manque d’amour pour Dieu et son prochain. Se sentant accusé, il cherche à se justifier, à trouver une excuse. Au lieu de se tourner vers Jésus en lui demandant « Comment aimer ainsi ? », ce qui serait un aveu d’impuissance humiliant à ses yeux, il se jette sur une question théologique « Qui est mon prochain ? », question qui était un piège pour Jésus car les scribes et les pharisiens considéraient  les Juifs comme seuls prochains possibles. Les étrangers étaient exclus. Si Jésus répondait « tout homme », le maître de la loi l’aurait accusé d’être en contradiction avec leur doctrine.bon samaritian.jpg

Jésus répond par la parabole du Bon Samaritain, qui retourne la question non pas sur l’autre mais sur soi : « Lequel te semble avoir été le prochain du blessé ? », de sorte que le maître de la loi devait se demander : « Le suis-je, moi ?  L’aurais-je été à la place du Samaritain ? » Ressembler au samaritain lui paraît tellement impensable à cause des préjugés raciaux et religieux à l’égard des Samaritains, qu’il n’ose même pas en prononcer le nom. Il use de la formule générale : « Celui qui a exercé la miséricorde ! »

Jésus rompt la conversation en l’invitant à ne pas se contenter du savoir, mais à le mettre en pratique « Va et fais de même ! »

Il n’ajoute pas comme au v 28 « Et tu vivras », car ce ne sont pas les actes de charité qui sauvent. Les païens peuvent en faire autant par humanité ou désir de paraître. Le croyant les accomplit parce qu’il est rempli d’humilité devant Dieu, et poussé par l’amour de Dieu son Sauveur, qui le conduit à aimer l’autre et à éprouver  de la compassion pour lui ; il ne cherche pas à gagner son salut par de bonnes actions.

 

Interprétation littérale de la parabole

Le chemin descendant de Jérusalem à Jéricho traverse une région montagneuse et désertique où les attaques de brigands étaient fréquentes. Le voyageur de la parabole subit un sort de plus en plus tragique dont la progression va de mal en pis : attaqué, volé, dénudé, battu et abandonné à demi-mort.

Le prêtre et le lévite, par leur connaissance des Écritures et de la loi de charité, auraient dû être les premiers à l’appliquer. Mais ils sont retenus par la conscience de leurs fonctions dans le temple qui exigeaient d’eux la pureté rituelle et leur interdisaient de se souiller en touchant un mort : la haute idée de leur personnage et de leur fonction passe avant la loi d’amour, et les fait changer de côté de la route. À cela s’ajoutait peut-être la peur de subir le même sort que cet homme, s’ils s’attardaient dans les parages.

Le samaritain était un homme méprisé et haï de tout bon Juif. Il aurait pu voir dans le malheureux blessé non seulement un étranger, mais un ennemi enfin abattu ! Au lieu de cela, il écoute la voix de son cœur et s’occupe de lui avec le plus grand soin, jusqu’au bout de ses capacités, sans regarder à la dépense, appliquant à cet homme l’amour qui est demandé pour Dieu : de tout son cœur, son âme, sa force, sa pensée. C’est une belle leçon d’humanité, de dévouement désintéressé, d’ouverture à l’autre sans préjugé ni racisme.

Mais si on en reste à cette lecture, on demeure dans le domaine du « faire », de la morale, de la conduite extérieure, nécessaire mais pas suffisante pour vivre une relation vraie avec Dieu.

 

Interprétation symbolique et spirituelle

A travers cette parabole, Jésus enseigne toute l’histoire du salut.

Le chemin de Jérusalem à Jéricho symbolise le chemin de la vie de tout homme, ou de l’humanité entière. De la communion avec Dieu que représentent Jérusalem et son temple, l’homme est descendu de plus en plus bas en s’éloignant de Dieu. Il a été attaqué par Satan l’Adversaire, s’est fait voler la domination du monde que Dieu lui avait confiée  (Genèse 1.28). Il a été dépouillé du vêtement protecteur de la lumière et de la présence de Dieu, et s’est retrouvé nu = livré à lui-même, déchiré par la honte, la violence de ses passions et de ses révoltes, promis à la mort  physique et spirituelle (Genèse 3.1-13).

Le prêtre et le lévite qui passent sans secourir, peuvent symboliser l’état d’esprit des religions humaines face au problème du mal : elles sont plus motivées par le désir de pureté personnelle et par la peur de mourir, que par un véritable amour des autres qui pousse à s’oublier soi-même pour sauver. Les religions humaines sont totalement inefficaces pour sortir le pécheur de sa « mort » causée par sa séparation d’avec Dieu.

Il n’y a qu’une seule voie de salut, Jésus, symbolisé par le Samaritain. Il est méprisé par son peuple qui le considère comme étranger venu d’ailleurs, de Galilée (Jn 1.46). Pourtant, c’est lui qui est touché par l’état de l’homme blessé et à demi-mort dans son péché (= sa séparation de Dieu). C’est lui qui s’approche du pécheur au risque de sa propre vie, verse l’huile de sa grâce pour apaiser la souffrance de sa culpabilité, et le vin de son Esprit pour purifier (= désinfecter les plaies) l’être tout entier blessé par le mal. C’est lui qui recouvre le pécheur du pansement de sa justice et de son amour.

Il est aidé dans cette tâche par son âne, serviteur fidèle qui représente tous les disciples qui suivent leur Maître « partout où il va » (Apocalypse 14.4), pour Le porter vers les autres (= le faire connaître), ou collaborer concrètement à son oeuvre de salut des autres.

Jésus, ayant pris soin personnellement du pécheur, secondé par un disciple dévoué, le confie à l’hôtellerie qu’est l’Église qui prendra le relais, jusqu’à ce qu’il revienne. A son Église, Jésus donne les deniers de son Esprit pour remplir sa tâche avec efficacité et persévérance auprès des pécheurs. L’Église est composée d’un ensemble d’hôteliers qui ont tous la même tâche d’accueillir, prendre soin, nourrir les pécheurs repentants qui ont bénéficié du salut de Christ.

Jésus leur promet de combler tout ce qui pourrait leur manquer dans cette tâche, dès à présent par les arrhes de son Esprit, et dans l’éternité par la plénitude de sa présence dans son royaume.

Quand Jésus renvoie le docteur de la loi en l’invitant à être et agir comme le Samaritain, il renvoie chacun de nous à sa position face à Dieu et face à lui, le Christ. Il invite chacun à réfléchir sur qui il veut être dans le plan du salut, chacun des acteurs de cette histoire représentant une attitude spirituelle possible dans la relation avec Dieu.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-     Pourquoi Jésus enseigne-t-il par paraboles ? Qu’est-ce que cela ajoute à son enseignement ? Est-ce un moyen encore valable aujourd’hui pour faire comprendre les enseignements bibliques à nos contemporains ?

-     Comment actualiser la parabole du Samaritain en en gardant toutes les nuances ?

-      A quel personnage puis-je m’identifier dans ce récit ?

-      D’après cet exemple, qu’est-ce qui pouvait faire autorité dans l’enseignement de Jésus, par rapport aux enseignements des scribes et docteurs de la loi ?

 

15/05/2015

Ếtude n°8 La mission de Jésus : Luc 15.11-32 (23 05 15)

Ếtude n°8 La mission de Jésus : Luc 15.11-32  (23 05 15)

« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver  ce qui était perdu » Luc 19.10

 

Rembrandt Le fils prodigueFils prodigue Retour Rembrandt.jpg

Observer

- Distinguer les trois parties de cette parabole, selon les personnages. Quel est celui qui fait le lien entre elles ?

a) 11-19 : le père laisse sa liberté au fils prodigue

b) 20-24 : le père accueille et pardonne

c) 25-32 : le père invite le fils aîné

On remarque que le père se retrouve dans les trois parties du récit, et que son accueil et son pardon sont racontés dans la partie centrale, encadrée par les deux parties qui concernent ses deux fils.

 

Relever

-       les actions du père

v 12 : partage ses biens, se tait et attend

v 20 : voit son fils de loin, est ému de compassion, court se jeter au cou du fils, l’embrasse

v 22 : interrompt le fils, ordonne à ses serviteurs de préparer une fête

v 24 : explique les raisons de sa joie

v 28 : sort au devant de son fils aîné, et l’invite à entrer

v 31 : explique à nouveau sa joie

 

-       Les paroles du père

Envers son fils cadet : pas de paroles mais des actes et des ordres à ses serviteurs pour un accueil chaleureux et festif.

Utilise les mots « mon fils » pour parler de son fils revenu à ses serviteurs.

Envers son fils aîné : utilise le mot « mon enfant », « ton frère »

A chacun, il propose son bien, l’entrée dans sa maison et la participation à sa joie.

 

-       Le choix des fils

Le cadet dispose de son héritage à son gré, puis rentre en lui-même (v 17), retourne vers son père et s’humilie. Devant l’attitude du père, il l’appelle 3 fois « Papa » (v 17,18,21) et n’ose plus se proposer comme mercenaire (v 19 et 21). Il entre dans la joie du père.

L’aîné se met en colère, fait des reproches à son père, refuse sa fraternité, et la participation à la joie du père.

 

Comprenons

A la différence des deux paraboles précédentes, celle-ci insiste sur le personnage du père. Il apparaît dans les trois parties du récit comme celui qui écoute, accueille et aime ses fils, quoi qu’ils aient fait ou dit.

 

L’offre de la liberté du choix :

Le silence du père au début en dit long sur sa maîtrise des sentiments et sur sa volonté de laisser son fils libre de son choix. Il ne veut en rien imposer sa volonté, pour permettre à son fils de découvrir par lui-même le bonheur que l’on a à la suivre. Il se contente d’attendre avec patience le retour du fils. Cette liberté de choix coupe court à toute possibilité de révolte contre une autorité ressentie comme imposée.

Les deux fils ont d’ailleurs la même attitude : ils n’ont pas compris qui était leur père et ont eu le sentiment d’être soumis de force à son autorité, simplement parce que, comme fils, ils habitaient la maison et contribuaient à sa vie. Le fils aîné semble accomplir sa tâche sans l’avoir choisie et du coup ne voit pas tout ce dont il peut disposer. Il ne sait pas l’apprécier et s’en réjouir, alors que le fils cadet, qui a eu la liberté de choisir son sort, reconnaît la valeur de ce que la maison du père lui offre, et peut entrer dans la joie de son père.

 

L’offre de la libération :

Le père accueille son fils sans un reproche, en allant en hâte à ses devants, et en interrompant la confession de son fils. Il le libère de sa culpabilité immédiatement, en n’y faisant aucune allusion et le réhabilite comme fils de la maison. Son bonheur de le retrouver se marque dans son accolade, ses mots affectueux « Mon fils », et par les préparatifs de fête qu’il ordonne, qui redonnent au cadet toute sa dignité et sa valeur de fils aimé du père. Ces ordres font penser à ceux de l’ange de l’Eternel pour le sacrificateur Josué dans la vision de Zacharie (3.3-5) : Vois, je t’enlève ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête !

Le père offre aussi à son fils aîné la libération de ses sentiments négatifs vis-à-vis de lui et de son frère, en l’appelant avec amour « Mon enfant », en mettant tout à sa disposition, en l’invitant à participer à sa joie. On peut remarquer que là aussi il ne reproche rien à son fils et ne reprend aucune de ses paroles de colère.(Arcabas, le retour du fils prodigue)fils prodigue.jpg

 

L’attitude exceptionnelle de ce père révèle l’amour inconditionnel de Dieu envers chacun de nous, qui ressemblons un jour à l’un ou l’autre des fils. Jésus nous offre la liberté de choisir notre vie, suivre nos passions ou le suivre. En même temps il nous donne tout ce dont nous avons besoin pour faire le bon choix : comme le fils cadet a reçu à l’avance sa part d’héritage, nous recevons de Dieu son Esprit et ses bénédictions. A nous de les utiliser soit pour notre usage personnel, soit pour la gloire et le service de Dieu. Cette liberté de choix fait toute la dignité de l’homme et de l’enfant de Dieu en particulier. Nous ne sommes pas des marionnettes ou des robots programmés pour agir selon la volonté de Dieu. Nous sommes des créatures à son image, c’est-à-dire libres de l’aimer ou non.

Cet amour inconditionnel va jusqu’à restreindre sa propre autorité, sa propre liberté : Dieu pourrait agir avec puissance pour empêcher son fils de partir. Il préfère le laisser et attendre qu’il revienne de son propre mouvement. Dieu nous laisse faire nos expériences, même au prix de sa souffrance et de la nôtre, pour que le retour à lui soit volontaire et non imposé.

Enfin cet amour offre avant même que nous en ayons conscience  et que nous nous repentions, la libération de toutes nos culpabilités, de tous nos sentiments négatifs et corrosifs de jalousie et de rancœur, de tous nos aveuglements sur nous-mêmes et sur Dieu. Et c’est encore à nous de choisir d’être libérés ou non ! Comme le père de cette parabole, Jésus est venu dans le monde, à nos devants, pour nous chercher et nous faire entrer dans sa maison !

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Savons-nous apprécier ce que Dieu nous offre ? Avons-nous saisi son pardon ? Nous sentons-nous aimés inconditionnellement par lui ? Quels sentiments nourrissons-nous vis-à-vis de Dieu : la crainte du jugement, l’intérêt pour ses bénédictions, le sentiment du devoir à accomplir, la reconnaissance, l’amour profond ?

 

- Suis-je réjoui d’être enfant de Dieu libre et aimé ? Comment cela se manifeste-t-il dans ma vie personnelle et dans la vie de mon Eglise ?

 

- Le regard que je porte sur moi et sur les autres est-il aimant ou critique ? Qu’est-ce qui me permet de m’aimer et d’aimer les autres ? Suis-je capable dans mes relations avec mes proches d’avoir la même attitude que le père ? Qu’est-ce qui m’en empêche ?

 

- De quoi ai-je encore besoin d’être libéré par Dieu, pour entrer dans la joie de son amour ?