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08/07/2022

Étude n°3  L’épreuve, vraie cage aux oiseaux  Luc 4.1-11 (16 07 22)

Étude n°3  L’épreuve, vraie cage aux oiseaux  Luc 4.1-11 (16 07 22)oiseau libéré.jpg

"Vous êtes gardés...par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps. Vous en tressaillez d'allégresse, quoique vous soyez maintenant pour un peu de temps, puisqu'il le faut, affligés par plusieurs épreuves". 1 Pierre 1.5-6

Observons

Le contexte

A quel moment de la vie de Jésus se situe cet épisode. Que représentait-il pour Jésus ?

La structure du texte

4.1-2a : Introduction : Conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.

2b-4 : Première épreuve : le pouvoir sur la nature (changement de pierres en pains)

5-8 : seconde épreuve : le pouvoir sur les hommes et leurs royaumes

9-12 : troisième épreuve : le pouvoir sur Dieu (se jeter du haut du temple)

13 : Conclusion : retrait temporaire du diable.

- Pourquoi l'Esprit envoie-t-il Jésus au désert ?

- Que cherche Satan en tentant Jésus ? Sur quoi portent au fond les trois tentations ? Par quel moyen Satan le tente-t-il ? Comment Jésus répond-il ?

- Comment Jésus sort-il de ces tentations ? Quelles leçons tirer pour nous de ce récit ?

Comprenons

Le contexte

Jésus vient d’être baptisé dans le Jourdain par Jean le Baptiste, en Judée. Il a reçu de Dieu la confirmation de son identité (3. 22) de Fils de Dieu, incarné dans la lignée d’Abraham, de Sem et d’Adam (3.23-38). La puissance du Saint-Esprit est descendue sur lui pour l’aider à accomplir sa mission. (22)

Le baptême de Jésus est difficile à interpréter si l’on considère la nature divine de Jésus : il n’avait nul besoin de ce symbole de purification et de pardon des péchés ; il était parfaitement juste ! Si l’on considère son humanité de fils d’Adam, « semblable à ses frères en toutes choses » (Phi 2.7 ; Hb 2.17)sauf en ce qui concerne le péché, Jésus devait passer par les eaux du baptême pour signifier par un geste concret  à la fois sa « mort », son renoncement à son ancienne vie de simple homme de Nazareth, anonyme et silencieux, et son engagement dans sa nouvelle vie publique et sa mission de Messie. Par ce symbole de mort et de résurrection (Rm 6) Jésus annonçait les caractères essentiels de sa vie terrestre et de sa mission de salut. L’approbation divine qu’il reçoit par l’envoi de l’Esprit, et sa reconnaissance par le Père comme Fils de Dieu lui confirment le bien-fondé de son acte symbolique, et lui donnent la plénitude de la puissance divine pour affronter une vie de douleur et de renoncement à soi, jusqu’au sacrifice de la croix et …une glorieuse résurrection.

Le texte.

1- L’introduction : Les trois récits de la tentation de Jésus (Mt 4.1 ; Mc 1.12 ; Lc 4.1) commencent tous par les mots « Poussé (chassé, jeté, conduit) par l’Esprit au désert, pour (Mt) y être tenté par le diable », « où (Marc et Luc) il était tenté par le diable pendant quarante jours ». Comment est-ce possible ? Dieu veut-il mettre en difficulté, éprouver son Fils, au risque de sa chute et de l’anéantissement de sa mission ? On retrouve cette prise de risque de Dieu dans l’Ancien Testament, dans les récits de l’envoi du peuple hébreu sorti de l’esclavage d’Égypte, sur le chemin du désert, où il se heurtera aux épreuves de la Mer Rouge (Ex 14), de la soif (Ex 15.22-27 ; 17.1-5) de la faim (Ex 16), ou de l’hostilité des voisins nomades (Ex 17.8-16). A chaque expérience, le peuple eut l’occasion d’éprouver sa confiance en Dieu, de purifier sa foi (1 Pi 1.6-7), de progresser dans sa marche avec Dieu physiquement et spirituellement.

De même le prologue de Job, si scandaleux à nos yeux, où Dieu donne délibérément à Satan le pouvoir d’éprouver son serviteur juste Job, peut nous amener à comprendre les versets introductifs de la tentation de Jésus.

 L’intention de Dieu n’est pas que Jésus soit tenté (Jc 1.13), ou que Job souffre. Dieu cherche à éclairer son peuple, son serviteur Job, et même son Fils, sur leur état intérieur, sur le sens de leur vie, sur la profondeur de leur confiance en Lui, et sur la place qu’Il tient dans leur cœur et leurs décisions.

L’épreuve n’est pas un test sadique pour faire connaître à Dieu la résistance de ses enfants : Dieu connaît d’avance le cœur et la vie de chacun. L’épreuve est un test pour chacun de ses enfants, qui a besoin d’être confronté à lui-même, comme le sportif teste ses capacités dans des exercices progressifs. Dieu sait aussi que  « dans le désert de la solitude, du silence, du dépouillement des préoccupations terrestres et matérielles, il pourra mieux préciser ses choix de vie (voir Gomer menée dans le désert pour découvrir sa réalité profonde et y entendre la voix de Dieu désirant renouveler son alliance avec elle : Osée2.10-22).

Ainsi après son baptême qui signe l’engagement de Jésus dans sa mission, Dieu l’envooiseaux en cage bleu.jpgie en « retraite », en « quarantaine », pour qu’il ait la claire conscience de ce qu’implique cette « mort » qu’il a mimée dans son baptême. Comme l’oiseleur qui couvre la cage et l’obscurcit pour apprendre à ses oiseaux à chanter une mélodie sans être distraits par l’environnement.

Dans la solitude et le jeûne, Jésus peut méditer sur les choix à faire pour remplir sa mission de Messie, Fils de Dieu, Sauveur. Marc dit qu’il était  avec les bêtes sauvages et que les anges le servaient (1.13 ; Mt 4.11). Ces bêtes sauvages symboliseraient-elles les épreuves, les souffrances extérieures et intérieures qu’il affronta dans cette retraite, et qu’il maîtrisa grâce à la sollicitude de son Père et à son attachement à sa Parole ?

Le jeûne prolongé qu’il s’impose n’est pas une simple purification physique, mais une préparation spirituelle et une consécration entière à sa relation avec Dieu. Aucune préoccupation extérieure ne doit disperser sa concentration.

2- La première épreuve (3-4)

Le diable, ou l’Adversaire, profite de la faiblesse physique de Jésus dont l’humanité est bien réelle puisqu’il éprouve le besoin de manger. Satan utilise ce besoin naturel et vital pour tenter Jésus et l’inciter à tester son pouvoir de Fils de Dieu pour son profit immédiat et élémentaire : se pourvoir en pain à partir des pierres du chemin, utiliser son pouvoir sur la nature pour sa satisfaction personnelle et matérielle. La tentation de l’égoïsme et du matérialisme se double d’une autre tentation plus subtile à laquelle l’homme n’a pas su échapper : l’abus du pouvoir humain sur la nature. Cet abus se manifeste aujourd’hui dans tous les domaines et provoque le mouvement de l’écologie pour sauver la planète : transformer des pierres en pain, c’est maintenant pour faire du profit, transformer des forêts en papier, épuiser les sources d’énergie non renouvelable, forcer génétiquement les céréales, engraisser chimiquement les champs, nourrir les animaux aux hormones ou aux farines animales, utiliser les embryons humains pour la recherche médicale ou bientôt le clonage, comme s’ils étaient de simples objets, pousser ses performances physiques et intellectuelles par des drogues ou des stupéfiants, changer son apparence physique par des chirurgies coûteuses. Toutes ces attitudes relèvent de la même tentation d’abuser de son pouvoir sur l’environnement naturel et sur sa propre nature humaine, au nom du profit qu’on peut en tirer.

Jésus repousse cette tentation en lui opposant les Écritures, qui élèvent la conscience des préoccupations matérielles à  la satisfaction des besoins spirituels qui font de l’homme une créature à part dans le monde animal, un vis-à-vis et une image de Dieu (Gn 1.26-27). Sa nourriture spécifique est d’ordre spirituel : la Parole de Dieu (Lc 4.4). Par ces mots, Jésus annonce aussi l’orientation de son ministère : amener l’homme à dépasser le terrestre, à ne pas s’en contenter, pour voir et entendre les réalités du monde spirituel divin.

3- La seconde épreuve (5-8)

Ici encore nous trouvons une tentation d’abuser de son pouvoir, cette fois sur les hommes. C’est l’aspiration, ô combien universelle, de dominer les autres, d’avoir une emprise sur eux, de diriger leur vie selon sa propre vision. C’est une des conséquences de la séparation d’avec Dieu prophétisée au premier couple : (Gn 3.16) « Tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi». Les relations d’amour entre les hommes sont transformées en rapports de force. On retrouve aussi cette tentation dans l’histoire de Babel. L’unification du monde sous un seul pouvoir, avec une pensée unique (= un même langage) et un même projet mégalomane, conduisait à un totalitarisme universel, que Dieu vint empêcher, pour permettre à ses enfants de survivre, libres de le servir (Gn 11.1-9).

Jésus, en tant que Dieu, avait cette possibilité et même le droit, de diriger le monde. Comme Adam au moment de la chute  à la Création, il pouvait être tenté d’utiliser ce pouvoir glorieux après son incarnation. Mais celle-ci aurait été rendue vaine !

Lorsque Satan s’attribue le pouvoir sur les royaumes, et la capacité de le « donner à qui il veut », il prononce une demi-vérité : Depuis Adam qui la lui a abandonnée, il possède en effet la maîtrise du monde, mais il ne peut  en disposer à sa guise, car il dépend de la volonté de l’homme d’accepter ou de rejeter l’offre satanique de la toute-puissance sur l’autre. Ce que Satan appelle se prosterner devant lui, l’adorer, c’est l’acceptation par l’homme de se soumettre à sa tyrannie, en obéissant aux désirs naturels d’un cœur sans Dieu.

Ainsi l’épreuve devient une occasion de choisir : rester fidèle à Dieu comme Jésus, en se considérant comme un serviteur aimant (Mt 24.45-46 ; Luc 22.25-26 ;  Pi 5.5-6), et non un maître potentat (Mt 24. 49), ou s’imposer à l’autre et chercher à le dévorer. Ce second volet de l’alternative est à l’origine de tous les esclavages, anciens ou nouveaux : par exemple, dans le domaine du travail soumis aux principes de la productivité et de la rentabilité, on voit se multiplier les suicides de cadres trop stressés, ou à cause de la mondialisation, des familles entières au chômage, ou des enfants et des ouvriers misérables exploités dans les pays dits en développement ; dans le domaine des relations personnelles, les violences conjugales, les « crimes d’honneur », les meurtres "religieux" de nouveaux convertis chrétiens, se multiplient et causent de nombreuses victimes. Les exemples ne manquent pas au niveau mondial, mais qu’en est-il au niveau personnel ? La volonté de dominer l’autre peut motiver nos attitudes, souvent inconsciemment, et provoque violence verbale, mépris de l’autre, manipulations diverses, mensonge et vanité, qui pourrissent les relations.

Pour la seconde fois, Jésus oriente ses regards sur la Parole de Dieu pour refuser de se soumettre à Satan, et rappeler le sens de la vie humaine : rendre un culte à Dieu, adorer son Seigneur. Cela implique l’abandon du désir de pouvoir (Phi 2.3, 6) et l’engagement dans un service les uns des autres pour la gloire de Dieu seul (Jn 13.14-15 ; 1 Co 6.20b).

4- La troisième épreuve (Luc 9-12)

Satan essaie de pousser Jésus à utiliser son pouvoir de Fils de Dieu pour accomplir sa mission sans passer par la mort  ni la souffrance, grâce à un miracle extraordinaire. Puisque sa mission comprend la révélation de Dieu aux yeux des hommes, qu’il se révèle lui-même tout de suite comme possédant le pouvoir de Dieu, comme immortel et au-dessus des lois physiques du monde ! Les foules ébahies ne pourraient qu’être attirées par lui, puisqu’elles attendaient un Messie glorieux et tout puissant.

Pour Jésus c’était la voie facile, le raccourci égoïste vers la gloire divine. Pour nous, cette tentation du pouvoir divin s’assimile à la présomption qui nous fait prendre la place de Dieu, en décidant par exemple de faire le tri par nous-mêmes entre le « bon grain » et « l’ivraie » (Mt 13.28-30), ou encore en prenant notre volonté pour celle de Dieu dans les décisions de la vie de famille ou d’église. Cette tentation est très subtile car elle se pare du voile de la religion, et même de la Parole de Dieu (Luc 4.10-11). On se réclame des promesses divines, on croit être dans la bonne voie, sans discerner qu’en fait on cherche à manipuler Dieu, à trouver des solutions plus rapides à sa place (voir l’histoire d’Abram et Agar, Gn 16.1-3 ou celle de Jacob, Gn 25.29-34 ; 27.1-29). On se leurre sur ses propres motivations profondes qui ne sont que la copie de la tentation originelle « Vous serez comme des dieux ! » (Gn 3.4-5), indépendants, immortels et tout puissants.

Jésus n’est pas dupe de cette utilisation de l’Écriture par Satan, et de sa ruse. Pour la troisième fois il repousse sa suggestion. Sa mission n’est pas de révéler un Dieu « surhomme » et glorieux, mais un Dieu qui aime tellement ses enfants qu’il est prêt à se sacrifier pour qu’ils aient la vie éternelle (Jn 3.16).

A son exemple, pour repousser cette tentation de pouvoir divin, il nous est demandé d’accepter de passer avec humilité par l’épreuve de notre foi.  Dans les obstacles et les difficultés à surmonter, la foi est purifiée et fortifiée (1 Pi 1.7), car Dieu en nous remplissant de son Esprit nous donne les forces de traverser l’épreuve (1 Co 10.13), et d’en faire une occasion de croissance spirituelle.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Dans la souffrance quelles sont mes plus grandes tentations: maudire Dieu comme la femme de Job (Job 2.9), me résigner et attendre que cela passe, refuser la situation et lutter pour éliminer à tout prix ma souffrance ou éloigner la mort, faire de la situation une occasion de plaintes ou d’accusation des autres et imposer à mon entourage l’aigreur de mon caractère ? Comment puis-je éviter de retomber continuellement dans les mêmes schémas de comportement en réaction contre ce qui m’arrive de douloureux ?
  • Comment puis-je faire de l’épreuve, si petite soit-elle (une vexation, une contrariété, un incident inopiné, etc.) une occasion de grandir dans la foi, dans l’amélioration de mon caractère et de mon comportement (= la sanctification), et dans le service des autres ?
  • En quoi suis-je concerné(e) par les trois tentations de pouvoir (sur la nature, sur les hommes et sur Dieu) présentées à Jésus ? Que l’Esprit m’inspire et me guide pour discerner avec honnêteté les ressorts profonds de mes attitudes et de mes actes, et pour trouver en Dieu la force de repousser ces tentations !
  • Par quelles expériences douloureuses ai-je conscience d’avoir appris à fortifier ma foi? Comment ma relation à Dieu et aux autres en a-t-elle été modifiée ?

01/07/2022

Étude n°2  (Sens) des épreuves à venir 1 Pierre 4.12-19 (09 07 22)

Étude n°2  (Sens) des épreuves à venir 1 Pierre 4.12-19 (09 07 22)
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"Bien-aimés, ne soyez pas surpris de la fournaise qui sévit parmi vous pour vous éprouver, comme s'il vous arrivait quelque chose d'étrange ; au contraire, réjouissez-vous de participer aux souffrances de Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de sa gloire". 1 Pie 4.12-13

Observons 

Le contexte

- Où se situe ce passage dans l'épitre ? A quoi Pierre avait-il exhorté ses destinataires (4.1-2, 8) ? Dans quel but, v 11 ? 

Le texte

 Distinguez les trois parties autour de deux thèmes opposés  (le feu de l’épreuve : fournaise, souffrances, outrages, honte, et la joie en Christ : se réjouir, allégresse, gloire, heureux, Esprit de gloire, glorifier Dieu, juste sauvé (opposé à impie pécheur)

  • v 12-13 : être avec Christ dans la souffrance pour se réjouir avec lui dans la gloire
  • v 14-16 : souffrir pour sa foi, et non pour ses crimes, glorifie Dieu
  • v 17-18 : les épreuves constituent « le jugement » de la maison de Dieu

- Pou

Quelle est la Conclusion : v 19 ?

Comprenons

Le contexte

La première épître de Pierre s’adresse à des croyants éprouvés et persécutés (1.6 ; 2.19-20), pour les exhorter à marcher à l’exemple de Christ (2.21) dans la justice et la sainteté au milieu des souffrances qu’ils subissent injustement pour leur foi.

Pierre joue tout le long de sa lettre sur le contraste entre l’espérance et la joie du salut qui habitent le croyant, et les persécutions qu’il subit de la part des impies.

Notre passage se situe à la fin de la troisième partie de l’épître (2.11-4.19), où Pierre exhorte le chrétien à agir et souffrir comme Christ, pour qu’en toutes choses Dieu soit glorifié (4.11) dans l’attente du jour du jugement (4.5,7). Après un appel à la vigilance, à l’amour fraternel (4.7-10) et à l’exercice des dons de Dieu pour  Sa gloire, Pierre revient au problème des épreuves ou des souffrances du croyant.

Le texte

Les malheurs qui surviennent dans la vie du chrétien ne sont pas étranges pour plusieurs raisons :

  • ils servent à « éprouver » (v 12) la foi, à donner des preuves de foi, en même temps qu’à la fortifier et la purifier de tout ce qui n’est pas l’Evangile de Dieu (1.6-7), de tout ce sur quoi l’homme pouvait s’appuyer en dehors de Dieu (confort, argent, famille, santé, préjugés, mérites, etc.
  • ils font participer aux souffrances de Christ (v 13), c’est-à-dire que comme Christ a été persécuté, ses disciples le sont aussi (Jn 15.20). Christ ayant souffert, peut soutenir ses disciples dans leurs souffrances (Hb 2.18 ; 2 Co 1.4-5, 7), par son Esprit qui repose sur le croyant.
  • ils sont l’occasion de glorifier Dieu par une conduite sainte et une espérance inébranlable dans la gloire à venir (v 13b, 15-16, 19b).

Enfin, ils participent au « jugement » du peuple de Dieu. Attention ! Il n’est pas dit que les malheurs sont des punitions de Dieu pour les fautes commises par l’homme pécheur (Luc 13.1-5). Les souffrances ne sont pas des châtiments de Dieu, mais parfois des conséquences inéluctables de mauvais choix de vie, (à l’exemple de l’indigestion qui survient après une trop grande absorption de nourriture). Dieu ne veut pas la souffrance de l’homme, en « punition » de ses fautes (Ez 18.23). Mais s’il y a faute, Dieu laisse ses effets atteindre l’homme, comme moyens pédagogiques (Job 33.19 ; Dt 8.5), pour lui faire prendre conscience de l’état de son cœur et le ramener à Lui (Dt 8.2 ).

 Pierre ici veut signifier que les épreuves inopinées servent de « révélateurs » des enfants de Dieu, car un des sens du mot biblique « jugement » est « libération », « mise en lumière » (Jn 3.19-21). Dans l’épreuve, le croyant, par son attitude de paix intérieure, de bonté envers les autres, d’espérance et même de joie (v 13), va révéler ce qu’est un « fils de Dieu » habité par l’Esprit de Dieu. L’épreuve est l’occasion de révéler les choix spirituels et moraux du croyant qui se sait sauvé et justifié par Dieu (v 18). Par là même l’épreuve opère un tri parmi les vrais et faux croyants, une séparation des « fils de Dieu » de l’hypocrisie et de la confusion générale ambiante (Ap 18.4 : Sortez de Babylone, mon peuple !). « Car le Jour fera connaître l’œuvre de chacun, parce qu’elle se révèlera dans le feu, et le feu éprouvera de quelle nature elle est » (1 Co 3.13-15 ; 1Pi 1.6-7).

Ce texte de Pierre est un de ceux sur lesquels nous appuyons notre conviction adventiste du « jugement préliminaire » au retour de Christ. Ce tri parmi ceux qui se disent chrétiens dans le monde permet de déterminer et de rassembler le peuple des croyants, qui entrera dans le Royaume céleste. Les épreuves subies par les croyants au nom de leur foi en Christ sont symbolisées et prophétisées dans le récit du jugement de Salomon (1 Rois 3.16-28), (véritable « type » du jugement préliminaire de la maison de Dieu) par l’épreuve de l’épée menaçant la vie du fils, qui permet à la vraie mère de se révéler. (Voir en annexe une étude de ce texte pour comprendre ce que nous entendons sous le vocable de « jugement de Dieu »).

Pierre distingue nettement les souffrances injustes du croyant persécuté parce qu’il obéit à la volonté de Dieu, le Créateur, des souffrances justifiées par des délits qui vont de l’indiscrétion au meurtre. S’ingérer dans les affaires des autres (= surveiller autrui, littéralement), peut s’entendre de toute démarche ou activité entreprise envers l’autre sans y avoir été appelé (1 The 4.11). Cela procède d’un zèle intempestif assimilé au prosélytisme (2 Ti 3.6) dont on accusait certains chrétiens dans le monde antique, sous prétexte qu’ils semaient le trouble et la division  dans les familles et le peuple (Ac 17.6-7). Il paraît bon à Pierre de rappeler que telle n’est pas la conduite attendue de ceux qui se réclament du nom de Christ, leur exemple en toutes choses. Le nom de « chrétien » leur fut attribué par les païens en injure haineuse contre Christ. Les chrétiens sont invités au contraire à le considérer comme un titre de gloire, et à en faire une occasion de témoigner de leur appartenance et de leur croyance dans leur Créateur et  Sauveur en suivant l’exemple et la volonté de Christ (v 19).

Ce verset 19 peut prêter à confusion : ce ne sont pas les souffrances qui sont voulues de Dieu (Ja 1.13 : le verbe grec « tenter » peut être aussi traduit par « éprouver » : Que personne ne dise, lorsqu’il est tenté : C’est Dieu qui me tente,…car Dieu ne tente lui-même personne). Les épreuves ou souffrances surviennent sur le croyant, parce qu’il agit selon la volonté de Dieu en accomplissant le bien dans un monde qui se complait dans la rébellion et la désobéissance à Dieu (17b). La conduite droite du croyant met en lumière la turpitude de l’incroyant et provoque ainsi son rejet, comme ce fut le cas pour Jésus. Il peut ainsi « se réjouir » dans la souffrance de ressembler à son Maître (Mt 5.11 ; Ac 5.41)

Une autre torsion du texte est actuellement de croire que du moment qu’on est persécuté, que l’on souffre beaucoup, c’est qu’on accomplit la volonté de Dieu : on ferait de la persécution la preuve de notre justice ! On risque alors de tomber dans la propre-justice, et l’illusion d’être saint et pur ! La souffrance devient un mérite dont on peut se prévaloir devant Dieu « J’ai beaucoup souffert, j’ai droit à la faveur de Dieu ! » Cette conception méritoire de la souffrance est totalement étrangère à Pierre et à toutes les Écritures.

En conclusion, dans la souffrance le chrétien est appelé à remettre sa vie au Créateur, et à faire le bien.  

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

  • Comment est-ce que je porte le nom de « chrétien » ? Avec gêne, avec discrétion pour ne pas choquer, avec fierté (Rm 1.16), avec orgueil et ostentation ? Quels exemples de ces attitudes puis-je retrouver dans ma vie et en témoigner ?

 

  • M’est-il arrivé de souffrir pour mes convictions et mes choix de chrétien ? Quelles ont été mes émotions, mes sentiments et mes réactions ?

 

  • Comment garder joie et espérance dans l’épreuve ? Quels passages bibliques, quelles promesses divines soutiennent ma foi à ce moment-là ? Lesquel(le)s choisirai-je pour « consoler » mon voisin, mon frère dans la foi, quand il est éprouvé ?

 

  • Dans l’épreuve, prions l’Esprit Saint de nous donner le discernement de notre part de responsabilité dans ce qui nous arrive, et la volonté de nous tourner vers Dieu pour recevoir de Lui pardon, consolation et persévérance dans la foi.

 

ANNEXE  

L’équipe de l’AET (A l’Écoute du Texte) de l’UFB ayant choisi pour ce sabbat de se pencher sur le texte de 2 Corinthiens 12.7-10, Nous présentons ici en complément  quelques réflexions au sujet du verset 9 de ce passage :

2 Corinthiens 12.9 : Ma grâce te suffit

Pour comprendre ce que dit Paul, on doit examiner le contexte :

Paul a dû défendre son ministère contre de faux apôtres qui l’avaient contesté et dénigré pour se mettre en valeur eux-mêmes. Paul a été obligé de « se glorifier » (v 1) c’est-à-dire de rappeler les révélations et bénédictions qu’il a reçues et qui justifient son ministère auprès des Corinthiens. Mais il « se glorifie » à contre cœur, car il sait bien que tout lui vient de Dieu, et que lui-même est faible et même infirme : il a une écharde dans la chair (v 7) pour le lui rappeler constamment. Toute la gloire de son ministère revient donc à Dieu seul !

 La réponse de Dieu à sa prière d’être délivré de son infirmité (dont on ne connaît pas la nature, mais qui semble être soit une maladie des yeux, soit un défaut d’élocution, 1 Cor 2.3-4 ; Gal 4.13-14) n’est pas l’exaucement qu’attendait Paul ! Dieu veut lui donner beaucoup plus. Dieu se donne à lui gratuitement, l’accepte tel qu’il est faible et infirme, et Dieu agit avec lui d’autant plus puissamment que Paul s’est reconnu impuissant et a abandonné toute velléité de se glorifier lui-même, de mettre son MOI, son Ego, en avant.

Paul ayant accepté que Christ habite en lui, reconnaît ses souffrances et ses difficultés comme des occasions de manifester l’action puissante de Dieu dans et par sa vie. Par sa faiblesse, il laisse toute la place au Seigneur de se manifester et d’être glorifié.

 

Nous avons dans la Bible plusieurs exemples de la même humilité. En voici parmi d’autres :

Moïse en s’avouant incapable de parler à Pharaon (Ex 4.10) va permettre à Dieu d’agir avec puissance pour délivrer son peuple. Ce sera l’œuvre de Dieu et non celle de Moïse !

Gédeon manifestera la puissance de Dieu en acceptant de partir au combat avec une force militaire très réduite (Juges 7.5-8). La victoire en reviendra à Dieu.

David refuse les armes de Saül et part au devant de Goliath, armé d’une fronde et de sa foi en Dieu (1 Sam 17.37) ! Jonathan de même attaque le poste des Philistins à lui tout seul, fortifié par l’assurance que rien n’est impossible à Dieu (1 Sam 14.6).

Esther, en acceptant d’affronter avec humilité son époux Assuérus, même au péril de sa vie, voit son  audace récompensée et sauve son peuple.

Marie se reconnaissant l’humble servante du Seigneur, fait l’expérience de sa grâce en devenant mère du Sauveur. Cette grâce lui a suffi pour affronter le regard condamnateur des autres et les risques de mort que sa situation de mère célibataire comportait (Mat 1 ; Luc 2).

Jean-Baptiste a accepté de s’effacer devant Jésus, lui permettant ainsi de commencer son ministère de grâce (Mat 3.11).

La dernière rencontre de Pierre et Jésus révèle tout l’amour et la grâce du Ressuscité pour son disciple repentant et humble devant lui. Son pardon (= sa grâce) vont faire de lui un apôtre audacieux pour annoncer la Bonne Nouvelle devant le sanhédrin juif (Jean 21 et Actes 4).

Par tous ces exemples, et ceux que nous pouvons constater dans nos expériences de vie, le Seigneur nous appelle à l’humilité, à l’ouverture à son Esprit et aux dons et bénédictions qu’il veut répandre en nous et à travers nous. Nous pouvons mettre notre totale confiance en Lui et nous le verrons accomplir de grandes choses car Il nous aime, et veut « faire tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » (Rom 8.28).

Pour cela interrogeons-nous : qu’avons-nous à délaisser pour permettre à Dieu d’agir avec puissance en nous et par nous ?