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13/03/2020

Étude n°12 Du Nord et du Sud vers le plus beau des pays Daniel 11.36-45 (21 03 20)

Étude n°12 Du Nord et du Sud vers le plus beau des pays Daniel 11.36-45 (21 03 20)

« Quelques-uns parmi les clairvoyants trébucheront afin d’être épurés, purifiés et blanchis, jusqu’au temps de la fin, car elle n’arrivera qu’au temps fixé » Dan 11.35

 luttes entre rois du Nord et du Sud.jpg

Observons

  • Retrouver dans ce long exposé de combats, l’expression-clé qui revient 3 fois (v 3, 16, 36).
  • En se référant aux visions précédentes (ch 7, 8) expliquées à Daniel, quelles périodes de l’histoire peut-on discerner dans cette lutte du Nord et du Sud ?
  • Relever tous les termes qui désignent Israël, puis le Christ et les chrétiens (v 22, 28, 30-33, 39, 41, 45, 12.1).
  • V 36-39 : Quelles sont les caractéristiques de ce dernier « roi » ? Comparer avec Dan 7.8, 11a ; 8.23-25. A qui peut-il être identifié ? Ap 13.1-11
  • Comment se terminera ce grand conflit ? 11.45-12.1.

Comprenons

C’est le chapitre des révélations de l’ange sur le « grand conflit » annoncé en 10.1 et sur « ce qui doit arriver au peuple dans la suite des temps » (10.14). Le ch 11 détaille à Daniel l’histoire de son peuple à partir de la période qu’il est en train de vivre, l’empire perse, clairement mais très brièvement nommé (v 2). Daniel mourra en effet un an après le décret de Cyrus, après avoir vu partir vers Jérusalem les premiers exilés, que l’âge l’empêchait d’accompagner.

Pour ceux qui s’intéressent à l’Histoire, voici un essai d’identification des évènements qui ont marqué l’histoire troublée du Moyen-Orient après  Daniel, jusqu’au temps de la fin où nous sommes arrivés.

Jusqu’à présent, Daniel avait reçu la révélation de l’histoire concernant son peuple à travers des visions d’animaux ou d’une petite corne symbolisant les puissances terrestres. Les périodes décrites précédemment sous forme d’animaux symboliques s’enchaînent ici sous forme de récits avec des personnages humains et passent d’une étape à l’autre par l’expression « le roi fera ce qu’il voudra » (v 3, 16, 36) :

Cette expression « le roi fera ce qu’il voudra » est la clé du chapitre 11. Grâce aux versets 3, 16, 36, on distingue ainsi quatre étapes importantes qui tiennent compte des visions précédentes de Daniel :         

1- v 1-2 : L’empire Médo-Perse concerné par le ch 10.

2- v 3-15 : La période hellénistique avec la lutte entre les rois du Nord et du Sud (jusqu’à 30 av JC).

3- v 16-35 : l’empire romain païen puis chrétien

4- v 36- 45 : les temps de la fin

Première période : L’empire Médo-Perse

versets 1-2 : Les termes en sont clairs, il s’agit de la Perse, à partir de l’époque où se situe le prophète Daniel. Les trois rois  sont Cyrus, en place à ce moment-là, Cambyse, puis Darius 1er (différent du Darius le Mède, roi de Babylone avec Cyrus (ch 9.1). Le 4ème  est Xerxès, appelé Assuérus dans le livre d’Esther. C’est lui qui se rendra célèbre dans l’histoire par les défaites qu’il subit à Marathon (490 av JC) et Salamine (480) dans sa lutte contre les Grecs, ou royaume de Javan. On passe sous silence les rois du déclin de la Perse.

Seconde période : les rois hellénistiques

Verset 3 :Le vaillant roi dominateur et puissant qui « fera ce qu’il voudra » (v 3) annonce Alexandre le Grand dont le royaume sera partagé en 4 entre les Ptolémées.

verset 5 : Que représentent ces rois du Nord et du Midi ? Il faut les situer par rapport à Israël : le royaume du Nord, c’est la Syrie avec la lignée des Séleucides, le royaume du midi, c’est l’Égypte avec la lignée des Ptolémée.

Pendant deux cents ans, Israël sera située entre les deux camps opposés : c’est la période intertestamentaire où les Juifs sont très malheureux, comme le prouve l’histoire des Macchabées.

Ptolémée, général d’Alexandre s’est approprié le Sud. Séleucus a été d’abord général de Ptolémée, a conquis grâce à lui son territoire, puis est devenu plus puissant que lui.

verset 6 : une alliance s’est faite entre le Nord et le Sud, par le mariage de Bérénice, petite-fille de Ptolémée avec Antiochus II, petit-fils de Seleucus. Mais Antiochus était déjà marié avec Laodice, qu’il ne répudia pas. Cette femme fit tuer Bérénice et son fils, puis Antiochus lui-même pour mettre sur le trône son propre fils. Laodice devint reine du Nord, tandis que le frère de Bérénice, Ptolémée III, devint roi d’Égypte au Sud.

verset 7 : le « rejeton de ses racines », c’est-à-dire le frère de Bérénice, pour venger le meurtre de sa soeur, envahit le Nord, la Syrie. C’est la phase d’extension du pouvoir égyptien.

Le verset 8 confirme l’identification du royaume du Sud, c’est bien l'Égypte ! Les dieux égyptiens emportés par Bérénice en Syrie, sont ramenés par Ptolémée III en Égypte.

verset 9 : le fils de Laodice, Seleucus II fait la guerre à l’Egypte mais sans aucun gain.

verset 10 : Ses deux fils, Seleucus III et Antiochus III lui succèdent : Seleucus, assassiné après trois ans de règne, avait attaqué les alliés de l’Égypte en Asie Mineure. Antiochus III en 219 av JC, part contre Ptolémée IV, jusqu’à Rafia, situé entre la Palestine et l’Égypte.

verset 11-12 : Ptolémée lève une multitude de troupes égales à celles d’Antiochus,(62000 hommes, 6000 cavaliers,102 éléphants) et gagne la bataille de Rafia. Mais au lieu d’écraser le Nord, il en reste là. Antiochus subit une défaite cuisante où il perdit 10000 soldats.

verset 13 : Le Nord en profite pour refaire ses forces, et se tourner vers l’Est, vers l’Inde. En 203, Ptolémée IV en Égypte meurt avec la reine, laissant un enfant de 5 ans, Ptolémée V, pour lui succéder. Le Nord en profite pour réattaquer le Sud.

verset 14 : avec l’expression « en ce temps-là » est introduite l’histoire du peuple juif proprement dit : Les « hommes violents de ton peuple », les Macchabées, se révoltent sous Antiochus IV Epiphane. La puissance romaine est montante à ce moment-là : en 200 a eu lieu la défaite de Carthage, en 190 celle d’Antiochus III à Magnésie.

verset 15 : S’agit-il d’Antiochus III ou IV ? et de la bataille de Gaza où l’Egypte s’est rendue ? Antiochus IV a bien mené une campagne contre l’Egypte, mais il a été arrêté par un émissaire romain. Il avait en effet été élevé chez les Romains, comme un otage. Furieux d’être arrêté dans sa campagne contre l’Egypte, il se venge au retour en s’emparant du temple de Jérusalem et en le profanant. C’est pourtant la fin des Ptolémée, en 30 avant JC.

Troisième période : l’empire romain

A partir de là, il n’est plus question de rois car les empereurs romains n’ont pas de dignité royale, puisqu’ils sont issus d’une république.

 verset 16 : Celui qui marchera contre lui fera ce qu’il voudra et s’arrêtera dans le plus beau des pays (= Israël): les Romains dominent la situation sans qu’on ait vu la fin des royaumes du Nord et du Sud. La conquête de la Palestine se fit par Pompée en 63 avant JC.

verset 17 : la reine du Midi, Cléopâtre, fut la maîtresse de Jules César, membre du triumvirat consulaire de Rome, avec Pompée et Crassus, après qu’il eut évincé ses deux collègues. César assassiné, Cléopâtre choisit Antoine. Mais celui-ci fut vaincu à la bataille d’Actium par Octave qui devint empereur sous le nom d’Auguste.

versets 18-19 : ces versets évoquent les conquêtes des pays côtiers (= îles) par César, puis sa brusque chute par assassinat.

verset 20 : Auguste ordonnera entre l’an 8 et l’an 5 av JC, un recensement de tout son empire. Ce recensement avait un but fiscal, c’est pourquoi il est question d’un « exacteur », ou collecteur d’impôt, dans « la plus belle partie du royaume », Israël, qui était devenu un territoire soumis à Rome. C’est le moment de la naissance de Christ (Luc 2.1). Auguste fut « brisé », mourut dans son lit, dans la paix générale de son empire.

verset 21 : Tibère, célèbre pour ses intrigues devint empereur après Auguste, sans être de sa descendance.

verset 22-24 : on peut voir dans « le chef de l’alliance » Jésus, le Messie, le « Prince » qui fait une solide alliance dans Daniel 9.27, mais qui est mis à mort, tandis que l’empire romain continue ses conquêtes.

verset 25 : la réapparition du roi du Sud surprend, car le royaume d’Egypte n’existe plus. Y a-t-il eu une rébellion égyptienne contre le pouvoir romain ?

verset 26 : on a vu ici la mort des empereurs romains assassinés ou empoisonnés par leurs proches (Caligula, Claude, Néron ?)

verset 27 : pour les deux rois dont il est question ici, il pourrait s’agir des descendants de Hérode en Palestine, qui ont eu des affinités avec les empereurs Caligula et Claude. Hérode Agrippa, favorisait les Juifs au détriment des chrétiens.

verset 28 : l’alliance sainte représente le christianisme auquel les puissants sont opposés.

versets 29-31 : Kittim est le nom donné à l’île de Chypre. Il serait fait allusion ici au débarquement de l’armée romaine dans le pays de Palestine et à la destruction de Jérusalem en 70 ap JC. Ceux qui ont abandonné l’alliance sainte sont les Juifs pharisiens qui ont refusé le Christ. Leur temple a été détruit et profané, et les sacrifices ont été abolis définitivement.

versets 32-35 : les persécutions contre les chrétiens se déchainèrent depuis Néron jusqu’à la venue de Constantin, qui alliant l’Eglise et l’Etat, fera entrer le monde païen dans l’Eglise par intérêt politique (v 34). Toutefois un reste fidèle et sage semble subsister au sein de ces persécutions (v 35).

Quatrième période : les temps de la fin (v36-45)

verset 36 : le roi qui fera ce qu’il voudra pourrait désormais être la petite corne de Daniel 7.20-21, 25) en qui nous voyons le pouvoir papal : il s’est donné le titre de vicaire de Dieu, représentant de Dieu sur la terre, et a persécuté les fidèles à la Parole de Dieu.

verset 37 : son orgueil sera tel, qu’il ne tiendra plus compte des autres dieux, pas même de la divinité « qui fait les délices des femmes ». D’après Jérémie 44.15-30, cette « reine du ciel », était adorée par les femmes en accord avec leurs maris, pour obtenir la fertilité. C’était autrefois Astarté ; peut-on voir un transfert de cette déesse sur la Vierge Marie, « Reine du ciel » que les femmes adorent plus particulièrement, pour avoir les faveurs de Dieu ?  Le système papal n’honore-t-il pas Marie comme paravent de sa propre glorification et adoration ?

verset 38 : alors que jusqu’à présent on adorait les puissances de la nature qu’on divinisait, apparaît une autre adoration étrangère : celle de l’Homme, sous-jacente dans toutes les idéologies modernes, humanisme, communisme, capitalisme, évolutionnisme, etc., qui s’appuient sur la force armée et financière des pouvoirs politiques en place (dieu des forteresses, or, argent). Le « piédestal » ou « lieu » d’adoration de ce dieu Homme est-il le coeur humain, symbolisé par la Babylone d’Apocalypse 17 ?

verset 39 : En contraste, existent les « lieux fortifiés » par le Seigneur, les cœurs de ceux qui refusent l’adoration de l’Homme, malgré tous les avantages qu’elle pourrait procurer.

verset 40-45 : « Au temps de la fin » réapparaissent les rois du midi et du Nord, puissances musulmanes de l’Égypte, et de l’Irak-Syrie, qui dans leur combat contre Israël, le plus beau des pays, se déchirent entre eux, tout en laissant en dehors le pays de Moab ou Jordanie. Ces versets annoncent-ils des événements à venir prochainement, ou même en train de s’accomplir sous nos yeux ? L’Égypte n’est-elle pas la proie des intégristes islamiques, parce qu’elle est trop tiède vis-à-vis d’Israël ? Le terrorisme palestinien n’a-t-il pas dressé ses tentes jusqu’à la glorieuse et sainte montagne de Jérusalem (v 45) ?

Chapitre 12.1-2

C’est en ce temps-là que « Michaël, le grand chef, le défenseur de son peuple se lèvera, et ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés ».

Au milieu de ces combats terrestres, Daniel voit en filigrane s’accomplir le plan de Dieu : v 22 : le prince de l’alliance, mentionné en 9.27, est le Messie mis à mort sous Tibère ; v 28 : l’alliance sainte représenterait le peuple fidèle à Dieu, juif  puis chrétien, persécuté par les puissants ; ceux qui ont abandonné l’alliance seraient les Juifs qui n’ont pas reconnu en Jésus leur Messie et qui ont entraîné la profanation et la destruction du temple en 70 ap JC. Le temps des persécutions, puis des compromis à l’époque de Constantin (v 33-34) permettra l’émergence de « clairvoyants » (35), fidèles et sages, « lieux fortifiés » par le Seigneur, au milieu d’une idolâtrie générale provoquée par la puissance terrestre et blasphématoire de la petite corne (v 36 // 7.8, 11 ;  8. 9-11et 23-25). Celle-ci favorisera le culte nouveau de l’Homme, divinisé (dieu étranger, parce que jusque-là on adorait surtout les forces de la nature, v 39) et soutenu par la force et l’argent (v 38 : dieu des forteresses honoré avec l’or…). Le v 37 pourrait faire allusion au culte marial (divinité bien-aimée des femmes, Marie a remplacé inconsciemment l’Astarté antique), qui ne servirait que de paravent à la propre glorification du système papal.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Face aux guerres terrestres, suis-je conscient(e) de leur enjeu spirituel, de la guerre menée dans les coulisses par Satan contre Christ, par hommes interposés ?
  • Dans quel camp puis-je me situer, celui des désespérés ou des persécuteurs, ou celui des artisans de paix, des « clairvoyants » ?
  • Suis-je « un lieu fortifié » par le Seigneur, scellé de son Esprit pour rester ferme dans ce combat spirituel qui se passe autour de moi et en moi et qui se manifeste dans les guerres humaines contre les fidèles de Dieu ?
  • L’espérance du jour où Micaël se lèvera me soutient-elle pour dépasser les épreuves de ma vie ?

 

 

08:00 Publié dans Daniel | Lien permanent | Commentaires (3)

06/03/2020

Étude n°11 De la bataille à la victoire Daniel 10.11-21(14 03 20)

Étude n°11 De la bataille à la victoire Daniel 10.11-21(14 03 20)

« Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours ; Mais voici que Micaël l’un des principaux chefs est venu à mon secours et je suis demeuré là auprès des rois de PerseMicaël contre Satan (Guido Reni1636 Rome).jpg » Dan 10.13

(Illustration : Micaël vainqueur de Satan, 17ès, Guido Réni, Rome)

Observons

Ch 10 : Introduction à la vision du « grand combat » dans l’avenir du peuple.

V 1-3 : Moments et circonstances de la vision :

V 1 : Quel est le titre de ce chapitre ? Qu’annonce-t-il ?

V 2-3 : Quels préparatifs Daniel raconte-t-il avoir fait ? 

V 4-9 : Apparition de l’être céleste et effets sur Daniel : Quel personnage apparut à Daniel ? Comment l’identifier ? Ap 1.14-15. Quels effets produisit la vision sur les accompagnateurs de Daniel et sur Daniel lui-même ? Mat 17.6 ; Mat 28.4 ; Jean 18.6

V 10-11.1 Dialogue entre l’ange et Daniel :

V 10-12 : Comment se présente l’ange de la vision ? Que fait-il auprès de Daniel ? Pourquoi vient-il près de Daniel ?

V 13 et 20-11.1 : Quelle explication donne-t-il à Daniel sur la lutte spirituelle menée par Micaël ? Distinguer les personnages qui se cachent sous les mots « chef » et « rois » ? Quel  en est l’issue contemporaine de Daniel ?

V 14 : qu’annonce le personnage céleste à Daniel, en rapport avec le v 1 et les chapitres 11-12 ?

V 15-19 : Comment prépare-t-il Daniel à recevoir la vision des ch 11 et 12 ?

 

Comprenons

Les circonstances historiques : Récapitulons ce que nous savons de la chronologie des événements de la chute des Chaldéens de Babylone :

 La prise de Babylone par l’armée de Cyrus eut lieu en 538 avant JC (Daniel 5.30). Cyrus, roi de Perse, installa comme « gouverneur » de Babylone son oncle Darius le Mède ou « Cyaxare II » d’après Xénophon (Les deux noms signifient respectivement « dominateur » et « potentat » et peuvent s’appliquer au même personnage). C’est sous ce Darius que Daniel fut jeté dans la fosse aux lions (ch 6), et eut la vision du chapitre 9. Cyrus continua ses conquêtes, pendant deux ans, puis devint effectivement « roi de Babylone » la troisième année après la prise de Babylone, soit selon la façon antique de compter, en 536 av JC. Son premier acte de roi fut de promulguer un édit permettant aux Juifs de partir à Jérusalem reconstruire leur temple. Le retour au pays commença donc avec Zorobabel en 536 av JC (Esd 1.1).

La façon de dater ses visions nous montre que Daniel considérait les règnes de Darius et Cyrus comme débutant tous deux à la prise de Babylone, ce qui lui fait écrire que la vision du ch 9 eut lieu la première année de Darius (9.1 ; 11.1), et celle du chapitre 10, la 3ème année de Cyrus(10.1). Cette 3ème année est considérée par Esdras (Esd 1.1) comme la première de son règne effectif à Babylone, après la mort de Darius. Daniel mourut sans doute à la fin de cette année, après avoir vu le premier départ des exilés pour Jérusalem (Daniel 1.21).

Daniel pendant le bref gouvernement de Darius se posait des questions sur le sort de son  peuple. Il avait lu les prophéties de Jérémie qui parlaient de retour à Jérusalem après 70 ans d’exil depuis la première déportation de Juda, en 606 av JC (Jér 25.11-12). Daniel savait que cette longue période arrivait à son terme, et priait  intensément pour son peuple (9.3). Dieu répondit à la prière de Daniel par la vision des 70 semaines pour son peuple, où sont annoncés un décret libérateur, mais aussi une longue période jusqu’à ce que le Saint des Saints soit consacré (9.24-25). Cette prophétie était incompréhensible pour Daniel.

Puis, à l’avènement de Cyrus comme roi de Babylone, soit la 3ème année de son règne sur la Perse (10.1), Daniel fit connaître à Cyrus les prophéties de Jérémie et d’Esaïe 45, où 150 ans avant, le prophète avait appelé Cyrus « l’oint de l’Eternel » pour libérer le peuple d’Israël. Il se mit en prières pendant 21 jours, ou trois semaines (10.2, 12, 13). Trois jours après la fin de son jeûne (10.4), une vision lui est accordée où lui sont révélés les dessous cachés de l’histoire : Cyrus a résisté 21 jours aux révélations divines (10.13): il devait être difficile pour lui de laisser le peuple d’Israël partir et reconstruire son temple à Jérusalem. Au bout d’un long combat spirituel, il a accepté de promulguer l’édit libérateur.

La vision du chapitre 10 annonce un grand combat, en l’appelant au verset 1 « une grande calamité » (Segond) « une grande guerre » (Bible annotée de Neuchâtel), « un grand combat » (Colombe). Sous la lutte intérieure du roi Cyrus (v 13), est révélé pour la première fois à Daniel et aux personnages de l’Ancien Testament, le grand conflit qui existe entre les puissances spirituelles, prenant fait et cause pour ou contre les rois terrestres Les détails de ce conflit seront révélés aux ch 11-12.

Jusqu’à présent, Daniel avait reçu la révélation de l’histoire concernant son peuple à travers des visions d’animaux ou d’une petite corne symbolisant les puissances terrestres. Au ch 9 l’ange Gabriel lui révèle directement la prophétie des 70 semaines, en réponse à sa prière fervente. Au ch 10, Daniel reçoit l’annonce d’un « grand combat », qu’il affirme comprendre pour la première fois (10.1), mais qui sera détaillé aux chapitres suivants !

Daniel impressionné par la vision du Fils de l’homme (10. 5-6) dans sa fonction de sacrificateur au jour du jugement (= vêtu de lin et portant une ceinture d’or), tel que le verra Jean (Ap 1.13-15, est réconforté par un ange, sans doute Gabriel dont le nom signifie entre autres « la force de Dieu » (ch 9.21-23 ; 10.16, 18), qui lui explique que pendant les trois semaines de prière et de jeûne de Daniel, lui, assisté de Micaël, luttait contre l’ange maléfique gardien de la Perse (13), pour inciter Cyrus à entrer dans le plan de Dieu et à promulguer le décret qui mettra fin à l’exil des Israélites et leur permettra de rentrer à Jérusalem et de reconstruire le temple (537 av JC).

A l’époque de Daniel encore on croyait que Dieu faisait tout, le bien comme le mal, puisque l’objectif de l’enseignement de l’Ancien Testament est de démontrer que Dieu est le seul vrai Dieu. Il a fallu à Daniel les visions précédentes qui parlaient de martyrs, avec une bête et une petite corne qui persécutent les saints, pour qu’il commence à percevoir l’existence d’un grand combat dans le ciel (= spirituel).

Dans le titre du chapitre,  (10.1) pour la première et unique fois, Daniel affirme qu’il « comprit la parole et en eut l’intelligence par la vision ». Pourtant cette révélation l’atterre, et lui fait perdre toutes ses forces (v 8-9, 17). Il lui faut tous les encouragements et le contact intime de l’ange Gabriel (9.21 ; 10.16, 18), pour   pouvoir entendre les explications détaillées du chapitre 11. Celui-ci fera connaître « ce qui doit arriver à ton peuple dans la suite des temps, car la vision concerne encore ces temps-là » (10. 14).On peut alors comprendre que la révélation circonstancielle du v 13 (la lutte des êtres angéliques pour convaincre Cyrus de laisser partir les Juifs) n’est qu’une préfiguration du grand conflit qui agitera les rois de la terre contre le peuple de Dieu, et qui se terminera au temps de la fin par la venue de Micaël pour délivrer ceux qui seront inscrits dans le livre de vie (12.1 ; Ap 19.11-16).

La crise intérieure de Cyrus est le reflet  du grand combat spirituel (= dans le ciel) entre Christ et Satan. Pour la première fois dans l’ancien Testament est révélé à Daniel ce combat spirituel qui conditionne les événements de l’histoire humaine. Jusqu’alors l’existence de Satan, comme puissance du mal, n’était pas très claire, car on ne pouvait admettre qu’il y ait face au Dieu unique et tout-puissant, un autre être révolté et doué d’intelligence et de puissance. Jean dans Ap 12 en aura aussi la révélation, pour que l’Église soit « clairvoyante », et fortifie son courage et sa foi dans la victoire acquise par Christ à la croix et à la résurrection.

Pour évoquer le combat intérieur et « céleste » de Cyrus, l’ange utilise des mots dont nos traductions ne rendent pas toujours la différence.

Au verset 13, l’ange Gabriel qui lui était déjà apparu au chapitre 9.21, parle ainsi :

« Le chef (sar) du royaume de Perse m’a résisté 21 jours ; mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs (sarim), est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois (melech) de Perse ». Le mot « sar » est bien différencié du mot habituel pour parler du roi « melech ». Il n’est jamais employé par Daniel pour un roi terrestre, et dans le reste de la Bible, on l’utilise pour David, chef de bande luttant contre Saül (1 S 22,2), pour Rezon, chef de Damas et ennemi juré de Salomon(1 R 11.24) ; ce nom est donné au Conseiller, Dieu Puissant, Père Eternel, Prince de la paix, annoncé par Esaïe (9.5). Il désigne aussi tous les chefs de la cour du roi Jojakim, qui écoutèrent le livre des prophéties de Jérémie, et des chefs du peuple revenu d’exil qui vinrent trouver Esdras pour régler le problème des mariages avec des femmes impies.

Dans Daniel 10.13 il désigne aussi Micaël, l’un -ou le premier- des principaux chefs angéliques. On peut donc penser que dans ce verset, le mot « sar » désigne le prince des puissances spirituelles, en opposition au mot « melech » qui désigne le roi terrestre de Perse.

Gabriel, l’envoyé de Dieu, a dû combattre avec l’aide de Micaël, une autre puissance (sar) adversaire qui inspire le roi de Perse. Micaël « Qui (est) comme Dieu », apparaît chaque fois dans un contexte de guerre : ici, pour soutenir le combat de Gabriel contre un « prince » céleste dirigeant ou manipulant le roi de Perse ; au chapitre 12.1, Micaël est le grand chef défenseur du peuple juif ; en Jude 9, il dispute le corps de Moïse à Satan. En Apocalypse 12.7, il lutte avec ses anges contre Satan et ses anges. Ces trois textes montrent Micaël en lutte contre Satan, l’ange révolté qui voulut prendre sa place (Es 14.14), et qui après avoir séduit un tiers des anges (Ap 12.4), cherche à faire de même avec les hommes (Ap 12.12), bien que sa défaite soit assurée par le sacrifice et la résurrection de Christ (Ap 12.10). Seul Christ peut combattre Satan et le vaincre. Seul Celui « Qui est comme Dieu » peut combattre la prétention de Satan à être comme Dieu et à diriger le monde (Es 14.14)  ! Micaël est donc le nom de guerre de Christ, contre la puissance adverse de Satan. 

A l’issue du combat spirituel à propos de la fin de l’exil , Cyrus promulgua son édit de reconstruction du temple de Jérusalem. Les anges continuèrent à influencer (11.1) les décisions des rois de Perse en faveur des Juifs (Néhémie 2), jusqu’à l’arrivée des nouveaux maîtres grecs (10.20).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Dans les choix de vie qui se présentent à moi, comment entendre et écouter la voix de Christ  qui veut me guider vers mon bien et ma victoire sur le mal ?
  • Quels sont mes points de résistance à la voix de Christ ?
  • Quel message d’espérance et de confiance en Dieu puis-je tirer de ce texte ?

 

 

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