06/03/2020
Étude n°11 De la bataille à la victoire Daniel 10.11-21(14 03 20)
Étude n°11 De la bataille à la victoire Daniel 10.11-21(14 03 20)
« Le chef du royaume de Perse m’a résisté vingt et un jours ; Mais voici que Micaël l’un des principaux chefs est venu à mon secours et je suis demeuré là auprès des rois de Perse » Dan 10.13
(Illustration : Micaël vainqueur de Satan, 17ès, Guido Réni, Rome)
Observons
Ch 10 : Introduction à la vision du « grand combat » dans l’avenir du peuple.
V 1-3 : Moments et circonstances de la vision :
V 1 : Quel est le titre de ce chapitre ? Qu’annonce-t-il ?
V 2-3 : Quels préparatifs Daniel raconte-t-il avoir fait ?
V 4-9 : Apparition de l’être céleste et effets sur Daniel : Quel personnage apparut à Daniel ? Comment l’identifier ? Ap 1.14-15. Quels effets produisit la vision sur les accompagnateurs de Daniel et sur Daniel lui-même ? Mat 17.6 ; Mat 28.4 ; Jean 18.6
V 10-11.1 Dialogue entre l’ange et Daniel :
V 10-12 : Comment se présente l’ange de la vision ? Que fait-il auprès de Daniel ? Pourquoi vient-il près de Daniel ?
V 13 et 20-11.1 : Quelle explication donne-t-il à Daniel sur la lutte spirituelle menée par Micaël ? Distinguer les personnages qui se cachent sous les mots « chef » et « rois » ? Quel en est l’issue contemporaine de Daniel ?
V 14 : qu’annonce le personnage céleste à Daniel, en rapport avec le v 1 et les chapitres 11-12 ?
V 15-19 : Comment prépare-t-il Daniel à recevoir la vision des ch 11 et 12 ?
Comprenons
Les circonstances historiques : Récapitulons ce que nous savons de la chronologie des événements de la chute des Chaldéens de Babylone :
La prise de Babylone par l’armée de Cyrus eut lieu en 538 avant JC (Daniel 5.30). Cyrus, roi de Perse, installa comme « gouverneur » de Babylone son oncle Darius le Mède ou « Cyaxare II » d’après Xénophon (Les deux noms signifient respectivement « dominateur » et « potentat » et peuvent s’appliquer au même personnage). C’est sous ce Darius que Daniel fut jeté dans la fosse aux lions (ch 6), et eut la vision du chapitre 9. Cyrus continua ses conquêtes, pendant deux ans, puis devint effectivement « roi de Babylone » la troisième année après la prise de Babylone, soit selon la façon antique de compter, en 536 av JC. Son premier acte de roi fut de promulguer un édit permettant aux Juifs de partir à Jérusalem reconstruire leur temple. Le retour au pays commença donc avec Zorobabel en 536 av JC (Esd 1.1).
La façon de dater ses visions nous montre que Daniel considérait les règnes de Darius et Cyrus comme débutant tous deux à la prise de Babylone, ce qui lui fait écrire que la vision du ch 9 eut lieu la première année de Darius (9.1 ; 11.1), et celle du chapitre 10, la 3ème année de Cyrus(10.1). Cette 3ème année est considérée par Esdras (Esd 1.1) comme la première de son règne effectif à Babylone, après la mort de Darius. Daniel mourut sans doute à la fin de cette année, après avoir vu le premier départ des exilés pour Jérusalem (Daniel 1.21).
Daniel pendant le bref gouvernement de Darius se posait des questions sur le sort de son peuple. Il avait lu les prophéties de Jérémie qui parlaient de retour à Jérusalem après 70 ans d’exil depuis la première déportation de Juda, en 606 av JC (Jér 25.11-12). Daniel savait que cette longue période arrivait à son terme, et priait intensément pour son peuple (9.3). Dieu répondit à la prière de Daniel par la vision des 70 semaines pour son peuple, où sont annoncés un décret libérateur, mais aussi une longue période jusqu’à ce que le Saint des Saints soit consacré (9.24-25). Cette prophétie était incompréhensible pour Daniel.
Puis, à l’avènement de Cyrus comme roi de Babylone, soit la 3ème année de son règne sur la Perse (10.1), Daniel fit connaître à Cyrus les prophéties de Jérémie et d’Esaïe 45, où 150 ans avant, le prophète avait appelé Cyrus « l’oint de l’Eternel » pour libérer le peuple d’Israël. Il se mit en prières pendant 21 jours, ou trois semaines (10.2, 12, 13). Trois jours après la fin de son jeûne (10.4), une vision lui est accordée où lui sont révélés les dessous cachés de l’histoire : Cyrus a résisté 21 jours aux révélations divines (10.13): il devait être difficile pour lui de laisser le peuple d’Israël partir et reconstruire son temple à Jérusalem. Au bout d’un long combat spirituel, il a accepté de promulguer l’édit libérateur.
La vision du chapitre 10 annonce un grand combat, en l’appelant au verset 1 « une grande calamité » (Segond) « une grande guerre » (Bible annotée de Neuchâtel), « un grand combat » (Colombe). Sous la lutte intérieure du roi Cyrus (v 13), est révélé pour la première fois à Daniel et aux personnages de l’Ancien Testament, le grand conflit qui existe entre les puissances spirituelles, prenant fait et cause pour ou contre les rois terrestres Les détails de ce conflit seront révélés aux ch 11-12.
Jusqu’à présent, Daniel avait reçu la révélation de l’histoire concernant son peuple à travers des visions d’animaux ou d’une petite corne symbolisant les puissances terrestres. Au ch 9 l’ange Gabriel lui révèle directement la prophétie des 70 semaines, en réponse à sa prière fervente. Au ch 10, Daniel reçoit l’annonce d’un « grand combat », qu’il affirme comprendre pour la première fois (10.1), mais qui sera détaillé aux chapitres suivants !
Daniel impressionné par la vision du Fils de l’homme (10. 5-6) dans sa fonction de sacrificateur au jour du jugement (= vêtu de lin et portant une ceinture d’or), tel que le verra Jean (Ap 1.13-15, est réconforté par un ange, sans doute Gabriel dont le nom signifie entre autres « la force de Dieu » (ch 9.21-23 ; 10.16, 18), qui lui explique que pendant les trois semaines de prière et de jeûne de Daniel, lui, assisté de Micaël, luttait contre l’ange maléfique gardien de la Perse (13), pour inciter Cyrus à entrer dans le plan de Dieu et à promulguer le décret qui mettra fin à l’exil des Israélites et leur permettra de rentrer à Jérusalem et de reconstruire le temple (537 av JC).
A l’époque de Daniel encore on croyait que Dieu faisait tout, le bien comme le mal, puisque l’objectif de l’enseignement de l’Ancien Testament est de démontrer que Dieu est le seul vrai Dieu. Il a fallu à Daniel les visions précédentes qui parlaient de martyrs, avec une bête et une petite corne qui persécutent les saints, pour qu’il commence à percevoir l’existence d’un grand combat dans le ciel (= spirituel).
Dans le titre du chapitre, (10.1) pour la première et unique fois, Daniel affirme qu’il « comprit la parole et en eut l’intelligence par la vision ». Pourtant cette révélation l’atterre, et lui fait perdre toutes ses forces (v 8-9, 17). Il lui faut tous les encouragements et le contact intime de l’ange Gabriel (9.21 ; 10.16, 18), pour pouvoir entendre les explications détaillées du chapitre 11. Celui-ci fera connaître « ce qui doit arriver à ton peuple dans la suite des temps, car la vision concerne encore ces temps-là » (10. 14).On peut alors comprendre que la révélation circonstancielle du v 13 (la lutte des êtres angéliques pour convaincre Cyrus de laisser partir les Juifs) n’est qu’une préfiguration du grand conflit qui agitera les rois de la terre contre le peuple de Dieu, et qui se terminera au temps de la fin par la venue de Micaël pour délivrer ceux qui seront inscrits dans le livre de vie (12.1 ; Ap 19.11-16).
La crise intérieure de Cyrus est le reflet du grand combat spirituel (= dans le ciel) entre Christ et Satan. Pour la première fois dans l’ancien Testament est révélé à Daniel ce combat spirituel qui conditionne les événements de l’histoire humaine. Jusqu’alors l’existence de Satan, comme puissance du mal, n’était pas très claire, car on ne pouvait admettre qu’il y ait face au Dieu unique et tout-puissant, un autre être révolté et doué d’intelligence et de puissance. Jean dans Ap 12 en aura aussi la révélation, pour que l’Église soit « clairvoyante », et fortifie son courage et sa foi dans la victoire acquise par Christ à la croix et à la résurrection.
Pour évoquer le combat intérieur et « céleste » de Cyrus, l’ange utilise des mots dont nos traductions ne rendent pas toujours la différence.
Au verset 13, l’ange Gabriel qui lui était déjà apparu au chapitre 9.21, parle ainsi :
« Le chef (sar) du royaume de Perse m’a résisté 21 jours ; mais voici, Micaël, l’un des principaux chefs (sarim), est venu à mon secours, et je suis demeuré là auprès des rois (melech) de Perse ». Le mot « sar » est bien différencié du mot habituel pour parler du roi « melech ». Il n’est jamais employé par Daniel pour un roi terrestre, et dans le reste de la Bible, on l’utilise pour David, chef de bande luttant contre Saül (1 S 22,2), pour Rezon, chef de Damas et ennemi juré de Salomon(1 R 11.24) ; ce nom est donné au Conseiller, Dieu Puissant, Père Eternel, Prince de la paix, annoncé par Esaïe (9.5). Il désigne aussi tous les chefs de la cour du roi Jojakim, qui écoutèrent le livre des prophéties de Jérémie, et des chefs du peuple revenu d’exil qui vinrent trouver Esdras pour régler le problème des mariages avec des femmes impies.
Dans Daniel 10.13 il désigne aussi Micaël, l’un -ou le premier- des principaux chefs angéliques. On peut donc penser que dans ce verset, le mot « sar » désigne le prince des puissances spirituelles, en opposition au mot « melech » qui désigne le roi terrestre de Perse.
Gabriel, l’envoyé de Dieu, a dû combattre avec l’aide de Micaël, une autre puissance (sar) adversaire qui inspire le roi de Perse. Micaël « Qui (est) comme Dieu », apparaît chaque fois dans un contexte de guerre : ici, pour soutenir le combat de Gabriel contre un « prince » céleste dirigeant ou manipulant le roi de Perse ; au chapitre 12.1, Micaël est le grand chef défenseur du peuple juif ; en Jude 9, il dispute le corps de Moïse à Satan. En Apocalypse 12.7, il lutte avec ses anges contre Satan et ses anges. Ces trois textes montrent Micaël en lutte contre Satan, l’ange révolté qui voulut prendre sa place (Es 14.14), et qui après avoir séduit un tiers des anges (Ap 12.4), cherche à faire de même avec les hommes (Ap 12.12), bien que sa défaite soit assurée par le sacrifice et la résurrection de Christ (Ap 12.10). Seul Christ peut combattre Satan et le vaincre. Seul Celui « Qui est comme Dieu » peut combattre la prétention de Satan à être comme Dieu et à diriger le monde (Es 14.14) ! Micaël est donc le nom de guerre de Christ, contre la puissance adverse de Satan.
A l’issue du combat spirituel à propos de la fin de l’exil , Cyrus promulgua son édit de reconstruction du temple de Jérusalem. Les anges continuèrent à influencer (11.1) les décisions des rois de Perse en faveur des Juifs (Néhémie 2), jusqu’à l’arrivée des nouveaux maîtres grecs (10.20).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans les choix de vie qui se présentent à moi, comment entendre et écouter la voix de Christ qui veut me guider vers mon bien et ma victoire sur le mal ?
- Quels sont mes points de résistance à la voix de Christ ?
- Quel message d’espérance et de confiance en Dieu puis-je tirer de ce texte ?
08:00 Publié dans Daniel | Lien permanent | Commentaires (0)
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