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28/02/2020

Ėtude n°10 De la confession à la consolation Daniel 9.17-27 (07 03 20)

Ėtude n°10  De la confession à la consolation Daniel 9.17-27 (07 03 20)

« Seigneur, écoute ! Seigneur, pardonne ! Seigneur sois attentif !Agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu ! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple ! » Dan 9.19

Observons

Le coAnge Gabriel explique à Daniel.jpgntexte : Ce chapitre 9 du livre de Daniel situe les événements (v 1) treize ans environ après le ch 8 et s’articule avec ce ch 8 sur le mot « comprendre «  (8.27 ; 9.2). La première moitié du chapitre rapporte la prière pleine d’impatience de Daniel (3-19) à laquelle l’ange Gabriel vient apporter une réponse (20-23), sous la forme d’une explication prophétique de la vision précédente (8.13-14).

(Illustration : L’ange Gabriel expliquant la vision à Daniel, fresque à Kurbinovo, Yougoslavie, 11è s)

 

Le texte :

La réponse divine mêle en alternance une prophétie messianique (a, a1, a2) et des points de repères historiques de son accomplissement (b,b1,b2) :

v 24 : Introduction générale : annonce des 70 semaines pour le peuple et la ville jusqu’au Messie :

a) 25a : 69 semaines (7 + 62) jusqu’à la venue du Messie

b) 25b : Reconstruction de la Ville

a1) 26a : Dans la 70ème semaine mort du Messie

b1) 26b : Destruction de la Ville comme par une inondation

a2) 27a : Dans la première moitié de la 70ème semaine, alliance et mort sacrificielle du Messie.

b2) 27b : Destruction de la Ville, puis du dévastateur profanateur.

Comprenons

Le prophète Daniel exilé à Babylone depuis le premier siège de Jérusalem par Nébucadnetsar, en 606 av JC, a bénéficié de multiples visions dans son long ministère de 70 ans, auprès des rois de Babylone. Ces visions, relatées en araméen pour être comprises de tous, mêmes des non-Juifs, ont dressé un tableau de l’histoire des empires du monde, depuis Babylone jusqu’à la fin des temps (voir les ch 2 et 7). Au ch 8, une vision spéciale rapportée en hébreu parce qu’elle ne concerne que le peuple d’Israël, répond à l’inquiétude de Daniel sur le sort du sanctuaire et de Jérusalem en ruines depuis la dernière déportation en 587 av JC. Daniel se désolait de grand-prêtre à l'encensoir vitrail.jpgces ruines (8.13), car il croyait que Dieu ne pouvait manifester sa présence et sa grâce qu’en ces lieux. La durée de 2400 soirs et matins indiquée par l’ange Gabriel (8.14) jusqu’à « la restauration  ou purification du sanctuaire », semblait à Daniel une période si longue qu’il en resta abattu et malade d’incompréhension (8.27).

Durant treize ans, Daniel va sonder les Écritures pour essayer de comprendre la vision mystérieuse. En retrouvant les écrits de Jérémie et ses prophéties concernant l’exil à Babylone (25.11 ; 29.10), il saisit avec soulagement que la période d’exil touche à sa fin : Cyrus le Perse, appelé sauveur (= messie) par Ésaïe (44.28 ; 45.4) a pris Babylone (ch 5), et mis sur le trône son général Darius le Mède (6.1). Daniel comprend que s’accomplit la première partie de ses visions antérieures (passage de la tête d’or ou du lion aux ailes d’aigle (= empire babylonien, 2.38 ; 7.4) aux épaules et bras d’argent ou à l’ours dressé sur un côté, ou encore au bélier à deux cornes différentes (= empire des Perses et des Mèdes, 8.20). Il est personnellement cette année-là l’objet d’une délivrance miraculeuse dans la fosse aux lions (ch 6). Sa recherche des prophéties de Jérémie et Esaïe peut l’avoir amené à considérer cette délivrance personnelle comme le symbole de la délivrance proche de son peuple ! Son désir de la voir s’accomplir le pousse à adresser à Dieu une prière de repentance, en se solidarisant  avec le peuple pécheur (9.1-15), et à réclamer avec insistance (v 19) le pardon des péchés du peuple exilé (v 16) et l’intervention sans tarder de Dieu en faveur de la ville de Jérusalem et de son sanctuaire dévastés (v 17-19)

L’ange Gabriel (= « héraut du Seigneur ») qu’il avait vu dans sa vision précédente (9.21) treize ans auparavant, revient lui expliquer une partie de la vision incompréhensible des 2300 soirs et matins.

La prophétie de Jérémie des 70 ans d’exil laissait espérer à Jérémie et à Daniel un messie terrestre, libérateur du peuple, comme l’attend encore Israël depuis Moïse, et comme de nombreux personnages bibliques ont été nommés, à l’image d’Aaron (Ex 28.4), Saül (2 Sa 1.14), David (1Sa 16.6,13), et même Cyrus (Es 45.1), chaque libérateur politique  étant considéré comme messie, oint de l’Éternel.

La révélation de Gabriel va briser ce schéma étroit de la pensée de Daniel et lui annoncer un Messie dont la mission est plus vaste et plus spirituelle.

En partant de la préoccupation terrestre, matérielle et circonstancielle de Daniel à propos de son peuple, de sa ville, et du sanctuaire, Gabriel porte les regards de Daniel sur la venue du Messie des messies, qui « ôtera le péché du monde » (24a ; 27a ; Jn 1.29), par sa mort expiatoire (24a ; 26a ; 27a : « pour expier la faute, un messie sera retranché…et fera cesser le sacrifice et l’offrande », types prophétiques et répétitifs de la mort « une fois pour toutes de Christ, Hb 9.11-14, 25-28a).

Curieusement pour nous, Gabriel mêle à cette prophétie de la venue et de l’œuvre, spirituelle et historique à la fois, du Messie, des indications sur le sort historique de la ville de Jérusalem à travers les siècles.

Les 70 ans de Jérémie conduisaient à Cyrus, messie circonstanciel et proche, les 70 semaines de Daniel conduisent au Messie universel et lointain dans le temps, Jésus-Christ. Il faut considérer ces 70 semaines comme composées d’années prophétiques où un jour prophétique = un an réel, selon Nb 14.34 et Ez 4.5[1]. Elles comportent  (v  25a) 7 semaines (7 x  7 jours années = 49 ans réels) et (littéralement, contrairement à certaines de nos traductions) 62 semaines (= 7 jours/années x 62 = 434 ans).  La dernière semaine se sépare en deux (v 27a) et vient après les 69 autres (V 26a).

Gabriel donne le point de départ de ces durées prophétiques jusqu’au Messie en annonçant la promulgation du décret d’Artaxerxés autorisant la reconstruction de Jérusalem en 457 av JC (v 25a). Lorsqu’on tient compte du changement d’ère de notre calendrier, on voit que ces 483 ans (69 semaines x 7 jours /années) d’attente du Messie aboutissent à l’an 27 ap JC, année du baptême de Jésus-Christ inaugurant son ministère de trois ans et demi (moitié des sept jours/années de la 70ème semaine).

En situant avec précision la venue du Messie, l’ange Gabriel donnait à Daniel et aux lecteurs de son livre, un point de repère chronologique pour faire démarrer les 2300 soirs et matins (= 2300 jours/années) de la vision précédente, appelée dans le texte original « apparition » (8.16 et 9.24), dont il est venu donner une explication pour « permettre de comprendre » (9.21).

L’ange dit que les 70 semaines pour le peuple et la ville sainte (v 24a) ont été « retranchées » (traduit par « fixées »). De quoi peut-on retrancher cette durée, sinon de la durée indiquée précédemment, les 2300 ans ? Gabriel détaille ce qui se passe pendant la première partie de cette très longue période, c’est à dire les 490 ans (Les 49 premières années, puis les 434 suivantes jusqu’à la venue du Messie, et les 7 ans restant) parce que cette durée répond aux interrogations angoissées du prophète Daniel sur le sort de Jérusalem : la ville sera reconstruite après le retour d’exil en 49 ans, dans des difficultés terribles (25b), que relatent les livres de Esdras et Néhémie. 434 ans après, Jésus sera baptisé devenant ainsi le Messie, l’Oint du Seigneur. Pendant trois ans et demi il établira une alliance solide avec plusieurs (27a), puis mourra sans être défendu par quiconque (26a). Trois ans et demi après, à la fin de la 70ème semaine prophétique, Gabriel marque l’arrêt du temps réservé au peuple d’Israël. LLapidation d'Etienne, miniature byzantine 11è s.jpge livre des Actes des apôtres (ch 7) nous rapporte le meurtre d’Étienne qui scelle le refus d’Israël de reconnaître en Jésus son Messie et de recevoir la Bonne Nouvelle du salut.  A partir de ce meurtre, les apôtres poussés par l’Esprit Saint se sont dispersés et ont porté l’Évangile aux non-Juifs (Ac 8.1, 5, 27 ; 9.15 ; 10 ) (Miniature byzantine du 11è s)

L’ange Gabriel ne s’étend pas sur la seconde partie des 2300 ans, sinon pour révéler à Daniel que la ville et le sanctuaire seront « détruits comme par une inondation » (en 70 ap JC par le général futur empereur romain, Titus), qu’ils resteront dévastés jusqu’à la fin de la guerre (= le conflit spirituel entre Dieu et le « dévastateur »), et que la ruine fondera sur le dévastateur quand il sera arrivé au comble de ses méfaits « l’abomination de la dévastation » (27b), selon « ce qui a été résolu » par Dieu. Gabriel juge suffisant pour Daniel de savoir cela, car la vision concerne les temps de la fin (12 .4, 9-10), où d’autres comprendront. Dans l’Apocalypse, il révèlera à Jean plus de détails, car Jean sera plus proche des événements. Même si, comme Daniel, il ne les saisira pas clairement, ces révélations lui seront d’un grand secours et d’un profond réconfort dans les épreuves.

Pour fortifier la patience de Daniel dans son exil, Dieu répond à ses interrogations sur l’avenir à court terme, en lui donnant une date précise du début de réalisation de ses visions historiques ; mais le Seigneur désire aussi encourager les croyants de tous les temps, lecteurs du livre de Daniel, en leur indiquant des points de repère plus lointains. En élargissant la compréhension de ces visions, Dieu incite ses enfants à rechercher au-delà du sens littéral et événementiel, un sens plus spirituel et universel. La réalisation à la lettre des visions messianiques de Daniel est un encouragement puissant à sonder les Écritures avec patience dans l’attente parfois douloureuse des réalisations futures des prophéties concernant l’avènement glorieux de Christ (Mt 24 ; Mc 13 ; Lc 21.29-31).

« Par la foi, je puis attendre, et la vie prend un sens qu’elle n’avait pas auparavant…Le quotidien est alors gouverné par le Royaume du futur…car on voit plus loin que la nécessité immédiate…ou sa sécurité présente » (J.Doukhan, Le soupir de la terre, p 218).

La recommandation de Paul aux Romains (12.12) pourrait être la conclusion de cette vision de Daniel, révélée au prophète pour l’encouragement de tous les croyants : « Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans la tribulation. Persévérez dans la prière. » Elle rejoint l’exhortation de l’apôtre Jacques (1.2-3) : « Tenez pour sujet de joie totale le fait de savoir que, quand vous rencontrez diverses difficultés, l’épreuve de votre foi produit la patience » (traduction littérale proposée par Philippe Augendre). Les difficultés de notre vie testent notre confiance et notre espérance en Dieu. Comme Daniel elles nous poussent à sonder les Ecritures pour trouver des réponses et des encouragements, qui fortifient notre patience ou notre endurance. Nous pouvons alors  être reconnaissants à Dieu de ses révélations sur l’avenir proche et lointain, et de son soutien au sein de l’épreuve.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

  • Dans la souffrance et les difficultés, quelles sont mes préoccupations et mes prières ? Comment parvenir à espérer autre chose que la guérison et le soulagement physique des maux qui nous accablent ? Avons-nous une vue de taupe ou d’aigle, à court terme ou panoramique ?

 

  • Par quoi nous encourageons-nous à la patience et à l’espérance dans l’attente du retour de Christ ?

 

  • Quels effets produit dans notre vie la « connaissance » des prophéties divines : doute, impatience, lassitude, espérance et engagement, patience et sérénité dans la douleur ?

 

  • Comment puis-je partager avec les miens et mes proches ce qui me soutient dans l’épreuve ?

 

[1] ( voir J. Doukhan, Le soupir de la terre, ch 9 tout entier et particulièrement ici p 204 à 207)

08:00 Publié dans Daniel | Lien permanent | Commentaires (0)

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