22/12/2017
Étude n°13 : Vie chrétienne, Romains 14.13-23 ; 15.13 (30 12 17)
Étude n°13 : Vie chrétienne, Romains 14.13-23 ; 15.13 (30 12 17)
« Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? Nous comparaitrons tous devant le tribunal de Dieu ! » (Rom 14.10)
« Le royaume de Dieu, ce n’est pas le manger ni le boire, mais la justice, la paix et la joie par le Saint-Esprit » (Rom 14.17).
Observons
- 1 à 15.13 : Rapports entre forts et faibles dans la foi
Contexte : 14.1-12 : Exhortation au respect mutuel
- divergences sur les aliments (1-4)
- divergences sur les jours fériés (5-6)
- vivre et mourir pour le Seigneur (7-9)
- Dieu seul juge (10-12)
Texte : 14.13-23 : Exhortation aux forts d’avoir des égards pour les faibles
- ne pas scandaliser pour un aliment (13-16)
- servir Christ spirituellement (17-19)
- ne pas être une pierre d’achoppement, rester ferme dans la foi (20-23)
15.1-12 : Se supporter les uns les autres
- complaire à l’autre et l’édifier comme Christ l’enseigne (1-4)
- union de tous pour glorifier Dieu (5-7)
- Christ serviteur de tous et source de paix, joie, espérance (8-12)
13 : bénédiction
14 à 16.27 : Conclusion de la lettre
- 14-21 : Justifications de Paul pour l’envoi de sa lettre
- sa vocation auprès des païens (14-16)
- succès de son ministère en Orient (17-21)
- 22-33 : Projets de Paul
- voir bientôt l’église de Rome (22-24)
- voyage à Jérusalem (25-27)
- demanded’intercession(28-33) Chapitre 16 : Salutations et exhortations
- Recommandation de Phoebé (1-2)
- Salutations diverses de Paul aux Romains (3-16)
- Salutations des compagnons de Paul aux Romains (17-23)
- Doxologie (24-27)
Comprenons
- ch 14 : Exhortations
Paul vient de rappeler l’exigence et l’importance de l’amour fraternel (13.8-10). Il a recommandé de ne pas se mettre en souci de satisfaire les convoitises de la chair (13.14). Il enchaîne tout naturellement avec l’application de ces deux règles à la situation de conflit qui existe à Rome entre deux catégories de chrétiens. Les « forts » que nous appellerions les « libéraux », et les « faibles » plutôt « légalistes », se méprisent ou se jugent les uns les autres (v 10), au sujet de la nourriture ou des jours fériés. Chaque clan finalement désire imposer sa façon de voir et d’agir à l’ensemble de l’Église. Paul ne tranche pas mais relativise ces deux attitudes, pour plusieurs raisons :
- Dieu accueille tout le monde (v 3c) et soutient l’un et l’autre de ses serviteurs (v 4). La conduite de Dieu envers nous doit être la mesure de notre conduite envers les autres. « Supportez-vous donc les uns les autres » ! Pas seulement dans le sens de "tolérez-vous" mais aussi dans le sens de "Soyez des supports" les uns pour les autres.
- C’est Dieu qui donne son sens à la vie et à la mort de chacun (v 7-8). Aucun ne peut se prendre pour l’exemple des autres, ou son directeur de vie et de salut, ou son juge. Tous appartiennent au Seigneur qui est mort et ressuscité pour tous (v 9).
- Comme Dieu seul juge, nous ne pouvons juger personne comme hérétique ou laxiste, ou « coincé », parce qu’il n’agit pas comme nous. Chacun rendra compte pour lui-même de sa vie et de ses choix (v 10-12 ; 2 Co 5.10)* (Note* : Le jugement de Dieu dont d’autres textes semblent épargner le chrétien (Jn 3.18 ; 5.24), s’applique à tous dans le sens donné dans la Bible au mot jugement = la révélation de la vie de chacun. Le chrétien peut l’envisager avec sérénité parce qu’il se confie en la grâce de Christ qui pardonne et le sauve de la condamnation à mort que sa désobéissance à la loi fait peser sur lui (Rom 5.9-11).
- L’essentiel est de ne jamais oublier l’amour du prochain pour ne pas être par son attitude une occasion de chute ou de doute pour celui dont la foi est moins ferme ou plus infantile. Il ne s’agit pas de la foi dans des règles et des dogmes, mais de la confiance en Christ qui justifie, et libère des culpabilités, des tabous, et des interdictions légales. Paul admet que dans l’Église tous ne soient pas parvenus à la maturité de la foi, à la stature de Christ. Mais tous doivent chercher à l’atteindre dans la paix, la joie, et l’édification mutuelle (v 17-19), sans qu’aucun des deux clans ne cherche à exercer de pression sur l’autre.
- Chacun est appelé à agir en plein accord avec sa foi: la foi n’est pas sa conviction personnelle comme au v 5, mais la confiance qu’il place en Dieu et qui lui vient de la Parole de Christ (Rom 10.17). C’est un appel pressant à considérer ses pensées et sa conduite à la lumière du message d’amour, de grâce et de libération du Christ.
La faiblesse du « faible » provient du flou et de la cécité de sa foi en Christ. Il ne saisit pas entièrement ce qu’est la libération apportée par Christ ; il se cherche des sécurités dans l’observance de détails rituels, moraux ou alimentaires qui prennent plus d’importance à ses yeux pour son salut que l’amour fraternel, le respect mutuel et le don de sa vie que Christ a fait pour chacun. Jésus l’avait déjà dénoncé chez les Pharisiens de son époque (Mat 23.23).
De son côté, le « fort » qui méprise le « faible » en le jugeant « coincé », risque de devenir un « faible », parce qu’il n’agit pas avec l’amour de l’autre. Sa liberté peut le conduire à l’orgueil spirituel, et au manque d’attention et d’égards pour celui qui est moins avancé que lui sur le chemin de la foi.
(Partage du même repas entre un léopard et ...une souris ! Quel amour fraternel !)
- 1-12 Se supporter mutuellement
Recevoir de la Parole de Christ instruction, édification et consolation, ou « consolidation » de la foi, permet à tous, faibles et forts, de s’oublier soi-même pour penser au bien de l’autre ; ainsi ils glorifient Dieu, lui font honneur, et font connaître sa vérité et son amour pour tous, en imitant Christ « devenu serviteur de tous » (v 8). Lui seul peut créer cette union spirituelle entre clans différents (8-9). Rempli de l’Esprit, chacun abondera alors de joie, de paix, de foi et d’espérance.
- 13 : La bénédiction finale s’enchaine au développement sur les mots : En lui « les nations espéreront » (v 12) et « espérance »(v 13) : seul Dieu donne à tous les hommes une espérance pour leur vie présente et future, seul il donne au cœur confiant la joie et la paix, et le remplit de son Esprit. Les bénédictions appelées par Paul sur les croyants sont essentiellement spirituelles mais se traduisent dans la vie concrète par une attitude complètement opposée à ce qui se vit dans le monde sans Dieu, et qui permet au croyant de témoigner de sa foi en son Dieu d’amour.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment nous considérons-nous les uns les autres dans l’Église, quand nos conceptions et nos pratiques divergent au sujet de l’alimentation, ou du respect du sabbat, ou des fêtes chrétiennes (Noël, Pâques, Pentecôte) ? Comment éviter de nous juger ou de nous mépriser les uns les autres ?
- Comment puis-je contribuer à la paix et l’édification mutuelle dans la joie (v 19) ?
- En quoi l’étude des Écritures en général, et de cette lettre aux Romains en particulier, nous a-t-elle éclairés et fortifiés dans notre foi et notre espérance ?
- Comment reconnaître et utiliser avec justesse les dons spirituels que chaque chrétien reçoit pour le bien de l’Église ?
- Quel engagement puis-je prendre pour la nouvelle année pour mieux manifester mon espérance en Dieu et mon amour pour les autres ?
08:00 Publié dans Romains | Lien permanent | Commentaires (1)
15/12/2017
Étude n°12 : Victoire sur le Diable par le Bien, Romains 12.1-21 (23 12 17)
Étude n°12 : Victoire sur le Diable par le Bien, Romains 12.1-21 (23 12 17)
« Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait ». Rom 12.2
Observons
Le chapitre 12 est construit sur le modèle des parallélismes concentriques, afin de mettre en valeur leur partie centrale concernant la loi de l’Amour.
Ch 12
v 1-2 : en introduction : les principes de vie en Christ, sacrifice vivant et renouvellement intérieur.
A- v 3-8 : le chrétien dans l’église, corps de Christ : modestie et dons spirituels
B- v 9-13 : Amour fraternel et actif
C- v 14-21 : relations dans et hors de l’Église : pardon, empathie, humilité, dispositions de paix.
Comprenons
Après avoir réglé la question du sort d’Israël, qui lui tenait vraiment à cœur (Paul l’a située au centre de sa lettre pour manifester l’importance qu’il lui accorde au regard de la justification par la foi), l’apôtre aborde avec le chapitre 12 les conséquences pratiques de la justice accordée par Dieu à ses enfants, comme il l’a développé dans les chapitres 1 à 11. Si le chrétien a par la foi « revêtu la justice de Christ », son comportement dans et hors de l’Église en est transformé et cela doit se voir dans toutes ses relations.
Introduction : (12.1-2) Les principes de la vie chrétienne
Paul rappelle d’abord les « compassions », la miséricorde de Dieu pour toute l’humanité, Juifs et non-Juifs. Il vient de les louer à la fin du chapitre précédent (11.30-36), et elles constituent le fondement de la vie chrétienne. C’est parce que « Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4.7-11) que nous pouvons l’aimer et le servir selon sa volonté.
a) premier principe, le don de soi
Ces deux versets utilisent le vocabulaire cultuel juif, en le transposant sur le plan spirituel, pour bien montrer le changement opéré par Christ dans le cœur du chrétien. Le culte n’est plus célébré par des rites, ni par une caste de spécialistes religieux, sacrificateurs ou lévites. Tout chrétien devient prêtre, serviteur de Dieu dans sa vie quotidienne. Il offre à Dieu non plus une bête égorgée, mais sa propre personne vivante, comme Abraham s’offrait symboliquement tout entier dans le sacrifice de son fils Isaac, en signe visible de la reconnaissance et de l’amour qu’il éprouve pour son Créateur et Sauveur. Le mot « sacrifice » a une connotation péjorative à notre époque, car il évoque un abandon un peu forcé ou à contrecœur de quelque chose qui nous appartient et qui est précieux à nos yeux. (ex : faire des sacrifices pour ses enfants = se priver de sorties ou de dépenses futiles, pour pouvoir élever ses enfants). En général le but des sacrifices compense leur désagrément.
Dans notre texte le mot fait allusion essentiellement aux offrandes sacrificielles que le croyant apportait au temple, et auxquelles il s’identifiait par imposition des mains, pour accueillir le pardon de Dieu, d’un cœur entièrement tourné vers lui, ouvert à sa grâce. Par la mort de l’animal, il signifiait à Dieu qu’il lui abandonnait lui-même sa vie pour qu’il la régénère et la consacre au service de sa volonté. Paul garde ce sens spirituel des sacrifices rituels, mais l’applique à la personne du croyant chrétien qui se consacre tout entier et quotidiennement au service de Dieu.
Le mot «corps » représente sa personne tout entière, dans son aspect concret, visible, en relation avec les autres. Le corps est mis ici en parallèle contrasté avec « l’intelligence », le « discernement » (v 2), qui désignent plutôt l’être intérieur.
Le sacrifice de sa personne est « vivant et saint», car il implique une activité (= vie), au service de Dieu (= saint), et non plus au service du « moi »naturel et sans Dieu.
Le sacrifice de soi ne signifie pas l’abandon pénible de sa personnalité à un Dieu exigeant qui prendrait plaisir à l’humiliation et à la soumission servile de sa créature. C’est au contraire le don de sa volonté, de son énergie, de son affectivité, de son activité et de ses projets, de son caractère, à un Dieu qui libère du poids de la culpabilité, de l’esclavage de ses tendances naturelles à faire le mal (Rm 7.22-25), et qui en pardonnant, revêt son enfant de la justice acquise pour lui par Christ à la croix, et le rend capable d’agir avec droiture et justesse, à son honneur.
C’est ce sacrifice vivant et saint qui est agréable à Dieu. Paul dira aux Philippiens (4.18) qu’il est « un parfum de bonne odeur », en contraste avec les sacrifices de l’Ancien Testament qui n’étaient que des symboles prophétiques du sacrifice de Jésus-Christ. La consécration par le croyant de sa personne au service de Dieu lui est agréable parce que c’est le seul moyen pour le chrétien de rendre gloire concrètement à son Seigneur, et de témoigner autour de lui de l’amour de son Sauveur.
Il est intéressant de voir que Paul appelle cette offrande de soi à Dieu un culte « raisonnable, logique ». Le mot grec est un composé de Logos, et pourrait être traduit par « selon le Logos ». Logos est le mot employé par Jean dans son prologue pour désigner le Verbe, la Parole, Christ ! Il était employé à l’époque des apôtres par les mouvements philosophico-religieux de la Gnose, dans le sens de « Raison », principe divin de l’organisation du monde et de la vie, et révélateur des mystères de la « connaissance » métaphysique nécessaire au salut, selon les Gnostiques. Ces spéculations intellectuelles commençaient à concurrencer le message évangélique. Paul emploie ce mot pour désigner le culte agréable à Dieu, dans une intention polémique contre ces cultes ésotériques, intellectuels, spéculatifs, pratiqués par des « initiés » aux mystères spirituels, mais n’ayant aucune conséquences sur la vie et les relations humaines. Paul affirme que le « vrai » culte, le culte selon le vrai Logos, selon la Parole de Dieu, c’est celui du chrétien qui se consacre au service de Christ, au grand jour, sans autre initiation que le renouvellement par l’Esprit de l’être intérieur (v 2).
C’est un culte « raisonnable » aussi dans le sens de rempli de bon sens, à l’opposé du mysticisme, et des exaltations religieuses. Le bon sens a les pieds sur terre, et le chrétien consacré à Christ ne se perd pas dans une spiritualité abstraite, mais s’engage dans le concret de la vie quotidienne au service de Dieu auprès des autres, comme la suite du chapitre va le détailler.
b) Le second principe de la vie chrétienne est « le renouvellement de l’intelligence » pour discerner la volonté de Dieu. En effet le don de son corps (= de toute sa personne en relation avec les autres) ne servirait à rien s’il ne s’accompagnait du don de son être intérieur, de l’ouverture de son intelligence à l’influence et à la lumière de l’Esprit Saint (Ti 3.5b). L’intelligence n’est pas la qualité intellectuelle comme on l’entend dans le monde. Dans la Bible elle désigne la faculté spirituelle à communiquer avec Dieu, dont l’homme a été pourvu en étant créé « à l’image de Dieu ». Cette ouverture à l’Esprit n’est pas naturelle à l’homme pécheur, elle n’est pas conforme à ce qui règne dans le monde (1 Co 2.14). Elle demande au croyant un engagement volontaire à se laisser guider et transformer par l’Esprit. Paul dit aux Corinthiens que l’Esprit peut alors les « transformer de gloire en gloire », à l’image de Christ, le Seigneur (2 Co 3.18).
Le renouvellement de notre être intérieur par l’Esprit non seulement transforme notre façon de vivre, dans la liberté par rapport au conformisme ambiant, aux modes et coutumes du monde sans Dieu, mais il permet d’acquérir le discernement, ou la compréhension du bien et du mal selon Dieu. Le verbe « discerner » a le sens ici de « éprouver, tester, déterminer ». Le chrétien devenu son propre prêtre (= il offre un sacrifice) et sa propre victime (il s’offre lui-même), devient alors un « prophète », un « voyant » de Dieu (1 The 5.21 ; 2 Co 13.5) ; il discerne et comprend les « choses d’en-haut », invisibles à l’homme naturel (1 Co 2.14), la volonté de Dieu pour sa vie.
Les effets de ce renoncement à soi et de cette transformation intérieure sur la vie pratique du chrétien seront développés dans le reste du ch 12 et le ch 13.
« Le bon, l’agréable, le parfait », à la fin du verset 2, peut s’appliquer à la fois à la volonté de Dieu, et à la démarche de consécration, de renouvellement quotidien, de transformation, en un mot, de « sanctification », dans la liberté et la lumière de l’Esprit. Cette démarche est « parfaite » car elle est conforme à la volonté divine, et non au monde ; elle manifeste la puissance de la grâce et de la justice que Dieu accorde à celui qui s’abandonne totalement à Lui.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce qui me rend encore pénible le « sacrifice » de ma personne à Dieu ? Qu’ai-je peine à abandonner ?
- Dans quel état d’esprit et quel but me suis-je consacré(e) à Dieu à mon baptême ? Pourquoi renouveler cet engagement chaque jour ?
- Comment laisser l’Esprit renouveler mon être intérieur et me donner le discernement de la volonté de Dieu ? Comment mon église y participe-t-elle et m’aide-t-elle dans cette démarche ?
- L’exigence de non-conformisme s’applique-t-elle seulement au monde pour le chrétien ? Quels conformismes religieux est-il appelé aussi à rejeter ?
Pratique chrétienne victorieuse du mal
A-v 3-8 : Le chrétien dans le corps de l’Église
Le renouvellement par l’Esprit de l’être intérieur permet au chrétien de se démarquer du monde orgueilleux, vaniteux, et égoïste, par la modestie, l’humilité, la modération, que sa raison éclairée par la foi lui conseille comme conformes à la volonté de Dieu.
La modestie devant Dieu exclut toute prétention au salut par ses propres œuvres, et devant les hommes elle ne se vante pas, parce qu’elle reconnaît sa juste place de pécheur devant Dieu, sans orgueil ni dévalorisation de soi, ni fausse humilité.
La foi ou confiance en Dieu permet au chrétien une « juste » évaluation de soi et une mise en valeur des dons spirituels reçus de la grâce de Dieu (v 6), pour former le corps de Christ (v 5), image chère à Paul pour désigner l’Église unie mais diverse (1 Co 12.14-27) (Illustration de Yann Artus-Bertrand, la Terre vue du ciel). La foi-confiance en Dieu peut alors s’emparer de la puissance de Dieu pour agir avec consécration au service de Dieu dans la solidarité et le respect de la diversité des dons. Toute mise en œuvre des dons spirituels demande esprit de service, persévérance (v 7), simplicité, empressement, bonté et joie ! (v 8).
Paul énonce un principe au sujet de la prophétie (v 6), que Pierre reprend aussi (2 Pi 1.20) : « Aucune prophétie ne peut faire l’objet d’interprétation particulière », car les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (1 Co 14.32). Le prophète ne peut parler qu’en correspondance, analogie avec l’enseignement de l’ensemble des Écritures qui fondent la foi de l’Église. Cela n’exclut pas toute nouveauté dans l’interprétation des Écritures, car la Parole de Dieu n’est pas figée dans une seule lecture, elle est vivante et se révèle de façon évolutive au fil du temps : ce qui nous paraissait obscur hier peut s’éclairer aujourd’hui, ce que nous ignorons ou négligeons aujourd’hui peut nous « sauter aux yeux » et prendre plus d’importance demain. C’est ainsi que la redécouverte de plusieurs vérités bibliques a provoqué des réveils importants dans l’Église au cours des siècles. Nous avons l’exigence à la fois de respecter la lettre et de nous ouvrir à l’Esprit pour chercher, avec persévérance et fidélité à l’enseignement biblique, à comprendre les messages divins adaptés à notre époque ou notre vécu. Paul n’a rien fait d’autre dans cette lettre aux Romains, lorsqu’il s’est appuyé sur les textes de l’Ancien Testament pour expliquer la justification par la foi en la grâce de Dieu. De même Mme White a invité l’Église à toujours sonder les Écritures pour y découvrir les messages propres à faire grandir sa foi, parce qu’ils sont adaptés aux circonstances vécues. Notre proclamation de l’Évangile (= sens du mot prophétie) tient-elle compte de ces deux principes de la prophétie : fidélité aux Écritures et adaptation au vécu des auditeurs ?
L’Église constituera un corps uni par Christ dans la diversité et la complémentarité des dons de l’Esprit, parce que la base de cette union, respectueuse de la diversité, se trouve dans l’amour fraternel.
B- v 9-13 : Amour fraternel et actif
La vie chrétienne ne consiste pas à faire étalage de ses dons, mais à les mettre au service des autres avec solidarité, fraternité, « prévenances réciproques », bienveillance, joie et espérance ; tous ces sentiments sont fruits de l’Esprit (Gal 5.22) et découlent de l’amour-agapê, qui caractérise le chrétien (1 Cor 13).
C- v 14-21 : Relations hors de l’Eglise
Le chapitre 12 se termine avec les exhortations de Paul au sujet des relations du chrétien avec le monde hors de l’Église. Celui en qui demeure l’Esprit d’amour, ne peut que bénir (= vouloir le bien) autour de lui, quelles que soient les circonstances qu’il subit (v14). Par empathie, il s’associe aux joies et aux pleurs, comme Christ l’a fait durant sa vie terrestre (v 15). Avoir les mêmes sentiments les uns envers les autres est interprété comme, soit poursuivre le même but d’amour du prochain en se préoccupant des intérêts matériels et spirituels de l’autre avant les siens (Phi 2.2,4), soit vivre en bonne intelligence avec son entourage, sans présomption mais avec humilité, dans la recherche du Bien et de la paix entre tous les hommes. Ce qui n’est pas incompatible !
Paul reconnaît que la paix ne dépend pas que des bons sentiments du chrétien, et il laisse la responsabilité de la discorde à celui qui ne veut pas entrer dans cette démarche pacifique (v 18). Ce qui dépend du chrétien, c’est essentiellement l’état de son cœur, de son être intérieur : s’il met sa confiance en Dieu, il lui remet sa cause pour être délivré de tout désir de vengeance (v 19). Par sa miséricorde et sa bienveillance envers son « ennemi », le chrétien amasse sur la tête de ce dernier des « charbons ardents » (v 20). Cette expression doit se comprendre à la lumière des images de l’Ancien Testament. Ce n’est pas attirer sur lui le jugement sévère de Dieu, mais c’est par le feu de son amour, faire reculer en lui la haine et la méchanceté, purifier son cœur de toute malveillance, faire naître en lui la repentance et le désir de changer d’attitude et de connaître Celui qui est à la source du comportement bienveillant du chrétien. C’est ainsi que « l’homme au vêtement de lin » dans la vision d’Ezéchiel (9.4 et 10.2,7), qui représente le Christ, jette sur la ville de Jérusalem les charbons ardents pris sur l’autel des parfums (symbole de son intercession) : il purifie et marque du sceau de son Esprit le « front de ceux qui soupirent et gémissent »(= souffrent, s’humilient et se repentent), à cause des horreurs qui se commettent dans la ville et le temple. La prière, d’intercession du chrétien et sa bienveillance envers ceux qui lui font du mal, les amènent à prendre conscience de leurs actes, à s’interroger devant un tel amour, et à se repentir pour changer de conduite. L’Esprit ainsi purifie le cœur du chrétien de la haine et du désir de vengeance, et le cœur de « l’ennemi » de toute méchanceté et violence. Le pardon des offenses et l’amour pour l’autre, dons de l’Esprit Saint, triomphent ainsi du mal en soi et en l’autre. Ce sont les armes spirituelles du chrétien dans le combat de la foi (Eph 6.11-18).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Ai-je la même attitude fraternelle envers les autres dans l’Église et hors de l’Église ? Comment éviter d’être double : aimable avec mes frères un jour par semaine, et emporté contre les autres le reste de la semaine ?
- Quelles sont les motivations de mes attitudes agressives ou pacifiques envers les autres ? Comment ressembler de plus en plus au Christ dans mes relations avec mon entourage ?
- Quelle place tient la prière d’intercession dans ma piété ? De quels exaucements et de quelles victoires sur le mal puis-je témoigner ?
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