12/01/2018
Étude n°3, Dieu ou Mamon, Mat 19.16-30 (20 01 18)
Étude n°3, Dieu ou Mamon, Mat 19.16-30 (20 01 18)
« Dieu a souverainement élevé Christ et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse Dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père. » Philippiens 2.9-11
Observons
Le contexte
Après la transfiguration, Jésus descend de la Galilée vers le nord de la Judée, par la route à l’est du Jourdain (19.1). Les Pharisiens l’interrogent sur la répudiation pour le mettre à l’épreuve (v 2), et les disciples veulent écarter les enfants de Jésus, à sa grande indignation.
Le texte
V 16 : rencontre avec le jeune homme riche (Heinrich Hoffmann, 19ès)
V 17-22 : dialogue de Jésus avec le jeune homme : « Va, vends tout et suis-moi »
V 23- 30 : dialogue de Jésus avec ses disciples :
- a) 23-25 : difficulté pour les riches d’entrer dans le royaume de Dieu
- b) 26 : Seul Dieu peut sauver
- c) 27-30 : Celui qui est libéré de ses liens reçoit de Dieu au centuple, ici-bas et dans l’éternité.
Questions sur le passage v 16-22 :
- Quelle est la préoccupation du jeune homme ? Comment approche-t-il Jésus ?
- Comment Jésus répond-il au jeune homme sur le mot « bon » ? Que veut-il faire comprendre à son interlocuteur sur la « bonté » ? A quoi le renvoie-t-il ? (v 17)
- Quels commandements Jésus cite-t-il ? Pourquoi rajoute-t-il : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » et ne cite-t-il pas les 4 premiers commandements du Décalogue ?
- Que prouve l’exclamation du jeune homme sur son état d’âme et sur sa vision de la Loi ?
- Que demande réellement Jésus à ce jeune homme ? Faut-il devenir pauvre pour suivre Jésus ? Que signifie avoir un trésor dans le ciel ? (Mat 6.19-21). En quoi est-ce différent des richesses terrestres ?
- Quelle est la réaction du jeune homme aux paroles de Jésus ? « s’assombrir = être consterné). Comment a-t-il compris les paroles de Jésus ? (2 Cor 3.16).
Questions sur les v 23-30
- Comment Jésus commente-t-il le refus du jeune homme riche ? Quel est le sens de l’image employée ? Qu’en concluent les disciples ? Comment Jésus les rassure-t-il ? v 24-25
- En se comparant au jeune homme, qu’espère Pierre ? Que lui promet Jésus ? Pour quand ? Quelle sera la position de ceux qui auront suivi Jésus ? Quels disciples sont concernés par le v 29 ? De quels abandons s’agit-il ? Qui sont les premiers er les derniers, dans la phrase de conclusion de Jésus ?
Comprenons
Cet épisode peut servir d’application à l’enseignement de Jésus dans le discours sur la montagne Mt 6.19-23 : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».
Matthieu et Luc nous disent que celui qui s’approcha de Jésus était un jeune homme (Matthieu 19.20-22), magistrat ou chef de synagogue (Luc 18.18). Il était sincèrement préoccupé de la question la plus importante de la vie humaine : avoir la vie éternelle. Comme les Pharisiens, il pensait l’obtenir par une obéissance scrupuleuse à tous les commandements, mais restait dans le domaine du « faire » (Que dois-je faire ?), et non de la relation avec Dieu « Qui suis-je devant Dieu ?).
Son empressement auprès de Jésus marque toute son inquiétude sur le sujet. Le titre qu’il lui donne «Maître », révèle la vénération qu’il porte à Jésus, considéré comme un homme exemplaire, pour sa bonté, sa justice et sa connaissance de la Parole. En même temps qu’il prend Jésus comme Maître, le jeune homme s’estime capable de faire quelque chose de bon comme Lui, puisqu’il obéit à tous les commandements. Jésus le reprend pour lui montrer qu’il se fait des idées fausses sur la condition du salut. Il n’est pas question de faire « le bon ou le bien », mais de regarder au seul bon Dieu ! . En reprenant le jeune homme sur cette expression, il le place devant la question : Penses-tu qu’un homme puisse atteindre la perfection de Dieu par son « faire » ?
Puis Jésus le renvoie à la loi qu’il connaît, pour lui faire prendre conscience de son but : la loi est un pédagogue qui mène à Christ (Galates 3.24). Le jeune homme connaît la loi, mais en demandant quel commandement serait nécessaire, il s’attend à un précepte extraordinaire, réclamant un effort spécial de sa part : Jésus va le lui enseigner un peu après sur un point auquel le jeune homme ne s’attendait pas ! Jésus passe en revue les commandements sociaux de la seconde table de la Loi, peut-être parce que leur observation est plus facile à prouver. Il y rajoute le commandement de l’amour sans lequel tous les autres perdent leur sens, On peut avoir toute la connaissance biblique, et faire tous ses efforts pour suivre la lettre de la loi, sans avoir saisi la condition du salut : se reconnaître incapable devant Dieu d’obéir, accepter que Dieu donne gratuitement son pardon et son salut à celui qui les lui demande (Romains 3.24), et agir en toutes choses par amour de Dieu et des autres. Le jeune homme ne répondait à aucune de ces conditions intérieures. Il se croyait très obéissant, il pensait qu’il fallait mériter par ses actes son salut, il n’avait pas l’amour des autres pour partager ses biens !
Jésus vit que le jeune homme était sincère dans sa démarche et dans la confiance qu’il plaçait en lui. Il s’était sincèrement efforcé d’obéir, mais ne se sentait pas pour autant en paix. Il avait le sentiment qu’il lui manquait encore quelque chose ( Mat 19.20), mais était incapable de passer du littéral, du matériel, du Faire, au spirituel et à l’Etre. Par son exigence poussée à l’extrême, Jésus va chercher à lui faire découvrir son être intérieur, ses vraies priorités, ce qui le divise intérieurement. Son cœur reste attaché aux biens matériels. Il a suffi à Jésus de regarder le jeune homme pour déceler en lui, sa sincérité et son angoisse existentielle, et dans son amour, il cherche à lui faire entrevoir un trésor supérieur, spirituel, donc impérissable, susceptible de rendre le sacrifice de ses biens moins pénible.
Suivre Jésus, c’est accepter de se laisser emplir de son amour, ce qui rend les autres amours moins importants ; c’est accepter d’être dépouillé par Lui des attaches de son cœur avec le matérialisme ou tout autre addiction et même avec les affections humaines les plus légitimes. Si on les fait passer avant l’amour pour Dieu, on risque de passer à côté de l’essentiel, la vie éternelle avec Dieu. Les dangers que Jésus nous demande d’éviter par ce récit, pourraient être :
1- rester à la lettre des paroles divines et ne pas en chercher aussi le sens spirituel (concernant la relation à Dieu).
2- croire que par son obéissance aux commandements, on acquiert un droit d’entrée dans le royaume éternel.
3- négliger la relation d’amour avec les autres, loi fondamentale du royaume de Dieu.
V 23-31 : Commentaires de Jésus
Après avoir prononcé une sentence absolue sur la difficulté des riches à entrer dans le Royaume de Dieu (v 23), Jésus adoucit l’explication : ce ne sont pas les richesses en elles-mêmes qui sont des obstacles, (elles étaient considérées d’ailleurs comme des signes de la bénédiction divine, 1 Chr 29.12 ; Ec 5.18), mais c’est la disposition du cœur et de l’esprit à mettre sa confiance en elles.
Pour insister sur l’impossibilité humaine d’entrer dans le Royaume spirituel sans abandon de soi à Dieu, Jésus emploie une expression devenue proverbiale, fondée sur le contraste entre l’animal chargé, utilisé dans les caravanes commerciales, et le minuscule passage dans « le trou de l’aiguille ». La difficulté apparaît au premier abord comme une impossibilité totale, mais elle prépare le remède : à Dieu rien n’est impossible (v 26). Il faut un miracle de la grâce pour que le cœur se donne entièrement à l’amour de Dieu et considère ses affections et amours terrestres passagers comme de moindre importance (voir dans Philippiens 3.3-11 l’expérience de Paul).
Si comme on le suppose le « chas de l’aiguille » était le nom donné à la petite porte qui permettait aux piétons d’entrer dans la ville lorsque la grande porte était fermée le soir, le symbolisme de la comparaison devient frappant. Pour pénétrer par cette porte, le chameau chargé était obligé de déposer ses fardeaux, et de s’agenouiller pour passer. Le « riche » chargé de biens matériels ou intellectuels, pour pénétrer dans le Royaume par la porte qu’est Christ, doit se dépouiller de la confiance qu’il place dans ses possessions terrestres, et s’agenouiller devant Christ en reconnaissant sa dépendance totale de lui. Paul en a fait l’expérience à sa conversion Phi 3.4-9).
(Dessin de Zabou dans le livret « Dis, papa, explique-moi...l’argent et la dîme »diffusé par la FFS)
Les disciples encore très attachés à une conception terrestre et matérialiste du royaume de Dieu, s’étonnent puis s’inquiètent de ce dépouillement nécessaire au salut. D’un autre côté ils se glorifient de leur propre dénuement (27). Jésus ne reprend pas Pierre sur ce point réel et les stimule par la promesse de recevoir un trésor inestimable : une place d’honneur dans le royaume de Dieu, au renouvellement de toutes choses, au retour de Fils de l’Homme glorieux, c’est-à-dire lorsque Dieu recréera la terre sans le Mal (Ap 21.1-4). Cet honneur consistera à juger Israël, que les douze tribus soient considérées littéralement ou spirituellement comme l’ensemble des croyants : les douze apôtres et tous les disciples de Jésus se retrouveront autour de l’Agneau pour constater (= juger comme jurés) la justice de Dieu qui aura sauvé les uns, et accepté le refus de le suivre des autres (Ap 20.4-6). Puis Jésus reprend la question de l’abandon nécessaire pour le suivre en insistant sur les affections terrestres tout à fait légitimes par ailleurs, mais dangereuses si elles prennent le pas sur l’amour de Dieu. Mettre sa confiance en Dieu et non dans ses biens ou ses acquis (affectifs, intellectuels, matériels, ou même spirituels) procure la paix du cœur, la joie et l’énergie pour suivre Jésus. Et ceux qui sont considérés dans la société comme les plus petits ou les plus pauvres ou les derniers dignes d’entrer dans le royaume, ceux qui savent qu’ils dépendent de Dieu pour leur vie, devanceront dans le royaume ceux qui sont pleins d’eux-mêmes, ou qui s’appuient sur leurs possessions ceux dont le cœur est attaché au terrestre, tout en se croyant les premiers à entrer dans le royaume (30),
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- A quoi ou à qui suis-je attaché sur cette terre ? Qu’est-ce que je crains par-dessus tout de perdre ? Pourquoi cela me semble-t-il si difficile de penser à l’abandonner ? Comment apprendre à m’en détacher pour suivre Jésus ?
- Jésus nous demande-t-il de vivre en ermite dénué de tout, en vagabond ou SDF, hors de la société, mais finalement à sa charge ? Comment obéir à cet ordre de dépouillement sans tomber dans l’excès sectaire ?
- Jusqu’où va mon désir de vie éternelle ? La recherche du Royaume est-elle une priorité de ma vie ? Comment est-ce que je suis Jésus sur ce chemin : comme le chameau bien chargé, lentement et avec de nombreuses haltes, en caravane ou solitaire, ou bien comme le chameau débâté par son Maître, qui se nourrit au puits (la Parole de Dieu) et dans l’auberge (l’église), pour marcher avec persévérance dans les déserts de la vie, vers l’oasis du Royaume ?
08:00 Publié dans motivations du coeur | Lien permanent | Commentaires (0)
05/01/2018
Etude N°2 Je vois, je veux, je prends Genèse 3.1-7 (13 01 18)
Etude N°2 Je vois, je veux, je prends Genèse 3.1-7 (13 01 18)
« Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la Parole mais en qui les soucis du monde et la séduction des richesses étouffent la Parole et la rendent infructueuse. » Mat 13.22
Le 3e chapitre de la Genèse est aussi important que les deux premiers pour comprendre la situation actuelle de l’homme et de la création par rapport à Dieu. Il permet de saisir le plan de Dieu qui veut sortir l’être humain de la catastrophe provoquée par son choix désastreux de vivre à sa guise, selon ses désirs terrestres, sans tenir compte de Lui.
Introduction
Le récit de la seconde création, concernant surtout l’humain, commence en Genèse 2.4b et ne se termine pas avant la fin du chapitre 3. Il est donc indispensable, de prendre un peu de recul pour voir le contenu d’ensemble.
L’écrivain biblique n’a pas écrit ce texte au hasard. Il a pris la peine de donner à son récit une structure élaborée qui permet d’en faire ressortir l’essentiel.
La méthode dite inductive permet de repérer cette structure en observant les mots et expressions qui se répètent. Ces expressions répétitives font ici apparaître une structure concentrique, dans laquelle les expressions des extrémités se font écho de part et d’autre d’un axe central constitué par Genèse 3.9.
Voici, présentée sous la forme d’un tableau général, cette structure :
A. 2.4-17 : l’homme dans le jardin
a. 2. 7,8 : dans le jardin, l’homme
b. 2.15 : l’homme doit cultiver et garder le jardin
c. 2.16,17 : il peut manger de tous les arbres sauf de celui de la connaissance du bien et du mal.
B.2.18-25 : des relations agréables
a. 2.18 : l’homme a besoin d’un vis à vis
b. 2.20 : il donne des noms aux animaux
c. 2.23 : la femme est tirée de l’homme
d. 2.25 : ils sont nus sans honte
C. 3.1a : Dieu et le serpent
a. 3.1a : le serpent créé par Dieu
b. 3.1a : le plus rusé des animaux
c. 3.1a : le serpent parle à la femme
D. 3.1b-6 : Dieu accusé
a. 3.1b : vous ne devez manger aucun fruit ?
b. 3.2,3 : vous ne devez pas en manger de peur d’en mourir
c. 3.4,5a : vous verrez les choses telles elles sont
d. 3.5b : vous serez comme Dieu
e. 3.6 : elle en prit et en mangea, puis en donna à son mari.
E. 3.7,8 : l’attitude de l’homme
a. 3.7 : ils se rendirent compte qu’ils étaient nus
b. 3.8a : ils entendirent le Seigneur se promener
c. 3.8b : ils se cachèrent
X . 3.9 : Le Seigneur appelle l’homme : Où es-tu ?
E’. 3.10 : l’attitude de l’homme
b’. 3.10a : je t’ai entendu
a’. 3.10b : j’ai eu peur car je suis nu
c’. 310c : et je me suis caché
D’. 3.11-13 : l’homme responsable
a’. 3.11 : avez-vous mangé du fruit défendu ?
b’. 3.12 : c’est la femme
c’. 3.13a : pourquoi as-tu fait cela ?
d’. 3.13b : le serpent m’a séduite
e’. 3.13c : j’ai mangé
C’. 3.14,15 : Dieu maudit le serpent
a’. 3.14 : Dieu maudit
b’. 3.14 : le plus méprisé des animaux
c’. 3.15 : le serpent sera vaincu par la postérité de la femme
B’. 3.16-21 : des relations endommagées
a’. 3.16 : l’homme dominera sur sa femme
b’. 3.17,18 : l’homme tirera sa subsistance du sol
c’. 3.20 : l’homme donne un nom à sa femme
d’. 3.21 : ils n’ont plus honte car Dieu les habille
A’. 3.22-24 : l’homme hors du jardin
c’. 3.22 : l’homme ne peut plus manger de l’arbre de vie
b’. 3.23 : il doit cultiver le sol hors du jardin
a’. 3.24 : il ne peut plus rester dans le jardin
Cette structure fait apparaître que l’axe autour duquel tout le récit est construit est l’intervention de Dieu auprès de l’homme.
1. Cette intervention n’est pas agressive : Dieu appelle, et il est présenté non seulement avec son titre Dieu, mais avec son nom propre : L’Éternel (le tétragramme YHVH).
Les paroles qu’il prononce ne sont ni des accusations, ni des reproches, ni une condamnation, mais une question. Pédagogiquement c’est à l’homme de se situer, de dire à Dieu où il est, et où il en est dans sa relation avec lui-même, avec la femme, avec la nature que Dieu a faite pour lui, et avec Dieu, son créateur.
- Tout ce qui est avant l’axe décrit la situation initiale jusqu’à l’acte commis et à ses premières conséquences, indépendantes de toute intervention de Dieu. La situation initiale comporte des risques indiqués par l’ordre de ne pas manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et par la présence du serpent, qui va se révéler instrument de séduction.
- Tout ce qui est après l’axe montre la situation finale compte tenu de l’intervention de Dieu.Cette situation est marquée par un certain nombre de conséquences liées à la désobéissance de l’homme.
Illustration de Zabou : Les deux arbres en Eden
Observons Gen 3.1-7
Verset 1 :
- Quel nouveau personnage apparaît dans le récit ? Quel qualificatif a-t-il ? Quels sont son origine et son habitat ? Comparez avec l’habitat de l’homme à ce moment-là (Gen 2.15).
- De qui s’approche-t-il de préférence ? Pourquoi ? (voir v 6) Qu’est-ce que cela suggère sur la nature humaine en général ?
- Comparez ses propos avec la parole de Dieu en 2.16 : quelle est la différence ? Quel est le but de cette différence ?
Versets 2-3 :
- Comment la femme rectifie-t-elle l’insinuation du serpent ? Qu’oublie-t-elle en parlant de « l’arbre qui est au milieu du jardin » ? Que rajoute-t-elle à la parole de Dieu ?
Verset 4 :
Quelle est l’affirmation péremptoire du serpent ? Que prétend-il savoir ?
Verset 5 :
- Quelle image de Dieu présente le serpent ? Que promet-il aux humains ? De quels yeux parle-t-il ? Quelles ambitions humaines flatte-t-il ?
Verset 6 :
- Comment l’arbre apparaît-il à la femme ? Comparez avec Jac 1.14 et Jean 2.16.
- De quel discernement s’agit-il pour elle ?
- Quel est le sens du verbe « connaître » dans la Bible ? voir Gen 4.1. Que signifie alors la connaissance du bien et du mal, pour le couple encore en Eden ?
- Que signifie la présence silencieuse de l’homme auprès de la femme ?
Verset 7 :
- Quelles conséquences immédiates sur le couple a la prise du fruit interdit ? Sur quoi leurs yeux s’ouvrent-ils en réalité ? Que représente leur prise de conscience de leur nudité : la nudité physique est-elle mauvaise ? (comparez avec 2.25). Pourquoi la cacher ? Comment le couple essaie-t-il de se couvrir ? Qu’est-ce que cela symbolise ? voir Gal 2.16
Comprenons
V 1 : La séduction faisant appel essentiellement aux sens et à la sensibilité, le séducteur va s’attaquer à celui des deux êtres humains où ils sont les plus développés, la femme, par rapport aux facultés de raisonnement logique, et de maîtrise de soi que l’on attribue plutôt à l’homme, étant bien entendu que le couple uni symbolise la nature humaine en général, dans sa dualité interne entre le féminin et le masculin qui habitent tout être humain (Gen 1.27).
Le serpent, animal des champs venait donc non du jardin mais des étendues à l’entour, au même titre que les bêtes sauvages nommées par Adam (2.20) dont il devait protéger le jardin (2.15). Il se met à parler comme un humain, ce qui prouve qu’il est pris comme médium par une puissance extérieure que le Nouveau Testament identifie à Satan (Ap 12.9). De plus il se présente à l’homme comme « lumineux », par le jeu de mots hébreu intraduisible entre le « nu » du ch 2.25 (le mot signifiant « peau nue » a la même consonance que le mot « lumière ») et le « rusé » du ch 3.1 (le mot hébreu utilise les mêmes lettres que le mot « nu » précédent). Cela sera rappelé par Paul en 2 Cor 11.14 : « Satan se déguise en ange de lumière » pour mieux séduire. Avant de séduire, il cherche à semer le doute sur la parole de Dieu dans l’esprit d’Eve, en la transformant en paroles négatives, et en ajoutant un adverbe « réellement » qui interroge sur la vérité des propos de Dieu.
V 2-5 : Les ajouts ou transformations de la parole de Dieu apportés par Eve (le fruit, ne pas toucher), montrent combien l’interprétation de la Parole de Dieu dépend de l’esprit auquel on se soumet pour interpréter : cherche-t-on à être guidé et éclairé par Dieu, ou par sa propre intelligence ou par ses sentiments, ses sensations, ou par un esprit de critique, ou par des à priori théologiques ? Si on n’y cherche pas une relation intime avec Dieu, la lecture et l’étude de la Bible seront vaines, ou influencées par d’autres esprits que l’Esprit Saint. Eve en écoutant le serpent s’est déjà mise sous son influence et le montre tout de suite par son ajout à la parole divine, et par son oubli de l’arbre de vie, comme s’il n’y avait qu’un seul arbre au milieu du jardin, celui de la connaissance du bien et du mal.
Mettre en doute la parole de Dieu ouvre la porte à toutes les convoitises. Celles des yeux et de la chair (1 Jean 2.16) se manifestent dans le désir d’Eve de posséder ce que symbolise pour elle le fruit de l’arbre défendu : l’immortalité et le discernement personnel du bien et du mal, qui sont les privilèges de Dieu, mais que Dieu leur accordait par le fruit de l’Arbre de Vie ! En écoutant le séducteur, Eve en a oublié ce que Dieu proposait d’infiniment meilleur. Satan a su éveiller en elle l’aspiration à sortir de sa condition dépendante de Dieu, et à conquérir le pouvoir divin de décider ce qui est bien ou mal. Elle qui faisait l’expérience du bien en Éden, convoite de connaître, de faire l’expérience du mal, c’est-à-dire de l’absence de Dieu, de l’indépendance vis-à-vis de Lui. Or les promesses de Satan se révèlent totalement fallacieuses : leurs yeux s’ouvrent* non pas sur le monde spirituel et invisible des dieux (ou de Dieu = Elohim, nom au pluriel), ou des réalités spirituelles, mais sur leur situation terrestre de dénuement total de créatures sans Dieu !
Nous retrouvons quotidiennement les facettes de cet « orgueil de la vie », lorsque sans même nous en rendre compte, et souvent avec les meilleures intentions du monde, nous nous mettons à la place de Dieu. Déterminer qui est sauvé ou pas, décider de la vie de ses proches ou de l’Église selon sa propre volonté, chercher à briller aux yeux des hommes, ou à grimper dans les hiérarchies pour exercer un pouvoir sur les autres, toutes ces attitudes reproduisent le péché de nos premiers parents. Il les écarta de l’arbre de vie qui seul pouvait leur donner l’immortalité, et les conduisit à cacher leur faiblesse, ou nudité spirituelle, devant Dieu et les autres par des moyens de fortune précaires. Ainsi en est-il de nos efforts pour donner le change et faire croire à une capacité personnelle de nous sortir des impasses dans lesquelles nous nous enfonçons par notre insoumission à Dieu.
*Cette expression dans la Bible s’applique toujours aux « voyants », prophètes de Dieu ou devins, qui ont accès au monde invisible (voir 2 Rois 6.16-17).
Sens des paroles séductrices du serpent (d’après un commentaire du regretté pasteur Marcel Fernandez)
v 4-5 : Les paroles du serpent présentent les 7 dogmes de l’humanisme spirituel qu’a repris la philosophie du Nouvel-Age, et qui s’infiltrent dans la pensée contemporaine. Ils ont comme objectif subtil et masqué de séparer l’homme de Dieu, et de faire de l’homme un rival de Dieu en lui faisant croire à son indépendance, son pouvoir et son intelligence.
1- Vous serez comme des dieux : c’est le refus du statut de créature dépendante de Dieu, et l’aspiration à l’auto-adoration.
2- Vous ne mourrez pas : c’est la croyance en l’immortalité naturelle, que l’on retrouve dans toutes les religions, et qui conduit à la foi en la réincarnation ou à la survie d’une « âme » après la mort.
3- Vos yeux s’ouvriront : dans la Bible cette expression s’emploie pour la prise de connaissance du monde occulte, donc inaccessible au profane, au non-initié.
Eve va croire que Dieu la condamne à la naïveté, à avoir les yeux fermés sur ces pouvoirs de l’esprit, sur cette intelligence de l’infini et de l’au-delà.
4- Vous connaîtrez le bien et le mal : chacun sera capable de déterminer ce qui est son bien ou son mal : c’est le relativisme moral, où l’homme n’a de compte à rendre à personne qu'à lui-même.
5- Dieu a-t-il réellement dit ...: le doute est semé sur la révélation divine, qui prend moins d’importance que la communication de l’esprit humain avec les forces surnaturelles. C’est la vérité de Dieu qui est contestée.
6- Dieu sait que ...: cette fois c’est sa bonté, son amour, qui sont niés ! Dieu est présenté comme un Dieu d’obscurantisme, un Dieu qui veut garder jalousement son savoir, qui interdit à l’homme la connaissance, l’ouverture d’esprit.
7- Un fruit précieux pour ouvrir l’intelligence : la recherche du développement du cerveau par l’énergie cosmique (symbolisée par cet arbre) avec laquelle on entre en contact grâce à la méditation, est l’idée-clé de la philosophie humaniste spirituelle. Elle s’introduit aussi dans l’Eglise, lorsqu’on ne perçoit pas toute la subtilité des propositions sataniques, dont le but est de séparer de Dieu.
V 6 : La tentation d’Eve reprend les trois convoitises dont parle l’apôtre Jean (1 Jean 2.16) : convoitise des yeux, convoitise de la chair et orgueil de la vie.
La tentation d’Adam est un peu différente : présent à côté de sa femme, il n’ouvre pas la bouche pour avertir, contredire ou empêcher sa femme de suivre ses désirs. Il devait choisir entre écouter Dieu et perdre sa femme, ou écouter sa femme, perdre Dieu et se perdre tous les deux. Il préféra la seconde solution, ce qui fait dire que le péché d’Adam avait une connotation sexuelle : il ne voulait pas perdre le plaisir de la communion avec sa femme. Mais en aucun cas, nous ne pouvons prétendre que le péché de nos parents fut l’acte sexuel ! Celui-ci était voulu et béni par Dieu, pour le bonheur de l’être humain et le peuplement de la terre, et même pour symboliser l’union que Dieu voulait vivre avec la créature à son image ! (Gen 2.24)
v 7 : On peut trouver une piste d’interprétation de ce verset, dans le jeu de mots qui existe dans la langue hébraïque entre le mot nu et le mot lumière, comme nous l’avons déjà dit plus haut, (et comme l’a illustré notre regrettée sœur Zabou)
Quand on entendait le verset 25 du ch 2, l’hébreu pouvait aussi comprendre ils étaient lumière. Cette lumière leur venait de la présence de Dieu. Et voilà que, après leur désobéissance, ils comprennent qu’ils se sont séparés de la présence de Dieu, ils ont perdu sa lumière et se retrouvent seuls face à eux-mêmes, sans sa protection. Le froid extérieur et la peur intérieure qu’ils en éprouvent se traduisent par la honte de se voir tels qu’ils sont, selon une réaction psychosomatique bien connue.
La nudité dans la Bible devient alors le symbole de l’état de péché du cœur de l’homme, qu’il ne peut cacher devant Dieu. Mais physiquement elle n’a pas de valeur négative, de même que le sexe et la sexualité. Ils ont été voulus par Dieu pour le bonheur, la complémentarité et la procréation des êtres humains. C’est le péché introduit par l’homme, la séparation d’avec Dieu, qui en a fait des tabou, des sujets de honte et de souffrance.
La conscience de sa nudité qu’a l’être humain à ce moment est l’expression physique, somatique (sentiment de froid) de sa détresse intérieure, psychique, en s’apercevant qu’il s’est coupé de Dieu, qu’il se retrouve seul, démuni de sa protection, et voué à la mort. Ici, leur honte intérieure de s’être séparés de Dieu, se transfère sur leur nudité : ils ne peuvent plus se regarder eux-mêmes en face, tels qu’ils sont, ils ne s’aiment plus eux-mêmes, et ne peuvent plus aimer l’autre car chacun renvoie à l’autre l’image d’un être faible et privé de la présence et de l’amour de Dieu.
Les feuilles de figuier qu’ils utilisent pour se couvrir sont le symbole des efforts humains pour cacher l’état de pécheur, et pour mériter son salut. Dieu va en montrer toute la vanité, en offrant lui-même un vêtement de peau. Pour cela, Il est contraint de sacrifier le premier animal innocent. Il enseigne ainsi concrètement le plan du salut de l’homme: Il sacrifiera son propre Fils pour que l’homme puisse vivre ! C’est le sens des sacrifices bibliques.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- En quoi le titre de notre étude peut-il se vérifier à notre époque ? Comment résister aux tentations permanentes auxquelles nous soumettent les médias et les publicités ?
- Comment se manifeste notre désir humain d’être comme Dieu ?
- Satan dans ses tentations de Jésus a utilisé la Parole de Dieu. Cela peut-il être d’actualité ? Comment discerner ses pièges ?
- Qu’est-ce que je recherche dans la lecture ou la citation de la Parole de Dieu ?
- De quelles « feuilles de figuier » ai-je essayé de cacher mes faiblesses, mon éloignement de Dieu, pour ne pas perdre la face devant les autres, ou me (et les autres !) persuader de ma « pureté » ?
08:00 Publié dans motivations du coeur | Lien permanent | Commentaires (1)