11/11/2016
Étude n°8, Sang innocent? Job 10.1-22 (19 11 16)
Étude n°8, Sang innocent? Job 10.1-22 (19 11 16)
Hébreux 11.1 : “La foi est l’assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas.”
Observons : Plainte renouvelée de Job
V 1 : Dans quels sentiments est Job ?
V 2-7 : Que reproche-t-il à Dieu ?
V 8-12 : Comment Dieu s’est-il comporté jusque-là avec Job ? De quelle contradiction Job accuse-t-il Dieu ?
V 13-17 : Quelles idées Job prête-t-il à Dieu ?
V 18-19 : Quel désir exprime-t-il ?
V 20-21 : Quel avenir entrevoit il ? Quelle image de la mort a-t-il ? Relever les répétitions.
Comprenons
Job a commencé à répondre à ses amis Eliphaz et Bildad en reconnaissant que la grandeur de Dieu lui donne tous les droits. L’homme est impuissant devant lui et aspire à un médiateur bienveillant (9.32-33). Sa plainte reprend et exprime son dégoût de sa vie avec plus de véhémence. Job semble n’avoir plus rien à perdre et parle librement, sans crainte car il dit la vérité. Se taire plus longtemps serait se mentir, se trahir (9.35). Il invective Dieu qui lui semble un persécuteur injuste, un Créateur incohérent (v3), qui sans générosité, se hâte de l’accuser en oubliant qu’il était un mortel qui ne vit pas longtemps (v 4-6). Job demande des comptes à Dieu sur son attitude contradictoire et inexplicable : En repoussant sa créature, Dieu se met du côté des méchants et leur ressemble en guettant sans cesse la faute de l’autre, alors qu’il connaît le fond du cœur de l’homme et a toute son éternité pour le juger (v 4-7).
Job provoque Dieu pour le faire sortir d’un silence qu’il ne supporte plus. Devant le silence de Dieu, qui n’a pas souhaité l’en faire sortir et entendre enfin sa voix ? Sans saisir que souvent Dieu parle par la bouche des autres, croyants ou pas, et pour nous chrétiens, par les Écritures qui par l’Esprit deviennent Parole de Dieu pour le lecteur attentif.
Dieu peut aussi s’adresser à nous par nos propres paroles inspirées inconsciemment par l’Esprit. N’est-ce pas ce qui se passe pour Job avec le magnifique tableau poétique qu’il dresse de la création de l’homme (11è siècle): il a été façonné par Dieu comme de l’argile ; pâte molle comme du lait caillé, il a été moulé dans les doigts de Dieu, puis consolidé par des os et des nerfs, protégé par de la chair et de la peau, et enfin animé de son souffle-esprit et revêtu de sa bienveillance et de son amour (v 12).
La liaison entre le verset 12 et le verset 13 autorise deux interprétations : la première se rapporte à ce qu’il vient d’énoncer : « Voilà ce que tu cachais dans ton cœur, je sais que tu avais cela dans ta pensée ». C’est ainsi que le comprenaient les auteurs Juifs Elie Wiesel et Josy Eisenberg (Job ou Dieu dans la tempête, Fayard/Verdier, 1986), sans doute pour épargner à Job le blasphème de faire de Dieu un créateur sadique, comme dans la seconde lecture possible de ce texte.
L’interprétation qu’ont adoptée toutes nos versions de la Bible, concerne en effet ce qui suit : « Mais voici ce que tu tramais dans ton cœur, je sais ce que tu pensais : m’observer si je pèche… »: Job accuserait Dieu d’oublier sa bonté envers sa créature, qu’il aurait créée pour mieux la poursuivre de son châtiment à la moindre faute !
Les deux lectures étant possibles, tout dépend de l’image de Dieu que l’on se fait. Dans la souffrance extrême, il arrive que l’on accuse Dieu de telles intentions sadiques, mais Jésus n’est-il pas venu pour chasser cette image d’un Dieu cruel qui s’acharne contre l’homme, et pour révéler que l’amour de Dieu envers l’homme créé à son image ne varie pas même s’il est pécheur ? Le verset 13 serait alors la conclusion de la révélation faite à Job du soin qu’a pris Dieu à la création de l’homme. A l’opposé, au verset 14, devant le silence persistant de Dieu, Job retomberait dans sa conception humaine erronée d’un Dieu en chasse comme un lion contre sa proie humaine incapable de redresser la tête (v 16), victime de l’armée des malheurs et des faux témoins dont Il l’accable (v 17).
Après de si graves accusations, Job reprend sa plainte et son désir de mort. Il n’est pas l’ennemi de Dieu et lui demande encore un répit, puisque sa vie est si fragile, et que dans la mort il ne trouvera qu’obscurité et désordre ! (Répétitions : ténèbres (2 fois), obscurité (2 fois), ombre (2 fois). Job a besoin d’un peu de paix et d’un peu de joie avant d’affronter cette nuit sans fin. N’est-ce pas le désir légitime de tout être humain à l’approche de la mort, quand il n’a pas l’espérance et la confiance en Dieu pour une résurrection future, désir que les soins palliatifs tentent de satisfaire par des moyens matériels ou affectifs.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels « Pourquoi » faisons-nous monter vers Dieu dans l’épreuve ? Quelles réponses pouvons-nous avoir depuis la venue de Jésus ?
- Au milieu de la souffrance, comment pouvons-nous comme Job entrevoir et compter les bienfaits de Dieu et son amour pour nous ?
- Quelle espérance peut nous permettre d’aborder la mort avec sérénité ? Comment la partager avec le proche qui se trouve en fin de vie ?
08:00 Publié dans Job | Lien permanent | Commentaires (0)
04/11/2016
Étude n°7 Rétribution punitive Job 8.1-22 (12 11 16)
Étude n°7 Rétribution punitive Job 8.1-22 (12 11 16)
« Peux-tu découvrir les profondeurs de Dieu ou découvrir ce qui touche à la perfection du Tout-Puissant ? » Job 11.7
« Dieu ne rejette pas l’homme intègre et il n’affermit pas la main de ceux qui font le mal » Job 8.20
Observons la première réponse de Bildad à Job
1-3 : A quels propos de Job Bildad fait-il allusion ? (7.11-21) Comment les qualifie-t-il ? (8.2). Que sont-ils à ses yeux ? (v 3)
4-7 : Qu’ose-t-il insinuer sans tenir compte du chagrin de Job et totalement injustement ? Que laisse-t-il espérer à Job ? Quelle théorie sur la justice divine défend-il ?
8-19 : A quoi a-t-il recours pour convaincre Job ? (8-10). Sur quels exemples de la nature s’appuie-t-il ? (11-12). Quel sort a l’impie selon sa théorie ? (13-19) Quelles sont les parts de vérité et d’erreur de cette théorie ?
20-21 Quelle consolation apporte-t-il à Job ?
22 : Quelle menace profère-t-il indirectement contre Job ?
Comprenons
1-7 : Après Eliphaz, Bildad prend la parole sans plus de compassion pour son « ami ». Il a été choqué par les paroles véhémentes que Job a prononcées contre Dieu. En effet Job s’en est pris à la justice incompréhensible de Dieu qui s’acharne sans raison contre lui (7.17-21), et ne semble pas vouloir pardonner une éventuelle faute de sa part. Job et ses amis ne connaissent pas ce qui s’est passé entre Dieu et Satan !
8-19 : Bildad se fait le défenseur de Dieu qui ne peut pas être injuste (8.3). A ses yeux, Dieu punit toujours l’impie, le pécheur périt comme ce fut le cas des fils de Job, morts à cause de leurs crimes ! Quel mot terrible ! Comment Bildad peut-il juger et condamner à la place de Dieu ? Pour consoler Job, il lui promet le rétablissement… s’il est toutefois juste. (Son état misérable présent sous-entend à ses yeux qu’il est pécheur !). Sans le savoir Bildad prophétise ce qui arrivera finalement à Job. Mais sa théorie de rétribution divine punitive, si elle est partiellement[1] exacte du point de vue eschatologique, sur terre elle ne se vérifie pas souvent (voir le Psaume 73.3-9), malgré les exemples fournis par Bildad, tirés de la sagesse des pères ou de la nature (Le papyrus sèche sans eau, comme l’impie meurt s’il oublie Dieu ; malgré sa confiance dans la vigueur et la prospérité de sa maison, elle s’écroule vite car elle est sans racines, v13-19).
Dieu est juste, mais les événements ne sont pas toujours le résultat d’une rétribution divine comme va le reconnaître Job dans sa réponse à ses amis (9.22, 32-33).Il aspire à trouver un arbitre entre lui et ce Dieu dont il ne comprend pas les voies (9.4), mais dont il implore la grâce (9.15).
Dans la bouche de Bildad nulle notion de grâce divine. La relation à Dieu repose sur le principe du donnant-donnant que Job conteste et que Jésus dénoncera (Jean 9.1-3 : l’aveugle-né, et Luc 13.1-5 : les victimes de la Tour de Siloé). Aux yeux de Bildad la référence aux anciens devrait faire foi. Il ne la met pas en doute et perpétue ainsi une « sagesse » tout humaine, dont Dieu dira qu’elle « parle mal de lui » (Job 42.7) !
20-21 : En faisant miroiter à Job la joie d’un possible rétablissement, Bildad continue à sous-entendre que Job est pécheur, « revêtu de honte ». La menace déguisée n’est pas pour consoler Job, mais pour lui faire craindre un Dieu punisseur !
Job va accomplir tout un chemin intérieur pour entrevoir que Dieu n’est pas tel que le pensent ses amis, mais est un « Rédempteur vivant qu’il pourra contempler lui-même », au-delà de sa mort terrestre (19.25-27).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Sur quels exemples de la grâce de Dieu dans ma vie de pécheur puis-je m’appuyer pour rejeter l’idée de sa rétribution punitive ?
- Comment ne pas se fier à la sagesse humaine des anciens pour expliquer la souffrance ?
- Que nous révèle la parole de Dieu sur l’origine des souffrances ? Cette révélation est-elle consolante, apporte-t-elle de l’espoir ?
[1] En effet le jugement final où les hommes sont révélés comme impies ne constitue pas une punition de Dieu, mais l’application de la conséquence inéluctable du choix de mort de l’impie. Ce dernier récolte ce qu’il a semé. Dieu ne fait que le constater et le rendre visible par tous.
08:00 Publié dans Job | Lien permanent | Commentaires (0)