28/10/2016
Étude n°6 Malédiction sans cause ? Job 4 (05 11 16)
Étude n°6 Malédiction sans cause ? Job 4 (05 11 16)
« Un mortel serait-il juste devant Dieu ? Un homme serait-il pur devant Celui qui l’a
fait ? Job 4.17 (Gustave Doré 19è : Job et ses amis)
Observons le chapitre 4
V 1-11 : - Qui prend la parole après avoir gardé le silence pendant 7 jours ? Avec quelle précaution ?
- Que rappelle-t-il à Job ? v 3-4
- Que lui reproche-t-il ? v 5-6
- Sur quoi fonde-t-il la force de Job ? v 6
- Quelle conception de la vie religieuse et de la justice de Dieu cela dénote-t-il ? v 7-9
- A quoi fait appel Eliphaz pour justifier ses propos ? v 8 et 10-11
V 12-21 : - Après son « expérience » et l’exemple du lion, à quoi Eliphaz a-t-il recours dans cette deuxième partie du chapitre ? Que cherche-t-il par là ?
- Quel effet produit sa vision sur lui-même ? v 14-15
- Comment présente-t-il le personnage aperçu dans sa vision ?
- Que lui dit ce personnage ? v 17. Quelles preuves en donne-t-il ? v 18-19
- Quelle conception de l’homme manifeste-t-il ? v 19 : Relever tous les termes poétiques employés pour dévaloriser l’homme.
- Que veut-il faire reconnaître par Job ? 5.7-8.
Comprenons
Les trois amis de Job sont des sages orientaux d’Idumée (Théman en Edom) des bords de l’Euphrate (Suach = tribu arabe descendant de Ketura, Gen 25.2, 6) et d’Arabie (Naama). En signe d’affliction profonde devant l’état de Job, ils ont pleuré, déchiré leurs manteaux, fait retomber la poussière sur leurs têtes, et gardé le silence sept jours et sept nuits (chiffre symbolique de la « perfection ou plénitude » de leur acte), ne sachant que dire devant l’immensité du malheur de leur ami.
Enfin Job sans doute irrité par leur silence culpabilisant, a pris les devants et fait entendre sa plainte et son désir de mort (ch 3).
Eliphaz, le plus âgé et le plus « expérimenté » à ses propres yeux (4.8), entreprend alors de lui expliquer la situation. Son entrée en matière est prudente car il ne sait pas comment va réagir Job. Très vite pourtant au lieu de manifester de l’empathie, Eliphaz juge Job et le reprend sans compassion : lui qui était un enseignant exemplaire, le voilà abattu quand le malheur le touche (v 3-5). Eliphaz rappelle que Job tirait sa force de sa piété (=crainte de Dieu), et de l’intégrité de sa conduite en qui il avait confiance et espérance qu’elles lui mériteraient les bénédictions divines. Eliphaz est dans une conception de rétribution, il ne connaît ni la grâce ni l’amour de Dieu. Pour lui toute la vie religieuse repose sur la valeur des actes humains qui attirent la faveur de Dieu : au juste et à l’intègre le bonheur, au pécheur et à l’insensé le malheur (= malédiction dans le langage biblique). Sous-entendu, puisque Job est dans le malheur, c’est qu’il a péché ! C’est ce qu’Eliphaz s’applique à expliquer (v 7-9) en s’appuyant sur une prétendue expérience personnelle (« comme je l’ai vu, on récolte ce qu’on sème » v 8), ou sur un exemple tiré de la nature (même le lion le plus redoutable n’est pas à l’abri de la famine ou de la mort, v 10-11). Eliphaz ne voit dans la réalité que ce qui confirme sa thèse. Ses arguments sont poétiques mais ni probants ni consolateurs !
Voyant sans doute que Job n’est pas convaincu, Eliphaz utilise un procédé détourné. Il fait dire sa propre conviction à un « esprit » entrevu et entendu dans une vision nocturne. Cela devrait impressionner Job et le convaincre de la vérité de ses propos !
Le portrait de cet esprit et les réactions d’Eliphaz lui-même à son apparition au lieu d'en faire un être divin, l’assimileraient plutôt à un fantôme, à un esprit spirite : il murmure à l’oreille dans un demi-sommeil, se faisant passer pour la voix de Dieu (1 Rois 19.12) mais il reste incognito et provoque la chair de poule, prononçant des paroles de condamnation et de mort, faussement attribuées à Dieu ! (1 Samuel 28.13-20). La révélation de cet esprit c’est que l’homme mortel ne peut pas être pur devant son Créateur. Créature insignifiante (teigne que l’on écrase), au corps fragile (maison d’agile), tiré de la poussière, dont la vie ne tient qu’à un fil vite rompu, comment peut-il prétendre éviter la peine ou la correction de Dieu (5.17) pour ses fautes, alors que même les anges qui lui sont supérieurs sont sujets à l’erreur (v 18) et n’ont pas la confiance de Dieu ?
A ce dédain d’Eliphaz pour la condition pécheresse de l’homme, Job renchérira en s’écriant : « Qu’est-ce que l’homme pour que Tu le prennes tant à cœur et le visites (punisses) sans cesse ? » (7.17-20). On est loin de l’admiration du psalmiste qui reprend la même exclamation dans un sens tout opposé : « Tu l’as fait de peu inférieur aux anges, Tu l’as couronné de gloire et de splendeur ! » (Ps 8.5-6). Dieu pourra dire d’Eliphaz qu’il a mal parlé de Lui, car en méprisant sa créature à l’image de Dieu, Eliphaz portait atteinte à l’honneur et à la gloire du Créateur.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment éviter de condamner l’autre en le rendant responsable quand il est dans le malheur ?
- Quelle idée de l’homme nous faisons-nous ? A quoi a mené dans l’histoire (par exemple au 20è siècle) la dépréciation de l’homme ? Quel est le regard de Jésus sur chaque créature ?
- Quelle influence a sur notre comportement et sur nos règlements d’église notre vision de Dieu et de l’Homme ?
- En quoi ma piété obéit-elle au même principe de rétribution divine qu’Eliphaz ?
- En quoi la confiance en soi et en ses qualités morales est-elle trompeuse dans la vie spirituelle ?
- Sur qui ou sur quoi nous appuyer dans l’épreuve ? Comment cela se traduit-il concrètement ?
08:00 Publié dans Job | Lien permanent | Commentaires (0)
21/10/2016
Étude n°5 Maudit le jour où je suis né ! Job 3.1-13 et 7.17-21 (29 10 16)
Étude n°5 Maudit le jour où je suis né ! Job 3.1-13 et 7.17-21 (29 10 16)
« Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car tu as créé toutes choses et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles furent créées. » Ap 4.11
(Job par Léon Bonnat)
Observons
Le premier texte : 3.1-13
- A quel moment Job prend-il la parole ? Sous quelle forme de langage ?
- Que maudit-il dans les v 3-5, puis 6-9, pourquoi ? (v 10).
- Quel désir exprime-t-il ? (v 11-12)
- Quelle aspiration termine sa plainte ? (v 13)
Le deuxième texte : 7.17-21
- Dans sa réponse à Eliphaz, à qui Job s’adresse-t-il en réalité ?
- Comment considère-t-il l’homme, v 17-18 ? Comparez avec Ps 8.5.
- Que reproche-t-il à Dieu ?
- Au v 18 le verbe « visiter » est le même verbe hébreu qu’en Ex 20.5 où il est traduit par « punir » : comment concilier les deux traductions ?
- Comment Job considère-t-il Dieu ? (v 19-20)
- Quelle interrogation se pose Job sur lui-même ? (v 20)
- Que réclame-t-il de Dieu ? Pourquoi ? (v 21)
Comprenons
Premier texte
Après le silence de 7 jours de ses amis, Job s’irrite et explose, car il sent ce silence comme un reproche. Il exprime sa plainte dans la forme poétique des lamentations, avec de multiples images et répétitions remplies d’amertume. Les versets sont composés de deux ou trois vers parallèles, de même pensée, sous forme de contraste ou de gradation.
Il voudrait n’être jamais né, maudit le jour et la nuit de sa naissance en les personnifiant, demandant pour l’un comme pour l’autre l’obscurité du néant. Les « sombres événements » du v 5 représentent littéralement « les obscurcissements du jour » que sont les orages, les tempêtes de sable, les éclipses, tous phénomènes naturels qui rendent le jour sombre et terrifiant. Job en vient même à demander l’appui des magiciens qui, croit-il, peuvent maudire et faire intervenir le « Léviathan », nom donné à un grand serpent légendaire qui aurait le pouvoir d’envelopper les astres et produire les éclipses (On pensait le retrouver dans la constellation du Dragon, Job 26.13). Ce Léviathan était assimilé au crocodile (Job 40.25), puis à la puissance destructrice du monstre qui habite dans la mer (= l’abime, Ap 9.2-3 ; 20.2-3 ; Luc 8.31,33) Satan, l’adversaire de Dieu (Es 27.1).
Toute cette plainte où se mêlent lumière et obscurité, se résume dans le désir de Job de n’être jamais né, de n’avoir jamais été conçu, de n’avoir jamais eu la possibilité de tomber dans un tel malheur injuste. Il regrette ensuite profondément de n’être pas mort dès sa naissance (v 11—12) car il connaîtrait le repos au lieu de la peine. Comme dans toute la Bible (Ps 13.4, Mat 9.24 ; Jean 11.11, 13) la mort est semblable à un sommeil reposant, en contraste avec la vie si tourmentée qu’il subit.
Deuxième texte : 7.17-21
Eliphaz est intervenu (ch 4-5) pour donner des leçons savantes à Job sans compassion pour ses tourments, sous-entendant qu’ils sont mérités et qu’il suffirait à Job de se tourner vers Dieu avec humilité pour être libéré. Job toujours aussi irrité poursuit sa plainte, en reconnaissant seulement que trop de souffrances l’ont fait peut-être prononcer des paroles inconsidérées (6.3), mais pas blasphématoires (6.10). Il réclame de ses amis de la bienveillance et proteste de son innocence morale (6.14, 30).
Sa plainte s’adresse ensuite à Dieu à qui il ose reprocher très librement …de trop s’occuper de lui ! Dans une parodie du Ps 8.5, (le connaissait-il ?), il juge l’homme trop insignifiant pour être l’objet de l’attention scrutatrice d’un Dieu qui lui apparaît tel « un gardien » de prison, à l’affut des actes humains (7.20). Si Dieu le « visite » ou « prend soin » de lui, ce n’est que pour l’éprouver. D’où le sens de « punir » que les traducteurs ont donné au verbe dans le Décalogue (Ex 20.5-6), influencés par le contexte qui oppose « ceux qui haïssent Dieu » à « ceux qui l’aiment ». Dans leur idée d’une justice de rétribution, ces derniers ont droit à la bienveillance miséricordieuse de Dieu, tandis que les premiers ne peuvent qu’être « punis » par Dieu ! Alors que Dieu les aime aussi et « visite », « s’occupe » des enfants qui subissent injustement les conséquences des fautes de leurs parents, sur trois ou quatre générations. Dieu leur apporte son aide pour qu’ils échappent à leur hérédité ou au moins l’assument sans trop de dégâts.
Job dans sa souffrance se fait une image terriblement anxiogène d’un Dieu sans pitié qui l’accable de ses attaques quotidiennes (v 20). Job réclame de Lui clémence et pardon avant qu’il ne meure et ainsi ... ne lui échappe !
La plainte de Job est reprise par tous les malheureux qui ne comprennent pas l’injustice de leur sort, et en désespoir de cause l’attribuent à un Dieu Tout-Puissant, insensible et arbitraire.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans la souffrance à quel Dieu nous adressons-nous ? De quoi l’accusons-nous ?
- Comment témoigner d’un Dieu d’amour à quelqu’un qui souffre ?
- Comment ressentons-nous la « visite » de Dieu, son regard sur nous ?
- Quelle assurance et quelle espérance Jésus a-t-il apporté aux malheureux ?
08:00 Publié dans Job | Lien permanent | Commentaires (0)