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05/12/2014

Étude n°11 : Soyez patients, Jac 5.7-12 (13 12 14)

Étude n°11 : Soyez patients, Jac 5.7-12 (13 12 14)

 

« Vous aussi prenez patience, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. »Ja 5.8

 laboureur et ses travaux.jpg

Observons Ja 5.7-12

-          v 7-8 : Quelles répétitions encadrent l’image du laboureur ? Au verset 8 à quoi équivaut la patience dans l’esprit de Jacques ? A quel évènement préparent les pluies de la première et de l’arrière saison ? (En Israël = pluie d’automne après les labours, et pluie de printemps pour le gonflement et la maturation des épis) ? Que représentent ces pluies pour le laboureur et pour le croyant ?

-          Pourquoi faut-il être patient et affermir son cœur ? Que signifient ces expressions ? (voir Mat 24.13)

-          V 9 : Que comporte aussi la patience envers les autres ? Quelles attitudes provoquent la critique des autres ? (voir l’opposé à la fin du v 11)

-          V 10-11 : Quelles qualités des prophètes et de Job doivent imiter les croyants dans l’épreuve ?

-          La souffrance et la patience sont-elles des mérites devant Dieu ? Qu’est-ce qui provoque en lui compassion et miséricorde, et qui justifie fermeté et patience chez le croyant ? (Jean 3.16 ; 1 Jn 4.8b-9)

-          V 12 : Outre la patience, que recommande encore Jacques (Mat 5.33-37)? Pourquoi ? (voir la fin du v 9)

-          Qu’est-ce qui motive la façon de vivre du chrétien, selon la lettre de Jacques ? (2.13 ; 5.7-9,12). Est-ce la peur du jugement ou le désir de faire connaître l’amour libérateur de Christ ?

 

Comprenons

Après ses accusations contre les riches oppresseurs, Jacques cherche à encourager les opprimés et les invite à la patience. Ils peuvent endurer leurs souffrances injustes, avec persévérance dans la foi , parce qu’ils savent que le retour de Jésus (mentionné deux fois) les en délivrera prochainement et leur rendra justice. (v 9). Le premier exemple de patience auquel ils peuvent se référer est celui du laboureur. Il a consciencieusement préparé sa terre, y a semé des graines, et maintenant il attend avec foi et patience qu’elles germent, lèvent et produisent du fruit (2 Tim 2.6). Il ne peut rien faire pour cela mais il compte sur les pluies du ciel pour la germination en automne, et la maturation des épis au printemps. Joël (ch 2.23) et Luc (Act 2.17) avaient déjà  appliqué ces images aux pluies spirituelles de l’Esprit Saint, qui avaient créé l’Église à la Pentecôte, et permettraient une moisson abondante à la fin des temps, comme Jean le laisse entendre dans l’Apocalypse(7.3 ; 8.5a) : pluie de feu sur la terre, qui scelle les élus avant la Parousie du Seigneur, affermit et prépare ainsi son peuple à  recevoir le Christ glorieux.

La perspective de cet avènement glorieux et tout proche, comme le croyait la première Église, conforte le croyant dans une attente patiente, car la joie et l’espérance du « revoir » l’emportent sur les afflictions du moment(1 Pi 1.6) et lui permettent de rester ferme dans la foi (v 8,11).

Cette patience/persévérance (voir l’étude de Philippe Augendre dans la note n°2 de ce trimestre sur Ja 1.2-4), dont Jacques a déjà parlé, a pour fruit l’absence de critique des autres (v 9). Ce n’est que perte de temps, absence d’amour et manifestations de rancœur, d’esprit de vengeance et d’orgueil, toutes attitudes qui tomberont sous le jugement éliminatoire du Seigneur Juge (v 12b). Jacques ne nomme Jésus-Christ que par ses titres ou ses fonctions : c’est le Seigneur pour les élus (v 8,10) et le Juge (v 9) pour ceux qui n’ont pas cru en lui, ou n’ont pas fait sa volonté (Mat 7.21 ; 25.31-46 ; Jean 3.17-21 ; 12.48 ; Ac 10.42).

Tenir ferme dans l’épreuve, à l’exemple des prophètes et de Job, c’est donc imiter la patience et la compassion de Christ envers ses propres bourreaux.

 

Sans aucun lien apparent avec cet appel à la patience, mais peut-être par associations d’idées et de mots avec la notion de jugement, Jacques ajoute une recommandation concernant les serments prononcés inconsidérément. On a l’impression que ce verset 12 serait plus adapté dans le développement sur la maîtrise de la langue du ch 3. Ici il s’agirait non seulement des serments dans les relations personnelles, mais surtout devant les tribunaux que les victimes seraient tentées de saisir pour défendre leur cause,  et se plaindre (v 9) de leurs oppresseurs. Dans ce cas la parole doit être claire, brève. Inutile d’en rajouter, car « cela viendrait du Malin » (Mat 5.37) et tomberait sous le coup du jugement (v 12b).

 Ces recommandations de Jacques sont vraiment influencées par les circonstances particulières de son époque : l’Église judéo-chrétienne du début souffre surtout de l’opposition des Juifs et doit témoigner, par sa patience, sa miséricorde, sa maîtrise de soi, sa véracité, d’une autre façon de vivre (c’est l’autre « face » tendue au persécuteur, autre face non violenteMat5.jpgdans Mat 5.39), mue par la foi et l’espérance en Christ le Sauveur et Seigneur. Mais n’est-ce pas ce qui est attendu du chrétien de tous les temps et de la fin des temps ?

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-          Quand nous sommes en butte aux oppositions ou aux critiques, quelles sont nos attitudes ? Quelle « autre face » tendons-nous ? Cherchons-nous à défendre notre bon droit, à nous justifier, à attaquer l’autre ?

-          Le chrétien doit-il garder le silence devant les injustices commises à son égard, et/ou à celui des autres ?

-          Comment garder patience et fermeté dans l’épreuve sans se blinder dans l’insensibilité ou l’orgueil spirituel ? Qu’est-ce qui motive en moi une telle attitude : la peur du jugement, l’attente d’une récompense, ou la révélation  par mon comportement de l’amour de Dieu ?

-          De quelles plaintes ou critiques contre les autres suis-je responsable et dois-je me repentir ? Existe-t-il des critiques indispensables et utiles ? Ou bien toute critique est-elle condamnable ?

08:00 Publié dans Jacques | Lien permanent | Commentaires (0)

28/11/2014

Étude n°10 : Pleurez et gémissez, Jacques 5.1-6 (06 12 14)

Étude n°10 : Pleurez et gémissez, Jacques 5.1-6 (06 12 14)

 

« Là où est ton trésor, là sera ton cœur » Mat 6.21

 

Observons Ja 5.1-6

-          A qui s’adresse cette deuxième invective ? (voir la première au ch 4.13). Quel est le ton de ce passage ? (voir les répétitions, les verbes, les images).

-          V 1 : De quels malheurs (historiques, eschatologiques ?) veut parler Jacques ? A quels pleurs sont appelés ces hommes ?

-          Relevez les adjectifs qui qualifient les possessions matérielles ? Que veulent-ils signifier  aux possédants, sachant que l'or n'est pas oxydable ?

-          A quoi fait allusion la « chair dévorée comme par le feu » ?

-          V 3 : Que reproche Jacques aux riches ? Pourquoi une notion de temps intervient-elle à la fin du verset ?

-          Pourquoi Jacques appelle-t-il Dieu : « l’Éternel des armées » ?

-          V 4-5 : Quel est l’état du cœur de ces riches propriétaires (voir Amos 5.11-12)

-          Pourquoi Jacques ne cite-t-il que les moissonneurs comme ouvriers ?

-          Que signifient les « cris et clameurs qui montent au ciel » ? (Gen 4.10 ; Luc 18.7 ; Ap 6.10)

-          V 5 : Qu’est-ce que « le jour du carnage » ? (v 3b ? Luc 21.34-35 ; Jér 12.3b ; Sop 1.14-18 ; Ap 19.17-18) ; Que dénonce Jacques dans ce verset ?

-          V6 : De quel juste s’agit-il ?

 

 Comprenons

Polyptyque de Montbéliard, 16è Lazare et le richeLazare et riche Polyptique Montbéliard 16è.jpg

En parallèle avec le verset 13 du ch 4, et  de part et d’autre du v 17, Jacques invective maintenant les riches après avoir averti dans les mêmes termes ceux qui n’associent pas Dieu à leurs projets d’avenir.

Le ton prophétique est donné par l’accumulation des pronoms « vous », les images très fortes, les allusions aux temps de la fin et au jugement, le rythme accéléré des phrases jusqu’à l’ultime accusation de « tuer le juste ». Ce n’est pas la première fois que Jacques s’en prend aux riches, chrétiens ou pas (1.10 ; 2.6-7), mais dans ce paragraphe il est beaucoup plus incisif et énergique, car il les met face aux conséquences de leurs injustices non seulement sur les pauvres, mais surtout sur eux-mêmes au jour du jugement. Ce jour, dans la ligne des prophètes, Sophonie, Amos, Joël (2.1-11), est présenté comme le jour redoutable de la colère de Dieu (Rom 2.8) sur ceux qui ne sont pas accueillis dans le Royaume (voir Lazare et le riche, Luc 16.20). Ce jour en effet révèle toutes leurs turpitudes qui justifient leur rejet. Les riches peuvent pleurer et se lamenter de peur et d’effroi (Mat 13.42 ; Luc 6.25), car ils perdront tout ce à quoi ils étaient attachés, et de plus, la vie éternelle. Leur malheur sera double, matériel et spirituel !

Ils sont peut-être aussi invités par cette invective à faire couler dès à présent des larmes de repentir avant que ce jour ne fonde sur eux (Luc 6.21b). Jacques reproche à ces riches confiants dans leurs biens terrestres d’oublier que ces trésors matériels dans lesquels ils ont mis leur cœur (Mat 6.21) sont fragiles et périssables (mites, rouille), et les feront périr spirituellement. Dévorés déjà de leur vivant, par le feu de leur passion, par leur cupidité, leur avarice, leur injustice, et leur goût des plaisirs, ils sont promis à disparaître définitivement comme toute « chair » (v 5), c’est-à-dire comme tout homme resté à l’état « naturel, animal »(Rom 7.5-8 ; Eph 2.1-3). Leur attachement aux trésors terrestres leur fait oublier qu’ils sont appelés à rechercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice (Mat 6.33), surtout que « ces jours sont les derniers » (v 3). Les premiers chrétiens croyaient en effet que Christ allait revenir de leur vivant, pour juger le monde et rendre justice à tous les opprimés. Il fallait donc ne pas perdre son temps à des futilités, ou dans l’injustice, mais rechercher sa présence dans tous les aspects de la vie quotidienne (Michée 6.8). Dire que les cris des victimes d’injustices ou de persécutions montent à Dieu, c’est affirmer que Dieu garde le souvenir de leurs souffrances injustes, de leurs vies opprimées, pour leur rendre justice, les réhabiliter, et les rétablir dans leur droit à la résurrection et à son retour (Ap 6.9-11).

Jacques ne mentionne que les moissonneurs comme ouvriers des riches, peut-être pour accentuer le scandale de l’injustice qu’ils subissent : les riches privent de leur salaire, de leur moyen de vivre, ceux qui par leur travail les nourrissent, et les font « bien vivre ».

L’Éternel des armées est invoqué par l’apôtre pour rappeler qu’Il est le chef des armées angéliques, qui détient autorité et puissance pour secourir, et pour exercer son jugement, libérateur envers les opprimés, et éliminateur pour les oppresseurs.

L’expression du verset 5 : « vous avez rassasié vos cœurs « au jour du carnage » peut s’entendre de deux façons différentes :

-          le mot grec traduit par « carnage » contient l’idée de sacrifice d’un animal :  les riches seraient comparés à des animaux qui se nourrissent encore avidement le jour où ils vont mourir et être sacrifiés, car ils n’en n’ont ni conscience ni connaissance.

-          Le mot a aussi le sens de tuerie, et ferait allusion de façon prophétique au jour de l’élimination totale des impies, tel qu’il est décrit par l’Apocalypse (19.18) dans le « festin des oiseaux » où le sang coule et monte jusqu’au mors des chevaux ! Les riches continueraient à jouir des plaisirs terrestres avec insouciance, alors que ce jour est à la porte, alors que « leurs derniers jours » s’accomplissent.

On le voit, les deux sens cohabitent et ne s’excluent pas l’un l’autre, ils dénoncent l’aveuglement et l’avidité de ces hommes réduits spirituellement à l’état animal.

Le dernier reproche de Jacques v 6) accuse les riches de meurtre délibéré, contre le « Juste » Jésus-Christ (il n’y a pas de majuscule dans le texte grec), qui ne s’est pas défendu, ou contre son disciple, le plus petit de ses frères (Mat 25.45), considéré comme juste par Dieu :  à l’exemple de son Maître il ne résiste pas, mais adopte une attitude de non-violence, parce qu’il se confie en son Dieu pour être justifié au jour du jugement. (Mat 5.11-12 ; 10.22 ; Luc 21.12).

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-          Le fait d’être riche est-il condamnable dans la Bible ? Un riche est-il exclu du Royaume (voir le jeune homme riche Luc 18.24-26, et Zachée, Luc 19.1-10) ? Doit-il culpabiliser de sa richesse ? Comment peut-il entrer dans le Royaume ?

 

-          D’une façon ou d’une autre, nous, les chrétiens ou les adventistes d’Occident nous sommes riches par rapport à beaucoup de nos frères. Comment utilisons-nous nos richesses matérielles et spirituelles ? Par quoi en montrons-nous de la reconnaissance à Dieu et de la solidarité avec les plus pauvres ?

 

-          Quelles sont nos principales préoccupations ? Par quoi sommes-nous mobilisés ? Quelle place tient dans notre vie quotidienne le souci de notre relation avec Dieu et avec les autres,  ?

 

-          Comment réparer les injustices commises par l’Église et par nous-mêmes, à l’égard des plus pauvres, des exclus, des méprisés ?

08:00 Publié dans Jacques | Lien permanent | Commentaires (1)