07/11/2014
Etude n° 7 : Dompter la langue, Jac 3.1-12 (15 11 14)
Étude n° 7 : Dompter la langue, Jac 3.1-12 (15 11 14)
«Je vous le dis : Au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné » Mat 12.36-37.
Observons
Contexte : Après avoir prêché l’importance des œuvres pour prouver sa foi, Jacques aborde une « œuvre » particulière, celle de la langue.
Texte
A- v 1 Responsabilité des « docteurs » :
- Qui sont les « docteurs » dans l’Église ?
- Quelle ambition Jacques fustige-t-il ? Quelle raison donne-t-il à cet avertissement ? Pourquoi le jugement sera-t-il plus sévère pour ces « docteurs » (voir Rom 2.17-24)
B- v 2-4 : Deux comparaisons : le cheval et le navire (Tapisserie de la reine Mathilde, Bayeux, 11ème s)
- Que signifie « broncher » au sens propre et au sens spirituel ?
- Que veulent démontrer ces deux comparaisons ?
- Pourquoi la maîtrise de sa langue est-elle nécessaire à l’enseignant ?
C- v 5-6 : Troisième comparaison : le feu
- Relever le vocabulaire et les répétitions qui ont trait à la comparaison avec le feu : comment est qualifié ce feu ? Quels effets a la langue sur l’homme ?
- En quoi la langue peut-elle être « le monde de l’iniquité » ? Comment souille-t-elle le corps tout entier ? Qu’est-ce que la géhenne qui l’enflamme ?
D- v 7-8 : Langue Indomptable : Quatrième comparaison animale
- A quels animaux est comparée la langue ? Pourquoi ? Quel pouvoir a-t-elle ?
E- v 9-12 : Dualité de la langue : trois dernières comparaisons tirées de la nature et de la végétation :
- Relever les oppositions du v 9 : que veulent-elles dénoncer ? (Mat 23.3, 28 ; 1Jn 4.20-21).
- Comment l’affirmation du v 10 est-elle développée dans les versets suivants ? (Que signifient ces trois dernières comparaisons (voir Mat 7.16-23)
Comment peut-on qualifier la foi de celui qui ne maîtrise pas sa langue ? (Mat 16.6, 11-12 ; 1 Cor 5.8).
Comprenons
A- Responsabilité des docteurs :
En abordant l’ambition de certains chrétiens d’être des docteurs, des enseignants, Jacques revient au thème principal de sa lettre : quelle sagesse doit rechercher le chrétien (1.5 et 3.13-18), quelle religion doit-il pratiquer, celle des lèvres ou celle du cœur ? Il avait déjà (1.19, 26) amorcé ce thème de la langue à « tenir en bride ». Il y revient donc avec plus de précisions. Il faut se souvenir que les « docteurs » juifs aimaient discourir sans fin à tout propos, et enseigner les autres de façon à se mettre en avant, car selon la coutume dans les synagogues, chaque homme pouvait prendre la parole devant l’assemblée pour commenter un texte. Jacques veut faire prendre conscience de la responsabilité que cela implique devant Dieu et devant les hommes. Comme les autres œuvres, la parole est un acte (en hébreu, c’est le même mot : davar), sur lequel notre foi sera évaluée. Paul dénoncera le même travers des docteurs en Rom 2.17-22, en des termes aussi sévères. L’enseignant se doit d’être le premier à agir selon ses enseignements : il ne peut se contenter de belles paroles, ni se glorifier de ses connaissances, s’il ne les met pas lui-même en pratique, pour ne pas « déshonorer» par ses transgressions, le nom de Christ qu’il porte (Rom 2.23-24). Un témoignage de vie contraire à l’enseignement donné peut éloigner du royaume celui qui le reçoit ! Jésus lui-même a dénoncé l’hypocrisie des Pharisiens (Mat 23.3, 14), qu’il a avertis d’un jugement plus sévère que les autres, car « Dieu connaît les raisonnements des sages (de ce monde) et sait qu’ils sont vains. Que personne ne mette sa gloire dans les hommes » recommandait aussi Paul aux Corinthiens (1 Cor 3.20-21a). Ces enseignants se glorifient de leur savoir et en prenant la parole à toute occasion, ils veulent briller aux yeux de leurs auditeurs, faire assaut d’érudition, et par elle en imposer aux plus ignorants !
B- Le cheval et le navire
Le premier signe de la sagesse chrétienne, est de savoir maîtriser sa langue. Avec le verbe « broncher » Jacques amorce l’image du cheval, qu’il poursuit avec l’expression « tenir en bride » et « mettre le mors aux dents ». Broncher au sens propre, pour le cheval, signifie « trébucher », « faire un faux pas ». Pour l’homme, au sens figuré et spirituel, c’est s’écarter de Dieu, pêcher de quelque manière que ce soit. C’est le lot de tout humain, il aura à en rendre compte, alors autant éviter d’en rajouter par les paroles, par un enseignement hypocrite ou erroné. La maîtrise de notre parole prouvera notre capacité à dominer nos impulsions naturelles ou nos passions.
La langue est comparée à un mors et à un gouvernail, pour la petite taille de ces objets par rapport à ce qu’il faut maîtriser ou diriger pour accomplir la volonté du « pilote ». Or le pilote du chrétien, c’est le St Esprit (Jean 16.13), que Dieu accorde au croyant pour qu’il accomplisse sa volonté. Le fruit de l’Esprit ne comprend-il pas la maîtrise de soi ? (Gal 5.22).
Comme le mors pour le cheval, et le gouvernail pour le navire, la langue malgré sa petite taille a un grand pouvoir sur l’ensemble du corps, selon le « pilote » qu’elle se donne !
C- Troisième comparaison : le feu
Oubliant les fruits positifs de la parole, Jacques la compare à un feu dévorant, nuisible, pour la personne qui la prononce et pour ceux qui la reçoivent : la langue exprime la vantardise de celui qui parle, elle « souille le corps tout entier », par la haine, la rivalité, le mensonge qui habitent le cœur (« c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » Mat 12.34) et qu’elle propage tout autour, en enflammant sa propre vie et celles des autres de passions néfastes. C’est pourquoi Jacques la classe dans le monde des iniquités et la compare au feu de la géhenne, qui brûlait les ordures de Jérusalem.
D- Quatrième comparaison : les animaux sauvages dont le serpent.
L’homme a réussi à se rendre maître de la plupart des animaux sauvages, mais la langue, telle un serpent échappe à sa domination. L’homme ne peut spirituellement par ses propres forces dominer son désir de parler, d’enseigner aux autres, pour se faire valoir à leurs yeux. La comparaison avec un serpent (voir aussi Rom 3.13-14) vient de la croyance que le venin était inoculé à la proie par la langue fourchue de cet animal. Le venin, symbole du mal, est distillé par la langue humaine, parce qu’elle a une double capacité : prononcer des paroles « mielleuses », apparemment bonnes et pieuses, des louanges au Père, et en même temps, critiquer, juger, dévaloriser, médire (= maudire) ses créatures, pourtant « à son image ». Cette dualité de sentiment, de parole et de conduite, est incompatible avec la qualité d’enfant de Dieu, de disciple de Christ. (v 10b au centre des comparaisons !)
E- Trois dernières comparaisons, la source, le figuier, la vigne :
Pour appuyer son exhortation, Jacques ajoute trois autres images, déjà employées par Jésus (Mat 7.16-18). Il invite ainsi à examiner les effets que nous produisons par nos paroles ou nos actes, et surtout les contradictions entre les unes et les autres. La sagesse du chrétien se manifeste donc en premier par cette faculté de dompter son désir de se mettre en avant, en faisant étalage de ses connaissances, en prononçant des jugements catégoriques et dévalorisants sur les autres, sans avoir soi-même une conduite conforme à la volonté de Dieu qu’il enseigne.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- A quelle occasion me suis-je surpris(e) à ne pas faire ce que je conseillais à un autre ? Pourquoi ai-je eu ce comportement ? Comment puis-je le réparer ou le changer ?
- Comment avoir une parole vraie, juste, bienveillante dans mes relations personnelles ?
- Dans nos groupes bibliques, à l’église ou à la maison, nous sommes appelés à exprimer notre pensée à propos des textes étudiés. Que cherchons-nous quand nous prenons la parole : mettre en avant nos connaissances ou notre expérience pour briller ? attirer l’attention sur nous mêmes, sur nos problèmes personnels ? partager nos interrogations ou nos lumières sur le texte, pour nourrir la réflexion du groupe ? Contribuer à l’approfondissement de la Parole de Dieu ? imposer notre point de vue aux autres ?
- Puisse ce passage de la Parole de Dieu nous inciter à plus d’humilité, de maîtrise de nos impulsions et de cohérence entre nos dires et notre faire, sous la conduite et avec l’aide de l’Esprit saint !
08:00 Publié dans Jacques | Lien permanent | Commentaires (3)
31/10/2014
Etude n°6 : Pratiquer la foi, Jacques 2.14-26 (08 11 14)
Étude n°6 : Pratiquer la foi, Jacques 2.14-26 (08 11 14)
« Comme le corps sans esprit est mort, la foi sans les œuvres est morte » Ja 2.26
Sacrifice d’Isaac, miniature
Observons
Le contexte
Jacques vient d’exhorter les croyants à mettre en pratique la Parole de Dieu sans se borner à l’écouter (1.22-25). Suivent ensuite des exemples de pratique : la compassion pour les affligés, la considération du pauvre et non du riche, l‘amour du prochain comme soi-même (2.8), la miséricorde.
Le texte
C’est une argumentation qui oppose la foi sans les œuvres à la foi démontrée par des œuvres (v 18) :
v 14 : Quel problème important veulent aborder ces deux questions ?
v 15-16 : Par quels exemples pratiques le problème est-il illustré ? v 17 : la foi sans les œuvres est morte
v 18 : Quelle objection peut être faite ? Comment Jacques la balaye-t-il ? Quelle place donne-t-il aux œuvres par rapport à la foi ?
v 19 -20 : Qu’est-ce que la vraie foi pour Jacques ? Quelle différence y a-t-il entre la vraie et la fausse foi ?
v 21-23 : dans l’exemple d’Abraham, comment Jacques résout-il la contradiction apparente entre les versets 21 et 23 ? Voir le v 22. Qu’est pour lui la foi parfaite ?
v 25 : Comment l’exemple de Rahab complète-t-il celui d’Abraham ?
V 24 et 26 : Quel mot du verset 24 vient adoucir la conclusion de Jacques sur la foi et les œuvres ? Sont-elles dissociables pour le salut ? Par quelle comparaison Jacques termine-t-il son argumentation ?
Comprenons
Le contexte
Jusqu’à notre passage, Jacques a combattu les tendances pharisaïques d’une partie de ses lecteurs d’origine juive. Leur christianisme superficiel ne se souciait pas de mettre en pratique ce qu’ils lisaient dans la Bible ; ils ignoraient la charité et les égards envers les humbles, parce qu’ils méconnaissaient l’unité de la loi d’amour (2.1-13).
Le texte
Maintenant Jacques met en lumière le défaut qui est à la base de tous les autres : le sentiment trompeur de sécurité que donne une foi purement intellectuelle, du domaine du savoir, et qui n’a aucun effet sur la vie. Cette foi ne peut sauver, c’est-à-dire qu’elle ne met pas l’homme en relation personnelle avec le Sauveur, qui ainsi ne peut le libérer de la condamnation qui pèse sur lui à cause de sa désobéissance à la loi (2.13). Jésus l’avait dit lui-même en d’autres termes : voir Matthieu 7.21.
Les deux exemples donnés montrent que les œuvres auxquelles Jacques pense pour exprimer la foi véritable, sont les œuvres du cœur. Devant la détresse matérielle des hommes, de bonnes paroles ne suffisent pas, il faut des actes concrets de miséricorde. Sans ces actes, la foi est sans puissance de vie, ni pour les autres ni pour celui qui prétend avoir la foi (v 17).
Jacques fait intervenir un interlocuteur fictif, d’accord avec sa pensée, pour rendre plus vivante son argumentation et la renforcer. On pourrait paraphraser ainsi le texte : « Quelqu’un dira avec raison à celui qui prétend avoir la foi : tu prétends croire, montre-moi donc cette foi qui n’a pas d’actes ! Et si tu es embarrassé, moi, je te montrerai par mes œuvres ce que signifie vraiment croire ! Les fruits que produit la vraie foi en sont les seules preuves certaines. »
Comme pour les démons, la fausse foi n’est qu’une connaissance de l’existence de Dieu, qu’ils sont forcés d’admettre, mais elle ne produit qu’effroi et haine, et ne peut sauver. La vraie foi est la confiance d’un cœur qui se donne à Dieu, et elle transforme la vie toute entière en lui faisant produire le fruit de l’Esprit (Gal 5.22).
Ainsi Abraham, réputé pour sa foi, a-t-il démontré sa foi en acceptant de « sacrifier » son fils contre toute logique ou même amour paternel. Sa justification ici n’est pas la simple approbation de Dieu pour son acte, il n’est pas rendu juste par cet acte, puisque avant ce sacrifice, c’est sa confiance en Dieu qui lui valut d’être appelé « ami de Dieu ». Simplement sa foi fut visible par tous au moment de cet acte d’abandon total à la volonté de Dieu, qui lui valut d’être « déclaré juste », scellé comme enfant de Dieu faisant partie de son Royaume (Ap 6.10-11 et 19.8, en donnent une autre image, celle des « décisions de justice » prises au sujet des élus au moment du jugement préliminaire au retour de Jésus ). Les œuvres d’Abraham comme celles de Rahab (évasion des espions grâce à Rahab) n’avaient pas pour but de les sauver, mais étaient la simple démonstration pratique, en action, de leur confiance en Dieu. Comment en effet montrer aux autres que l’on croit en Dieu, si on n’agit pas en conséquence ? Les professions de foi en paroles doivent être confirmées par une vie conséquente (Mat 7.21-27). Dans le dernier verset de notre passage, souffle ou esprit et œuvres sont mis en parallèle, leur absence signifie la mort dans les deux cas, du corps et de la foi. On est vivant devant Dieu lorsque la foi est vive donc agissante !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment puis-je montrer aujourd’hui aux autres que je crois en Dieu et mets ma confiance en Lui ?
- Quels sacrifices Dieu me demande-t-il de faire pour être sauvé ?
- Quelles « œuvres » ai- je la tentation de faire pour être sauvé ?
08:00 Publié dans Jacques | Lien permanent | Commentaires (0)