18/02/2022
Etude n°9 Jésus le sacrifice parfait Hébreux 9.11-28 (26 02 22)
Étude n°9 Jésus le sacrifice parfait Hébreux 9.11-28 (26 02 22)
« Par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » Héb 10.14
« Jésus par son propre sang, nous a obtenu une rédemption éternelle » Héb 9.12
Ce texte, étant un des plus difficiles du Nouveau Testament pour les croyants du 21ème siècle, nécessite une traduction la plus fidèle possible au texte original, et quelques éléments d’exégèse, pour éviter les contresens que les traducteurs ont introduit dans le texte. Pour cette raison, nous étudions le texte dans la Bible TOB, qui est la plus respectueuse de l’original grec de cette épître. Pour l’exégèse et la compréhension du texte, nous nous sommes abondamment inspirés de l’étude de Norbert Hugedé : Le sacerdoce du Fils (Ed Fischbacher-Paris-1983).
Voir l'illustration des sanctuaires terrestre et spirituel dans la rubrique "Albums photos" de notre page, en haut de la colonne de gauche.
Observons
Le contexte
Le texte termine la partie centrale du livre et en même temps le second exposé sur le sacerdoce de Christ. Cette partie centrale (ch 8 et 9) constitue une critique détaillée du culte lévitique de la première alliance, pour en démontrer l’imperfection par rapport au ministère du Christ dans la seconde alliance.
Le texte est immédiatement précédé (9.1-10) de la description du « tabernacle » ou « tente » terrestre (v 8), symbole pour « un temps de relèvement ». Le verset 8 oppose cette première tente au sanctuaire ou « lieux saints », dont elle n’ouvrait pas encore l’accès.
Le texte est suivi de la démonstration de l’efficacité du sacrifice unique et du ministère de grand-prêtre de Christ pour ôter le péché (ch 10).
Le texte
Il est fondé sur la même opposition que précédemment, entre les rites de la première alliance et le ministère sacerdotal de Christ. Vous pouvez en faire dresser le tableau comparatif au cours de l’observation en groupe.
Les mots-outils de liaison (v 11 : mais ; v 15 : voilà pourquoi ; v 16 : car ; v 18 : aussi ; v 23 : donc ; v 24 : en effet ; v 26 : car ; v 28 : ainsi) font de ce texte une argumentation logique qui est du style de la prédication ou du traité de théologie, plus que d’une lettre. Ils permettent aussi de structurer l’argumentation :
A- v 11-14 : argument principal : Christ souverain sacrificateur de la nouvelle alliance :
a) v 11-12 : les moyens d’accès aux lieux saints du grand-prêtre Jésus : la « tente » et le « sang »
b) v 13-14 : l’efficacité spirituelle de l’offrande du sang de Christ : la purification de la
conscience.
B- v 15-22 : Christ médiateur d’une nouvelle alliance
a) v 15 : la mort du Christ pour le péché accorde l’héritage promis aux appelés.
b) v 16-17 : Comparaison avec le droit coutumier : la mort du testateur ouvre l’héritage ;
c) v 18-22 : Comparaison avec l’histoire d’Israël : le sang des victimes sacrifiées scelle l’alliance avec Dieu et purifie rituellement du péché.
A’- v 23-28 : Reprise de l’argument principal en conclusion des ch 8 et 9 : Supériorité du sacerdoce du Christ pour le salut :
a) v 23 : Supériorité des réalités célestes sur les terrestres.
b) v 24-25 : supériorité du sacerdoce de Christ à cause de son entrée dans le ciel même et de sa présence devant Dieu (v 24), et à cause de son sacrifice unique et de l’offrande de son propre corps (v 25).
c) v 26-28 : But du sacerdoce de Christ : abolir le péché par son sacrifice unique (v 26) apparaître une seconde fois pour le salut définitif (27-28).
A remarquer :
1- l’abondance des répétitions du mot « sang » (10fois) fait de ce mot le thème principal de l’argumentation.
2- l’imprécision des traductions sur les mots « tente, sanctuaire, lieux saints » employés pour les deux termes grecs « skénè » = tente ou corps, et « ta hagia » = lieux saints, rend le texte souvent difficile à comprendre.
3- l’ambivalence de signification de certains mots : skénè (déjà évoqué), diathéké = alliance et testament v 15, est intraduisible en français. Elle était immédiatement compréhensible aux destinataires de la lettre, et elle est utilisée par l’auteur librement. Elle doit donc être présente à l’esprit par une double traduction pour comprendre l’évolution de l’argumentation.
4- l’ajout dans certaines versions du mot « d’homme » à l’expression « fabriqué de la main », au lieu de garder l’expression originale qui a pour sens « non fabriqué, non matériel » v 11 et 24, crée une opposition qui n’existe pas dans le texte entre ce qui est fait de la main de l’homme, et ce qui est fait de la main de Dieu, qui peuvent être tous deux matériels, alors que le texte dit simplement « non fabriqué, immatériel ».
5- la confusion qui existe entre le mot « image, copie, préfiguration »(= type) et le mot « modèle »(= antitype), et l’équivoque du mot « véritable » (v 24) qui, opposé aux réalités célestes ou immatérielles du v 23, prend le sens de « réel, historique, qui a réellement existé sur cette terre ». La mauvaise traduction du v 24 crée un vrai non-sens.
6- la méconnaissance du sens de l’opposition « céleste et terrestre » qu’il ne faut pas entendre comme une opposition géographique, mais comme une opposition entre les notions de « spirituel, immatériel, non fabriqué, abstrait », et « matériel, fabriqué, concret ».
Comprendre
Le contexte
Le rôle d’un sacrificateur était essentiellement de permettre le rétablissement de la relation rompue entre Dieu et l’homme à cause du péché. Pour cela, Dieu avait donné le culte lévitique et en particulier le jour des Expiations, comme une image rudimentaire d’une autre réalité spirituelle meilleure (8.4-6). Une fois par an seulement, le jour des Expiations, le grand-prêtre entrait dans la seconde partie du temple terrestre avec le sang des victimes expiatoires, qu’il répandait sur le couvercle de l’arche contenant la loi et placée au-delà du voile dans le lieu très-saint (9.1-7).
Le verset 8.10 introduit l’idée que ce rituel n’était qu’un symbole, une image concrète, incapable de donner le pardon de la conscience et de rétablir la relation véritable avec Dieu, de donner l’accès direct au « sanctuaire céleste, aux lieux saints » (ta hagia), à la présence de Dieu, tant que demeurait sa préfiguration par le sanctuaire terrestre, appelé ici la première tente.
De la description topographique des lieux (9.1-7), l’auteur est passé insensiblement avec le v 8, à une interprétation chronologique sur les étapes de la rencontre avec Dieu : le sanctuaire terrestre avec ses deux parties est devenu le symbole de l’histoire du salut avec ses deux alliances.
Le texte
A- Première partie (v 11-14) C’est le Saint-Esprit, donc la révélation chrétienne qui explique ce qu’est le « sanctuaire ». Avant Jésus, personne n’avait pu avoir réellement accès aux véritables lieux saints, que le verset 24 précise être « le ciel même », lieu de la présence de Dieu. Ces lieux saints ou « biens à venir » pour tous les croyants de l’ancienne comme de la nouvelle alliance, sont le but de tous les rites de l’ancien sacerdoce.
Seul Christ a été qualifié comme vrai prêtre de ces biens, comme médiateur entre l’homme et Dieu, comme chemin d’accès du pécheur à la présence de Dieu, pour deux causes :
v 11-12 : la version de la TOB colle au texte original et indique ces deux causes du libre accès de Christ aux lieux saints, sanctuaire (v 12) ou ciel (v 24) : il est entré
1- « grâce à, en fonction de (= dia + génitif) la tente (skénè) plus grande et plus parfaite, qui n’est pas œuvre des mains, qui n’est pas de cette création, non matérielle »,
2- « grâce à l’offrande de son propre sang »
Qu’est cette « tente plus grande et plus parfaite » non matérielle ? L’auteur joue sur le double sens du mot : « tente » pour faire allusion au sanctuaire de Moïse, « corps » pour faire allusion à la Passion du Christ et à la Cène (Luc 22.19-20). Désormais, pour accéder à la présence de Dieu, on ne passe plus par une tente matérielle comme autrefois, mais au travers du corps de Christ incarné et ressuscité, « voie nouvelle et vivante » (10.20). En offrant spontanément son corps et son sang, le Christ, à la fois souverain sacrificateur et victime expiatoire, offre à tous les croyants l’accès au pardon et à la grâce de Dieu. Il réalise ainsi spirituellement ce que l’ancienne alliance préfigurait matériellement dans le rituel lévitique.
En poussant la métaphore plus loin, le « corps (skénè) qui n’est pas fabriqué, qui est immatériel, qui n’est pas de cette création » (v 11) est représenté par l’ensemble des croyants nés de nouveau spirituellement, qui participent à la communion au corps et au sang de Christ, qui s’identifient dans sa mort et sa résurrection (1 Co 10.16-17 ; 12.12-27 ; Ep 2.6, 15, 18). Au sanctuaire visible et matériel de l’ancienne alliance qui n’avait pas permis une véritable approche de Dieu et même l’avait empêchée par sa seule présence (9.8), s’oppose dans la nouvelle alliance, le corps de Christ, qu’est l’Eglise, « le sanctuaire » spirituel, « la tente plus grande et plus parfaite », car elle n’est pas réservée aux seuls prêtres mais à tous les hommes, et qu’elle fait de chaque homme un homme transformé à l’image de Christ, entièrement consacré à Dieu et purifié dans sa consciences des œuvres du péché privées de vie et mortelles (v 14).
B- La partie centrale de notre texte (v 15-22), un peu plus accessible, centre l’argumentation sur le pardon et la vie (appelés aussi « héritage promis » v 15) obtenus par l’offrande du sang. L’auteur joue sur les deux sens du mot « diathéké » : « alliance » ou « testament », dont il faut conserver la double traduction pour suivre le raisonnement. Comme la mort seule du testateur permet l’héritage, la mort de Christ donne accès à la vie éternelle.
Le rappel de l’inauguration de la première alliance par Moïse avec le sang des victimes (Ex 24.8), permet à l’auteur de rappeler les paroles de Christ, inaugurant la seconde alliance à la Cène « Ceci est mon corps...ceci est le sang de la nouvelle alliance ».
Comme le corps et le sang des victimes portaient virtuellement, symboliquement le péché du croyant, et comme la mort de la victime faisait mourir ce péché et libérait le croyant de sa culpabilité pour lui permettre une vie nouvelle, le corps et le sang de Christ, offerts et sacrifiés pour le pardon du péché, libèrent le croyant de ce péché et le purifient pour une vie nouvelle au service de Dieu.
A’- (v 23-28) La conclusion de notre passage et des ch 8 et 9, réaffirme les arguments précédents dans une formulation plus concise. Elle introduit aussi, sur le thème de l’espérance chrétienne (v 28b), le développement suivant qui concerne les conséquences du sacerdoce de Christ pour l’Église.
V 23 : « ce qui est dans les cieux, les réalités célestes » doivent s’entendre par opposition aux « images » terrestres, dans le sens de « réalités spirituelles » de l’histoire du salut.
V 24 : il est nécessaire de revenir à une traduction au plus près du texte grec pour éviter toute confusion. Voici ce que ce verset donne : « Le Christ n’est pas entré dans des lieux saints (ta hagia) faits de main (= matériels) qui auraient servi de modèle (antitype) aux véritables (= à ceux qui ont existé dans la réalité historique terrestres), mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu pour nous ».
Puisque l’ancienne alliance a disparu comme « image », « type » de la nouvelle alliance, il est incongru d’imaginer que Christ officie à la manière concrète des anciens sacrificateurs, dans un sanctuaire matériel, quelque part au ciel. Notre texte est très clair à ce sujet. On ne peut imaginer le monde spirituel de Dieu sur le modèle de notre monde matériel. Ce serait inverser les choses, et se faire un Dieu à notre image.
C’est le ciel tout entier, lieu de la présence divine qui est appelé « lieux saints » « réalités spirituelles ou sanctuaire céleste » qui ont servi de modèle au sanctuaire terrestre et à ses rites. L’ancienne économie sacerdotale, et en particulier le Jour des Expiations, préfiguraient toute l’économie chrétienne, mort, résurrection, médiation de Christ, purification des péchés, et même le retour glorieux de Christ à la fin des temps, pour accorder aux croyants l’héritage de la vie éternelle (v 25-28). Ce dernier point, objet de l’espérance chrétienne était préfiguré par la réapparition publique du souverain sacrificateur hors du temple, au Yom KIppour. C’était la preuve visible que tout le peuple, assemblé devant le temple, était pardonné. Dans notre texte, ce sont à la fois la résurrection de Christ et sa parousie, après un jugement de la Maison de Dieu et l’exclusion du péché (décrits dans Ap 4 à 19), qui étaient préfigurés au jour des Expiations par la comparution du souverain sacrificateur, représentant du peuple, devant l’arche de l’alliance, et par la purification du sanctuaire (Lév 16.16-20). Ces rites annonçaient le salut que les croyants attendent avec ardeur.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- L’assurance que Christ ressuscité officie comme grand-prêtre devant Dieu, change-t-elle quelque chose à ma vie quotidienne ? En quoi cela se manifeste-t-il concrètement ?
- En quoi l’étude de ce texte peut-elle m’aider à mieux vivre aujourd’hui dans l’assurance du salut et dans l’attente de la vie éternelle ?
- Ce texte est implicitement une réflexion sur la sainte cène, rite nouveau qui scelle la nouvelle alliance de Dieu avec les hommes. On y retrouve les trois éléments de la cène : mémoire du passé (Pâque juive) communion présente avec Christ mort et ressuscité pour mon pardon, et attente du royaume à venir (voir Luc 22.15-20). Que représente pour moi ce moment spécial dans la vie de l’Église ? Ai-je l’assurance du pardon offert et reçu lors de cette cérémonie, ou est-ce que je m’abstiens d’y participer par sentiment d’indignité ? Que faut-il faire alors pour être digne de communier au corps et au sang de Christ ?
08:00 Publié dans Hébreux | Lien permanent | Commentaires (0)
11/02/2022
Étude n°8 Jésus le médiateur de la nouvelle alliance Héb 8.1-13 (19 02 22)
Étude n°8 Jésus le médiateur de la nouvelle alliance Héb 8.1-13 (19 02 22)
« Maintenant Christ a obtenu un ministère d’autant supérieur (à celui des prêtres terrestres) qu’il est médiateur d’une alliance meilleure, fondée sur de meilleures promesses. » Héb 8.6
Observons
Le contexte
L’auteur a montré dès le début de l’épitre le Fils assis à la droite de Dieu dans les cieux, après avoir fait la purification des péchés (1.3). Il a démontré que Christ est souverain sacrificateur, garant d’une alliance plus excellente (7.21-22). Dans la seconde partie de l’épitre qui débute avec le ch 8, il va montrer la supériorité de la nouvelle alliance dont Jésus est le grand sacrificateur.
Le texte
Relevez les répétitions et les oppositions pour déterminer une construction en parallèles. Qui est au centre de cette construction ?
Les nombreuses répétitions (sacrificateur ou ministre, ministère : 5 fois ; sanctuaire, tabernacle : 2 fois ; alliance : 7 fois), et ses oppositions (entre les choses terrestres et les réalités célestes, la première et la nouvelle alliance), s’ordonnent dans une structure en parallélisme concentrique, plaçant au centre le Christ médiateur :
a) v 1-2 : Christ sacrificateur du véritable tabernacle
b) v 3-5 : le sanctuaire terrestre, ombre et image des choses célestes
c) v 6 : Christ médiateur d’une alliance plus excellente
b’) v 7-9 : première alliance insuffisante remplacée par une meilleure alliance
a’) v 10-13 : Caractères de la nouvelle alliance.
Tout suggère le passage d’une économie terrestre et matérielle, à une économie céleste et spirituelle.
Comprenons
Le rôle d’un sacrificateur était essentiellement de permettre le rétablissement de la relation rompue entre Dieu et l’homme à cause du péché. Pour cela, Dieu avait donné le sanctuaire terrestre, le culte lévitique et en particulier le jour des Expiations, comme des images rudimentaires d’autres réalités spirituelles meilleures qui avaient été montrées à Moïse, comme « modèle » à traduire concrètement dans le Tabernacle du désert (8.4-6).
L’auteur des Hébreux introduit l’idée que ce rituel n’était qu’un symbole, une image concrète, incapable de rétablir la relation véritable avec Dieu, de donner l’accès direct au “sanctuaire céleste, aux lieux saints » c’est-à-dire à la présence de Dieu.
L’ancienne alliance cherchait, par les rites du sanctuaire terrestre, à faire comprendre au croyant pécheur l’œuvre de salut que seul Christ allait accomplir en sa faveur. Pour l’auteur de l’épitre, il devenait évident que Christ étant venu réaliser cette œuvre, le sanctuaire terrestre et ses rites devenaient inutiles et qu’il fallait en comprendre le sens spirituel.
Les choses terrestres sont à appréhender selon l’Esprit (2 Co 3.6) et l’alliance nouvelle se vit par l’Esprit de Dieu, comme Jésus l’annonçait à la Samaritaine (Jn 4.24) : les vrais adorateurs adoreront Dieu en esprit et en vérité. Notre perception de l’œuvre que Christ accomplit aujourd’hui dans la présence de Dieu passe par la compréhension spirituelle de l’œuvre du sacrificateur terrestre : Le sanctuaire terrestre, lieu de la présence de Dieu parmi les hommes, était le symbole de Christ, Emmanuel, Dieu avec nous, et devint le symbole du lieu spirituel de la présence de Dieu parmi les hommes, c’est-à-dire de l’Église (1 Co 3.16 ; 2 Co 6.16). Dans ce sanctuaire céleste ou spirituel (voir l’équivalence de ces adjectifs dans 1 Co 15.45-49), Christ agit par son Esprit (= chandelier à 7 branches) et par sa parole (=pains de proposition) pour inscrire sa loi dans les cœurs, et non plus extérieurement sur des tables de pierre (Hb 8.10), pour permettre la connaissance directe de Dieu grâce à l’effacement des péchés (v 11-12), comme le symbolisait le rite terrestre des Expiations. Seul, Jésus-Christ, « antitype » ou « modèle » du grand-sacrificateur terrestre, accomplit parfaitement cette œuvre d’intercesseur ou de médiateur comme représentant de l’humanité devant Dieu, offrant son sang versé pour le pardon des péchés (8.3b à rapprocher d’ Eph 5.2). Son œuvre actuelle consiste à s’interposer entre le croyant et l’Accusateur des frères, pour le réclamer comme son enfant, le déclarer juste ou pur, le sceller de son Esprit (Ap 7 ; 2 Cor 1.22 ; Eph 4.30) et le rassembler avec les autres frères en vue du jour de la rédemption (Ep 1.13-14).
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- L’assurance que Christ ressuscité officie pour moi comme grand-prêtre devant Dieu, change-t-elle quelque chose à ma vie quotidienne ? En quoi cela se manifeste-t-il concrètement ?
- En quoi consiste l’intercession de Christ pour moi ? voir Jn 14.16 et 1c
6.26-27. Si Christ est Dieu, comment peut-il se prier lui-même ? Entre qui se place-t-il comme médiateur ? Pourquoi est-il le seul à pouvoir le faire ?
- Quelles promesses pour ma vie quotidienne cette étude m’a-t-elle révélées ? Qu’en ferai-je cette semaine, dans ma relation avec Dieu et avec les autres ?
Annexe : Un coup d’œil sur le Jour des Expiations
Lév 16 : Le Jour des Expiations, Symboles de l’expiation
Observons
- Contexte
Le chapitre, au centre du livre, décrit la cérémonie du Jour des expiations, à l’automne, à la fin de l’année religieuse.
Le v.1 rappelle la faute des fils d’Aaron (ch. 10) qui est la cause de l’institution de ce jour.
- Composition du texte
Trois parties :
A) Introduction : Préparatifs de la cérémonie (v. 1-5) : sainteté de la présence de Dieu dans le sanctuaire et nécessité pour l’homme pécheur de protection par le sang d’animaux, et de purification par l’eau.
B) Partie centrale : La cérémonie (v. 6-28) : un chiasme met en valeur les actes sacerdotaux
a) v. 6-12 actes devant la tente (changements de vêtements et sacrifices)
b) v. 13-17 actes au-delà du voile (aspersion du sang)
a’) v. 18-28 actes à l’extérieur du sanctuaire (renvoi du bouc émissaire ; changement de vêtements.
Le verbe « faire l’expiation » (kiper), répété 3 fois dans la partie a) du chiasme, 3 fois dans la partie b), et 4 fois dans la partie a’), porte donc tout le sens de cette partie.
A’) Epilogue : reprise des directives essentielles (v. 29-34) :
date (v. 29), fréquence (une fois par an, v. 34), durée perpétuelle (v. 29,31,34),
état d’esprit d’humilité et de repos (v. 29,31),
cause : l’état de péché (v. 30,34),
but : la purification du péché (v. 30),
acteur : le grand sacrificateur seul (v. 32),
objets : sanctuaire, tente, autel (v. 33),
bénéficiaires : sacrificateurs et peuple (v. 33).
- Lieux
remarquables par la répétition : « devant l’Éternel » (v. 7,12,18), « au-delà du voile » (v. 12,15) « devant » et « sur le propitiatoire » (v. 14,15), « dans le sanctuaire » ou « la tente » (v.17,23,24), « dans le désert » (v. 10,21,22), « dans » ou « hors du camp » (v. 26-28).
- Animaux
un taureau en faveur du sacrificateur et de sa famille (v. 6,14), un bélier offert en holocauste en faveur des sacrificateurs et du peuple (v. 3,5, 24-25), deux boucs séparés par le sort, l’un sacrifié pour l’Eternel en faveur du peuple, l’autre laissé en vie et chassé pour Azazel, chargé du péché du peuple (v. 7-10,15,20-22),
- Tenue et actes du sacrificateur
- En dehors du Tabernacle :
tenue spéciale de lin pur pour entrer dans le sanctuaire (v. 4,23),
purifications par l’eau de son corps et de celui des officiants annexes (v. 4,24,26,28),
tirage au sort des boucs (v. 7-10),
sacrifice du taureau, d’un bouc, puis du bélier (v. 6, 11,9,15,24),
expiation et purification de l’autel (v.18-19),
imposition des mains et renvoi du bouc dans le désert (v. 21-22),
élimination des restes des animaux (v 26-27).
- A l’intérieur du Tabernacle :
parfum brûlé devant le propitiatoire (v. 12-13),
7 aspersions du propitiatoire, à l’orient, avec le sang du taureau, puis celui du bouc
sacrifié.
- Cause et but de cette cérémonie
sainteté de Dieu incompatible avec le péché de l’homme,
besoin d’une expiation, = absolution, effacement du péché, pour que l’homme vive (v. 2,16-17).
Comprenons
- Vocabulaire :
« sanctuaire » (qodesh) = le Lieu Très-Saint, au-delà du voile (v. 2, 16-17) et
« tente d’assignation ou tente de la rencontre » = soit l’ensemble du bâtiment, soit seulement le Lieu Saint (v. 7, 16-17, 20).
« faire l’expiation » (kiper), 16 fois dans le chapitre, sans compter l’utilisation de sa racine pour désigner le propitiatoire, ou couvercle de l’arche (7 fois), a deux sens en hébreu : couvrir dans le sens de « protéger » (pas le sens de cacher), et « éliminer ». Ce verbe n’a pas le sens de pardonner (salach que l’on trouve en 5.18). Le pardon est obtenu grâce à un sacrifice bi-quotidien, qui réclame une confession et une imposition des mains.
Ici, le sacrifice pour faire l’expiation se fait sans confession et sans imposition des mains. Il symbolise les deux actes de Dieu dans le processus de salut de l’homme, la protection du croyant pécheur face à la sainteté de Dieu, et l’élimination du mal.
Le « sacrifice pour le péché » (v. 3), ou « sacrifice expiatoire », = tout ce qui répare ce qui est sorti du droit chemin. Ce sacrifice rappelle à l’homme sa condition, sa nature, son état de pécheur. C’est un sacrifice collectif et non individuel, en faveur de la famille sacerdotale avec le taureau, et du peuple avec le bouc pour l’Eternel.
Le péché est une notion trop abstraite pour l’hébreu, qui le désigne toujours par son expression concrète, les « transgressions » ou par sa conséquence, la « souillure », « l’impureté ».
L’ « holocauste » (v. 3) = sacrifice entièrement consumé sur l’autel, en signe de consécration totale.
« L’autel » (v. 12) = soit l’autel des parfums du Lieu-Saint, puisqu’il est question de parfums portés au-delà du voile d’entrée du Lieu-Très Saint, soit l’autel des sacrifices, puisqu’il est précisé, comme aux v. 7 et 18, qu’il se trouve « devant l’Éternel », donc devant la tente de la rencontre, ou sanctuaire.
« Azazel »(v. 8) n’est mentionné que dans ce texte. Placé en parallèle avec l’Eternel, il ne peut désigner qu’un personnage destinataire du second bouc. Les Esséniens orthographiaient ce nom « Azzael » dont le sens est « Qui abandonne Dieu ». En hébreu, az = puissant, azl = s’en aller. On aurait ici l’idée d’un « puissant qui s’en va, loin de Dieu » (?).
- Construction
Elle met en valeur les actes « d’expiation » ou d’élimination de l’impureté accumulée dans le sanctuaire, siège de la présence sainte de Dieu, par le sang des sacrifices quotidiens pour le pardon, et les actes de purification de tout ce qui touche à l’homme, hors du sanctuaire lui-même.
Les règles du récit biblique n’ont pas les mêmes exigences de chronologie que le récit occidental. Le déroulement de la cérémonie n’est pas rapporté dans l’ordre que demande notre logique. Les faits importants sont simplement mis en relief par le procédé de la « répétition » (sacrifices, entrée au-delà du voile, place du sacrificateur devant le propitiatoire, aspersion, sortie du sanctuaire, ablutions, renvoi du bouc dans le désert). Ces répétitions ne donnent pas une chronologie certaine des actes mentionnés : le sacrificateur porte-t-il au-delà du voile, en une seule fois, en 2 ou 3 fois, le parfum, le sang du taureau, le sang du bouc ? Le texte ne permet pas de le déterminer, et il ne faut pas se hâter de faire des transferts symboliques précis avec la ou les entrées de Jésus dans le sanctuaire céleste (Héb 9).
- Signification
Ce chapitre, au centre du livre, comme pivot de toutes les lois cultuelles, alerte notre attention sur l’importance de sa signification. Il nous est impossible ici d’entrer dans l’explication de tous les détails. Voici un essai pour dégager l’essentiel de l’enseignement divin dans cette cérémonie.
Après la mort des deux fils d’Aaron, le peuple n’ose plus s’approcher du Dieu Saint, à cause de son état de péché. Dieu révèle ce qu’il a prévu pour permettre la rencontre de sa sainteté avec le peuple pécheur. Il ne s’agit pas de pardon individuel mais d’acceptation collective :
- le sacrificateur, représentant toute l’assemblée, sacrificateurs et peuple, se présente devant la sainteté de Dieu, entouré des prières d’intercession que l’assemblée adresse pour lui à Dieu. Il symbolise aussi la médiation de Jésus pour son peuple, depuis son retour au Père.
- Le sang pur (symbole de la vie et de la mort de Christ) du bouc pour l’Éternel, aspergé sur le propitiatoire (couvercle de l’arche), protège le peuple représenté par le sacrificateur, de la mort que sa nature de péché encourt face à la sainteté de Dieu. Il peut ainsi se tenir debout devant Dieu qui le considère comme « juste ».
- Par le sang de ce bouc, Dieu veut aussi éliminer le mal, qui avait été porté symboliquement par le sang des sacrifices quotidiens sur les cornes de l’autel des parfums, et qui a souillé tout ce que l’homme a touché. Le sacrificateur en asperge tous les objets du sanctuaire, pour le purifier
- L’aspersion du sang du premier bouc dans le sanctuaire effectue le premier acte de l’expiation, la protection du pécheur, mais aussi la purification , l’élimination de la souillure des objets du sanctuaire..
- . La responsabilité du mal revient enfin à son auteur d’origine, symbolisé par le bouc pour Azazel envoyé au désert. L’imposition des mains et le renvoi du second bouc effectuent le second acte de l’expiation, l’élimination définitive du mal.
L’expiation-protection du pécheur ne se fait que dans le Lieu-Très Saint, lieu de la présence sainte de Dieu, où le sacrificateur ne pénètre que ce jour-là. La purification ou « élimination du mal »n’est nécessaire que pour ce qui touche à l’homme pécheur, dans le Lieu-Saint sur les cornes de l’autel des parfums, dans le parvis sur l’autel des sacrifices, les vêtements et le corps du sacrificateur.
La « purification » par l’eau (déluge, ablutions rituelles, changements de vêtements v 24, symboles du baptême), par le sang (jour des expiations), par le feu (Sodome, fin des temps, 2Pi 3.10,12, effusion de l’Esprit), est un état transitoire qui fait passer l’homme de l’état de péché à celui de justice ou sainteté, dans laquelle il progressera par la sanctification, qui est la mise à part pour le service exclusif de Dieu dans une vie purifiée.
- L’holocauste de la fin de cérémonie signifie que le peuple et les sacrificateurs, acceptés en la présence de Dieu, et délivrés du péché, peuvent enfin se donner totalement à leur Seigneur.
Par ce jour des expiations, Dieu lève un coin du voile sur le problème du mal et sur sa résolution. Le peuple d’Israël perçoit un peu du grand conflit entre Dieu et l’Adversaire, Azazel. Dieu dit au peuple pécheur, à l’Eglise, qui désire avoir une relation avec lui : « Parce ce que je t’aime et ai donné ma vie pour toi (sacrifices du taureau et du bouc), je te protège, par le don de la vie de Christ (incarné et mort sur la croix) de la condamnation à mort que ton état de péché encourt, si tu veux bien reconnaître cet état devant moi (humilité et prière d’intercession mutuelle), et placer ta confiance dans l’acte d’amour de Christ en ta faveur. Je te promets que tu seras délivré définitivement du mal, à la fin des temps, lorsque l’initiateur du mal sera enfin reconnu publiquement responsable et mourra. La disparition du mal te permettra de vivre éternellement dans ma sainte présence, et dans la consécration parfaite à mon service ».
Tel est le message d’espérance de ce jour des Expiations, qui met en lumière l’amour (protection) et la justice (élimination du mal) de Dieu, lors de ce qu’on appelle le Jugement dernier , ou « Libération définitive ».
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comment l’Eglise m’aide-t-elle concrètement à prendre conscience de mon état de pécheur devant la sainteté de Dieu, et du pardon libérateur acquis par la mort de Christ pour moi ? Comment nos liturgies le transmettent-elles ? Comment la vie de la communauté et ma propre vie en témoignent-elles ?
- Comment cette promesse de purification totale est-elle un encouragement à me placer sous la protection de Dieu et à vivre dès maintenant pardonné et purifié par lui ?
- Qu’est-ce que ce chapitre me fait comprendre sur le ministère actuel de Christ pour son Église et pour moi ? Comment cela transforme-t-il notre relation à Dieu et aux autres ?
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