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18/02/2022

Etude n°9 Jésus le sacrifice parfait Hébreux 9.11-28 (26 02 22)

Étude n°9 Jésus le sacrifice parfait Hébreux 9.11-28 (26 02 22)

« Par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » Héb 10.14

« Jésus par son propre sang, nous a obtenu une rédemption éternelle » Héb 9.12

Ce texte, étant un des plus difficiles du Nouveau Testament pour les croyants du 21ème siècle, nécessite une traduction la plus fidèle possible au texte original, et quelques éléments d’exégèse, pour éviter les contresens que les traducteurs ont introduit dans le texte. Pour cette raison, nous étudions le texte dans la Bible TOB, qui est la plus respectueuse de l’original grec de cette épître. Pour l’exégèse et la compréhension du texte, nous nous sommes abondamment inspirés de l’étude de Norbert Hugedé : Le sacerdoce du Fils (Ed Fischbacher-Paris-1983).

Voir l'illustration des sanctuaires terrestre et spirituel dans la rubrique "Albums photos" de notre page, en haut de la colonne de gauche.

Observons

Le contexte

Le texte termine la partie centrale du livre et en même temps le second exposé sur le sacerdoce de Christ. Cette partie centrale (ch 8 et 9) constitue une critique détaillée du culte lévitique de la première alliance, pour en démontrer l’imperfection par rapport au ministère du Christ dans la seconde alliance.

Le texte est immédiatement précédé (9.1-10) de la description du « tabernacle » ou « tente » terrestre (v 8), symbole pour « un temps de relèvement ». Le verset 8 oppose cette première tente au sanctuaire ou « lieux saints », dont elle n’ouvrait pas encore l’accès.

Le texte est suivi de la démonstration de l’efficacité du sacrifice unique et du ministère de grand-prêtre de Christ pour ôter le péché (ch 10).

Le texte

Il est fondé sur la même opposition que précédemment, entre les rites de la première alliance et le ministère sacerdotal de Christ. Vous pouvez en faire dresser le tableau comparatif au cours de l’observation en groupe.

Les mots-outils de liaison (v 11 : mais ; v 15 : voilà pourquoi ; v 16 : car ; v 18 : aussi ; v 23 : donc ; v 24 : en effet ; v 26 : car ; v 28 : ainsi) font de ce texte une argumentation logique qui est du style de la prédication ou du traité de théologie, plus que d’une lettre. Ils permettent aussi de structurer l’argumentation :

A- v 11-14 : argument principal : Christ souverain sacrificateur de la nouvelle alliance :

a) v 11-12 : les moyens d’accès aux lieux saints du grand-prêtre Jésus : la « tente » et le « sang »

b) v 13-14 : l’efficacité spirituelle de l’offrande du sang de Christ : la purification de la

conscience.

B- v 15-22 : Christ médiateur d’une nouvelle alliance

a) v 15 : la mort du Christ pour le péché accorde l’héritage promis aux appelés.

b) v 16-17 : Comparaison avec le droit coutumier : la mort du testateur ouvre l’héritage ;

c) v 18-22 : Comparaison avec l’histoire d’Israël : le sang des victimes sacrifiées scelle l’alliance avec Dieu et purifie rituellement du péché.

A’- v 23-28 : Reprise de l’argument principal en conclusion des ch 8 et 9 : Supériorité du sacerdoce du Christ  pour le salut :

a) v 23 : Supériorité des réalités célestes sur les terrestres.

b) v 24-25 : supériorité du sacerdoce de Christ à cause de son entrée dans le ciel même et de sa présence devant Dieu (v 24), et à cause de son sacrifice unique et de l’offrande de son propre corps (v 25).

c) v 26-28 : But du sacerdoce de Christ : abolir le péché par son sacrifice unique (v 26) apparaître une seconde fois pour le salut définitif (27-28).

A remarquer :

1- l’abondance des répétitions du mot « sang » (10fois) fait de ce mot le thème principal de l’argumentation.

2- l’imprécision des traductions sur les mots « tente, sanctuaire, lieux saints » employés pour les deux termes grecs « skénè » = tente ou corps, et « ta hagia » = lieux saints, rend le texte souvent difficile à comprendre.

3- l’ambivalence de signification de certains mots : skénè (déjà évoqué), diathéké = alliance et testament v 15, est intraduisible en français. Elle était immédiatement compréhensible aux destinataires de la lettre, et elle est utilisée par l’auteur librement. Elle doit donc être présente à l’esprit par une double traduction pour comprendre l’évolution de l’argumentation.

4- l’ajout dans certaines versions du mot « d’homme » à l’expression « fabriqué de la main », au lieu de garder l’expression originale qui a pour sens « non fabriqué, non matériel » v 11 et 24, crée une opposition qui n’existe pas dans le texte entre ce qui est fait de la main de l’homme, et ce qui est fait de la main de Dieu, qui peuvent être tous deux matériels, alors que le texte dit simplement « non fabriqué, immatériel ».

5- la confusion qui existe entre le mot « image, copie, préfiguration »(= type) et le mot « modèle »(= antitype), et l’équivoque du mot « véritable » (v 24) qui, opposé aux réalités célestes ou immatérielles du v 23, prend le sens de « réel, historique, qui a réellement existé sur cette terre ». La mauvaise traduction du v 24 crée un vrai non-sens.

6- la méconnaissance du sens de l’opposition « céleste et terrestre » qu’il ne faut pas entendre comme une opposition géographique, mais comme une opposition entre les notions de « spirituel, immatériel, non fabriqué, abstrait », et « matériel, fabriqué, concret ».

Comprendre

Le contexte

Le rôle d’un sacrificateur était essentiellement de permettre le rétablissement de la relation rompue entre Dieu et l’homme à cause du péché. Pour cela, Dieu avait donné le culte lévitique et en particulier le jour des Expiations, comme une image rudimentaire d’une autre réalité spirituelle meilleure (8.4-6). Une fois par an seulement, le jour des Expiations, le grand-prêtre entrait dans la seconde partie du temple terrestre avec le sang des victimes expiatoires, qu’il répandait sur le couvercle de l’arche contenant la loi et placée au-delà du voile dans le lieu très-saint (9.1-7).

Le verset 8.10 introduit l’idée que ce rituel n’était qu’un symbole, une image concrète, incapable de donner le pardon de la conscience et de rétablir la relation véritable avec Dieu, de donner l’accès direct au « sanctuaire céleste, aux lieux saints » (ta hagia), à la présence de Dieu, tant que demeurait sa préfiguration par le sanctuaire terrestre, appelé ici la première tente.

De la description topographique des lieux (9.1-7), l’auteur est passé insensiblement avec le v 8, à une interprétation chronologique sur les étapes de la rencontre avec Dieu : le sanctuaire terrestre avec ses deux parties est devenu le symbole de l’histoire du salut avec ses deux alliances.

Le texte

A- Première partie (v 11-14) C’est le Saint-Esprit, donc la révélation chrétienne qui explique ce qu’est le « sanctuaire ». Avant Jésus, personne n’avait pu avoir réellement accès aux véritables lieux saints, que le verset 24 précise être « le ciel même », lieu de la présence de Dieu. Ces lieux saints ou « biens à venir » pour tous les croyants de l’ancienne comme de la nouvelle alliance, sont le but de tous les rites de l’ancien sacerdoce.

Seul Christ a été qualifié comme vrai prêtre de ces biens, comme médiateur entre l’homme et Dieu, comme chemin d’accès du pécheur à la présence de Dieu, pour deux causes :

v 11-12 : la version de la TOB colle au texte original et indique ces deux causes du libre accès de Christ aux lieux saints, sanctuaire (v 12) ou ciel (v 24) : il est entré

1- « grâce à, en fonction de (= dia + génitif) la tente (skénè) plus grande et plus parfaite, qui n’est pas œuvre des mains, qui n’est pas de cette création, non matérielle »,

2- « grâce à l’offrande de son propre sang »

 Qu’est cette « tente plus grande et plus parfaite » non matérielle ? L’auteur joue sur le double sens du mot : « tente » pour faire allusion au sanctuaire de Moïse, « corps » pour faire allusion à la Passion du Christ et à la Cène (Luc 22.19-20). Désormais, pour accéder à la présence de Dieu, on ne passe plus par une tente matérielle comme autrefois, mais au travers du corps de Christ incarné et ressuscité, « voie nouvelle et vivante » (10.20). En offrant spontanément son corps et son sang, le Christ, à la fois souverain sacrificateur et victime expiatoire, offre à tous les croyants l’accès au pardon et à la grâce de Dieu. Il réalise ainsi spirituellement ce que l’ancienne alliance préfigurait matériellement dans le rituel lévitique.

En poussant la métaphore plus loin, le « corps (skénè) qui n’est pas fabriqué, qui est immatériel, qui n’est pas de cette création » (v 11) est représenté par l’ensemble des croyants nés de nouveau spirituellement, qui participent à la communion au corps et au sang de Christ, qui s’identifient dans sa mort et sa résurrection (1 Co 10.16-17 ; 12.12-27 ; Ep 2.6, 15, 18). Au sanctuaire visible et matériel de l’ancienne alliance qui n’avait pas permis une véritable approche de Dieu et même l’avait empêchée par sa seule présence (9.8), s’oppose dans la nouvelle alliance, le corps de Christ, qu’est l’Eglise, « le sanctuaire » spirituel, « la tente plus grande et plus parfaite », car elle n’est pas réservée aux seuls prêtres mais à tous les hommes, et qu’elle fait de chaque homme un homme transformé à l’image de Christ, entièrement consacré à Dieu et purifié dans sa consciences des œuvres du péché privées de vie et mortelles (v 14).

B- La partie centrale de notre texte (v 15-22), un peu plus accessible, centre l’argumentation sur le pardon et la vie (appelés aussi « héritage promis » v 15) obtenus par l’offrande du sang. L’auteur joue sur les deux sens du mot « diathéké » : « alliance » ou « testament », dont il faut conserver la double traduction pour suivre le raisonnement. Comme la mort seule du testateur permet l’héritage, la mort de Christ donne accès à la vie éternelle.

Le rappel de l’inauguration de la première alliance par Moïse avec le sang des victimes (Ex 24.8), permet à l’auteur de rappeler les paroles de Christ, inaugurant la seconde alliance à la Cène « Ceci est mon corps...ceci est le sang de la nouvelle alliance ».

Comme le corps et le sang des victimes portaient virtuellement, symboliquement le péché du croyant, et comme la mort de la victime faisait mourir ce péché et libérait le croyant de sa culpabilité pour lui permettre une vie nouvelle, le corps et le sang de Christ, offerts et sacrifiés pour le pardon du péché, libèrent le croyant de ce péché et le purifient pour une vie nouvelle au service de Dieu.

A’- (v 23-28) La conclusion de notre passage et des ch 8 et 9, réaffirme les arguments précédents dans une formulation plus concise. Elle introduit aussi, sur le thème de l’espérance chrétienne (v 28b), le développement suivant qui concerne les conséquences du sacerdoce de Christ pour l’Église.

V 23 : « ce qui est dans les cieux, les réalités célestes » doivent s’entendre par opposition aux « images » terrestres, dans le sens de « réalités spirituelles » de l’histoire du salut.

V 24 : il est nécessaire de revenir à une traduction au plus près du texte grec pour éviter toute confusion. Voici ce que ce verset donne : « Le Christ n’est pas entré dans des lieux saints (ta hagia) faits de main (= matériels) qui auraient servi de modèle (antitype) aux véritables (= à ceux qui ont existé dans la réalité historique terrestres), mais dans le ciel même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu pour nous ».

Puisque l’ancienne alliance a disparu comme « image », « type » de la nouvelle alliance, il est incongru d’imaginer que Christ officie à la manière concrète des anciens sacrificateurs, dans un sanctuaire matériel, quelque part au ciel. Notre texte est très clair à ce sujet. On ne peut imaginer le monde spirituel de Dieu sur le modèle de notre monde matériel. Ce serait inverser les choses, et se faire un Dieu à notre image.

C’est le ciel tout entier, lieu de la présence divine qui est appelé « lieux saints » « réalités spirituelles ou sanctuaire céleste » qui ont servi de modèle au sanctuaire terrestre et à ses rites. L’ancienne économie sacerdotale, et en particulier le Jour des Expiations, préfiguraient toute l’économie chrétienne, mort, résurrection, médiation de Christ, purification des péchés, et même le retour glorieux de Christ à la fin des temps, pour accorder aux croyants l’héritage de la vie éternelle (v 25-28). Ce dernier point, objet de l’espérance chrétienne était préfiguré par la réapparition publique du souverain sacrificateur hors du temple, au Yom KIppour. C’était la preuve visible que tout le peuple, assemblé devant le temple, était pardonné. Dans notre texte, ce sont à la fois la résurrection de Christ et sa parousie, après un  jugement de la Maison de Dieu et l’exclusion du péché (décrits dans Ap 4 à 19), qui étaient préfigurés au jour des Expiations par la comparution du souverain sacrificateur, représentant du peuple, devant l’arche de l’alliance, et par la purification du sanctuaire (Lév 16.16-20). Ces rites annonçaient  le salut que les croyants attendent avec ardeur.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- L’assurance que Christ ressuscité officie comme grand-prêtre devant Dieu, change-t-elle quelque chose à ma vie quotidienne ? En quoi cela se manifeste-t-il concrètement ?

- En quoi l’étude de ce texte peut-elle m’aider à mieux vivre aujourd’hui dans l’assurance du salut et dans l’attente de la vie éternelle ?

- Ce texte est implicitement une réflexion sur la sainte cène, rite nouveau qui scelle la nouvelle alliance de Dieu avec les hommes. On y retrouve les trois éléments de la cène : mémoire du passé (Pâque juive) communion présente avec Christ mort et ressuscité pour mon pardon, et attente du royaume à venir (voir Luc 22.15-20). Que représente pour moi ce moment spécial dans la vie de l’Église ? Ai-je l’assurance du pardon offert et reçu lors de cette cérémonie, ou est-ce que je m’abstiens d’y participer par sentiment d’indignité ? Que faut-il faire alors pour être digne de communier au corps et au sang de Christ ?

schéma du symbolisme du sanctuaire.jpg

08:00 Publié dans Hébreux | Lien permanent | Commentaires (0)

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