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17/12/2006

Etude n°12 : Histoire de Joseph, Gn 37-39

 Histoire de Joseph (Consulter « Itinéraires de croissance » première partie, Ed Vie et Santé)

 

Genèse 37-39 : De la prison...

Observons 

 La vie de Joseph est la plus développée des biographies des patriarches de la Genèse, seize chapitres, interrompus  par la vie de Juda (ch 38), qui se déroule simultanément à celle de Joseph.

Ch 37 : Dans sa jeunesse, Joseph est vendu par ses frères

38 : Juda et Tamar

39 à 41 : De la prison au palais de Pharaon

42 à 47 : Réconciliation de Joseph avec ses frères

48  à 50 : Bénédictions de Jacob sur ses petits-fils et ses fils, Fins de la vie de Jacob et de Joseph.

Genèse 37

 Observons

1-4 : Situation familiale déséquilibrée au foyer de Jacob

5-11 : les rêves de grandeur de Joseph et les réactions de sa famille

12-17 : Joseph à la recherche de ses frères

18-22 : le complot des frères contre Joseph

23-28 : Joseph vendu par ses frères et emmené en Egypte

29-35 : Les frères trompent leur père et lui font croire à la mort de Joseph

Comprenons

Le récit est très bien construit et rend compte des causes profondes du drame

En donnant quelques éclaircissements sur les sentiments qui agitent les cœurs.

La situation familiale

Joseph, le fils préféré de Jacob, se conduit en enfant gâté, en rapportant à son père les fautes de ses aînés. La préférence marquée par le don d’une tunique bigarrée qui met Joseph à part, exaspèrent les frères et les pousse à la haine envers leur cadet.

La responsabilité d’Israël-Jacob est grande dans cette situation qu’il crée par inconscience des répercussions psychologiques de ses actes dans la fratrie.

Les parents au sein du foyer, et les responsables au sein de leur église sont invités par ces quelques versets à s’interroger sur leur préférence affichée pour certains enfants ou membres, au détriment des autres : les querelles internes qui font souffrir toute la communauté familiale ou ecclésiale ne seraient –elles pas provoquées par leurs attitudes ou leurs paroles dénotant un favoritisme aveugle et inconscient pour certains, qui donnent aux autres le sentiment de n’être ni aimés ni reconnus ?

  Les rêves de Josephmedium_Joseph_reve_2.jpg

Le texte biblique ne cache rien des dysfonctionnements de la famille de Jacob : préférences, jalousies, manque de discrétion, rêve de puissance, haine, qui tous aboutissent au désir de meurtre des frères et à l’élimination de Joseph. Dieu n’apparaît pas dans ce chapitre, et semble absent des préoccupations de chacun, sauf peut-être de Joseph et Jacob, attentifs à la répétition du même rêve sous des formes différentes. Joseph a-t-il retenu des récits de son père que Dieu lui avait parlé plusieurs fois en songes ? Son père et lui voient sans doute dans cette répétition un signe de Dieu, derrière l’expression du désir de grandeur de Joseph, même si ce n’est pas dit expressément..

Jacob préférait Joseph comme fils aîné de sa bien-aimée Rachel. Il devait se demander si Dieu ne le désignait pas pour être l’héritier de la promesse d’Abraham qui lui avait été répétée à son retour en Canaan : “ Il y aura des rois parmi tes descendants ” (35.11).

Le personnage de Joseph est assez ambigu : sensible à la voix de Dieu, profitant de la préférence de son père pour lui rapporter les faits et dires de ses frères, trop naïf ou imbu de lui-même jusqu’à raconter ses deux rêves de grandeur, sans tenir compte de la haine marquée de ses frères. En est-il seulement conscient ?

Joseph a 17 ans, et il se conduit comme tout adolescent : il cherche sa place dans la famille et la société, il a un vague souci de Dieu, mais, finalement ,il est complètement fermé aux sentiments et réactions des autres à ses propres actes et paroles tous centrés sur lui-même. Egoïsme et désir de grandeur sont les deux piliers de la vie de celui qui n’a pas encore rencontré personnellement son Dieu.

Qu’en est-il de nous ? Qui dirige notre vie et nos paroles ? Comment chercons-nous à nous faire valoir devant les autres ?

 Le passage à l’acte

Jacob non plus, ne paraît pas conscient des ravages causés par sa préférence pour Joseph, dans le coeur de ses fils. Lui aussi est dirigé par ses désirs, et manque de discernement dans sa conduite et dans les sentiments de ses fils : Pourquoi envoyer Joseph “ surveiller ” ses aînés qui le détestent ?

Les frères manifestent leur intention de tuer et de mentir (v 19b), et par deux fois révèlent l’origine et la motivation de leur projet : empêcher les rêves de Joseph de se réaliser (v 19 et 20c). Ruben s’interpose pour garder Joseph en vie. Il est sans doute plus conscient de l’horreur du meurtre. Il a compassion de Joseph et de Jacob, qu’il a déjà gravement offensé en couchant avec sa concubine Bilha (35.22). Il a peut-être aussi peur qu’on lui fasse porter la responsabilité de ce crime, car il est l’aîné. Sa solution de mettre Joseph dans une citerne vide va être adoptée momentanément. Mais bizarrement, Ruben est absent au moment crucial de la vente de Joseph aux caravaniers (v 29-30). S’est-il mis à l’écart du repas pour éviter de “ voir ” et d’être accusé de complicité ? C’est possible. La politique de l’autruche n’est jamais payante : ce qu’il a voulu éviter lui retombe dessus : il devient complice effectivement et participe aux mensonges de ses frères pour cacher leur crime.

Juda intervient aussi, mais plus par intérêt que par compassion, car il a participé au repas tranquillement à côté de la citerne où Joseph ne devait pas rester silencieux ! (42.21).

Son intérêt s’est éveillé à la vue de la caravane : pourquoi ne pas profiter du passage de ces marchands pour conclure une bonne affaire, se débarrasser définitivement de Joseph, tout en en tirant un  profit financier, et en l’abaissant complètement, lui qui rêvait de les diriger !

Sans le savoir, ces deux frères et les caravaniers sont les instruments de Dieu qui protège la vie de Joseph afin que son plan de salut pour cette famille et pour le monde se réalise (45.5-8). 

- Dieu poursuit, envers et malgré tout, les projets qu’il a établis, car il est fidèle à ses promesses. Nos infidélités engendrent bien des difficultés dans l’accomplissement de ce plan divin, mais Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment (Romains 8.28). Les défauts et les épreuves de chacun sont utilisés pour la réalisation du plan de Dieu. Dans nos vies les épreuves sont parfois le résultat de nos mauvais choix, mais toutes peuvent nous amener à rechercher la présence de Dieu et à être ses serviteurs même inconsciemment. Comme pour les frères de Joseph, et Joseph lui-même nous ne le comprenons souvent que fort tardivement !medium_Joseph_dans_citerne.jpg

- Celui qui recherche Dieu, ou est attentif à ce que Dieu lui envoie, comme Joseph semble l’avoir été, peut s’attendre à son soutien physique ou moral dans les moments difficiles. Les rêves de grandeur se sont écroulés momentanément pour Joseph dans la citerne. Mais ayant conservé la vie, il a pu voir la main de Dieu sur lui et affermir sa confiance en lui.

- Ce récit est à mettre en parallèle avec Philippiens 2.6-11 : Joseph est un “ type ” prophétique de Jésus. Comme lui, Jésus a eu la meilleure place auprès de son Père. Il a été abaissé jusqu’à l’extrême, la mort n’étant pour Joseph que l’emprisonnement dans la citerne. Il a été élevé à la plus haute place par la résurrection et l’ascension, et tous s’inclinent devant sa Seigneurie, comme Joseph est devenu vice-roi devant qui tous se prosternaient.

- Par l’abaissement de notre orgueil, si nous restons attentifs aux promesses de sa parole, Dieu nous permet d’apprendre notre dépendance de sa bonté, et notre solidarité avec les plus petits de nos frères.

 Les mensonges des frères

Non contents d’avoir éliminé leur frère, les onze vont mentir avec toute une mise en scène destinée à faire croire à Jacob à un accident. De plus ils poussent l’hypocrisie jusqu’à chercher à le consoler ! Que de fois pour cacher une faute, nous l’aggravons par une succession d’actes contraires à la vérité que Dieu nous demande de respecter. Pour satisfaire nos désirs coupables nous faisons souffrir autour de nous comme les frères firent souffrir sans scrupules, Joseph, puis leur père.

Mais Dieu est puissant pour transformer et sauver les cœurs rebelles, comme nous le verrons dans la suite de l’histoire. Un jour ou l’autre il se place en travers de leur route et les appelle à revenir à lui !

 Le symbole de la tunique

Cette tunique offerte par Jacob à son fils préféré est appelée “ robe en plusieurs pièces ” ou “ à longues manches ” ou encore “ multicolore ”. On ne sait pas très bien ce que signifie le mot rare dans la Bible utilisé pour la qualifier. La rareté du mot indique la rareté de l’objet ! C’est pourquoi on a traduit par “ une tunique de luxe ”.

Elle symbolisait l’affection rare de Jacob pour son fils, les ambitions sociales de Jacob et de Joseph, le caractère orgueilleux et prétentieux  de Joseph. La première chose que font les frères, c’est d’en dépouiller Joseph, donc lui ôter tout signe de distinction, pour le mettre au moins à un pied d’égalité avec eux. On sait qu’ils allèrent plus loin, puisqu’ils le mirent nu dans la citerne, comme Jésus fut dépouillé de sa tunique sans couture, d’une seule pièce (Jean 19.23) pour être cloué nu sur la croix. Joseph, comme chacun de nous, doit passer par le dénuement total de son cœur pour comprendre son besoin de Dieu !

La tunique trempée dans le sang illustrait pour les frères de Joseph et pour son père sa mort violente et accidentelle. Lors de notre baptême, nous mimons la mort de notre caractère et de notre vie sans Dieu, en nous unissant à Christ par une mort semblable à la sienne (Romains 6.3-6). Notre tunique (= notre être profond) est comme “ plongée dans le sang de l’Agneau ”. Mais comme Joseph nous ressortons de la citerne (= l’eau du baptême) nus et neufs pour commencer une nouvelle vie dépendante de la seule grâce de Dieu, et non des “ vêtements luxueux ” que nous nous donnons nous-mêmes. 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

- Quels sentiments m’habitent dans mes relations avec les autres, au sein de la famille et au sein de l’église ? A qui est-ce que je ressemble le plus parmi les fils de Jacob, Ruben, Juda ou Joseph ? Comment éviter d’imiter leurs défauts ?

-         Quelle est mon attitude vis-à-vis des jeunes chez moi ou à l’église ? Comment puis-je être pour eux une aide dans la construction de leur personnalité et de leur foi ?

-         De quelle « tunique » suis-je habillé : celle que les hommes (ou moi-même) m’ont fait endosser ou celle que Christ m’a offerte à mon baptême ?

Genèse 38 : Juda et Tamar      

Observons

Le récit de la vie de Joseph s’interrompt pour parler de la vie de Juda :

1-11 : Juda et ses fils fondent famille avec des Cananéennes ; mort des deux aînés.

12-23 : Ruse de Tamar pour enfanter de Juda

24-30 : Juda confondu par Tamar qui met au monde deux jumeaux.

 

Comprenons

Le récit de la vie de Joseph est interrompu par un épisode de la vie de Juda qui chro­nologiquement  remplit tout le temps écoulé depuis la vente de Joseph jusqu’à l’établissement de la famille en Egypte, soit environ 22 ans : vendu à 17 ans, Joseph fit venir son père en Egypte à 39 ans.

Le récit est rapporté ici pour peut-être donner une explication du transfert de la famille en Egypte. Déjà l’inceste de Ruben avec une femme de la génération précédente (35.22) et l’attitude de Siméon et Lévi après l’enlèvement de leur sœur par un Sichémite (34.25) avaient révélé l’influence des mœurs dépravées et violen­tes des Cananéens sur les fils d’lsraël. Main­tenant l’histoire incestueuse de Juda avec Tamar, jeune femme de la génération suivante, montre combien il est urgent d’arracher cette famille porteuse des promesses divines à la contamination de l’immoralité et de l’idolâtrie des Cananéens.

Juda et ses fils avaient pris pour femmes des Cananéennes et commençaient à adop­ter leurs pratiques, en oubliant les promesses divines dont ils étaient porteurs. En effet Juda devait respecter la loi du lévirat (qui apparaît ici pour la première fois et sera rappelée en Dt 25.5-6), pour donner à son aîné une descendance héritière des promesses divines. Mais par peur de perdre son troisième fils, il évite de lui donner Tamar comme épouse. Son amour pour son fils a été aveuglé par la superstition. Il n’a pas compris le sens de la mort de ses deux fils aînés. Lorsque le texte biblique dit que ces hommes sont considérés comme « mauvais » par l’Eternel, il fait comprendre qu’ils se livrent à l’idolâtrie (voir les rois d’Israël, par exemple 2 R 8.18, 27). En attribuant ces morts à l’Eternel, le texte montre que la voie de l’idolâtrie ne peut conduire qu’à la mort, car seul Dieu est la Vie. La plupart du temps, ces versets ont été lus au seul sens moral, pour condamner à travers « l’onanisme », les "déviances sexuelles" de la masturbation et du « coït interrompu », sans discerner que la condamnation biblique porte sur l’attitude spirituelle envers Dieu dont de tels actes peuvent encore  témoigner.

A aucun moment Juda n’a pensé à Dieu, ni dans le choix de son épouse, ni dans celui de l’épouse de son fils aîné, ni dans le devoir de lui donner une descendance. De plus, en allant vers une prosti­tuée publique (v 14-15), Juda pratiquait peut-être inconsciemment le culte de la déesse Astarté qui s’accompagnait de prostitution sacrée. Il faisait passer aussi son plaisir personnel avant toute autre considération.

Tamar la cananéenne, de son côté, se révèle plus attentive que Juda à ses engagements envers elle. Par sa ruse, elle utilise au risque de sa vie (v 24), le seul moyen à sa disposition, pour donner une descendance à la famille de son mari décédé, et par là bénéficier des promesses divines de bénédiction et de prospérité. Son geste désespéré, au-delà de toute morale, manifeste sa foi dans ces promesses et son désir profond d’en bénéficier.

Ainsi de ce récit ressort la grâce de Dieu qui accepte l’effort de Tamar pour entrer dans son plan, et qui fait du fils qu’elle a eu de Juda, Pérèts, l’ancêtre de la lignée royale de David, donc de Christ (Voir Ruth 4.18-22 et Matthieu 1.3). Comme son nom le suggère, Pérets a ouvert une brèche dans la lignée juive du Christ : Tamar sa mère, est la première femme païenne à entrer dans le peuple élu, et même dans l’ascendance du Messie !

Questions pour une application dans la vie chrétienne :

-         Mon désir de Dieu est-il aussi ardent que celui de Tamar ? Comment se manifeste-t-il ? Quels préjugés doit-il surmonter pour s’exprimer ?

-         Avant de juger de la moralité des actes des autres, suis-je disposé(e) à chercher à comprendre ce qu’ils signifient de leur état d’esprit intérieur ? Comment, en tant que témoin de l’amour inconditionnel de Dieu, puis-je pratiquer la parole de Dieu : « L’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Sa 16.7) autant pour moi-même que pour les autres ?

-         Suis-je plus « royaliste que le roi » en refusant l’entrée dans l’Eglise à des personnes qui me semblent agir de façon non-conforme à la « bonne moralité » ? Comment concilier les critères de conversion fixés par l’Eglise avec l’enseignement de ce texte au sujet de l’accueil d’ "étrangers" dans la communauté ?

Genèse 39 : Joseph chez Potipharmedium_Joseph_en_Egypte.jpg

Voir les chapitres 13-16 et 17-19  de « Itinéraires de croissance » (Ed Vie et Santé)

Observons

1-6 : Joseph devient intendant chez le chambellan du Pharaon

7-19 : Résistance de Joseph à la tentation au nom de son respect pour Dieu

20-23 : L’Éternel est avec Joseph jeté en prison

Pour la première fois Joseph parle personnellement de Dieu (v 9) dont le nom est mentionné 7 fois dans le chapitre !

Comprenons

1-6 : Le texte reprend le fil du récit à partir de la fin du chapitre 37. L’auteur prend soin de répéter trois fois la bénédiction du Seigneur dont jouissent Joseph et, à travers lui, son maître Potifar.

C’est exprimer ainsi le changement de cœur qui s’est opéré en Joseph : depuis son séjour dans le puits et son départ comme esclave en Egypte, il a compris que Dieu le protégeait et qu’il pouvait compter sur lui. Cela lui permet de « rebondir » dans l’épreuve, et de se (re)construire psychiquement et spirituellement.

Il entretient une relation étroite avec le Sei­gneur et cela transforme son attitude en­vers les autres et envers les faits : au lieu de les considérer avec révolte, il remplit ses devoirs et ses responsabilités avec cons­cience et honnêteté. Cette attitude le dis­tingue parmi les autres esclaves et porte des fruits bienfaisants pour lui et pour son maître (v 4-6).

7-19 : Ne nous laisse pas tomber dans la tentation I Telle est la prière qu’a pu prononcer Joseph face à la femme de Potifar ! Les femmes Egyptiennes avaient une liberté totale, à l’image de celle des hommes. Il n’est donc pas étonnant que la femme de Potifar ait tenté de séduire le beau et jeune Joseph.

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Celui-ci justifie son refus par son devoir de serviteur fidèle à son maître terrestre et aussi à son maître céleste. Il ne peut trahir la confiance que Potifar a placée en lui (v 8-9), et il veut rester attaché au Dieu Saint qu’il sert (v 9b). Pourquoi avait-il le sentiment de trahir Dieu en trahissant son maître Potiphar ? Potiphar en devenant son maître, et en lui confiant l’administration de la maisonnée, devenait pour Joseph un père de substitution, placé auprès de lui par Dieu pour l’aider à croître, à forger sa personnalité, à construire son avenir selon le dessein de Dieu, révélé autrefois dans ses rêves. Coucher avec la femme de Potiphar, mère de substitution, c’était non seulement commettre un adultère trompant la confiance de Potiphar, mais c’était aussi choisir une voie sans avenir : c’était dans une sorte d’inceste, se tourner vers le passé dans une union stérile avec une femme de la génération antérieure, c’était refuser le plan de Dieu pour lui et pour la famille de Jacob.

En effet l’histoire de Joseph représente selon le verset 2 du ch 37, la « postérité de Jacob », postérité spirituelle plutôt que physique, après les écarts des aînés. Au fil de cette histoire, Joseph va passer par toutes les étapes de la croissance spirituelle telle que le Seigneur la désire pour chacun des croyants, et devenir ainsi le « type » du Messie à venir, et de « l’enfant de Dieu », à l’image de son Père.

Potiphar se met en colère, mais sans doute autant contre sa femme que contre Jo­seph. En effet, dans un tel cas il avait le droit de mutiler ou de faire fouetter Joseph jusqu’à mille coups ! Or il ne semble pas avoir ajouté entièrement foi aux accusations de sa femme, puisqu’il se contente de mettre Joseph dans la prison dont il avait la surin­tendance comme chef de la police du royaume (39.20), et qui ne devait pas être très éloignée de sa maison. Il continue son rôle de « père » en mettant le jeune homme à l’abri des entreprises de charme et de ruse de sa femme !

- 21-23 : Joseph, Intendant de la prison.medium_Joseph_fils_de_Potiphar.2.jpg

Cette nouvelle épreuve n’entame pas la foi de Joseph qui continue à agir selon la vo­lonté de Dieu. Ce qui lui permet de recevoir les bénédictions de la faveur du comman­dant de la forteresse, sous les ordres de Potiphar, qui lui confie la responsabilité des autres prisonniers, puis de leurs travaux.

Le temps passe. Joseph dans l’exercice de ses responsabilités acquiert non seulement la patience, mais les qualités qui lui seront nécessaires lorsqu’il aura les pleins pouvoirs : l’ordre, l’organisation, le sens de l’humain.

En même temps, les bénédictions qu’il re­çoit fortifient sa foi dans la direction de Dieu, mentionnée trois fois encore à la fin de ce chapitre !.

Dieu permet certaines épreuves pour affer­mir notre caractère et notre confiance en lui. A nous de garder notre relation avec lui malgré tout, pour collaborer avec lui dans cette œuvre de purification du cœur et de formation du caractère.

Questions pour une application dans la vie chrétienne :

- En quoi le fait de croire en Dieu a pu modifier ma façon de considérer les événements de ma vie et ma façon d’agir au travail ou à la maison ?

- Qu’est-ce qui me permet de résister à une tentation très forte ? Pourquoi ai-je du mal à me souvenir que Dieu est toujours prêt  à donner les forces nécessaires quand on les lui demande!

-  Comment tirer les leçons des expériences difficiles de la vie pour croître dans ma relation avec Dieu et pour affermir mon être intérieur ?

Genèse 40-41 : De la prison... au palais

 

Observons

Ces deux chapitres détaillent l’ascension spectaculaire de Joseph, donc la mise en route de la réalisation des rêves prophétiques de sa jeunesse.

- 40.1-5 : arrivée et rêves des deux bannis de la cour de Pharaon         

6-11 : les deux prisonniers se confient à Joseph, plein de sollicitude

12-19 : Joseph explique les songes prémonitoires des prisonniers       

20-23 : réalisation à la lettre des rêves.

- 41.1-8 : les rêves inexplicables de Pharaon        

9-13 : témoignage de l’échanson au sujet du don d’explication de Joseph      

14-24 : Pharaon fait venir Joseph et lui rapporte ses songes      

25-32 : Joseph explique les songes de Pharaon       

33-36 : propositions de Joseph pour gérer la crise annoncée.      

37-45 : accession de Joseph au rang de « vice-roi » d’Egypte.      

46-57 : gestion de l’abondance, puis de la famine par Joseph.

 

Comprenons

Dieu va accorder à Joseph l’occasion de témoigner de sa foi et de la puissance di­vine, en prison comme au palais.

- ch 40 : En prison  Potiphar qui connaissait les qualités de Jo­seph et qui voulait sans doute marquer quel­ques égards à deux officiers disgraciés par le roi, les confie aux soins de Joseph. Celui-ci au lieu d’accomplir sa tâche mécaniquement et égoïstement, se montre plein de sollicitude et d’attention envers ceux qui lui sont confiés (40.6-7), s’intéressant à leur tristesse et leur mauvaise mine ! L’insistance du texte sur l’interprétation des rêves tient à l’importance qu’elle avait chez les Egyptiens qui la réservaient aux seuls prêtres de leurs dieux. En donnant l’explication de leurs rêves aux deux officiers, Joseph devient à leurs yeux prêtre du Dieu qu’il sert, comme Joseph prend bien soin de le pro­clamer (40.8b comme en 41.16). La réalisation de ses interprétations aurait dû intéresser l’échanson au sort de Joseph. Sans doute dans la joie de son rétablisse­ment a-t-il voulu oublier tout ce qui concer­nait la période sombre de son emprisonne­ment. Son oubli de Joseph est un indice de l’ingratitude du cœur humain tourné vers son seul profit. C’est une nouvelle épreuve pour Joseph qui ne doit pas se laisser aller à la rancune, ni à la révolte durant encore deux ans !       

- ch 41 : au palais royal  deux autres rêves sont donnés à Pharaon par Dieu.

Ils vont permettre au Pharaon :

-    de connaître le sort qui attend son pays

 -    de connaître l’existence et la puis­sance de Dieu à travers le témoignage de Joseph, appelé par l’échanson (enfin!) pour interpréter le rêve après l’échec des sages égyptiens.

- de reconnaître l’intelligence et la pertinence des solutions proposées par l’envoyé de Dieu (v 38-39).

- d’expérimenter à son profit et à celui de l’Egypte les qualités de gestionnaire de Joseph.

Ces rêves vont permettre aussi à Joseph

- de témoigner de Dieu auprès de Pharaon (v 16),

- de manifester l’intelligence et la sa­gesse que Dieu lui a données pendant ces 13 ans d’épreuves (v 33-36, 39, 46),

- d’être libéré de prison et établi premier ministre avec tous les honneurs dus à une personna­lité de premier plan (v 42-45)

- de fonder une famille en Egypte, sans oublier son Dieu comme en témoignent les noms de ses fils (v 45, 50-52).

 medium_Joseph_vice_pharaon.jpgUne telle position, de tels pouvoirs de premier ministre pouvaient griser le jeune homme et lui tourner la tête ! Il dut même épouser une Egyptienne, fille d’un prêtre idolâtre du dieu-soleil, Râ (v 45), et porter le nom égyptien de Sauveur du monde ou soutien de vie. Ce nom égyptien est véritablement prophétique puisque Joseph va sauver de la famine et de la mort, non seulement l’Egypte, mais encore toute la tribu familiale, devenant là aussi le « type » du vrai « Sauveur du monde », Christ. Au milieu de ces honneurs, il aurait pu com­plètement oublier Dieu ! Pourtant le texte nous le montre fidèle à sa conduite de croyant, accomplissant consciencieusement sa tâche de gouverneur avisé et intègre (v 48-49, 56-57). Il sait reconnaître en Dieu son bienfaiteur et son consolateur lorsqu’il nomme ses deux enfants Manassé = Dieu m’a fait oublier mes souffrances, et Ephraïm = Dieu m’a accordé une double postérité. Sa gestion du pays se fait avec sagesse, mais n’échappe pas à la recherche du profit : les réserves de blé ne sont pas distribuées gratuitement, dans un geste humanitaire pour soutenir la vie du peuple, elles sont vendues au profit de Pharaon (v 56-57) ! « charité bien comprise commence par soi-même » dit le proverbe populaire !

Ainsi, Joseph traversa-t-il toutes les circons­tances, les yeux fixés sur le Seigneur : le nom de Dieu est mentionné 7 fois dans les ch 39 et 40 pendant l’esclavage et l’emprisonne­ment, et encore 7 fois au ch 41, près de Pharaon. Joseph n’a cessé d’entretenir une relation intime avec Dieu, cela lui a permis de sup­porter patiemment travaux et déceptions, d’apprendre à obéir pour mieux comman­der ensuite, de ne pas nourrir de sentiments négatifs de vengeance et de rancune, et de ne pas s’enfler d’orgueil dans la prospé­rité. En tout, il a compté sur Dieu, Joseph, le chéri de son père, est devenu esclave, puis a été au sommet de la gloire et de la puissance. En cela il est un « type », une préfiguration du Christ, chéri de Dieu, abaissé à l’extrême parmi les hommes jus­qu’à la mort sur une croix, puis glorifié par sa résurrection et son ascension à la droite de Dieu (Philippiens 2,6-11). La vie de tout croyant jeune ou plus âgé, n’est pas à l’abri des coups durs et des tentations. L’exemple de Joseph nous encourage à persévérer dans la confiance en Dieu et la soumission à sa volonté en toutes circonstances.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

-  Quels sont mes sentiments et mes attitudes dans les moments de l’épreuve ? En qui ai-je confiance pour changer de situation ?

 

-   A qui est-ce que j’attribue mes capacités intellectuelles ou professionnelles : à Dieu, à mon hérédité, à mon éducation, à mon travail personnel ?

 

-  Dieu est-il au centre de mes relations familiales ou sociales 

 

- Comment mettre au service de l’église, mais aussi de ma commune, de mon pays, de ma famille les dons que j’ai reçus pour le bien de tous ?

 

-   Suis-je conscient de « l’intérêt » que j’espère retirer de mes actes généreux envers les moins favorisés que moi, ou même envers Dieu ? Comment purifier mes motivations profondes ?

08:00 Publié dans Genèse | Lien permanent | Commentaires (3)

10/12/2006

Etude n°11 : Jacob devient Israël : Gn 30-36.43

- Genèse 29.31 à 36.43 : Jacob devient Israël

Observons 

Ces nombreux chapitres relatent la fin du séjour de Jacob en Mésopotamie et son retour en Canaan :

29.31 à 3O.24 : Accroissement de la descendance de Jacob à cause de la rivalité des deux épouses de Jacob pour enfanter

30.25 à 43 : Accroissement des richesses de Jacob aux dépens de Laban

31 à 32.1 : Départ de Jacob pour Canaan avec difficultés, puis alliance avec Laban.

32.2-24 : préparatifs de Jacob pour rencontrer son frère Esaü.

32.25-33 : Lutte de Jacob avec l’ange

33.1-20 : Réconciliation avec Esaü

34.1-31 : « Crime d’honneur » des fils de Jacob pour venger leur sœur Dina.

35.1-15 : Jacob à Béthel

35.16-29 : Mort de Rachel et d’Isaac.

36. 1-43 : Esaü et sa descendance

 

Comprenons

A- 20 ans chez Laban

Pendant son long séjour à Haran chez Laban, son beau-père, Jacob a été trompé plusieurs fois par ce dernier. Jacob ne s’est pas privé de lui rendre la pareille. A force d’observation des lois de la nature et de ruses, il a réussi à augmenter considérable­ment ses biens en 6 ans, après ses 14 ans de service de Laban. Sa famille s’est aussi agrandie de onze fils, nés de deux femmes et deux concubines ! Les deux sœurs pour s’attirer les bonnes grâces de leur époux, ont rivalisé continuellement à qui enfanterait le plus de fils. Rachel étant stérile utilisa la même coutume que Sara autrefois : elle se servit de sa servante comme « mère porteuse ». Léa l’imita pendant une brève période de stérilité, puis enfanta elle-même encore deux fils et une fille. Ce n’est qu’à ce sixième fils de Jacob, que Rachel fut exaucée et donna le jour à Joseph.

Dieu remplit sa promesse de nombreuse descendance, en utilisant les jalousies et les rivalités des deux sœurs, pour tenter de leur faire comprendre que la vie et la fertilité ne dépendent que de lui, et non de leurs stratagèmes ou de leurs croyances populaires dans la vertu des mandragores !

Au bout de 20 ans, Jacob reçoit une révéla­tion personnelle du Dieu qu’il a vu à Bethel (21.3, 10-13). Dieu lui donne l’ordre de rentrer en Canaan, sans doute pour le protéger de la jalousie de Laban et de ses fils. Et Dieu lui révèle (31.12) que c’est à lui seul qu’il doit le renouvellement de son troupeau selon ses voeux, car il lui a révélé les lois de reproduction que Mendel redécouvrira deux millénaires plus tard. La protection de Dieu sur lui va jusqu’à avertir Laban de ne pas toucher à Jacob (v 24)!

Mais une fois encore Jacob va tromper son beau-père en partant à son insu, pour ne pas être retenu ni volé par lui. Ses habitudes de ruse sont vraiment familiales, puisque Rachel aussi dérobe les idoles de son père, à l’insu de Jacob, et ment effrontément pour les cacher aux investigations de Laban (31.33-35). Ces idoles représen­taient sans doute les dieux dits protecteurs du foyer, sensés assurer le bien-être à la famille. En désirant les emporter avec elle, Rachel montre que la foi en l’Eternel n’était pas exclusive dans sa famille qui adorait en même temps d’autres divinités secondai­res. Jacob, dans son ignorance, prononce une malédiction sur le « voleur » des téraphim (31.32), qui se réalisera peu après, à la naissance de Benjamin, où Rachel perdra la vie (35.16-20).

Pour ne pas envenimer la situation, devant la colère de Jacob qui lui dit « ses quatre vérités », Laban, respectueux de l’avertissement de Dieu, propose d’en rester là, et de conclure une alliance entre eux. Le monument dressé par Laban et Jacob consacre leur accord de non-belligérance, mais aussi la séparation définitive entre les deux branches de la famille, la syriaque ou araméenne de Laban, et l’israélite de Ja­cob. L’entrée en Canaan exclut pour le peuple d’lsraél toute autre appartenance qu’à Dieu.

Il en est de même pour le croyant, son entrée dans le royaume de Dieu par la foi, exclut tout compromis avec les habitudes de son passé sans Dieu.

Il faut que Jacob le comprenne dans sa vie familiale et personnelle, d’où l’épisode du gué de Jabbok.

Jacob n’a pas cessé pendant ces 20 ans de réussir, en utilisant les combines humaines. Au moment d’entrer en Canaan, par cette séparation d’avec Laban, puis par l’épreuve de la rencontre avec Esaù et le combat avec l’ange, Dieu va lui faire comprendre qu’il doit changer de façon de faire, qu’il doit abandonner tout calcul, pour ne s’appuyer que sur la bien­veillance de Dieu, qui l’a soutenu et béni jusque-là.

Lorsque nous entrons dans le pays promis de la vie avec Dieu, il nous est demandé aussi d’abandonner notre confiance naturelle dans nos propres moyens, et de nous appuyer sur Dieu seul par la foi.

B- Les préparatifs de la rencontre avec Esaû (32.2-23)

Ce chapitre est construit selon le schéma classique en hébreu, des parallèles con­centriques, qui permet de mettre en valeur, au centre, l’élément essentiel du récit. Ici la prière de Jacob (v 9-12) est entourée des précautions que Jacob prévoit pour con­server une partie de ses biens (v 3-8), et des précautions prises pour amadouer son frère (v 13-21).

Chronologiquement la prière peut se pla­cer soit lorsqu’il est rempli d’une grande frayeur (v 8a), soit plutôt, à cause du carac­tère calculateur de Jacob qui a dû penser d’abord à tous les moyens humains de sau­vegarde, lorsque toute la famille a passé le gué, et que Jacob reste seul pour la nuit.

Comme des anges lui étaient apparus en songe à sa sortie de Canaan 20 ans plus tôt, des anges lui apparaissent à son approche du pays (v 2). D’après le nom qu’il donne au lieu de cette rencontre les deux camps (celui des anges et le sien), il semble avoir vu un nombre impressionnant d’êtres des armées célestes, prêts à le protéger.

Fort de cet encouragement, il envoie un message à Esaù, pour lui signifier son retour, avec humilité puisqu’il l’appelle trois fois son seigneur (6,19,20) et se dit trois fois être lui-même le servi­teur d’Esaü (5,19,21). Il lui annonce sa richesse, non par orgueil, mais pour lui signifier qu’il ne revient pas réclamer l’héritage qu’Esaü lui avait vendu, ou pour revendiquer la réali­sation de la prophétie reçue d’lsaac au moment de la bénédiction volée : il ne revient pas pour dominer son frère aîné. Il a tout ce qu’il lui faut et ne demande que son pardon (v 6b). Les leçons de son séjour chez Laban ont porté, il n’est plus aussi or­gueilleux!

A l’annonce de l’arrivée d’Esaû avec 400 hommes armés, Jacob panique (en oubliant le camp des anges), parce qu’il n’a à lui opposer que ses troupeaux et ses enfants! Son sens de l’organisation lui fait prévoir le moyen de mettre à l’abri la moitié de ses biens, puis d’amadouer son frère par des cadeaux somptueux, dont il ménage l’effet en les échelonnant dans le temps. Humai­nement parlant, il a tout préparé, mais il se sent toujours aussi fragile.

Pour la première fois, le texte transmet sa prière personnelle au Dieu de ses ancêtres. Après avoir invoqué Dieu sur l’ordre duquel il est parti pour se retrouver dans cette situa­tion fâcheuse, il rappelle la promesse de protection divine (v 10). Avec humilité, il loue la bienveillance et la fidélité de ce Dieu qui lui a permis de s’enrichir (v 11). Dans sa supplique, il avoue sa peur (v 12), et termine sa prière par la reprise de la promesse divine de protection et de nombreuse descen­dance.

On a donc au centre de cette prière, une action de grâce et une suppli­que, qui toutes deux manifestent l’humilité de Jacob devant Dieu. Il reconnaît que tout lui vient de Dieu et qu’il reste faible et crain­tif devant son frère malgré ses préparatifs. Parce qu’il s’en remet entièrement à Dieu, celui-ci va pouvoir intervenir, mais dans l’im­médiat pas comme Jacob le pensait !

C- Le combat avec l’ange (à mettre en parallèle avec Romains 7.14-25)

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25-27 : la lutte (Illustration : Mosaïque de Monreale, Sicile)

28-30 : le changement de nom et la bénédiction

31-33 : Conséquences de cette rencontre

Ce passage, très sobre dans sa forme, est un des plus profonds de la Bible. au point de vue psychologique et spirituel. Il décrit sous la forme d’un combat réel (les séquelles à la hanche de Jacob en sont la preuve), le combat spirituel de Jacob au moment de franchir une étape importante de sa vie : son retour au pays promis et la confronta­tion avec son passé en la personne de son frère Esaù.

Jacob a tout fait pour se mettre à l’abri du danger qui le menace, et pourtant il reste angoissé parce qu’il ne sait pas si Dieu est pour lui, et sans doute aussi s’il ne lui reste pas un autre moyen humain auquel il n’aurait pas pensé, pour être sauvé. En réponse à sa prière, il trouve devant lui un adversaire, qu’il ne reconnaît qu’à la fin du combat, apparition semblable à celle que verra Josué devant Jéricho (Josué 5.13-6.5).

On voit dans ce combat, le symbole de la lutte qui existe en Jacob entre son vieil homme calculateur et l’homme de foi qui met sa confiance en Dieu. Le vieil homme, dans ce combat cherchait à se défendre, à justifier ses combines, tandis que Dieu reje­tait tous ses arguments et le poussait dans ses retranchements pour l’amener à s’aban­donner complètement à Lui.

L’aurore se levant, symbole de la lumière qui se fait jour dans l’esprit de Jacob sur l’identité de son adversaire, le vieil homme est blessé irrémédiablement et ploie les genoux devant Dieu ! Dieu a vaincu toutes ses résistances, Jacob ne peut que tomber dans ses bras (le déboîtement de sa han­che et l’enlacement avec l’ange l’expri­ment concrètement). Ayant reconnu sa dépendance totale de Dieu pour se tenir debout et marcher, Jacob dans un cri de foi réclame la bénédiction de celui qu’il ne veut plus quitter. Il sait maintenant que sa vie ne dépend que de cette bénédiction (v 30). Son cœur a été complètement changé, comme sa rencontre avec Esaü le révèlera.

Sa blessure à la hanche lui rappellera concrètement qu’il n’a pas à brûler les étapes, mais à marcher, pas à pas, en comptant sur Dieu, en s’appuyant sur le bâton, symbole de la force de la Parole divine.

D- Le changement de nom

En demandant son nom à Jacob, l’ange satisfait trois exigences

1- On ne peut pas bénir quelqu’un sans prononcer son nom (voir l’exemple de l’im­position des mains à un baptisé),

2- En donnant son nom à quelqu’un on lui manifestait qu’on se soumettait à lui.

3- Jacob devait reconnaître publique­ment qui il était vraiment : le trompeur.

En avouant son péché, il se soumettait au jugement de celui dont il réclamait la béné­diction, c’était un véritable abandon de soi, et une demande de pardon.

Dieu en changeant son nom en lsraël, celui qui lutte avec Dieu et avec des hommes, et qui est vainqueur (v 29), accorde à Jacob son pardon et une nouvelle dignité : il portera le nom de Dieu face aux nations, et une pro­messe : il sera vainqueur ! lsraël peut aussi signifier Dieu combat donc rend vainqueur celui qui s’en remet à lui (voir Psaume 118.6 et Romains 8.31 : si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?)

Pourquoi Jacob demande-t-il le nom de son vis-à-vis (v 30)? Il sait bien à qui il a affaire (v 31)! Sans doute veut-il remercier, en le nom­mant, celui qui l’a assuré de la victoire. Peut-être aussi a-t-il le désir de mieux con­naître son Sauveur ? Cette révélation ne lui sera pas accordée (Hébreux 11.13,39), elle le sera pleinement en Jésus-Christ qui fera connaître le Dieu Sauveur.

Jacob manifeste sa reconnaissance d’avoir été pardonné, béni et transformé, par ces mots émerveillés : J’ai vu Dieu face à face, et je suis encore en vie!

Ce privilège est accordé à celui qui n’offre plus de résistance à l’action de Dieu dans son coeur, qui s’en remet avec confiance à sa direction et marche en s’appuyant sur ses instructions. Au baptême qui marque notre engagement avec Dieu, nous recevons aussi un nouveau nom, celui de Jésus-Christ, en devenant « Chrétien ».

Le soleil s’est levé lorsque Jacob franchit le gué, comme la lumière et la paix de Dieu sont entrées dans son cœur : il peut s’avan­cer vers son frère, il ne le craint plus!

                                          (Delacroix, Eglise St Sulpice à Paris)

                                              medium_combat_de_Jacob_avec_l_ange_Delacroix.jpg

E- La rencontre des deux frères (chapitre 33)

Elle ne se passe pas du tout comme Jacob l’avait préparée. Il ne se place pas derrière tous ses biens et gens, mais devant sa fa­mille, car il n’a plus peur. Il se prosterne 7 fois en signe de soumission totale et de profond respect, il reconnaît ainsi la domination de son frère aîné.

Esaü déjà intrigué favorablement par les troupeaux rencontrés sur le chemin (v 8), manifeste l’émotion de ces retrouvailles, en courant à la rencontre de Jacob, en l’em­brassant et en fondant en larmes! Lui le dur, le violent, il est soudain désarmé et doux comme un agneau devant l’absence de revendications de son frère!

On peut voir là un exemple de la puissance de la non-violence pour faire tomber chez l’adversaire la peur d’être lésé ou agres­sé.
Dans le dialogue entre les deux frères, Ja­cob manifeste son changement de cœur :

   il ne se glorifie pas de sa nombreuse famille : c’est Dieu qui la lui a accordée (v5)

   il avoue son premier désir d’acheter la bienveillance de son frère (v 8);

   il transforme son stratagème en geste de générosité et de reconnaissance, en offrant ces cadeaux à Esaü, parce qu’il a manifesté à l’égard de Jacob une bien­veillance semblable, à ses yeux, à celle de Dieu !(v 10-1 1).

Pourtant Esaü ne manifeste pas de foi par­ticulière en Dieu : il n’a parlé que de son abondance de biens, sans en attribuer l’ori­gine à Dieu. Son coeur n’est-il touché que par l’émotion des retrouvailles et l’affection fraternelle? Dieu, à l’insu d’Esaü, a travaillé son cœur. L’absence de rancune et de vengeance d’Esaü apparaît à Jacob comme le signe et l’effet de la bienveillance, de la bénédiction de Dieu sur lui.

Il nous est possible aussi de voir dans tout acte de bonté envers nous, même de la part de non-croyants, un reflet de la bonté de Dieu.

Esaü propose d’accompagner son frère, soit par désir de lui être utile à son retour dans un pays habité par les Cananéens, soit par un reste de méfiance à son égard : il veut s’assurer du lieu où il va s’installer.

Jacob, blessé à la hanche et accompagné de jeunes enfants, et de troupeaux, sait qu’il ne pourra pas marcher au pas des hommes d’Esaü. Il sait aussi que l’Eternel le garde et qu’il n’a pas besoin d’une escorte armée.

F- Arrivée et installation en Canaan (33.17 à 34.31)

Contrairement à ce qu’il annonce, il n’ira pas vers le pays de Séir, trop au Sud et en dehors du pays promis, où il n’a rien à faire. Mais aussi, contrairement à son voeu de Bethel, il s’installe à Succoth, puis à Sichem, suffisamment longtemps (environ 10 ans) pour acheter maison et terre, et permettre à sa fille dernière-née d’être en âge de se marier. En effet, à son retour en Canaan, l’aîné de ses fils a 12 ans, le dernier, Joseph, a 6 ans. Dina a à peine 5 ou 6 ans.

Cette longue installation avant de remplir son voeu, s’explique peut-être par l’idolâ­trie qui règne encore dans la famille. Elle empêche Jacob, le seul converti, d’adorer le Seigneur d’un cœur totalement consa­cré à lui.

Ce manque de consécration totale à Dieu est peut-être la cause profonde de la réaction des fils de Jacob au mariage de leur sœur Dina avec le prince de Sichem. Ils n’ont pas compris que leur attitude était révélatrice de leur manque de relation avec Dieu, et portait un contre-témoignage à ce Dieu nouveau pour les Sichémites, qu’ils prétendaient honorer. N’ayant pas appris à mettre Dieu à la première place, et à considérer les autres avec respect et franchise, ils reproduisent le défaut majeur de leur père, la duplicité, pour venger une blessure d’amour-propre personnel.

« Les crimes d’honneur » qui affligent les familles d’Orient actuellement, n’ont pas d’autres causes que cette mentalité, qui aboutit plus à la mort qu’à la vie. Ce n’est pas l’honneur de Dieu qu’ils avaient à cœur, même pas l’honneur de leur sœur qui restait sauf, puisqu’elle épousait celui qui l’aimait et l’avait séduite ; invoquer qu’on la considérerait comme une prostituée, était donc un faux prétexte à leur vengeance personnelle, et à leur désir d’emprise sur les membres de leur famille. Ils s’arrogent le droit de décider eux-mêmes ce qu’est l’honneur de la famille, sans consulter ni Jacob, ni Dieu.

La virginité physique de la jeune fille est dans la Bible un des symboles de l’exclusivité de l’amour que le peuple de Dieu doit à son époux le Seigneur. En faire une question d’honneur familial ou personnel s’apparente à une idolâtrie tout humaine ! A la suite de cet horrible massacre perpétré à Sichem par Siméon et Lévi, au mépris des lois de l’hospi­talité, Dieu rappelle à Jacob son voeu fait à Béthel. Jacob comprend sa négligence et ordonne à sa famille de se séparer de toutes les idoles conservées jusque-là (35.2,4). Il fait donc bien le rapprochement entre l’idolâtrie qui règne chez lui et le malheur que ses fils ont attiré sur sa famille et leurs hôtes voisins (34.30). Mais Jacob reste faible dans les reproches qu’il adresse à ses fils tant est grande son angoisse sur les conséquences funestes de ce massacre. Il a oublié la bénédiction de Dieu reçue au gué de Jabbok !

Dieu vient au devant de son désarroi et de sa peur, en lui renouvelant la promesse faite à Abraham (35.10-12). L’enterrement de la nourrice de Rébecca, à Béthel, à ce moment, semble marquer un terme à cette portion de la vie de Jacob, le trompeur. Le passé est révolu, maintenant Jacob ne sera plus nommé qu’Israël (v 10).

A ce décès d’un témoin de son passé, succède la naissance de son dernier enfant, Benjamin, qui l’invite à se tourner désormais vers l’avenir. Cette naissance vient atténuer l’immense douleur de perdre la femme qu’il a aimée par-dessus tout, Rachel, mais  qu’il avait condamnée à mort sans le vouloir, à cause de son mensonge au sujet des téraphim de Laban (31.32). Le chemin de la foi après la conversion est parfois douloureux et lent pour mettre sa vie en ordre et gagner son entourage à sa foi ! Jacob fit cette expérience jusqu’à la fin de sa vie.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-         Sur quoi est-ce que je compte dans les difficultés de ma vie : Dieu ou mes propres facultés (intelligence, combines, argent) ou mes « relations » sociales ?

-         Quel est le poids de mon passé dans mes entreprises ou mes attitudes ? Comment Dieu me permet-il de dépasser cette influence, et de trouver d’autres façons d’agir à sa gloire ?

-         Contre quoi mon cœur lutte-t-il encore pour s’abandonner entièrement à Dieu ? Par quoi se marque dans ma vie l’abandon de mon sort entre les mains de mon Sauveur ?

-         Avons-nous encore le sens de l’honneur ? En quoi mettons-nous notre « honneur » individuel, familial ou ecclésial ? 

-         Mes actions soulèvent-elles jalousie, frustration et animosité autour de moi, ou révèlent-elles l’amour de Dieu pour moi et pour les autres, qui habite mon cœur ? 

 

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