03/12/2006
Etude n°10 : Le prix de la duplicité, Gn 25-29
A- 25.19-28 : Naissance d’Esaü et Jacob
B- 25.29 à 34 : Esaü vend son droit d’aînesse pour un plat de lentilles
C- 26.1 à 35 : Isaac et Abimelek :
a) 2-6 : Renouvellement de la promesse divine
b) 7-11 : Abimelek et Rebecca
c) 12-23 : Querelles autour des puits
d) 24-35 : Alliance d’Isaac et Abimelek
D- 27.1-40 : Isaac, trompé par Jacob, le bénit à la place d’Esaü
E- 27.41 à 28.9 : Fuite de Jacob devant la haine de son frère
F- 28.10 à 22 : Vision de l’échelle
H- 29.1-30 : Jacob chez Laban
Comprenons
A- Histoire d’Isaac : 25.19 à 26.35
Curieusement ce patriarche n’occupe qu’un chapitre et demi, entre son père Abraham (13 ch) et son fils Jacob (9 ch). De plus dans ces deux chapitres, il n’y a rien de très original par rapport à Abraham : même stérilité de Rébecca, même mensonge d’Isaac pour sauver sa vie à propos de l’identité de sa femme-« sœur », mêmes querelles au sujet de points d’eau en Philistie, même alliance avec le même roi Abimélek. Isaac ne serait-il que la pâle copie de son père ? Par deux fois l’Éternel lui renouvelle la promesse de bénédictions (26.2-3, 24) et Isaac l’adore personnellement. Son témoignage fut puissant auprès d’Abimélek, (26.26-31) qui voulut une fois encore ne pas passer à côté des avantages d’une alliance avec un immigré béni de son Dieu. Cela fait penser à la femme Cananéenne, réclamant à Jésus sa part des miettes qui peuvent tomber de la table des maîtres (Mt 15).
Cette répétition des expériences de son père pourrait-elle signifier qu’Isaac a du mal à s’affranchir de l’emprise paternelle sur le plan de ses relations avec Dieu et avec les autres ? Il lui faut faire ses expériences et trouver son chemin personnel vers Dieu. Dieu le guide comme il l’a fait pour son père, l’encourageant de sa présence (26.24), et de ses bénédictions, car il voit en lui un cœur droit et docile depuis sa marche au mont Morija, pour y être « sacrifié » par son père.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Où en est ma relation avec Dieu ? Est-ce que je me contente de copier mes parents, ma famille, mon groupe d’église ? Ou ai-je rencontré personnellement mon Sauveur ?
- A quand remonte ma dernière expérience avec Dieu ? Comment en faire un témoignage de vie pour ceux parmi lesquels je vis ?
- A quels puits je m’abreuve dans la parole de Dieu ? Les puits creusés, puis oubliés de nos parents et de nos pionniers ? Ceux que l’Esprit me permet de découvrir moi-même, pour aller plus loin ?
B- Histoire de Jacob : Genèse 27 à 29.30
(Mosaïque de Monreale : Jacob reçoit la bénédiction de son père à la place d’Esaü)1- Jacob le trompeur : 27.1 à 28.9
La bénédiction d’Isaac sur Jacob (27.1à 29)
Les relations familiales semblent avoir favorisé la duplicité de Jacob. Esaü partageait avec son père le goût pour la bonne chère (25.28), dont Isaac fait dépendre sa bénédiction. C’est mépriser la portée spirituelle de cette bénédiction, qui devait transmettre au fils les promesses de Dieu faites à Abraham et renouvelées à Isaac. Ce mépris de Dieu avait poussé Esaü à abandonner son droit d’aînesse pour un plat de lentilles (25.30-34). La préférence d’Isaac pour son aîné Esaü est aveugle sur les sentiments de ses fils envers Dieu, comme l’aveuglement physique d’Isaac le symbolise. Aveugle physiquement et spirituellement, Isaac devient une proie facile de la rouerie de sa femme et de son cadet, plus sensibles à l’enjeu spirituel de la bénédiction arrachée par Jacob à la faiblesse d’Esaü (25.31 et 33).
Rébecca et Jacob voit dans la demande d’Isaac à Esaü l’occasion de rendre valide cet achat du droit d’aînesse à Esaü, car seule a de valeur, à leurs yeux, la bénédiction effective du père. La mère et le fils cadet comptent plus sur leurs stratagèmes pour réaliser la promesse de Dieu faite à Rébecca avant la naissance de ses jumeaux (25.23), que sur l’amour de Dieu « qui fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » (Rm 8.28). Rébecca va, bien imprudemment, jusqu’à prendre sur elle la malédiction que pourrait encourir son fils (27.13), elle mourra en effet sans revoir son fils chéri !
Isaac par sa méfiance tend une perche à Jacob, qui pourtant par 4 fois confirme son mensonge, osant même y inclure la bénédiction de l’Éternel sur son entreprise (v 20), si grand était son désir de la présence favorable de Dieu dans sa vie et de la réalisation de ses promesses dans sa lignée !
La bénédiction d’Isaac (v 27b-29) lui promet la prospérité matérielle et le pouvoir sur les autres, pouvoir royal humain, et juste à la fin pouvoir spirituel ; Jacob pourra être une bénédiction pour ses amis.
La colère d’Esaü et sa bénédiction (27.30-45)
La détresse d’Esaü est touchante (v 34,38), mais semble due surtout à l’orgueil blessé d’avoir été trompé par son cadet, et par la frustration des biens matériels qui devaient revenir à son frère. Isaac se montre extrêmement troublé d’avoir été joué et bien faible devant la demande de son aîné. Sa bénédiction n’est que l’envers négatif de celle donnée à Jacob, avec un seul espoir : le nomadisme d’Esaü lui permettra d’échapper à la domination de son frère. Pas de mention de l’Éternel dans cette bénédiction, Dieu n’étant pas la préoccupation d’Esaü, qui ne saisit pas cette occasion pour se repentir (Hé 12.17). Au contraire il nourrit une colère froide et un ressentiment tel qu’il désire la mort de son frère. Une fois encore, Jacob obéit à sa mère pour sauver sa vie, sans s’appuyer sur Dieu, et s’enfuit sous prétexte d’aller chercher une femme croyante dans sa famille (27.46), pour ne pas prendre une étrangère comme Esaü (26.34-35).
Le départ de Jacob à Charan (27.46-28.9)
Une fois de plus, Rébecca cache à son mari la véritable nécessité pour Jacob de quitter le toit familial. Elle prend prétexte des querelles avec ses belles-filles étrangères pour faire demander par Isaac à Jacob d’aller se chercher une femme chez ses parents de Mésopotamie, dans l’espoir que les relations familiales et religieuses seront ainsi meilleures. Isaac manipulé par Rébecca obtempère, et envoie son fils en lui renouvelant sa bénédiction, assortie de la transmission des promesses faites à Abraham : possession du pays promis et fécondité (v 3 et 4). Isaac semble avoir pris son parti de cette inversion des rangs de naissance, et il confie à Dieu la réalisation de ses promesses contraire à ses vœux antérieurs sur Esaü.
Ce fils aîné ne voit pas dans cette nouvelle bénédiction un appel à revenir à Dieu, ou tout au moins à de meilleurs sentiments. Sa jalousie ne lui fait retenir que le désaveu implicite de ses mariages. Au lieu d’y remédier, il part encore plus loin, pour rejoindre la branche familiale d’Ismaël, déjà séparée du clan qui continue à « invoquer l’Éternel », et il prend une nouvelle épouse dans sa parenté comme Jacob, mais païenne.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quels sont mes centres d’intérêts dans mon quotidien ? Quelle place y tiennent le « manger et le boire », les soucis matériels, la recherche du Royaume de Dieu, les relations familiales ou sociales ? (Mat 7.24-34).
- Quelles promesses de Dieu ai-je déjà voulu réaliser par mes propres efforts, au prix de quels compromis avec la droiture ?
- Comment se manifeste mon désir de la présence et des bénédictions de Dieu dans ma vie et dans celle de mon église ?
- Comment éviter d’être aveuglé sur mes sentiments et sur ceux de mon entourage à l’égard de Dieu , pour ne pas tomber dans une faiblesse coupable qui me rend vulnérable ?
- Comment est-ce que j’accepte que les événements se déroulent différemment de ce que je désire ? Est-ce que comme Isaac, je sais faire « contre mauvaise fortune bon cœur » ? en quoi ma foi en Dieu m’est-elle une aide pour cela ?
2- Le trompeur trompé : Genèse 28.10 à 29.30
La fuite de Jacob et sa vision de l’échelle : 28.1-22
A- Départ de Jacob
Le voyage qu’entreprend Jacob est long et pénible, 800km environ, à pied, seul, en fuite devant son frère. Pourra-t-il un jour revenir ? Reverra-t-il ses parents ? Jusqu’à présent sa relation avec Dieu s’est limitée à connaître les promesses d’une descendance nombreuse et de la possession du pays faites par le Dieu de son père. Il a tout fait par lui-même pour que cette promesse lui soit accordée à lui, le plus jeune. Mais il n’a jamais rencontré ce Dieu dont il a entendu parler et dont il a désiré la bénédiction sans le voir. En plus des soucis matériels pour sa route, Jacob doit s’interroger sur sa situation vis-à-vis de Dieu : Cette ruse l’a-t-elle éloigné ou rapproché de Dieu ? Comment savoir si Dieu existe vraiment, s’il n’est pas seulement auprès d’Isaac, s’il est une aide ou un obstacle à la réalisation de sa vie ?
En tous cas pour le moment, s’il a arraché la bénédiction d’Isaac, sa ruse lui cause bien des difficultés ! C’est dans un état de doute et de déprime, qu’il entreprend la longue route vers ses parents de Charan. La mention (v 7) que c’est par obéissance à ses parents qu’il est parti, semble suggérer que son départ n’est pas voulu par lui, que la raison invoquée d’un mariage dans la famille mésopotamienne n’est qu’un prétexte pour dissimuler la fuite du « trompeur » devant son frère lésé.
B- Vision de l’échelle Dieu pour la première fois intervient dans sa vie au moyen d’un rêve pour calmer son anxiété.- L’échelle que voit Jacob est dressée sur (littéralement “ vers ”) la terre : c’est Dieu qui la fait descendre du ciel et la fait reposer sur le sol, comme voie de communication.
- Les anges montaient et descendaient : le fait qu’ils montent d’abord indique qu’ils étaient déjà auprès de Jacob pour le protéger, tandis que ceux qui descendaient lui apportaient les bénédictions de Dieu, avant même qu’il s’en aperçoive.
- Enfin au sommet Dieu se révèle par la vision et les paroles, non pour le punir ou lui faire des reproches, mais pour rappeler son identité et ses promesses : possession du pays qu’il va quitter, descendance nombreuse, bénédiction universelle à travers Jacob ! Puis Dieu fait des promesses tout à fait personnelles et circonstanciées : il l’assure de sa présence, de sa protection, de sa direction et de sa fidélité.
Jacob n’a rien fait pour mériter cette révélation, tout au contraire ! Mais Dieu se penche avec amour et compassion sur sa détresse, sachant le profond désir de relation avec Lui qu’a eu Jacob, pour user de tels stratagèmes afin de devenir héritier de la promesse. Dieu lit les désirs et les sentiments de nos coeurs et se révèle à celui qui le cherche de tout son coeur, malgré ses fautes.
a) Jacob ne se trompe pas sur le sens premier de la vision : Dieu s’est montré à lui pour le réconforter par la pensée
- qu’il est avec lui, là où il se trouve et pas seulement là où se trouve Isaac, à Béer-Chéba
- qu’il communique avec lui, bien qu’il soit pécheur, et il s’adresse à lui personnellement parce qu’Il l’aime.
- que ses anges accomplissent leur ministère de protection en sa faveur (Hébreux 1.14).
b) Jésus donne un sens messianique et prophétique à cette vision dans Jean 1.51 : “ Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus (ou “ sur ”)du fils de l’homme ”. Dans ce rappel de la vision de Jacob, Jésus se met à la place de Jacob : à terre. Il indique que la communication entre lui “fils de l’homme ” et Dieu ne cesse pas, les anges étant à son service. Il affirme ainsi sa messianité et sa nature à la fois humaine et divine : né d’une femme et né de l’Esprit, il est le seul à communiquer réellement avec son Père.
Lorsque le texte dit que les anges montaient et descendaient “ sur ” lui, on peut comprendre que Jésus représente aussi cette échelle, seul moyen d’accès à Dieu, par lequel l’homme peut faire monter ses prières et recevoir les bénédictions de Dieu portées par les anges. Ce sens de l’échelle est une justification de la formule finale de nos prières “ au nom de Jésus ”.
Comme Jacob nous sommes appelés à voir Dieu et à recevoir de lui ses dons, en passant par “ l’échelle ” que Dieu nous a donnée en Jésus-Christ, qui nous ouvre le ciel !
c) Enfin sur le plan psychologique et moral, l’échelle voulait montrer à Jacob que dans sa vie l’on doit tenir compte des réalités matérielles et terrestres (= le sol, au pied de l’échelle): une échelle qui ne s’appuie pas solidement sur le sol tombe ! Mais si elle ne s’appuie pas aussi en haut sur un support, elle tombe et ne sert à rien : ainsi, chacun est-il appelé à recevoir d’en haut inspiration et soutien. Même s’il ne le voit pas physiquement, Dieu est présent, l’accompagne et communique avec lui par l’Esprit. L’homme est un animal terrestre à qui l’Esprit révèle Dieu (1 Corinthiens 2.12 et 14).
Dieu ne veut ni d’un homme uniquement matérialiste, ni d’un homme uniquement mystique ou spiritualiste. Il désire un homme ou une femme qui a les pieds sur terre et qui reçoit d’en-haut les directives de l’Esprit ! Cet homme, il nous en a montré la perfection dans Jésus !
Comment lui ressembler ?
- en ayant conscience des réalités et en les assumant (bénédictions autant que difficultés, et faiblesses de notre personne et de notre vie)
- en cherchant la volonté de Dieu dans la prière et l’étude de la parole de Dieu, et en l’écoutant dans l’obéissance,
- en allant auprès des autres comme messagers (= anges) de son amour et de sa bonté pour tous.
D- La réaction de Jacob
Son exclamation de surprise et de crainte révèle combien sa connaissance de Dieu était limitée. Sa vision l’a tellement saisi qu’il décide de la rappeler par une pierre commémorative, à défaut d’un autel, comme avait fait Abraham à cet endroit. Il promet de bâtir plus tard un autel ou “ sanctuaire ” (= maison de Dieu), comme point de rencontre avec Dieu pour l’invoquer. Jacob reste attaché au lieu physique pour adorer Dieu, ne comprenant pas que la « porte de Dieu » (= Bethel) n’est pas un lieu géographique, mais un « lieu spirituel » comme Jésus le désignera en se comparant à l’échelle de la vision de Jacob, ou à la « porte » (Jn 10.9)
Verser de l’huile sur la pierre était la coutume de consécration, de mise à part pour le service de Dieu. Ce geste sera utilisé plus tard pour les rois, les prophètes et pour les ministres de l’Eglise. L’onction de consécration d’une pierre pour signifier la présence de Dieu se retrouve plus tard dans la sacralisation de l’autel et du bâtiment du temple, puis de l’église, considérés comme les habitations de Dieu. C’est une démarche humaine pour tenter de s’accaparer Dieu.
Le vœu de Jacob est empreint de son caractère défiant et calculateur. C’est un vrai marché passé avec Dieu, dans lequel il ne s’engage qu’à condition que Dieu l’exauce physiquement (protection et direction), matériellement (pain et habits), moralement (vie heureuse). Sa promesse de dîme vient conclure ce marché par un signe de reconnaissance : sa dîme manifestera sa reconnaissance d’avoir été exaucé.
Jacob a besoin d’apprendre que Dieu ne marchande pas ses bénédictions, et que l’adoration et le paiement de la dîme ne sont pas conditionnés aux exaucements des prières.
“ Avoir la foi, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce que l’on ne voit pas ”(Hébreux 11.1). Jacob, comme Thomas et souvent comme nous, voulait voir pour croire ! Jésus dira : “ Heureux sont ceux qui croient sans m’avoir vu ! ”.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans les difficultés de ma vie, ai-je conscience de la présence de Dieu pour me soutenir et m’éclairer, plutôt que pour me juger et me punir ?
- Où en suis-je dans la restitution à Dieu de la dîme de tous mes revenus ? Est-elle pour moi un moyen de pression sur Dieu pour obtenir sa faveur, ou un moyen privilégié de lui manifester reconnaissance et confiance en Lui ?
- Suis-je attaché à un lieu physique pour adorer Dieu ? Quelle place tient Jésus-Christ dans mon adoration et mes prières ?
E- Chez Laban : Genèse 29-30
a) L’arrivée
Jacob comprend qu’il est arrivé, grâce à son dialogue avec les bergers, et grâce à la venue de Rachel. Jacob s’étonne de la coutume d’ouverture du puits et se conduit doublement curieusement ! Il déplace à lui tout seul, et avant le rassemblement de tous les troupeaux, la pierre qui ferme le puits; et il embrasse en pleurant, sa cousine Rachel ! Sans doute était-il déjà victime d’un coup de foudre pour elle !
L’attitude de Jacob dut frapper Rachel car elle courut en parler à son père. Encore tout ému de sa rencontre, Jacob raconte en confiance tout ce qui lui est arrivé, et ne saisit pas l’humour de Laban qui le reconnaît du même sang que lui : Jacob, le trompeur, sera trompé 10 fois plus par Laban ! (32.41)
b) Le mariage
Jacob commence à comprendre, à ses dépens, ce que signifie tromper ! Ne pouvant pas payer une dot pour Rachel, il loue à Laban ses services pour 7 ans. Sa joie d’épouser enfin Rachel, l’aveugle au point de ne pas voir que c’était Léa, l’aînée, qui lui avait été donnée ! Laban ose lui demander encore 7 ans de plus pour “ payer ” son mariage avec Rachel ! Quel exploiteur ! Il avait réussi à marier ses deux filles, et à s’assurer le travail de Jacob pour son compte ! Il ne se contentera pas de cela. Jacob travaillera pour son beau-père encore 6 ans. En tout 20 ans ! Heureusement sa connaissance des troupeaux, et sans doute des lois de génétique révélées par Dieu dans des rêves (31.11-12), lui a permis d’acquérir pour lui des richesses importantes, malgré la méfiance et la versatilité de Laban.
Ces 20 ans auront appris à Jacob la patience, la persévérance pour obtenir ce que l’on veut, la confiance en Dieu seul pour réaliser son plan. Il a pu voir les bénédictions s’accomplir malgré les difficultés que sa conduite précédente avait créées dans sa vie.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Comme pour Jacob, par amour pour nous, Dieu n’efface pas les conséquences de nos actes. Il les utilise pour changer nos coeurs et faire avancer son projet pour nous. Sais-je profiter de ces circonstances difficiles pour grandir dans la foi en Dieu, l’humilité et l’obéissance à sa volonté ?
- Comment ne pas m’aigrir contre les autres ou contre moi-même, lorsque je découvre avoir été trompé par quelqu’un que je croyais fiable ?
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26/11/2006
Etude n°9a : Le triomphe de la foi, Gn 20-21
Genèse 20 à 25 : Le triomphe de la foi
(Mosaïque de Monreale, Sicile)
Observons
A- Ch 20 : Abraham et Abimélek
B- Ch 21 : a) v 1-7 : naissance d’Isaac
b) v 8- 21 : Agar et Ismaël chassésc) alliance d’Abraham avec Abimélek
C- ch 22 : a) v 1-19 : Le sacrifice suprême
b) v 20-24 : la famille d’Abraham restée à Haran
D- ch 23 : Mort et ensevelissement de Sara à Macpéla
E- ch 24 : Mariage d’Isaac et Rebecca
F- ch 25.1-11 : Mort d’Abraham.
Ces cinq chapitres résument les événements essentiels de la fin de la vie d’Abraham, et placent au centre le sacrifice d’Isaac. Ces événements touchent tous à la survie et à la descendance de la lignée de la promesse.
Comprenons
A- Dernière faute d’Abraham envers Abimélek
Nous avions laissé Abraham (ch 18) après la promesse du Seigneur d’avoir un fils de Sara dans l’année. Et voilà que dans ce court laps de temps, Abraham manque de tout compromettre par peur pour sa vie (20.11), et absence de considération pour Sara, son épouse, pourtant promise à être « princesse », mère de nations, bénie de Dieu. La peur pousse Abraham à recommencer le même demi-mensonge qu’avec Pharaon, plusieurs années auparavant, au risque de faire naître d’elle un enfant adultérin. Abraham ne croit-il pas encore à la promesse ? Dieu va lui démontrer sa protection et sa puissance en utilisant en outre sa faute pour se révéler à Abimélek.
De l’incident nous pouvons retirer deux enseignements :
- Dieu ne tient pas rigueur à Abimélek, qui était « intègre »(v 5-6), en enlevant Sara qu’il croyait sincèrement la sœur d’Abraham. L’enlèvement d’une femme célibataire par le roi d’un pays était une coutume légitime. Nous avons là une illustration historique de ce que sera le jugement des non-croyants selon la parole de Paul aux Romains (2.14-16) : ils seront jugés selon qu’ils auront obéi ou non à leur conscience et aux avertissements que Dieu leur aura envoyés, même s’ils n’ont pas su que c’était Dieu ! Ici Abimélec reçoit directement de Dieu avertissement et annonce de pardon, s’il s’en remet à l’intercession de celui qui l’a trompé !
- Dieu protège ses enfants même pécheurs pour accomplir sa promesse comme il l’a prononcée : l’enfant à naître sera celui du couple choisi par Dieu, Abraham et Sara. De plus il fait tout concourir au bien des personnes en jeu : Abimélec trouve pardon, santé et il expérimente la présence et la puissance du Dieu d’Abraham, l’étranger qui vit sur ses terres.
Abraham avoue sa faiblesse égoïste, et Dieu lui apprend qu’au lieu d’avoir peur des impies pour sa vie et d’inventer des stratagèmes humains, il lui faut se montrer auprès d’eux « prophète » (v 7 : seul emploi du mot dans la Genèse), c’est-à-dire témoin de Dieu, et intercesseur pour eux auprès de Dieu (17). Le Seigneur se plait à bouleverser les préjugés et les visions étroites ! La bonté de Dieu se manifeste dans l’exaucement de la prière en faveur d’Abimélec, et dans l’enrichissement d’Abraham qui reçoit biens matériels, autorisation de séjour et femme intacte, d’un Abimélek reconnaissant pour la santé et la vie, et peut-être aussi superstitieux : il ne veut rien risquer de plus en négligeant le prophète d’un tel Dieu !
Peut-on voir dans le « voile sur les yeux » (v 16) comme signe de la préservation de l’honneur de Sara, l’origine de la coutume moyen-orientale de voiler les femmes honnêtes, mentionnée aussi par Paul (1 Co 11.5-15).
Question pour une application dans la vie chrétienne- Comment est-ce que je considère mes voisins non-croyants ? Avec méfiance et peur pour la pratique de ma foi, ou respect et bienveillance comme étant appelés à devenir enfants de Dieu ? Est-ce que je prie pour eux et leur manifeste de l’intérêt et de la générosité ? En quoi suis-je auprès d’eux une « image de Dieu » ?
- Quelle leçon me donne le jugement de Dieu sur Abimelek, au sujet de mon propre jugement des autres, et de ma responsabilité envers eux ?
B- Genèse 21
a) La naissance d’Isaac (21.1-7) conclut à la fois l’épisode avec Abimélek et introduit celui du renvoi d’Agar et Ismaël . Le fils de la promesse n’est pas l’aîné d’Abraham, comme le prétendront plus tard les musulmans, mais le plus jeune, né de la seule volonté et de la puissance de Dieu. Il fait la joie de la femme raillée à cause de sa stérilité « infamante » à l’époque, et l’émerveillement de tous ceux qui l’entourent, devant la bonté de Dieu (6-7).
b) Le renvoi d’Agar et d’Ismaël (21.8-14)
Quelque temps après la naissance d’Isaac, Abraham est contraint de se séparer de son fils aîné Ismaël, qu’il continue à aimer (21.11). Ismaël, jeune homme plus âgé de 15 ans que son frère Isaac, devait être fier de sa force et de sa position d’aîné. Comme dans toutes les familles il ne manquait pas de taquiner son cadet, et de se moquer de sa faiblesse, de “ rire ” de lui. En temps ordinaire cela ne porte pas à conséquences graves, mais Sara veillait et se rappelait la promesse de bénédiction spéciale qui reposait sur Isaac, l’héritier de la promesse de bénédiction sur toutes les peuples 17.21 ; 12.3 !
Se moquer de lui revenait à se moquer du plan de Dieu, donc à s’y opposer. C’était mettre Dieu en doute et revendiquer des droits humains, comme le droit d’aînesse, incompatibles avec la libre volonté de Dieu (Galates 4.29)
C’est pourquoi Sara demande d’éloigner Ismaël pour qu’au foyer règne le respect de Dieu et la paix entre tous les membres de la famille. Abraham consulte Dieu qui confirme le bien-fondé de la suggestion de Sara. Abraham malgré sa peine obéit aussitôt et renvoie Agar et Ismaël.
Dieu nous demande aussi d’écarter de nos vies tout ce qui peut nous pousser à douter de lui, ou à l’offenser ; paroles, pensées, actes, et mêmes personnes chères ne doivent pas nous séparer de Dieu et nous faire oublier son plan de salut pour tous.
La sollicitude de Dieu (21.15-21) se manifeste encore envers les exclus. Il consent à éloigner Ismaël et sa mère, qui n’ont sans doute pas bien compris le plan de Dieu (Agar semble avoir oublié sa rencontre avec Dieu dans le désert et les promesses pour son fils). Cela ne signifie pas que Dieu se désintéresse d’eux et les abandonne à leur sort ! Lorsque l’eau donnée par Abraham vient à manquer, il en fournit lui-même à Agar et Ismaël mourant de soif, et renouvelle sa promesse de descendance princière à Ismaël. Il le protège dans sa croissance et sa vie au désert, comme il l’avait promis à Abraham (21.13 ; 17.20). La bénédiction de Dieu sur Abraham s’étend à ses fils, qu’ils soient héritiers ou non. On peut voir là une première réalisation de la promesse faite à Abraham (12.2) “ Tu seras une bénédiction pour les autres ”
Malgré cette sollicitude, le mariage d’Ismaël avec une Egyptienne montre qu’il choisit de s’écarter encore plus d’Abraham et de l’adoration de son Dieu pour se tourner vers l’Egypte, considérée dans la Bible comme l’ennemi spirituel du peuple de Dieu (Ap 11.8).
c) L’alliance avec AbimélekAbimelek dans ses relations avec son hôte étranger a compris par sa prospérité qu’il était béni de son Dieu et qu’il valait mieux être son allié que son ennemi. Il lui propose devant témoin une alliance qu’Abraham s’attache à rendre équitable. Lui aussi veut assurer l’avenir de sa tribu dans un pays où l’eau est vitale. Il cherche à obtenir une reconnaissance officielle de propriété pour le puits qu’il a construit et qu’on veut lui dérober. Il en paye le prix de sept brebis, dont le nombre sacré révèle la solennité du serment, et scelle l’alliance par un sacrifice, tandis qu’Abimélec lui accorde droit de séjour. Cette histoire de puits permet à Abraham de marquer son passage et d’invoquer le Dieu de l’éternité (v 33).
Pour une application actuelle
- Nous sommes appelés à être aussi une bénédiction pour les autres, croyants ou incroyants, fidèles ou infidèles, en manifestant à chacun l’amour que Dieu a pour lui. A qui pouvons-nous cette semaine manifester de l’attention, même s’il n’est pas croyant, s’il est d’un autre pays, d’une autre race, d’une autre religion que vous ?
- Nous aussi, nous sommes étrangers habitant une terre dominée par le mal. Comme Abraham, savons-nous creuser des puits d’eau vive tirée de la Parole de Dieu, pour nous abreuver et désaltérer ceux de notre entourage qui ont soif de vie éternelle ?
- Comment par notre témoignage de vie chrétienne donner envie à notre entourage de connaître notre Dieu et d’être nos amis ?
08:05 Publié dans Genèse | Lien permanent | Commentaires (0)