20/11/2020
Étude n°9 L’Église et l’éducation : Luc 10.25-37 (28 11 20)
Étude n°9 L’Église et l’éducation : Luc 10.25-37 (28 11 20)
« Comme une mère prend soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre tendresse pour vous, vous donner non seulement l’Évangile de Dieu mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers. » 1 Thess 2.7b-8
Observons
Le contexte :
Après avoir envoyé en mission soixante dix de ses disciples, Jésus s’est réjoui de la révélation de Dieu qu’ils ont reçue par Lui, alors qu’ils ne sont pas des sages imbus de leur intelligence et de leurs connaissances (v21-24).
Le texte
V 25-29 : dialogue entre un docteur de la loi et Jésus :
- Quelle est l’intention du docteur de la loi ?
- Comment sa question révèle-t-elle la préoccupation des Pharisiens ?
- A quoi le renvoie Jésus ? Pourquoi ?
V 29 : De quoi et Comment le docteur de la loi cherche-t-il à « se justifier » ?
V 30-35 : réponse de Jésus par une parabole :
- Relever les verbes qui permettent de camper la situation (v30), Que représentent les différents personnages des versets 31-32 ? Comment leur fonction explique-t-elle leurs actes ?
- Qui est le quatrième personnage mis en scène en opposition aux trois autres ? Quels sont ses actes ? En quoi sont-ils extraordinaires de sa part ? (v 33-35)
V 36-37 : reprise du dialogue et envoi
- Comment Jésus reprend-il le dialogue ? Comment retourne-t-il la question initiale du docteur de la loi? Que cherche-t-il à obtenir de lui ?
- Comment sa conclusion répond-elle au docteur ? (v 37b)
Comprenons
Le dialogue entre Jésus et le docteur de la loi.
En contraste avec la simplicité de cœur des enfants que Jésus avait louée, une rencontre avec un docteur de la loi va démontrer la duplicité de l’âme humaine face à Jésus : le docteur de la loi ne vient pas à Jésus pour apprendre de lui réellement comment être sauvé, car il connaît la loi par cœur (v 27) et croit que cela suffit. Il cherche plutôt à éprouver Jésus, à le prendre en défaut, pour discutailler avec lui de tel ou tel point de doctrine et de comportement.
La question du maître de la loi est inspirée par un sentiment de propre-justice et se place sur le registre du « Faire ». Au v 23, Jésus avait dit à ses disciples que pour voir Dieu, il ne s’agissait pas de « faire » mais « d’ouvrir les yeux ». Cette expression dans la Bible est toujours synonyme d’accès au monde spirituel. Pourtant Jésus renvoie le docteur de la loi à ce qu’il connaît, les Écritures. La première question posée par Jésus fait appel à la mémoire du docteur de la loi, mais sa seconde question : « Qu’y lis-tu ? » c’est-à-dire « Qu’y vois-tu, ou comprends-tu ?» fait appel à sa réflexion, à son intériorisation des termes de la loi. Le docteur a bien compris l’essence même des Écritures (v 27), la loi d’amour de Dieu et du prochain, empruntée à Deutéronome 6.5 et Lévitique 19.18.
Jésus renvoie aussi le légiste à sa conscience sur le même registre de langage que lui :« Fais cela et tu vivras », car il sait que la loi révèle l’incapacité à « faire » et conduit à la repentance devant Dieu.
Le v 29 montre que le maître de la loi a saisi l’intention de Jésus ; sa conscience sans doute le travaille et l’accuse d’infidélité à la loi, de manque d’amour pour Dieu et son prochain. Se sentant accusé, il cherche à se justifier, à trouver une excuse. Au lieu de se tourner vers Jésus en lui demandant « Comment aimer ainsi ? », ce qui serait un aveu d’impuissance humiliant à ses yeux, il se jette sur une question théologique « Qui est mon prochain ? », question qui était un piège pour Jésus car les scribes et les pharisiens considéraient les Juifs comme seuls prochains possibles. Les étrangers étaient exclus. Si Jésus répondait « tout homme », le maître de la loi l’aurait accusé d’être en contradiction avec leur doctrine.
Jésus répond par la parabole du Bon Samaritain, qui retourne la question non pas sur l’autre mais sur soi : « Lequel te semble avoir été le prochain du blessé ? », de sorte que le maître de la loi devait se demander : « Le suis-je, moi ? L’aurais-je été à la place du Samaritain ? » Ressembler au Samaritain lui paraît tellement impensable à cause des préjugés raciaux et religieux à l’égard des Samaritains, qu’il n’ose même pas en prononcer le nom. Il use de la formule générale : « Celui qui a exercé la miséricorde ! »
Jésus rompt la conversation en l’invitant à ne pas se contenter du savoir, mais à le mettre en pratique « Va et fais de même ! »
Il n’ajoute pas comme au v 28 « Et tu vivras », car ce ne sont pas les actes de charité qui sauvent. Les païens peuvent en faire autant par humanité ou désir de paraître. Le croyant les accomplit parce qu’il est rempli d’humilité devant Dieu, et qu’il est poussé par l’amour de Dieu son Sauveur, qui le conduit à aimer l’autre et à éprouver de la compassion pour lui ; il ne cherche pas à gagner son salut par de bonnes actions.
Interprétation littérale de la parabole
Le chemin descendant de Jérusalem à Jéricho traverse une région montagneuse et désertique où les attaques de brigands étaient fréquentes. Le voyageur de la parabole subit un sort de plus en plus tragique dont la progression va de mal en pis : attaqué, volé, dénudé, battu et abandonné à demi-mort.
Le prêtre et le lévite, par leur connaissance des Écritures et de la loi de charité, auraient dû être les premiers à l’appliquer. Mais ils sont retenus par la conscience de leurs fonctions dans le temple qui exigeaient d’eux la pureté rituelle et leur interdisaient de se souiller en touchant un mort : la haute idée de leur personnage et de leur fonction religieuse, la recherche de la perfection rituelle passent avant la loi d’amour, et les font changer de côté de la route. À cela s’ajoutait peut-être la peur de subir le même sort que cet homme, s’ils s’attardaient dans les parages.
Le samaritain était un homme méprisé et haï de tout bon Juif. Il aurait pu voir dans le malheureux blessé non seulement un étranger, mais un ennemi enfin abattu ! Au lieu de cela, il écoute la voix de son cœur et s’occupe de lui avec le plus grand soin, jusqu’au bout de ses capacités, sans regarder à la dépense, appliquant à cet homme l’amour qui est demandé pour Dieu : de tout son cœur, son âme, sa force, sa pensée. C’est une belle leçon d’humanité, de dévouement désintéressé, d’ouverture à l’autre sans préjugé ni racisme.
Mais si on en reste à cette lecture, on demeure dans le domaine du « faire », de la morale, de la conduite extérieure, nécessaire mais pas suffisante pour vivre une relation vraie avec Dieu.
Interprétation symbolique et spirituelle
A travers cette parabole, Jésus enseigne toute l’histoire du salut.
Le chemin de Jérusalem à Jéricho symbolise le chemin de la vie de tout homme, ou de l’humanité entière. De la communion avec Dieu que représentent Jérusalem et son temple, l’homme est descendu de plus en plus bas en s’éloignant de Dieu. Il a été attaqué par Satan l’Adversaire, s’est fait voler la domination du monde que Dieu lui avait confiée (Genèse 1.28). Il a été dépouillé du vêtement protecteur de la lumière et de la présence de Dieu, et s’est retrouvé nu = livré à lui-même, déchiré par la honte, la violence de ses passions et de ses révoltes, promis à la mort physique et spirituelle (Genèse 3.1-13).
Le prêtre et le lévite qui passent sans secourir, peuvent symboliser l’état d’esprit des religions humaines face au problème du mal : elles sont plus motivées par le désir de pureté personnelle et par la peur de mourir, que par un véritable amour des autres qui pousse à s’oublier soi-même pour sauver. Les religions « humaines » = qui s’appuient sur des rites, sont totalement inefficaces pour sortir le pécheur de sa « mort » causée par sa séparation d’avec Dieu.
Il n’y a qu’une seule voie de salut, Jésus, symbolisé par le Samaritain. Il est méprisé par son peuple qui le considère comme étranger venu d’ailleurs, de Galilée (Jn 1.46). Pourtant, c’est lui qui est touché par l’état de l’homme blessé et à demi-mort dans son péché (= sa séparation de Dieu). C’est lui qui s’approche du pécheur au risque de sa propre vie, verse l’huile de sa grâce pour apaiser la souffrance de sa culpabilité, et le vin de son Esprit pour purifier (= désinfecter les plaies) l’être tout entier blessé par le mal. C’est lui qui recouvre le pécheur du pansement de sa justice et de son amour.
Il est aidé dans cette tâche par son âne, serviteur fidèle qui représente tous les disciples qui suivent leur Maître « partout où il va » (Apocalypse 14.4), pour Le porter vers les autres (= le faire connaître), ou collaborer concrètement à son œuvre de salut des autres.
Jésus, ayant pris soin personnellement du pécheur, secondé par un disciple dévoué, le confie à l’hôtellerie qu’est l’Église qui prendra le relais, jusqu’à ce qu’il revienne. A son Église, Jésus donne les deniers de son Esprit pour remplir sa tâche avec efficacité et persévérance auprès des pécheurs. L’Église est composée d’un ensemble d’hôteliers qui ont tous la même tâche d’accueillir, prendre soin, nourrir les pécheurs repentants qui ont bénéficié du salut de Christ.
Jésus leur promet de combler tout ce qui pourrait leur manquer dans cette tâche, dès à présent par les arrhes de son Esprit, et dans l’éternité par la plénitude de sa présence dans son royaume.
Quand Jésus renvoie le docteur de la loi en l’invitant à être et agir comme le Samaritain, il renvoie chacun de nous à sa position face à Dieu et face à lui, le Christ. Il invite chacun à réfléchir sur qui il veut être dans le plan du salut, chacun des acteurs de cette histoire représentant une attitude spirituelle possible dans la relation avec Dieu et avec l’autre.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Pourquoi Jésus enseigne-t-il par paraboles ? Qu’est-ce que cela ajoute à son enseignement ? Est-ce un moyen encore valable aujourd’hui pour faire comprendre les enseignements bibliques à nos contemporains ?
- Comment actualiser la parabole du Samaritain en en gardant toutes les nuances ?
- A quel personnage puis-je m’identifier dans ce récit ?
- D’après cet exemple, qu’est-ce qui pouvait faire autorité dans l’enseignement de Jésus, par rapport aux enseignements des scribes et docteurs de la loi ?
- Qu’est-ce que ce récit m’apprend sur la volonté de Dieu pour son Église et pour moi ?
08:00 Publié dans Education | Lien permanent | Commentaires (1)
13/11/2020
Etude n°8 Education et rédemption,1 Cor 2.1-16 (21 11 20)
Étude n°8, Éducation et rédemption, 1Cor 2.1-16 (21 11 20)
Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne » 2 Tim 3.16-17
Observons
Contexte
- Qu’oppose Paul dans le chapitre précédent (1.17-25) ? En quoi consiste la sagesse de Dieu, considérée par les hommes comme une folie ? (v27-31)
- Donner le sens des trois mots : justice, sanctification, rédemption du v 30, en en distinguant les différences.
Texte
- V 1-5 : Quel exemple personnel donne Paul pour étayer la vérité de son enseignement ? Sur quoi se fonde sa prédication ? A quoi s’oppose-t-elle ? En quoi est-ce considéré par les hommes comme une faiblesse ? En quoi est-ce une démonstration d’Esprit et de puissance divine v 4 ? Qu’est-ce que cette prédication a provoqué chez les Corinthiens v5 ?
- V 6-9: - Quelle sagesse prêche Paul ? Relever tous ses qualificatifs. Qui peut la saisir ? v 6 et 9. Qui sont les parfaits v6 ? voir 1 Cor 14.20 ; Eph 4.13 ; Phil 3.15.
- V 10-16 : Pourquoi l’Esprit est-il le meilleur enseignant des choses divines ? En quoi consiste l’opposition entre homme naturel et homme spirituel v 13-14 ? Pourquoi l’homme spirituel juge-t-il de tout et n’est jugé par personne, v 15-16 ?
Comprenons
Contexte
S’adressant à des Grecs de Corinthe, habitués à écouter des philosophes et des orateurs éloquents, Paul s’attache à démontrer que sa prédication ne s’appuie pas sur les principes de la sagesse humaine du monde païen, qui privilégie l’apparence, la forme oratoire et la gloire humaine. Il ne prêche pas un Christ glorieux, imposant, révolutionnaire politiquement, Sa prédication fondée sur un Christ crucifié est à l’opposé de la sagesse humaine. Mais c’est le choix de Dieu de confondre les sages de ce monde par la folie de la croix ! Pour le croyant, Jésus crucifié prouve la sagesse de Dieu : c’est par lui seul que l’homme peut être justifié (= considéré comme juste par Dieu) car Christ a fait mourir son péché dans son corps sur la croix, sanctifié (= formé et conduit dans une vie consacrée à Dieu) par son Esprit que le Ressuscité lui envoie) et c’est par Christ glorifié qu’il pourra bénéficier de la rédemption finale (= le rachat de la mort éternelle, qui le délivrera définitivement du mal). Ces trois étapes du salut étant accomplies par Christ seul, empêchent le croyant d’en tirer mérite et gloire personnelle.
Texte
- Pour prouver la vérité de ce qu’il vient de dire, Paul donne l’exemple personnel de sa prédication. Il n’a pas voulu rivaliser avec les « sages grecs » en beaux discours pleins de persuasion pour se faire admirer. Il s’est présenté avec humilité, conscient de son apparence et de son langage sans éclat, ni recherche formelle. Il s’en est tenu au message de l’Évangile, qui bouscule toutes les normes et les attentes humaines, mais agit dans les cœurs ouverts à l’Esprit avec la puissance de Dieu pour y faire naître la foi en Jésus-Christ crucifié.
- La sagesse divine (Icône écrite par Joëlle, St Matthieu de Tréviers) prêchée par Paul a des caractéristiques bien définies :
- Elle n’est pas d’origine humaine éphémère
- Elle est un mystère divin : le mystère chez les Grecs désigne quelque chose qui était caché et qui est révélé aux initiés, que Paul désigne comme « ceux qui aiment Dieu » v 9.
- Elle est éternelle, déjà présente avant la création, « prédestinée » pour notre rédemption : Dieu dans sa sagesse avait prévu le rachat de sa créature séparée de Lui par l’envoi sur la terre et la mort de Jésus sur la croix (v7-9)
- Elle est insaisissable par les sens physiques ou l’intelligence de l’homme naturel, c’est-à-dire qui n’a pas accepté de recevoir l’Esprit de Dieu.(v14).
- Seul l’Esprit de Dieu, forme de la divinité qui fait le lien entre Dieu le Père, Jésus le Fils, et l’esprit de l’homme, peut lui révéler ce qui appartient à Dieu, les réalités spirituelles qu’il lui dévoile et explique lorsqu’il se laisse emplir par Lui.
D’homme naturel, mu par ses passions, ses désirs de puissance, de gloire, de richesse, son intellect orgueilleux, le croyant devient homme spirituel ou « parfait » en acceptant que Jésus soit mort pour lui pardonner son péché, et que sa vie soit désormais conduite et éclairée par l’Esprit de Dieu. D’enfant au point de vue de la connaissance de Dieu, il devient homme mature, car cet Esprit, maître de sa vie, lui donne le discernement de toutes choses, humaines et divines, le fait grandir en connaissance et en grâce, jusqu’à la stature parfaite de Christ (Eph 4.13). Transformé par l’Esprit, il ne peut pas être atteint par le jugement que les hommes naturels portent sur lui, car sans connaître la pensée de Dieu, ils sont incapables de comprendre ses motivations et ses choix de vie.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- « Toute écriture étant inspirée de Dieu et propre à éduquer et former l’homme de Dieu », que m’apprend ce texte sur Dieu, sur ma vie, sur mon être profond, sur ma foi ?
- Quel est le fondement de ma foi ? Quelle est le sens de ma vie de chrétien ?
- Qu’est-ce qui me meut : mon Ego ou l’Esprit de Dieu ? Comment puis-je le distinguer ?
- Ai-je grandi dans ma foi depuis mon baptême, ou bien en suis-je encore à avoir besoin de « lait » comme un enfant ? Pourquoi la « nourriture spirituelle » plus solide me rebute-t-elle encore ?
- Comment l’Église répond-elle aux besoins de nourriture spirituelle de ses membres ?
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