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15/07/2016

Étude n°4 Justice et grâce dans l’AT, Ézéchiel 37. 1-14 (23 07 16)

Étude n°4 Justice et grâce dans l’AT, Ézéchiel 37. 1-14 (23 07 16)

« Tout être vivant qui se meut, vivra partout où le torrent arrivera…et il y aura de la vie partout où le torrent arrivera » Ez 47.9

Exceptionnellement cette semaine, à la place de notre étude, nous vous proposons, avec son accord, une prédication donnée à Reims le 2 mai 2010, puis à Chalons le 9 mai par le pasteur Christian Tanon de l’Église Protestante Unie de France, ex Église Réformée.

 vision des ossements  G Doré, 19è.jpg

Comprendre ce texte difficile (Vision des ossements, G. Doré, 19ès)
Le texte que nous avons lu a de quoi nous donner des frissons dans le dos.
Le prophète déambule au milieu des ossements desséchés, qui s’entassent, innombrables, dans la plaine dévastée.
Les mots hébreux utilisés au v.2 suggèrent que le prophète doit littéralement escalader les ossements entassés pour se frayer un chemin.
Le lecteur est emporté avec le prophète dans sa marche, comme dans les vidéos en 3D, afin de vivre une scène digne des films d’épouvante.
Lorsque sur ordre de Dieu Ezéchiel prophétise sur ces ossements, nous assistons avec force bruitages et effets spéciaux, à la reconstitution par étapes d’êtres vivants.

Mettons à part l’aspect un peu macabre de cette vision, et demandons-nous quelle signification elle peut bien avoir. Quel sens lui donner aujourd’hui ?

Le contexte de l’exil
Examinons d’abord le contexte historique : quand Ezéchiel a eu cette vision, le peuple était en exil à Babylone. Le prophète lui-même était au milieu du peuple ; il regardait alentour et il voyait des hommes et des femmes au cœur desséché, ayant perdu tout espoir de revenir au pays. La plaine dévastée, ce sont ses contemporains. Les os, c’est leur être intérieur qui s’est endurci, qui a desséché et a perdu toute vitalité. Le ressort est brisé, dirions-nous aujourd’hui.

Alors Dieu inspire le prophète pour qu’il proclame une extraordinaire bonne nouvelle : le peuple retournera au pays, il rebâtira le Temple et Dieu sera au milieu d’eux. En un mot, ils revivront. Cette vision est d’abord pour le peuple d’Israël, meurtri et abattu par 50 ans d’exil.


La mort n’aura pas le dernier mot
Mais ce texte n’est pas pour le peuple seulement, il est pour toute l’humanité. Les Pères de l’Eglise y ont vu l’annonce de la résurrection des morts à la fin des temps. Au son de la dernière trompette, tous les morts sortiront de leurs tombeaux et se rassembleront, innombrables, autour du Dieu vivant. Cette interprétation a du bon, car elle nous remplit d’espérance. La mort n’aura pas le dernier mot dans l’histoire de l’humanité.

Le rôle de prophète
Mais si nous regardons le texte de plus près, nous pouvons y trouver une autre interprétation, qui part de la question : quel est le rôle du prophète ? Comment Dieu agit-il à travers le prophète ?
Dans ce texte, il est clair que le prophète a un rôle déterminant. Son intervention se déroule en deux étapes : l’observation et l’action.

Observer en étant dedans
Tout d’abord il regarde en déambulant parmi les ossements desséchés - entendez, au milieu de ses contemporains au cœur desséché. Il marche, il regarde, il observe longuement ces êtres sans vie.
L’image habituelle qu’on a du prophète, c’est un homme qui monte sur une hauteur, ne serait-ce qu’un escabeau, et proclame à la foule qui l’entoure une parole forte venant de Dieu. Mais c’est d’abord un homme qui regarde la misère du monde, qui déambule parmi les exclus, les malades, les sans papiers, les sans abris. Mais aussi parmi ceux qui n’ont plus d’espérance, qui ne sont pas nécessairement les plus pauvres d’ailleurs. Le prophète d’aujourd’hui observe la sécheresse spirituelle de la plupart de nos contemporains, surtout dans les pays dits développés. Et il en est frappé, obsédé, tourmenté.
Et face à cette sécheresse, l’homme-prophète avoue son impuissance, comme Ezéchiel à qui Dieu demande : « fils d’homme, ces ossements revivront-ils ? », et lui de répondre « Toi, mon Dieu, tu le sais. »(Lac salé ou Salar d'Uyuni en Bolivie)salar-d-uyuni Bolivie.jpg

Voilà donc une première caractéristique de l’homme-prophète : il regarde impuissant la vie se retirer du cœur de ses contemporains. Il ne se retire pas du monde en l’observant de loin, il en fait partie, il est en plein dedans. Et il est peut-être un des rares observateurs à « voir » ce qui se passe, à en être profondément touché et tourmenté.

Parler aux ossements
La 2ème étape, c’est la proclamation. « Parle aux ossements » lui ordonne le Seigneur. Parle à tes contemporains, même s’ils ne sont pas en état d’entendre.
Avez-vous vu des ossements qui entendent ?
Le prophète ne fait pas du marketing, il ne va pas faire un tri entre ses interlocuteurs pour ne s’adresser qu’à ceux qui sont susceptibles de l’entendre et le comprendre. Il ne fait pas le tri entre les croyants et les incroyants. Il s’adresse à tous, cœur de pierre et cœur de chair, indifféremment. Et c’est le souffle de Dieu qui passera à travers lui, le tri se fera tout seul si je puis dire, mystérieusement.
Ce souffle n’est autre que l’Esprit Saint, qui a seul la capacité de mettre la vie là où il y a la mort, l’espérance là où il y a le désespoir, le désir de Dieu là où il y a l’autosuffisance.

La collaboration entre l’homme et Dieu
« Viens des quatre vents, dit le prophète, viens, Esprit, souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! »
Il y a comme une synergie, une coopération, entre Dieu et le prophète, une répartition des rôles : Dieu n’agit plus seul comme il l’avait fait au temps de la Genèse pour créer Adam à partir de la poussière, en le modelant et lui insufflant la vie en soufflant dans ses narines, ici Dieu agit par l’intermédiaire des hommes.

Tous prophètes ?
Ces hommes, c’est qui ? C’est vous, c’est moi. Le rôle de prophète n’est pas réservé à quelques héros-martyrs comme Bonhoeffer ou Martin Luther King. Il concerne tous les témoins qui veulent bien partager leur foi. Du ministère de prophète au ministère de témoins dans l’Église, n’y a-t-il pas continuité ?
Certes, nous ne sommes pas tous « appelés » à être prophètes dans l’Église, mais nous avons tous quelque chose à partager avec ceux que nous fréquentons : ne serait-ce que notre confiance en Dieu.
Face à celui qui désespère, n’avons-nous pas, de la part de Dieu, une parole d’espérance à prononcer ? Face à l’affligé, une parole de consolation ? Face à celui qui ne se sent aimé de personne, n’avons-nous pas à lui dire : « il y en a Un là-haut qui te connaît par ton nom et te veut du bien » ? Au fond, c’est cela aussi être prophète, ne pas garder pour soi le trésor que Dieu nous a confié. Oser le partager en Église avec nos frères et sœurs dans la foi, oser aussi le partager avec les collègues de travail, ce qui est déjà plus difficile, je sais. Avec les voisins, amis et membres de la famille.

Prophètes impuissants
Et nous le faisons tout en nous reconnaissant impuissants. Combien pèsent nos arguments pour convaincre ? Devant celui qui vient de perdre un être cher, que peuvent bien faire nos paroles de consolation ?
Oui, comme Ézéchiel, nous nous savons impuissants à produire par nous-mêmes l’espérance, la paix et la consolation désirée.

Pourtant Dieu compte sur nous. C’est avec nous, les baptisés, les témoins au jour le jour qui déambulons quotidiennement dans la vallée desséchée, c’est avec nous que Dieu soufflera sur les braises de la vie, et produira l’espérance, la paix et la consolation, dont le monde a tant besoin.

Amen

Questions complémentaires (posée par nous !)

- Sommes-nous prophètes de Dieu et comment ? Quel message portons-nous de sa part ?

- Comment contribuer à redonner vie autour de nous ?

08/07/2016

Étude n°3 Justice et grâce dans l’AT, Esaïe 58.6-14 (16 07 16)

Étude n°3 Justice et grâce dans l’AT, Esaïe 58.6-14 (16 07 16)
« ll a fait droit aux opprimés ; il donne du pain aux affamés ; l’Éternel relâche les prisonniers ; l’Éternel ouvre les yeux des aveugles ; l’Éternel redresse ceux qui sont courbés ; guérison femme courbée JNR.jpgl’Éternel aime les justes. L’Éternel garde les étrangers, il soutient la veuve et l’orphelin mais il fait dévier la voie des méchants » Ps 146.7-9
(Icône moderne : Compassion de Jésus pour les plus faibles)
Observons
Le contexte : Au ch 58 commence la dernière partie des prophéties qu’Esaïe adresse à Israël pour le temps où il sera en exil à Babylone. Dans le passage précédant notre texte, l’Éternel répond à ceux qui l’accusent de lenteur à les délivrer et d’indifférence à leurs jeûnes et leurs manifestations extérieures d’humilité (3-5).
- Que répond l’Éternel ? Que reproche-t-il à son peuple v 3-4 ?

Le texte
La répétition des impératifs (6-7), des conditions (7,9b,10,13) suivies de « alors »(8,9a,14) et de verbes au futur, délimite trois strophes construites sur le même modèle : les exigences de Dieu (6-7 ; 9b,10a ; 13) suivies des promesses de Dieu (8-9; 10b-12 ; 14) :
1ère strophe : v 6-9a : Quelles exigences de comportement implique le vrai jeûne ?
Quels effets sur eux Dieu promet-il aux hommes ?(alors…alors)
2ème strophe : v 9b-12 : Quelles conditions à la réalisation de ses promesses Dieu pose-t-il ? (si…si…si…)v 9b-10a.
- Quel parallélisme existe entre les v 10b et 8 ?
- Relevez les actions de Dieu en faveur du peuple (v 11), et les actions de l’homme fidèle (v 12). Qui est désigné sous les pronoms à la 2ème personne ?
3ème strophe : v 13-14 : Qu’est-il demandé au fidèle observateur du sabbat ? (v 13) Comment est qualifié le sabbat ? Sur quoi est-il insisté (voir les répétitions) Pourquoi ? Quelles en seront les conséquences promises ? v 14.

Comprenons
Le contexte : Israël exilé se plaint des délais que subit sa délivrance, et oubliant qu’il n’a pas lui-même rempli ses engagements envers Dieu, il réclame de Lui la libération et des jugements justes contre ses oppresseurs (v 2), comme une sorte de récompense pour les jeûnes et les signes extérieurs d’humilité, qu’il multiplie (3). L’Éternel dénonce le péché qui règne dans les cœurs de ces propres-justes, bagarreurs discutailleurs et hypocrites (4-5). Il révèle sa volonté dans les trois strophes qui suivent.

Le texte
Les ordres et les conditions des deux premières strophes rappellent les devoirs de délivrance et d’humanité envers les hommes de la seconde table de la loi, tandis que la dernière strophe reprend la première table de la loi, ici résumée dans la sanctification du sabbat de l’Éternel. Les promesses de la 1ère strophe sont celles du salut (lumière, guérison, justice, gloire et réponse de Dieu), celles de la strophe centrale parlent de la présence bienfaisante de Dieu et de la restauration des ruines du pays, tandis que dans la dernière strophe elles font entrevoir la joie, la force, le triomphe et l’héritage que trouve le peuple dans la communion avec Dieu.


La loi ne prescrivait de jeûne que pour le jour des Expiations. Comme on pouvait en célébrer volontairement d’autres, Israël ne s’est pas privé d’en pratiquer, mais en a oublié le sens. Le but du jeûne selon Dieu est de renoncer à la « chair », c’est-à-dire à tout ce qui vient de notre naturel non sanctifié par Dieu, c’est-à-dire l’esprit de domination, l’égoïsme et l’orgueil (v 6-7), pour laisser l’esprit libre de chercher Dieu et de le trouver dans et par l’amour des autres (8-10b).
Le salut est présenté d’abord (8) comme « lumière et guérison », deux images appropriées à l’état de souffrance assimilé à l’obscurité et à la maladie, dans lequel vit Israël exilé. Puis la réalité exprimée par ces deux images est résumée dans les mots de « justice et gloire » : la justice est celle que Dieu donne (53.11;54.17), c’est le point de départ de la délivrance spirituelle dont la gloire est le couronnement. Les images employées ici (v 8b) renvoient à la marche dans le désert après la sortie d’Égypte, où le peuple était précédé et suivi par la colonne de feu et la nuée manifestant la présence bienveillante de Dieu (v 9a).
Les conditions et la promesse de lumière de la 2ème strophe reprennent les ordres et les images de la première. Par contre les promesses suivantes sont originales et adaptées à la traversée du désert qu’Israël devra faire pour retourner de Babylone dans le pays promis : direction divine, nourriture, forces, oasis, restauration, reconstruction du pays. Prises au premier degré, ces promesses seront réalisées avec Zorobabel, Esdras, et Néhémie. Appliquées à la vie spirituelle, elles font du peuple conduit et vivifié par Dieu un restaurateur des chemins de la vie éternelle ; nous pouvons faire un parallèle avec la mission de l’Église Adventiste qui appelle à revenir à la Parole de Dieu (fondements du passé), à observer la loi dans l’esprit de l’Évangile (réparer les brèches entre ancien et nouveau testaments), et à retrouver les chemins de la vie (restaurer les sentiers pour rendre le pays habitable). Dans une perspective christologique, ce texte prophétise l’action de « restauration» qu’accomplira Christ, guidé et fortifié par son Père, véritable source de vie et de relèvement pour ceux qui sont tombés.
Parmi les restaurations des fondations du passé, il en est une qui manifeste l’adoration pour l’Éternel. Le sabbat est mis à part (= sanctifié : saint répété 2fois) par le renoncement aux occupations ordinaires (pied = symbole de l’activité) et égoïstes (répétitions deux fois : ce qui te plait, tes voies) et aux paroles vaines (fin v 13). Toute la place étant laissée à la présence de Dieu (v 14a), le sabbat peut devenir un jour de délices : joie et repos, où le Seigneur permet à son peuple d’avoir un avant-goût de l’héritage de la vie éternelle (v 14). Le Seigneur termine par une attestation solennelle qui garantit la réalisation de ses promesses.

Questions pour une application dans la vie chrétienne
- La réalisation des promesses de salut (libération, guérison, restauration) est-elle conditionnée à l’observation de la loi et du sabbat en particulier ? Quelle est alors la place de la grâce ?

- Comment faire de l’observation du sabbat une appropriation personnelle des promesses, une manifestation concrète qu’on les a saisies et qu’on veut en vivre ?

- Ma façon de mettre à part, de sanctifier le sabbat, en fait-elle un jour de joie et de partage dans la présence du Seigneur ? Comment faire du sabbat ses délices ?

- Le parallélisme entre la 1ère et la 3ème strophe nous indiquerait que le sabbat est sanctifié par la libération de « toute espèce de joug », extérieur ou intérieur à nous. De quels fardeaux ai-je besoin d’être délivré pour que le sabbat soit un jour de délices pour moi ? Pourquoi ne pas saisir le cadeau de ce jour à part pour déposer ces fardeaux aux pieds du Seigneur ?

- Quelle libération puis-je offrir à mes proches (famille, église, collègues) en ce jour de sabbat ?