02/10/2009
Etude 2 Nb 5-6 Préparer un peuple (10 10 09)
Etude n°2 : Nb 5-6 : Préparer un peuple (10 10 09)
« Bien-aimé, je souhaite que tu prospères à tous égards et que tu sois en bonne santé, comme prospère ton âme » 3 Jean 2.
Observons
Avant d’entamer le récit des marches dans le désert, voici une nouvelle section jusqu’au chapitre 8.4, avec une série de renseignements législatifs et historiques.
Les chapitres 5-6 concernent les lois sur :
- la pureté du camp (5.1-4)
- la restitution des biens mal acquis (5.5-10)
- la jalousie et l’ordalie (5.11-31)
- le naziréat (6.1-21)
- une bénédiction (6.22-27).
Comprenons
Les lois de ces deux chapitres se rapportent à la vie du camp sous tentes et dans le désert ; elles rappellent la consécration à laquelle le peuple entier est invité, et la bénédiction que l’on peut attendre de l’Éternel.
1- 5.1-4 : La première prescription sur la lèpre ou l’impureté physique soit par
maladie, soit par contact avec un mort, a déjà été développée dans Lévitique 13 et 15 ; elle sera reprise en Nombres 19.1. Pourquoi une telle insistance ?
Dieu a choisi son peuple, l’a fait sortir de l’esclavage d’Egypte, pour qu’il soit une nation sainte qui démontre ce que signifie « vivre sous l’autorité du Dieu Saint », et dans sa présence au milieu d’eux. « Soyez saints car je suis Saint » dit l’Éternel (Lév 11.44 ; 19.2). Cette sainteté commence par la santé physique, la pureté extérieure qu’on peut considérer comme une loi d’hygiène élémentaire, trop souvent oubliée au cours des siècles et encore aujourd’hui. Dans la Bible elle prend un sens symbolique : la lèpre devient symbole de l’état de péché qui conduit l’homme à la séparation d’avec Dieu (d’où l’exclusion du camp), et à la mort spirituelle.
La séparation d’avec les nations et la consécration à Dieu étaient les deux facettes de la relation exclusive d’Israël avec son Dieu. C’est pourquoi les lois sur l’impureté touchaient à tous les domaines de la vie.
2- 5.5-10 : Après le domaine de la santé physique, notre texte aborde celui de la
relation d’honnêteté entre les hommes. Le vol fait l’objet du 8ème commandement (Ex 20.15). Il est considéré non seulement comme une atteinte à son prochain, mais aussi comme une infidélité à l’Éternel. La loi de restitution émise en Lév 5.14-26 s’applique ici au cas où le voleur n’a personne à qui rendre le bien mal acquis, c’est à dire en cas de mort de la personne lésée, sans héritier, ou parent « répondant ». Dans ce cas, le voleur doit restituer son larcin aux sacrificateurs, représentants de l’Éternel à qui le voleur a été infidèle. Un sacrifice pour le pardon sera aussi exigé de lui.
Par cette loi, Dieu voulait faire comprendre à son peuple que tout acte nuisible à son prochain a des retentissements sur la relation avec Dieu. On ne peut pas le représenter, être le témoin d’un Dieu d’amour en se comportant comme un prédateur de son prochain !
3- 5.11-31 : La loi sur la jalousie du mari soupçonneux à tort ou à raison sur la conduite infidèle de son épouse est
unique dans la Bible. Ce jugement de Dieu ou « ordalie » a été très utilisé au Moyen-Age de façon faussée : il
devait mettre en lumière pour les juges l’innocence ou la culpabilité de l’accusé(e) par absorption d’une boisson
généralement empoisonnée, ou par soumission à une épreuve très difficile. S’il n’y avait pas de conséquences
funestes, les juges l’attribuaient à une intervention divine qui préservait l’innocent. Combien d’innocents
succombèrent à ce jugement piégé !
Dans notre texte, c’est Dieu seul qui prononce le jugement de culpabilité, en rendant « amères » pour la coupable, les eaux naturellement inoffensives. On peut l’expliquer psychologiquement : la peur d’être découverte, et le sentiment profond de culpabilité, provoquent chez la coupable un choc si puissant qu’elle attire sur elle ce qu’elle redoute, en l’occurrence la stérilité !
Cette loi nous paraît vraiment antique et dépassée, par son injustice et sa misogynie : l’homme jaloux semble avantagé et excusé même s’il a tort, tandis que la femme humiliée jusqu’à boire de la poussière (5.17), est livrée sans défense aux caprices de son mari soupçonneux !
Il nous faut toutefois considérer cette loi en tenant compte de son contexte social et culturel : la femme dans la société patriarcale n’a aucun droit et est soumise aux hommes de sa famille, père, frères ou époux. Elle n’a pas non plus à se montrer jalouse alors que la polygamie est courante. Dans un cas de soupçon injustifié de son mari, elle est livrée à sa violence, comme on le voit encore aujourd’hui là où sévissent les « crimes d’honneur ».
Illustration : Jésus et la femme adultère Polyptique de Montbéliard 16è)
Dans la Bible, l’ordalie était une protection car elle pouvait l’innocenter légalement, ou tout au moins lui conserver la vie. On ne doit pas non plus prendre le mot « malédiction » prononcé à propos des eaux amères (v 18), dans le sens d’un vœu de malheur, d’un mauvais sort jeté sur la femme infidèle ; c’est plutôt un avertissement du malheur que vivra la femme si elle est coupable.
En prononçant deux fois le mot « Amen ! » (première mention dans la Bible) = « Qu’il en soit ainsi », la femme s’en remettait totalement au jugement divin et reconnaissait la gravité de la situation. Sa culpabilité, sans preuves formelles (v 13), serait sanctionnée par la stérilité et l’opprobre, mais pas par la lapidation avec son amant, comme dans un cas d’adultère avéré (Lév 20.10). L’Ancien Testament vient modérer les coutumes païennes, comme pour la loi de vengeance « œil pour œil, dent pour dent » qui remplaçait la coutume de renchérissement de la vengeance sur le tort subi (pour un œil crevé, on crevait les deux yeux, pour une dent cassée, on décapitait !). Il faut attendre le sermon sur la montagne de Jésus (Mat 6.31-32 et 38-39) et son pardon accordé à la femme adultère (Jn 8.3-11), pour saisir toute la bienveillance de Dieu envers les femmes, considérées par lui comme ses enfants à l’égal des hommes, et appelées comme eux à la repentance et au salut. (Gal 3.28).
Cette loi de l’ordalie ne semble pas avoir été souvent appliquée. Elle paraît déjà abandonnée au moment de la chute de Jérusalem en 586 avant JC. Peut-être, au retour de l’exil, fut-elle remise en vigueur dans le souci de pureté et de fidélité des Juifs redécouvrant la Loi avec Esdras et Néhémie. Mais à l’époque de Jésus on n’en reparle pas.
Au-delà de la loi sociale, on peut se demander ce que ces prescriptions signifient au plan spirituel. Dans la Bible le thème de l’adultère et des relations conjugales est extrêmement présent. L’union de l’homme et de la femme, voulue par Dieu dès l’origine (Gn 2.18,24), devient peu à peu dans la conscience des croyants, le symbole de l’union de Dieu avec son peuple (Os 3.1 ; Ep 5.22-27 ; Ap 19.7). C’est pourquoi, pour l’homme et pour la femme qui sont « images de Dieu », l’union ne peut être rompue sans altérer l’image de l’amour fidèle de Dieu pour sa créature et pour son peuple, qu’ils sont appelés à transmettre. D’où la sévérité de la Parole de Dieu sur l’adultère humain, puni de mort dans l’AT, car spirituellement, se séparer de Dieu qui est amour et vie, c’est courir à la mort éternelle. La loi d’ordalie que nous propose ce texte des Nombres pourrait alors inviter chacun, homme ou femme, à s’interroger sur l’état de sa relation avec Dieu, sur son alliance avec lui. La jalousie du mari, en dehors du soupçon injustifié, peut être vue comme une image de l’amour de Dieu : il réclame l’exclusivité de l’affection de sa créature (Jac 4.5) qui a fait alliance avec lui. Que nous soyons homme ou femme, nous sommes unis au Seigneur dans une relation d’amour qui réclame notre fidélité. En cas de chute, le texte invite à accepter de reconnaître notre infidélité dans la repentance et l’humilité, et à nous tourner vers celui qui nous aime d’un amour indéfectible, pour y trouver le pardon (1 Jn 1.9 ; 2.1), et la purification (symbolisée par les eaux amères). Sinon, notre vie de croyant risque de rester stérile !
4- 6.1-21 : Le naziréat était un sacerdoce spécial, volontaire et temporaire, qui consacrait à Dieu celui qui
prononçait ce vœu. Les trois prescriptions indiquées, abstinence de tout produit de la vigne, chevelure libre, et
interdit du contact avec la mort, avaient pour but de permettre le développement de la vie dans toute sa richesse,
pour la consacrer entièrement au service de Dieu.
L’abstinence des produits de la vigne n’était pas une ascèse qui restreindrait la vie du naziréen. La vigne était devenue depuis la Genèse avec l’histoire de Noé (Gn 9.20-21), le symbole de la vie sédentaire, avec ses tentations d’ivresse et de plaisir(2 Ti 3.4), qui font perdre la lucidité, le discernement du bien et du mal, et éloignent de Dieu. Le naziréen devait revenir à une vie complètement dépendante de Dieu, comme les Hébreux nomades en faisaient l’expérience dans le désert. A la différence du sacrificateur qui s’abstenait de boire du vin durant son service au temple, le naziréen devait éviter tout contact avec tout produit de la vigne. Le parallélisme fait dans la structure du texte avec le contact d’un mort semble accréditer l’idée d’impureté que la vigne provoquerait : l’homme ou la femme (voir la mère de Samson) consacré(e) à Dieu est « saint », « séparé » du monde (c’est le sens du mot nazir). Il doit éviter tout ce qui peut le couper de Dieu et de Sa sainteté. Est-ce de ce parallélisme et de la similitude d’aspect (liquide rouge), que vient l’assimilation du vin au sang impur, qui souille celui qui le touche ?
La chevelure dont la pousse est laissée libre, devient le symbole de la puissance de vie que la consécration à Dieu procure au naziréen : l’Esprit de Dieu peut agir en lui librement et le rendre pleinement disponible au service de Dieu. L’importance de cette prescription est suggérée par sa place au centre du parallélisme de ces lois.
Le contact avec un mort annulait le vœu du naziréen, qui devait le renouveler en repartant à zéro : se raser la tête, accomplir les rites de purification, et trois sacrifices : l’holocauste d’un agneau pour l’adoration, une brebis pour le pardon de son état de pécheur, un bélier pour l’action de grâce. On comprend que les naziréens pauvres aient eu besoin d’aide financière de la part des Juifs plus fortunés, comme Paul y consentit à la demande de Jacques à Jérusalem (Ac 21.24-26).
Nous ne connaissons que deux hommes consacrés à vie au naziréat, dès leur conception, Samson et Samuel, pour des sacerdoces de juge (= libérateurs) et de prophète. Amos (2.11) associe le naziréat au prophétisme, comme Jean-Baptiste semble l’avoir vécu.
Pour le peuple des croyants de la fin des temps, qui désire être consacré au service de Dieu et être prêt à accueillir son Sauveur, les lois du naziréat sont à prendre au sérieux, non pas littéralement, mais dans leur esprit. La consécration au Seigneur réclame l’attachement de l’être tout entier à la volonté de Dieu, donc la séparation de tout ce qui peut éloigner de Dieu et provoquer la mort spirituelle : idolâtries de toute nature, passions aliénantes, relations corruptrices, conceptions matérialistes ou coutumes superstitieuses. En contrepartie, la consécration du cœur au Dieu de la Vie permet le plein épanouissement du croyant, le remplit de la force de l’Esprit et de l’amour du prochain, pour annoncer la Bonne Nouvelle (= prophétiser ), et pour témoigner de la « libération du péché » qu’on trouve en Jésus-Christ.
5 - v 22-27 : Bénédiction
Le passage concernant les lois relationnelles se termine par la formule de bénédictions, indiquée par l’Éternel lui-même, et toujours utilisée au fil des siècles. Cette formule comprend trois prières : la protection (24), la grâce (25), la paix (26), que procurent la révélation et la présence de Dieu au milieu de son peuple.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Dans quel état d’esprit et dans quel but observons-nous (les adventistes) les prescriptions d’hygiène alimentaire de Lév 11 ?
- Comment abordons-nous les cas d’infidélité conjugale dans l’Eglise ? Comment les traiter avec justice et amour ? Comment aidons-nous les couples à se pardonner mutuellement ?
- En quoi notre foi et notre consécration personnelles nous séparent-elles du monde ? En quoi favorisent-elles notre épanouissement et celui de l’Eglise ? Comment notre entourage en bénéficie-t-il ?
- Lorsque nous invoquons la bénédiction de Dieu, que cherchons-nous profondément ?
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