10/09/2021
Étude n°12 : Le prophète agité Jonas 3 et 4 (18 09 21)
Étude n°12 : Le prophète agité Jonas 3 et 4 (18 09 21)
«Et Moi, je n’aurai pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle se trouvent plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite et leur gauche, et des bêtes en grand nombre ! » Jo 4.11
Observons
Le contexte :
- Qui est Jonas ? Quelle est sa mission ? Pourquoi ne veut-il pas la remplir ?
- Résumer les deux premiers chapitres de ce récit, en faisant ressortir l’attitude du prophète vis-à-vis de Dieu et des hommes.
Le texte :
Jonas 3 (Jonas sorti du poisson, renvoyé à Ninive)
1-4 : Comment Jonas répond-il au second appel de Dieu à se rendre à Ninive ? Quel message délivre-t- il ?
5-9 : Comment réagissent les Ninivites ?
10 : Avec quel résultat ?
Jonas 4
1-4 : Quelle est la réaction de Jonas ? Que manifeste-t-elle sur l’état de son cœur ? Comment répond Dieu ?
5-8b : Jonas sous son ricin : qu’attend-il ? Que veut lui signifier Dieu par cet arbre miraculeux ?
8c-11 : second dialogue entre Dieu et son prophète : que veut lui faire comprendre Dieu ?
Comprenons
Le contexte : Jonas, dont le prénom signifie “ colombe “ (!), fut sans doute contemporain d’Amos et de Joël et appartenait à la tribu de Zabulon, il était originaire de Gath-Hépher, bourgade de la Galilée à une heure au nord-est de Nazareth.
Jonas prophétisa sous Jéroboam II, à une période de grande prospérité et de paix, tandis que la puissance Assyrienne vivait un déclin passager. Jonas, possédé par l’idée du particularisme juif, a du mal à comprendre que Dieu puisse se préoccuper du salut d’un peuple Assyrien très cruel, et lui confier la mission d’avertir des gens si corrompus. A quoi bon perdre son temps et risquer sa vie ? Jonas fuit donc dans la direction opposée à bord d’un bateau, puis au cours d’une tempête il est jeté à la mer sur sa demande pour le salut des marins ; après trois jours passés dans le ventre d’un grand poisson, (durée conventionnelle pour exprimer l’accomplissement parfait d’un acte ou d’un fait, voir les trois jours de marche pour traverser Ninive (Jo 3.3), les trois jours de Jésus dans le tombeau, les trois jours d’aveuglement de Paul Act 9.9), Jonas crie à l’Éternel et est miraculeusement rejeté sur la terre pour accomplir la mission que Dieu lui avait confiée.
Le texte :
Chapitre 3 : Jonas reçoit un deuxième appel de la part de Dieu et annonce à la grande ville : “encore 40 jours et Ninive sera détruite (ou bouleversée selon les traductions)”. Son message oral était inspiré par Dieu (3.2) sans qu’on sache exactement ce que Dieu lui avait demandé de dire, mais fut interprété par le prophète comme une condamnation plus que comme un appel à la repentance. Dieu avait ordonné à son prophète d’aller porter sa parole de jugement à Ninive (1.2). C’était une parole très brève : crier contre sa méchanceté. La parole de Jonas est aussi courte, parole d’avertissement avec un délai. Le mot traduit par « destruction » (v 4), comme Jonas espérait le voir depuis sa hutte à l’est de la ville (4.5), signifie aussi « bouleversement », comme les Ninivites semblent l’avoir aussi compris, en bouleversant leurs attitudes, leurs sentiments, et leurs pensées par un retour à Dieu (3.8). Le prophète a la connaissance de la miséricorde de Dieu (4.2) mais n’en parle pas aux Ninivites, et ce sont eux qui curieusement comptent sur la bonté de Dieu (3.10). La participation du bétail, tout à fait irréalisable, à ces rites de repentance n’est indiquée que pour montrer l’étendue de ce mouvement vers Dieu ! Ou pour désigner symboliquement les hommes sans dieux (=les athées représentés par les animaux) dans une population polythéiste représentée par les humains.
Jonas, comme prophète connaissait les paroles de jugement et de condamnation de Dieu contre les idolâtres et ceux qui vivent sans Lui. Dès les Dix Paroles (Ex 20.5) Dieu avait affirmé qu’il ne laisserait pas impuni l’idolâtre, synonyme de méchant dans la Bible (Dt 7.9-10). Or Ninive à l’époque de Jonas représentait le summum de l’idolâtrie aux yeux des Israélites. Jusqu’à Jonas ces messages de jugement étaient donnés aux peuples d’Israël et de Juda, même s’ils concernaient des nations païennes, pour encourager le peuple de Dieu opprimé par ces nations. Pour la première fois, un prophète d’Israël est envoyé délivrer son message d’avertissement directement au peuple concerné ! L’intention de salut de Dieu pour ces nations étrangères, et son enseignement à son peuple seront révélés à Jonas par ses expériences personnelles rapportées dans les chapitres 1-2 et 4.
Si Jonas connaissait les paroles de jugement, il n’ignorait pas non plus les paroles de miséricorde (4.2). Mais cette possibilité du pardon de Dieu pour Ninive, était à ses yeux très humiliante pour son personnage : il passerait pour un « faux prophète » puisque sa prédiction ne se réaliserait pas au bout des 40 jours annoncés (Il n’imaginait pas que le repentir de Ninive serait très bref, ni que 40 ans plus tard Ninive serait effectivement détruite par les Babyloniens).
Le choix du bref message oral qu’il délivre dans Ninive, est révélateur de son état d’esprit, reflet de celui d’Israël à son époque envers les nations païennes. Il ne retient que la condamnation et l’espère même profondément puisque le pardon lui donne envie de mourir (4.3). Il n’a pas compris la raison du délai de 40 jours (à mettre en parallèle avec les 40 ans dans le désert du peuple hébreu, ou les 40 jours de jeûne de Jésus dans le désert), délai destiné à donner le temps nécessaire pour prendre conscience de son état devant Dieu et lui revenir complètement. Jonas est rempli des préjugés de sa propre-justice, du privilège de faire partie du peuple élu. Refusant de reconnaître Dieu comme un Dieu d’amour, il regarde tous les autres peuples comme idolâtres, donc destinés à la destruction. Et le plus vite serait le mieux à ses yeux, pour débarrasser le monde de cette « racaille malfaisante » ! Les fruits d’un tel état d’esprit ne sont que haine, insatisfaction, irritation, agitation, désir de mort. Est-ce ce qu’on attend d’un prophète de Dieu ?
Sa première expérience de la miséricorde de Dieu envers les marins idolâtres et repentis (1.14-16) ou envers lui-même, prophète rebelle sauvé des abîmes par un poisson (ch 2), ne lui a pas servi à comprendre la situation de Ninive. Il faudra une autre intervention de Dieu à propos d’un ricin, qui touche de près à son confort personnel (4.6-11), pour lui ouvrir les yeux et enfin lui permettre d’offrir à Dieu sa reconnaissance (2.10).
Étonnante réaction d’un peuple cruel et sanguinaire qui se repent si facilement à l’annonce faite par un prophète hébreu. L’expérience de Jonas était certainement connue du peuple, ce qui donnait à son message une redoutable autorité, le Christ lui-même dit “ que Jonas fut un signe pour les Ninivites » (Luc 11.30). Jonas a un message oral à délivrer, mais à son insu, son histoire parle aussi du jugement de Dieu sur Jonas en fuite, réalisé par sa mise à la mer dans la tempête, et suivi du salut de Jonas rejeté vivant hors du poisson ainsi que du salut des marins repentis. Cette expérience parlait de la puissance et du pardon de son Dieu. Les païens pouvaient constater « de visu » que celui qui revient à Dieu et lui obéit reçoit le pardon et la vie. Préparés par les catastrophes récentes de leur histoire, par le monothéisme d’un de leurs précédents rois, par le récit du vécu de Jonas, les Ninivites vont entendre les paroles de jugement du prophète comme un appel à adorer son Dieu, donc à garder la vie comme Jonas. Ils vont saisir, mieux que Jonas et son peuple (Mt 12.41), l’intention qu’a eue Dieu en leur envoyant un prophète et en leur accordant un délai : Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se repente et qu’il vive (Ez 33.11) et il ne fait pas de différence entre les personnes (Ac 10.34-35) pour tous ceux qui croient en Lui (Ac 10.43).
Chapitre 4 :
Les Ninivites se repentent sincèrement et Dieu ne les détruit pas ce qui déplut beaucoup à Jonas qui en fut très irrité (4.1). Dieu se serait-Il moqué de lui ? Il l’envoie prêcher aux Ninivites qu’Il va les détruire et une fois que Jonas a fini de parcourir cette ville (en fait il n’a fait qu’une journée de marche, et pas trois, dans la ville !), Dieu n’accomplit pas Sa Parole et lui, Son messager, passe pour un menteur en annonçant des choses qui ne se réaliseront pas, jugé ainsi comme un faux prophète. En réalité Jonas ne pense qu’à sa petite personne et non au salut des milliers de gens que contient cette ville. Fâché, Jonas réclame la mort et sort de la ville, il se construit une cabane et, à l’ombre, regarde ce qui va arriver à la ville.
A l’ombre de ce ricin Jonas éprouva une grande joie...pour le confort qu’il lui apportait ! Sans comprendre que Dieu lui signifiait que l’ombre du pardon de Dieu passait aussi sur cette ville qui avait compris que le Dieu de Jonas avait entendu son repentir ! Mais celui qui n ‘accepte pas le pardon de Dieu pour autrui finit par avoir le cœur sec, comme le ricin brûlé par le vent du désert où rien ne peut pousser.
Le prophète rempli de lui-même dut apprendre à sonder son propre cœur pour y découvrir ses idoles : égoïsme, orgueil nationaliste, ressentiment contre Dieu et haine des autres. Il dut passer par la mort de ces sentiments négatifs et destructeurs de sa personne, puisqu’ils le conduisaient jusqu’à désirer mourir pour ne pas perdre la face (4.3,8-9). Cette mort à lui-même lui permit de comprendre tout l’amour de Dieu pour lui (poisson, ricin, suscités par Dieu pour sa vie et son confort) et pour tous ceux qui se repentent et l’adorent, même si ce n’est pas dans les formes de la piété dont il avait l’habitude. La véritable conclusion du récit se trouve dans la prière du ch 2, placée au milieu du récit, selon la coutume littéraire hébraïque pour mettre en valeur le message essentiel : « Je t’offrirai des sacrifices avec un cri de reconnaissance, j’accomplirai les vœux que j’ai faits : le salut appartient à l’Éternel !» Le prophète rebelle, agité et vindicatif, a enfin trouvé la paix et le repos en comprenant et contemplant tout l’amour de l’Éternel déployé envers lui et envers tous les hommes, même impies et cruels. Dieu entendit la voix du peuple de Ninive, Il vit leur repentance et leur pardonna (Jo 3.10 ; Jér 18.6-10).
Dieu voulut montrer à Jonas que Ses desseins d’amour sont destinés aussi aux païens et que s’Il s’est choisi un peuple, c’est afin que celui-ci apporte au monde environnant le message de repentance et de salut.
Il est facile aujourd’hui aussi de prononcer des jugements de condamnation sur les autres qui ne croient pas ou ne pratiquent pas comme nous. Nous sentons-nous concernés par les appels au repentir que contiennent implicitement les avertissements divins ? (Ap 8 à 9.21)
Nous pouvons comme Jonas nous rebeller contre Dieu quand sa volonté ne nous convient pas, ou nous retirer à l’écart pour attendre le retour de Jésus qui va balayer tous ceux qui commettent le mal et dont nous estimons ne pas faire partie. Heureusement, la miséricorde de Dieu à notre égard peut parler à notre insu, au-delà de notre attitude et de nos paroles de rejet. Combien le message serait mieux perçu si nos paroles et notre vie concouraient à annoncer la bonne nouvelle du salut, c’est-à-dire l’absence de jugement pour ceux qui se repentent et reviennent à Dieu (Jean 3.18a) ! Nous remplirions ainsi notre rôle de prophètes des derniers temps, nos fruits de repentance, de justice et d’amour permettant de nous identifier comme messagers de Dieu (Mat 7.20). Le témoignage de la vie du prophète de Dieu pleine d’une calme assurance, et de bienveillance pour tous, est en lui-même porteur de ce message de l’amour inconditionnel de Dieu.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont mes réactions face à l’amour inconditionnel de Dieu ? Suis-je un « fils aîné » de la parabole de Luc 15.11-32, un Jonas furieux et agité ?
- Quels sentiments envers les autres dominent en moi ? Quels préjugés sur moi et sur les autres me faut-il abandonner ?
- Comme adventiste du 7ème jour, quels messages ma vie et mes paroles véhiculent-elles autour de moi ?
- Suis-je dépositaire d’un message d’amour, vital pour mes contemporains ? Suis-je heureux de le transmettre ?
- Est-ce que je conteste à Dieu le fait qu’Il puisse offrir le salut à tous et pardonner s’ils se repentent, par exemple :
*aux dictateurs de cette terre responsables de la mort de centaines de milliers d’innocents à travers les siècles.
*à tous les bourreaux qui avilissent et cherchent à détruire des personnes
*aux personnes responsables de la mort d’êtres chers.
*aux personnes qui ont gâché ou détruit ma vie terrestre ?
- Est-ce que ce sont tous ces gens étrangers à mon éducation et à ma culture qui ne sont pas prêts à entendre le dernier message que Dieu adresse à l‘humanité ? Ou est-ce moi qui ne suis pas prêt(e) à le transmettre selon la volonté d’amour de Dieu qui veut «qu’aucun périsse mais que tous parviennent à la repentance »? 2Pi 3.9
Ci-joint un lien pour une vidéo représentant l'aventure réelle de deux "Jonas" modernes
https://www.youtube.com/watch?v=DwMqKgIR-9U
08:00 Publié dans Repos en Christ | Lien permanent | Commentaires (0)
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