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22/01/2016

Étude n°5 La controverse continue, Néhémie 2 (30 01 16)

Étude n°5 La controverse continue, Néhémie 2 (30 01 16)

Je leur racontai comment la bonne main de mon Dieu était sur moi, et quelles paroles le roi m’avait adressées. Ils dirent : Levons-nous, bâtissons ! Et ils se fortifièrent dans cette bonne résolution » Néh 2.18 (G.Doré : Néhémie devant Jérusalem)nehemie  devant les portes de jerusalem gravure Gustave Dore.jpg

 

Observons le Chapitre 2 :

 Les deux premiers chapitres sont à la 1è personne et rapportent un récit des événements vécus par Néhémie :

ch 1 situation de Jérusalem et réaction de Néhémie,

ch 2 intervention de Néhémie auprès du roi de Babylone et préparatifs de l'action.

 - Quand débute l'action ?

v 1 au mois de Nisan, la 20è année d'Artaxerxès = premier mois de l'année religieuse des Juifs d'après l'exil, en mars ou avril, 4 mois après le mois de kislev (nov ou déc) qui est le premier mois de l'année civile des Juifs d'après l'exil.

 - Par quoi débute-t-elle ?

v 1-8 une requête adressée au roi      

-en saisissant au vol une occasion favorable (1)

-en priant silencieusement avant de parler au roi (4)

-en présentant une demande personnelle et non politique ("la ville des sépulcres de mes pères" et non Jérusalem)(5),

-en étant vrai (5)

-en étant précis et hardi (7-8)

-en reconnaissant la protection de Dieu (8)

 - Quels sont les préparatifs de Néhémie à Jérusalem ?

v 9, 11,16 : trois jours de repos, de silence sur son projet, et de rencontres officielles.

v 12-15 : une inspection nocturne incognito de l'état des lieux,

v 17-18 : une convocation des responsables juifs, la communication de son projet visionnaire, le témoignage de l'exaucement de sa prière.

 - Quelles furent les réactions immédiates à ce projet de reconstruction de la muraille de Jérusalem ?

v 18 : témoignage de Néhémie, union et enthousiasme des Juifs de Jérusalem pour ce projet.

v 10, 19-20 : opposition des Samaritains qui marquent leur déplaisir (10), leur moquerie et leur mépris (19), leurs menaces (19b),

v 20 : fermeté et confiance en Dieu de Néhémie (20a), rejet de ceux qui critiquent l'œuvre (20b).

 

Comprenons

Pour comprendre l’action de Néhémie il nous faut connaître ce que les chapitres suivants (3 à 6 et 12.27-43) nous relatent de la reconstruction des murs de Jérusalem. Nous les lirons sous deux optiques : l’histoire et la spiritualité.

 A- Lecture historique

- Pendant les douze ans qui séparent l'arrivée d'Esdras de celle de Néhémie, les Juifs de Jérusalem, devant l'hostilité des habitants du pays, renforcée par le renvoi des femmes païennes, avaient sans doute entrepris la reconstruction de la muraille de la ville pour se protéger. Cela provoqua la dénonciation des Samaritains auprès d'Artaxerxès (Esd 4,6-23), qui, pour des raisons de politique extérieure où il était en difficulté, ordonna l'interruption et la destruction des travaux, dont Esdras n'avait pas reçu le mandat.

Néhémie, resté à la cour du roi, mais attentif à ce qui se passe à Jérusalem, ne manque pas d'aller aux nouvelles auprès de ceux qui en reviennent et en qui il a entière confiance. Les échanges de la capitale perse avec ses provinces dont faisait partie la Palestine, devaient être fréquents dans une situation politique troublée.

- La position en vue de Néhémie auprès du roi prouve que les rois de Perse depuis Nébucanetsar et Cyrus avec Daniel, Xerxès avec Esther et Mardochée, jusqu'à Artaxerxès avec Esdras et Néhémie, n'hésitaient pas à accorder leur confiance à des exilés Juifs. Dieu prépare des hommes capables d'exécuter son plan pour son peuple, et les place là où ils seront à même d'influencer les autorités païennes.

Esdras avait reçu la mission religieuse de rétablir l'ordre du culte à Jérusalem après la reconstruction du temple et le relâchement de la pratique religieuse, que le prophète Malachie commençait à dénoncer (on pense qu'il poursuivit son ministère  sous Néhémie); mais Néhémie reçoit une mission civile de gouverneur, chargé de la reconstruction des murailles de la ville. L'influence qu'il a pu avoir sur le roi explique le nouveau revirement de celui-ci en faveur des Juifs.

- Esdras n'avait pas demandé d'escorte au roi pour accompagner les trésors rendus au Temple, pour prouver que Dieu prend soin concrètement de ce et ceux qui lui appartiennent. Néhémie en acceptant la protection du roi reconnaît l'autorité politique que Dieu a établie pour mener à bien sa mission civile et officielle. "Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l'aiment (Rm 8.28), le magistrat est serviteur de Dieu pour leur bien (Rm 13.4).

- La préoccupation de Néhémie pour Jérusalem est si profonde et si vive qu'il prend l'initiative de s'informer, il réagit avec grande émotion au récit de l'état de Jérusalem, il se tourne vers Dieu avec ferveur et humilité, il laisse se former en lui un projet de reconstruction, inspiré par Dieu, il saisit, malgré sa crainte du roi, l'occasion opportune pour s'en ouvrir à lui, enfin il agit avec prudence et énergie pour préparer l'exécution de ce projet.

- L'inspection des murailles donne un aperçu de ces murailles qu'il faut compléter par les noms donnés aux ch 3 et 12. Les différences entre les noms des portes et surtout le grand nombre de constructeurs pour une longueur relativement courte au sud et à l'est du Temple prêtent à discussion, mais peuvent se comprendre par les multiples brèches et destructions dans la muraille, et par les différences de hauteur et de largeur du mur.

Les matériaux sont souvent sur place à l’abandon, ce qui explique aussi la rapidité des travaux : 53 jours pour une longueur de 5km. Vu les menaces externes et internes, Néhémie avait intérêt à ne pas prolonger trop la mobilisation générale. Les bâtisseurs font preuve de persévérance, de courage, d’esprit de service et de solidarité, quels que soient leur niveau de responsabilité et leur rang social. Ils sont unis par une même entreprise et un même objectif : redonner à Jérusalem ses murs de protection, de façon à rétablir la sécurité du royaume.

-       Le tour de la ville accompli par Néhémie part de l'ouest, à l'opposé du Temple, à la porte de la Vallée (aujourd'hui sans doute la porte de Jaffa), passe successivement du sud vers l'est puis le nord, par la porte du Fumier (vers la décharge publique de la Géhenne, au sud-ouest), la porte de la Source au sud du mont Sion, la porte des Eaux au-dessus du ravin du Cédron à l'est de Jérusalem et au sud-est du Temple, la porte des Brebis à l'angle nord-est du Temple, la porte des Poissons au nord de la ville, la Vieille Porte au nord-ouest, très proche de la porte d'Ephraïm, qui n'avait sans doute pas été détruite. La ville est donc entourée d'un mur aux sept portes dont le nombre et les noms sont chargés de symboles spirituels[1].

Néhémie, plan des murailles.jpeg

Nous n’avons retenu parmi les portes de la ville que celles qui ont des noms symboliques qui évoquent un parcours spirituel.

Esaïe (60.18b) déjà avait donné un sens symbolique spirituel aux portes et murailles de la ville, « Tu donneras à tes murailles le nom de salut et à tes portes  celui de louanges », et Zacharie 2.9 prophétise : « Je serai pour Jérusalem une muraille de feu tout autour et je serai sa gloire au milieu d’elle ». Jésus se désignant lui-même comme la Porte du Royaume (Jean 10.9), nous avons pensé intéressant de prolonger cette lecture symbolique des portes de Jérusalem. Le parcours spirituel que leurs noms évoquent est celui que doit accomplir tout enfant de Dieu qui désire entrer dans le Royaume. Néhémie commence son tour de ville par la porte de la vallée. Suivons-le en donnant un sens symbolique à chaque porte :

Porte de la vallée : lieu de vie des hommes, où Dieu vient leur parler (Ez 3.22)

Porte du fumier : lieu où on jette les déchets, lieu de la repentance où on abandonne ses péchés

Porte de la source : lieu où l’on trouve Dieu, source de vie, où on est désaltéré, pardonné

Porte des eaux : lieu où on est purifié et vivifié = baptême

Porte des brebis : près du temple, porte par laquelle entre le troupeau de Dieu consacré à son service (Rom 12.1)

Porte des poissons : lieu où entrent tous les hommes appelés par Dieu (Luc 5.6-10)

Vieille porte : lieu où on abandonne sa vie ancienne, ses vieilles habitudes pour entrer dans  la communion avec Dieu dans le temple.

Comme les deux cortèges de la dédicace (ch 12.31-40)  évoquent la marche incessante vers le temple, lieu de rencontre avec Dieu, chacun est appelé à faire une marche progressive dans sa vie spirituelle, pour une rencontre toujours plus intime avec le Seigneur. S’il y a des arrêts ou des retours en arrière, Dieu est toujours là pour pardonner, accueillir, encourager à repartir, et soutenir dans les moments de ralentissement !

 Les obstacles rencontrés

Les bâtisseurs ont à faire face à deux genres de difficultés, celles qui viennent de l’extérieur, les plus menaçantes apparemment, et celles qui viennent de l’intérieur, les plus sournoises et pernicieuses.

Face aux autorités en place et face au peuple, Néhémie se conduit comme un gouverneur réfléchi mais enthousiaste, et comme un homme de foi qui témoigne sans honte de son expérience avec Dieu.

Face aux opposants extérieurs, Samaritains apparentés aux juifs par alliance, mais païens d'origine pratiquant un syncrétisme religieux, Néhémie répond avec fermeté, s'appuyant sur la conscience qu'il a de n'avoir de compte à rendre qu'à Dieu, promoteur du projet, dont il est le serviteur. Sa perspicacité décèle la jalousie des opposants dont il refuse les critiques, et rejette les menaces, sachant que "si Dieu est pour lui, qui sera contre lui ?" (Ps 118.6 ; Rm 8.31).) L’attitude de Néhémie face à l’ennemi enseigne que la prière est la grande force du croyant face à l’Adversaire (Eph 6.18). Conscient de sa faiblesse, il se tourne vers Dieu qui le réconforte et lui donne discernement et courage.

La fermeté avec les armes de Dieu doit répondre à l’insistance et la variété des attaques (Eph 6.14-17 ; Jacques 4.7).

Les prières de vengeance de Néhémie (6.14 ; 13.29) s’expliquent par le désir de s’en remettre au juste jugement de Dieu, au lieu de penser à se venger lui-même. Le chrétien sait qu’il faut y ajouter la prière de pardon et de bénédiction pour les ennemis (Matthieu 5.44).

Les obstacles internes (ch 5)

Dans Jérusalem, l’immensité et la difficulté de la tâche (4.4) ont provoqué une vague de découragement. Puis l’attitude injuste des riches vis-à-vis de leurs frères pauvres a soulevé leurs plaintes justifiées : trop nombreux et sans ressources, ils souffrent de disette, ils ont hypothéqué leurs biens, n’ont donc plus de revenus, ils se sont endettés pour payer l’impôt du roi, au point de vendre leurs enfants comme esclaves des Juifs créditeurs !

Néhémie s’irrite violemment contre l’injustice et réprimande les responsables publiquement en dénonçant le paradoxe de la situation : les Juifs de Babylone ont racheté leurs frères, esclaves des étrangers, pour leur permettre de rentrer à Jérusalem, et ceux de Jérusalem se les revendent, les réduisant à nouveau en servitude. Son argumentation est fondée sur le souci du témoignage à l’extérieur (v 9). Il propose une solution qui va au-delà de la justice de la loi qui permettait le prêt sur gage (Deutéronome 24.10). Il agit selon la justice de l’amour en plaidant la cause des faibles et des pauvres : Que les créditeurs rendent les biens gagés et renoncent à réclamer les intérêts des prêts (v 11). Lui-même donne l’exemple du désintéressement total et de la générosité la plus grande dans l’exercice de ses fonctions de gouverneur (v 14-18). Ses mobiles n’étaient pas le goût du pouvoir ou de l’argent, mais la compassion et le sentiment de la justice, dominés par le souci de la glorification de Dieu par tous (v 9), le témoignage que lui et le peuple doivent donner aux étrangers qui les entourent.

Néhémie dans sa prière (v 19) rappelle qu’il a toujours désiré accomplir le plan de Dieu, et tenu compte de Lui dans sa vie, c’est pourquoi, il ose demander à Dieu sa bénédiction.

 B Lecture spirituelle

Les murs du Royaume à reconstruire sont ceux du Salut (Esaïe 26.1). Ce mur sépare l’Église du monde et la protège de l’Adversaire, chaque croyant rempli du Saint-Esprit devient une parcelle de ce mur, un réparateur des brèches (EsaÏe 58.12). Si chacun accomplit sa tâche avec ardeur et persévérance, fondé sur la Parole de Dieu et l’Évangile du salut (symbolisé par l’épée à la main que portaient les bâtisseurs), l’édification de la Jérusalem spirituelle se fera rapidement et solidement (1 Pierre 2.4-5).

Il est aussi difficile aujourd’hui à beaucoup de croyants d’entrer dans les murailles du salut par engagement personnel. On préfère être chrétien individuellement, vivre sa foi dans son coin, sans communauté, plutôt que de partager le mépris ou l’ironie qui entourent l’Église de la part du monde, ou de se plier aux contraintes et atteintes à la liberté individuelle qu’entraine toute vie communautaire. Il faut choisir ce qu’on met en premier, son « moi » ou le service de Dieu et accepter de passer par les portes du salut à l’exemple d’Esdras et de Néhémie lors de la dédicace de la muraille.

Christ  appelle tous les hommes à habiter à l’intérieur des murailles du salut qu’il a lui-même fondées, et à le servir avec fidélité, sans compromis avec le monde incroyant et idolâtre.  Dans la Jérusalem spirituelle qu’est l’Église, Jésus est la muraille protectrice (Zacharie 2.9) et le temple (Apocalypse 21.22).

 Néhémie préfigure le Christ, travaillant au bien de son peuple, intercesseur, gouverneur de l’Église, inspirateur de réveil et de réformes, compatissant au malheur. Il est l’exemple du croyant de la fin des temps qui travaille à rétablir les murailles du royaume pour le peuple de Dieu, c’est-à-dire à revenir sous la protection de Christ, son seul salut, et à marquer par son obéissance à la Parole de Dieu les limites de sa participation au monde.

Comment être bâtisseur du royaume ? En collaborant avec les autres pour faire connaître Dieu Créateur et Sauveur, en prenant comme fondement de sa foi et de sa pratique de vie la Parole de Dieu, qui est l’épée de l’Esprit, en mettant sa confiance en Dieu face aux difficultés, en manifestant  concrètement l’amour de Dieu pour tous.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

 

- Comme disciple de Jésus-Christ, ai-je conscience de ma responsabilité personnelle dans l'état de mon église et dans l'œuvre de Dieu dans le monde ?

 

- Suis-je suffisamment ouvert à l'influence de l'Esprit pour discerner l'exaucement de mes prières, et le projet de Dieu pour ma vie ?

 

-Ai-je la confiance inébranlable en la grâce de Dieu qui ne peut rompre son alliance avec moi et avec son peuple ?

 

- Est-ce que je m'adresse à Dieu en toutes circonstances avec l'assurance d'être entendu ?

 

- Comment puis-je (ou mon Église peut-elle) témoigner de mon (son) expérience avec Dieu auprès des autorités, et leur demander une participation active à des projets en faveur de l'Église ?

 

- Quelles sont nos réactions personnelles ou collectives face aux moqueries et oppositions des incroyants ?

 

 



[1] Pour ceux qui s'intéressent à ce symbolisme, voir le livre paru à la Ligue pour la Lecture de la Bible "En piste ! Prier c'est passionnant." de Pierre-Yves Paquier, 1993, p 71 à 81 ; ce petit livre est très utile pour une semaine de prière communautaire ou personnelle.

15/01/2016

Étude n°4 Conflit et crise au temps des Juges, 1 Samuel 2.12-26 (23 01 16)

Étude n°4 Conflit et crise au temps des Juges, 1 Samuel 2.12-26 (23 01 16)

« Mon cœur exulte en l’Éternel, ma force a été élevée par l’Éternel, ma bouche s’est ouverte contre mes ennemis, car je me réjouis de son salut. »1 Sam 2.1

Observons

Le contexte  (2.1-11) :Anne mère de Samuel.jpg

Par quoi commence le chapitre ? Qu’exprime Anne dans son cantique ? Comment voit-elle l’Éternel ? A qui a-t-elle confié son jeune fils ?

Le texte (12-26) :

-     Sur quels contrastes est construit ce passage ? Que met-il en valeur au paragraphe central (v 18-21) et au v 26 ?

-  V 12-17 :

-  Comment sont qualifiés les fils d’Eli ? Pourquoi ? En quoi consiste leur méconnaissance de l’Eternel ? Quelle différence y a –t-il entre leur acte des v 13-14 et celui des v 15-16 ? De quelle nature était leur péché, v 17 ?

 

-  V 18-21 :

-  De quel vêtement était revêtu Samuel ? Que signifiait-il, v 18 ?

-  Que provoque l’attention affectueuse d’Anne pour son fils de la part d’Eli v 20 ?

-  Comment est-il exaucé ? Comment considérer une telle bénédiction : une récompense, un juste retour des choses du genre « donnant-donnant », une manifestation de l’amour et de la bienveillance de l’Éternel ?

-  Que signifie « grandir devant l’Éternel » v 21 et 26 ? En quoi Samuel était-il « agréable »à Dieu et aux hommes ?

 

-  V 22-25 :

 -  Quels sont les péchés dénoncés au v 22 ? Que représentent ces femmes assemblées à l’entrée du sanctuaire ?

-  Pourquoi mentionner l’âge avancé d’Eli ? Qu’est-ce que cela révèle sur sa relation à ses fils ? Que leur reproche-t-il ? Avec quel argument dissuasif, v25a ? Son reproche est-il adapté à la situation ?

-  Juger et intercéder traduisent deux formes du même verbe hébreu. Quelle différence marquent-ils ? Que veut dire Eli ?

-  Comment l’Ancien Testament explique-t-il l’endurcissement des fils d’Eli ? Voir Ex 4.21 avec Pharaon.

-  Pourquoi attribuer à  Dieu cette volonté de mort ? Voir en contraste Ez 18.30-32.

 

Comprenons

Le contexte : Anne, femme d’Elkana, dans sa joie d’avoir été exaucée par la naissance de Samuel, exprime sa reconnaissance pour la bénédiction de l’Éternel. Il la réhabilite aux yeux de ses « ennemis », sa rivale Pennina et tous ceux qui la tenaient pour oubliée de Dieu à cause de sa stérilité. Son cantique, beaucoup plus que celui de Marie plus tard (Luc 1.46-55), exalte la justice de Dieu plutôt que sa miséricorde envers les humbles. Pour Anne, l’Éternel est un juste juge qui redresse les pauvres et les opprimés et rétribue les méchants. Elle voit dans le Messie promis et déjà attendu de tout Israël, un roi puissant qui vengera les victimes des contestataires de Dieu (v 10).

Le texte : Notre passage est encadré de deux versets (11 et 26) consacrés à la croissance du jeune Samuel devant et au service de l’Éternel (voir pour Jean-Baptiste et Jésus Luc 1.80 ; 2.40, 52). Ces versets sont développés au centre de notre passage (v 18-21), par le tableau d’une famille ordinaire, respectueuse de l’Éternel, alors que les fils du sacrificateur agissent à l’opposé de leur fonction (v 13-17 et 22-25).

Les péchés de la famille du sacrificateur :

V 13-14 : Les sacrifices d’action de grâce ou de communion étaient les seuls dont le fidèle pouvait manger la viande bouillie après le sacrifice. Le sacrificateur ne pouvait en prélever que les morceaux de choix qu’étaient la poitrine et la cuisse droite de l’animal sacrifié (Lév 7.31-35). En venant puiser dans le récipient où bouillait la viande, les fils du sacrificateur lésaient donc le peuple puisqu’ils s’arrogeaient des morceaux supplémentaires. Les détails très précis sur ce prélèvement illicite insistent sur la systématique de leur vol sacrilège, quelle que soit la taille des victimes.

V 15-17 : Le second péché des fils d’Eli consistait à prélever leur part avant même que la viande du sacrifice soit bouillie, par dégoût de la viande bouillie selon leur prétexte invoqué. Si le simple fidèle osait rappeler le droit de l’Éternel à disposer des morceaux de choix qui lui étaient consacrés et devaient être brûlés sur l’autel, les fils d’Eli n’hésitaient pas à les menacer et à se servir de force. Leur abus de pouvoir révélait leur désir de satisfaire avant tout leur convoitise et leurs appétits charnels, et mettait au grand jour leur incrédulité et leur mépris de Dieu, qu’ils étaient censés servir (v 17). De plus, cette conduite impie discréditait aux yeux du peuple les lois divines et le sens des sacrifices (v 24).

V 22 : Le troisième péché des fils d’Eli était de se livrer à la prostitution sacrée, usage païen des cultes environnants. Les femmes s’assemblaient autour du temple pour s’offrir aux fidèles, symbolisant par leur union sexuelle l’union du dieu adoré avec l’humain. Le fidèle croyait que cet acte « religieux » lui procurait fertilité et prospérité. Cette pratique est considérée dans la bible comme un « adultère » spirituel vis-à-vis de Dieu qui le condamne fermement. Les fils d’Eli n’en tenaient pas compte, et ajoutaient l’immoralité à leur incrédulité.

Réaction et péché d’Eli

V 22-25 : La mention de l’âge avancé d’Eli peut avoir deux raisons : expliquer le peu de vivacité de sa réaction, et montrer son laxisme envers ses fils dont il n’a pas su discerner la conduite malgré le temps écoulé (3.13). C’est par la rumeur qu’il est amené à connaître l’incrédulité et la conduite scandaleuse de ses fils, dont il avait doublement la responsabilité en tant que père et sacrificateur. La cécité qui le frappait  (4.15) était le signe visible de son aveuglement affectif et spirituel ! Alors qu’il reconnaît et bénit la piété et la générosité d’une femme étrangère à sa famille, il ne voit pas l’impiété et la rapacité de ses propres fils ! Ses reproches semblent bien faibles face à l’offense faite à Dieu et à l’exemple impie donné au peuple. Comme sacrificateur il aurait dû défendre énergiquement le droit de l’Éternel et le droit du fidèle que ses fils foulaient aux pieds et condamner sévèrement leur profanation du sanctuaire. Par affection ou par faiblesse, car il tirait profit des vols de ses fils (1 Sam 2.29), il se contente de les avertir. Le péché contre le peuple est du ressort de la justice de Dieu qui comme juge, rend à chacun son droit. Mais le péché contre Dieu l’embarrasse car Dieu se trouve à la fois juge et partie offensée. Nul alors ne peut, selon Eli, s’interposer entre sa vengeance et  le coupable.  Sans s’en douter, Eli pose la question fondamentale de l’homme pécheur qui se trouve seul et démuni devant celui qu’il a offensé et qui le juge (Voir la réaction de Félix mis en face de son péché par Paul, Act 23.25) : « Qui pourra me défendre ? ». Job eut la prescience de cette nécessité d’un défenseur auprès de Dieu, en la personne d’un « témoin dans le ciel » (Job 16.19), d’un  « répondant, un arbitre entre Dieu et l’homme » (16.21), «un garant qui prendrait des engagements pour lui » et qu’il prie Dieu d’être Lui-même (Job 17.3). Quelle merveilleuse prophétie du rôle d’avocat et de médiateur qu’assume Jésus-Christ auprès du Père contre les accusations de Satan (1Jean 2.1). Dieu s’est incarné en Jésus pour qu’il soit « le médiateur d’une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes » (1 Tim 2.5 et Héb 8.6) et qu’il intercède (=se mettre entre) devant Dieu en faveur des hommes contre les revendications de l’adversaire (Zach 3.1-4 ; Rom 8.27, 34) (Christ, avocat du pécheur contre l’Accusateur, Relief de Notre-Dame de Paris)Christ avocat de l'homme pécheur, relief de Notre-Dame Paris.jpg

Toujours est-il qu’Eli n’a ni cette connaissance ni cette espérance. Son seul argument pour inciter ses fils à changer d’attitude est de leur faire craindre le jugement sans appel de Dieu. Mais ses fils sont arrivés à un tel point d’incrédulité qu’ils ne peuvent plus entendre cet avertissement trop timoré. Leur cœur endurci les enfonce dans le refus de Dieu, qui ne peut que les laisser aller aux conséquences mortelles de leur choix (1 Sam 2.30, 34).

Pour préserver la toute-puissance du Dieu Unique, l’Ancien Testament lui attribue la volonté de faire mourir le méchant, l’impie, sans comprendre encore que Dieu aime l’homme, même pécheur, et cherche à le ramener à lui (Ez 18.32), tout en respectant ses choix de vie lorsqu’il les manifeste clairement.

La mort des deux fils d’Eli devait servir de signes à leur père que l’Éternel ne tient pas le coupable non repentant pour innocent (2.34). Lorsque le jeune Samuel lui rapporta les révélations de Dieu, Eli ne manifesta pas de repentir, ne prononça aucune supplication, mais de façon fataliste accepta la sentence de Dieu (3.18). La justice  de l’Éternel, selon Eli, consistait à éliminer ceux qui volontairement se détachent de Lui et nuisent au peuple spirituellement et physiquement. Si cette justice n’est pas immédiate, à cause de l’amour patient de Dieu, comme les apôtres le comprirent plus tard (2 Pie 3.9), ceux qui lui font confiance savent qu’elle se révèlera pleinement au retour du Christ qui rassemblera les siens dans son Royaume,et laissera les impies subir les conséquences de leur choix.

L’attitude de Samuel et de sa famille v 11,18-21, 26

En contraste avec la famille du sacrificateur, nous est présentée une simple famille de fidèles qui vivent dans la présence quotidienne de l’Éternel, dans et hors du sanctuaire ! L’enfant confié à l’Éternel, pourtant si mal représenté par Eli et ses fils, vit dans le temple, vêtu de l’éphod de lin des sacrificateurs pour signifier sa consécration à Dieu et la pureté de son cœur tout entier tourné vers le Dieu qu’il adore et sert dans les tâches les plus simples.

L’amour de sa mère se révèle dans le soin qu’elle prend à lui offrir chaque année une tenue neuve, en plus de la tunique de sacrificateur qui le désigne comme homme de Dieu. L’habit maternel devait réchauffer son cœur d’enfant solitaire et entouré d’hommes peu exemplaires. On a beau être spirituellement près de Dieu, on a humainement besoin de manifestations concrètes de tendresse et d’amour. L’exemple de la piété de ses parents compensait le mauvais exemple des sacrificateurs et permit à Samuel de croître dans un esprit d’adoration, de respect et d’obéissance à Dieu plutôt qu’aux hommes.

Eli fut lui-même touché par la fidélité d’Anne et d'Elkana et forma le vœu de les voir bénis par l’Éternel. Il reconnaît l’immensité du don de son fils tant désiré et attendu qu’a fait sa mère à Dieu, et selon une conception très humaine de compensation, Eli désire pour elle une récompense, peut-être un peu mercantile : au sacrifice de la femme,  que Dieu réponde par une descendance nombreuse. Il semble oublier que ce sacrifice était un geste d’amour et de reconnaissance à Dieu, qui de stérile l’avait rendue féconde ! Elle avait été déjà « récompensée » de sa confiance en Dieu par la naissance de Samuel.  L’Éternel montre sa générosité infinie en exauçant le vœu d’Eli au-delà des attentes de la famille et du sacrificateur. Il accorde trois autres fils et deux filles supplémentaires au couple de ses humbles serviteurs.

Quelle différence entre Samuel et les fils d’Eli ! D’un côté un jeune homme consacré à sa tâche dans le temple, accomplissant avec conscience et fidélité son service de Dieu auprès de sacrificateurs infidèles et méprisants, se rendant agréable aux hommes par son attention à leurs besoins (voir son attitude envers Eli au ch 3) et agréable à Dieu par le plaisir qu’il prend à le servir, soutenu par l’affection familiale.

De l’autre, ceux qui par leurs fonctions devaient être des points de repère pour les fidèles, se disqualifient aux yeux du peuple et l’éloignent de Dieu par leurs exactions (vols et violences), et leur incrédulité sacrilège, profanatrice du sanctuaire et de ses rites.

Le conflit entre Satan et Dieu continue à travers les hommes qui laissent l’Adversaire les dominer et les manipuler, pour entraîner le plus de monde possible loin de Dieu.

Le Seigneur appelle sans cesse les hommes à revenir à Lui par la bouche et les attitudes de ses serviteurs fidèles, mais il ne laisse pas les rebelles dans l’ignorance du sort final qu’ils se choisissent, la ruine éternelle (2 Pie 2.1). L’opposition entre Samuel et sa famille et Eli et ses fils met en valeur la vie des fidèles bénis de Dieu. Leur attachement à leur Seigneur leur procure paix, joie et amour mutuel, qui favorisent leur épanouissement et témoignent des bontés de Dieu.

 

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-       De quoi ma vie témoigne-t-elle dans mon entourage ? Comment mon attachement à Dieu l’a-t-elle transformée ?

 -       Comment manifester notre respect de Dieu lorsque nous sommes en assemblée d’Église ?

 -       Comment montrer concrètement ma reconnaissance à Dieu pour ses bienfaits ?

 -       Quel service puis-je remplir pour le bien de la communauté ?