24/01/2014
Etude n°5 : Faire des malades des disciples Luc 8.26-39 // Marc 5.1-20 (01 O2 14)
« Alors s’approcha de Jésus une grande foule, ayant avec elle des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés et beaucoup d’autres malades. On les mit à ses pieds et il les guérit…La foule glorifiait le Dieu d’Israël » Mat 15.30
Enluminure du 15è
Observons Marc 5.1-20
Le contexte
Dans le ch 4, Jésus est présenté comme l’enseignant qui s’adresse à la foule en paraboles expliquées en particulier aux disciples. Puis il apparaît comme le Maître des éléments en apaisant la tempête déchaînée sur le lac qu’il traversait avec ses disciples. Après sa rencontre avec le démoniaque, il retournera en Galilée et manifestera sa puissance divine par une résurrection et une guérison.
Le texte :
a) 1-5 : débarquement de Jésus en Décapole, et portrait du démoniaque
b) 6-10 : dialogue entre Jésus et les démons
c) 11-13 : destruction des démons
b’) 14-17 : réactions des spectateurs
a’) dialogue entre Jésus et le possédé guéri.
Au centre du texte (c) se situe le moment important : la confrontation de Jésus avec les démons, et la manifestation de sa puissance sur eux. Celle-ci provoque la crainte chez les démons (b) et chez les hommes (b’), tandis qu’elle transforme complètement le possédé fou furieux en témoin sensé et persuasif.
Comprenons
Nous examinons ce texte d’abord du point de vue de la relation de Jésus avec les puissances surnaturelles démoniaques, puis du point de vue de la guérison du possédé.
1- Un tel cas de folie furieuse était considéré comme l’œuvre du démon, qui par les anges déchus qui le servent, prend possession d’hommes ou de femmes. C’est-à-dire que ces personnes ne maîtrisent plus ni leurs pensées, ni leur volonté, ni leur comportement : elles sont complètement aliénées, esclaves de ces esprits mauvais, qui n’ont d’autre but que d’arracher à Dieu ces créatures humaines.
La relation de ces esprits avec Satan est suggérée par
- le lieu où est relégué le possédé : parmi les sépulcres ; il vit dans l’impureté de la mort, il est un déjà-mort, un mort-vivant.
- le lieu où ils redoutent d’aller : l’abîme est dans la Bible, le lieu symbolique de la résidence et de l’emprisonnement de Satan (Apocalypse 9.1, 2, 11 ; 20.3). Les démons redoutent d’y être envoyés, car alors ils n’auraient plus aucun pouvoir sur personne !
- la force surnaturelle de cet homme qui brise les chaînes qu’on lui met pour tenter de le maîtriser.
- le lieu où était poussé le possédé : le désert n’est pas un lieu de vie, mais de mort pour les hommes.
- la connaissance surnaturelle et remplie de peur et de haine qu’ils ont de Jésus (v7). Aussitôt ils l’identifient comme le Fils de Dieu qui a pouvoir sur eux, malgré leur résistance (v 10).
- le choix qu’ils font d’aller dans les pourceaux, considérés comme animaux impurs par les Juifs.
On peut voir l’humour de Jésus qui accède à leur demande : la folie démoniaque va s’emparer de ces bêtes impures et les conduire à l’abîme, la mer où elles vont trouver la mort. Les démons iront bien en fin de compte à l’abîme, n’ayant plus rien à posséder ! Image prophétique de leur destruction finale symbolisée par l’étang de feu (Ap 20.10 ; 21.8).
La relation de Jésus avec ces esprits démoniaques est intéressante à remarquer : il n’a pas craint de les approcher : il savait où il allait en abordant à cet endroit désolé de la côte, en terre païenne. Il décèle tout de suite leur présence, mais aussi la lueur de lucidité du possédé qui s’est avancé à sa rencontre. Pour s’en rendre maître, Jésus oblige les démons à se nommer. Donner son nom, c’était s’en remettre à celui qui le recevait, se soumettre à sa domination. Tous les efforts des esprits mauvais pour échapper à la puissance divine sont alors vains. (Polyptique de Montbéliard, 16è)
2- Psychologiquement ce récit nous enseigne l’importance de prendre conscience, grâce à la Parole de Dieu, de ce qui nous anime. En prendre conscience permet de reconnaître notre faiblesse et de nous tourner vers le Seigneur, qui saisit le moindre mouvement vers lui pour guérir, apaiser, régénérer, comme il l’a fait pour le Géranésien. Celui-ci était prisonnier du plus profond des cachots : possédé de mille démons, exclu de la société, il vivait parmi les morts, lié de chaînes que les hommes lui mettaient pour se protéger de sa folie furieuse. Il n’était plus lui-même et personne ne pouvait le délivrer, les hommes renforçant la domination des puissances surnaturelles mauvaises sur lui, par leurs mesures de protection sociale.
Jésus en le guérissant, le rétablit dans son intégrité physique, sociale, affective et spirituelle, comme le prouve l’état où on le trouve : cet homme prisonnier des hommes, des démons, de lui-même, de sa folie, de sa violence, de sa solitude, et de son ignorance de Dieu, dans un moment de lucidité s’est approché de Jésus ; cela a suffi pour qu’il devienne un homme sensé, calmé, rétabli parmi les siens et témoin des œuvres de Dieu en sa faveur. Aucun lien ne résiste à l’intervention libératrice de Christ, qui par ce miracle proclamait le but de sa mission : rétablir l’homme, esclave du péché, dans son intégrité et sa dignité d’ « image de Dieu ».
Dans nos témoignages de foi, c’est la puissance du Seigneur qui agit pour guérir de leurs maux physiques, psychiques et spirituels les auditeurs réceptifs. C’est le Saint Esprit qui les transforme et fait d’eux des disciples, comme l’exemple du Guéranésien veut nous l’enseigner. Peut-être sommes-nous souvent impatients de voir ces transformations, et devons-nous apprendre patience et confiance, pour les voir se réaliser dans la vie des auditeurs de l’Évangile ?
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Ai-je conscience d’avoir à être libéré des chaînes qui font obstacle à une relation saine avec Dieu et avec les autres ? Puis-je en identifier quelques-unes et les présenter au Seigneur pour qu’il les brise ? (rancune, haine, violence, doutes, suffisance …)
- Ai-je foi en la puissance de libération de Jésus, Comment l’ai-je expérimentée dans ma vie, ou dans l’église ?
- Puis-je partager aujourd’hui avec mon entourage une telle expérience ? De quelles transformations en moi, ou parmi mes connaissances, puis-je témoigner ?
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17/01/2014
Etude n°4 : Faire des disciples des enfants Mat 18.1-14 (25 01 13)
« N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? » Mat 21.16
Observons
Le contexte
Après la Transfiguration, le chapitre 17 a relaté la guérison de l’enfant lunatique que les disciples n’avaient pu opérer. Jésus a annoncé pour la seconde fois (17.22) sa mort et sa résurrection prochaines (1ère fois en 16.21, 3ème fois en 20.19). Il a manifesté sa soumission à la loi humaine du tribut payé au temple, malgré son statut de Fils de Dieu qui aurait pu l’en dispenser. Avant de quitter la Galilée pour monter à Jérusalem, Jésus donne quelques derniers enseignements.
Questions pour observer le texte :
- v 1 : Quelle est la préoccupation des disciples à ce moment-là ? Pourquoi ? (voir une cause probable en 16.18 et 17.1) Qu’est-ce que cela prouve sur leur état d’esprit et leur compréhension de la situation de Jésus ?
- v 2-4 : Réponse de Jésus : Que demande Jésus en prenant un enfant comme exemple ? Qu’a-t-il décelé dans le cœur de ses disciples ?
- v 5 : Quelle valeur Jésus attribue-t-il à un enfant, contrairement à la coutume de son époque ? Quels sentiments sous-entend l’accueil d’un enfant « en son nom » ?
- v 6 : Que peut recouvrir le mot « petits » ? Doit-on le limiter aux enfants ? Pourquoi le scandale est-il inévitable ? En quoi consiste-t-il ici ? (voir l’opposition avec le v 5). Quel sort est préférable pour le fauteur de scandale ? Pourquoi ?
- v 7-9 : Quel est l’enjeu dans ces images d’avertissement ? Comparer avec l’emploi des mêmes images en Matthieu 5.29-30 : est-ce le même ? De quoi doit-on se garder ici ?
- v 10 : Comment ce verset éclaire-t-il le sens du verbe « scandaliser » ? Quelle raison donne Jésus pour ne pas « mépriser les petits » ? Qu’en conclure sur la valeur des « petits » pour Dieu ?
- v 11-14 : Conclusion : Parabole de la brebis perdue ? Quel lien faire entre cette parabole et ce qui précède ? Quel espoir Jésus accorde-t-il à celui qui a été égaré ou méprisé ?
Comprenons
Jésus a annoncé sa mort prochaine, et a manifesté son humilité en acceptant de se plier à l’impôt du temple, malgré sa nature divine et sa pauvreté. Pourtant ses disciples montrent leur totale incompréhension de la situation : ils espèrent toujours pour Jésus un royaume glorieux, et pour eux une place en vue dans ce « royaume des cieux » qu’ils imaginent à la ressemblance des royaumes terrestres humains. En leur donnant en exemple un enfant, le plus petit, le plus faible dans la société, Jésus veut les frapper par le contraste entre « le plus grand » de leur question, et « le plus petit » de sa réponse.
Devenir comme un petit enfant pour le disciple ne signifie ni être innocent, ni être ignorant, ni sans discernement, mais mis en parallèle avec la conversion, c’est changer profondément d’état d’esprit. Jésus a décelé dans la question des disciples l’orgueil ambitieux, le goût du pouvoir qui les habitent, et qui sont incompatibles avec les lois d’amour, d’humilité et de confiance de son royaume. Le petit enfant vit naturellement dans la dépendance de ses parents auxquels le lient ces mêmes lois. Pour être disciple de Jésus, il est nécessaire, comme le signifient les images des v 8 et 9, d’abandonner ces désirs « charnels » qui poussent à se croire et se vouloir supérieur aux autres, et à les regarder avec mépris, condescendance, jalousie, inimitié ou même indifférence. Ces désirs, nourris dans un cœur non régénéré, conduisent à « scandaliser » les âmes humbles et confiantes que représentent les petits enfants. Les exemples néfastes donnés par des disciples non transformés par l’Esprit, sont des « occasions de chute » pour ceux qui voudraient suivre Jésus. Ils sont repoussés loin de la foi par le mépris dans lequel les tiennent les « pseudo disciples » imbus d’eux-mêmes. Jésus le rappellera à plusieurs reprises (Mat 19.14 ; Luc 11.52) en termes très fermes : « N’empêchez pas les petits enfants de venir à moi, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent », « Malheur à vous docteurs de la loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes et vous avez empêché d’entrer ceux qui le voulaient».
Jésus les avertit d’un sort bien plus terrible que la mort physique la plus atroce (écrasement ou noyade), car c’est le rejet pur et simple du Royaume : sous l’image du feu éternel, il faut entendre en effet la disparition à jamais.
Ce monde soumis à la puissance de l’Adversaire est le théâtre de tels scandales qualifiés « d’inévitables » (v 7), tant que les cœurs ne changent pas. Certaines versions de la Bible les disent même « nécessaires », non dans le sens d’indispensables, mais dans le sens de « qui arrivent infailliblement », « qui ne peuvent pas ne pas se produire ». Le disciple de Jésus conscient des conséquences de ces attitudes « scandaleuses », a tout un travail intérieur à faire sur lui-même avec l’aide de l’Esprit, pour éviter de fermer la porte des cieux aux autres par un contre-témoignage (v 8-9). Les disciples mirent longtemps à le comprendre puisqu’on voit que jusqu’à la veille de la mort de Jésus, ils se disputaient encore la première place dans le royaume (Luc 22.24) ! Il faut la puissance du Saint-Esprit pour transformer le cœur orgueilleux et méprisant, en cœur humble et aimant !
Jésus appuie sa mise en garde contre le mépris des plus humbles, sur la conception très hébraïque de l’ange gardien. L’Église catholique a repris cette vision, que les Protestants ont ensuite délaissée à la suite de la fausse adoration qu’elle entraînait et que l’apôtre Jean lui-même a frôlée (Ap 19.10 ; 22.9). Toujours est-il que Jésus par cette explication montrait aux disciples tout le soin que le Seigneur accorde à ses enfants au cœur humble, confiant et désireux de le suivre.
La parabole de la brebis perdue, que Luc rapporte dans un autre contexte, confirme cette pensée que celui qui s’est égaré à la suite du mépris des « disciples », peut avoir l’assurance que le Seigneur, lui, ne le méprise pas, ne l’abandonne pas, mais fait tout pour le ramener dans son « troupeau ». Quelle magnifique consolation que la perspective d’un tel amour divin pour tous les humiliés, négligés, persécutés, de nos sociétés et de nos…églises ! Mais aussi quel appel pressant aux disciples en recherche du Royaume, à changer de cœur et à abandonner les fausses valeurs éphémères de ce monde !(Bon Berger, Berna, Évangile et peinture)
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Quelles sont nos ambitions humaines dans nos églises, nos familles, notre profession ? Comment cherchons nous à les satisfaire ? Sont-elles compatibles avec les enseignements et les valeurs de l’Évangile ? (Mat 6.33) Faut-il bannir toute ambition ?
- En quoi notre conduite est-elle responsable du rejet de la foi et de l’Église par nos jeunes ?
- Comment tenir compte des plus humbles dans nos relations personnelles, dans les activités et les ministères de la communauté, sans hypocrisie ni démagogie ?
- Qu’avons-nous à abandonner pour ressembler à Jésus, et devenir des disciples porteurs de la « Bonne Nouvelle » auprès de tous ?
08:00 Publié dans Faire disciples | Lien permanent | Commentaires (0)