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04/03/2016

Étude n°11 Pierre et la grande controverse, 1 Pie 4.1-7 (12 03 16)

Étude n°11 : Pierre et la grande controverse, 1 Pie 4.1-7 (12 03 16)

« Vous êtes une race élue…afin d’annoncer les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière »  1 Pie 2.9

Observons

Le contexte : 3.18-22Crucifié Ressuscité.jpg

-       Dans quel contexte historique a été écrite cette lettre ? Voir 3.15-17 ;  4.12-14, 16-17 ; 5.9.

-       Quel but a la mort de Christ, pour Pierre ? (18a)

-       Que signifie « mort selon la chair et rendu vivant selon l’Esprit » ? (18b) Se souvenir qu’en grec il n’y a pas de majuscule, qui distingue l’Esprit de Dieu de l’esprit humain.

-       Comment le déluge puis le baptême illustrent-ils selon Pierre la pensée précédente ?

Le texte 4.1-7 :

-       A quel verset précédent se rattache la conjonction « donc » du v 1 ? Quelle exhortation introduit-elle ?

-       Quelle expression est répétée trois fois dans les v 1-2 ? Que signifie-t-elle pour Pierre ?

-       Quelle pensée doit armer le croyant dans la souffrance ? (le « car » de certaines versions est l’équivalent de nos deux points (:) en français. Qui représente le « celui qui a souffert » ? Lire Rom 6.6-7 ; 8.10-11.

-       Comment le v 2 éclaire-t-il le v 1 ? De quelle souffrance s’agit-il ? Comparer avec 1.11 et 3.18.

-       Pourquoi le croyant doit-il s’armer ? Qu’est la vie du croyant selon cette image ?

-       En contraste avec les croyants, quelle est l’attitude des non-croyants ? (v 3-4)

-       Avec quelle conséquence ? (v 5)

-       Comment peut s’entendre l’expression « les vivants et les morts » ? (v 5)

-       Quelles parallèles contient le v 6 ? Comment ces parallèles donnent-elles sens à la fin du verset ? voir Rom 8.10-11. 

-       De quels morts s’agit-il ? Quand ont-ils été évangélisés ?

-       Par quoi se termine l’exhortation de Pierre (v 7) ? Comparer avec 1 Thes 5.4-6 et 1 Pie 2.9 ; 5.8.

 

Comprenons

Le contexte

La première lettre de Pierre a été écrite vers 63-64 après JC, à la fin de la vie de l’apôtre, depuis Rome qu’il désigne sous le nom symbolique de Babylone (5.13), la vraie Babylone n’existant plus à cette époque. Pierre écrit aux Églises d’Asie Mineure qu’il avait visitées durant son ministère. Dans tout l’empire romain régnait un climat de suspicion et de violence contre les chrétiens, parce qu’ils refusaient de rendre un culte à l’empereur. La persécution n’était pas encore généralisée comme à la fin du siècle, mais çà et là les autorités païennes s’en prenaient aux églises de plus en plus nombreuses. Pierre et Paul en furent victimes peu après cette lettre, lorsque Néron, soupçonné d’avoir incendié Rome, voulut se justifier en accusant les chrétiens et en les mettant cruellement à mort.

Juste avant notre passage, Pierre après avoir exhorté les croyants à marcher d’une manière digne du Seigneur (1.14-17 ; 2.12), leur demande de rester fermes dans la foi au milieu des souffrances, en regardant à Jésus, qui a souffert et est mort « pour les amener à Lui » (3.18). Il rappelle sa mort « selon la chair », c’est-à-dire physiquement, comme tout homme, et sa résurrection « selon l’Esprit », c’est-à-dire « rendu vivant » avec une nouvelle nature emplie de l’Esprit de Dieu, « vivant pour Dieu » (Rom 6.10). Par association d’idées sur le mot Esprit, Pierre fait une courte digression, (qui a posé bien des problèmes d’interprétation aux théologiens au cours des siècles à cause de sa concision et des sous-entendus bibliques qu’elle contient !). Essayons d’en donner un aperçu conforme à l’enseignement biblique :

La Bonne Nouvelle du salut par la grâce de Dieu, a été annoncée bien avant l’incarnation de Dieu en Jésus, par son Esprit Saint qui inspirait Noé, véritable « prédicateur de la justice » (2 Pie 2.5) au milieu d'hommes dont l'esprit était emprisonné dans le mal, dans la rébellion à Dieu (Gen 6.5,11-12). Seules huit personnes crurent à cette promesse, entrèrent dans l’arche et furent sauvées du déluge. A partir de l’expression « sauvés à travers l’eau » (3.20), Pierre fait de cet événement une allégorie, un type du baptême. Comme Noé et sa famille furent libérés de leur ancienne vie dans un monde voué au mal et commencèrent une nouvelle vie avec Dieu au-delà du déluge, le baptisé, en entrant dans l’eau, abandonne son ancienne vie naturelle et pécheresse, et s’engage dans une vie nouvelle guidée par l’Esprit, à qui il demande une « bonne conscience », purifiée  et pardonnée 3.21). Le salut de Noé et le symbole du baptême préfiguraient le salut acquis par Jésus-Christ par sa mort et sa résurrection, signe de la puissance de vie qu’il offre à tous ceux qui l’acceptent Rom 6.4-5).

Le textePierre tête mosaïque.jpg

Sa parenthèse terminée, Pierre reprend son argumentation en liant les v 3.18 et 4.1 par la coordination « donc ». Au ch 2.21-24, il a déjà donné en exemple l’attitude de Christ dans la souffrance et la mort injuste de la croix. C’est ce qu’il reprend ici dans l’expression répétée trois fois « dans la chair ». Souffrances et mort sont équivalents : Christ a souffert et a subi la mort dans sa chair d’homme, dans sa nature humaine qu’il avait endossée volontairement (Phi 2.7-8). Une fois cette nature humaine mise à mort dans son corps sur la croix, Christ a été libre du péché et a rendu l’homme libre de son emprise (Rom 6.6-7 ; 1 Pie 4.1b). Par sa résurrection, Christ a donné à l’homme une nouvelle nature « spirituelle » (= dirigée par l’Esprit), semblable à la sienne, qui lui permet de vivre selon la volonté de Dieu (v 2). Une erreur funeste de lecture a fait croire à partir de ces deux versets que la souffrance était salvatrice, et rendait « saint » (< « celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché », v 1c). Pierre cherche seulement à encourager les chrétiens dans la souffrance des persécutions pour qu’à l’exemple du Christ « mort au péché » dans sa chair, et ressuscité par  l’Esprit, ils fassent mourir les désirs charnels de leur nature humaine non régénérée (4.2), et vivent pour Dieu, pardonnés, purifiés et transformés à son image par la puissance de l’Esprit .(voir 2 Cor 3.18).

L’argumentation de Pierre n’est pas facile à suivre : Pierre était un homme simple et non un lettré comme Paul. Il possédait mal la langue grecque et avait besoin d’un secrétaire pour écrire sa lettre (5.12). Sylvain ou Silas, avait été d’abord le compagnon de Paul (Act 15.40 ; 16.25), comme Jean-Marc (= Marc l’évangéliste). Tous deux ont ensuite rejoint Pierre. Ceci explique l’influence dans cette lettre de la pensée paulinienne sur Pierre, dans la transcription condensée de Sylvain.silas_apotre.jpg

Pierre oppose à l’attitude ferme et droite du croyant, les « désirs humains », égocentriques et matérialistes de l’incroyant. Ce dernier non content de satisfaire ses appétits de jouissance, voudrait y entraîner le croyant dont la maîtrise de soi et les aspirations spirituelles lui sont totalement étrangères. Il se sent jugé par la conduite irréprochable du chrétien et l’abandon de son ancienne vie. En réaction, l’incroyant calomnie les hommes et blasphème contre Dieu (v 4c), ignorant que Dieu est son juge, et préférant les ténèbres à la lumière (Jean 3.19).

L’expression « juge des vivants et des morts » peut désigner littéralement tous les hommes en général, quelle que soit l’époque de leur vie. Les premiers chrétiens s’inquiétaient en effet du sort des croyants décédés avant le retour de Jésus. Dans sa première lettre aux Thessaloniciens (4.13-18) Paul avait répondu à cette angoisse, en affirmant que les morts dans la foi attendaient dans le sommeil inconscient du tombeau le retour de Jésus qui les ressusciterait et les rassemblerait avec les vivants du moment, pour constituer son Royaume. Pierre peut aussi employer l’expression symboliquement, les vivants représentant les croyants et les morts désignant les incroyants. C’est un peu plus difficile à admettre lorsqu’on lit dans Jean 3.18, que « celui qui croit au Fils n’est point jugé » !

Les deux parties du v 6 mettent en parallèles « morts // jugés selon les hommes quant à la chair » opposé à « évangélisés // vivants selon Dieu par l’Esprit » : l’évangile a été prêché de leur vivant à ceux qui physiquement sont morts au moment où Pierre écrit. Leur mort physique a manifesté le jugement de leur état d’hommes pécheurs, solidaires du genre humain. Mais la Bonne Nouvelle qu’ils ont acceptée leur a acquis la vie éternelle, qu’ils ont commencée dès ici-bas en vivant selon la volonté de Dieu, par la puissance de son Esprit. Selon la conception biblique de l’homme, il n’y a pas dualité en lui entre le physique (= la chair) et l’intellect ou le spirituel (= l’esprit). Il nous faut donc comprendre le « pneumati » de la fin du verset 6 comme désignant l’Esprit de Dieu, qui anime le croyant et s’oppose à sa nature charnelle et mortelle (= la chair = l’homme tout entier). Le conflit interne de l’homme n’est pas entre son corps et son esprit, mais entre l’Esprit de Dieu et sa nature humaine pécheresse (Rom 8.2).

Pierre conclut son exhortation (v 7) par une recommandation de modération, de sobriété dans la conduite, et de prière, pour rester debout à l’avènement proche de Christ. Ce retour mettra fin au grand conflit spirituel entre Dieu et Satan, dont les hommes sont l’enjeu, consciemment ou non (2 Pie 3.8-12). Par la prière persévérante, le croyant s’arme contre la tentation de se laisser aller à l’influence du monde ambiant (Luc 22.46 ; Marc 14.38) Il prend contact avec Christ qui lui envoie son Esprit pour vivre en communion avec Lui.

Questions pour une application dans la vie chrétienne

-En quoi la souffrance de la persécution à cause de la foi en Christ peut-elle nous libérer du péché (v 1) ? Faut-il beaucoup souffrir pour être « saint » ? La souffrance servirait-elle à gagner le salut ? Que faire de cette souffrance injuste ?

- Par quelles souffrances et quelle mort le chrétien doit-il passer pour vivre selon l’Esprit et la volonté de Dieu ? (voir Jésus à Gethsémané)

- Comment être libéré de la peur du jugement de Dieu ?

- La perspective du retour proche de Jésus change-t-elle quelque chose à ma vie de foi et à ma conduite ? Dans quel état d’esprit l’envisagé-je ?