29/04/2016
Étude n°6 : Le repos en Christ Mat 12.1-15 (07 05 16)
Étude n°6 : Le repos en Christ, Mat 12.1-15 (07 05 16)
« Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos» Mat 11.28
Polyptyque de Montbéliard 16è, les épis mangés le sabbat
Observons
Deux parties distinctes à propos du Sabbat :
A : 12.1-8 : premier conflit à propos du sabbat : les épis arrachés :
1-2 : Les Pharisiens scandalisés par les disciples
3- 8 : Réponse de Jésus :
a) David a enfreint la loi (3-4)
b) les sacrificateurs aussi (5)
c) Le Fils de l’homme est maître du sabbat (6-8)
B : 12.9-15 : second conflit à propos du sabbat : la guérison de l’homme à la main sèche
9-10 : à propos d’un malade dans la synagogue, les pharisiens questionnent Jésus pour le piéger
11-13 : Réponse de bon sens de Jésus et guérison
14-15 : Projet de mort contre Jésus qui se retire
Questions d’observation :
A-12.1-8
- Où se situe la première scène, avec quels personnages ? (12.1) Qu’est-ce que les Pharisiens interdisaient de faire le sabbat ? Pourquoi ? (2)
- Quelle est la transgression de David et de ses gens ? Au nom de quoi transgressent-ils la loi ? Qu’avaient de « sacré » les pains de proposition ?
- Quelle dispense obtiennent les sacrificateurs le jour du sabbat ? Pourquoi ?
- Qu’est-ce qui est plus grand ou important que le « temple » ? (6-7) Quel mot du v 7 explique ce que Jésus sous-entend par « temple » ?
- Qu’en conclut Jésus sur le geste de ses disciples ? Que met-il au-dessus de l’interdiction d’activité le sabbat ?
- Pourquoi se déclare-t-il maître du sabbat (8) ?
B- 12.9-15
- Où se situe la seconde scène ? Quels en sont les personnages ?
- Qu’y a-t-il de curieux dans la présence d’un malade dans la synagogue ? Qu’est-ce que cela signifie sur cet homme ? De quoi souffre-t-il ? Quel symbole peut-on y voir ?
- Quelles sont les attitudes et les intentions des Pharisiens ? (10)
- Quelle question leur pose Jésus ? A quoi fait-il appel ? A qui compare-t-il l’homme, pour le mettre en valeur ? Qu’en conclut-il ? (12)
- Que rétablit Jésus en guérissant l’homme ? Que veut-il enseigner aux Pharisiens ?
- Observez la progression de l’hostilité contre Jésus dans ces deux passages ? - Quelles sont les forces et les enjeux opposés dans ces récits sur le jour du sabbat ?
Comprenons :
a) Les épis arrachés
La scène champêtre décrit l’attitude naturelle et pleine de liberté des disciples qui, sur la route,éprouvent de la faim, et se servent dans ce que la nature leur offre. Le silence de Jésus sur ce geste semble sinon une approbation, du moins de l’indulgence envers ceux dont il connaît le besoin. Il va se servir de cet épisode de leur vie courante pour enseigner le sens réel du sabbat.
Les pharisiens sont scandalisés par ce geste, non pas qu’il soit un vol du bien d’autrui (Dt 23.26), mais parce qu’ils l’assimilaient à un travail, une moisson interdite par la loi mosaïque (Dt 34.21 ; Ex 16.26-28). Jésus et ses disciples leur semblaient non seulement enfreindre la loi, mais surtout se mettre au-dessus de la loi de Moïse. C’est pourquoi Jésus va se référer à l’exemple de David, futur roi au moment où il se permit d’utiliser les pains consacrés, destinés aux seuls sacrificateurs, pour satisfaire un besoin vital pour lui et sa troupe. En prenant cet exemple, Jésus ne veut pas en faire un cas de jurisprudence, pour justifier un acte répréhensible selon la loi. En déclarant que le sabbat n’a pas d’autre fin que le bien (physique et spirituel) de l’homme, il veut faire comprendre que l’homme n’est pas soumis à une loi cérémonielle, aveugle et inhumaine.
Dans le second exemple, Jésus montre que même les religieux du temple ne se reposent pas le sabbat, puisqu’ils s’acquittent ce jour-là de leur mission de sacrificateurs. Si ces serviteurs du temple sont acquittés, à plus forte raison, les disciples de Jésus qui est au-dessus des lois du temple en tant que Fils de Dieu, seront-ils innocents aux yeux de Dieu d’avoir satisfait leur besoin de nourriture un sabbat !
Ainsi Jésus a rappelé l’histoire de David parce qu’il est de sa lignée, et les rites du temple, qui le préfigurent, pour déclarer sa supériorité. En tant qu’homme de lignée royale, et en tant que Fils de Dieu, il peut se déclarer maître du sabbat. En se nommant le Fils de l’homme il fait allusion à Daniel 7.13 : il est l’homme par lequel se fera le jugement, le Messie qui a autorité sur les lois que Dieu a établies pour le bien-être de l’homme. Il n’abolit pas la loi mais l’accomplit parfaitement.
Jésus nous place devant le choix entre l’observation d’un rite cérémoniel qui asservit et la préservation du bien-être vital de l’homme (Mt 12.7) : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ». Jésus interprète la loi selon l’esprit de cette loi, et non la lettre. Le sabbat est fait pour le bien, le repos, le développement intérieur, la guérison physique et spirituelle de chacun.
Les épis pourraient être aussi le symbole d’une nourriture spirituelle que les disciples n’ont pas reçue dans l’enseignement légaliste et la pratique conventionnelle des pharisiens de la synagogue, et qu’ils trouvent librement dans l’œuvre du Créateur et dans la présence compatissante de Jésus.
b) La guérison de l’homme à la main sèche (Polyptyque de Montbéliard, 16è)
Cet épisode illustre le même principe que celui des épis : le sabbat est un jour de guérison. Il nous libère de ce qui nous dessèche par manque d’amour ou par culpabilisation, et de ce qui nous empêche d’agir ou simplement de vivre selon le plan de Dieu, libérés de l’emprise du péché. Normalement un malade n’avait pas à pénétrer dans le temple, ou même la synagogue. Sa main sèche ou paralysée, symbolise son incapacité à agir librement, comme tout le peuple soumis à l’autorité sans cœur des Pharisiens, paralysé par une culpabilisation permanente de leur part. L’homme à la main sèche vient chercher du réconfort malgré tout, et ne trouve de la part des pharisiens que le rejet et l’indifférence à ses besoins. Ils désirent par-dessus tout coincer Jésus sur son respect ou non de la loi du Sabbat. Jésus en répondant aux attentes du malade, donne une leçon de miséricorde aux pharisiens endurcis. Il annonce aussi le sens de sa mission, et insiste sur la valeur du sabbat dans cette œuvre de Dieu parmi des hommes.
Sa question veut placer les pharisiens devant une évidence incontestable : par pur intérêt, les pharisiens transgressent sans problème leur interdiction d’action, pour sauver leur animal en danger de mort ! Ils donnent ainsi plus de valeur à leurs animaux qu’aux hommes souffrants qui les entourent ! Or aux yeux de Jésus et de Dieu, c’est l’homme, créé à son image, qui prime et qu’il faut sauver de la mort, ou de la maladie, quand cela se présente, et le sabbat ayant été créé pour l’homme se trouve être un jour privilégié pour lui faire du bien (12). Jésus le prouve en guérissant aussitôt l’homme à la main sèche, suggérant ainsi qu’il est venu délivrer les hommes de leurs sècheresses spirituelles, affectives et relationnelles.
La loi demandant de sanctifier le sabbat, on ne peut le sanctifier que par un acte de salut, de guérison, de miséricorde envers le malheureux. En même temps, Jésus dénonce subtilement l’hypocrisie des Pharisiens, qui prétendent observer correctement le sabbat, tout en nourrissant ce jour-là des accusations et des projets de meurtre contre Jésus (14).
Cette liberté d’action de Jésus est insupportable aux responsables de tous bords, dérangés dans l’exercice de leur pouvoir religieux et politique sur les autres. De simples observateurs hostiles au début du passage, ils deviennent des comploteurs meurtriers. Jésus connaissant leurs projets, préfère s’éloigner, pour ne pas provoquer leur colère et une mise à mort prématurée : il n’a pas encore accompli toute sa mission !
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Qu’est-ce qui fait autorité dans ma vie et dans celle de l’Église ? Mes désirs, mes opinions personnelles, les principes, les règlements, la Parole de miséricorde et de liberté ? Comment cela se traduit-il dans mes relations à l’Église, à la maison, et au-dehors ?
- Le sabbat est-il un jour de libération pour moi et pour les autres ? Quel y est mon état d’esprit, quelles pensées m’habitent pendant cette journée ?
- De quel repos s’agit-il le jour du sabbat ? De quoi puis-je y trouver du repos ?
- De quoi ai-je besoin d’être libéré ou guéri aujourd’hui ? De quelle libération aussi mon voisin a-t-il besoin de ma part ?
- De quel œil est-ce que je regarde le frère ou la sœur qui n’observe pas le sabbat comme moi ou comme l’Église le demande ? Le considéré-je comme « perdu » ? De quel droit ?
08:00 Publié dans Matthieu | Lien permanent | Commentaires (0)
22/04/2016
Étude n°5, Guerre visible et non visible, Mat 12.22-30 (30 04 16)
Étude n°5, Guerre visible et non visible, Mat 12.22-30 (30 04 16)
« Si c’est par l’Esprit de Dieu que moi, je chasse les démons, le royaume des cieux est donc parvenu jusqu’à vous » Mat 12.2
(Polyptique de Montbéliard, 16è, Guérison d’un muet)
Observons
- Après quelle autre guérison Matthieu place-t-il celle du démoniaque muet ? Pourquoi Jésus a-t-il recommandé aux hommes guéris de ne pas le faire connaître ? (12.1-13 ; 12.14-16)
- V 22-24 : Quelles sont les deux réactions à ce miracle ? Sur quoi s’opposent-elles ? Quelle accusation est portée sur Jésus par les Pharisiens ? Pourquoi ?
- Par quelles comparaisons Jésus les contredit-il et leur montre-t-il leur incohérence ? v 25-26
- Qu’entend Jésus par l’expression « vos fils » ? v 27. Que dénonce-t-il dans ce nouvel argument contre les Pharisiens ? Comparer la fin du v 27 avec les versets 41-42. De quel jugement s’agit-il ?
- V 27-28 : Que révèle Jésus sur l’origine de son acte ? En quoi est-ce une réponse à l’accusation des Pharisiens ? Où cela situe-t-il le combat entre les Pharisiens et lui ? Quel avertissement contient l’atteinte des Pharisiens par le royaume de Dieu ?( comparer avec 1 Thes2.16).
- Par quelle image Jésus réfute-t-il encore les Pharisiens ? Qui est l’homme fort dont il parle ? Qui est le pilleur ?
- Quelle conclusion donne Jésus à cette joute avec les Pharisiens ? v 30
- Comment Jésus introduit-il ensuite le développement sur le péché contre le St Esprit ? v 31-32. Comment l’épisode précédent explique-t-il ce qu’est ce péché ?
Comprenons
Le récit de cette guérison est beaucoup plus bref chez Matthieu que chez Luc (7.1-10), où il n’est pas placé au même moment. Matthieu veut introduire par ce récit la question du péché contre le Saint-Esprit v 31-32. Il ne retient donc que ce qui sert cet objectif.
Après la guérison le jour du sabbat d’un homme à la main sèche, les Pharisiens se liguent pour faire périr Jésus. Prudent parce que son heure n’est pas encore venue, Jésus se retire à l’écart et recommande à ceux qu’il guérit de ne pas le faire savoir (Mat 12.15-16), pour ne pas provoquer leur haine avant l'heure. Par une prophétie d’Esaïe, Matthieu indique la mission de Jésus de rétablir la justice pour les humbles et les méprisés. (12.18-21).
La guérison du démoniaque aveugle et muet en est l’illustration concrète. Qui pouvait être plus mis à l’écart que cet infirme tenu pour « impur » par les bien-pensants pharisiens, parce qu’il était « possédé du démon ». Le choix de Jésus de guérir cet homme semble délibéré : Il vient vaincre la puissance de Satan, qui aveugle et rend incapables de communiquer ceux que Satan domine, cet infirme et avec lui…les Pharisiens ! L’opposition entre les Pharisiens et Jésus n’est que la face visible de la guerre spirituelle entre Satan et Dieu.
Les foules s’enthousiasment et reconnaissent en Jésus le Messie, Fils de David,(Guérison du possédé muet, Ivoire , fin 15è) qu’Israël attend depuis des siècles. Mais les Pharisiens, irrités de perdre leur pouvoir et leur place de « directeurs de conscience », s’empressent d’attribuer à Jésus un pouvoir démoniaque… pour guérir un démoniaque ! Beelzébul peut signifier « dieu des ordures » ou « maître de la demeure » qu’habitent les démons.
Jésus reprend ce sens dans ses paraboles de réfutation de l’accusation portée contre lui ; avec le royaume, la ville ou la maison divisée (V 25)Jésus montre l’incohérence des Pharisiens : Satan ne peut logiquement pas agir contre lui-même en guérissant ceux qu’il a asservis, ce serait une contradiction funeste à son pouvoir. Dans la dernière parabole, celle de l’homme fort qu’il faut maîtriser (v 29), Jésus compare Satan à cet homme fort qu’il a maîtrisé à la tentation et maîtrisera définitivement à la croix, et dont il peut détruire le pouvoir en guérissant les malades. La connaissance intellectuelle des Pharisiens ne leur donne pas le discernement de qui est Jésus, parce qu’ils sont aveuglés par leurs passions et leur désir de pouvoir.
Jésus affirme aussi l’injustice des Pharisiens à son égard : ils l’accusent de pouvoir démoniaque alors que leurs « fils » spirituels sont des exorcistes dont ils ne contestent pas le pouvoir. Au jugement de Dieu, leur injustice sera révélée par ceux-là mêmes qui les servaient, comme le dira Jésus un peu plus tard (v 41-42), les Ninivites et la reine de Saba témoigneront contre Israël qui a manqué de foi.
Plutôt que de reconnaître la puissance de Dieu, ils préfèrent attribuer le miracle à Satan : un des caractères de l’incrédulité, c’est de haïr et de fuir la vérité. Jésus les avertit que refuser de voir en lui l’action de l’Esprit de Dieu, c’est passer à côté du royaume de Dieu, s’en exclure et se condamner soi-même, en se privant du pardon offert par Dieu. De plus le reniement de ce qui leur a été révélé par Dieu les fait participer à l’œuvre meurtrière de rébellion satanique (He 6.4-6) : ils portent un contre-témoignage au Sauveur et en éloignent ceux qui le cherchent.
Le Savoir sans la foi n’est pas une clé d’entrée dans le Royaume. S’endurcir dans ce refus du repentir et de la foi en la personne de Jésus-Christ, constitue le péché contre l’Esprit qui a des conséquences éternelles pour eux.
Pour conclure brièvement l’épisode, Jésus se place nettement face à ses adversaires : il assemble « son troupeau » (v 11) ou « sa moisson » (3.12), tandis que ceux qui sont contre lui divisent ou dispersent. Les deux camps de la guerre spirituelle sont ainsi bien définis, il n’y a pas de position neutre, même l’indifférence est une position contre Jésus ! (v 30)
Jésus commence son avertissement sur le péché contre l’Esprit (v 31) par une révélation consolante de la miséricorde de Dieu : tout péché et même tout blasphème,- parole qui insulte et outrage Dieu car elle manifeste, le plus souvent par ignorance, de la haine contre lui -, peuvent être pardonnés ; cela suppose évidemment la foi dans le Sauveur et la repentance du pécheur lorsque sa connaissance de Dieu a augmenté. La différence entre le blasphème contre le Fils de l’homme (Mat 12.32) (= le Messie annoncé par Dn 7.13-14 et incarné en Jésus) et le blasphème contre le Saint-Esprit tient essentiellement au degré de révélation et de connaissance que l’homme a des choses de Dieu. Ainsi Jésus peut-il pardonner à ceux qui par ignorance le crucifient (Luc 23.34). Il peut encore pardonner aux Pharisiens qui blasphèment contre le Fils de l’homme en prenant parti contre lui, en détournant les foules de le suivre, en cherchant à le faire périr, parce qu’ils s’en prennent à lui personnellement comme homme, et méconnaissent le Fils de Dieu sous sa forme de serviteur.
Mais en attribuant à la puissance de Satan les miracles de Jésus, œuvres de l’Esprit de Dieu qui délivre et guérit, ils vont plus loin dans l’endurcissement, ils refusent une manifestation divine plus directe que la simple présence humaine de Jésus, et risquent comme Pharaon devant les plaies d’Egypte d’atteindre le point de non-retour et de se fermer totalement la possibilité du salut. Le pardon est rendu impossible, non par une détermination de la volonté de Dieu, mais par l’endurcissement et la résistance de la volonté de l’homme.
Questions pour une application dans la vie chrétienne
- Sur quoi se fonde ma foi en Jésus : sur mon appartenance à l’Église ? sur les miracles que je peux voir dans ma vie ou celle des autres ? sur ma connaissance des prophéties messianiques de la Bible ? sur la révélation intime de sa personne que le Saint-Esprit me permet de recevoir dans la Parole de Dieu ?
- Où en suis-je dans ma relation avec Jésus ? Est-il pour moi un homme sage et exemplaire dans son amour pour les autres ? Est-il seulement un guérisseur de mes maux physiques, psychiques ou spirituels ? Est-il le Sauveur de ma vie et le guide de mes pensées et de mes actes ? Est-il le Fils de Dieu qui seul me rend visible le Dieu invisible ? Est-il le juge qui me condamne ou est-il celui qui m’attend en m’offrant toujours son pardon ?
- Comment ce texte me permet-il de ne plus craindre d’avoir péché contre le Saint-Esprit, et de me situer dans la guerre spirituelle qui se livre sur cette terre ?
08:00 Publié dans Matthieu | Lien permanent | Commentaires (0)